C'était un jour magique auquel Thyra avait la joie de pouvoir assister. C'est grâce à son sang blanc qu'un esclave la place au tout premier rang de l'assemblée. Elle fait partie des premiers invités (c'est-à-dire, des premiers membres du royaume tout entier) à prendre place dans les grands jardins qui entouraient le palais qui l'avait vue grandir. Elle qui se complaisait dans les mondanités les plus banales, un mariage - et impérial, qui plus est - était la meilleure occasion pour la princesse de briller. Elle avait commandé à son tailleur la plus belle robe qu'il osait imaginer, faite d'une étoffe à la fois souple et dure, d'un vert sombre qui ressortait à la perfection sur sa peau de poupée. Son sourire radieux refusait tout bonnement de quitter ses lèvres maquillées, alors que ses iris parcourent l'assemblée qui se forme, petit à petit. Elle salue tous ceux dont le regard croise le sien, soit par un sourire plus large encore, un signe de tête ou de la main, ou même par quelques mots pour ceux qu'elle préfère. Elle aimait voir tous ses visages réunis pour une occasion telle que celle-ci. Mais elle sait, son Altesse, que tout ça n'est que distraction. Elle n'est pas dupe, l'enfant. Et bien qu'elle n'ait que faire du pouvoir que la plupart de ceux qui partageaient son nom aimaient tant se disputer, elle avait vécu en leur compagnie suffisamment longtemps pour savoir que tout, absolument tout ce qui venait du palais était minutieusement calculé par sa chère tante. Cependant, elle préfère ne pas y penser. Elle préfère profiter de la douceur que promettait cette festive journée, trop heureuse de ne pas avoir à laisser son esprit se faire inonder par la peur, cette même peur qui saisissait ses entrailles depuis Dragondale.

Sol n'était pas heureuse. Elle aurait sans doute dû l'être pour Saeko mais elle se doutait qu'elle n'était pas ravie de cette union avec le prince héritier. Les rumeurs concernant sa relation avec un Griffith s'étaient répandues vite, trop vite pour qu'elle puisse appréhender les conséquences sur Saeko. Elle s'était renfermée avant le mariage malgré l'insistance de Sol. La jeune femme s'était éclipsée le matin même sans laisser le temps à Sol de la suivre. Elle était inquiète, vraiment inquiète. Elle avait peur que Saeko accepte une vie qu'elle n'avait probablement pas imaginé auprès d'un prince menteur et manipulateur. Sol ne connaissait pas Cal Oshun mais il s'était mal comporté envers Saeko. Les actes étaient souvent plus révélateurs que les paroles hypocrites. Elle avait assisté en silence au retour de la Yinren, les joues encore marquées par des larmes effacées. Elle avait assisté avec le coeur serré à la préparation de la future mariée, toujours dans l'ombre. Sol n'avait prononcé aucun mot parce que aucune parole ne saurait apaiser le coeur lourd de Saeko. Vêtue de l'uniforme crème, elle arborait l'insigne de la maison Yinren sans la moindre fierté dans le regard. Sol n'aimait que Saeko. C'était tout. Mais cet insigne la ramenait au patriarche des Yinren et à Yerim, comme toujours. Si Sol n'avait eu qu'à s'inquiéter du futur de Saeko, elle en aurait été ravie mais il y avait bien plus. Sol était membre de la ligue et elle savait qu'une menace tout autre pesait sur ce mariage. L'armée de pollux comptait sûrement organiser une nouvelle attaque et Sol était bien décidée à contrer leurs plans. En étant l'adiutor de Saeko, elle avait l'avantage de pouvoir agir rapidement pour la mettre à l'abri ou alerter les gardes d'un quelconque danger sans se mettre elle-même dans une position délicate. Sol était loin d'être sereine mais elle ne voulait pas accabler Saeko davantage. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était de se tenir à ses côtés et d'être là pour elle. Dans la quiétude de la pièce, Sol entremêla ses doigts avec ceux de la Yinren. C'était sûrement prohibé. Jamais un adiutor n'aurait dû agir ainsi avec son maître. Saeko n'était pas comme les autres. C'était une soeur. Elle espérait juste que sa vie au palais et auprès de Cal Oshun n'assombrisse pas son esprit. Sol ne pouvait rien dire pour éloigner les maux de la jeune femme. Elle pouvait néanmoins la réconforter en lui tenant la main. C'était bien plus puissant qu'un long discours. Sol s'engageait à être là pour elle. Toujours.

Elizaveta n'avait jamais été autant entourée mais elle se sentait pourtant terriblement seule. Andrei n'était pas à ses côtés. Ses soeurs étaient installées à côté d'elle mais elle savait que Tina lui en voulait. Elle ne pouvait pas le lui reprocher, comme elle ne pouvait pas blâmer les Griffith non loin d'elle. Liza avait rendu son propre père, Oleg Valaeris, à la justice de la nation de la terre pour le meurtre d'Isaiah Griffith. Elle avait avoué aux principaux concernés qu'elle avait été mise au courant mais qu'elle n'avait pas agi pour contrer les plans de ses parents. La belle récoltait le fruit de ses décisions. Une dure leçon sur une erreur qu'elle ne commettrait plus jamais. Elle était devenue la dirigeante de la nation de l'air. Reine sans couronne. Elle était montée sur ce trône illusoire d'une façon qu'elle n'aurait jamais soupçonné. Coup d'état invisible. Succession applaudie par le peuple quelque peu abasourdi par la culpabilité du père. Liza était totalement légitime mais elle se sentait aussi coupable et meurtrie d'avoir ainsi trahi son père. Elle avait dû avouer ses crimes pour éviter sa propre destruction. La jeune femme avançait, malgré toutes les blessures. Elle cicatrisait difficilement mais elle ne baissait pas les bras. C'était le premier évènement d'envergure qui réunissait toutes les nations, toutes les familles. Le premier évènement auquel elle se rendait en tant que dirigeante de Aerinstin et non plus comme l'héritière. La première fois qu'elle revenait à Launondie depuis qu'elle était partie. Depuis qu'elle avait succombé à @Maven Oshun. La belle ne l'avait pas revu depuis. Tant de choses s'étaient passées qu'elle avait l'impression que cela faisait des années qu'elle ne s'était pas retrouvée en présence de son fiancé. Il devait forcément se trouver parmi les siens mais la jeune femme refusait de laisser leur relation empiéter sur son comportement. Elle se tenait dignement et son regard restait fixer sur l'estrade qui réunirait le destin de Saeko et Cal. La belle se refusait de penser à sa prochaine union. Elle était encore bien trop confuse vis-à-vis de Maven pour y réfléchir calmement. Elle essayait de ne rien laisser paraître mais elle était mal à l'aise malgré la présence de son adiutor, @Ace Ivashkov non loin d'elle. La belle n'oubliait pas les attentats qui avaient perturbé le festival de Dragondale. Elle en gardait encore un souvenir douloureux.

Une journée importante, une date qui s’ajoutera à celles qui jalonnent d’ores et déjà leur histoire. Un nouveau chapitre qui démarre, chapitre dont Ace espèce qu’il sera particulièrement concis. Cal Oshun ne connaîtra guère le poids de la couronne d’ores et déjà perchée dans un équilibre précaire sur la tête de sa mère. Ace ne peut envisager qu’il en soit autrement, pas tant qu’il aura son mot à dire. Sa reine a lui est noyée dans la foule, sagement assise, encadrée par les membres de sa famille. Une famille dont elle se trouve désormais à la tête. C’est tout un monde qui se déploie sous les pieds de Liza, un monde sur lequel elle règnera, Ace s’en fait la promesse muette. Ce mariage n’est pour lui qu’une mascarade, une cérémonie pompeuse et grotesque, exhibée pour la première fois sous les yeux du peuple entier. Une diversion, rien de plus. Et ça manque de finesse. Ace n’est pas dupe et soupçonne grandement ne pas être le seul. Autour de lui, les gens se pressent. Il reste immobile, à sa place, paré de l’uniforme crème qui le noie dans la masse de ses semblables, l’insigne des Valaeris placardé sur sa poitrine. Une appartenance qui le porte. Le symbole de son allégeance envers Liza. Une promesse qu’il n’a pas à cacher, un engagement qu’il ne saurait remettre en question. Il n’y songe même pas. La ligue, il l’a repoussée, organisation vengeresse qu’il voit mal ne pas profiter de l’occasion que cet événement représente. La foule est traitre et les opposants serpentent parmi les nobles, habilement dissimulés sous leurs parures et leurs sourires courtois. Les gens ne demandent qu’à se soulever contre cette couronne qui les oppressent, cette couronne qui s’apprête pour la énième fois à se donner en spectacle au su et vu de tous. Comme toujours, Ace est concentré. Son attention ne faiblit pas, braquée sur Liza, mais pas que. Doucement et avec l’aisance née de l’habitude, il laisse son pouvoir se déployer autour de lui. Son énergie se répand, lèche les contours de ceux qui l'entourent, effleurant les corps, caressant les esprits. Des pensées lui parviennent, des images se dessinent. Des visions fugaces, des informations qu’il glane tout en protégeant son propre esprit, érigeant un mur pour se préserver des autres oranges dont il se méfie. Ace se méfie de tout et de tout le monde, à l’exception de Liza, Liza qu’il aspire plus que tout à protéger. Il tâche d’étendre le mur érigé autour de son esprit jusqu’au sien, prêt à réagir à toute vitesse si sa reine se retrouvait menacée.

Observez cette chaine alimentaire. Autour des plus forts se trouvent toujours les plus forts. Les faibles restent à l’arrière, sans protection aucune, parce qu’aucune règle composant le règne animal n’incite un fort à protéger un faible. Le faible est là pour se faire tuer en premier, et ainsi donner l’occasion au fort de poursuivre la chaine. Regardez-les. C’est comme si tout cela était normal. Oshun. Yinren. Swanson juste à la suite, en rangée militaire, leur chevelure blonde jusqu’au blanc, ou encore rousse comme le feu, leur regard fier jetés à la face du monde. Leur tenue est crème, mais légère, elle rappelle l’habileté au combat qui les caractérise : point trop lourde ni trop complexe, idéale pour le maniement d’une arme et la souplesse nécessaire à l’art de la guerre. Même lors de la célébration de l’Amour, Swanson apporte l’ombre au tableau. Obscurum per obscurius, n’oubliez jamais que l’origine de l’Homme, sa nature profonde et animale, dicte sa loi dans toute entreprise d’élévation civilisationnelle. Quelques regards impressionnés glissent sur les Swanson, qu’il est rare de voir réunis au complet. Ils ne paradent pas, ils ne sont pas oisifs. Ils sont les aigles, les chasseurs de nuit. Debout, la tête rejetée en arrière, Harald jette un coup d’œil furtif à Silerun, presque à genou dans le dos d’Ernest Swanson. La simple contemplation de ce fils de pute lui noue l’estomac. Il est la personnification d'années se solide servitude volontaire de la part d’un mêlé dépourvu de fierté, qui aurait sans le moindre doute rêvé d’être l’adiutor d’Ernest le Cruel. Dommage pour lui, l’histoire était arrivée trop tard – Ernest n’avait pas d’adiutor et ne l’aurait jamais supporté. Il n’avait que des esclaves, vivant comme au bon vieux temps, méprisant la marche du progrès social. Jamais Harald n’avait vu un esclave mettre autant de cœur à la tâche. Silerun vouait un véritable culte à la violence d’Ernest et à son feu dévastateur. Jamais il n’oublierait le regard que posait sur lui le mêlé lorsque son père le brutalisait, durant sa prime jeunesse. Cette lueur de contemplation perverse, ce plaisir gourmand mal dissimulé qu’il ressentait à la vue d’un être encore plus maltraité que lui. Pourtant, Silerun connaissait bien ce martyre. Mais voir un homme plus mal en point que lui, plus asservi que lui, au lieu de susciter sa pitié, était venu nourrir la haine insatiable qui le consumait. Combien de fois Harald n’avait-il pas rêvé de rencontrer Silerun une nuit, dans une ruelle sombre. Mais un tel meurtre lui aurait-il rendu une parcelle de justice ? Non. L’assouvissement brutal d’une pulsion vengeresse, simplement. Il quitte le mêlé du regard et sa colère s’évanouit dans l’air frais du matin, tandis qu’il préfère se tourner vers @Marlys Swanson, sa cousine. Un effluve de contentement et de fierté s’empare de lui à la contemplation du joyau Swanson. La femme qui les représente le mieux, qui incarne magnifiquement ce qu’une Swanson peut être, dire et faire. Les Osoryd sont postés derrière eux, raides et presque au garde-à-vous. Parmi eux, Rhaegar, auquel sa cousine est promise. Il sait qu’elle est tout sauf ravie de cette alliance, mais ils pouvaient difficilement lui trouver un meilleur parti. Les Osoryd représentent le feu et la guerre – en cela, ils sont les alliés naturels des Swanson. Il aperçoit Yoric saluer d’un mouvement de tête @Alevtina Valaeris, sa promise. A son tour, Harald croise son regard et la salue brièvement. La jeune femme a l’air fébrile, son bras tremble lorsqu’elle attrape la main de sa sœur. Rien ne saurait différencier plus foncièrement sa belle-sœur de sa cousine, altière et forte. Dans un sourire qui ne regarde que lui, il laisse son regard voguer vers son frère cadet. Pauvre Idriss. Son visage poupon imberbe contraste avec les flammes qui irisent ses cheveux, le brasier qu’on sent chauffer dans ses yeux. Idriss à la recherche de la reconnaissance du père. Idriss reprochant à Harald à peu près tout, mais surtout d’avoir été, quelque part, le préféré d’Ernest dans la haine et la violence. Peut-être sa colère envers Harald n’avait été qu’une manière habile, intelligente de se protéger du désespoir que cette situation pouvait engendrer. Il sait qu’Idriss sait qu’il l’observe, et qu’il fait exprès de ne pas croiser son regard. La place d’Harald, à la gauche d’Ernest, côté cœur, il l’occupe parce qu’il est l’aîné et l’héritier. Il sait à quel point cette seule vision perce le cœur de son petit frère.

+tenue.

Maven n'avait cessé de râler, depuis son réveil. Un mariage impérial. Quelle connerie. Quelle perte de temps. Il avait bien tenté d'échapper à ce cauchemar, mais le visage impassible de sa mère l'avait rapidement découragé dans ses espoirs. Il était totalement inacceptable que le prince Oshun n'assiste pas à l'union sacrée de son aîné et de la belle @Saeko Yinren. La pauvre allait lier sa vie au pire de tous les maîtres du feu, au plus grand traître que l'empire ait connu. Cet homme que le blond détestait du plus profond de son coeur, depuis des années. Et cette haine ne se tarissait pas le moins du monde, toujours alimentée par la présence de sa grande Déesse personnelle. D'ailleurs, à peine avait-il pénétré dans la salle du brasier qu'il chercha sa précieuse @Isaure Oshun, celle dont il était l'ombre et qu'il ne quittait qu'à regrets. Il avait d'ailleurs crée un scandale énorme auprès des organisateurs du mariage. Il avait prévenu, s'il n'était pas assis à ses côtés, il allait faire un carnage. Un véritable carnage. Il sauterait à la gorge de @Cal Oshun, lui laissant une trace brûlante sur son adorable visage par la même occasion. Tout en bougonnant, Maven se fraya un chemin parmi la foule, jouant des coudes. Il poussa vigoureusement des importuns qui refusaient de s'écarter de son passage, avant de finalement trouver sa place au premier rang. Un animal foire, voilà ce qu'il avait l'impression d'être. Exhibé, paré de vêtements clairs horriblement inconfortables, il avait hâte que cette petite mascarade se termine. Sur les nerfs, prêt à déclencher une bagarre générale pour un regard de travers, le maître du feu sentait ses vieux démons se réveiller, plus violents que jamais. D'autant plus qu'il n'avait pas croisé @Elizaveta Valaeris depuis leur dernière rencontre et que cela avait le don prodigieux de l'agacer également. Il avait rapidement salué @Alevtina Valaeris, amie-amante d'autrefois, au visage bien triste, avant de finalement venir prendre place à côté de sa cousine, @Thyra Oshun, à qui il n'adressa qu'un vague râle, avant de murmurer : « J'espère qu'elle va l'empoisonner. Non, ce serait une mort trop douce pour lui. J'espère qu'Isaure a mis en place un plan diabolique. Une exécution publique, ça, ça mettrait de l'ambiance. »

Les esclaves ne cessaient de s'activer autour de lui, mais Cal ne leur prêtait aucune attention. Telles des ombres, ils restaient silencieux dans son sillage, ajustant un détail sur sa tenue ou  accourant pour lui fournir ce qu'il réclamait, sans jamais lui adresser la parole. Tous s'étaient fait passer le mot quant à l'humeur massacrante du prince. @Naos Jagger observait dans un coin de la pièce sans rien dire. Cal savait que cette journée allait probablement être longue pour son Adiutor, qui allait devoir se montrer d'autant plus alerte que d'ordinaire. Mais peu importe. Il ne souhaitait pas parler, il l'avait fait clairement comprendre à quiconque souhaitait engager la discussion. Il voulait être seul. Aucun noble, même pas de sa famille, n'était présent à ses côtés, et ça le réjouissait. Il allait devoir les supporter durant le restant de cette longue journée, alors autant profiter tant qu'il le pouvait encore. Il savait que les murmures et les regards insistants allaient suivre sa silhouette plus que d'ordinaire. Adonis s'était chargé de ça. Mais Cal s'en contrefichait. Il s'était évertué à garder leur relation secrète, pour au final ne même pas essayer de la nier lorsque le brun s'était mis à le crier haut et fort. Il se rendait compte qu'il n'aurait pas pu moins se soucier de l'avis du peuple, alors que son esprit était préoccupé par d'autres affaires. Ses pensées se faisaient sombres depuis quelques jours. La trahison d'Adonis ne quittait pas ses pensées. Il imaginait le brun, dans les cachots du palais, et étrangement cette pensée lui déplaisait. Il aurait voulu que le Griffith soit là, qu'il le fixe avec cette intensité dans son regard alors qu'il aurait embrassé Saeko, qu'il lui sourit de ce sourire insolent que Cal ne supportait que chez lui. Il aurait voulu ne pas avoir à s'inquiéter du sort de son amant, mais au lieu de ça, ce dernier pourrissait dans les cellules. Le prince savait qu'il avait fait le bon choix, mais il ne s'agissait pas du plus facile. Cette faiblesse qu'il ressentait, il la détestait. Elle le faisait se sentir bien trop humain, vulnérable. Et il savait que lorsqu'il poserait son regard sur le visage de sa fiancée, qu'il y verrait toute la rancœur qu'elle avait envers lui, il ressentirait un autre sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps : la culpabilité. Aussi infime était-elle, elle s'était insinuée dans son être, lui laissant un arrière-goût désagréable. Il était l'héritier du Royaume, il n'aurait pas dû se sentir coupable, mais il ne pouvait s'en empêcher. Car il avait sermonné Saeko, mais qu'il n'avait pas été fichu d'être sincère avec elle. Il ne lui devait rien, il le savait, mais il l'appréciait et l'estimait, ce qui aurait dû être suffisant pour lui dire la vérité. Même s'il ne s'agissait pas d'un mariage d'amour, ce jour n'était pas supposé se passer ainsi. Cal ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Adonis. Tout ceci était sa faute. Mais pas que. Le prince avait été suffisamment naïf pour penser que leur relation était sincère, alors que l'Eartanarien n'en avait eu qu'après sa Couronne depuis le début. C'était difficile à admettre, mais l'Oshun devait se convaincre de cette vérité pour ne pas faire marche arrière. Alors que son regard restait accroché au reflet que le miroir lui renvoyait, Cal s'impatientait qu'on vienne le chercher. Il ne souhaitait qu'une chose, en avoir fini avec cette journée qui n'avait pourtant que commencé.

Ses pas résonnaient dans la pièce bondée. Ses yeux vagabondaient, dévisageant chaque personne qu'elle croisait. Ariane n'y croyait pas. Le mariage impérial allait avoir lieu dans quelques heures et elle avait du mal à se faire à cette idée. Elle connaissait Cal depuis de nombreuses années, suffisament pour comprendre qu'il n'aimait pas sa fiancée autant qu'il aimait son frère. Aimer son frère. Elle frissonnait à cette pensée. La Griffith était tellement occupée à gravir les échelons, apprendre des tactiques politiques qu'elle ne s'était même pas rendue compte de ce qu'il se passait entre son frère et le prince, le futur roi. C'était seulement lorsqu'Adonis l'avait crié dans le château qu'elle l'avait appris. Son coeur se brise lorsqu'elle repense au moment où les gardes ont escorté son frère jusqu'à sa cellule. Penser, savoir même, qu'Adonis croupissait en prison alors qu'ils allaient tous se rejouir des festivités la travaillait. Elle aurait voulu faire quelques choses, l'aider, mais elle n'avait pas réussi. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé. Après la cérémonie, elle s'était promise d'aller parler à @Cal Oshun pour avoir des explications et tenter de sortir son frère de sa cellule. Lorsqu'elle arrivait à sa place, entre les Osoryd et les Valaeris, elle se crispait. Elle n'avait pas revu les Valaeris depuis qu'elle avait appris pour leur implication dans la mort d'Isaiah. Elle avait longtemps espéré prouver l'innocence de son amie, @Elizaveta Valaeris, mais elle n'avait rien trouvé de concret pour cela. Ariane s'était sentie trahie et elle souhaitait des explications, mais elle préférait attendre sagement qu'Elizaveta vienne  d'elle-même. La Griffith était patiente, elle savait que son amie viendrait la voir le moment venu. En attendant, elle se contentait de se placer aux côtés des siens pour regarder l'amant de son frère se marier.