La cérémonie était belle. Paisible. L’amour avait beau n’être qu’une illusion, les vœux de bonheur prenaient tout leur sens. Non loin d’@Ariane Griffith, tu contemples les jardins et la populace qui s’est pressée pour assister à une union au sommet. Les sourires des enfants qui chahutent dans l’herbe pendant que les parents discutent des mondanités. Les pauvres qui observent les riches avec envie. Les maîtres qui décorent leurs adiutors pour les exposer aux yeux de tous. Et toi. Toi qui ne pense pas une seconde que tout va s’écrouler. Pas même lorsque la première détonation a raisonné. Tout ce que t’as vu, c’est le mur s’effondrer sur une partie des convives.
Tu ne réfléchis pas plus longtemps et accours pour trouver des corps morts, d’autres agonisants. Tu ne fais pas attention à ceux qui t’entourent, à ceux encore vivants, tout ce que tu cherches, c’est à sauver les personnes qui peuvent l’être. Alors tu te baisses sur les morceaux de mur et sur les mains que tu trouves, mais de nouvelles bombes explosent, cette fois beaucoup plus proches et le souffle te projette à l’intérieur du palais.

Tu te relèves difficilement, la pommette éraflée et l’arcade entaillée. Mais ce gout dans la bouche, le cuivre qui vient décorer tes lèvres. Tu craches le sang qui vient s’engouffrer parmi la salive et tu lèves le regard. La désolation. La mort. Et tu découvres certains, masqués, venir achever les autres à terre. Tu as envie de vomir, mais tu te retiens. Le poing serré, tu hésites à user de ton don pour éloigner ce que tu supposes être un résistant d’un maître effrayé par la lame qu’il sort. Mais tu ne peux pas. Ariane te regarde, à quelques mètres de toi, et tu sais qu’elle est en danger si elle reste là. Alors encore une fois tu fonces. Tu ne penses pas. Tu descends de la tombe de pierres pour rejoindre ta maîtresse. Tu l’attrapes par le bras et tu lui intimes de te suivre, au moins le temps de trouver son adiutor, ou le reste de sa famille. Tu cherches du regard un endroit sauf pour y déposer une princesse sans couronne. Mais un mêlé vient vous séparer, il est près à vous faire la peau à toutes les deux si tu oses défendre la maître de la terre. Et à cet instant, tu t’en moques. Tu fais en sorte que le mêlé s’éloigne d’elle et tu lui fais signe de partir tant qu’il est encore tant. Un sacrifice que tu ne regretteras pas, persuadée que tu es de pouvoir maitriser l’assaillant … C’était sans compter sur le regard familier. Il hésite, fuit, et tu comprends que tout ton monde est en train de basculer. « Impossible. » que tu souffles. Tu regardes autour de toi, tu cherches les visages sous les masques. Et là c’est l’horreur. Ce regard perdu entre milles. Tu ne le reconnais que trop. Tu le vois, @Ido Aderal, et tu la vois elle, @Clysée Asanne. Tu ne dis rien. Tu ne bouges pas. Mais tu comprends qu’il a trahit. Combien d’autres encore ? Qui ?

Citation :

fin de la mission atalante pour la résistance, échec.

Cal ne fut ni surpris par les paroles de Naos, ni par le fait qu'il se permette de l'attraper par le col comme s'il avait été le dernier des roturiers. Le Jagger était comme ça, il l'avait toujours été. Et les années passés à se supporter l'un l'autre n'avaient rien arrangé à son comportement. Au contraire. « Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas mourir par ma faute. Pas aujourd'hui en tout cas. » Et il se dégagea de l'emprise de son Adiutor d'un geste sec. S'il acceptait beaucoup de choses de la part de Naos, il détestait l'insolence dont pouvait parfois faire preuve le mêlé. Il s'y accoutumait, à certains moments plus qu'à d'autres, mais le chaos qui régnait tout autour d'eux ne lui permettait pas d'être patient. L'un comme l'autre, leurs nerfs étaient à vif, et dans d'autres circonstances, Cal aurait volontiers envoyé balader le brun, mais pour l'instant, il avait besoin de lui pour se sortir de là. Avant même qu'il ne puisse faire un pas de plus, il se retrouva soulevé par Naos, qui reprit son chemin sans se soucier des personnes qu'il laissait derrière eux. L'Oshun sentait son sang bouillir dans ses veines, la colère le gagner alors qu'ils s'éloignaient de Saeko, de Sol et des gardes qui s'assuraient de leur protection. « Est-ce que tu m'as pris pour Isaure? Parce que j'imagine que c'est aussi comme ça que tu la portes quand tu l'emmènes au lit. » Il aurait pu s'énerver, lui crier des injures, mais il estimait que cette révélation serait bien plus efficace. Voilà des jours que Cal détenait cette information et attendait le moment propice pour dévoiler ce qu'il savait aux concernés. La réaction de Naos ne tarda pas. Il le sentit se tendre et ralentir le pas. « Repose-moi. » Après un instant, il lâcha l'héritier, sans aucune délicatesse. Cal lui lança un regard noir, mais ils étaient désormais arrivés à la porte qui les mènerait à l'intérieur du palais, à l'abri. Il s'y engouffra, suivant le brun et les gardes dans les couloirs, toujours dans l'idée de mettre le plus de distance possible entre la menace que représentait les rebelles dehors, et le futur empereur. Désormais loin du chaos, son esprit s'aventura à penser à sa famille. A Isaure, à Wanda, à Maven et à Thyra qu'il n'avait pas aperçu. Ils allaient sûrement être mis en sécurité, eux aussi. Il pensa à Saeko, également, mais il fut rapidement réuni avec la jeune femme, dans une pièce calme du palais. Cependant, il n'accorda aucune pensée à sa mère, son esprit bien trop préoccupé par d'autres choses plus importantes.

Quand les yeux de Thyra s'ouvrent à nouveau, elle est déjà à l'intérieur. La toute première explosion l'avait projetée à même le sol, comme la très grande majorité des convives, et son royal crâne avait heurté le sol avec une telle violence qu'elle avait immédiatement perdu connaissance. Elle ne se rappellera pas du chaos, la belle. Dans son esprit ne raisonnera que celui de la déflagration et des fenêtres brisées. Et quand elle revient à elle, elle ne comprend pas. Elle repose dans les bras d'un des gardes, et ses grands yeux scrutent les alentours, comme si elle ne reconnaissait pas son palais. Elle se souvient d'avoir parlé à @Maven Oshun, auquel elle avait décidé de ne pas répondre, trop peu encline à gâcher la merveilleuse humeur avec laquelle elle était arrivée à la réception. Elle se souvient avoir souri pendant la cérémonie toute entière, trop heureuse de sentir les conflits quelque peu apaisés, de nager dans cette impression étrange que tout allait bien. Elle se souvient du bruit, du choc. Mais tout se presse si rapidement dans son esprit qu'elle en panique. Elle se doute que, comme lors du festival, elle et le reste des Oshun avait été précipités à l'intérieur du palais pour êtres mis en sécurité, leur sang bleu trop précieux pour couler sur les dalles du jardins du palais. Mais elle a peur. Elle a peur car elle ne voit aucun des siens autour d'elle, simplement tous ces gardes, dont celui qui la trimballait comme un corps sans vie. Elle commence à se débattre, à crier. Et elle demande à voir Cal. Elle ne sait pas pourquoi c'est @Cal Oshun qu'elle veut voir, lui seul, par dessus sa propre fratrie et ses parents. Mais c'est vers lui qu'elle veut qu'on l'emmène. Les gardes ne veulent rien entendre, et elle se débat de plus belle, finissant par retomber sur ses pieds. Le choc à sa tête la lui fait tourner, mais l'adrénaline et la panique la gardent en équilibre sur ses deux pieds. Elle crie plus fort encore, finit par obtenir d'un garde qu'il lui dise l'endroit où l'héritier avait été amené. C'est d'un pas rapide et saccadé qu'elle arpente le dédale que formaient les couloir du palais. Elle trouve son cousin, ainsi que sa désormais épouse @Saeko Oshun dans la pièce qu'on lui avait indiquée, un des grands salons duquel on n'entendait pas le moindre bruit parvenant de l'extérieur. C'était comme si l'attentat n'avait jamais eu lieu. Elle pousse les deux grandes portes de ses bras, et s'arrête, soudainement incapable de marcher. C'est à ce simple moment qu'elle sent le sang presque déjà sec sur ses tempes, ses jambes tremblantes, sa tête la faire souffrir. Elle s'appuie sur le cadre de la porte, haletante, l'inquiétude lisible dans ses yeux. Vous allez bien, tous les deux ? Elle était en colère, Thyra. En colère parce qu'il semblait désormais impossible pour les bleus et argents de feindre le bonheur comme ils l'avaient toujours fait. Même ça, on le leur avait retiré. Y-a-t-il le moindre signe des autres ?

« On partira ensemble. » Soufflait @Raeghar Osoryd avant que son adiutor le presse de partir. Le coeur de Lula ne fut que plus léger suite à ses mots, imaginant qu'ils auraient peut-être une chance de se retrouver, mais le dernier regard qu'il lui adressait lui déchirait les entrailles. A la fois partagée entre un sentiment de soulagement et un sentiment de peur, elle le regardait s'éloigner jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible. La princesse fixait quelques secondes le dernier endroit où elle l'avait aperçu, comme pour ne jamais oublier ce moment et sursautait lorsqu'une brune (@Mars Ivanov) la fit sursauter. Elle se tournait vers elle, à la fois surprise et soulagée que quelqu'un vienne l'aider. Lula acceptait sa main et s'accrochait à elle, frémissant lorsque la jeune femme passe sa main autour de sa taille. Un gémissement lui échappe lorsqu'elle parvient à se mettre debout, mais elle ravale rapidement ses larmes et tente d'avoir l'air impassible. « Je n'avais prévu de me prendre une bombe en pleine face, mais si me venir en aide t'est si pénible, tu n'as qu'à me reposer par terre. Je trouverai bien un moyen de m'en sortir. » Les paroles de la mêlée l'avait provoquée et, avec le caractère fort qu'elle avait, elle n'avait pu s'empêcher de réagir du tac au tac. « Ce n'était pas n'importe quel beau mec, mais je suppose que tu ne peux pas comprendre. » La mêlée avait l'air solitaire, renfermée et Lula doutait sur le fait que la jeune femme ait déjà connu l'amour. « Qui es-tu ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu. » Elles continuaient d'avancer, foulant le sol aussi rapidement qu'elle pouvait. Les yeux de Lula vagabondait de cadavre en cadavre, chacun d'eux lui montrant les conséquences de leurs actes.