Elle frôle la vie. Elle frôle la mort. Sale môme brisée par les sévices d'un emprisonnement qu'elle a bien moins supportés que le précédent. Elle s'évade, disparaît des heures entières, à la quête d'un émotion, d'un sentiment, quelques choses qui lui donne l'illusion d'être en vie. Elle a été se perdre au trou, la belle enfant, écrasé ses poings dévastateurs contre la carcasse de ces adversaires, leur laissant à peine un souffle de vie pour se traîner au delà de l'arène. Elle est dévorée, empoisonnée, la haine agit comme un venin, se distille dans ses veines, alimentant chaque parcelle de son corps. Elle n'est plus elle même, plus réellement. Même lorsque son regard est venu heurter les orbes céruléennes du Khodja, séduisante, impeccable, dans son costume, près à se rendre au mariage à laquelle tu as toi aussi été conviée. Elle se détourne, lasse, retournant dans les ombres qui la compose désormais. Elle fuit, refuse qu'on lui vienne en aide, elle évite, les attentions particulières qui voudraient la ramener sur le droit chemin. Elle chasse les inquiétudes, elle ne veut pas entendre raison. Ses pas la ramènent vers le palais des flammes, d'une lumière incandescente, dévorante. Elle pince les lèvres, trouve aisément les chemins de ses anciens appartements, elle se fait invisible, le temps d'aller revenir une tenue plus élégante pour la cérémonie à venir. Dans le confort de sa chambre, l'enfant mêlé passe un peu d'eau sur son visage souillé, rejette en arrière sa chevelure brune dont les ondulation cascade dorénavant son dos. Aléa disparaît sous les artifices, devenant cette sublime créature qui lui ressemble à peine. Elle scrute son reflet, le regard vide, dénaturé, sans parvenir à se reconnaître dans sa combinaison. Dans un soupire, elle s'écarte de l'inconnue qui trône dans son miroir, rejoignant la cérémonie, elle se mêle au commun des mortels... Si ce n'était pas crainte de s'éloigner du roi d'Eartanera, elle ne serait jamais venue se perdre dans ce palais des flammes, célébrant un mariage qui n'est que l'exposition de la haine que ce royaume voue aux gens dont la différence est celle de ton protégé. Elle le cherche d'ailleurs, ne se satisfait que lorsque le divin entre dans les lieux aux bras de son épouse. Elle veille, surveille, parmi les invités, à distance raisonnable de la royauté eartanerienne.

La madone serre l'épine de son second comme un gypaète crocherait sa proie. Sybille et leur fils se tiennent à son flanc gauche, lorsqu'à son côté droit demeure l'ainé. Se penchant doucement, c'est à l'esgourde de son épouse que le patriarche glisse cependant. « Lâchez-le, ma chère, il ne va pas s'envoler. » Au demeurant badine, la remarque souffre d'une autorité que l'attitude de la mater irrite. Plus louve que mère, elle froisse ses babines et rétorque à brûle-pourpoint qu'elle ne le laissera pas filer, celui-ci, et d'insinuer par là qu'elle essuie encore l'humiliation infligée par son Oshun de mari. Les fiançailles et le départ de leur fille a été vécu comme un affront. Un crime de lèse-majesté qu'elle n'a toujours pas pardonné à l'Infâme. Celui-ci, d'ailleurs, godaille une grimace excédée. Les émois excessifs dont est victime la Swanson, chaque fois qu'il est question de leur progéniture, le laissent constamment atterré. Mais son humeur orageuse est vite pansée par la voix calme de l'héritier. « Père, Alma est là. » Et en effet. Vrillant sa nuque à l'endroit indiqué, qui ne voit-il pas apparaître. « Fais de la place pour ta sœur », ordonne-t-il séance tenante, exerçant sur le bras du jeune-homme une pression suffisamment forte pour que ce dernier comprenne devoir laisser la nymphette venir entre lui et son père. Le grand gaillard s'exécute, sort du prestigieux rang et invite la flavescente à les rejoindre. Lorsque l'enfant aborde son giron, Hector lui cède un regard lourd, écrasant, non pas hostile, mais bienveillant — aussi bienveillant que puisse se montrer le Dragon. Aucun mot n'est pour l'heure adressé. Voilà des mois qu'il ne l'a pas vue, et la belle s'est entêtée à ne répondre à aucune de ses épitres. Le gouffre creusé entre eux est devenu abyssal, et les reproches que chacun pourrait s'adresser avivent la lave qui coule dans cette igue. Pourtant, le pater est conforté. Savoir @Alma Oshun auprès de lui paraît rasséréner l'airain de ses rides. Une certaine complaisance est d'ailleurs tirée de la fulmination racée que son sixième sens marital sent poindre sous le phlegme de Sybille ; oui, il lui a arraché la satisfaction d'avoir sa perle à proximité, oui, il a fait ça. Et comme pour repaître davantage le prurit de sa comparse, il récidive d'un ton bas. « Une Khodja. Notre roi ne pouvait pas mieux trouver. » Car, entre autres brouilleries, c'est bien là leur plus récent sujet de discorde. L'un approuve l'union faite avec les freux de la basse-ville, quand l'autre rechigne à voir quelque famille de parvenus accéder à l'apogée. Sa femme a toujours été d'une fatuité ennuyante, de cette élite nimbée qui ne jure que par les Grandes Familles. Plus pragmatique, plus stratégique, le Capitaine juge les alliances avec un œil de militaire et non pas de noble. Mais sa compagne s'emmure dans une mutité élégante, comme si l'auscultation des derniers préparatifs la captivait autrement que la muflerie du Hutin. « Et toi, Alma, qu'en penses-tu ? », s'enquière-t-il finalement, modelant entre sa puînée et lui un appontement qu'il espère secrètement efficient.

La voix rauque retentit derrière son épaule. Son frère aîné, le port élégant, le regard à peine troublé, vient lui adresser une brève salutation avant de lui céder la place à ses côtés, entre lui et leur père. Les yeux déclinent, le menton glisse. Elle tourne la tête, l'observe à demi-mot.  Ses grands yeux ciels parcourent ce visage, suit les courbes de ces cernes, arpente les mèches impeccables pour redescendre le long d'un nez fin, jusqu'à se briser sur l'arrondie d'une mâchoire. A la recherche d'un petit quelque chose, un je ne sais quoi qui chatouillerait ses sens et les captiveraient, les soumettraient entièrement à sa suprématie despotique et stimulerait sa mémoire de cette admiration sans borne qu'elle avait entretenue envers le patriarche à chaque instant. Sans quelle ne parvienne à revenir à ces émotions orphelines, vestiges d'une naïveté avortée dès qu'elle fut en âge de se marier. Elle prit place l'enfant, salua les siens à voix basse en occultant les regards des uns et l'attention des autres. Elle accueillait leurs retrouvailles comme on s'embarrasse de formalité d'usage, avec une politesse exacerbée et la distance raisonnable qu'on accordait généralement aux étrangers. Et ciel, comme elle eut envie de rire Alma, quand son père vint lui demander son avis. Considération d'usage qu'il ne lui avait pas accordé au moment le plus important de sa vie. La réponse survint quelques secondes plus tard, moqueuse et policée, enrubannée de cette tendre ironie qu'elle avait peu à peu apprit à apprécier. « Je suis surprise de constater que vous parveniez encore à y porter quelques attentions père. » Comme une douceur amer qui viendrait se fracasser contre le sourire étirant vos lèvres. Alma. Elle eut un doux sourire, replaçant une boucle folle échappée de son chignon. « Mais le choix est intéressant, s'attirer les grâces de la nouvelle noblesse par ces temps troublés est judicieux. » Une vie passée aux côtés de la divinité du pragmatisme n'avait put que lui permettre de développer son côté pratique. En soit, Alma n'avait que peu d'intérêt pour les traditions et la valeurs de leurs racines. Le monde était un renouvellement perpétuel et la vieille noblesse  vacillait, consolider leurs appuis à coup d'unions et de contrats divers était la suite logique afin de conserver la solidité de leurs appuis. Et cette ligne de conduite, si proche de ce qu'on avait toujours prit soin de lui inculquer, lui rappelait avec une terrible acuité à quel point elle connaissait l'homme assit à ses côtés.  Elle aurait put imiter le ton de sa voix les yeux fermer, reconnaître le rythme de ses pas à travers les couloirs bonder. Et sans doute était-ce là sa seule erreur: de part leur lien filial et l'amour qu'elle entretenait à son égard, Alma, elle s'était cru privilégiée. Là où le monde d'Hector Oshun se résolvait à coup d'accord et de pions échangés, d'eusse sa cadette en devenir un agneau sacrifié. 

Il avait râlé. Protesté. Bougonné. Lancé des regards assassins à ces deux précieux, @Cal Oshun et @Isaure Oshun, qui se riaient de le voir ainsi engoncé dans une tenue de cérémonie. Lui qui ne jurait, d'ordinaire, que par de vieux vêtements déchirés portant les traces de ses trop nombreuses crises de violence. Et puis, il avait fallu pénétrer dans cette salle pleine de visages connus. De visages détestés. De toutes ces vilaines figures qu'il haïssait au plus haut point, parce qu'il savait que tous les sourires factices manquaient cruellement de sincérité. Personne n'était véritablement heureux de voir le roi de la nation du feu unir sa vie à celle d'une Kohdja. Tous ne voyaient que stratégie, que pions politiques, que jeu d'échec grandeur nature. Mais pas, lui. Oh non. Lui vénérait trop cet aîné pour pouvoir faire preuve de faux semblants. Et puis, le seigneur de la guerre n'avait jamais été formé à l'art séculaire du mensonge. Ainsi, tous avaient deviné que la tendre affection n'était plus au beau fixe, entre @Merle Osanos et lui. Parce qu'ils étaient arrivés séparément, alors même qu'ils étaient fiancés depuis longtemps. Alors même que toute la cour l'avait vu batifoler avec elle et lui sourire. D'un sourire tendre, sincère. Amoureux. D'un sourire qui s'était rapidement fané en apprenant ce terrible mensonge, cette infâme trahison. Le sauvage fuyait la foule, esquivait ceux de son propre sang qui évoluaient si aisément dans cet univers mondain. Se cachait parmi les ombres, silencieux. Attendant impatiemment la fin de cette grande mascarade. Il voulait retourner aux ténèbres et à l'oubli. Retourner dans cette antre morose qu'était devenue sa chambre depuis plusieurs semaines déjà. Parce que Maven voyait l'amour tout autour de lui. Il n'avait qu'à tourner les yeux en direction de son frère et d'@Adonis Griffith. Et cela lui faisait mal. Bien plus qu'il ne le pensait. Bien plus qu'il ne pouvait l'admettre. Tout abandonné à sa solitude, à ses pensées contradictoires, il ne remarqua même pas la féline qui se glissa à ses côtés. @Ira Sonhal. Âme-soeur tout aussi étrange et muette qu'il pouvait l'être.

Les voilà. Eux, les tartufes, dandinant leurs faux-culs engoncés dans d'élégants costumes d'apparat. Eux, dont l'enfant d'hier méprisait déjà les simagrées et mascarades emmiellées. À les mirer frôler ainsi le Trône des Flammes, elle se demandait alors, naïvement, par quel miracle le sucre de leurs palabres ne se changeait-il pas en caramel, aussitôt franchissait-il le seuil de leurs sourires crispés. Confiseries dont elle ne se serait pas délectée, de toute manière. Trop de poison, trop de vitriol. Ira préférait avoir faim ; préférait crever la gueule ouverte plutôt que d'avoir à gober la moindre rognure de cette infâme pitance-là. Pas étonnant qu'elle flotte à présent, chétive et pâle, sous les amples étoffes d'une robe de sacerda. Ce n'est, d'ailleurs, ni plus ni moins que ce rang qui, aujourd'hui, justifie officiellement la présence de son répugnant sang de bronze. Sang qu'elle a froid, esquissant un sourire des moins cordiaux, en passant en revue les rangs serrés des privilégiés. « À ton avis, qui va mourir ce soir ? On fait un pari ? », qu'elle coule alors, au tympan de son pareil, @Maven Oshun, au revers duquel la Mutine s'est manifestée, sans crier gare, spectrale à son habitude – et foutrement éhontée. Bien sûr, c'est pour rire. Bien sûr. Loin d'elle le souhait que ces noces-ci soient entachées d'un si sombre présage ; seul son humour est noir. « Tu la connais bien, la mariée ? », s'enquiert-elle, nouant quelques phalanges diaphanes au bras de son presque-cousin, lors même que son regard harponne, quant à lui sans délicatesse aucune, les contours altiers de son presque-père, @Hector Oshun. Sans doute le seul requin réel dont cette marre aux canards ait à se méfier ; peut-être sa seule véritable raison d'y être venue faire trempette.

« À ton avis, qui va mourir ce soir ? On fait un pari ? » Rictus carnassier qui étira les lèvres de l'impitoyable Oshun. De celui qui était responsable de la mort de centaines d'innocents. D'innocents coupables d'avoir osé regarder ses précieux aînés du coin de l'oeil. Parce que personne ne menaçait Cal ou Isaure sans en payer le prix. Après tout, il était né pour cela. Avait été élevé pour cela. Pour être le chien de garde. Et tout ce qu'il savait, il le tenait de @Hector Oshun, véritable figure paternelle. « Sybille pourrait mourir. Cette fois s'rait la bonne, pas comme quand on était p'tits. » Parce que la terrible tigresse vouait une haine incommensurable à sa tante, sans même que le blond ne comprenne pourquoi. Mais cela lui importait peu. Elle n'était rien pour lui, alors qu'@Ira Sonhal était son ombre. Cette gamine muette avec qui il partageait ses tourments, sans même avoir besoin d'ouvrir la bouche. « Ils sont tous susceptibles de mourir. Tous » Parce que le premier qui se montrerait menaçant pour son propre sang verrait sa nuque brisée. Aussi simple que cela. Mais les minuscules doigt de la sacerda qui s'enroulèrent autour de son bras le tirèrent de ses pensées moroses. « Tu la connais bien, la mariée ? » Haussement d'épaules. Une Khodja, c'était tout ce qu'il savait à son propos. Et elle ne l'intéressait pas plus que cela. Elle n'était rien, pour lui. Et ne le serait jamais. « Tu sais des trucs sur elle ? » Parce que l'impétueuse semblait perpétuellement au courant de choses qui auraient pourtant dû rester secrètes. Et son regard semblait irrésistiblement attiré vers la reine de son coeur, l'inhumaine @Merle Osanos. Et à cause de cela, il ne remarquait pas la façon dont la terrible détaillait la silhouette de son oncle. Si aveugle à ce qui se tramait juste sous son nez.

Tu n’as pas l’habitude de ce genre événements et ça se voit probablement. Cantonné habituellement en cuisines, tu connais surtout les arrières des soirées mondaines du palais de flamme. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Blessé à l’abdomen lors de l’attaque au palais, on t’a gentiment fait comprendre que ta présence gênerait plus qu’elle n’aiderait. Si ça, ça n’en était pas vexant … Tu avais donc profité de l’invitation du roi pour participer à son deuxième mariage en moins d’un an. Tu doutais pouvoir participer à un tel événement une autre fois dans ta vie et tu n’avais rien de mieux à faire de toute façon. Ça et tu savais que @Nikolai Halwyn allait venir. Tu le voyais venir aussi clairement que tu voyais le soleil dans le ciel. Cet abruti allait venir alors que la menace contre les mutants était plus qu’évidente. Mais non monsieur devait venir afficher sa tête plutôt que de rester en sécurité. Des fois tu te demandais s’il avait un instinct de survie. Et c’est donc sans surprise mais avec une grosse pointe d’exaspération que tu le vis arriver au bras de son amie rousse (@Svea Oshun). Tirant sur la manche de la chemise qui t’était clairement inconfortable mais que tu avais tout de même revêtu pour l’occasion, tu t’avanças vers le jeune couple, ignorant sciemment l’étiquette que Nik l’avait forcé à apprendre. Arrivé à leur hauteur, tu affichas un sourire en coin. « Aucune idée, j’en ai été chassé pour la journée. » Tu te tournas ensuite vers la jolie rousse à son bras. Tu lui pris délicatement sa main, et la porta à tes lèvres tout en t’inclinant, comme ton connard te l’avais appris. « Mademoiselle. » que tu la saluas avec un léger sourire en coin. « Laissez moi vous dire que vous êtes ravissante aujourd’hui … » Le blond à tes côtés ne pourra pas dire que tu ne faisais pas d’efforts pour être polit là. Mais tu n’avais pas mentit, la demoiselle était réellement ravissante.

Nombreuses avaient été les réflexions et les hésitations qui s'étaient éternisées dans la tête de le l'oiseau, il était plus qu'évident qu'elle se devait d'être présente au mariage de son plus fidèle allié, de son plus fidèle ami ; mais qui disait Cal disait Oshun, et suggérait donc Maven. Son palpitant n'avait cessé de vaciller entre différentes palpitations saccadées lorsqu'elle se perdait dans ses pensées et qu'elle se risquait à imaginer son regard se poser sur sa silhouette à elle, regard similaire à la fureur qui s'éternisait dans ses pupilles dorées. Merle n'était pas fière, non, loin de là ; mais personne ne semblait comprendre que tout ce qu'elle avait pu faire, et surtout ce qu'elle avait pu lui faire à lui, elle l'avait fait par amour et par amour seulement. Une longue robe bleu azur tombait sur sa peau basanée, laissant ses bras et quelques centimètres de ses jambes se dévoiler au soleil accablant de Flamaerin, bien que la brune était fervente des températures de sa Nation, elle ne pouvait nier l'agréable sensation que le soleil lui procurait dès qu'elle venait séjourner quelques temps à Launondie. À partir du moment même où Merle entra dans la pièce, ce fut comme si une vague de froideur s'était déferlée sur sa peau nue, lui procurant même quelques frissons : on l'avait mise au courant, les mutants n'étaient pas les bienvenus, mais elle avait tout de même décidé de prendre ce risque, pour eux. Elle essaya tant bien que mal d'ignorer les regards qui s'éternisaient sur sa silhouette pour essayer de dénicher celle de @Cal Oshun à travers la foule, mais ses prunelles se déposèrent sur une toute autre, mais non moins sublime, @Maven Oshun se trouvait non loin d'elle et, sans qu'elle ne soit capable de s'en empêcher, un rictus étira légèrement ses lippes.

Chaînes éternelles s’emparant de son âme, prison dorée apportant stabilité et pouvoir. Renaissance d’une famille qui prendrait le pas sur son être, l’intérêt supérieur des Khodja dominant les rêves de la jeune femme. Mariage royal, union anticipée pour sécuriser un trône qui s’ébranlait. Fin d’un empire, rêve de devenir impératrice ne devenant que cendres. Situation cocasse pour cette bronze qui dans quelques instants revêtait le sang bleu de la royauté, princesse des bas fonds gravissant l’échelle sociale pour la gouverner. Royaume embrassé par les paroles d’un fou se nommant l’élu des sept, enfant de la folie dictant une loi usée et obsolète. La mutation avait été son tremplin pour agiter sa propre pureté devant les yeux du Roi. Malédiction des dieux ou non, sa famille déchirée par cette politique, la future reine avait décidé qu’une fois en place, tout ce trouble s’arrêterait. Ce ne serait pas dans dix ans mais dans une affaire de mois, la religion des sept n’était qu’une damnation à réformer. Hybris des sacerdos apportant son lot de malheur sur la population. Brune aux lippes de l’éternelle damnation, lèvres de feu, marque significative de la femme libre qu’elle était pendant quelques instants. Myocarde étreint dans un poing puissant, incapable de penser à ce que ce mariage pourrait représenter plus tard. Croix définitive sur un héritage entier, épouse qui allait déléguer le business de la famille à sa cadette, duo flamboyant qui ne pouvait rappeler que celui des matriarches Khodja. Déesse de l’empire prenant son renvoi à la simple reine consort de l’Oshun. Héritage qui n’était pas le seul conflit d’intérêt. Iris verdoyantes attrapant la silhouette de celui qui était sien depuis dix ans. @Roman Dayne, mêlé qui était le témoin de son union avec le roi. Roman. Lambeau d’un myocarde enchaîné par ces menottes brisées. Limbes d’une union sacrée déchirée par la science vorace. Accalmie soudaine, le calme avant la tempête. Alaia l’avait souhaité, elle en avait rêvé pendant des années. Réminiscences d’un temps lointain où la brune avait été l’autre moitié temporaire du roi, jeunesse pathétique résultant au coeur brisé par une séparation. Dualité du sang s’opposant à l’amourette pitoyable. Aquarelle de jeux politiques rudement menés, une chance qu’elle ne devait qu’à sa bonne étoile. Dix longues années plus tard. Vingt-huit ans après sa venue au monde, la princesse de la rue signait son arrêt de mort. Existence dénuée d’obstacles de ce genre, récent anoblissement qui ne la pressait aucunement à prendre mari. Fille d’Aissatou se voyant déjà devenir cette noble libre, défiant chaque convention pour devenir la propre impératrice de leur royaume de crasse. Goût exhalant aux affaires familiales, les limbes l’emportant vers les zones où le légal n’était qu’utopie. Chaos et destruction, facettes d’une personnalité qu’elle devrait enfermer pour devenir ordre et réparation. Royaume des flammes souffrant des guerres civiles et externes, ses pairs méritaient bien plus que d’être les pantins des intérêts supérieurs de la couronne. Boucles de chocolat s’éclipsant sous la légèreté du voile d’ivoire, une tenue enfilée pour débouler dans la guerre adjacent son lieu de retraite. Tulles blanchâtres ne devenant qu’illusion, l’usuel flamme de ses tenues avait été en retrait pour rejoindre ses robes de cendres. Convention à tenir, elle ne permettrait pas qu’un seul point de ce mariage soit remis en question pour la contester. Péché de gourmandise l’emmenant en pièce principal d’un conflit qui la dépassait. Voeux de protection et d’obéissance à respecter alors que leurs coeurs ne battait plus en symphonie, cacophonie bruyante des alliances politiques. Il deviendrait sien, promesse ultime d’un engagement auquel il ne pourrait se substituer. Répudiée une Khodja reviendrait à répudier le peuple, il ne provoquerait que sa déchéance. Un futur qui ne lui venait pratiquement jamais en rêve, elle qui n’imaginait que cette peur panique de devenir mère à son tour. Héritiers qu’elle devrait fournir dans la première année du mariage, héritiers qui ne porterait jamais son nom, jamais son héritage. La mariée n’était plus qu’en compagnie de sa mère, l’unique personne qui viendrait donner sa main. Aissatou offrant son unique fille à la couronne, mère de la future reine de Flamaerin, impératrice des rues. Richesse d’un empire qui s’alliait enfin à une position sociale plus importante. Sa famille sûre dans ce mariage sous tensions, un Khodja savait se défendre. Main de bronze se posant sur l’avant-bras de sa génitrice, prête à dévaler l’allée pour rejoindre son futur époux et celui possédant l’autre moitié de son âme. Descente express vers les enfers, protagoniste qui était maîtresse de sa propre chute.
La princesse des bas quartiers perdait la vie en cette journée.
Longue vie à la future reine d’une nation entière.

( R O B E )

Vêtue d'une longue robe d'un bleu pastel, Svea aurait presque l'air d'une princesse. Une pensée qui la fait sourire alors qu'elle l'est bel et bien devenue il y a plusieurs semaines déjà. Autrefois fugitive, désormais noble, elle a encore bien du mal à s'y faire. Son regard azur se pose sur @Nikolai Halwyn présent à son bras. Une petite grimace se glisse sur son visage alors qu'elle pense au risque qu'il encoure pour être ici avec elle. Mais sans lui, elle n'aurait pas été capable de venir au mariage de son frère. Svea n'est pas une habituée des soirées chics et des événements mondains, cela se voit sur son visage, sur sa démarche maladroite dans ses chaussures à talons. Pourtant, elle a fait l'effort de venir, pour montrer qu'elle est bien devenue une princesse, elle aussi, pour montrer que ceux de sa "race" peuvent aussi espérer accéder à une meilleure vie. Son regard se pose alors sur @Aléa Dochain, ravie de voir un visage connu parmi la foule. – Ca va aller ne t'en fais, et puis le bon côté des choses c'est que nous pourrons boire autant de vin qu'il nous plait. Suite à ses paroles, elle dépose un baiser sur sa joue et resserre ses doigts contre les siens. Dans un coin de la salle, Svea peut observer @Hector Oshun avant de rapidement dévier son regard. Son oncle est évidemment présent et la gamine n'a pas encore décidé si elle l'appréciait ou non. Mais elle n'eut pas le temps de plus y réfléchir que déjà l'adiutor de Nik , @Airen Lokarth se dressa face à eux. Un sourire amusé se dressa sur ses lèvres alors que le mêlé embrassa sa main avant de la complimenter. La gamine n'était définitivement pas habituée à ce genre de politesses. – Merci Airen, je te retourne le compliment. Très classe cette tenue, cela te va bien. Elle lui lance un maigre sourire. – Et tu peux me tutoyer, par pitié, Oshun ou non, je reste quelqu'un comme toi. Une mêlée. Pourtant, son poignet n'avait aucun bracelet. Elle y avait échappé en tombant dans un autre enfer, et depuis, elle avait réussi à garder sa peau vierge. – Nous devrions nous installer je pense. Son regard azur se pose sur @Cal Oshun qui venait de faire son entrée pour rejoindre le Haut Sacerdos, accompagné de @Maven Oshun. Elle qui les avait tant détesté, tout cela lui paraissait irréel. Svea se dirigea vers les rangées réservées aux Oshun, les plus proches avec celles réservées aux Khodja. Du coup de l'oeil, elle pouvait bien voir les regards sur celle au sang empreint de bâtardise mais qui jouissait de tous les privilèges. La poupée s'en moquait bien et préférait s'installer à cette place bien différente de celle qu'elle avait occupé au premier mariage du blond. Le jour où Camilla avait perdu le vie et celui où Svea avait commencé à vivre la sienne.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, tu faisais attention à ce que te disait ton ancien maître quand celui-ci s’évertuait à t’inclure quelques manières. Preuve en était le baise-main que tu venais de faire à la compagne du blond. Te redressant, tu lui adresses un sourire en coin. « Tant mieux alors. J’avais presque peur que ton nouveau titre t’ait fait gonfler ta jolie tête, Princesse. »  L’image que tu avais de la rouquine en aurait terriblement pâtit. Pas que tu saches grand-chose de @Svea Oshun, la jeune femme venant et partant de chez vous plus vite qu’une goutte de pluie sur une fenêtre. C’était difficile de se former une opinion ainsi, et encore plus de former une relation. Mais tu supposais qu’il devait bien il y avoir quelque chose d’intéressant chez la jeune mêlée. @Nikolai Halwyn l’aimait après tout. Miracle que seule la rousse semblait avoir réussit jusqu’à ce jour. Rien que pour ça tu avais envie de la connaitre. Ton sourcil se haussa bien rapidement face aux paroles du blond, avant qu’un peu discret sourire en coin ne revienne habiller tes lèvres. Halwyn serait-il jaloux ? Ça en était presque adorable à voir. Tu ouvres donc la bouches, l’air toujours aussi amusé et prêt à en faire la remarque à ton ancien maître quand la petite rousse reprend la parole. Le blond te tapote l’épaule puis ta joue, et si tu comprends l’excuse derrière ces gestes, tu n’aimes pas la tape contre ta joue qui te rappelle bien trop les tapes humiliantes de l’académie. Tu enfonces donc tes doigts dans ses côtes en rétribution. Le couple s’en va et tu les suis, bien évidemment. Jamais tu ne laisserais Nik hors de ta vue dans un endroit qui ressemblait bien trop à un antre de lions affamés. Tu ne viens pas t’assoir avec eux cependant, tu n’es pas stupide à ce point, ta présence serait encore plus remarquée que celle du blond aux bras de la nouvelle princesse royale. Non, tu viens à la place, te trouver un siège deux rangées plus loin. Ni trop loin, ni trop près, tu eux surveiller ton connard blond à ta guise. Maintenant il ne te reste qu’à prier pour que tout se passe sans incident.