Une quinzaine de jours. C'est le temps qu'aura duré l'accalmie. C'est le répit qui a été offert à Cal. Quinze jours, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, il ne sait plus vraiment. Quinze jours qui lui ont tout juste offert le goût d'une presque sérénité, avant de lui arracher à nouveau comme on arracherait un jouet des mains d'un enfant. Son second mariage lui semble déjà bien lointain, alors qu'il ne remonte qu'au début du mois de mars. Un mois qui n'est même pas terminé encore, mais dont le premier jour semble remonter à des mois. Il a vu Saeko, il y a quelques jours. Il l'a vu, et il a vu leur fille aussi, pour la première fois. Le sentiment est toujours ancré en lui, une sensation étrange qui ne le quitte plus, alors que l'image du nourrisson est gravée dans son esprit. Il ne sait pas vraiment à quoi il s'attendait. Probablement à rien. Probablement à tout. La rencontre l'a chamboulé, et malgré le fait qu'il ait essayé de s'y préparer, il ne l'était pas. En plus de pouvoir poser son regard sur Isalis, de pouvoir la tenir dans ses bras, c'est revoir son ancienne épouse qui a également ravivé de vieux souvenirs, plus qu'il ne l'aurait pensé. Mais il n'a pas eu le temps de s'attarder sur ça, l'Oshun, car la nouvelle est venue à lui un ou deux jours après. Dryang est tombée, Dryang a été prise par un groupuscule de mêlés et de lambdas. La précieuse ville de la nation des flammes, laissée vulnérable pendant trop longtemps par ceux qui avaient pourtant vu le jour en son sein. La peine et la douleur des retrouvailles a laissé place à la colère, à la rage d'une telle annonce. La flamme s'est réveillé en lui, celle dont il ne restait pourtant que des braises, il y a peu encore. Le roi ne s'est offert aucun répit depuis que la ville des Osoryd a été prise. Il a réfléchi avec ses conseillers à une manière de la reprendre, il a demandé à Rae d'obtenir des informations sur ceux qui sont derrière tout ça. Mais il se méfie, l'Oshun. Il est certain qu'envoyer des troupes à l'aveugle est une très mauvaise idée. La précipitation ne mène à rien de bon, il le sait. Les soucis et les questions le gardent à nouveau éveillé une bonne partie de la nuit, mais la fatigue ne se manifeste plus de la même façon. Plus irritable, il l'est certainement, les nerfs à vif, la patience soumise à rude épreuve. Mais il ne craquera pas, plus cette fois. Il essaye de ne pas se laisser consumer par ces démons qui se sont emparés de lui, il essaye de relâcher la pression, mais il en est tout simplement incapable, par avec toutes ces variables qui entrent en compte, pas avec le souvenir de Saeko et d'Isalis dans sa tête, pas avec toute l'affaire de Dryang, pas avec la question des mutants et de la religion des Sept qui divise toujours la nation, pas avec Adonis toujours aussi loin, pas avec leur relation toujours comparable à un champ de bataille ou à un champ de mines. Mais le Griffith est de retour à Launondie, aujourd'hui, et même si Cal sait que ça n'arrange rien, savoir son amant à nouveau au palais l'apaise. Comme si le remède à tous ses maux était le roi eartanarien, et que sa simple présence suffisait à tout simplifier. Ça n'est pas le cas, pourtant, et il le réalise, l'Oshun, lorsque ses oreilles attrapent les bribes d'une conversation entre esclaves. Adonis est arrivé un peu plus tôt au palais, pour des raisons diplomatiques, officiellement, et s'ils donnent le change en public, l'ancien empereur sait interpréter sans mal le regard ambré de son amant et les secrets qu'il renferme. Il sait lire dans ces prunelles qu'il trouve si expressives. Il n'a pas de mal à deviner les pensées que le Griffith lui réserve. Il l'a accueilli comme il aurait accueilli n'importe quel monarque, mais c'est ce soir, qu'il avait l'intention de le retrouver réellement, de l'accueillir au palais comme il désire vraiment le faire. Mais les mots échangés par les esclaves l'intriguent, le forcent à s'arrêter, à épier cette conversation dans laquelle il n'est pas invité, sans aucun doute.  C'est le nom d'Adonis, qui attire son attention en réalité. Cal fronce légèrement les sourcils, bien plus attentif. « Je ne sais plus depuis combien de temps je le sais, mais ça fait quelques semaines. Tu n'es pas au palais depuis longtemps, mais si tu savais tout ce qu'il s'y passe. » Elle pouffe légèrement, la sotte, mais l'Oshun ne la voit pas. « Je ne sais pas ce qu'ils lui trouvent tous, à cet Adonis Griffith. » « Tu dis ça parce que tu es jaloux. Si ça ne tenait qu'à moi, je me ferais bien les deux. Adonis, et Naos. Ensemble même, s'ils veulent bien me laisser de la place entre eux. » Elle se remet à rire, tandis que l'autre s'exclame de manière outrée. « Dire que ça s'est passé au mariage de la princesse Isaure. J'aurais pu finir ma nuit avec eux, au lieu de finir avec ce mec qui bossait à ta place avant de disparaître. » « Comme s'ils auraient voulu de toi. » Ils finissent par s'éloigner, continuant leurs chamailleries tels des enfants, mais Cal ne fait plus attention à eux. Les mots résonnent en boucle dans son crâne, mais le sens ne lui parvient pas tout de suite, probablement car il refuse de croire ce qu'il vient d'entendre. Mais rapidement, ça tambourine contre ses tempes, la colère qui grandit en lui. Il ne réfléchit plus vraiment, l'Oshun, alors que ses pas le mènent tout naturellement jusqu'aux appartements où séjourne le Griffith pendant son temps à Launondie. Il ne prend pas la peine de se faire annoncer par les gardes qui sont devant la porte, entre sans même avoir pris le temps de frapper. Il traverse un petit salon, avant d'arriver dans la chambre attribuée au monarque d'Eartanera. Ce dernier fait rapidement volte-face, probablement alarmé par le manque de convenance de cette entrée fracassante. Il s'arrête net, Cal, en plein milieu de la pièce, et plante son regard cobalt dans celui doré de son amant. Il le fixe ainsi quelques secondes, sans rien dire de plus, ses prunelles allumées par la colère et la jalousie qu'il peut ressentir. Car oui, la jalousie est bien présente, même s'il tente de l'oublier. Finalement, son visage fermé se fend d'un sourire, alors qu'il avance jusqu'au Griffith sans le quitter des yeux pour autant. « Tu ne sais pas ce que j'ai entendu avant de venir ici. » Le sourire ne quitte pas ses lèvres. Il s'approche de cette démarche lente, presque féline, jusqu'au brun qui le fixe en retour. « Ça va probablement te faire rire autant que moi. » Une pause, juste une seconde. « Des esclaves parlaient de toi, et de tes frasques au mariage de ma sœur. » Son sourire se fane quelque peu. « Et tu sais avec qui? Avec Naos. C'est la meilleure, non?  » Il s'arrête à quelques dizaines de centimètres d'Adonis. « Hilarant, je dirais même. » Et il se tait, alors qu'il contemple toujours le visage de son amant. Il n'a pas le droit de lui en vouloir autant, car ils se parlaient à peine à cette époque. Et tant bien même avaient-ils été proches, ils n'ont jamais été fidèles l'un envers l'autre, n'ont jamais exigé de l'autre de l'être, même s'il se souvient de désaccords tumultueux entre eux, à l'époque où Adonis n'était encore qu'un ambassadeur. Pourtant, il ne peut enlever le goût amer dans sa bouche, ne peut calmer la colère qui sévit en lui. Car c'est Adonis, et c'est Naos. Deux hommes qui ont une importance significative dans sa vie, bien malheureusement. Deux hommes qu'il n'aurait jamais souhaité imaginer ensemble. Ça le dégoûte, en réalité, et c'est presque un sentiment de trahison, qu'il ressent à cet instant. Il n'en a pas le droit, pourtant, mais la jalousie est bien trop forte. Ça aurait pu être n'importe qui, mais il a fallu que ça soit Naos. A croire qu'Adonis prenait un malin plaisir à choisir les personnes qui comptaient, d'une manière ou d'une autre, pour Cal. Il avait réussi à accepter Wanda, en partie à cause des circonstances qui ont suivi la révélation de cette nouvelle. Mais Naos, il n'arrive pas à l'accepter. Au fond, ça n'est pas que ça. C'est tout, toutes les frustrations, toutes les déceptions accumulées durant les derniers mois et qu'il n'a pas pu sortir qui se répercutent sur lui désormais, sur la réaction qu'il a. C'est la fatigue, la tension des dernières semaines. C'est leur histoire, qui est bien loin d'être réglée. Il s'agit simplement de la partie visible de l'iceberg, mais il y a bien plus à creuser en réalité.

Appelé à Launondie pratiquement en urgence, le jeune roi a pris le premier train au départ de Greenstall pour se rendre au palais des flammes. Cette fois, il s’y rend seul. Ni Izolda, ni Isaak, ni aucun membre du conseil ne l’accompagne, si ce n’est la garde royale, censée le protéger jusqu’à la mort, et ce envers et contre tout. Une poignée de soldats qui ont juré fidélité à Adonis, et sélectionné avec soins pour leur dextérité au combat et leur loyauté sans faille. Une attaque a eu lieu, et Adonis, lié par un pacte qu’il a signé sans contrainte, doit accourir auprès du roi des flammes pour lui venir en aide. L’idée est loin de lui déplaire, lui qui vit de frustration depuis des semaines. Son corps semble incapable d’oublier la présence de Cal auprès de lui, la nuit de sa libération. Et son esprit est incapable d’oublier la manière dont Cal l’a embrassé après qu’il se soit à nouveau confié à lui sur ses sentiments. Et son cœur n’oublie pas ce qui s’est passé ensuite. Le regard ambré du Griffith défile sur le paysage, et ses pensées s’échappent aussi vite qu’Eartanera, sous les rails du train. C’est Cal qui l’a accueilli, comme le veut le protocole. Leurs gardes se sont déployés autour d’eux, protégeant les deux roi. Le béni, et surtout le mutant, sur ces terres hostiles à un être de son engeance. Ce n’est qu’une fois les portes du palais refermées que les gardes semblent se détendre.

Le soleil commence doucement à se coucher, au dehors. Adonis l’observe un moment, un verre de vin à la main, et la chemise à moitié ouverte. La température augmente rapidement à Launondie, et le roi Eartanarien n’a plus l’habitude de supporter de telles températures. Lui qui a passé la fin de l’état dans des cachots glacials s’est habitué aux températures de l’hiver. Eartanera a été privée d’électricité et de chaleur pendant la guerre, et son corps s’y est accoutumé, même si désormais une fournaise brûle en lui, et fait fondre sa terre adorée. Le brun glisse ses doigts sur son crâne, vide le verre d’une traite, et pose le cristal sur un guéridon, avant de terminer de retirer sa chemise, pour la laisser tomber sur une chaise dans un coin de sa chambre. Il observe un instant son corps, dans le miroir en face de lui. Les lettres qui se détachent sur sa peau semblent devenir moins saillantes. Elles cicatrisent, s’imprègnent dans sa peau, et Adonis sait qu’elles ne s’effaceront jamais. Il laisse ses doigts courir contre la première lettre, et puis soupire et décide plutôt de se concentrer sur son épaule, et les quelques mouvements que son médecin lui a ordonner de continuer à faire pour retrouver l’usage total de son articulation. Quand il a terminé, le brun va prendre une douche rapide.

Les cheveux encore légèrement humides, et le corps toujours frais de cette douche froide, l’homme termine de boutonner sa chemise quand il entend la porte s’ouvrir avec violence, dans son dos. Il se retourne, prêt à user de son pouvoir de maître de la lave sur quiconque pénètre ainsi dans ses appartements. Les jambes déjà fermement calées au sol, il desserre le poing quand il croise le regard brûlant de Cal. Un regard bien trop brûlant, qui le consume et l’effraie à la fois. Ils se dévisagent, Adonis surpris, Cal manifestement en colère, et puis un sourire étire les lippes du roi, et Adonis sent son estomac se contracter. Parce que ce sourire n’a rien de joyeux, il dissimule à peine la colère qui fait rage derrière ce masque presque parfaitement exécuté. Mais Adonis connait son amant bien mieux que ça, et il comprend qu’il est fâché, même si il ignore pourquoi. « Tu ne sais pas ce que j'ai entendu avant de venir ici. » Toujours avec ce même sourire, le roi s’approche, tel un prédateur voulant se saisir de sa proie. Et bien sûr, Adonis a toujours été sa proie. Le brun fait un pas en arrière, un léger pas en arrière, à peine perceptible. L’instinct de conservation, sans doute, bien que chez le Griffith il ne soit pas bien puissant. « Ça va probablement te faire rire autant que moi. » Il en doute. « Des esclaves parlaient de toi, et de tes frasques au mariage de ma sœur. » Finalement, ce sourire infernal semble perdre de sa superbe, comme si la colère voulait revenir sur le devant de la scène. Adonis glisse ses dents contre sa lèvre inférieure, sachant pertinemment de quoi il était question. « Et tu sais avec qui? Avec Naos. C'est la meilleure, non? » Il s’arrête finalement, Cal. A une distance bien trop courte pour Adonis, mais celui-ci ne recule plus. « Hilarant, je dirais même. » Au final, c’est un brasier qui s’allume au sein des tripes brun. Et pas le même brasier que celui que Cal allume en lui habituellement.

C’est une sensation bien plus familière, depuis quelques mois. Une colère sourde, qui gronde et révolte le jeune roi. Son expression n’a plus rien d’apeuré, ou si peu, alors que son regard se fait rageur. « Au moins aussi hilarant que le regard que tu m’as lancé ce soir-là, avant d’embrasser Saeko a pleine bouche. » crache le roi. « Tu croyais quoi, Cal ? Que j’allais t’attendre toute ma vie ? Que je n’aurais que toi comme amant, que tu étais le SEUL ? » Le pire, c’est qu’il l’était. Que tous les autres n’étaient que des substituts, à ses yeux. Des pâles copies d’un roi qui lui a volé son cœur depuis longtemps. Adonis secoue la tête, il aurait préféré que Cal pénètre dans la pièce de cette manière pour venir l’embrasser, et réclamer que leur amour soit enfin célébrer ici-même mais tout semblait toujours devoir mal se passer, entre eux. « Oui, j’ai couché avec ton adiutor le soir du mariage d’Isaure. C’était lui, ou un autre. » N’importe qui, mais quelqu’un pour qu’il puisse se libérer de ses sentiments qui lui avaient étreigné le cœur avec bien trop de force. Cependant, quand il avait croisé Naos, il savait que ça devait être lui. Parce qu'il avait été si longtemps lié à Cal, parce qu'il avait cette carrure, partagée avec son ancien maître. Parce que même imbibé d'alcool, Adonis savait que si Cal l'apprenait, ça lui ferait du mal, et que ce soir là, après l'avoir vu heureux avec Saeko, c'était son unique but.
Lui faire mal.
Autant que lui crevait de douleur.

Le visage d'Adonis laisse transparaître la surprise et surtout l'incompréhension qu'il peut ressentir. Cal le voit, alors qu'il se complaît dans sa mise en scène, laisse durer le suspense un peu plus. Il s'avance un peu plus, toujours un peu plus, toujours un peu trop. Il ne remarque pas le léger mouvement de recul de son amant, mais ô, s'il l'avait fait, il s'en serait délecté. Finalement, le silence tombe entre eux deux, mais pas pour longtemps. L'Oshun le fixe, de ce regard enflammé, habité par la colère et la jalousie. L'expression du visage du Griffith change, et bientôt la rage envahit également ses traits. Les mots s'élèvent à nouveau dans la pièce, un peu plus fort. Ce ne sont pas des mots d'amour, mais de la colère, crachée au visage de l'autre. Des reproches, des justifications qu'ils ont gardé pour eux trop longtemps. Un rire amer échappe des lèvres du roi, alors qu'il écoute les paroles d'Adonis. Comme si c'était seulement comparable, ce qu'il avait pu faire ce soir. Peut-être avait-il souhaité l'enrager, peut-être, mais il s'agissait de Saeko, de sa femme à l'époque. C'était différent, du moins dans l'esprit de Cal. L'aveu d'Adonis lui fait serrer les mâchoires. Il ne doutait pas de la véracité de cette histoire, mais l'entendre de la bouche de son ancien amant ne fait qu'attiser la colère qu'il peut ressentir. Car ça rend la chose bien plus vraie. « Lui, ou Wanda, par exemple? » Les mots sont sortis tout seuls, à peine formés dans son esprit qu'ils s'échappaient déjà de ses lippes. Cette histoire semble appartenir à une toute autre époque désormais, mais Cal n'oublie pas, il en est incapable. Car c'est Wanda, sa petite sœur, et que c'est arrivé à cette époque bien particulière. Car Adonis lui a dit qu'il l'aimait, peu de temps après. Car il lui a dit qu'il l'aimait, alors qu'il avait été voir sa sœur. Il n'oublie pas, l'Oshun, surtout pas lorsqu'il pose son regard sur sa cadette, sur celle qu'elle est devenue depuis la perte de cet enfant. C'est stupide, mais il en veut à Adonis, pour tout ça. Pour avoir osé poser ses mains sur Wanda, pour avoir été suffisamment bête pour la mettre enceinte, pour ne pas avoir été là car il était trop occupé à mener une guerre contre leur famille, occupé à récupérer son héritage et à voler le sien, alors que sa sœur s'enfonçait toujours plus bas dans cet enfer. « Ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. Il fallait que ce soit lui, que ce soit elle. Parce que tu savais ce que ça provoquerait chez moi. C'était ta façon de me punir, de te venger. » Il l'a sûrement mérité, en réalité. Il sait qu'il n'est pas blanc dans cette histoire, il est même très loin de l'être. Il reste immobile, Cal, ne cherche pas à prendre de la distance, alors que son corps est dangereusement près de celui d'Adonis. Et son regard cobalt brûle toujours. Il ne se détache pas de l'ambre, il est incapable de le faire. « Tu ne laisses rien au hasard, ça a toujours été comme ça. Tout est toujours réfléchi, calculé. Chaque acte, chaque parole. » Ses paroles sont lourdes de sens. Il repense à cette fameuse journée, à ces mots qu'Adonis a prononcé avant de lui demander la couronne. Il avait tout prévu, tout orchestré, Cal en est persuadé. C'est bien pour ça que ça fait si mal, c'est bien pour ça qu'il a douté pendant plusieurs semaines de la sincérité du brun. Il n'en doute plus, désormais, mais l'amertume et la déception sont toujours présentes. Il s'est efforcé de mettre tout ça de côté, depuis qu'ils se sont retrouvés. Il s'est efforcé d'essayer de faire abstraction du passé, en sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais l'oublier. Mais tout refait surface désormais. Car cette histoire avec Naos n'est que l'étincelle qui aura mis le feu aux poudres.

La claque n’est pas physique mais elle est toute aussi puissante que si Cal l’avait réellement frappé. Lui ou Wanda ? Parler de la blonde écrase plus encore le palpitant du griffith, malmené par les deux Oshun dont il est question ici. L’un lui reproche d’avoir été trouver du réconfort dans d’autres bras, et l’autre… L’autre, il ne veut même plus y penser, si bien qu’il est heureux de ne finalement pas être le père de cet enfant qui n’est jamais né. Et pourtant, ça le touche. Parce que c’est Wanda, et parce que c’est Cal. Parce qu’il comprend ce reproche, parce qu’il le lui reprocherait aussi, si Cal avait couché avec Ariane. Parce qu’il ne supporterait pas non plus de ne pas se savoir être le seul, du moins dans sa propre fratrie. Alors il comprend, Adonis, mais il a du mal à accepter qu’il lui lance ça au visage. « Par exemple. » le venin s’échappe bien malgré lui, direction la plaie déjà béante dans le cœur de l’Oshun, pour y pourrir un peu plus la chaire alentours. Le brun laisse l’or de ses yeux fondre contre le cobalt, et ce sans ciller.

Ils sont proches, bien trop proches. Le brun ne veut plus reculer encore, alors que derrière lui est situé un petit guéridon, et le mur. Il refuse de se piéger tout seul, encore, entre Cal et un mur, il refuse de laisser son corps et son esprit être pris au piège une nouvelle fois, pas alors qu’il est enfin libre. Et Cal continue, et c’est pire encore. Il attaque là où ça fait mal, et si ça fait mal c’est parce que c’est vrai. Adieu les retrouvailles, car désormais Cal a décidé de lui balancer à la gueule tout ce qu’il semble lui reprocher depuis des mois, des semaines, ou peut-être même depuis toujours. Il ne faut pas plus de quelques secondes à Adonis pour comprendre de quoi il parle, et il y a un instant une sorte de détresse dans l’ambre, qui vient peindre son regard juste une seconde. La détresse de penser que Cal ne le croit pas, ou plus. Qu’il ne l’a peut-être jamais cru, quand il lui disait ces je t’aime. Et que peut-il faire contre ça, Adonis ? A part le lui répéter, lui jurer que c’est vrai.

Mais le veut-il seulement ? Le veut-il vraiment ? Lui confier encore son cœur, alors que tout ça ne sert qu’à une chose : s’enfermer encore et toujours entre Cal et un putain de mur. Etre piégé par l’homme qu’il aime, et devoir tout accepter. Se mettre à genoux devant lui, et attendre qu’il daigne lui accorder un peu d’attention. Le brun refuse d’occuper cette place à nouveau. Il veut se tenir libre, avant tout, avant tout le reste. « Oui il fallait que ce soit elle. Oui il fallait que ça te fasse mal. » Il le pousse, la violence teinte ses gestes, alors qu’il y met une force décuplée par la rage. « Tu as raison, je calcule tout, même toi. » Il avait tout prévu. Manipuler le prince, puis jouer avec son coeur. Mais il s'était fait avoir, mangé tout cru par plus fort que lui. Et ça, Adonis ne le dirait pas. « Mais avec Naos, j’avais déjà compris que ça ne te ferait rien. » Le venin continue d’atteindre sa cible, bien qu’Adonis ignore à quel point. « Avec Naos, ce n’était pas pour toi, Cal. » Il a un sourire mauvais, et secoue la tête, alors qu’il s’approche, laissant lui aussi son corps venir presque contre celui du blond, leurs chemises se frolant doucement. « C’était pour moi, et pour l’inoubliable orgasme que ton adiutor m’a donné. » souffle-t-il, presque contre ses lèvres.
Souffre, qu’il aimerait lui dire.

La réaction d'Adonis le touche d'autant plus. Il ne dit presque rien, reprend simplement ses mots comme s'il n'en avait que faire de ce que l'Oshun pouvait lui balancer au visage. Il sait pourtant Cal que ça n'est pas le cas, mais il déteste le voir réagir de la sorte. Il aimerait que lui aussi se mette à lui reprocher des choses, qu'il lui balance des vérités au visage qu'il aurait du mal à encaisser, mais qui feraient probablement moins mal que ça. Puis il finit par l'admettre, par avouer qu'il voulait lui faire mal. Et il pourrait comprendre, l'Oshun, car il a déjà pensé la même chose. Mais aujourd'hui, il en est incapable. Le Griffith le repousse, et Cal recule. Ça l'énerve d'autant plus, qu'il réagisse comme ça, qu'il se permette d'agir ainsi. Il sait pourtant qu'Adonis n'est plus celui qu'il était avant, qu'il n'est plus l'ambassadeur qui courbait l'échine devant lui. Il est un roi, un roi qui lui tient tête, un roi qui cherche à se défendre en piétinant son cœur sans la moindre retenue. Et ses mots sont une arme dont il sait se servir à la perfection, pointant la lame acérée vers sa poitrine avec assurance. Mais Cal ne faiblit pas, ne détourne pas le regard, ne recule pas alors qu'Adonis s'avance à son tour, un sourire mauvais sur les lippes. La proximité est perturbante, mais il prend sur lui, le roi, juste avant que les paroles ne le frappent de plein fouet. Les mots résonnent contre ses tympans, c'est de la haine pure, du venin qu'il déverse à son encontre. Ça le prend aux tripes, la colère qui se répand en lui comme un feu brûlant dans ses veines. Il se retient de faire un pas en arrière, il se retient de se montrer violent. Il ne s'abaissera pas à ça. Il se contente de le regarder, le regard brûlant, tous les muscles de son corps tendus, les poings serrés. « Tu me dégoûtes. » Ses prunelles sont plongées dans celles de son amant, il ne le quitte pas du regard. Mais cette fois-ci, ça n'est pas de l'amour, qu'il peut lire dans son regard. C'est du dégoût, de la colère, de la déception, même. Il ne comprend pas pourquoi Adonis cherche à le faire souffrir de la sorte, pas maintenant. Il ne comprend pas pourquoi il lui balance ça au visage. Il ne comprend pas cette cruauté. Il aurait compris que le Griffith lui fasse des reproches à son tour, mais pas ça. Et ça le blesse, Cal, bien plus que ce qu'il a pu apprendre avant. Mais il refuse de le montrer davantage. Il se ressaisit vite, l'ancien empereur. Il secoue doucement la tête, alors qu'un sourire amusé vient fleurir à nouveau sur ses lippes. Adonis n'est pas le seul à pouvoir jouer à ce jeu. « En fait tu as raison, Adonis. Parfois il faut savoir penser à soi, et à son propre plaisir. Comme tu l'as fait avec Naos, et comme je l'ai fait avec Ariane. » Il dit ça simplement, mais il connaît Adonis, il sait ce que ça va lui faire. Il se prépare même à devoir éviter un coup s'il le faut, car il connaît son amant. Il fait comme si ça l'amusait, Cal, mais au fond, son cœur hurle à l'agonie, le supplie d'arrêter. Mais il en est incapable. Car Adonis l'a blessé, a réveillé cette vieille haine, cette amertume qu'il pensait avoir enfoui si profondément qu'elle ne referait jamais surface. Car Adonis l'a lancé, a éveillé en lui ses vieux démons, lui a rappelé ces mois à souffrir, ces mois à lui en vouloir, à le détester. Et que tout l'amour du monde ne peut plus rien faire pour les stopper.

Le glas tombe, net. Il le dégoûte. Adonis a un rictus mauvais, de pure haine, alors que son regard se fond contre celui de son amant. Mais il ne dit rien, non, parce qu’il a bien compris qu’il avait fait mouche, et il en est fière, l’inconscient. Il est satisfait d’avoir touché sa cible, même si son cœur se débat dans sa poitrine, comme pour se désolidariser de cet acte de violence pure, de cruauté sans nom. Mais ce qui suit le laisse sans voix, le sourire de Cal, sans joie, et surtout ce qu’il lui dit.
Comme il l’a fait avec Ariane.
Avec Ariane.
Ariane.

Sa sœur. Il a couché avec sa sœur. Adonis hésite, juste une seconde, entre crier, pleurer, ou le frapper et c’est sa main qui se lève, mais Cal, habitué aux accès de colère de son amant, lui attrape le poignet avant qu’il ne puisse atteindre son visage. Et la main du blond est brûlante, autour de sa peau. Même avec la lave qui coule en lui, il le sent. Leurs corps sont trop proches, leurs visages trop proches, et Cal qui le tient toujours, et Adonis a le regard qui dévie, une seconde, juste une seconde, même pas. Et quand les ambres remontent, c’est de la rage pure qui se lit dans son regard, de la rage, et une frustration sans nom. Le brun se débat pour qu’il le lâche. « Tu OSES me reprocher Wanda ! » Il s’éloigne, le contourne et passe ses doigts contre son crâne. Ca fait un mal de chien, et il a juste envie de hurler pour laisser tout ça sortir.
Ariane.
Ariane putain.

Il fini par plier et déplier ses doigts plusieurs fois, et quand le calme revient, il se retourne vers Cal « C’est ce que tu as toujours fait, hein, Cal. » Le brun secoue la tête, un rire nerveux s’échappe de ses lippes, alors qu’a l’intérieur, c’est le désespoir qui revient en force. Il lui a fait ça, encore. Il lui a brisé le cœur.
Encore.

Alors que la dernière fois qu’ils se sont vus, il lui a dit qu’il l’aimait. Et si il n’était pas si en colère, il en pleurerait de frustration et de tristesse. Mais la colère est bien trop vive, et elle l’empêche de s’ouvrir complètement à lui, de le laisser tout voir.

« T’as passé les quatre dernières années à me reprocher d’aller dans d’autres bras, alors que tu faisais la même chose. Tu me reproches d’avoir partagé un moment avec Wanda, alors que tu t’es tapé MA SŒUR. » Son regard est brûlant, aussi brûlant que le magma en fusion qui menace de se réveiller, alors que le volcan est en ébullition. « Tu t’es envoyé un de mes frères, aussi, hm ? Izolda et Ariane n’étaient pas suffisantes ? Qui d’autre, Cal ? Isaak ? » Adonis a une certitude : il ne s’est pas fait ni Eros, ni Isaiah, ni Isaak et chacun pour une raison bien précise, quoi que tous pour la même raison : parce qu’ils ont su voir à quel point Adonis était si désespérément amoureux.
A quel point il l’est encore.
A quel point il le sera toujours.

Adonis est devenu prévisible aux yeux de Cal désormais. Après avoir côtoyé le brun pendant tant d'années, il est capable d'anticiper ses réactions, la plupart du temps. Et cette fois-ci en fait partie, alors que ses doigts se referment autour du poignet du Griffith, l'empêchant de venir le frapper une fois de plus. Il le tient fermement, refuse de le lâcher alors que la tension dans l'air est presque insoutenable. Il y pense lui-aussi l'espace d'une seconde, à ces lèvres qui sont dangereusement près des siennes, à ce corps qui est presque pressé contre le sien. Il y pense, à ces retrouvailles qu'ils se sont refusés depuis plusieurs semaines déjà. Mais tout ça est rapidement effacé par la colère que partagent les deux amants. La seule chose qui semble les unir, aujourd'hui. Adonis finit par se dégager de sa prise et s'éloigner de lui, alors que sa colère explose à nouveau. Cal ne bouge pas, mais le sourire qui étirait ses lèvres se fane. Il sait que ses accusations sont osées, il sait qu'il ne vaut pas mieux que le Griffith dans cette histoire. Il aurait été préférable de ne rien dire, pour garder l'avantage, mais après avoir encaissé les coups de son amant, Cal était incapable de ne pas riposter. Il savait que ça lui ferait mal, à lui aussi. Il savait que ça le toucherait en plein cœur. Il savait, et il l'a fait pour satisfaire cette envie malsaine de le faire souffrir, de riposter de la même manière qu'Adonis, mais il n'en ressent aucune satisfaction. Car son cœur agonise, car il bat avec force dans sa poitrine, cogne dans sa cage, ne rêve que de liberté. « Dis moi ce que ça fait, Adonis. » Il se heurte à ce regard brûlant, à cet or en fusion, alors que ses propres prunelles sont aussi sombres que l'abysse des océans. « Ça fait mal de m'imaginer avec ta sœur? » Il insiste, cherche à enfoncer la lame d'un couteau invisible un peu plus profondément dans sa poitrine, droit dans son cœur. « Imagine si ça avait été Aléa. » Il sait qu'Adonis et la jeune femme sont proches, très proches même. Il ne connaît pourtant pas toute l'ampleur de leur relation. Bien sûr, il a entendu les rumeurs qui ont couru à leur sujet. On leur a prêté une relation, et pourtant, malgré tout ce qui a pu se passer, malgré la réputation d'Adonis, il ne le croit pas, Cal. Il n'a pas vraiment conscience de tout l'amour qui les lie, de ces sentiments si particuliers qu'ils se portent l'un à l'autre. « Malheureusement non, il n'y a eu qu'elles. » Il hausse les épaules, l'air presque déçu. Comme s'il en avait seulement quelque chose à faire de ces autres Griffith. Comme s'il avait seulement envie de les découvrir, alors qu'Adonis était le seul qui l'intéressait de la sorte. Cela fait plusieurs mois, qu'il n'y a plus qu'Adonis dans son esprit et dans son cœur, en réalité. Et c'est bien ça, qui est si difficile à supporter. Cette omniprésence, même lorsqu'il n'est pas là. Cette incapacité à se satisfaire de n'importe quelle autre personne, qui n'est pas le brun. Ces sentiments, qui l'étouffent. Cet amour, qui l'a réduit au rang d'esclave. Et toute cette rancœur, tous ces non-dits qui lui empoisonnent le cœur et qu'il a pendant trop longtemps gardé pour lui. Voilà le résultat. A trop vouloir se préserver, à trop vouloir oublier, ils ont finalement nourri cette colère qui sommeillait en eux, et qui se déverse désormais tel du venin qu'ils ne peuvent plus retenir.

Il veut savoir ce que ça fait, et Adonis ne peut s’empêcher de penser que c’est presque . Il le dévisage avec haine, et incompréhension. Mais avant même que mle brun ne puisse répondre, le blond reprend la parole et vient planter son dernier pieu en plein dans le palpitant déjà malmené du jeune roi. Celui-ci mentionne Aléa, sa belle Aléa, sa précieuse Aléa. Son âme sœur, elle est même plus que ça, plus qu’une âme sœur, elle est partie de lui, comme si ils n’étaient qu’une seule et même entité, chacun la face d’une pièce, frappée maître d’un côté, mêlée de l’autre. Le brun sent son cœur battre la chamade, alors que la souffrance se distille dans son être, pulsée par un palpitant agité.

Et il continue, Cal. Il ne compte pas s’arrêter.
Il se délecte.
Il n’y a eu qu’elles. Et il semble déçu.

Adonis glisse ses dents contre sa lèvre, la mord alors qu’il retient ses sentiments de s’échapper, que ce soit par un hurlement de frustration ou même d’un autre moyen. Son regard se fait humide, mais il ne craquera pas, il en est hors de question. « Aléa n’aurait jamais voulu de toi, elle est bien plus intelligente que ça. » siffle Adonis, peu importe si il se diminue lui-même en disant ça, car il sait que ça fera mouche. Peu importe si il doit tomber aussi, il l’entrainera avec. Mais la colère n’est plus vraiment là, parce que Cal a touché une corde bien trop sensible.

Alors il va s’asseoir sur un des fauteuils, et pose ses coudes contre ses genoux, et ses mains contre sa nuque, alors que son regard est posé contre le sol. Il reste comme ça, un instant, avant de lever la tête. « Tu sais ce que ça me fait. » Il se lève à nouveau, apparemment incapable de tenir en place, le jeune roi a des sentiments à évacuer. « Tu sais ce que ça me fait, alors que je t’ai dit ce que je ressentais. » Adonis secoue la tête à nouveau, ce même sourire sans joie étire ses lippes. Il est un idiot, un profond idiot. « Mais tu t’en fiches. T’as préféré aller voir ton oncle, hm ? Tu t’en fiches Cal, alors pourquoi je devrais ne pas m’en foutre aussi, hein ? Je t’ai dis ce que je ressentais, et la première chose que t’as fait a été de me jeter en taule, m’y laisser pourrir pendant un mois et puis venir m’annoncer que t’allais me tuer. » Il s’est rapproché à nouveau et le défie du regard, bien que leur différence de taille soit en sa défaveur. Les dix centimètres qui les séparent ont plus que jamais une importance capitale, aujourd’hui.

Cal fait abstraction quelques secondes de plus de la détresse qui commence à percer l'armure d'Adonis. Il ignore le regard brillant, l'émail qui vient glisser contre les lèvres, comme pour se focaliser sur une autre douleur que celle qui malmène son cœur. Un léger rire sans saveur s'échappe à nouveau des lippes du roi des flammes. « Ne t'inquiète pas, elle ne m'a jamais intéressé non plus. » Car elle était une mêlée, car elle était à côté d'Adonis, et que le Griffith rayonnait avec beaucoup trop d'intensité pour qu'il ne puisse détourner le regard. C'était lui, le prince des flammes, celui qui aurait dû être le soleil personnifié, mais Cal a toujours trouvé que ce rôle correspondait bien mieux à son amant. Un astre brillant, aveuglant, autour duquel le Monde semblait graviter. Adonis n'est plus le même désormais, il a perdu de sa naïveté, perdu de cet éclat presque innocent, mais il n'en reste pas moins envoûtant. Il a toujours été un prince, même lorsqu'on lui a refusé ce titre. Et parfois, il lui en veut pour ça, Cal. Il lui en veut d'être meilleur que lui à l'unique vocation de sa vie, à la seule chose pour laquelle il a été élevé. Il lui en veut que tout ait été si facile pour lui. Il lui en veut d'être devenu ce roi qu'il aurait certainement aimé être, dans d'autres circonstances. Il lui en veut de s'être élevé sur les ruines encore fumantes de son héritage. Il lui en veut pour bien des choses, que même l'amour n'a pas réussi à éclipser. Ça ne l'amuse plus désormais, Cal. Ça ne l'amuse plus, et il ne peut plus faire abstraction lorsqu'Adonis s'éloigne pour s'asseoir sur l'un des fauteuils. Le regard de l'Oshun le suit bien malgré lui, ne le quitte pas même alors qu'il ne peut pas croiser ses yeux. La rage s'apaise, la colère ne disparaît pas, mais la rage, elle, disparaît presque. Elle est remplacée par de la tristesse, de la mélancolie, d'être, une fois encore, arrivés jusqu'ici. De s'être balancés des horreurs au visage, qui les laissent mentalement exténués, l'un comme l'autre. De chercher toujours à blesser l'autre pour se défendre. Le silence qui s'est installé entre eux pendant quelques secondes est presque oppressant, alors qu'il se demande quelle sera la prochaine attaque. Puis, finalement, Adonis finit par sortir de son mutisme. Il se lève à nouveau, s'approche, laisse son regard s'accrocher aux prunelles sombres de l'ancien empereur. Ils se défient du regard, cherchent à savoir lequel des deux sera le premier à baisser les armes. Ça ne sera ni l'un, ni l'autre. Un combat jusqu'à l'épuisement des deux adversaires. Les mots du Griffith sont durs, mais prévisibles et justes. Il sait qu'il l'a blessé, autant la première fois que la deuxième. Il sait que la prison, Adonis ne l'a pas oublié, et ne le fera probablement jamais. Il sait que le brun lui a ouvert son cœur à deux reprises, et que lui n'a rien dit en retour. Il le sait, tout ça, il en a conscience. Mais Adonis oublie un détail essentiel, dans son discours. Un détail que Cal, lui, ne peut pas oublier. « Tu aimes te faire passer pour l'unique victime dans l'histoire. Ça t'arrange d'oublier certains détails, mais pas moi. » Cette fois, sa voix est calme. Il n'élève plus le ton, car les mots qu'il prononce sont bien trop délicats, bien trop personnels. « Tu penses que j'ai oublié, Adonis? Tu penses que j'ai oublié ce que tu m'as demandé après m'avoir dit ce que tu ressentais? Tu penses que j'ai oublié ce que j'ai pu ressentir à ce moment? Cette sensation d'avoir été pris pour un con, d'avoir été manipulé, d'avoir été trompé. D'avoir cru à toutes tes paroles, à tous tes gestes, à ta sincérité, quand tout ce que tu souhaitais, c'était cette foutue couronne. T'étais comme tous les autres, à ce moment là. » Comme tous ceux qui ont toujours cherché à profiter d'eux, de sa famille, de lui. Comme tous ceux qui ont tenté de se rapprocher du pouvoir, en espérant pouvoir finir par en grappiller un peu pour eux-même. Comme tous ceux là, et tous ceux qui suivront. Il n'est pas stupide, Cal, il sait que le pouvoir attire les charognards et les opportunistes, mais il ne pensait qu'Adonis en faisait partie. Un soupir échappe de ses lèvres. « J'ai fait ce qui devait être fait, à l'époque. » Il a fait ce que n'importe quel monarque aurait fait, ce qu'Adonis fera peut-être un jour avec les traîtres de sa nation. Et même là, même en jetant le Griffith en prison, il a été faible. Trop faible pour l'exécuter, trop faible pour tirer une croix définitive sur leur histoire. Alors peut-être que tout ça était en vain, car la finalité de cette histoire reste la même, mais il ne regrette pas, Cal.

Que Cal dise qu’Aléa ne l’a jamais intéressé aurait dû l’énerver. Parce qu’Aléa est un ange venue tout droit du ciel, la femme parfaite en bien des points, en plus d’être une excellente combattante, elle est également magnifique. Et pourtant, il n’arrive pas à se sentir offensé, alors que n’importe quel autre homme aurait eu droit à une remarque acerbe. Non, que Cal ne soit pas intéressé par Aléa était plutôt rassurant pour le jeune roi. C’était une potentielle rivale de moins, même si Aléa n’en était pas une. La protectrice n’était pas ignorante des sentiments brutaux qui étreignaient le cœur et l’âme de celui qu’on lui avait confié, presque sept ans auparavant. Elle avait su lire en lui avant tous les autres, et comprendre à quel point leurs cœurs s’étaient trouvés et attachés l’un à l’autre. Elle avait vu, la bleue, avant même que lui ne comprenne, qu’il se perdait dans l’océan des yeux de son amant et qu’il ne rêvait que d’une chose, toutes les nuits : le retrouver.

Et c’était encore plus vrai aujourd’hui. Il avait rêvé milles et une fois des mains de son amant contre lui. Cinq mois qu’ils ne s’étaient plus touchés ainsi, qu’ils ne s’étaient plus unit pour tout oublier, pour tout effacer l’espace de quelques secondes. Cinq terribles mois, durant lesquels la vie d’Adonis n’avait été qu’une suite de souffrances interminables, avant de finalement retrouver une once de bonheur. Et ce bonheur lui échappait à nouveau, et trop las, trop habitué, il ne tentait même plus d’en retenir le fil, qui lui glissait de toute manière entre les doigts, quoi qu’il fasse. Il avait eu droit à un mois.
Et c’était tout.

Cal reprend, et Adonis ne le lâche pas du regard. Adonis déglutit, parce que Cal énonce la vérité, mais il ne dit toujours rien, et le blond continue sur sa lancée. Avec un calme qui lui étouffe le cœur, il énonce ses reproches. Qu’il l’a manipulé, qu’il n’a pas pensé à lui, qu’il a été comme tous ses autres. A l’affut du pouvoir, d’une couronne, qu’il n’avait pas vu l’homme, finalement, mais simplement le nom. Qu’il n’avait pas vu Cal, mais seulement Oshun.
Et que pouvait-il bien répondre à ça ? Oui.. Oui, c’était la vérité, oui c’était comme ça que tout avait commencé.

Mais justement, ça avait simplement débuté ainsi. Et Adonis ressent le besoin de le lui dire, alors même qu’il est en colère, alors même qu’il n’est pas certain de pouvoir sortir d’ici en ayant goûté à nouveau aux lèvres de son amant. « C'est vrai. Je voulais te manipuler, quand tu m’as embrassé il y a quatre ans. » Ou cinq ? Peut être que ça faisait cinq ans, désormais, mais Adonis avait perdu le compte car c’était devenu si dérisoire, au final. « Je voulais profiter de cette position, pour récupérer ce qui était mien. Mais… » Il humidifie ses lèvres et secoue la tête. « De toute manière, à quoi je pensais, hein ? » Il avait été naïf, il avait pensé que Cal l’aimait aussi, voilà ce qui lui était passé par la tête, et il eut un rit soudain, de constater de sa propre bêtise. « Je pensais que tu m’aimais aussi. » Son rire reprend de plus belle, mais c’est de désespoir, de nervosité, d’une tristesse intense, et il recule, posant ses doigts contre son crâne, avant de les faire glisser à sa nuque. Là où Cal sait parfaitement dissimuler toutes ses émotions, lui est incapable de le faire face à cet homme-là. L’homme politique qu’il sait être est totalement annihilé par la présence de son amant, tant le pouvoir que Cal a sur lui est immense. Finalement il cesse de rire et repose le regard sur Cal. « Tu as fait ce qui devait être fait, mais t’y as pris du plaisir. Avoue le. » l’ambre refuse de céder, pour une fois, et son ton est mauvais. « Comme le fait d’envoyer ton orange dans mon esprit. Ca t’a réconforté ? Les rapports qu’elle t’a surement fait, sur ce qu’elle a pu trouver, en détails, dans mon esprit. Aie-je seulement encore un secret, une pensée qui ne t’as pas été rapporté ? C’était quoi, Cal ? une punition pour me faire comprendre qui était le plus fort ? Parce que tu avais le pouvoir de permettre à Feyre de violer tout ce que j’ai de plus précieux et de plus intime, hm ? » Il ne cille pas, avant de terminer. « Je te pardonnerai jamais ça. » Et en le disant tout haut, il se rend compte à quel point il est honnête, et sincère, et ça se voit dans son regard, dans sa posture, et ça s’entend dans son ton. Il n’a jamais été aussi vrai dans un reproche.

Le calme dont il fait preuve est presque perturbant, mais il n'est qu'une façade habilement construite, une stratégie parfaitement maîtrisée. Il n'a même plus besoin de réfléchir, Cal, car ça a toujours été comme ça. C'est sa personnalité, celle qu'il s'est créée au fil des années. Pourtant, à l'intérieur, la tempête d'émotions et de sentiments fait rage. Elle détruit tout sur son passage, ne cherche même pas à l'épargner. Un déchaînement qui se retrouve alimenté par les mots d'Adonis. La sincérité dont ils font preuve tous les deux est douloureuse. Car ils ne s'engueulent plus, désormais. Car leurs voix ne s'élèvent plus, et que le venin laisse place aux confessions, à ces vérités qu'ils n'ont plus le choix de délivrer. Ils doivent le faire, pour eux, pour leurs esprits torturés, pour sauver leur relation. Ils ne peuvent plus continuer ainsi, pas avec autant d'amertume qui les sépare. Alors il l'écoute, il ne dit rien, même si certains mot que le Griffith prononce le font réagir. Récupérer ce qui était sien. Il sait, Cal, qu'ils ne tomberont jamais d'accord sur ce sujet, qu'ils ne réussiront jamais à se comprendre. Car si Adonis a l'impression d'avoir récupéré ce qui lui revenait de droit, Cal est persuadé qu'on lui a pris son héritage. Et ça aussi, il ne pourra jamais l'oublier, ni le pardonner. Il y aura toujours ces regrets, cette amertume, ces et si qui persisteront, que même le temps ne réussira pas à effacer. Mais c'est la suite, qui fait réagir son corps. C'est la suite, qui fait resurgir l'agacement, mais pas que. Étrangement, il se sent blessé, Cal. Blessé que son amant puisse toujours penser qu'il ne l'aime pas, après tout ce qu'il a pu faire. Mais Adonis se concentre sur ce qu'il n'a pas fait, et uniquement sur ça. Il ne voit plus le reste, bien trop happé par les blessures de son cœur, par les mots qu'il aurait souhaité entendre mais que le roi des flammes n'a jamais prononcé. Il ne dit rien, l'Oshun, ne répond pas à ces quelques mots, car il ne sait pas quoi dire. Il a envie de lui demander pourquoi il persiste alors, s'il est tellement persuadé que son amour n'est pas réciproque. Mais il ne le fait pas, et Adonis poursuit, ses émotions transparaissant à chacun de ses gestes. Il parle de Feyre, cette fois-ci, et Cal n'est pas surpris. Mais les derniers mots qu'il prononce n'en font pas moins mal. Ça a l'effet d'une gifle, même si l'ancien empereur savait déjà qu'Adonis ne lui pardonnerait jamais ce qu'il a pu faire. Il ne le pardonnerait certainement pas non plus, s'il était à sa place. « Du plaisir? Tu penses vraiment que ça m'a fait plaisir? » Il soutient ce regard accusateur, fait face à cette déception et cette douleur qui lui serrent le cœur. « Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait. Pour m'assurer de ta sincérité, savoir si tout ce que tu avais pu me dire était faux. Ou pour te voir souffrir, autant que j'avais souffert moi. Pour te punir, peut-être. Je ne sais plus. » Il ne sait plus, et ça n'a pas vraiment d'importance. La motivation ne change plus rien à l'acte qui a été fait. « Je suis désolé. Je sais que ça n'effacera pas ce qui s'est passé. » C'est sa façon à lui d'admettre cette erreur, de montrer qu'il n'est pas totalement fermé, qu'il sait qu'il a lui aussi ses tords dans cette histoire. S'il ne s'excusera jamais pour la prison, il peut le faire pour avoir envoyé Feyre s'introduire dans sa tête. Car il sait qu'il n'aurait pas dû, et qu'il ne le referait pas, si on le laissait remonter dans le temps et changer le cour des événements. Il prend sur lui, Cal, ravale sa fierté, car il sait qu'il doit le faire. Par amour.

Oh oui, il pense que ça lui a fait plaisir. Mais quelque part, au fond de lui, les souvenirs d’un Cal qui sèche une larme sur sa joue crasseuse font surface. Et pas seulement ce souvenir là, mais aussi son dernier cadeau, et ses paroles. Et puis plus tard, la manière avec laquelle il l’a embrassé à Halloween, la manière avec laquelle il l’a gardé contre lui, après leur violente étreinte. Et plus tard encore, leur alliance, leurs regards, leurs gestes. Et puis surtout ce baiser dans la salle du trône de Greenstall, et tous ceux qui ont suivi. Et ça commence à s’embrouiller dans sa tête, alors qu’entre chacun de ces souvenirs se glisse un mot, un geste, une action qui lui a brisé le cœur. Adonis ne sait plus quoi penser, comment réagir. Il n’a pas la certitude de comprendre tout ce qui motive Cal, il ne sait pas, et il se souvient des mots de son conseiller. Il veut te manipuler, lui disait Alexandre. il veut récupérer l’empire, il veut que tu abandonnes ta couronne et lui rende Eartanera. L’ambre se pose ailleurs, un instant. Sur un petit vase, qui contient des roses fraiches, probablement ammenée ici pour lui, parce qu’on savait qu’il allait venir. Était-ce une attention de Cal ? Tout le monde savait qu’Adonis aimait particulièrement les roses. Ne lui fait pas confiance, ne le laisse pas te manipuler. Et l’ambre se pose à nouveau contre le cobalt. « Je ne sais pas. » admet-il.

Adonis déglutit, le regard perdu contre les lapis flamboyants de son amant. Il cligne des paupières, mais ne bouge pas plus que ça. « Et… ? Tu as eu ce que tu voulais ? Tu m’a punis comme il le fallait, c’est ça, Cal ? Tu as eu les informations que tu voulais avoir ? » Il sait ce que Feyre lui a extirpé. Tout, absolument tout. Ses rêves de son amant, son amour, son amour pour sa famille, ses désirs de grandeurs et de puissance, son amour si pur pour sa nation, cet amour qui a fait de lui un roi, porté par son propre peuple. Un conquérant. Mais en effet, ça ne pardonnera jamais ce qui s’est passé, et Adonis aimerait pourtant pouvoir changer la donne. Car entendre Cal s’excuser fait battre son cœur, et draine des émotions qu’il ne pensait pas ressentir dans cette conversation. Le brun cligne une nouvelle dois des paupières, pour éviter à son regard de devenir trop brillant des émotions qu’il ressent. Et pourtant il a changé, ce regard. Il est moins en colère, il est apaisé par les excuses de Cal. Il soupire, las et fatigué de ses reproches, même si ils sont nécessaires. « Feyre, Cal. » Il veut appuyer ses propos, même si le blond s’est excusé. Lui faire comprendre l’ampleur de son mal. A quell point ça lui brise le cœur. « Elle a détruit Andrei Valaeris, et elle aurait pu en faire de même avec moi. » Est-ce que tu comprends ?, avait-il envie de de lui demander. Est-ce que tu comprends à quel point ce que tu as fait était dangereux, et aurait pu avoir des conséquences irréparables ?

Et puis finalement, il soupire. Il ne sait pas comment dire ça, son regard se baisse, juste un instant, il cherche ses mots et puis il relève la tête. « C’est vrai, c’était parfaitement clair dans ma tête. Je suis revenu à Launondie dans le but de faire sécession avec l’Empire. J’avais parlé avec Atalante Osanos, qui m’avait assuré un plan de secours avec la résistance. J’étais l’allié de Merle, à l’époque, qui m’avait révélé la traitrise des Valaeris. J’allais entrer à la résistance, si mon père n’avait pas accompli ce à quoi je rêvais depuis des années. » Il laisse un ange passer, avant de terminer. « Mais ce que je t'ai dis était sincère. »

Le doute persiste, dans l'esprit du brun, et ça le blesse d'autant plus, Cal. Car il ne comprend pas comment il a pu être à ses côtés durant les dernières semaines s'il doute à ce point de lui, de ses sentiments. Comment peut-il le laisser le toucher, l'embrasser. Ça le blesse, l'Oshun, car malgré tout ce qui s'est passé, car malgré les tentatives de manipulation, lui ne doute pas de la sincérité de son amant. Il ne doute pas de son amour, et de ce qu'il peut lui dire, désormais. Il l'a fait, au début, lors des premières semaines d'enfermement d'Adonis, mais voilà bien longtemps que ça n'est plus le cas. Car il sait, qu'il ne s'en donnerait pas la peine si ça n'était pas le cas. Il sait, que tout ne serait pas si douloureux si les sentiments n'y étaient pas fermement liés. Il sait, mais Adonis ne le sait pas, et ce malgré ce qu'il a pu faire, malgré les gestes, les attentions, qui ne remplaceront certes pas des mots, mais qui ont bien plus de valeur aux yeux du roi des flammes.  « Oui. » Une réponse qui n'est pourtant pas totalement vraie. Il ne sait pas vraiment ce qu'il souhaitait découvrir, obtenir. La confirmation de sa sincérité, peut-être? Mais il la connaissait déjà, au fond, la réponse. Alors il ne sait plus, Cal, ce qu'il voulait. Adonis poursuit, souligne le prénom de Feyre. Il mentionne Andrei Valaeris, détruit par la jeune femme. Il n'en avait pas connaissance, mais il n'est pas vraiment surpris. Il sait ce dont la jeune femme est capable, et c'est notamment pour cette raison qu'il s'est entouré d'elle, qu'il lui a confié des missions délicates. Mais il savait qu'elle n'irait pas contre lui, contre ses directives, peu importe à quel point ça pouvait la frustrer. C'était peut-être de l'inconscience, et il le sait, Cal, mais elle savait aussi que si elle avait fait quoique ce soit à Adonis, il l'aurait tué pour ça. Mais il ne lui dit pas tout ça, Adonis, car il sait que ses explications ne feraient que l'enrager davantage. Il se contente de garder le silence, sans le quitter du regard, alors que le roi d'Eartanera poursuit. Il déballe tout, tout ce qui l'a poussé à formuler sa demande, ce fameux jour. Et il finit par confirmer ce que Cal savait déjà. « Je sais, je sais que ça l'était. » Il s'arrête quelques secondes, laisse son regard appuyer ses propos. « Et c'est bien ça qui fait mal. Savoir que tu étais sincère, mais que tu étais tout de même prêt à te servir de moi pour obtenir ce que tu souhaitais. » Il pousse un léger soupir. « Je sais que tu ne comprendras jamais, Adonis. Nous n'aurons jamais le même avis sur la question. Mais peu importe ce que tu dis, en reprenant ton héritage, tu m'as enlevé une partie du mien. » Il a besoin de le dire, même s'il sait que ça ne changera plus rien, désormais. Il sait que l'Empire ne lui reviendra pas, il a accepté cette fatalité. Mais l'amertume sera toujours présente, et les regrets aussi. Son regard est plongé dans l'ambre, il cherche à lui faire comprendre qu'il ne s'agit pas que d'une question de fierté, que ça va bien plus loin que ça. Puis, finalement, il finit par s'éloigner, par se détourner d'Adonis. Il reprend, alors qu'il fait les cent pas dans la pièce. « Je suis né héritier de l'Empire, j'ai été élevé pour prendre la place de mon père, puis de ma mère. J'ai été élevé pour défendre cet héritage, pour le voir perdurer. Et je n'ai pas réussi. » Il s'arrête, et lève à nouveau son regard vers Adonis. « Qu'est-ce que ça fait, d'après toi, de voir qu'à la minute où tu reprends le pouvoir, tout s'écroule? Que personne ne semble t'estimer ou te respecter suffisamment, qu'on te voit comme le prince faible, celui que l'on dépouillera facilement de son pouvoir? Au final, ils avaient raison, et toi aussi. » Il ne sait plus vraiment si ce sont des reproches, ou juste une confession, des choses qui ont besoin d'être dites, d'être entendues. Il n'a jamais été aussi sincère, Cal, ni aussi vulnérable. Il le dévisage, laisse le silence s'installer avant de reprendre. « Je sais que ça n'a plus d'importance pour toi, mais ça en aura toujours pour moi. Je n'oublierai jamais. » Il n'oubliera jamais ce que ça fait. Il n'oubliera jamais qu'Adonis a fait partie de ceux qui ont participé à sa chute.

L’affirmative, mais à quelle question exactement ? Adonis sent l’indignation l’étreindre, il ne veut pas en savoir plus, en réalité. Il ne veut pas savoir quelles informations exactement Cal a extirper de son inconscient, par l’intermédiaire de sa sbire au bracelet orange. Il ne veut pas savoir à quel point son intimité a été piétinée, violée. Il ne comprend pas comme Cal a pu lui faire ça, et c’est à cause de ça qu’il est si incapable de comprendre qu’il l’aime vraiment. Car malgré tous ses gestes, tous ses baisers, Adonis n’a eu de cesse de repenser à tout ce qui leur est arrivé. Il se sent mieux, désormais qu’il a évacué ses sentiments, et lui a dit ce qu’il ressentait. Il se sent libre, même si un poids est toujours présent, il a le sentiment de pouvoir le soulever pour continuer de s’approcher de Cal. Et c’est pour ça qu’il continue, et qu’il se confie. Car une fois qu’il a commencé à libérer sa parole, il s’est rendu compte que ça lui faisait du bien. Mais quand il termine, le silence s’installe. Adonis retient son souffle, jusqu’à ce que Cal prenne la parole. C’est son cœur qui bat la chamade quand le blond lui confie qu’il savait qu’Adonis était sincère. Le regard doré soutient le cobalt, mais sans force. Il s’enfonce dans ses sentiments et dans la course folle d’un palpitant qui a besoin de plus que ces quelques mots. Mais c’est pire quand Cal continue, et pourtant Adonis l’écoute. Il est attentif, il boit ses paroles, écoute chacun des mots que Cal prononce et en comprend le sens, même si il a envie de répliquer, de se justifier, de rentrer dans cet éternel débat qu’ils ont déjà eu plusieurs fois. Le fait est qu’ils ressentent des choses similaires, mais pas de la même manière. Les deux héritiers d’un territoire qu’on a dit leur, sans que d’autres familles ne soient d’accord avec cette découpe de la carte. Eartanera n’a jamais été aux Oshun, Adonis entend encore son père, sa mère, et même des bronze le lui dire. Il entend encore tous ces Eartanariens, si heureux d’avoir à nouveau un Griffith sur leur trône. Ces Eartanariens qui sont venus d’eux-même porter leur respect a ce nouveau monarque, un genoux ployé, et des serments au bord des lèvres. Et pourtant pour Cal, Eartanera n’a toujours été qu’une région d’un empire, une pièce d’un tout immense, d’un monde entièrement à sa porté. Adonis sent la colère, mais la repousse. Ce n’est pas le moment.

Et puis, plus rien n’a d’importance. Plus rien n’a d’importance si ce n’est l’homme qu’il aime. Et tant pis si ses sentiments sont bien plus forts que ce qui pousse Cal à rester avec lui. Tant pis si il va encore s’y écorcher les doigts, si il risque de se faire rejeter. Tant pis pour tout, tant pis pour son palpitant déjà malmené. Le regard de l’autre homme le transperce de part et d’autre, met son cœur à vif et sa raison aux oubliettes. Il s’approche, ses doigts glissent contre le bras du blond, de son coude à son épaule, ils viennent se glisser contre la nuque du roi. « Ce n’était pas contre toi. Crois-moi. » souffle Adonis. Son regard doré vient se perdre dans les méandres de sentiments que lui renvoient les prunelles saphirs de cet homme qui le fait souffrir autant qu’il le fait se sentir en vie. Il finit par se rapprocher, et vient doucement coller son corps, contre le sien. « Je savais pas Cal. Je savais pas que ça te ferait si mal, je pensais pas que ça te toucherait autant. » Il a été un idiot, mais surtout, il ne pensait pas que sa participation, à lui, à la dissolution de l’empire le toucherait autant. L’Eartanarien approche son visage, laissant ses lèvres s’approcher de la bouche de l’autre, les fôler presque, quand il murmure. « Je suis désolé. » Mais il n’ose pas l’embrasser, de peur que Cal ne le veuille pas. Il ne sait pas tellement si il a le droit de prendre ses lèvres, de venir chercher son propre réconfort contre la bouche de celui qui pouvait bien être son roi à lui, son empereur, après tout ne l’était-il pas déjà ? Ils étaient égaux en apparence, mais Adonis était bien capable de tout faire pour lui. Il n’espérait même plus vraiment que la réciproque soit vraie, il s’était fait une raison, le brun. Habitué à aimer comme ça, même si son cœur en souffrait toujours autant.

Il semble s'écouler des minutes alors qu'ils se fixent l'un l'autre, refusent de lâcher l'ambre ou le cobalt. Pourtant, il ne s'agit que de quelques secondes. Un simple instant, chassé d'un clignement des paupières, alors qu'Adonis traverse la distance qui les sépare, cette distance que Cal a instauré pour venir se planter en face de lui. Il ne se retient pas, ne se retient plus. Les doigts du brun viennent glisser contre le tissu de son vêtement, puis se posent contre sa nuque. L'Oshun l'observe, il ne le quitte pas du regard, alors que ce contact a quelque chose de réconfortant. Malgré tous les mots qu'ils ont échangé, malgré ce qu'il peut encore ressentir, il n'a pas le courage de le repousser, au contraire. Il sait qu'il a besoin de ça, besoin d'Adonis à ses côtés, besoin du seul qui est réellement capable de panser ses plaies. Risible, lorsqu'il est également celui qui les a causé, pour la plupart. A la fois poison et remède, Cal sait pourtant qu'il l'aime au delà de la raison. Le Griffith reprend la parole, alors qu'il s'avance un peu plus, vient coller son corps à celui de l'ancien empereur. Il sait, Cal, que ça n'était pas contre lui. Il sait qu'il a subi les conséquences associées à un plus grand but, à un plus grand mal. Il sait que ce n'est pas lui, que l'on visait, mais ce qu'il représentait. Ce n'était pas Cal Oshun, mais le prince héritier, puis l'empereur, que l'on cherchait à abattre. Pourtant, le résultat reste le même. Il n'en est pas moins douloureux, pas plus facile à accepter. Et les mots que prononcent Adonis ensuite ne le réconfortent pas non plus, au contraire. Presque instantanément, il souffle entre ses lèvres, entre ses dents qu'il fait grincer à force de trop serrer les mâchoires. « Tu ne savais pas. » Un simple murmure, prononcé sans y réfléchir, mais qui n'a pas vraiment de sens. Il le croit, l'Oshun, mais ces mots n'ont rien d'apaisant. A quoi s'attendait-il? Mais au fond, il comprend en quelque sorte. Car Adonis était persuadé qu'il ne l'aimait pas, qu'il n'en avait que faire de lui. Alors pourquoi être blessé, pourquoi le prendre ainsi, s'il n'y avait pas d'amour, pas de sentiments? Pourtant, ils étaient bien présents, et la trahison n'était pas douloureuse qu'à cause d'une fierté mal placée. Non, elle l'était bien à cause de l'amour, à cause de ce cœur blindé qu'il avait manqué de confier au Griffith, se ravisant de justesse avant que celui-ci ne s'en empare et ne l'écrase au cœur de sa paume. Les excuses résonnent finalement contre ses tympans, et apaisent quelque peu l'esprit torturé du roi des flammes. Ses mains viennent se poser sur ce corps qu'il ne connaît que trop bien, elles glissent contre son dos, s'arrêtent en bas, contre ses reins, et le pressent de s'approcher davantage. Il se penche un peu, pose ses lèvres sur celles d'Adonis sans une once hésitation. Le baiser est doux, chargé de toutes les émotions qui bouillonnent en eux, de ces sentiments qu'ils ne peuvent plus contenir, des reproches et des confessions qu'il se sont faits. La passion est présente, aussi, mais pas comme d'habitude. Elle n'est pas explosive, n'est pas destructrice. L'une de ses mains remonte jusqu'au visage du brun. Puis, après quelques secondes, il finit par s'éloigner quelque peu, tout juste de quelques centimètres. Le cobalt se plonge à nouveau dans l'ambre. « On s'est tous les deux beaucoup fait souffrir. On a tous les deux fait et dit des choses que l'autre ne pourra jamais oublier, ni même pardonner. » Ses doigts effleurent la peau du brun, glissent contre sa joue avec une douceur qu'il n'utilise que très rarement. « Mais on peut passer au-dessus, et continuer à avancer. Du moins, je sais que je peux le faire. Et toi? » Et il se perd dans l'infinité de ces prunelles dorées, incapable de s'en détacher maintenant qu'il y lit autre chose que la colère et l'amertume.

Un murmure chiffonne le silence, soufflé contre ses tympans avec délicatesse et violence. Le reproche est bel et bien là. L’expression du Griffith change, elle se refaçonne, juste une seconde. Il a cet air qui lui colle aux traits quand on lui fait un reproche qu’il n’accepte pas et pourtant, il ne dira rien. Comment pouvait-il deviner que ses mots et ses gestes feraient tant mal à Cal ? Il espérait le toucher, au fond, il espérait lui faire du mal, lui blesser le cœur, mais jamais à ce point, jamais au point de ne pas pouvoir être pardonné, pas au point d’avoir causé tant de douleur qu’ils ont mis plus d’un mois à finalement se parler, vraiment se parler. Mais Adonis est soulagé de l’avoir fait, d’avoir laissé ses reproches sortir, son venin s’échapper et sa colère retomber. Et la récompense est bonne, car quand ses excuses sortent d’entre ses lippes, le Flamaerien vient poser ses mains sur lui. Enfin, souffle son palpitant, qui se languissait depuis de longues minutes. Un soupire de soulagement s’échappe doucement d’entre ses lippes, et vient s’écraser contre celles de celui que son cœur veut avec trop de force pour oser lui résister encore. Et il obéit sans réfléchir, quand la pression des mains royales contre ses reins lui indiquent que le roi le veut plus proche de lui. Et il approche, le plus jeune, pour venir coller son corps à celui du blond. L’autre se penche, juste ce qu’il faut, alors qu’Adonis lève le menton, et leurs lèvres se retrouvent enfin. Les paupières de l’Eartanarien se ferment, pour laisser la place à ses autres sens. Il ressent tout, le jeune roi : les lèvres de Cal contre les siennes, ses mains dans son dos, son torse pressé au sien, et la chaleur qui s’échappe de ce corps toujours aussi ardent que les flammes qu’il peut contrôler. Les doigts d’Adonis, dans la nuque de son amant, remontent à la naissance de sa chevelure, et puis viennent doucement caresser le crâne de celui qu’il aime à s’en fendre le cœur.

La douceur s’estompe, pour ne laisser place à rien. Leurs bouches se séparent, mais pas leurs corps. Leurs paupières dévoilent à nouveau les gemmes qui brillent si fort, le cobalt et l’ambre, à jamais liées. Ce baiser était différent des autres. Plus sincère, peut-être. Plus intense, quelque part, même s’il était doux. Les paroles de l’Oshun résonnent contre les tympans du Griffith, qui savoure trop de choses en même temps. La proximité de cet autre corps, les mots prononcés par son amant, et la sensation de ses doigts, contre sa peau, qui se font doux et aimants. Il a envie de tourner la tête, de venir chercher sa main en entier, pour la sentir contre sa peau, mais n’en fait rien. Le roi est incapable de quitter l’océan de sentiments que sont les cobalts de l’homme en face de lui. Il ne réfléchit même pas, alors que sa seconde main vient rejoindre l’autre, dans sa nuque. La main gauche glisse à nouveau contre le crâne de son amant, l’autre se glisse sous sa chemise, pour venir caresser le bas de sa nuque. « Tu sais déjà la réponse. » Ne lui avait-il pas dit, dix jours auparavant, qu’il l’aimait ? Adonis se hisse sur la pointe des pieds, et l’embrasse avec plus d’intensité. Dans cette position, il est encore plus proche de son amant. Son torse en entier est collé contre celui du brun, et même leurs hanches se heurtent déjà. Adonis passe ses bras plus autour de sa nuque, comme pour l’empêcher de fuir. C’est hors de question qu’il le laisse partir. Plus maintenant, il en creverait de douleur. Pourtant il sait que si Cal le repousse, il ne cherchera pas à le garder auprès de lui.

Mais pourquoi le repousserait-il ? Il sourit, le brun, dans son baiser. Et puis souffle contre sa bouche. « Je le peux aussi. » Et ses lèvres retournent contre celles du blond, et elles se font dévorantes, alors qu’il cherche le contact, qu’il cherche à retrouver ce qui lui manque tant, qu’il a seulement besoin de lui, et besoin de lui comme il l’a toujours eu, besoin de lui comme il l’a quand il rêve de lui, d’eux, trop souvent pour se souvenir combien de fois depuis qu’il l’a perdu.

Les doigts du Griffith glissent contre sa peau, dans sa nuque, contre ses mèches blondes. Les mots sont clairs, lui apportent la réponse qu'il connaissait effectivement déjà. Car Adonis n'est pas comme lui, que ses sentiments s'expriment avec bien plus de clarté que ceux de Cal. Il n'a besoin de chercher à interpréter les gestes pour s'assurer de sa sincérité, car les mots du brun ne laissent pas de place au doute. Un léger sourire vient effleurer ses lèvres, alors qu'il laisse derrière lui l'amertume des dernières minutes, des derniers mois. Il sait qu'il doit accepter ce qui s'est passé entre eux, pour pouvoir avancer à ses côtés. Il doit accepter qu'ils se sont tous les deux fait souffrir, qu'ils ont tous les deux fait des choses qu'ils n'auraient jamais dû faire. Le brun vient à nouveau trouver ses lèvres, l'emprisonne dans son étreinte. Mais Cal n'a de toute façon pas envie de partir, de s'éloigner. Il a besoin de le retrouver, désormais. Besoin de retrouver la sensation du corps du Griffith contre le sien, la douceur de son épiderme sous ses doigts, le goût de ses lèvres, l'odeur de sa peau qui l'enivre toujours autant. Leurs lèvres ne se quittent pas tout à fait lorsqu'il ajoute encore quelques mots, Adonis. Un simple souffle, un instant de repos avant que sa bouche ne vienne à nouveau s'écraser contre celle du roi des flammes. Le baiser n'est plus aussi doux, il se fait plus demandeur, porte avec lui toute la passion qui caractérise si bien leur relation. Il n'en faut pas plus à Cal pour sentir s'éveiller le désir qu'il n'a pas su satisfaire depuis des mois. Depuis la réception où ils s'étaient croisés, depuis ce fameux soir d'octobre. C'est beaucoup trop long, et pourtant, il sait l'Oshun qu'il n'aurait pas pu le retrouver plus tôt. Car même s'ils se sont retrouvés depuis plusieurs semaines, il y avait toujours ce quelque chose entre eux. Ce quelque chose qui les a empêché de se retrouver réellement, sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Mais désormais, il est lasse d'attendre, Cal, et il sait que son amant ressent la même chose. Alors il répond à ce baiser avec la même intensité que le Griffith lui offre, ses mains cherchent à se glisser dans son dos, sous la barrière que représente sa chemise. Mais ça n'est pas suffisant, rien n'est suffisant. Un léger sourire effleure ses lèvres alors que ses mains viennent rejoindre le torse d'Adonis, que ses doigts habiles s'affèrent sur les boutons. Il ne pense plus au mot gravé à même la peau du maître, à la cicatrice qui fait désormais partie de l'histoire du roi d'Eartanera. Pourtant, il sait, l'Oshun, que son amant n'est plus tout à fait le même, que ce corps qu'il connaissait par cœur a changé depuis la dernière fois. Il le sent, lorsque ses doigts effleurent son corps, tracent la courbe de ces muscles nouvellement dessinés. Ces derniers mois ont changé Adonis, mentalement comme physiquement, mais ça ne dérange pas Cal. Car il a changé, lui-aussi, et que s'ils sont capables de continuer à s'aimer, malgré tout ce qui a pu se passer pendant les derniers mois, c'est bien pour cette raison. C'est bien parce qu'ils ne sont plus ceux qu'ils étaient il y a un an, qu'ils s'aiment toujours aujourd'hui.

Son cœur respire enfin. Alors que les lèvres royales se cherchent, se trouvent, se caressent et se rejoignent sans cesse, le brun oublie tout ce qui pourrait l’éloigner de ce moment. Il oublie la colère qui était sienne, il y a encore quelques minutes. Il oublie la colère de Cal, et ne pense qu’à le satisfaire. Et à se satisfaire. Les mains de son amants glissent contre lui, pendant que les doigts d’Adonis parcourent toujours la nuque et remontent dans les cheveux de l’homme qu’il a contre lui. A la seconde où Adonis sent les doigts brûlants de son amant contre son épiderme, il lâche un léger soupire de satisfaction dans la bouche de l’autre, et se colle un peu plus à ses mains, éloignant de quelques millimètres leurs torses. Il sent le sourire de son amant, dans leur étreinte, et les mains du Flamaerien se faufilent jusqu’au torse du brun, pour venir détacher les boutons avec une habileté toujours présente. Adonis se laisse faire, cette fois. Il n’a pas de mouvement de recule, pas de peur parce qu’il sait comment Cal réagira en touchant sa cicatrice. Il sait qu’il ne dira rien, ne fera rien, qu’il le traitera de la même manière. Alors le brun, rassuré d’avance, se laisse envahir par le plaisir que lui procurent les doigts de l’autre homme. Son cœur bat la chamade, revigoré par les gestes de Cal. Adonis soupire encore une fois, l’aise envahissant tout son être. Il fini par bouger les mains lui aussi, et vient les glisser entre eux. Elles descendent jusqu’à la ceinture du blond, et tirent sur la chemise pour la dégager du pantalon. Elles se font impatiente, mais bientôt il comprend qu’il doit faire une pause pour se débarrasser de sa chemise ouverte. Il stoppe leur baiser, et laisse son regard s’enfoncer dans l’océan bleuté en face de lui. Le roi se débarrasse du tissu, et le laisse tomber à côté de lui, avant de venir poser ses mains sur les épaules de l’ancien empereur. Il fait glisser les bretelles, sans un mot, et puis s’affaire à détacher les boutons de sa chemise. Cette fois-ci, Adonis ne l’embrasse pas. Il observe ses mouvements, et ses doigts, et surtout la peau qu’il découvre. Le brun s’ennivre de cette vue, de la sensation de la peau lisse et chaude sous ses doigts. Quand il parvient au dernier bouton, il retourne embrasser son amant, et laisse ses doigts glisser contre son ventre, avant de les faire gambader ailleurs, sur les hanches de Cal, dans son dos, remonter contre sa colonne vertébrale, et puis redescendre, sous le tissus rendu lâche par l’ouverture de tous les boutons de sa chemise. Adonis prend son temps, plus que jamais. Il veut profiter de ce moment, le graver dans sa mémoire et s’en souvenir à jamais. Il ne veut pas simplement retrouver ce corps qu’il aime : il met un point final à leurs désaccords, et à leurs douleurs mutuelles. Le Griffith veut que Cal soit enfin sien, même si il doit le partager avec la couronne de cuivre et la reine Alaia Oshun. Il n’y a que lui qui peut l’aimer ainsi, il n’y a que lui qui peut apposer milles baisers sur sa peau, et en recevoir tout autant.