Écorchée dans une demi conscience, l'enfant au bracelet myosotis se perd entre songe et réalité. Elle n'est plus certaine de ses sens abîmés par les ténèbres dans lesquels elle est cloîtrée depuis bien trop longtemps. Elle ne sait pas, elle ne sait plus si le tapage qui émerge d'ailleurs est réelle, elle crève d'espoir, craignant que son cœur ne soit désabusé face à un sauvetage avorté qui n'existe que dans les profondeurs de son âme prisonnière. Elle se recroqueville, replie ses genoux contre sa poitrine avant de les enlacer de ses bras faiblard. Son regard s'accroche au néant de sa geôle, sans parvenir à se fixer à quoi que ce soit, puisque chaque composantes de la pièce épouse détestablement les ombres. Ses paupières sont lourdes, fatiguées, elles voltigent et papillonnent, recouvre ses iris délavée le temps d'un battement de cil. Puis cette voix, lointain qui lui parvient. Elle la hante, cette foutue voix, elle la torture, lui rappelant qu'elle n'a pas été là pour lui. Coup de poignard qui lacère son corps nécrosé, alors qu'elle se redresse, alerte, incapable de résister à l'appelle de cette foutue voix qui la rappelle au beau souvenir d'un protégé qu'elle a abandonné bien malgré elle. Adonis? Qu'elle murmure, les orbes rivés vers ce qu'elle pense être la porte, vers la provenance de cette voix délicieusement irréelle. La voix de la sale môme est abîmée, enraillée, elle est rauque et brisé. Isaak? Ses mains se plaquent de chaque côté de sa pauvre carcasse, à peine vivante, elle puise une force insoupçonnée pour se redresser, mais elle chancelle, son cœur venant tituber jusqu'à ce que son corps ne vienne heurter la porte. Ses mains se plaquent contre la surface. ADONIS? cris désespéré qui déchire le silence, alros qu'elle abîme ses dextres contre le métal qui les sépare, elle entaille sa chaire, essayant de l'atteindre d'une manière ou d'une autre. Souffle saccadée, elle s'épuise, elle n'a plus la moindre force, mais elle lute, elle use ce qui lui reste de vitalité pour essayer de le retrouver... A moins qu'elle ne l'ait une fois de plus rêver, emprunte d'une folie cruelle.

Dans un état, quasi second Isaak se bat, contre les autres, mais surtout contre lui-même. Comment a-t-il pu laisser cela arriver ? Il devait la protéger, contre tout, il l’a toujours juré. Pourtant, il l’a oublié, relégué dans un coin de sa tête et de son cœur, il était dans le déni. ; comme si tout allait bien, comme si elle était là à ses côtés, mais c’était faux elle ne l’a jamais été. Il aurait dû le comprendre au couronnement lorsqu’il ne l’a pas vu. Mais il ne l’a pas cherché plus que cela. Il se déteste profondément pour avoir oublié l’inoubliable, pour avoir cru que peut être tout rentrerait dans l’ordre naturellement. Il est idiot Isaak surtout quand cela concerne la seule et une femme qu’il n’a jamais réellement aimée. Dans le déni une fois de plus. Son cousin resté dehors avec quelques gardes, il n’a pas hésité à se battre aux côtés de soldats éliminant les hommes présents d’une rage incontrôlable. Une fois la voie libre, il cherche sans vraiment ou aller, il entend la voix de son cousin criant son nom alors il le rejoint à la hâte. Une voix résonne dans ses oreilles celle d’Aléa criant le prénom d’Adonis. De ses mains fait fondre le métal de la serrure l’avantage de son mutantisme et frappe un coup dans la porte avant qu’elle ne s’effondre. « Nahia.. NAHIA » Il ne la voit pas peut-être qu’il ne souhaite finalement pas voir le résultant de son ignorance. Adonis passe devant lui, plus hardi prenant ses responsabilités. Rapidement, il repère le corps frêle de l’Aléa, abîmée, épuisée quasi sans vie. Adonis se précipitant déjà vers elle, il balaye la pièce du regard beaucoup plus rapidement maintenant car le temps presse. C’est vers le fond qu’il la trouve. Il franchit les quelques derniers mètres qui les séparent d’un pas tremblant. Elle semble respirer difficilement, épuisée par une torture cruelle. Son cœur manque un battant lorsque ses doigts viennent caresser le contour de son visage abîmé par la douleur. « Je suis désolé, c'est fini maintenant je suis là » Murmure t’il doucement comme pour la réveiller, comme pour se réveiller. Il n’y a plus rien autour juste elle, lui et cet horrible sentiment de culpabilité qui le consume.

Elle écoute, recroquevillée dans un coin de la pièce sombre, elle écoute les alentours, les quelques oiseaux qui arrivent encore à chanter. Elle a les yeux ouverts, mais elle n’arrive même pas à faire la différence avec ses paupières qui se ferment. Un amer goût de déjà vu. Elles ont passé des jours ici, mais elle ne sait même pas combien. Peut-être que trois, peut-être des semaines, peut-être des mois. Elle n’en sait rien, et à vrai dire, elle s’en fiche. Elle a perdu l’espoir d’un jour retrouver la lueur du soleil, d’un jour pouvoir faire vibrer l’électricité qui coule dans ses veines. Elle a perdu Nahia, perdu le goût de se battre encore et toujours. Elle a baissé les bras pour elle, mais certainement pas pour l’autre silhouette qui vient la faire sortir de ses pensées. ─ Adonis ? Le ventre de la jaune se serre, un nouveau rêve, une nouvelle hallucination de leurs êtres. Elle soupire, ils ne viendront pas Aléa. Une larme aurait pu couler sur sa joue, mais elle a arrêté de pleurer Nahia. Elle a arrêté quand elle a compris que personne n’en avait rien à faire de sa petite carcasse. ─ Inutile qu’elle murmure pour elle-même. Mais un mot prononcé de l’autre côté de la porte vient la ramener à la vie. Isaak. Ce nom. Cet autre. L’ouïe trop alerte, elle plaque ses mains contre ses oreilles en sursaut lorsque la bleue frappe à la porte en hurlant le nom de son âme à elle. L’espoir s’engouffre dans son cœur et lorsque le mur s’effondre sur la silhouette du maître, elle reste figée alors qu’il l’appelle. Son prénom résonne et Adonis entre à son tour. Elle se relève avec difficulté, la peur vissée au visage. Elle ne sait pas si elle rêve, si tout cela ne va pas partir en fumée, alors elle ne bouge pas. Elle attend. Et lorsqu’il pose son regard sur elle, elle comprend qu’il est là, qu’il est venu, pour elle. Paniquée, en train de prendre conscience que tout n’est pas fini, elle respire lourdement, jusqu’à ce qu’il s’approche et dépose sa main sur son visage. Comme autrefois qu’elle pense. ─ Je suis désolé, c’est fini maintenant je suis là. Elle frissonne, reprend ses idées et sans réfléchir plus longtemps, elle se jette à son cou pour l’enserrer comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. Il lui a manqué, si fort, malgré les mensonges, malgré le cœur qui se brise, il restera Isaak Griffith, la deuxième moitié de son tout. ─ Merci. qu’elle murmure une première fois à son attention. Puis elle relève les yeux vers l’autre Griffith, le Roi qu’elle ne pensait jamais revoir. ─ Merci. Pas pour elle cette fois-ci, mais pour Aléa.

Elle est obsédée, Aléa, perdue entre rêve et réalité, elle s'accroche à la voix si précieuse, un souffle d'espoir absurde qui gonfle son cœur. Elle s'est accrochés à mille désillusion, retombant trop abruptement dans une réalité morbide alors qu'elle s'évadait dans ses songes... Et pourtant, elle y croit encore, obnubilée par cette voix salvatrice qui vient l'extirper de sa torpeur. Les poings s'abattent, alors que le nom de son précieux éclate en écho dans l'obscurité de la pièce, un cri strident, agonie dévastatrice, la douleur de son corps et de son âme exhorte dans sa voix. Elle n'entend pas Nahia, elle ne l'entend plus, suspendue à un rêve bien trop réelle. Elle sent le métal se mouvé sous ses doigts. Elle se recule, se replie, les orbes saisissant les lueurs du jours qui s'infiltre sournoisement par les interstices créés par le Griffith. Elle tremble, titube et trébuche, laissant sa carcasse s'écraser au sol. Ses orbes se relèvent vers le silhouette floue et insaisissable qui pénètre leur prison de fortune. Son cœur loupe un battement lorsqu'elle reconnaît l'ombre de son précieux maître. Son corps tout entier est victime des tremblement de son être, soubresaut qui se mêle à des sanglots incontrôlées, alors que ses mains cherchent à se saisir de celle du divin. Elle pleure sans qu'aucune larme ne souille son visage crasseux. Elle s'accroche à lui, laisse ses doigts refermés son étreinte sur cet être qui lui a tant manqué, sans ses douter des dommages qu'elle lui cause. Elle a besoin de le sentir vivant, réelle, parce qu'elle crève de trouille la fille d'azur, de le voir s'évaporer, qu'il ne soit que le fruit de son imagination. Il était déjà venu la sauver de cet enfer... Et il avait déjà disparu, devenant un espoir hors d'atteinte.  C’est fini, ils sont morts. Son souffle qui s'emballe furieusement, son cœur qui s'emballe dans une course effrénée. Je veux les voir. Voix brisé, abîmé, elle monte bien trop vite dans les aigus, enraillées, empruntes d'une émotion qu'elle ne maîtrise plus. On vous ramène à la maison. A Greenstall. Greenstall. Elle ne comprend pas. Elle s'écarte de lui, le repousse, se laisse tomber contre le mur qui la soutient bien malgré elle. Ce n'est pas toi Qu'elle murmure avec effroi, se laissant à nouveau submerger par l'émotion, ses mains vient s'agripper contre ses tempes alors qu'elle ne peut empêcher son corps de trembler. Tu n'es pas réellement là. Qu'elle gémit. Greenstale n'est pas la demeure d'Adonis, c'est celle de Thomas, de ce faux roi, cet usurpateur qui lui avait arraché le prétendant légitime au trône. Déraisonné, déraisonnable, elle est proie à des démons, réalité absurde qui n'a plus le moindre sens. Et le monde autour n'existe plus. Isaak. Nahia. Les soldats royaux. Tout n'est qu'une illusion... Pourquoi vous n'en finissez pas? Tuez nous une bonne fois pour toute... Supplication douloureuse. Mourir, seule lumière pour cette créature éteinte.

Son cœur se brise, de colère, la rage envahit son âme. La faute à qui ? Surement pas à elles. Les deux cœurs fragiles semblent détruits par un calvaire qu’elles n’auraient jamais dû connaître. Il aurait dû les protéger. Pourquoi a t'il failli à son devoir de maître ? Bien qu’il ne soit même pas une question de maître, mais une question d’amour. L’attachement qu’il porte à Nahia va beaucoup plus loin que la relation maitre/mêlé il le sait, il le nie, mais pourtant, il le sait. Son sens du devoir pourtant infaillible a fait de lui un homme peureux dans ses relations avec autrui. S’il pouvait revenir en arrière il le ferait sûrement. Ou bien pas. Mais le présent est trop difficile à supporter. Cette vision d’horreur le pousse à extériorisé sa colère sous forme d’une violence inouïe. Il hoche la tête pour approuver les dires de son cousin. Ils sont morts, tous jusqu’au dernier. Pourtant de nature calme il n’a pas hésité à tuer, ôter la vie à des hommes avec sang-froid et détermination. Le prince de la terre cacherait-il une soif de sang derrière son armure. « Ils sont mort, je te le promets tu ne crains plus rien » Ces paroles ne sont pas dirigés vers Nahia, mais vers Aléa. Elle semble plus faible, beaucoup plus mal en point que Nahia Ce n’est pas qu’elle est moins forte non peut-être la souffrance a-t-elle eu raison de sa conscience. Elle ne semble pas croire qu’ils sont là et pourtant si. L’étreinte se veut intense, envahit par un tourbillon d’émotion Isaak se presse contre le corps frêle et endolori de son autre. Il n’y a plus personne il n’y a qu’eux un court instant. Ses lèves se pressent contre son front doucement dans un baiser réconfortant d’une douceur infinie. Elle n'a pas à le remercier il n'a rien fait au contraire. "Non merci à toi, merci d'être en vie . Il ne l'aurait jamais supporté. Mais la bulle éclate et il faut partir, ils auront du temps pour parler du moins c’est ce qu’il croit. Il agrippe la main de Nahia d’une poigne ferme ne laissant plus rien les séparer. « Adonis.. » Murmure-t-il à l’intention de son cousin le suppliant de rendre la raison à Aléa . Le corps encore blessé du roi ne lui permet pas d’être au maximum de ses capacités et Isaak ne veut pas que son cousin prenne de risque en aucun cas. « Je peux la porter » Dit-il doucement. Il ne veut brusquer personne, mais ils doivent sortir et vite.

Ils sont là, les princes, les protecteurs qu’elles devaient protéger. Pourtant, cette fois, c’est eux qui viennent à leur secours, qui prennent sur leur vie pour sauver les leurs. Nahia, elle observe, elle tremble, de toute la pression qui retombe. Elle est dans ses bras à lui et à cet instant, c’est bien tout ce qui compte. ─ On vous ramène à la maison. A Greenstall. Mais la réalité rattrape toujours les rêves et le cœur se serre, en proie à la douleur des derniers jours, des dernières semaines et des révélations qui sont venues s’imposer à elle. ─ Ce n’est pas toi. Le regard se tourne sur la sœur. ─ Tu n’es pas réellement là. Les maux qui s’emparent de l’autre résonnent trop profondément, fais frémir la jaune à son tour, alors elle accroche le bras d’Isaak, plus fermement, pour se convaincre. ─ Pourquoi vous n’en finissez pas ? Tuez nous une bonne fois pour toute… Sa souffrance est palpable, elle perd pied, elle perd la raison et Nahia voudrait lui faire comprendre que tout ira mieux maintenant. Mais est-ce bien réel ? ─ Ils sont morts, je te le promets tu ne crains plus rien. Les yeux retrouvent le visage du maître, de la seule vérité qu’elle attendait. L’étreinte salvatrice et le baiser d’une promesse, d’un soutien qu’il apportera toujours, quoi qu’il arrive. ─ Adonis… La mêlée se détache du Griffith pour retrouver la bleue. Elle lui attrape la main le plus calmement possible, avec la plus grande tendresse du monde, avant de la serrer, fort, peut-être trop, pour lui faire prendre conscience qu’elle est là. ─ Aléa, ça va aller. On est tous là. C’est réel. Les pensées sont floues, mais elle laisse le roi prendre soin de son âme. Une dernière pression sur les doigts d’Aléa, elle la laisse lui échapper pour qu’ils sortent enfin du cauchemar.
Elle suit, le pas lent, la tête perdue, le cœur en miettes, parce qu’elle sait qu’elle ne partira pas avec eux. Elle sait qu’elle doit leur dire au revoir, maintenant. Mais elle n’y arrive pas. Elle ne veut pas d’un adieu, mais n’a aucune idée de quand elle pourra revenir. Alors elle attend. Elle laisse les choses se faire, jusqu’à ce que le moment soit inévitable.