Vagissement distant. Les échos des passions du cortège feutraient les fenêtres de la bâtisse. Royauté rassemblée par les gardes dans la loggia. Protecteur de sa madone sur ses talons, exilé et silencieux, il se faisait observateur. Carnaval sonnant minuit, les masques tombent. Agitation au sein même de la pièce. Les caractères s'entrechoquent au profit d'une situation disloquée. Alors que la horde dehors grondait, réclamaient leur dû à leur reine. Chaque verbe, chaque acte était observé par le mêlé. Il y décelait l'échiquier politique de la royauté, lui, l'ombre. Placé en retrait, aux côtés de sa sylphide @Elvira Valaeris qui demeurait là, impassible aux fenêtres. Le mêlé ne pouvait réfréner la pensée qu'elle devrait porter la couronne, qu'elle seule ne succombait pas à la passion de ce chaos. À ses mots, Athelstan réprima un sourire, son regard croisa le sien. Fais attention disait ses yeux. Acharnement à la protéger, bien qu'amusé par la distance qu'elle mettait entre les agitations et elle. Le regard de l'aède se posa finalement sur la foule. Bloqués aux portes de Volastar, ils ne désiraient que la paix, tout comme le mêlé qui se gardera bien de proférer son avis sur la question. Utopiste au désir de tranquillité, d'un royaume en harmonie.

Elle la voit, la foule, qui défile sous yeux. elle la voit qui enfle, abondante et dangereuse dans les rues qui ne la contiennent plus. Elle la voit devenir fleuve tumultueux. Elle la voit déchirer et mutiler les corps. Elle sent la nausée qui lui monte à la gorge. Sa tête qui s'emplit de scènes de carnage qu'elle a vu dans les livres. La foule se mutine. La foule emporte avec elle les corps suppliciés, elle se repait du sang des martyrs. Et l'un après l'autre, elle tue l'ennemi qu'elle s'est désignée. Rayna ne veut pas mourir. Mais elle ne veut surtout pas mourir dans l'ombre, dans cette pièce froide et sombre. Elle ne veut pas mourir dans son lit, encerclée par les flemmes. Alors, elle sort. elle fait face à la rue. La tête découverte et le port altier. Le regard dur. Et se produit la chose la plus inattendue, elle marche et personne ne l'arrête. Ils la dévisagent. Ils murmurent. Ils grondent. Mais pendant, un instant, elle avance sans obstacle. et alors que le palais se dessine sous ses yeux, la foule se referme sur elle. Et ses yeux, toujours, s'accrochent à la fenêtre. qu'ils la regardent mourir dignement, du haut de leur tour. Qu'ils voient disparaître sous leurs yeux impuissants l'héritière des belikov. Une bourrasque de vent fait basculer les corps les plus proches d'elle. Et les feuilles valsent autour de ses pieds. Tout tournoie plus vite. Encore plus vite. Et les corps font cercle. Et les corps se rapprochent du centre. L'entourent, l'enserrent. Elle ne partira pas sans avoir montré la force de ses tornades dont ils ont si peur.

Et alors que le conspirateur se dirigeait vers @Elvira Valaeris, âme-soeur au coeur de suie, un mouvement de foule attira son attention. Les esprits s'échauffaient. La vague humaine peinait à être contenue. L'apothéose du spectacle allait bientôt arriver. Et Achille désirait être aux premières loges, pour voir cela. Pour récolter les fruits de la discorde qu'il avait semé, à travers tout Aeristin. Pour voir l'orage s'embraser, jusqu'à devenir une véritable catastrophe naturel. Le moment serait bientôt venu pour lui de sortir victorieux de tout cela. Et il en savourait d'avance le goût que cela aurait sur sa langue.

Spoiler:

Alors que la rue se remplissait à une vitesse folle sous ses yeux, Leoni attrapa ses affaires pour s’aventurer à l’extérieur. Tant que les portes du château résistaient aux révoltés, leur Reine était en sécurité. D’autant plus qu’elle était auprès de Michail Belikov. La foule se déchaînait et la jeune Vasara se fit bousculer à plusieurs reprises, arrêtée par certains et analysée en quelques secondes seulement. Elle se rendit compte qu’elle était arrivée trop tard lorsqu’elle vit la fumer s’élever dans les airs. Et dans un élan de panique, elle suivit le mouvement et finit par se fondre dans la masse en espérant y retrouver @Rayna Belikov. Leoni était incapable d’imaginer celle-ci en proie des flammes et tentait désespérément de retrouver son visage dans la foule. Puis elle finit par l’apercevoir, ou du moins, la ressentir. Cette même sensation qu’elle avait eu le jour où la Belikov avait décidé d’évoquer son don. Sauf que c’était puissant, beaucoup plus puissant. Et la brise légère eut des allures de véritable bourrasque. La foule l’encerclait, se rapprochait dangereusement de celle qui paraissait invincible, destructrice. Entraînée avec eux, elle tenta de se frayer un chemin jusqu’au centre, au plus près d’elle, en espérant croiser son regard assez tôt, avant que le chaos ne l’emporte. Et elle s’avançait, toujours un peu plus, sous les regards interrogateurs de certains et encouragée par d’autres à lancer une attaque. Arrêter cette folie. Mais Leoni se sentait prise au piège, parce que se révéler trop tôt ne ferait qu’empirer les choses et qu’attendre trop longtemps pourrait lui être fatal.

Mensonge vivant. L'arc qui lui bat les côtes à chaque pas. Elle est à Volastar, protectrice de la reine, et Volatar était agitée. Rebelles qui se pressent aux portes des Valaeris, rebelles qui la menaçent elle-même, pour ce qu'elle était. Rebelles qui étaient une opportunité. Double-jeu, double masque. Pour tous, elle était homme. Pour tous, elle était son frère, son sang. Pour tous, elle était loyal soldat de la couronne d'Aeristin.
Mensonges.
Femme, agent double.
Elle ne sert que ses propres intérêts et ambitions, la fille de l'air. Que son nom et son sang. Elle est tornade, elle est ce changement que les rebelles craignent et condamnent. Ce changement dont le sang balaie les pierres de la capitale, sous le joug de leur colère. Mais elle sait que leur rage peut la servir. Que leur rage peut renverser des trônes, faire et défaire les dynasties. Un nouveau roi, et elle à ses côtés. L'idée lui arrache un sourire léger. Et elle le repère, @Achille Vasara, glisse dans sa direction. "Le règne de cette pauvre Liza me semble fortement menacé. Quels terribles évènements."
Elle n'a pas le droit de nier sa reine ni sa couronne, pas dans le domaine des Valaeris, pas entre ces murs par trop indiscrets. On devait la croire loyale à la régente. On devait croire Atlas Cadogan loyal à la régente.
Pourtant, elle envisage la situation d'un oeil intéressé, et elle sait qu'Achille en fait de même.
Une opportunité.

Il court à s'en faire saigner les pieds, le petit Belikov. Il essaie de se frayer un chemin parmi cette foule qui enfle de plus en plus. Il avait quitté la quiétude de Dierinung pour rendre visite à sa fiancé. Il s'était retrouvé dans la tourmente de la capitale, et il le regrettait déjà. Le palais lui faisait face, il pouvait entendre les cris d'horreurs. Du sang, un corps qui tombe, les murmures enflent. Il ne réfléchit plus vraiment, Erwin. Il n'a qu'une idée en tête : retrouver sa sœur. Alors il redouble d'effort pour battre cette foule, pour arriver jusqu'à elle. Il sent le vent se lever. Il sent l'électricité dans l'air. Et il la voit. @Rayna Belikov, au loin encerclée. Non, il devait la rassurer, l'empêcher de déchainer ses pouvoirs. Il devait arrêter le pire. Mais alors que sa course se faisait de plus en plus difficile, il reconnut un visage bien familier. Celui de sa fiancé, celui de son amie, celui de @Leoni Vasara. Leoni. Il lui empoigne le bras et le sert. Un peu trop fort peut-être, mais il s'inquiète le petit. Il ne veut pas qu'elle finisse blessée, elle aussi. Mais il a besoin de toute l'aide à disposition, pour sauver sa sœur. Il faut qu'on arrive jusqu'à elle. Il faut qu'on la mette en sécurité. Des larmes commençaient à apparaître dans le fond de ses yeux. Il ne voulait pas la perdre. Il ne voulait pas les perdre.

Le corrupteur sentit bientôt une présence derrière lui. Il se retourna à peine, devina simplement les traits altiers et la silhouette de sylphide de la perfide @"Astoria Cadogan". Reine du double jeu, alliée de l'ombre, espionne experte. Elle aussi était une pierre angulaire qui lui permettrait de mettre fin au règne de l'indigne. ( Le règne de cette pauvre Liza me semble fortement menacé. Quels terribles événements. ) Un sourire carnassier déchira son visage de marbre. Elle aussi maniait à la perfection l'art de la méchanceté dissimulée derrières les innocents traits de la courtoisie. Tout capables de discuter d'un génocide avec un grand sourire sur les lèvres qu'ils étaient. Des montres. Mais jamais Achille n'avait tenté de renier sa personnalité profonde. Il ne faisait que la dissimuler aux yeux des impudents. ( Ces gens mécontents qui hurlent à s'en arracher les cordes vocales ... Cela me rend d'une tristesse innommable. Je partage leur peine, tu le sais mieux que personne, ma chère Astoria. Et leurs revendications. Après tout, quel cruel esprit serais-je, si n'étais pas à l'écoute de mon peuple. Si je ne partageais pas leur peine... Ou leur haine pour notre actuelle souveraine. )

Hissée sur la pointe des pieds, l’oracle de mauvais augure, regarde d’un œil acerbe la scène à ses pieds. Des voix gueulantes retentissent à l’appel du sang, d’une rébellion infâme, alors que dans sa tour d’ivoire, la nymphe n’est protégée que par son sang. Si sa fascination pour le chaos l’aurait poussé à se rendre à leurs côtés, pour jeter une pierre sur ce qu’elle n’aura jamais, la couronne, elle se tient pourtant droite comme un i, discrète derrière la foule anoblie. Les entendre parler, jurer, s’étonner, les regarder se pousser, s’étrangler par les yeux, ça ne la délecte que davantage. Les pierres commencent à tomber, l’édifice construit par les Valaeris s’encombre de l’avalanche qu’est le cri du peuple. Et elle ne peut que savourer ce moment. Les mécaniques se sont enclenchées et dans peu de temps, la tornade s’abattra sur la nation de l’air. Aeristin qui sera offerte à son frère, à @Achille Vasara et à sa potiche de reine. Il ne voit dans les yeux des autres que ce languissement à plus, cette hypocrisie mal formée, mal enclenchée qui leur donne des airs de rapaces prêts à attaquer. Un rictus se mue sur ses lèvres alors qu’elle observe les différents tableaux avec une fascination sans pareille. @Nevenka Valaeris qui se tord la cheville, et qui lui donne l’envie de dégueuler sur le parquet tant sa comédie est risible ; son frère qui joue au preux chevalier, à l’homme sensible, révolté, mais qui n’est dans le fond qu’un menteur. Des opportunistes, des égoïstes, des gens cruels, dont elle fait inévitablement partie. Mais scylla ne souhaite pas se donner en spectacle aujourd’hui, elle ne souhaite pas sortir de l’ombre qu’elle a si tendrement enlacé de ses bras, les feux des projecteurs ne sont pas pour elle, pas aujourd’hui. Mais quand le jour viendra, elle les verra ployer genoux, car il n’y a qu’une tête couronnée face à laquelle il vaut la peine de courber l'échine  ; la fameuse étant la sienne. Se faufilant entre les rangs, ne prenant pas la peine de s’excuser en bousculant quelqu’un, elle se rapproche de l’énigme, les yeux scrutent la foule, alors qu’elle aperçoit des Belikov ; une bonne filée d’entre eux. De jolies petites têtes pleines de malice, à qui elle voue une intrigue incessante. Si sa fascination n’était pas mal placée, elle aurait peut-être pu les apprécier. Mais la vie n’est qu’un jeu et dans cette balance, des noms tomberont, particulièrement ceux qui se retrouvent aux côtés d’une reine qui a fait son temps. L’indécision exaspère la vipère et cet attroupement de vautours loyaux lui donnent la gerbe. Qu’ils cessent leurs mensonges, qu’on poignarde ceux qui ne sont pas dignes, qu’on arrache ce diadème empoisonné, qu’on en finisse. Lasse, scylla soupire, exagérément, ne cachant pas ni sa frustration, ni sa lassitude ;

Le silence. C'est tout ce qui s'impose en elle. Tout ce qu'elle impose aux autres. Le silence face aux ambitions des uns et aux commentaires perfides des autres. Elle ne se rappelle que trop bien la guerre. Et son père. Oleg. Ses nombreuses leçons passées dans son bureau. Le pouvoir est source de jalousie et d'envies. Il lui avait dit, son père. Il l'avait prévenu de multiples fois. Liza n'en a retenu qu'un conseil précieux. Reste calme et ne laisse pas tes émotions te guider. Ses prunelles glissent entre les différents nobles qui observent la foule se rassembler devant le palais. De ceux qui jubilent en silence et de ceux qui s'inquiètent pour leur peuple. La belle ne s'attarde pas sur @Elvira Valaeris et @Nevenka Valaeris. Deux soeurs d'autrefois. Deux ennemies d'aujourd'hui. L'enfance candide est bien loin. Difficile de croire que son propre sang veut sa tête et son trône. Difficile de croire que la si naïve et douce Nevenka est aujourd'hui prête à faire couler le sang des siens pour offrir la couronne à son fiancé. Son myocarde s'arrête quand les heurts et les cris s'intensifient. L'écho d'une voix dure s'élève, suivi par un bruit désagréablement familier. Un voile se pose sur ses prunelles claires tandis qu'elle se redresse. La Valaeris fait réunir son conseil. Elle a pris ses décisions. Elle ne sent plus la présence de @Michail Belikov à ses côtés mais elle ne veut pas y penser. Elle ne peut pas y penser maintenant. La reine se tourne vers un autre officier. « Réunissez une petite délégation, qu'ils aillent entendre ce que le peuple a à dire. Amenez moi les aeristiniens qui prendront la parole. J'ai à les entendre. » Ses iris se font plus durs tandis qu'elle pose de nouveau ses prunelles sur les nobles réunis autour d'elle. Non, elle ne restera pas sans rien faire. Elle a beau demeurer impassible devant la foule, c'est une tempête qui se déchaîne en ses entrailles. Elle est la reine d'Aeristin. Aînée d'Oleg Valaeris. Héritière légitime de la couronne d'argent. Elle ne laissera pas son royaume tomber aux mains d'un intriguant. Le mécanisme d'un plan se met doucement en place dans son esprit. Elle a peut-être fait des erreurs mais elle restera fidèle à elle-même et aux Valaeris jusqu'à la fin.

Un pas derrière la souveraine, Alexei observe. Depuis l'arrivée de la foule dévastatrice il est resté en retrait, dans l'ombre. L'habitude est ancrée profondément, fait partie de lui. Tours aux aguets, le stratège étudie en silence les agissements de chacun. De la comédie jouée par @Achille Vasara et @Nevenka Valaeris au départ précipité de @Michail Belikov, il s'est contenté de rester immobile, fantôme circonspect et protecteur. Sourcils froncés, l'officier pose un regard chargé d'inquiétude sur les nobles de l'air réunis sous ces augustes voûtes. L'humeur belliqueuse qui anime les révolutionnaires gagne peu à peu les appartements d'Elizaveta. Il craint pour la sécurité de la reine. Il craint pour la sécurité de sa cousine. Et il sait que le danger ne vient pas que des portes du palais. Le coup affligé par Belikov à Vasara en est la preuve. Enclin à croire l'accusation portée par son allié, Alexei se méfie plus que jamais du chef de famille. Mais il est pied et poing liés, car la partie n'est pas terminée. Ce n'est pas le moment de commettre une erreur. Trop de choses sont en jeu, en plus de la couronne d'Elizaveta. Sa propre vie, elle aussi, est menacée par les grondements qui émanent de la place. Mutant, son statut de prince ne le sauvera pas, pas plus que la protection de la reine. Lorsque @Elizaveta Valaeris se redresse pour faire connaître sa décision, l'officier se raidit. Il est temps d'agir. « Réunissez une petite délégation, qu'ils aillent entendre ce que le peuple a à dire. Amenez moi les aeristiniens qui prendront la parole. J'ai à les entendre. » Aussitôt, il s'avance et les talons claquent. Le salut est martial, cérémonieux. Il n'est plus le cousin aimé et aimant. Il est l'allié fidèle, le soldat dévoué. « Laissez-moi y aller, Votre Majesté. » Le rôle devrait échoir à Andrei, il le sait. Mais l'héritier est absent et cette fois, il est celui sur qui tombe la lumière. Le défenseur, le protecteur. Chevalier au service d'une reine digne, malmenée par l'Histoire et les fourbes. Son regard plein de colère frappe @Achille Vasara, effleure sa fiancée éplorée. Le crime sera dévoilé, et l'outrage vengé.

Bien sur qu'elle voulait entendre les décisionnaires. La divine mais terrible Elizaveta pensait que tout pouvait se régler par la parole. Alors que lui, grand conspirateur de son état, savait parfaitement qu'il en était tout autrement. Que c'étaient les bassesses et les vices qui gouvernaient véritablement, en ce bas-monde. Après avoir échangé plusieurs mots avec Astoria, son regard se remit à inspecteur la troupe hétéroclite qu'ils formaient. Une assemblée de nobles aux visages apeurés, aux expressions horrifiées. De tout temps, ils avaient tous compté sur la docilité de cette plèbe horripilante, que le Vasara haïssait du plus profond de son coeur. Lui qui n'aimait que l'immaculé et la perfection. Mais pourtant, c'était bel et bien sur le peuple qu'il comptait, pour mener sa révolution à bien. Il laissa l'inconsistant @Michail Belikov hurler quelques ordres dérisoires alors que son regard menaçant se posait sur la silhouette massive du blond. Peut-être bien le futur roi. Du moins, si Achille ne lui volait pas la place avant. Et rien n'était moins certain que cela. Et puis, tel le serpent qu'il était, l'inhumain et cruel blond vint se placer auprès de celle qui était à la fois sa Vénus et sa Némésis. Le grand amour de sa vie, son obsession éternelle et sa plus grande source de ressentiments : @Scylla Vasara. Sa propre soeur. Son propre sang. Horrifiante union qui n'en était que plus renforcée par leurs cruelles âmes de dévoyés. ( J'espère que tout cela ne t'effraie pas trop, chère soeur. Mais tu dois certainement te sentir rassérénée, étant donné que tu t'envoies la moitié des hommes ici présent. Une manière comme une autre d'assurer sa sécurité, je suppose. ) Des mots emplis du venin de la jalousie, susurrés à l'oreille de la divine brune. Inaudibles pour les autres mais bien trop bruyants pour lui-même.

Sourire carnassier d'un loup parmi les brebis. @Achille Vasara, qu'elle soutient dans l'ombre, noyée dans les rêves de gloire de son père et sa propre ambition. Double-jeu, deux tableaux. Elle sert la reine qui vacille, elle assiste le roi qui s'élève loin des regards. Proche de la couronne, quoiqu'il advienne. "Ces gens mécontents qui hurlent à s'en arracher les cordes vocales ... Cela me rend d'une tristesse innommable. Je partage leur peine, tu le sais mieux que personne, ma chère Astoria. Et leurs revendications. Après tout, quel cruel esprit serais-je, si n'étais pas à l'écoute de mon peuple. Si je ne partageais pas leur peine... Ou leur haine pour notre actuelle souveraine."
Les mots d'Achille lui arrachent un rictus à peine dissimulé. Elle ne relève pas, ne commente pas. Là n'est pas son rôle, et elle n'a pas la liberté d'afficher son soutien au Vasara, et elle le sait. C'est dans une danse dangereuse qu'elle tourbillonne. Alors elle se contente de lui adresser un signe de connivence du menton, et reprend son chemin, le laisse trouver sa soeur.
C'est sa reine, qu'elle, elle va trouver. Elle est toujours au service du trône d'Aeristin, et c'est l'acte qu'elle doit continuer à jouer. Elle voit @Michail Belikov partir précipitamment en brayant des ordres qu'elle n'écoute pas. Il n'est pas plus haut gradé qu'elle, le chiot de la reine. Elle réfrène sa moue méprisante, rejoint la reine @Elizaveta Valaeris et son conseil. « Réunissez une petite délégation, qu'ils aillent entendre ce que le peuple a à dire. Amenez moi les aeristiniens qui prendront la parole. J'ai à les entendre. » Elle fait un pas en avant, s'arrête en voyant s'avancer @Alexei Valaeris.
Elle ne peut que s'incliner face à la volonté du jeune prince de servir sa reine. Ne peut qu'admirer le dévouement à son sang. Mais elle-même sait que le seul moyen de servir le sien, de servir son nom, est en poursuivant la tâche qu'elle s'est donnée. Elle ne peut plus revenir en arrière, et elle le sait. Elle glisse un oeil par la fenêtre, voit @Michail Belikov défendre sa soeur comme elle-même défendrait son jumeau - comme elle-même le défend. Et elle finit par aller s'incliner devant la reine et le prince, marque de respect persistante face à ce nom, Valaeris, dont elle a toujours été si proche. "Votre Majesté, Votre Altesse... Si Son Altesse le prince Alexei souhaite réunir les porte-paroles aeristiniens, je peux me charger de réunir la délégation pour les écouter, si vous le désirez." Sa voix, plus grave, comme elle a appris à parler, la posture raide du mâle qu'elle doit être. Elle se redresse, contemple le visage de la reine.
Elle sera le héros de guerre que son sang mérite, et elle le sait.

C'est les cris qui s'efface dans le souffle tourbillonnant qui emporte tout même les sons. Elle devient aussi bien aveugle que sourde dans la fureur qui l'habite. Elle pourrait tous les détruire, ou tout du moins c'est ce qu'elle croit. Mais déjà elle a le souffle coupé. Déjà elle a les mains qui tremblent. Déjà elle a le visage couvert de sueur. Et c'est la tornade qui s'essouffle, petit à petit, la laissant vulnérable, au milieu du chaos. Elle pourrait faire un dernier effort, l'effort de trop sans doute, celui qui détruirait tout dans son passage, de désespoir. Mais elle aperçoit un premier visage familier, celui de @Leoni Vasara, ce visage qui est comme un phare dans la nuit précipitée qui l'entoure. Elle s'accroche à son regard traversé par l'horreur. Sa douce Leoni. Et son frère alors, avec sa voix qui porte par miracle jusqu'à ses oreilles, le jeune @Erwin Belikov, dans l'angoisse et l'action. Et face à ces deux présences amies, elle sent la fureur se dilater dans ses veines, pour devenir une brise légère. Elle sait qu'ils ne peuvent rien faire pour elle, avec la foule qui l'encercle. Elle ne peut plus rien non plus, parce qu'utiliser son pouvoir se serait les mettre en danger eux aussi. Et comme le soleil qu'il a toujours été, le lion féroce et vainqueur, il y a @Michail Belikov, telle une apparition divine, sans destrier pourtant, alors qu'elle s'effondre sur elle-même, enfin, qui vient la recueillir entre ses bras. La suite est floue. Elle a juste le temps de tendre le bras, de refermer son poing autour du bras de son jeune frère, @Erwin Belikov, dans un dernier effort avant que la foule ne les étouffe tous. Et l'esprit concentré pleinement sur son dernier geste désespéré, il lui faut un moment pour comprendre quand sa poitrine s'arme d'une grande respiration. Comme une soudaine libération. Et autour d'elle c'est le calme retrouvé. Elle regarde autour d'elle pour s'assurer que tous ont pu s'en sortir, que Leoni, la douce Leoni, est toujours à ses côtés, mais elle ne lâche toujours pas sa prise sur son frère, le gardant près d'elle, les yeux posés sur l'autre, sa bouche murmurant un « merci » dont la faiblesse n'est pas à la mesure du sentiment de pure reconnaissance qu'elle ressent à cet instant.