Elle dormait, d’un sommeil pour une fois paisible. Puis ils sont arrivés, ils ont levé le drap d’un coup sec, la sortant d’un rêve en sursaut. Ils lui ont donné des affaires pour qu’elle soit plus décente et lui ont demandé de les suivre. Elle n’a rien dit, elle a juste suivi. Elle n’a pas compris, elle n’a pas cherché à comprendre, elle savait qu’elle n’obtiendrait rien maintenant. Alors elle a marché à leur suite, jusqu’à ce qu’ils arrivent à la place et qu’ils la fassent passer devant.

Poussée légèrement pour accélérer le pas, elle observe les autres, ses enfants, ses frères et ses sœurs. Elle passe une main dans la chevelure d’une enfant qui la regarde avec inquiétude, et elle s’arrête pour faire face à leur leader. ─ Que se passe-t-il ? Qu’elle demande avec assurance. Les questions troublent son esprit, mais elle sait, au fond d’elle, ce qu’il est en train de se passer. Alors elle ne bouge pas, elle attend la sentence, le tout en prenant soin de distraire la petite du discours de grands. Elle la regarde de temps à autre, pour lui sourire, lui faire croire que tout ira bien, mais elle sait … Que tout va partir en fumée. Elle sait et elle ne peut rien y faire. ─ Nous souhaitons que Khora quitte son poste et qu’un nouveau dirigeant soit élu. Son cœur manque un battement, son souffle se coupe. Elle perd tout, tout ce pour quoi elle s’est battue, tout ce en quoi elle croit, tout ce pour quoi elle vit. Mais elle ne baisse pas les bras, elle accepte, elle comprend, d’une certaine façon. Elle observe les visages autour d’elle, pas pour un quelconque soutien, mais pour leur dire au revoir. Pour leur dire qu’elle les aime et que malgré tout, elle continuera d’être là pour eux. Mais ils ne l’entendent pas de cette oreille, eux. Ils sont en colère ses enfants. Et lorsque les premiers mots résonnent dans la ville de roche, Khora serre l’enfant contre elle. ─ Traitres ! Elle plaque la gamine contre son corps, en prenant soin de placer sa main sur son visage, pour qu’elle n’entende pas… Qu’elle ne voit pas, le drame qui se prépare. L’éclair fuse et pendant une seconde, Khora, elle a peur. Peur que ce soit Echo qui jette la première pierre. Peur que ce corps qui tombe soit le premier d’une longue liste. Mais elle n’a pas le temps de penser qu’on la dégage de la foule. Les mains tendues vers l’enfant qui abandonne ses doigts, elle tente de se débattre, qu’on ne la fasse pas partir d’un jeu qui est le sien. On l’extrait du combat et son regard croise celui de son bras-droit, de sa sœur, juste avant le virage.

Déboussolée par le tournant qu’elle n’attendait pas. Elle ne dit rien et se laisse entrainer, jusqu’à ce qu’on la lâche. ─ ECHO ! qu’elle cri en se redressant, prête à y retourner, prête à arrêter un massacre, mais il la retienne. ─ Il y a des enfants là bas ! Elle hurle sur ses ravisseurs, parce qu’ils ont laissé une enfant au milieu de la mort. Elle se débat encore, mais ils ne lâcheront pas. ─ MERINDA ! Elle cri encore, continue de croire qu’elle arrivera à les faire céder. Mais elle est enceinte. Et ils ne veulent pas la perdre. Alors l’orange s’avance à son tour, serre son visage entre ses mains déjà pleines de sang et il s’introduit dans sa tête sans le moindre effort. Elle est trop faible pour exercer la moindre résistance, trop concentrée sur l’envie de les sauver tous. ─ Calme-toi. Tout ira bien. Et reste là. Alors elle s’arrête. Elle se laisse glisser sur le sol. Et elle attend… que les cris cessent.