Une poupée brisée, désarticulée, elle n'est plus que l'ombre de celle qu'elle a était, petite guerrière aux traits inoffensifs, elle n'est plus qu'une carcasse, à peine vivante. Elle se traîne, ici et là, âme en peine aux idées désillusionnées, elle erre, vagabonde, à la faveur de la nuit, incapable de trouver le sommeil tant ses tourments la poursuivent jusque dans ses songes. Elle n'arrive pas à fermé l’œil, par crainte qu'un battement de paupière ne la propulse dans les ténèbres auxquels elle vient tout juste d'être arrachée. Ce n'est que lorsque la nuit laisse place à la lumière qu'elle vient se blottir dans la chaleur de ses droits, tentant de réchauffer son corps dévorée par l'air nocturne et glacé. Elle grelotte, le corps tout entier ravagé par les affres du froid, mais elle s'en délecte, se satisfait des morsures glacées qui la ramène à la vie, l'empêche de sombré dans ses pensées cauchemardesque. Elle se recroqueville sous les draps, laissant son visage s'enfoncer dans le duvet chaleureux alors que son corps tout entier se crispe. Elle est fatiguée, éreintée, mais vivante... Elle s'accroche à ses soupçons d'existence, essayant de trouver comment affronter cette vie dépourvue de saveur. Jusqu'à ce que la porte ne laisse échapper un grincement qui le lui a jamais semblé aussi délicieux. Jusqu'à ce que son corps ne vienne se glisser sous la couette, venant naturellement prendre place contre le sien, guérissant les blessures invisible et pourtant indélébiles qui parsème son corps meurtris. Jusqu'à ce que sa voix ne lui parvienne, que son souffle chaud ne vienne couvrir sa peau pour lui arraché quelques frissons. C’est moi. La divine n'a nullement besoin d'émerger, elle n'a jamais cédé au sommeil, mais elle savoure, ses doigts contre sa peau, elle se délecte, de la moindre de ses caresses, parce que lui plus que quiconque à le pouvoir de la ramener à la vie. C’est vraiment moi, je suis là. Ses lèvres qui viennent dispenser un baiser contre son épaule. Elle ferme les yeux, laisse un soupire fendre ses lèvres alors qu'elle roule sur elle-même pour venir lui faire face, pour lui dérober ses lèvres exquises et brûlante qui tranche avec la température alarmante de son propre corps. Tu m'as manqué. Qu'elle susurre, alors qu'elle le retrouve, comble le vide qu'il laisse à chaque fois qu'il s'éloigne un peu trop d'elle. Irrésistiblement attirée par le brun, elle ne peut plus résister, s'approche pour combler l'absence qu'il avait laissé. Elle ne supporte plus la distance, dévorée par une addiction nouvelle, elle ne sait plus comment vivre sans lui. Droguée à la présence de son roi, son âme sœur. Elle chérit les traits du souverain de ses doigts fins et glacés, ses orbes sombres ne se lassant nullement de sa contemplation.

On sera plus jamais séparés. Les paupières de la créature mêlée se referme sur ses orbes sombres alors que ses mains demeurent contre les traits de son roi. Elle imprime en elle les mots qu'il prononce, se gave de l'espoir que ses propos viennent insufflés dans son myocarde meurtri. Je te le promet. Un tremblement, ses doigts se crispent davantage contre les joues creusés de son essentiel, sa moitié, son âme sœur. Elle le redécouvre, lui, son odeur, sa peau, son corps, elle explore, chaque parcelle de lui, parce qu'elle crève de trouille à l'idée de devoir être arrachée à sa personne, alors elle mémorise, jusqu'au plus petit détail de son être, se gave de lui, de tout ce qu'il est. Elle se blottit contre lui, enfouit son visage dans le creux de son cou alors que ses mains glissent pour que ses bras viennent encercler la nuque, elle l'emprisonne, dans l'étreinte fébrile de ses bras. Et pourtant, malgré la proximité, son cœur s'emballe toujours, furieusement, douloureusement, à l'intérieur de sa cage thoracique, elle souffre, elle ose à peine respire par crainte qu'il ne s'évapore, qu'il ne soit plus qu'un souvenir. Tu as dormi ? Elle secoue son minois à la négative, laisse ses lèvres venir glisser contre la peau chaude de son précieux maître. Je n'ai pas sommeil. qu'elle murmure, délicieuse confidence, presque anodine. Elle envoie valsé l’inquiétude de son double avec une douce désinvolture, elle flirte avec la nonchalance, laissant ses mains venir couvrir sa peau alors que ses lèvres se jouent contre son épiderme. Je veux profiter de chaque seconde avec toi. Un murmure, un souffle, une supplication abandonnée dans le creux de son oreille. Elle n'est plus réellement elle même, Aléa, elle use et abuse de stratagème pour détournée l'attention de cette ombre qu'elle est devenue, elle donne le change, offre la seule chose qu'il lui reste pour se sentir vivante. Elle n'en a pas conscience, pas réellement, mais elle manipule son monde, pour que nulle ne voit le trou béant qui creuse son âme. Seulement, il n'est pas n'importe qui, il ne peut être dupe de ses cajoleries qu'elle lui dispense, parce qu'il la connaît, mieux qu'elle ne se connait elle-même.

Un soupire fend les lèvres du divin et elle comprend, la créature myosotis, que l'enfant des forêt voit au delà de son enveloppe de chaire, les cicatrices qui fendillent son âme abîmée. Alors, lorsqu'il roule sur le dos et l'entraîne avec lui, la mêlée se blotti à nouveau contre l'étreinte de son maître, elle se laisse bercé, apaisé par les caresses qu'il glisse contre sa caboche. Ses doigts à elle glissent contre son torse, commence doucement à se défaire des boutons de sa chemise, mais elle s'immobilise lorsque les mots du roi lui parviennent. Tu devrais quand même dormir, Aléa. Elle soupire l'enfant sauvage, se redresse légèrement pour passer ses cuisses de part et d'autre de son corps à lui. Je reste avec toi si tu préfères. Un sourire douloureux se glisse contre les lèvres rosées de la môme alors qu'elle plonge ses mirettes dans les ambres du Griffith. Elle se penche pour venir cueillir sa joue de sa main, alors que ses lèvres viennent encore chercher les siennes. Je dois apprendre à le faire sans toi. Nouvel haussement d'épaules dans un soupire. Il est le seul, l'unique, il l'a toujours été, il le sera toujours. Elle le savait déjà, mais elle le découvre, lorsqu'elle se perd dans d'autres bras, s'abandonne dans d'autre drap, sans y trouver le réconfort que seul cet autre arrive à lui insuffler... Mais elle doit apprendre Aléa, parce qu'il ne sera jamais pleinement à elle, il est un époux, un père, un roi... Tant de titre qu'il porte à bout de bras, tant de personnes pour lequel il doit être là... Elle le sait Aléa, elle ne peut monopoliser un homme aussi important qu'il ne l'est. Tu peux me parler, tu sais, Aléa. Tu peux tout me dire. Elle baisse les yeux, caresse distraitement son torse à travers le tissus, sans se douter des stigmates qui couvre son épiderme. Elle garde le silence, la belle, un temps, un temps seulement alors que ses orbes viennent à nouveau chercher celle de son adoré. Je sais. Je ne sais juste pas comment... J'ai juste envie d'oublier, Adonis. De tout oublier et de me sentir vivante... Et les larmes perlent, alors, elle roule les yeux au ciel avec cette désinvolture qui lui est propre, pour détourner le regard le temps que ses tourments ne s'apaisent.

Tu peux apprendre à le faire sans moi petit à petit. Du bout du doigt, la fille de saphire redessine les traits de son visage, sillonne avec douceur sa machoire, pour glisser contre sa nuque, suivre ses épaules. Elle redécouvre, à sa façon, s'approprie, le temps qu'elle peut, chaque parcelle de son être, concentrée, elle se laisse distraire par se toucher avant de laisser son regard revenir se plonger dans le sien. Je pourrais, mais mon corps se contenterait des nuits passées avec toi, jusqu'à ce que je m'épuise. Sa voix est douce, mesurée, une caresse chaleureuse qu'elle dispense, alors que ses doigts pianotent ses épaules. Je t'aime si fort. Des mots lâchés, abandonnés, des mots qui veulent tout dire, des mots qui trahissent l'étendue de son obsession pour le jeune roi. Elle se perd, s'accroche à la seule chose au monde qu'elle reconnaît : lui. Mais l'enfant sauvage est bien trop conscience qu'elle ne peut pas lui demander autant, parce qu'il est tout ce qu'elle a toujours aimé, elle l'aime, lui, pour tout ce qu'il est aujourd'hui, pour tout ce qu'elle avait toujours cru qu'il deviendrait... Elle s'en veut presque d'être devenue un poids mort, un boulet qu'il se traîne alors qu'il s'élève. Il se redresse, l'oblige à glisser contre ses cuisses. Elle accueille son torse contre son corps, se réfugie contre lui, laissant les doigts posées contre ses épaules glissées contre ses bras avec douceur, sans appuyé, pour ne pas réveiller la douleur des blessures qu'il avait échoppé de son propre enfermement. Il vient chercher son visage, pour mieux accrocher son regard. Elle s'y noie, la créature mêlée, submergée par l'émotion de telles confidences. Comment ça, de te sentir vivante ? Elle pince les lèvres, presque honteuse, les larmes au bord des yeux, elle se blottit un peu plus contre lui, ses mains faisant le chemin inverse jusqu'à ses épaules, pour mieux venir reconquérir sa nuque, se glisser dans ses cheveux. Je me sens vide. La voix se brise, s'écorche, aveux de sa propre défaite, de sa faiblesse. Son regard reste ancrer dans le sien, un ancrage à la réalité qu'elle ne cesse de fuir. J'ai besoin de ressentir tout plus fort... Pour ne pas que ce vide ne prenne trop de place... Sauf quand je suis avec toi, je redeviens presque celle que j'étais... Presque. Et sa voix se meurt dans un soupire, alors qu'elle fond sur lui, pour l'enfermer dans l'étreinte de ses bras, enfouir son visage dans le creux de son cou et disparaître.