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sometimes we lose our way // tobiane

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water nation
Anne-Marie Osanos
Anne-Marie Osanos
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‹ AGE : QUARANTE-SEPT; l'élixir introuvable, c'est le temps qui afflige son corps, la jeunesse n'est plus depuis longtemps déjà.
‹ STATUT : MARIEE; la déesse s'est détournée du kraken, fuyant sa folie et ses idéaux corrompus, elle ne l'a jamais aimé.
‹ SANG : ARGENT; insouciance de l'ichor, elle est vivante avant tout, à la sève vermeille et précieuse.
‹ POUVOIR : EAU GUERISON; fluides changeants, mais demeurant en son sein, elle se voit désormais bénie de la compassion faite pouvoir, permettant à la déesse de soigner les plus malheureux.
‹ METIER : MERE; le giron criant à l'absence de la progéniture, les jambes parcourant milles lieux pour les retrouver.
‹ ALLEGEANCE : ENFANTS; lula et hyppolite passeront avant tous, elle ne s'intéresse guère aux batailles de couronne et ne cherche que la paix d'antan.
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MessageSujet: sometimes we lose our way // tobiane sometimes we lose our way // tobiane EmptyDim 11 Mar 2018 - 16:02

because i knew that you'd get sick
of all the stupid things i did

« Le roi a écrit une lettre à sa sœur, la convoquant auprès de lui le plus rapidement possible. » La voix grésille à l’autre bout du combiné, l’amie parle et dévoile ses secrets : à cet instant, Tobias ne peut que se féliciter d’avoir gardé contact avec les habilleuses de son aimée. « Que sais-tu d’autre ? » Il parle de sa voix sombre, aussi noire que la nuit qui s’est emparée et de son esprit et de son cœur, mais l’ordre s’y dissimule, et l’amie n’a d’autres choix que d’obéir, même sans être sous l’influence du marionnettiste : l’assurance gagnée ces derniers mois lui sert bien. « Ariane a quitté ce matin Biogeriha, et se dirige vers Greenstall à l’heure où on parle, Tobias. » Un juron s’échappe d’entre ses lèvres, il peste l’homme, il ne s’y attendait pas : pas si vite, pas déjà. Sans même remercier l’informatrice, il raccroche le combiné, et coupe la liaison. Il se retourne, et fait face à l’Ira assise dans le canapé d’ocre, la moue pensive, le regard félin se posant sur la silhouette fluide. « J’ai un truc à faire, je te rejoins après. » Et il quitte la pièce, attrape son grand manteau sombre qu’il enfile sur ses épaules. Arrivé à la porte de la demeure investie, il se retourne vers la religieuse incandescente, et lui jette un simple « Amuse-toi bien, » destiné à inaugurer ses petits jeux avec les hôtes bâillonnés.

Les grandes villes d’Eartanera sont à des kilomètres, si ce n’est Greenstall, qui trône impérialement à l’horizon. La fumée noire a cessé d’assombrir le ciel depuis quelques jours déjà, mais il y a un air de changement, c’est une vision différente. Il sait, Tobias, ce qui a changé, ce qui n’est plus, ce qui demeure, et pourtant, il ne peut s’empêcher de ne pouvoir reconnaitre la ville familière, celle qui fut sa propre maison pendant quatorze longues années, celle qui abrita ses moments les plus heureux, celle qui protégea ses plus proches amis. Celle qui lui refuse désormais toute hospitalité, pour la simple raison que l’homme a suivi les conseils d’un frère et écouté les paroles de dieux. Il n’a pas tué : il a sacrifié. Il n’a pas fauté, il a réalisé les ordres divins. Et aujourd’hui, il ne peut mettre les pieds chez lui, sous peine d’être arrêté et de rejoindre ses parents dans l’au-delà. Alors il reste à distance, et observe de loin ce qu’on lui a enlevé. Dans ses pensées traverse le visage du frère, et l’inquiétude ronge l’endocarde : qu’est-il advenu de lui ? De ce Dieu vivant, lui murmurant les gestes à opérer, les chemins à suivre ? A-t-il péri, lui aussi, à l’instar de ce père tyrannique ? Se trouve-t-il dans les cachots froids de la forteresse, à attendre le jugement des traîtres vindicateurs ? Ou a-t-il réussi à fuir, quelque part, ailleurs ? D’entre ses lippes s’échappe une silencieuse prière destinée à l’Aïeule et sa clémence : que son frère soit sauf.

Planté au centre du chemin, de cette route emprunté par tous souhaitant se rendre à la capitale depuis les villes de l’Ouest, il attend. Le silence de la nature n’est troublé que par les chants innocents des oiseaux, et puis, enfin, le vrombissement attendu : la voiture apparait à l’horizon. Il ne bouge pas, l’homme, et reste campé sur ses positions, les pieds ancrés dans le sol, le regard fixé sur celle que la voiture transporte. Et les lèvres s’étirent, fleurissent de ce nouveau sourire qui est sien, carnassier, prédateur, une pointe de séduction s’y cachant également. La voiture ralentit, et s’arrête devant lui, les visages surpris de le trouver là, ici, en cet instant. « Ariane, chérie. » Et il sourit de plus belle, et son regard sombre s’éclaire de cette lueur malsaine, celle-là même laissée par la folie d’autrefois. « Quel plaisir de te revoir, j’espère que je t’ai manqué. » Il s’avance vers la voiture, dépasse les hommes armés ayant déjà dégainé leurs armes contre lui et sa présence sauvage, mais d’eux, il en fait fi : c’est elle qu’il veut voir. « Ecoute, j’avais besoin d’un peu de temps pour moi, pour réfléchir, pour me recentrer. » Enumération sommaire des évènements récents qu’il atténue tant que ça en serait risible, en d’autres temps. « Tout va mieux, tu n’as pas à t’en faire. » De nouveau, ce sourire qui fleure ses lèvres, et la voix s’adoucit, et il se veut tendre, il se veut adoré : il la veut. S’appuyant contre la portière derrière laquelle elle se cache, il se penche vers elle, si près, encore plus près, leurs visages se toucheraient presque. « Je suis de retour désormais, ma divine, et il est grand temps que nous reprenons là où nous nous étions arrêtés, tu ne penses pas, hm ? » La main se lève et vient attraper celle, délicate, de la reine légitime, de sa reine à lui, qu’il baise en plongeant ses iris en ceux d’Ariane. « Oublie donc cette lubie d’épouser le Wheatdrop, ça ne rime à rien. Il ne rime à rien. » Il n’a pas lâché la main, tout comme les orbes n’ont pas lâché les encriers, il la tient auprès de lui. « Reviens-moi, mon amour. » qu’il murmure entre l’émail de ses dents, de cette voix tendre qui était sienne autrefois, quelque peu tremblante, quelque peu mal assurée, et il pose la main de l’aimée sur sa joue à lui, fermant les yeux à ce contact imposé.
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Ariane Griffith
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‹ STATUT : à la fois fiancée à Elua Weathdrop - né d'un arrangement entre deux familles - et éprit d'un homme qu'elle aime d'un amour pure et sincère.
‹ SANG : reniée par sa propre famille, son sang reflète l'argent.
‹ POUVOIR : maître de la terre, son pouvoir a été altéré, elle maîtrise dorénavant le sable.
‹ METIER : héritière légitime du trône.
‹ ALLEGEANCE : à elle-même, ariane ne fait confiance à personne.
‹ ADIUTOR : seraya, sa plus belle moitié.
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MessageSujet: Re: sometimes we lose our way // tobiane sometimes we lose our way // tobiane EmptyMar 13 Mar 2018 - 1:54


dcmegriley@tumblr
[ here we go again, it's the game we love ]

Lorsqu'Ariane se réveilla le lendemain matin, il lui fallut plusieurs secondes pour se rappeler ce qui s'était passé. Elle eut alors le puéril espoir qu'il s'agissait d'un rêve, que son père était toujours là, qu'il n'était pas mort. Pourtant, en tournant la tête sur son oreiller, elle sut que c'était le cas. Les yeux larmoyants, elle se leva de son lit. Il est mort, songea Ariane. Elle dut se le répéter plusieurs fois, comme si cela pouvait atténuer le choc. Il est mort et il ne reviendra pas. C'était la vérité pure et simple, Ariane ne pouvait l'ignorer car, une fois qu'elle aurait quitté Biogherira, la réalité viendrait la rattraper et la frapper violemment. Elle avait envie de crier, de pleurer, de s’arracher le cœur pour qu’il arrête de saigner. Mais elle en était incapable, pas maintenant en tout cas.

En train de se brosser les cheveux, Ariane se retourna quand elle entendit quelqu'un toquer timidement à la porte, avant de voir le visage souriant de l'une de ses servantes apparaître. "Greta," Elle tenta de sourire à la femme qu'elle connaissait depuis sa tendre enfance et qui avait décidé de la suivre jusqu'à Biogherira, mais elle n'y arriva pas. "Tu arrives au bon moment, j'ai besoin d'aide pour me préparer." Elle gribouilla une lettre à l'attention de @Khora Shiroff pour l'informer qu'elle partirait rejoindre son frère et qu'elle aimerait la retrouver pour en parler. Elle suivit la servante, se laissant pomponner comme ça n'avait pas été le cas depuis une éternité. Cela lui permit de ne pas trop penser à la perte de son père et à la lettre que son frère lui avait écrite. Greta venait de poser un diadème ornée de fleurs dans ses cheveux quand tapotant nerveusement du pied contre le sol, Ariane se mordit la lèvre, son regard chocolaté brillant d'un subtil mélange de peur et d'angoisse. "Madame, je ne vous sens pas en forme pour assumer un tel voyage," Si seulement tu disais vrai, eut-elle envie de rétorquer, mais avant que les mots ne glissent d'entre ses lèvres pincées, la servante reprit déjà la parole d'un ton plus mielleux. "J'ai peur pour vous," avoua-t-elle enfin à demi-mot ce qui lui pesait tant. "Veuillez m'excuser, j'oublie ma place. Toutefois, si vous le permettez—peut-être vous devez m'écouter. Il a tué votre père. Il pourrait vous tuer aussi." Elle fit semblant de rien entendre. Ariane glissa son regard dans celui de son amie et ne dit rien. Si son frère devait la tuer... Elle dégagea cette pensée de son esprit. Elle effleura prudemment ses cheveux ramenés dans un chignon soigné, puis laissa ses mains retomber sur sa taille, marquée par le corsage de sa robe, d'un noir qui rappelait la nuit, parsemé de strass à l'image d'un ciel nocturne orné d'étoiles. "Greta, tu sais, ça me ferait plaisir que tu arrêtes de t'inquiéter pour moi. Tout ira bien, je t'en fais la promesse. Après tout, je suis sa soeur."

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Installée confortablement à l'arrière de la voiture, Ariane crut devenir folle. Cela faisait plusieurs heures qu'ils roulaient et qu'elle se sentait à l'étroit. Elle était si fatiguée et...  si  brisée. Elle venait de perdre son père et tout ce qu'elle s'apprêtait à faire, c'était de retrouver son frère. La lettre qu'il avait pris soin d'écrire lui avait déchiré le cœur. Elle était angoissée à l'idée de le retrouver. Atrocement angoissée. Et la simple idée de voir son frère l'effrayait. Plus qu'on ne pouvait l'imaginer. Parce qu'après tout ce qu'il avait fait, il restait son frère et que sa famille était sa priorité. Se redressant quand la voiture s'arrêta brusquement, Ariane glissa son regard vers la route qu'ils venaient d'emprunter et fronça légèrement les sourcils en voyant un grand brun leur couper la route. Elle aurait juré que son visage lui était familier, mais avant d'avoir l'opportunité de fouiller dans sa mémoire pour y trouver un indice, l'homme brisa le silence. "Ariane, chérie." Cette visite inattendue de sa part à l'attitude un peu trop désinvolte à son goût la prit au dépourvu, même si ce n'était rien à côté de ce qui l'attendait. "Oh non," souffla Ariane avec un air outré en entendant sa voix. Pas lui. Pas maintenant. Elle déglutit à l'entente de ses mots, ne sachant comment répondre. Bien sûr qu'il lui avait manqué. Et lorsqu'il entendit sa voix se rapprocher, elle comprit aussitôt son intention et cette simple pensée lui arracha un soupir. Elle était non seulement fatiguée par les évènements récents, mais aussi fatiguée par les belles paroles de Tobias. Lorsqu'il fut touché par le virus et qu'il s'était rétabli, il avait changé. Il n'était plus le même et voilà même qu'il se mettait à tuer des mutants dans l'unique but d'écouter sa religion. "(...) tout va mieux, tu n’as pas à t’en faire" Il était pathétique. Terriblement  pathétique. "Attends, je ne suis pas sûr que ce soit..." commença Ariane, hésitante, le regardant s'appuyer contre la portière, avant de pouvoir arriver à la fin de sa phrase. Elle ne put réprimer un grondement. " ...une bonne idée." Elle se mordilla la lèvre, tout en le détaillant du regard. Elle connaissait ce visage par cœur, du moins elle l’avait cru. Mais ces derniers temps, elle avait souvent l’impression de se retrouver face à un étranger. Et ça l’effrayait. Son visage était tellement près du sien qu'elle pouvait sentir son souffle. "Bon, ça suffit." rétorqua-t-elle dans un murmure, laissant son regard couler lentement jusqu’à ses lèvres. La tension était palpable, insupportable même et il aurait suffi d’un geste minime pour l’embrasser... Déglutissant, Ariane tenta de soutenir son regard sans se laisser déstabiliser par ce feu intolérable qui la consumait à cause de leur proximité. Attrapant sa main, il déposa ses lèvres sur sa peau tout en faisant attention de ne pas quitter le regard de sa bien aimée. "Tu ne peux pas dire ça... S'il te plaît." Sa voix plaintive se brisait dans les sanglots, ne devenant qu'un mince filet tremblotant tandis qu'Ariane se sentait défaillir. Le regard implorant avec lequel elle détaillait la silhouette floue de son  amant ne lui ressemblait pas. Tout comme cette sensation désagréable de ne tenir sur ses jambes cotonneuses que par un miracle de la nature qui menaçait de s'effacer brusquement. Elle allait sombrer. La jeune femme n'était pas assez forte pour supporter une telle discussion avec Tobias, du moins pas maintenant. Il avait bien trop d'ascendance sur elle et le moindre de ses mots la touchait au centuple. S'il avait été une goutte de pluie, elle s'y serait noyée. S'il avait été un rayon de soleil, il l'aurait consumée. Elle l'aimait. Trop. Trop fort. Et ça la dévastait. Tobias détenait sur elle le pouvoir mais ne se rendait pas encore compte de ce que ça signifiait réellement. Ariane ne faisait pas dans la demi-mesure. Jamais. Elle était capable de tout, du meilleur comme du pire. Elle ferma un instant les yeux, l'entendant lui supplier de quitter ce bon vieux Wheatdrop. "Arrêtes, Tobias, " admit-elle tout bas, ne voulant pas se faire entendre, sans détacher son regard du sien pendant qu’il glissait sa main sur sa joue. "Ce n'est pas le moment, je n'ai pas la tête à supporter tes enfantillages. Je dois rejoindre Adonis et-- lui parler," A peine consciente de ce qu’elle venait de dire, elle dégagea sa main de sa joue, agacée par la tournure des évènements. Il ne pouvait pas lui dire ça. Pas maintenant. Baissant instantanément la tête, la belle se sentait affreusement mal. Ariane n'était plus en mesure de réfléchir ou d'agir avec discernement. Dès qu'il était question de Tobias elle perdait totalement pied. Et la perte de son père n'arrangeait rien.
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MessageSujet: Re: sometimes we lose our way // tobiane sometimes we lose our way // tobiane EmptySam 28 Avr 2018 - 19:18

Elle était là. Face à lui. Des semaines qu’il ne l’avait pas vu, exilé de lui-même pour une quête divine - certains diraient sanguinaire. Il était parti, il l’avait laissée, mais il revenait à présent, et Tobias comptait bien reprendre tout ce qu’il avait laissé derrière lui, elle comprise. Surtout elle. Il avait ancré son regard sur son visage porcelaine, aussi délicat que dans ses souvenirs troublés, et s’avançait à pas de loups vers cette femme qu’il aimait éperdument, le sourire aussi prédateur que ses intentions. « Attends, je ne suis pas sûr que ce soit... » Hésitation et grondement vinrent troubler ses articulations - une attitude qu’il n’avait pas l’habitude de voir en elle. « ...une bonne idée. » finit-elle alors qu’il s’appuyait contre sa portière, se penchant à quelques centimètres de son visage. Qu’elle était belle, qu’elle sentait bon : elle était rose parmi les roses, mais la plus exquise de toutes. Leurs regards s’entrechoquèrent au milieu de ce jardin d’épines, et il lisait sur son visage la panique qui s’éprenait d’elle - il aurait dû avoir un mouvement de recul, de voir tant de peur sur la tête de sa douce, née de sa simple présence : il n’en fit rien. « Pas une bonne idée ? Voyons, Ariane, toi et moi savons mieux que ça. » Il sourit, l’affreux, fier de son comportement envers cette femme qu’il chérissait et aimait d’un amour si pur que même la corruption de son âme ne pouvait l’effacer. Mais elle ne semblait voir que le fanatique qu’il était devenu, que les transformations qui s’étaient opérées sous le coup de la folie. Mais Tobias était toujours le même, au fond : il était cette fleur recroquevillée sur elle-même, apeuré par ses propres pétales, qui s’était soudain décidé de s’épanouir et d’offrir au monde ses arômes véritables. Il sentait son regard sombre flancher alors qu’il plongeait ses iris aguari à l’intérieur de ses lacs sans fond. Il ne l’écouta pas mettre un terme à son comportement, et n’en profita que pour continuer son terrible jeu, embrassant le dos de sa main délicatement, comme il avait l’habitude de le faire autrefois, petit adiutor saluant l’héritière des régents d’Eartanera. Ses paroles s’envolaient, suaves et mielleuses, haut dans les airs, caressant le rouge de ses joues princières. « Tu ne peux pas dire ça... S'il te plaît. » De nouveau, le sourire colora ses traits sombres - il pouvait dire tout ce qu’il lui chantait, plus personne n’avait le pouvoir de l’en arrêter. Pas même les plaintes des tréfonds de sa gorge, ni les sanglots qui naissaient au bord de ses cils. Voilà simplement les preuves d’un bonheur retenu de retrouver l’amant perdu, il en était persuadé. Ce fut l’évocation du fiancé qui coupa leurs œillades, et ses articulations qui suivirent, doux souffles de litanie. « Arrêtes, Tobias, » commença-t-elle, coupée par le geste léger et galant qu’il esquissa - ses longs doigts sur sa joue pâle - « Ce n'est pas le moment, je n'ai pas la tête à supporter tes enfantillages. Je dois rejoindre Adonis et-- lui parler. » Il fut frappé par sa voix, qui se fit plus dure sur les dernières syllabes, par son geste de recul. Ainsi donc ne voulait-elle pas de lui. Ainsi donc n’avait-elle pas le temps pour lui. « Des enfantillages ? C’est ainsi que tu appelles ma tentative de reconquête ? » Il serra les dents, trahi par son comportement froid et distant. Lui qui avait tant parcouru pour la retrouver. Lui qui ne demandait qu’à la rejoindre, et à l’aimer comme il se devait. « Tu m’envoies déçu, Ariane. Moi qui espérais seulement te retrouver. » Il fit un pas en arrière, le regard mauvais, et pourtant quelque peu adouci à la vision de sa divine. « Te rappeler mon amour, à quel point je te suis dévoué. » Il se rapprocha de nouveau, dansant sur ses pieds, chancelant, hébété par les idées qui tournoyaient dans sa tête, par les mots qu’elle osait prononcer. Il ouvrit la portière, annihilant ainsi la dernière barrière qui les séparait l’un de l’autre (et sentit dans son dos les gardes se tendre face à ce geste d’invasion). « Mes promesses d’autrefois valent toujours — si seulement tu le veux. » Il lui tendit la main, dans un geste d’alliance, de soutien. Il était sien, encore, c’était tout simplement vrai. Il lui avait promis de la protéger et de la servir, jusqu’à son dernier jour, et vivait encore pour cette parole. « Mais soit, va donc retrouver ton frère. » Un soupir hoqueté s’échappa d’entre ses lippes, et la main retomba mollement contre son corps. Elle l’écartait de son chemin, le punissait pour ces dernières semaines passées loin d’elle, à dégainer sa lame contre la nuque de déviants. Trois pas en arrière furent esquissés, il s’éloignait, de nouveau, puisqu’elle ne voulait pas de lui. Puisqu’elle préférait retrouver ce frère parricide, ce frère qui leur avait tous tourné le dos, et qui n’hésiterait pas à planter une lame dans le cœur de Tobias la prochaine fois qu’ils se recroiseraient. « Oh, et s’il te plait, ne lui transmets pas mes amitiés. Je pense qu’il préférerait te voir revenir avec ma tête sur une pique. »
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MessageSujet: Re: sometimes we lose our way // tobiane sometimes we lose our way // tobiane EmptyDim 29 Avr 2018 - 22:46

Le revoir lui met un coup au cœur. Elle tente pourtant de ne rien montrer, de faire comme si cela ne la touche pas mais elle a du mal. C'est trop dur. Elle ferme un instant les yeux, l'entendant lui parler de son frère, qu'il aimerait certainement retrouver sa tête sur un pic. C'est la goutte de trop. Un instant, elle est tentée d'exploser comme jamais : pourquoi doivent-ils toujours se déchirer, l'un avec l'autre ? Pourquoi sont-ils incapable de ranger plus de quelques secondes leur immense fierté pour s'avouer ce qui crève pourtant les yeux ? Si la terre pouvait s'ouvrir juste sous ses pieds pour l'engloutir, cela l'aurait parfaitement arrangée car jamais encore elle ne s'est sentie aussi déchirer qu'aujourd'hui. Le sang d'Ariane se met à bouillir quand il commence à jouer avec ses nerfs. Parce qu'il est le seul à la déstabiliser avec autant de facilité. Pas vraiment prête à cette confrontation, elle lâche un soupir et descend de la voiture, tout en faisant attention aux pans de sa robe. Une fois à l'extérieur, elle claque la porte soudainement. Ariane sature. Elle n'en peut plus.  Jetant un rapide coup d'œil aux gardes qui se trouvent non loin d'eux, elle craque. "J'en ai assez !" déclare-t-elle en marchant brusquement vers lui, tandis que ses yeux incendient le visage de Tobias, qui parvient encore une fois à la faire sortir de ses gonds. Ariane se sent à la fois furibonde, prête à bondir et extrêmement lasse, comme si cette dispute qui n'a pas lieu d'être la vide de toute son énergie. Et les mots de Tobias, lui rongeant la cervelle. Les yeux fermement ancrés dans ceux de son amant, elle décide qu'il est temps pour eux de crever l’abcès. "Tu crois que tu peux revenir comme si rien ne s'était passé ? Comme si je n'avais jamais pleuré à cause de toi ? Comme si tu n'étais jamais parti ? C'est ça ?" La froideur dont elle vient de faire preuve face à Tobias est parfaitement contradictoire aux flammes qui la dévorent toujours. Déception, colère, tristesse, toutes ces émotions s’entremêlent dans une discorde totale. Elle n’en revient même pas de balancer ça, tout d’un coup, mais la colère qui monte en elle détruit toutes ses barrières. "Tu te prends pour qui, Tobias ?" tranche-t-elle d'un ton beaucoup plus ferme qu'elle ne le veut, tandis que ses yeux troubles s'ancrent profondément dans ceux de Tobias, s'y accrochant avec la force du désespoir. Elle tente de calmer ses tremblements mais c'est peine perdue. Le visage de Tobias traverse son esprit comme un bref éclair. Elle revoit son sourire. Et soudain, elle repense à leur premier baiser. Elle repense à la chaleur et l'amour qu'elle avait ressenti en serrant le jeune homme contre elle. "C'est trop facile de revenir comme ça, de nulle part," confesse-t-elle dans un nouveau souffle, n’osant pas rompre le contact visuel, même pour quelques secondes. Croisant les bras sur sa poitrine, Ariane ne lui laisse même pas une seule seconde avant d’entrer dans le vif du sujet. "En fait, je crois que je n'y arrive plus ! Je n'arrive pas à décrire ce que je ressens, j'ai seulement l'impression que tout est confus dans ma tête et dans mon coeur ! Parfois je me dis que je t'aime ! Parfois je me dis que je devrais passer à autre chose ! Et d'autres fois, il m'arrive de me dire que je devrais tout quitter et te rejoindre, parce que je n'ai plus rien à perdre... Il m'arrive encore d'aller me coucher en pensant à toi, comme il m'arrive de vouloir tout arrêter, d'étouffer tout espoir." avoue-t-elle alors que ses joues se mettent à rosir. Gênée par l'aveu. Gênée de se retrouver avec lui. Gênée de la situation. Il n'y a personne d'autre dans sa tête. Il n'y a que lui. Qui retourne son cœur. Qui retourne son âme. Qui retourne son être tout entier. Sa seule envie est qu'il la serre dans ses bras. Qu'il lui souffle à l'oreille que tout va bien aller. Qu'il lui promette de ne pas l'abandonner. Mais ça c'est trop dur. Ça c'est les mots imprononçables qui rongent sa chaire."J'ai l'impression qu'à chaque fois que je réussis à faire un pas, à t'oublier un peu, à faire en sorte que toutes mes pensées ne soient pas tourner vers toi, tu te retrouves à nouveau là. Avec tes belles paroles." Le regard implorant avec lequel elle détaille la silhouette floue de sa moitié ne lui ressemble pas. Elle se mure dans un silence. Elle n'ose pas continuer la discussion. Elle n'ose pas en dire plus. S'il la connait suffisamment, il devinera la suite. Son coeur est trop lourd et douloureux pour qu'elle puisse un jour le guérir de ses maux. Ca fait mal. Vraiment. Comme jamais. Ca la bouffe. C'est lent, douloureux et parfois, elle aurait aimé ne rien ressentir du tout plutôt que d'affronter ce mal-être que le seul prénom de Tobias évoque. Se reculant brusquement, la jeune femme croise les bras sur sa poitrine pour faire part de son mécontentement. Elle veut partir, être loin de lui même si ses pieds semblent pourtant ancrés sur le sol. "Et puis, Tobias, je vais me marier," Un épais silence s'installe. Au delà des questions qui se bousculent dans sa tête, elle sent son cœur serré dans sa poitrine. Quelle sensation horrible de le voir lui, ici, sans qu'elle ne puisse le toucher. Elle déglutit, les larmes roulant sur ses joues. Elle ne sait plus quoi faire. Elle est perdue. "J'en ai pas envie, ce n'est pas ce que--qu'on avait prévu," Parce que le seul avec qui elle a envie de lier sa vie à la sienne, c'est Tobias. Pas Elua.
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sometimes we lose our way // tobiane Vide
MessageSujet: Re: sometimes we lose our way // tobiane sometimes we lose our way // tobiane EmptyLun 30 Avr 2018 - 0:11

C’est lui qui s’est montré. Lui qui s’est approché. Qui s’est penché. Lui qui a ouvert la porte. C’est aussi lui qui est parti. Lui qui a changé. Lui qui a tout détruit. Mais lui qui veut réparer ses fautes. Lui qui veut s’expier de ses péchés. Lui qui veut reprendre leur histoire. Apprendre à aimer de nouveau.
Mais c’est elle qui descend de la voiture. Elle qui brise la distance. Elle qui hausse la voix, et qui hurle, et qui écrase chacune de ses articulations de ses petits poings serrés. « J’en ai assez ! » Elle fonce, la reine rosâtre, elle marche si rapidement que le vent soulève sa fine crinière. Et elle a le regard noir, si sombre que la nuit la craint, jalouse de cette obscurité ravageuse. « Tu crois que tu peux revenir comme si rien ne s'était passé ? Comme si je n'avais jamais pleuré à cause de toi ? Comme si tu n'étais jamais parti ? C'est ça ? » Elle est fureur, rage, incendie sur pattes. Et lui ne bouge pas, pas encore, hébété de la voir ainsi - parce que voilà la première fois qu’il la voit si colère, qu’il l’entend hausser la voix. Elle n’est plus rose, elle est ronces. Elle est terrible. Elle ne crie pas, et pourtant, les mots blessent tout autant ; lèchent les tympans du martyr de leur terrible fouet, saccadent et saturent de cette énergie folle qu’il a avivé. « Tu te prends pour qui, Tobias ? » Elle est proche, si proche qu’il remarque les veines qui s’agitent sur son front, et dans le creux de son cou, et ses sourcils qui se froncent, et ses iris qui tremblent d’un étrange mélange de désespoir et d’ire révoltée. Mais il sourit, Tobias, étire ses lèvres dans un soupir, et amorce les premiers pas pour la rejoindre. Il l’enveloppe de ses bras, attrape son visage délicatement plissé de ses grandes mains aux doigts fins, et plonge ses quinquets dans ceux de son aimée enragée. « Pour celui que tu dis aimer, et qui est venu te chercher. Te tirer de là. Ne va pas à Greenstall. Qui sait quel piège ton frère peut te tendre ? Il est celui qui a tué votre père, il ferait la même chose avec toi si tu menaces son règne. » Qu’il souffle, qu’il murmure, qu’il répand sur sa figure. Il en serait presque celui d’autrefois, la lovant ainsi contre lui - mais en lui battent toujours les palpitations du mal. Il l’embrasse de ses iris adoucies, cherche à la raisonner - qu’elle sera mieux avec lui, loin d’eux, loin de ceux qui ne peuvent voir sa juste valeur. « C'est trop facile de revenir comme ça, de nulle part, » qu’elle dit, dans une voix amère, brisant ainsi leur étreinte et fuyant loin de lui, sans pour autant abandonner les œillades échangées. Sans pour autant l’abandonner lui ? Mais si l’étreinte offerte semble l’avoir apaisée, cela ne dure qu’un temps, qu’un instant - un espace pour se remémorer ce qu’ils furent, brièvement, si brièvement. Voilà qu’elle poursuit sa fuite, et que la douceur s’efface, et que la rage reprend son trône, toute couronne fièrement portée. « En fait, je crois que je n'y arrive plus ! Je n'arrive pas à décrire ce que je ressens, j'ai seulement l'impression que tout est confus dans ma tête et dans mon coeur ! Parfois je me dis que je t'aime ! Parfois je me dis que je devrais passer à autre chose ! Et d'autres fois, il m'arrive de me dire que je devrais tout quitter et te rejoindre, parce que je n'ai plus rien à perdre... Il m'arrive encore d'aller me coucher en pensant à toi, comme il m'arrive de vouloir tout arrêter, d'étouffer tout espoir. » Il la regarde. Tout simplement : il la regarde. Il a perdu ses mots. Il a perdu sa prestance. Il a tout perdu, il l’a perdue, elle. Il ne bouge pas. Ne tente rien. Il reste planté là, à la voir s’énerver contre lui. Peut-être, qu’au fond de son cœur, dans les tréfonds de son palpitant, là où est emprisonné le souvenir de celui qu’il fut, réside une once de regrets. De culpabilité. De chagrin. Pour ce qu’il l’a fait, pour être parti, pour l’avoir laissé. Mais la voix, la voix en lui, cette nouvelle voix qui le guide et le prend par la main, lui souffle délicatement que c’est faux. Qu’il n’a pas à regretter. Que c’est ce qu’il fallait faire. Que c’est ce que les dieux voulaient, au fond. Et que si les dieux le veulent, ils se retrouveront - la preuve, les voilà aujourd’hui sur le même chemin. « J'ai l'impression qu'à chaque fois que je réussis à faire un pas, à t'oublier un peu, à faire en sorte que toutes mes pensées ne soient pas tourner vers toi, tu te retrouves à nouveau là. Avec tes belles paroles. » Elle lui cracherait dessus, que ça serait pareil. Elle lui trouerait un trou dans la poitrine, que ça serait pareil. Et il a envie de s’en vouloir. Il veut regretter. Mais la voix persiste, et ronge les belles envies de son venin serpentin. Il n’a pas bougé, pas encore. Il sait que tous le regarde, que tous pensent de lui. Il les entend, il ne veut pas mais leurs pensées cognent contre son front. Lui ne veut entendre qu’Ariane, qu’elle et qu’elle, que sa belle voix qui lui dit à quel point elle l’aime. A quel point il lui a manqué. A quel point elle le veut à ses côtés. « Et puis, Tobias, je vais me marier. » C’est là la flèche qui l’abat, ou le réveille enfin. C’est le tremblement, la révélation qui détruit tout. Ses yeux s’arrondissent, peut-être même que ses lèvres s’entrouvrent, il ne saurait dire. Parce qu’il n’entend plus que ça, ça résonne dans ses tempes, ça frappe son front. Il se demande pourtant s’il a bien entendu, s’il n’a pas rêvé. Mais non, le regard qu’elle lui lance confirme ses peurs. Elle va se marier. Il le savait. Il s’y attendait. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’en être brisé. Parce que les grands de ce monde vont lui ravir la seule femme qu’il aime. La seule bonté dans sa vie. « J'en ai pas envie, ce n'est pas ce que--qu'on avait prévu. » Elle pleure, semble-t-il. Il ne sait pas. Il voit plus. Il ne voit plus vraiment, à vrai dire, parce qu’il ne sait pas où regarder. Alors il la regarde elle, il tente de s’y raccrocher. Il tremble. Il a peur. Peur de la perdre. Peur de ne plus pouvoir l’aimer. « Attends-moi, Ariane. » Il se précipite, l’enlace de nouveau. C’est pas comme avant. C’est différent. C’est pur. C’est honnête. « Va voir ton frère, s’il le faut. Mais ne me tourne pas le dos. » Il caresse sa tête, repousse ses mèches rebelles, les coince derrière ses oreilles, entre ses doigts tremblants. Et il dépose ses lèvres contre les siennes, il l’embrasse, vigoureux. Craintif. Il vacille, frémit. Il se raccroche à elle, plante ses doigts dans son crâne. C’est une promesse. Un acte d’amour, de sa bonne foi. Il l’aime, il pourrait lui avouer éternellement. « Je reviendrai, je ne t’abandonne pas. » Trop de temps a été perdu, il n’y en a plus. C’est maintenant. Et pourtant, il la lâche, et il tourne les talons. Il part, sur le même chemin duquel il vient. Son grand manteau vole derrière lui. Il se retourne, une derrière fois. Il a un sourire triste sur les lèvres. « Attends-moi. »
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