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Difficile d'être un Oshun, il est vrai que de naître avec un tel nom de famille n'est pas facile à porter. Sans doute à cause de l'importance que cela représente. Une famille qui possède le sang bleu, le sang royal, incroyable non ? De plus être le petit dernier, être chouchouté c'est également plutôt jouissif non ? Chouchouté ? Dans la famille Oshun, ce mot ne peut exister. Titus Oshun, dernier enfant, fis d'une branche mineure. En vérité son destin était tracé, se marier avec une jeune fille, prendre son nom et ne pas devenir très important. Pourtant le destin peut parfois être fourbe et vile, décider de prendre des chemins différents pour faire surmonter des épreuves que l'on a pas demandé. C'est un peu ça la vie de Titus Oshun. Le jeune garçon a toujours eu cette impression de ne pas être membre de cette famille, de ne pas appartenir à tout cela. Très jeune déjà il avait remarqué l'hypocrisie de sa famille. Les regards qui étaient échangés, ce sentiment étrange que tout était faux, tout était dans le paraître. Mais après tout ce n'était qu'un gosse, pour se soucier de ça ? Fils d'un père peu démonstratif, il est vrai qu'il n'a jamais pu grandir dans une atmosphère d'amour et de paix. Peut-être que ça aurait pu lui forger un caractère plus dur, lui forger une carapace pour qu'il puisse affronter le monde, mais ce fut l'inverse. La première fois que le monde fut cruel avec lui c'était lorsqu'il avait six ans. L'innocence toujours présente dans la bouche d'un enfant qui ne pensait pas dire de mal en prononçant cette phrase. Père, penses-tu qu'un jour je vais pouvoir devenir un maître de l'eau ? Question qui n'aura jamais aucune réponse. La correction a été violente, peut-être même un peu trop pour un gosse qui avait vraiment l'envie de contrôler l'élément de l'eau. Mais non, il ne pouvait contrôler que le feu. Parce que c'était ainsi, le destin était ainsi fait.

Peut-être que cet événement aurait pu forger le jeune garçon ? Mais non. L'innocence toujours présente, la rougeur des joues face à des gens dont il ne connaissait pas le prénom. Une timidité toujours visible qui faisait craquer les nobles qu'il voyait. Déjà à l'époque on l'utilisait, on se servait de lui sans qu'on s'en rende vraiment compte. L'attendrissant petit garçon. C'est également à cet âge qu'il fit une découverte. La passion e monter à cheval, de découvrir Tybalt, galopant au vent avec lui. C'était là où il se sentait libre, il n'était plus un Oshun. Juste un petit garçon qui s'amusait pleinement. Le temps passa encore et encore, sans qu'aucune carapace se forme. La fragilité toujours perceptible chez ce jeune homme qui croyait vraiment en la nature humaine. Que tu es naïf jeune enfant. L'homme n'est pas bon, lorsqu'il s'agit de pouvoir, il détruit, pille, dévoile de sombres facettes, mais la bonté ce n'est qu'une utopie. Titus ne le sait pas lui. Enfin il est rentré à l'académie, à l'époque il était tout content à l'idée d'apprendre, de contrôler son élément qui se manifestait de plus en plus. Pourtant il n'osait pas l'utiliser, blesser quelqu'un ou même se blesser cela lui faisait peur. L'utilisant avec utilité, contrôle, ce qui n'était pas propre à un maître du feu. Normalement l'émotion devrait le submerger et il devrait se libérer, mais non. L'élève n'était ni mauvais, ni excellent. Au dessus de la moyenne c'est vrai, mais il manquait cette chose pour qu'il impressionne. Dans l'académie il était ce fantôme qui rasait les murs. Des amis il en avait, des opportunistes généralement qui étaient présents que pour se frayer un chemin vers le pouvoir encore une fois. Les enfants de son âge avaient déjà des ambitions, alors que lui non.

Titus le rencontra, ce sang-mêlé si brillant. Deux années de plus qu'il avait. Lorsqu'il venait lui parler, Titus rougissait et sa timidité resurgissait. Un contact physique et alors on perdait le maître du feu qui s'embrasait totalement. C'est sans doute doute à ce moment qu'il a su qu'il était attiré par les hommes. Non en vérité il l'a toujours su, mais c'est à ce moment là. Alors qu'il n'avait que quatorze ans, que son coeur a fait un bon, qu'il a commencé à avoir l'esprit rêveur et romantique. Un peu trop cliché c'est vrai, mais Titus est en vérité le cliché de l'innocence à lui tout seul. Candide est sans doute sa réincarnation, en espérant que l'histoire ne se termine pas comme dans celle du conte de Voltaire. Charismatique, le meilleur, au fond de lui Titus espère que cet homme qu'il admirait pourrait être relié à lui. Mais il savait que c'était impossible. Amoureux, c'est à l'âge de seize ans qu'il a dit Je t'aime. Un je t'aime sincère, touchant et beau. Pourtant celui qui se tenait en face de lui a adressé un sourire légèrement moqueur que Titus n'a pas cherché à comprendre. Un amour qui n'était pas réciproque, pourtant Titus le pensait, il l'espérait au fond de lui. Et lorsqu'il a quitté l'académie, le petit dernier de la lignée n'a plus jamais entendu parlé de ce sang-mêlé. Le trou béant dans la poitrine, le chagrin d'amour qui n'en finit plus. Le cliché à nouveau d'écouter du classique en déprimant dans sa chambre encore et encore, se plongeant dans un mutisme dont personne n'a pu lui sortir pendant quasiment un mois. La vie a alors continué, lorsqu'il rencontrait une vague, il la surmontait calmement, sans la moindre passion. Puis le bateau reprenait sa route comme si de rien était, son caractère ne changea pas, il était toujours le même. L'académie terminé, le lien désormais échangé. La vie pouvait commencer, mais pas vraiment. Puisqu'il pouvait devenir cavalier, vivre de sa passion et briller, il a décidé de faire cela. Même si ce n'était pas forcément digne d'un Oshun, cela pourrait convenir pendant trois années tout au plus. Après lui-même n'était pas totalement stupide et savait qu'il allait devoir prendre le chemin du devoir. Les fiançailles sont d'ailleurs proches, il essaye d'écouter les murmures, les rumeurs, malheureusement il n'y arrive pas. Pour écouter aux portes il n'est pas assez bon pour ça. L'ignorant gentil, sans doute condamné à rester comme cela toute sa vie.