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Spoiler:

Les rires s'élèvent. La complicité s'éveille dans les regards. Prisonnière de la scène, la gamine n'a pas d'autre choix que d'observer les deux silhouettes s'éloigner d'elle. Les émotions vibrent en elle avec une fureur extrême. Trop intense pour une simple enfant qui ne saisit pas bien la jalousie qui éprend son coeur avec un peu trop de force. Elle est sans doute trop jeune, trop naïve pour comprendre que ce n'est pas normal d'éprouver une telle haine pour ceux qui approchent son frère. Ses parents mettent ça sur le compte du lien qui l'unit avec lui. Des jumeaux. La petite en rirait presque. Elle reste là, assise dans l'ombre de l'amitié grandissante de Nathan et d'Isaure. La solitude n'a jamais été aussi douloureuse. L'incompréhension se dessine sur son visage. Il l'abandonne tellement facilement. Pour elle. Isaure. Avec elle, Hestia n'est qu'un souvenir. Une image aussi fugace que superficielle. Les dents serrées, l'enfant se lève maladroitement et suit l'éclat des rires qui jaillit dans l'enceinte du palais. La vision qu'elle arrache à leur intimité la laisse amère. Elle les observe pendant de longues minutes avant de sentir une présence à ses côtés. Ses prunelles restent fixées sur son frère et Isaure. Une myriade de sentiments divers défile en elle. Tous aussi confus les uns que les autres. « En les voyant ainsi, on a l'impression qu'ils sont bien plus liés tous les deux qu'avec leur propre sang. » La gamine détourne son regard du spectacle horrifiant qui se déroule devant elle pour le poser sur la silhouette familière qui se tient avec elle dans l'ombre. Cal. Un sourire vient étirer ses lippes contrariées. Elle est soulagée, Hestia. Cal est le seul à pouvoir la comprendre. Lui, le jumeau d'Isaure qui voit sa soeur nouer un lien aussi fort avec un autre. Elle hausse les épaules, à la fois par lassitude et par impuissance. La gamine ne peut pas enfermer Nathan. Elle ne peut pas l'empêcher de vivre sa vie, même si cela inclut de la vivre avec d'autres qu'elle. La tristesse s'invite dans la lueur de ses iris tandis qu'elle accepte la main tendue par Cal. Un geste anodin qui emplit ses poumons d'air et qui guérit ses maux. Juste un moment. Elle s'éloigne de son double et de la souffrance que sa proximité avec Isaure lui procure. Elle ne veut pas mettre de mots sur cette possessivité qui tort ses entrailles. Le silence s'installe, préambule bienvenu. Ses doigts se détachent de ceux du prince tandis qu'elle se laisse tomber sur le banc en marbre dissimulé par les ombres et la végétation. « Je me demande pourquoi elle compte tant pour lui. » C'est absurde. Immature. La gamine est encore bercée par l'enfance. Ce n'est là que jalousie infantile. Hestia baisse les yeux. Cette jalousie, elle la partage avec Cal qui se montre hostile envers Nathan. Un paradoxe qui pourrait la faire sourire dans d'autres circonstances. Si Nathan et Isaure ont trouvé en eux des âmes soeurs, Hestia a trouvé un frère en Cal. L'ironie la frappe toujours dès qu'elle se trouve en sa compagnie. Nathan est son frère jumeau et c'est pourtant bien Cal qu'elle considère le plus comme un frère. Contrairement à son jumeau, il n'y a pourtant aucune étincelle et aucune alchimie entre eux. Juste une amitié indéfectible et un attachement sans faille. La gamine pose sa tête sur l'épaule de Cal, toujours aussi silencieux. Ils se comprennent même s'ils ne partagent pas la même vie et le même fardeau. Lui le prince héritier et elle la petite bronze sans la moindre valeur. Son patronyme est peut-être prestigieux dans la nation du feu mais il n'est lié qu'à la famille impériale. Les minutes s'écoulent, le temps semble s'arrêter. « Oublie les. » C'est simple comme solution. Efficace. Si seulement la gamine pouvait fermer les yeux et les chasser de son esprit. Elle tente pourtant. L'espace d'une minute, elle ne pense plus à Nathan et à Isaure. Elle se rattache à l'odeur de Cal, son épaule contre sa tempe et son souffle chaud contre sa peau. Elle s'ancre à la réalité et au présent. A la présence de ce frère qui ne partage pas son sang.


Les yeux fixés sur les lettres qui s'étendent devant elle, Hestia met un point d'honneur à ignorer toute présence à proximité d'elle. Cela fait des jours qu'elle enrage. Des jours qu'elle serre les dents en pensant à ses fiançailles arrangées et à son coup d'éclat. Son père l'ignore tout autant, déçu par l'attitude de sa fille. Tout Grimsrud sait qu'elle est la rebelle de la famille. Le mauvais petit canard. Tous ignorent qu'elle aide la résistance. Petite espionne docile qui rêve naïvement à plus d'égalité entre maîtres. Ancienne bronze devenue argent qui trouve qu'il y a encore trop d'injustice entre les rangs. Les amis d'autrefois sont devenus inférieurs. Comme ça. Le même liquide carmin coule dans leurs veines et ils sont devenus supérieurs aux autres juste par ordre impérial. Elle est écoeurée, Hestia. C'est contre cette inégalité qu'elle se bat. Elle ne veut pas renverser l'empire même s'il en est la cause. Elle ne veut pas s'opposer à Cal même si elle le fait indirectement. Elle perd le fil du temps et bientôt, elle est seule dans le grand salon. Hestia laisse échapper un soupir de soulagement. Un soulagement de courte durée puisque des pas se dirigent déjà vers elle. Elle n'a pas besoin de lever les yeux pour devenir qu'il s'agit de Nathan. Hestia fait abstraction de sa présence, ce qui a le don de le mettre encore plus en colère. « Tu comptes vraiment faire ça ? M'ignorer ? » Pour seule réponse, la belle se lève avec les parchemins entre ses doigts. Elle contourne son frère comme s'il n'était qu'une ombre. Leur dernière dispute hante encore l'esprit de la jeune femme. Comme toujours, elle ne lui a pas pardonné. Pas encore. C'est un cycle infernal. La tendresse, la dispute, la distance et les excuses. Toujours le même refrain. Toujours la même véhémence. Une tension permanente qui les ronge. Une attirance inavouée qui engendre des éclats de colère et des disputes toujours plus importantes. Parce qu'ils sont frère et soeur. Parce que ce n'est pas bien de ressentir un tel amour pour son double. Elle y pense constamment, Hestia. C'est sans doute pourquoi les instants d'affection disparaissent au profit des querelles. Pourquoi l'amour s'efface au profit de la distance et du rejet. Parce que c'est plus facile de repousser l'autre que d'assumer l'interdit. Une main la retient par le poignet. Le contact est brûlant. Hestia dégage son poignet d'un geste brusque. « Laisse tomber, Nate. » L'avertissement est clair. Son désarroi se lit sur son visage. Elle se rappelle sans cesse de ses mots et de son expression quand elle a refusé les fiançailles organisées pour elle. Elle ne peut s'empêcher de penser que rien de tout cela ne serait arrivé si elle était restée une modeste bronze. Les dents serrées, la belle tourne le dos à Nathan et essaie de s'échapper mais il ne lui en laisse pas l'occasion. Imbécile. L'espace d'un instant, elle ne réalise pas tout à fait ce qui se passe. L'étrange chaleur au creux de ses lèvres. Ses mains autour de son visage. C'est si fugace et si rapide qu'elle a à peine le temps de cligner des yeux pour le sentir partir. Elle reste choquée. Immobile. Les parchemins se sont éparpillés sur le sol autour d'elle. La gêne s'est emparée d'elle, tout comme la peur. Une barrière est tombée. Quelque chose s'est définitivement brisé entre eux. Rien ne pourra redevenir comme avant. Pas après ça. Il y a la colère aussi. La rage qu'elle éprouve envers elle-même et Nate. La honte d'éprouver une telle attirance pour son propre frère jumeau. Il y a une infime émotion qui habite son coeur. Trop sombre et petite pour la distinguer. Mais elle est bien là. La satisfaction qui fait vibrer son coeur. La joie. Cela ne fait que renforcer sa haine et sa colère. Parce qu'elle sait que ce n'est pas possible. Ça la rend d'autant plus furieuse.


C'est le fracas des pas et des portes qui s'ouvrent qui alerte la jeune femme. Assise près de sa jeune soeur, Hazel, elle fronce les sourcils en entendant des éclats de voix résonner près du grand salon. Un mauvais pressentiment s'agite dans ses entrailles. La peur la paralyse alors qu'elle voit l'impossible se produire. Des soldats font irruption et ils dardent sur elle un regard implacable. Elle sait, Hestia. Elle sait alors que c'est la fin. Son père s'interpose, outré par les accusations portées contre sa fille. Hestia est certes peu obéissante mais elle n'est pas une traîtresse. La gamine ne baisse pas les yeux mais elle sent son palpitant se serrer. Elle est navrée pour son paternel alors qu'elle ne le porte pas tant que ça dans son coeur. Sa mère sanglote en silence tandis que tous observent Hestia se lever et tendre les poignets sans la moindre résistance. C'est le choc. L'incompréhension. Elle ose à peine adresser un regard à son frère, prostré dans un coin. Elle ne lui a pas reparlé depuis ce qui s'est passé. Elle se refuse à le regarder dans les yeux. Elle est presque peinée de penser qu'il emportera ce dernier souvenir d'elle. Hestia n'est pas naïve. Elle sait ce qui attend les traîtres. Elle se demande comment ils ont fait pour la débusquer mais elle s'en fout. Elle ne peut rien y faire. Nier serait inutile puisqu'elle serait tout de même condamnée. Le silence est étourdissant. Les expressions insultantes pour la jeune femme. Son dernier regard va à Hazel. Sa jeune soeur qu'elle aime tant et qu'elle sait désormais en danger. Elle ne peut plus la protéger de leur frère. De Doran qui la regarde en souriant. Elle a tant de regrets. Tant de choses à faire encore qu'elle voudrait supplier et demander la clémence. Il n'y a aucune pitié pour les traîtres et les résistants. Le chemin se déroule dans un brouillard constant. Hestia se demande parfois si c'est un cauchemar ou bien la réalité. Le pire, c'est que c'est lui qui l'accueille à la prison. Loras. Son prénom s'étrangle dans sa gorge tandis qu'on lui passe les fers et qu'on la jette dans une cellule sans la moindre compassion. Elle tend la main pour l'atteindre à travers les barreaux mais ses doigts se referment sur le vide. Elle n'a le droit à aucun regard, aucun mot. Juste de la déception. Etrangement, elle est bien plus blessée par la réaction de Loras que par celle de son propre père. Loras a toujours été ce qui se rapprochait le plus d'une figure paternelle. Elle baisse les yeux sur la poussière qui jonche le sol et les ombres noires qui s'étendent dans sa cellule. Elle ne comprend pas Hestia. Elle a du mal à saisir comment elle a pu se retrouver là en si peu de temps. Comment elle a pu passer de la demeure familiale à la prison. Comment elle a pu passer de Hestia Grimsrud à Hestia la traîtresse. Un garde vient bientôt la chercher. Elle est déçue que ce ne soit pas Loras. Elle ne le voit nulle part quand on la conduit devant un juge. Une silhouette en haillons attire son attention. Un résistant. Elle ne se rappelle plus de son nom ni même de son attribution mais elle sait. Il la pointe du doigt en acquiesçant et la sentence tombe, sans même qu'on l'entende. Sans même lui donner la chance de se défendre. Elle proteste mais personne n'écoute. Elle est reconduite à sa cellule, choquée. La peine retentit encore et encore dans son esprit. La mort. Ils veulent faire d'elle un exemple. L'argent qui trahit punit par la loi. Les sanglots déchirent le silence. L'air a du mal à emplir ses poumons. L'angoisse la ronge, heure après heure. Elle perd la notion du temps. Elle sait que tout ce qui l'attend à la fin, c'est la mort.


Elle fixe les barreaux d'un air morne. La saleté imbibe sa peau. Son visage est plus émacié qu'avant et des cernes viennent assombrir son regard. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'attente interminable la rend folle. La perspective de perdre la vie la fait trembler, bien plus que les sanglots qui l'ébranlent. Elle refuse tout ce qu'on lui donne. Personne n'ose s'aventurer près de sa cellule. Elle a tout perdu Hestia. Tout. Elle contemple le vide pendant des jours et des jours. Comme toujours, elle retient son souffle dès qu'elle entend un soldat s'approcher de sa cellule. Cette fois-ci, elle sait que l'attente est arrivée à son terme. Elle peine à se lever et c'est des bras familiers qui l'entourent. Elle pourrait sourire en voyant Loras mais elle est bien trop triste et faible pour le saluer. Il doit sûrement la haïr. Elle ne tient pas sur ses jambes. Elle grimace à chaque pas mais elle essaie de ne rien montrer. La lumière agresse ses iris habitués à la pénombre. La scène est trop irréaliste pour que ce soit la réalité. Une jeune femme se tient devant le juge, à genoux et en pleurs. Son frère se tient dans la foule avec son ami Achille. Le juge l'observe avec un air indéchiffrable. « Il semblerait que les accusations vous concernant étaient fausses, Mademoiselle Grimsrud. » Hestia croit à une plaisanterie. A une cruelle supercherie avant de lui porter le coup fatal. Elle pose ses yeux sur la jeune femme tremblante qui supplie le juge. Elle ne comprend pas ce qu'on lui reproche. « A en croire, cette jeune fille, ce n'était qu'un coup monté censé tuer un argent innocent. » Le juge fronce les sourcils, peu convaincu par le complot qui semble avoir été destiné contre Hestia. La Grimsrud fixe avec toujours autant d'insistance la jeune fille. Elle craint désormais ce qui va se passer. L'impossible machination qui a été créée pour la libérer et lui sauver la vie. Elle refuse d'adresser à Nathan la moindre attention. Si ce qu'elle pressent est vrai, elle va lui en vouloir. « Monsieur Vasara s'est porté témoin de moralité. Il confirme même que cette jeune bronze fait partie de la résistance et qu'il l'a débusqué après votre arrestation avec l'aide de Monsieur Grimsrud. » Elle en a le souffle coupé. La bronze hurle tandis qu'on lui passe les menottes aux poignets. Il est trop tard pour elle. Hestia se demande comment son frère et son ami ont fait pour la convaincre d'agir ainsi. Savait-elle ce qui l'attendait ? Ses propres fers lui sont enlevés. On la déclare innocentée de tout crime mais la suspicion demeure encore dans les regards. Si elle a gardé sa vie, elle a perdu son statut et son rang. Même si elle demeure une Grimsrud, une argent, elle est désormais celle qui a été accusée de traîtrise. Loras l'observe avec les sourcils foncés. Il doit se poser la même question que le juge. Est-elle vraiment innocente ? Non. Plus maintenant. Ses actes ont conduit une jeune bronze innocente à une mort certaine. Les dents serrées, on la laisse quitter la prison librement. Hestia passe devant son frère et le Vasara sans même les saluer. Elle se rue à l'extérieur où l'air frais l'entoure. Elle se sent revivre même si elle est brisée de l'intérieur. Le retour à la demeure familiale se fait dans un silence de mort. Personne ne l'accueille chez elle. Hazel est partie. Ses parents refusent de la voir. Les autres les imitent probablement. Il ne reste que Nathan à qui elle refuse toujours de parler. Ce n'est qu'une fois plongée dans l'eau chaude qu'elle s'autorise enfin à éclater en sanglots.


Elle n'ose presque plus sortir, Hestia. Elle ne supporte plus les regards insistants et les murmures persistants. Elle a été innocentée mais personne n'ose s'approcher d'elle désormais. Ses fiançailles ont été annulées. Un soulagement malvenu. Elle s'isole de jour en jour. Elle n'a plus aucun contrôle sur sa vie. Cal ne veut plus la voir. Loras ne lui adresse presque plus la parole. La distance se creuse chaque jour davantage avec sa famille et surtout Nathan. La peste s'acharne sur son frère et sur son ami, Vasara. Elle se dispute avec lui parce que c'est plus simple que de revenir sur ce qui s'est passé. Elle lui reproche d'avoir faire accuser une bronze à sa place même si elle lui doit la vie. C'est sans doute ce dernier point qui la rend aussi furieuse. Le Vasara a le droit à une punition moins sévère. Il n'est qu'un pion dans son but d'embêter Nathan. Elle le cajole, le séduit juste pour l'enrager lui. La seule qu'elle veut vraiment punir, c'est elle. Elle accueille chaque remarque de son père, chaque surveillance de sa famille et chaque moqueries des autres. Elle le mérite. Officiellement, elle est innocentée mais elle était bien coupable de ce qu'on lui reprochait. Hestia a rompu tout lien avec la résistance, écoeurée par ce mouvement auquel elle croyait. Elle est perdue. Elle ne sait plus à qui se fier, ni en quoi mettre sa foi. Sa notion du bien et du mal a été remise en question depuis sa sortie de prison. Le regard perdu dans l'horizon qu'elle peut apercevoir de sa fenêtre, Hestia se lève, décidée à prendre en main sa vie. Elle passe comme toujours devant l'homme de son père, placé à la porte de sa chambre. Il s'éclipse pour reporter sa volonté de sortir à son paternel. Elle ne peut pas lui en vouloir. Erik Grimsrud débarque à l'instant même où elle pose sa main sur la poignée de la porte. « Et où comptes-tu aller comme ça ? » Le visage dénué d'expression, Hestia tourne la tête en direction de son père accompagné de son homme de main qui baisse les yeux sous le poids de son regard.« Au palais. Je vais demander à Isaure Oshun de me reprendre à son service. » Un rire moqueur s'échapper de ses lippes. « Parce que tu as la bêtise de penser qu'elle te reprendrait ? Alors même que tu sors de prison pour traîtrise ? Pauvre folle. » Il lui fait signe de partir et Hestia ne se gêne pas pour claquer la porte derrière elle. Elle entend encore le mécontentement de son père jaillir alors qu'elle s'éloigne. Elle ne dissimule pas son visage. Plus elle approche du palais et plus on se montre froid et méfiant envers elle. Tous savent que Cal Oshun s'est éloigné d'elle. Tous savent qu'elle sort de prison après qu'une bronze ait pris sa place. Hestia garde ses prunelles fixées devant elle. Elle connaît le dédale du palais par coeur et elle arrive devant les appartements de la princesse avec rapidité même si des gardes l'escortent. Des gardes qui sont vite mis à la porte par Isaure qui l'invite à entrer. L'intérieur n'a pas changé. Hestia y a passé des heures entières en tant que dame de compagnie. Un poste qui lui a été enlevé dès son emprisonnent. Une place qu'elle compte bien regagner. Elle s'incline respectueusement mais c'est la Oshun qui rompt le silence la première. « Pourquoi es-tu venue ? » Hestia l'observe sans la moindre gêne. Isaure est la princesse. La soeur jumelle de Cal. L'amie de Nathan. Elle est beaucoup de choses mais en cet instant, c'est bien à la princesse qu'elle parle. « Je viens vous demander de me reprendre à votre service en tant que dame de compagnie. » Elle s'attend à un rire ou à une moquerie mais seul le silence lui répond. La Oshun l'observe sans montrer la moindre émotion. « Et pourquoi devrais-je te reprendre alors que tu sors de prison ? Comment puis-je savoir que tu n'es pas vraiment une traîtresse alors que c'est ton frère qui s'est assuré de te faire sortir ? » Elle n'est pas surprise que Isaure sache pour le stratagème de son frère. Elle n'a aucune réponse à cela. Aucun gage et aucune preuve pour retrouver la confiance perdue. « Je peux vous assurer que je ne fraye pas avec la résistance. » Plus maintenant. « Même si ma parole ne vaut plus rien aujourd'hui. » Elle s'attend à un refus. A un énième rejet. « Je peux te reprendre à une condition.  » Hestia plante ses prunelles dans le regard de la princesse. Elle est plus étonnée qu'inquiète. « C'est en moi que je veux tu places ton allégeance et en personne d'autre. » Le prix est élevé. Hestia est bien trop égarée pour peser le pour et le contre. Elle ne sait plus qui croire, que faire. La volonté de retrouver un semblant de vie est sans doute plus forte que l'incertitude. Hestia s'incline une nouvelle fois en signe d'assentiment, perplexe quant à son avenir.