anecdote 01 ‹ son père est un natif de la nation du feu, détenteur de l'élément feu. sa mère était l'une des rares mêlés oranges, capable de lire dans l'esprit d'autrui et d'y mélanger pensées et souvenirs. pour autant, elle n'avait rien d'une manipulatrice. son caractère était tendre, son instinct maternel très fort. elle a supporté le caractère violent de son amant de maitre un long moment, se faisant à ses jeux sexuels malsains dans lesquels il la frappait, cherchant à y trouver son plaisir. les choses ont changé lorsqu'elle s'est retrouvée enceinte. prenant conscience que cet homme serait néfaste pour elle et son bébé, elle a pris la fuite avec gail lorsque la petite a eu deux ans. le père avait déjà levé la main trop de fois sur elle, et les paroles douces et apaisantes que la mère murmurait par télépathie à sa petite ne suffisaient pas à calmer la terreur de l'enfant. installée et bien cachée avec sa mère à launondie, gail a enfin pu mener une vie normale. cette expérience très négative et violente du père joue beaucoup dans sa psychologie de femme et son rapport aux hommes. dans un réflexe u peu oedipien, elle est attirée par les hommes aux allures guerrières, qui n'ont pas peur de la violence. mais elle fuit la brutalité gratuite dont certains font preuve. voir sa mère être battue par son père ne l'a pas rendue pour autant pourfendeuse de la cause féminine : chacun sa merde, comme elle dit. anecdote 02 ‹ elle voulait posséder le même pouvoir que sa mère : orange. elle en rêvait, en profonde admirative de ce pouvoir qui, lui semblait-il, était fait pour elle. les premières apparitions de son propre pouvoir (rouge) se firent dans la plus totale négativité. elle n'en voulait pas. des plaques rouges apparurent sur son corps, que sa mère prit pour de l'eczéma. elle se brûlait elle-même de l'intérieur, connaissait des poussées de fièvre handicapantes lui faisant parfois manquer les cours à l'académie. longtemps, elle fut l'esclave d'un pouvoir qu'elle réfutait, voulait enfermer à l'intérieur d'elle-même. ce fut la rencontre avec harald swanson, de l'élément du feu, qui l'apaisa et lui apprit à faire la paix avec son propre feu. aujourd'hui, elle maitrise son pouvoir et l'apprécie, mais il arrive que celui-ci prenne le dessus sur elle, notamment une fois par mois lorsqu'elle a ses règles : elle a alors une telle montée fiévreuse que, brouillante, elle doit garder le lit pendant toute une journée dans le noir complet (l'équivalent des migraines de certaines femmes lambda). anecdote 03 ‹ elle ne s'entend que très peu avec les filles, ses années à l'académie ont été marquées par des disputes violentes avec la gente féminine, et des amitiés très fortes avec les garçons. sa rencontre décisive, l'amitié la plus incroyable de toute sa vie, fut celle avec valrael, mêlé orange et futur adiutor de harald swanson. ce jeune télépathe à la beauté sans pareille l'a prise sous son aile alors qu'elle était encore terrassée par son pouvoir et qu'aucun professeur n'arrivait à l'aider. il a été son pilier, son guide : en tant que télépathe, il possédait à la fois le sexe masculin du père de gail allié au pouvoir de sa mère. il devint son meilleur ami, son frère de coeur. anecdote 04 ‹ le monde de la rue est particulièrement instable, cruel et solitaire. ne croyez surtout pas qu'on peut, notamment quand on est une femme, se faire un nom dans le banditisme uniquement parce qu'on a de beaux yeux et qu'on court vite. gail en a chié, c'est le cas de le dire. les revendeurs existaient avant elle dans launondie, et n'avaient aucune intention de lui laisser la place pour monter son petit business. pendant des années qui ont suivi l'académie, gail a du se battre. elle a été agressée, menacée, rackettée un bon nombre de fois, et elle a souvent été forcée de défendre chèrement sa peau jusqu'à imposer un certain respect. de même, lorsqu'on est une femme dans les bas-fonds de launondie, mieux vaut avoir un protecteur (c'est le cas de nombreuses mêlées qui possèdent un maitre ou un mac). gail, elle, n'avait pour l'aider que ses amis, son bagou et son pouvoir de feu : heureusement pour elle, ce fut suffisant. depuis qu'elle a atteint trente ans, elle peut se targuer de pouvoir enfin traverser launondie la nuit les yeux fermés. il faudrait être un étranger ou un idiot pour songer à l'attaquer,et la plupart des gens qui la croisent, femmes comme hommes, la saluent par son prénom. anecdote 05 ‹ elle se fout de l'étiquette et elle n'a rien d'une intellectuelle. elle ne lit pas un livre dans un fauteuil au coin du feu le dimanche : elle fait ses comptes et anticipe ceux du mois à venir. femme du contact, de commerce, elle tisse des relations et étend son business au-delà de launondie. son but est l'expansion tranquille. avec son argent, elle investit beaucoup, rachète des appartements qu'elle loue ensuite. on l'ignore totalement, mais nombre de piaules dans launondie appartiennent en fait à gail sanwald. elle a même un hôtel dans le centre de la ville. outre ces investissements immobiliers, gail a deux autres spécialités : d'abord, elle adore jouer. elle perd beaucoup d'argent aux jeux de cartes et de hasard, et en gagne aussi les bons jours, ceux qui portent la chance dans leur manteau. c'est une bonne perdante, parce qu'elle est plutôt riche, aussi, les barmen adorent l'avoir à leur table de jeux. ensuite, elle est la mère nourricière de launondie : les lascars qui font partie de son carnet intime, elle ne les oublie jamais. vous avez le moindre souci avec la justice, besoin de vous cacher un moment, pour fuir un règlement de comptes ? gail sandwald saura se souvenir de vous. les illégaux de launondie lui doivent énormément. ses contacts sont nombreux, et il n'est pas rare qu'elle envoie certains de ses amis visiter ses protégés en prison, leur apporter de la nourriture de qualité, des cigarettes, voire un peu d'argent pour soudoyer les gardes et vivre décemment leur peine. elle rachète aussi beaucoup d'objets précieux que des voleurs de launondie cherche à écouler : honnête dans l'illégalité, elle n'arnaque jamais et est toujours juste sur le pourcentage qu'elle se prend, et le prix qu'elle demande. un mot, un seul, sert à la qualifier dans la bouche des lascars de la ville : réglo. on sait de gail qu'elle est réglo (et pour les bas-fonds, c'est une très grande qualité). elle s'est fait, avec le temps et la générosité, plus d'amis que d'ennemis dans launondie, et mieux vaut ne jamais l'insulter ou cracher sur elle dans son dos dans un pub, vous risqueriez de vous faire tuer par l'un des hommes qui lui doit son évasion de prison, sa vie ou encore son confort pendant un emprisonnement de quelques mois, voire des années. 

(un amour un jour) ‹ la première fois qu'il s'est planté devant elle, elle a ri, la lionne, tandis qu'un feu intérieur se déversait dans sa poitrine qu'elle tentait d'ignorer, fière et hautaine. elle a ri de le voir se tenir debout, arrogant et revendiquant ses charmes, lui qui n'était qu'un simple maitre devant les mêlés. comment pouvait-il ignorer sa supériorité, à elle, de la caste des pouvoirs actifs, tandis qu'il était voué à faire joujou avec sa flammèche sans jamais la jeter au visage de quiconque ? elle avait le droit d'être brasier, lui d'être cendres. et il venait parader devant elle ?...  valrael, présent à ses côtés, avait souri avant de se pencher sur elle pour murmurer à son oreille : attention. il s'entraine plus que tu ne le crois. longtemps, elle le laissa graviter autour d'elle, la séduire sans jamais lui céder. elle était reine et il n'était qu'un cavalier. elle jouait à inverser les rôles, à l'ignorer à moitié seulement, pour ne pas le faire fuir. plus le temps passait, plus harald swanson la possédait sans s'en douter. la consécration fut sans nul doute la cérémonie au cours de laquelle il se lia à jamais à valrael. si valrael, son frère, son maitre, son tout, avait choisi sciemment de nouer sa vie avec elle de cet homme, alors il ne pouvait qu'être hors du commun. une fois sortie de l'académie, gail crut qu'elle pouvait nier l'existence du gouffre qui la séparait de harald. à force de se chercher, ils finirent par se trouver au cours de l'une de ces longues nuits qu'ils passaient avec les sept, dans les ténèbres secrètes de launondie. elle se lia à lui à sa façon, comme s'ils étaient du même monde, sortis du même moule. ils passèrent des mois ensemble, et ce fut gail qui introduisit véritablement harald à la culture de la rue. il venait sous cape, masqué, caché, la rejoindre et découvrir son monde avec elle. elle admirait sa capacité à s'extraire de sa condition, sa noblesse qu'il souillait volontairement dans la boue, elle tombait amoureuse de la couronne de purin qu'il déposait sur sa toison dorée avec l'élégance d'un roi de rien du tout. elle l'aimait. mais n'est pas l'aîné swanson qui veut, et quand bien même harald n'avait que faire de ce titre, ernest swanson eut bientôt vent des épopées de son fils hors de l'enceinte des palais. nul n'a besoin d'épiloguer pour avoir une idée précise de la violence et de la folie qui habitent ernest swanson. non seulement il menaça de tuer son propre fils si ce dernier continuait ses habitudes, mais il se renseigna sournoisement au sujet de la femme que refermaient les entrailles de launondie, avec laquelle son aîné passait le plus clair de ses nuits. valrael fut torturé. le reste des sept échappa au joug d'ernest et de ses mercenaires. sentant que la vie de gail était plus que jamais en danger, harald lui rendit son coeur. 

la solution, gail a toujours été persuadée de l'avoir. elle l'avait même suggérée à harald le soir-même où il était venu la trouver pour rompre avec elle : laisse-moi tuer ton père. il a refusé. par ce refus, il refusait aussi l'amour éternel qu'elle lui tendait, qu'elle ne lui proposerait qu'une fois, parce que gail n'est pas femme à se répéter. son coeur, elle a parfois l'impression de ne jamais l'avoir récupéré. il lui semble l'entendre battre dans le torse d'harald lorsqu'elle le croise, ou quand elle se blottit contre lui pendant ces nuits trop rares où ils se croient se retrouver. ils se sont perdus à jamais, ils le savent mais le taisent, préférant le silence de la douleur à son éclatement sourd. ça n'aurait jamais pu marcher entre nous, disent leurs yeux quand ils s'embrasent l'un contre l'autre. les swanson sont une famille trop dangereuse. ernest est trop dangereux. idriss, yoric, tous sont promis à des femmes de haut rang : l'aîné n'a pas le droit, ne peut tout simplement pas s'autoriser la liberté d'aimer qui il le voudrait. gail est devenue l'amie, l'amante de passage, l'ancien amour d'une jeunesse évanouie. la voir le blesse, lui rappelle la vie à côté de laquelle il est passé après l'avoir frôlée. gail se rappelle leur amour, les heures passées à manier le feu ensemble, leur feu si dissemblable et pourtant si parfaitement synchronique dans leur danse. le regard du maitre posé sur elle lorsqu'elle se laissait envahir par son pouvoir. sa curiosité, son admiration pour elle dont jamais personne n'avait autant fait preuve. il lui avait donné tout ce dont elle avait eu besoin pour se construire, croire en elle. c'était bien la seule raison pour laquelle elle l'avait autorisé à la quitter, à la briser.

(les bas-fonds) ‹ les sept, elle les connait bien, sans doute mieux encore que les êtres des bas-fonds qui prononcent leur nom commun comme on murmure celui d'un dieu païen. elle a connu valrael à l'académie, avant que le nom des sept ne soit créé. il était son pilier et son meilleur ami. puis sont venus rejoindre la bande : les jumeaux cyrrah et nicanor au bracelet jaune, rozan le fou, au bracelet vert, arwed le rusé au bracelet bleu, et, pour finir, les deux maitres du feu, harald swason et son cousin éloigné regnar vesari. si les bas-fonds de launondie contiennent sans doute la pire engeance du royaume, ces sept-là en sont les ambassadeurs privilégiés. après l'académie, tous se sont retrouvés dans la rue, leur terrain de jeu de prédilection. si elle n'a jamais fait partie de la bande toute masculine, gail a toujours gravité autour d'eux. ils la connaissent et lui revendent beaucoup d'objets volés, jouent avec elle dans les caves de bars une fois la nuit tombée, l'ont défendue, sauvée parfois, tandis qu'elle a pu les aider à se sortir de mauvais pas, notamment en les hébergeant gratuitement dans les repères dont elle est la propriétaire. elle a, par exemple, évité à rozan de nombreuses années de prison. elle est sans doute la seule, hormis les sept, à qui les sept sont fidèles et envers laquelle ils peuvent faire preuve d'un élan de loyauté (ce qui constitue un quasi miracle).