pseudo et prénom ‹ le boulet de canon, la plus belle, dieu, stéphane bern, ivanka trump, le booty de jon snow, on me connaît sous une centaine de nom. mais déesse universelle de la boté, du swag, du yolo et de l'intelligence c'est mon patronyme habituel. amen. mais appelez moi manojito queen de la night et du swah   âge ‹ 10 plus 10 égaux la tête à toto comment as-tu trouvé le forum? ‹ haha pays ‹ la wurst fréquence de connexion ‹ souvent pas assez who knows, who cares????? votre avis sur le forum ‹ la meuf qui fait vos designs elle a un talent fou, celle qui a écrit le contexte aussi et surtout celle qui a écrit les oshun et osanos. i love her i'm her biggest fan smiley préféré‹      gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Papa il est grand, il l’a toujours été et parfois encore plus quand Eros le déçoit. C’est toujours la même rengaine, les yeux noirs emplis de haine et de rage envers cette chose qui n’est pas digne d’être de son sang.
Eros il préfère se bagarrer, il préfère lire des livres sur la foi des Sept, il préfère courir et partir plutôt que de l’écouter parler politique. Il n’y comprend rien ou plutôt feint d’être inconscient, débile, abruti. Le gosse il veut se battre, il veut provoquer en duel, il rêve de parler à ces Dieux qui ne veulent rien dire pour tant, mais qui résument ses croyances à lui. Il a besoin de bouger, de s’échapper de cette prison dorée, de l’emprise de papa, de ses ordres, de son ton supérieur. De cette voix monocorde qui lui répète – Tu n’es rien Eros, pas tant que tu n’as pas prouvé ta valeur. – Mais c’est quoi sa valeur, ça veut dire quoi d’exister dans la vie d’un père qui vend ses enfants dans l’espoir de créer des alliances, de liens par intérêt pour son propre nom.
Eros il s’y refuse, mais cette voix, cette putain de voix qui s’immisce dans son crâne lui ordonne de hocher la tête, de prendre les coups envoyés par des mots acérés, et de vouter les épaules en signe de soumission. Parce qu’il a raison papa, il a raison de vouloir le pousser.
Il est plein de potentiel Eros, mais il le gâche avec ses escapades dans son monde à lui.
Le gamin observe papa se servir un verre de vin, un grand sourire aux lèvres, il a l’impression d’être petit, d’être minuscule face à ce monstre, à cet homme qui lui inspire la peur, le respect et peut-être la confiance qu’un jour ; avec son sang, il pourrait s’élever à son niveau. – J’ai d’excellentes nouvelles fils. – Eros lève enfin les yeux, il arrête de courber l’échine, parce qu’il sait ce qui va se passer, ce que papa va lui dire. Et il a peur parce qu’il s’y refuse. Il se refuse à l’accepter, d’être vendu à une autre dans le but d’être accepté parmi eux. – Oui père. – Oui, parce qu’il sait déjà. La voix tremblante, le cœur qui bat à tout rompre, il sent la sueur couler sur son front, alors qu’il est assis sur ce petit siège qui s’apparente à une potence, plus qu’à un piédestal.
Ce piédestal qu’on avait construit à l’effigie d’un héritier qui ne serait jamais.
Il se tortille dans sa chaise la mine maussade. – Je t’ai trouvé un excellent parti. Hissa Wheatdrop. – Et là le cœur s’emballe, s’enroule dans sa gorge, alors qu’il veut recracher l’organe qui lui donne la vie. Avec l’impression d’avoir été foudroyé sur place, il sent son sang grouiller comme une autoroute, faire un tremplin dans les abysses noirs.
Il la hait. Elle le hait. Elle est le démon ; il est l’ange élu des Dieux.
Le gamin la voit parfois dans ses rêves, cette fille qui le tourmente depuis sa naissance, qui le casse, le ramasse à la petite cuillère alors qu’elle le tranche de ses mots. Ils n’ont jamais été créé pour s’allier, ils ont été fait pour se déclarer une guerre ; une guerre dans le sang et la froideur. – Je ne peux pas l’épouser. – Parce que les Dieux le lui ont chuchoté, parce qu’il ne ressent rien à son égard que la rage et la colère. Et papa se lève, il pose son verre de whisky, attrape son fils par le col de sa chemise, puis gifle sa joue. Eros tombe par terre, secoué comme une feuille, il se rattrape au tapis avec une mine dépitée.
Dans son calme ardent, Thomas reprend son verre, en boit une délicate gorgée. – Si tu refuses encore une fois un ordre que je te donne, la punition sera bien plus terrible. – Eros il veut sangloter, il veut pleurer, prier à papa qu’il arrête cette sordide histoire. Mais il est toujours par terre, comme la déception qu’il représente ; la crasse qui se forge au sein d’une famille qui émane la perfection. – As-tu compris ce que je viens de te dire ? – Et Eros il sert les poings, il enfonce ses ongles dans sa paume pour ne pas pleurer, pour ne pas laisser les larmes rouler sur ses joues rosies. Il a mal, il a peur, il est déboussolé, il est complètement frustré ; un enfer sur pieds.
Et il se lève comme le garçon soumis qu’il a toujours été. Il baisse la tête, les yeux, les épaules, le corps tout entier. – Oui père. – Il baisse les armes, le drapeau blanc au-dessus de sa tête, celui de la défaite qui est si cuisante à chaque fois qu’il entre dans l’antre de la terrible terreur.




L’allée est longue. Trop longue. Les fleurs parsemées sur le sol font office de sang, ces petits pétales de rose qui le hantent, le moquent. Il les écrase avec ses chaussures, il les embrase avec son regard. Le gosse il marche les épaules voutées, la tête courbée, parce que papa a gagné, il a vaincu. Il le force à épouser cette fille, cette femme. Qu’il n’aime pas, qu’il méprise, qu’il veut à tout prix étriper en enroulant ses mains innocentes autour de son cou.
Mais papa a dit, alors Eros fait.
La même rengaine, ce pistolet qu’il dégaine avec pour excuse que c’est pour le bien de la famille. Mais Thomas veut museler le fils qui n’a jamais écouté. Il veut le forcer, le façonner à être ce qu’il ne sera jamais. Tout ce que Eros représente c’est un sang, l’héritier, un garçon qui ne fait qu’accumuler déception sur déception.
On lui a pourtant inculqué l’étiquette et les bonnes manières ; mais Eros il en veut pas, il n’en a jamais voulu. Il aspire à plus, à être soldat, à être prêtre, à être l’Elu.
Dix-neuf ans, la bague au doigt, c’est pourtant à cette nymphe qu’on l’accroche.  Et pas à sa bible, pas à son épée, pas à son honneur. Priant les Dieux qu’on le délivre, qu’elle meurt à ses pieds, c’est pourtant là qu’il la voit. Dans sa robe blanche, sa peau reflétant les rayons du soleil, telle une enchanteresse qui se pavane sur la lave de ses étoiles. Elle est jolie Hissa.
Mais elle a tellement mauvais caractère.
Il sert les poings dissimulés derrière lui, il a besoin de s’accrocher, d’avaler le caillou et de s’habituer à l’idée que sa vie ne serait jamais la sienne, qu’à ses commandes n’était que les mains de son père. Qu’il serait toujours son automate, un robot à qui l’on n’inculque rien que des balivernes.
Dans ses rêves il la voit Hissa, il la voit dans les flammes ; alors les visions lui disent, elles lui insufflent qu’elle est le démon, qu’elle n’est pas digne, ne le sera jamais.
Et la cérémonie reprend de plus belle, alors qu’il entend ce sanglot dans ses entrailles qui lui ordonnent de crier, de dire non. – Oui je le veux. – Sont pourtant les seuls mots qui s’échappent de ses lippes pincées.
Alors ils dansent quand on leur dit de danser, ils sourient quand on leur demande de feindre la joie, ils rient à gorges déployées quand on leur dit qu’ils ont l’air triste ; et puis ils s’en vont pour consumer ce qui n’aurait jamais dû être.
Et il la voit à la sortie, cette enchanteresse aux cheveux ors qui le moquent du haut de ses treize ans. Petite chasseuse, elle le suit de partout, alors qu’il la repousse ; alors qu’il veut qu’on le laisse enfin tranquille. Elvira est un démon, le diable incarné, et dans ses prunelles il voit la jalousie, la moquerie, l’ironie des Dieux ; car quelques années plus tard il en tomberait fou amoureux.
Hissa fait mine de lui prendre la main, de mener la danse jusqu’au lit conjugale. Mais elle s’arrête et le regarde de haut en bas, de bas en haut. – Ca n’arrivera pas. Ni ce soir, ni demain, ni jamais. – Elle marque une pause. – Tu n’es pas digne d’une femme telle que moi. Alors faisons semblant quand nos parents sont là et évitons le regard des curieux. – Il hoche la tête eros. Il sait que papa ne sera pas content. Il sait qu’il l’engueulera probablement ; mais ça va. C’est mieux que de partager son lit avec le diable. – Ne me prends pas de haut Wheatdrop, la seule qui n’est pas digne d’être dans ce lit c’est toi. Les Dieux sont en colère et tu ressentiras leur rage. –
Il lui tourne le dos et s’en va dans la nuit noire à la recherche d’un point qu’il ne trouvera probablement jamais.




L’ange qui se découpe dans l’ombre. Attaquée de toute part, par des hommes, des dégueulasses engagés pour l’assassiner, cette fleur qui provoque, qui ne garde jamais sa langue dans sa poche. Elvira, l’ange moqueur, l’enchanteresse, la sirène aux si jolis traits.
Eros il marche dans les rues à la recherche de rien, un néant qui s’épanouit dans son torse, mais le halo lumineux l’a rattrapé dans sa perte alors qu’il vrille ses yeux sur les attaquants. Un, un couteau dans la main, l’autre dégainant son épée. Et elle, elle en pleure, le regard apeuré, les yeux qui cherchent un truc à quoi s’attacher. – Alors Valaeris on fait quoi dans la nuit noire ? C’est ton arrogance qui t’a amené ici ? – Et elle sanglote.
Le gamin, le soi-disant héro sort de son ombre et attrape le premier usant de son élément pour l’enfermer dans ses crocs acérés. Puis, la dague qui vient transpercer ses côtes, son abdomen, le sang s’enfuit, s’éclate sur les pavés alors qu’il retire l’arme inespérée de ses griffes néfastes. Il s’approche de la biche égarée, enroule ses doigts autour de son visage. – Est-ce que ça va ? Est-ce qu’ils t’ont fait du mal ? – Et elle s’écrase contre son torse, criant, pleurant comme si on venait de lui arracher le palpitant.


Allongés sur le lit, la poupée sur son torse, il observe le plafond ; et il se rend compte de son erreur. Fatale erreur que d’être tombé dans ses filets, que d’avoir sauvé la miséreuse gamine, alors qu’elle le mène à sa perte.
Des gosses qui s’amusent du jeu interdit, marié, fiancé, ils ne sont que des interdits, un fruit empoisonné qui s’éprend de leurs corps, de leurs instincts animaux. Ils sont des entités qui n’auraient jamais dû se rencontrer et pourtant, quand il sent son cœur battre contre le sien, il se sent vivant, il se sent libre.
Elle est si moche de l’intérieur Elvira, elle est le vin pour un alcoolique, l’aiguille pour un addict, la nicotine pour un fumeur, la mort pour la faucheuse. Elle appartient à un monde qui n’est pas le sien, politique, rivale ; et pourtant elle a su piquer là où tant d’autres ont échoué. Elvira c’est son démon, le songe qui attrape ses rêves et ses cauchemars et qui les lient. Ne sachant jamais s’il cauchemarde ou s’il se trempe à l’apothéose, il est l’enfant gâté par un secret qui va le consumer.
La nymphe se réveille enfin, un sourire sournois prostré sur les lèvres, alors qu’elle le touche avec sa peau marbre. Elle est belle Elvira, elle émane le soleil, les rayons qui viennent transpercer les os, qui s’immiscent et qui ne repartent jamais. Mais elle a la terreur dans les entrailles, la jalousie dans le cœur, les crocs dans la bouche, les griffes dans les mains. Une louve, une terrible erreur, un échec de plus face au palmarès du gosse. Il n’aurait pas dû et pour ça Thomas le punira.
Eros il a oublié ce que ça fait d’être jugé par papa, il a oublié parce que quand Ariane a repris la couronne, il a fini par tomber de scène. Un oubli ; une grave erreur, il est le fils qu’on aurait voulu effacer. Alors il est libre Eros, il se sent enfin vivre, mais il épie le regard approbateur d’un père, ce regard qui ne viendra jamais.
Alors il provoque les Dieux, il va à l’encontre de ce qu’ils lui ont toujours inculqué en touchant la pomme, à la croquant à pleines dents. Il n’aurait jamais osé opposer les Sept, il n’aurait jamais osé opposer Thomas, mais Elvira, Elvira elle rend la vie possible, elle la rend parfois même supportable. – A quoi tu penses ? – Qu’elle lui susurre dans l’oreille, tout en posant ses lèvres sur sa joue. Et il sourit, parce que c’est un abruti, un aveugle aveuglé par la lumière, par le solaire. Il va se brûler Eros, il en a conscience, il n’en doute pas, mais de toucher à ce qu’il n’a pas droit, ça le rend extatique. – A cette terrible aventure dans laquelle nous nous sommes embarquées. – Et elle rit de plus belle, avec ce rire gravé dans sa mémoire, celui qu’il est incapable d’oublier. S’accaparant chacun de ses sons, son rire, ses cris d’extases, sa colère, son arrogance, il la lit, la transperce de ses yeux pour n’oublier aucun détail.
Elle s’approche de lui davantage et le regarde ; - Impossible loves; i'm very much afraid they can become an addiction. – Il a besoin d'elle comme on a besoin de respirer. Et il le sait;

Il sait qu'il va tomber bas, dans les enfers, dans les bras de la faucheuse pour ses beaux yeux.




Il est mort. Détruit, oublié dans les débris d’un meurtre qui n’aurait jamais dû avoir lieu.
Le frère qui n’aurait jamais dû exister. Cette entité qui l’a doublé, qui lui a volé une place d’honneur au sein du palpitant du père, d’Adonis, de toute la famille. Eberlués par cet être qui n’était pas même aimé des Dieux, Eros ne peut pleurer sa perte ; seule cette jalousie cuisante qui lui bouffe les entrailles.
Et il la voit enfin, l’astre solaire qui s’ébat dans son champ de vision. Elvira qui l’a rejointe dans un secret inanimé, à la recherche peut-être de pouvoir le cajoler. Mais rien n’est à sauver quand le cœur de toute façon a arrêté de battre, quand celui-ci ignore la souffrance et la peine qu’il aurait normalement dû subir. Eros est un monstre, un monstre de mauvaise augure, cachée dans la noirceur de ses ambitions, il est si éloigné du garçon d’autrefois.
Amouraché d’un élément, amouraché d’une guerre, d’être un soldat, amouraché d’une fois mal interprétée, il est l’hypocrisie, il pue le mensonge, les secrets ; la tromperie. C’est une blague, un foutage de gueule, une énorme plaie. Mais Eros survit, parce qu’on lui a dit de faire ainsi, dans ses rêves, quand il les voit, ces Dieux qui lui insufflent de terribles choses. Il excuse ses méfaits par leurs ordres qui ne sont que mensonges, de la poudre de perlimpinpin.
Elle s’approche, enlace les ombres et dépose ses lèvres contre les siennes ; et elle le regarde. – Tu n’as pas l’air triste. – Et Eros sourit. Parce qu’il ne l’est pas, parce que même si un impétueux a réussi à bafouer son sang, l’émotion n’est pas là. Parce que Isaiah n’a jamais rien signifié qu’une attache qui n’aurait jamais dû être créé. – Non, effectivement je ne le suis pas. – Ebranlé par un rien, Eros est pourtant stoïque, telle une statue il observe ce calme, ce silence, et s’en veut. Il s’en veut si terriblement, pas parce qu’il n’a pas réussi à protéger son cadet, mais parce que son cœur ne bat pas comme il le devrait. Il ne pleure pas, il ne tape pas des poings, il est calme, trop calme.
Et Elvira, l’enchanteresse, elle s’amuse de ce calme, elle s’amuse de cette vague plate, s’attendant peut-être à un tsunami. – Tu ne pleures pas ton frère ? – Non. Il ne pleurerait plus, parce que Eros a oublié, il a oublié la tristesse, la noblesse des sentiments. Honorable, franc, il se ment pourtant. Le déni est son ami, la réalité est sa rivale, les conséquences sont son ennemie. – Pas aujourd’hui du moins. – Et elle rit de plus belle ; parce que Elvira tout ce qu’elle est, c’est perfide.
Elle le sert si fort dans ses bras. – Je suis soulagé alors. – Elle engouffre sa tête dans son épaule et expire bruyamment. – Je pensais que tu serais en colère, après tout ton sang est la chose qui compte le plus à tes yeux. – Et il lève son menton. – C’est peut-être vrai, mais tu comptes tout autant. – Il s’empare de sa bouche veloutée, et lui mordille la lèvre. Et elle rit de plus belle.
Ca se touche, ça se caresse et puis ça s’arrête, comme un jeu du chat et de la souris. – Je crois que j’ai déteins sur toi Eros. Et cette idée me plaît beaucoup. – A son tour de ricaner, parce qu’elle a pas tort Elvira, depuis qu’il la connaît, depuis qu’il a gouté au doux carmin de ses lèvres, il ne peut s’en décrocher. Il ne voit que le noir, l’ombre. La mort qu’il attribue à celui qui saurait devenir un obstacle. Protéger son nom, sa famille, sans être capable de pleurer un frère qui a disparu à tout jamais. – Tu as peut-être raison, mais finalement ce n’est pas trop mal. – Parce que le garçon d’autrefois il l’a brûlé dans ses souvenirs ;
Il n’est plus, il est autre chose. Un monstre, un fou allié. – J’ai une confession à faire. Une confession que je voudrais livrer au sacerdos non pas à Eros. – Il lève les yeux et pince les lèvres. Elle ne prend rien au sérieux Elvira, pas même son rôle, ses responsabilités. Alors quand elle parle de religion, de confession il a peur, parce que ça veut dire quoi ? Tous leurs pêchés ils les ont traîné ensemble.
Il s’assoit sur les marches des escaliers et lui fait signe de l’y rejoindre. – Je t’écoute. – Il sert les dents, les poings, Eros sait, il sait avant même d’avoir entendu que le monde va tourner, il va tourner si terriblement qu’il se rattrape à son pantalon, à sa vie qui coule, s’écoule, s’effondre à chaque minute, à chaque seconde. – J’ai aidé à l’assassinat de quelqu’un. – Il avale la bile dans son ventre et regarde le sol. Gamin qui perd ses moyens, il anticipe la suite. – Je pense que l’ambition a pris le dessus. – Eros la regarde, il se perd dans l’océan vert de ses yeux. – Continue. – Un rale, une prière peut-être qu’il se trompe. Mais Elvira est capable de tout, elle est capable de mentir et surtout d’avouer qu’elle a tué au membre de la même famille. – Tu le connaissais très bien. – Il se racle la gorge.
Il s’étouffe dans sa propre salive. Peut-être qu’Eros le mérite, peut-être qu’il mérite son châtiment. – Isaiah Griffith. – Elle marque une pause dramatique. – Je l’ai fait pour assurer mes arrières. – Le diable attrape sa main et en caresse le dessus si tendrement. – Tu n’es pas fâché hein ? – Et il sent enfin la colère.
Parce que Isaiah ne méritait rien, pas toute l’attention de son père, de son frère, de sa sœur, l’attention du monde tout entier ; mais ça. Se faire tuer par l’amante, le secret inavoué d’un frère qui ne l’avait jamais aimé à sa juste valeur ; c’est trop.
Ca s’accumule dans son cerveau, ça s’entrechoque, une mélodie désaccordée qui décime ses tympans. D’un geste brusque il se défait de l’emprise du démon. – Tu as tué mon frère. Pour assurer tes arrières. – Des faits. Une conséquence de ce jeu, de ce terrible jeu.
La politique, sa place à la cour compte plus, compte bien plus qu’il ne l’a jamais. – Oui. Mais c’était pour ton propre bien Eros, tu sais toi-même qu’Isaiah prenait trop de place. Dans le cœur de ton père, de ton frère, de toute cette famille. Je l’ai fait pour toi. – Abasourdi. Silencieux. Incrédule. Trop frustré.
Il s’empare un peu trop violemment, un peu trop brusquement de son menton et la force à l’affronter. La mer, le diable. L’ombre de la noirceur. – Tu n’aurais rien dû me dire Elvira. – Il l’appelle par son prénom, pas mon amour. – C’était un terrible faux-pas venant de ta part. – Il marque une pause. – Si je ne portais pas mon frère dans mon cœur, sa mort a ravagé le cœur de mon autre frère. Il a ravagé ma famille toute entière. Et tu t’attends à ce que je te crois ? Que tu l’as fait pour moi ? – Il se lève.
Il étend ses jambes, sa posture, sa terrible colère qui s’élève enfin. Il ne pleure pas le frère, il pleure l’affront d’une autre famille contre la sienne. Il méprise l’arrogance, la façon de penser. Il grise dans son cœur alors qu’il comprend enfin que l’astre solaire n’était finalement que la lune dans son éclipse. – Dégage. Fous le camp. – Des crachas qui s’émanent de sa bouche, la violence d’un ton qu’elle ne connaît pas, qu’il attribue à des impétueux ; et des non-croyants, à des indignes. – Tu ne te rends absolument pas compte de ce que tu viens de faire. – Et il enroule sa main autour de son cou et la soulève doucement, douloureusement.
Mais elle tient son regard, elle s’y perd, il s’y perd. Ils se perdent.
Et dans une dernière étreinte, il pense pouvoir l’oublier. Il pense pouvoir la tuer de sa cervelle. Mais à jamais Elvira y a été gravé, à jamais il se souviendra de son toucher, de son rire, de ses lèvres et surtout de ses pêchés.
Scellé à ses paroles, à cette confession qu’il a accepté dans sa profession, il ne peut rapporter ce qu’elle lui a dit, et il souffre Eros bien au fond, là où la conscience joue encore un rôle. Là où Adonis pleure un frère qu’il croît assassiné par un autre, alors que l’amante de son protecteur en est une pièce jointe. Il ne pourra jamais lui dire.
Et il la hait. Il rêve de la crever, comme de l’embrasser. Il se refusera à tout jamais de la revoir telle l’enchanteresse qu’elle a toujours été.

Qu’elle crève, ô dieu qu’elle vive.




Il s’attend au pire quand il se retrouve face à cette porte fermée. Le frère a mal, il l’entend, le sait, le sent ; Parce que Isaiah était Adonis aux yeux d’Eros.
Mais le gosse il s’en fout toujours, il a juste cette boule dans le ventre qui vient le narguer.
Il toque, il entre, et il sert les poings, parce qu’il voit les ravages, il voit la tornade, il voit la colère. Et Eros a peur, il a peur de la perdre elle, de perdre son cadet, de perdre sa foi, d’avoir mis les Dieux en colère, de les avoir tant provoqué, qu’ils lui arrachent tout. – Adonis. – Qu’il dit si lentement, dans un chuchot, un murmure à peine audible.
Son cadet se retourne, alors qu’il a cet air stoïque, ce visage froid, fait de revanche et de vengeance. Eros sent son cœur manquer un battement, alors qu’il entend sa voix, cette conscience lui chuchoter de dire, d’avouer ses péchés. Mais il est incapable, pas maintenant, pas aujourd’hui, ni jamais. Parce que ça serait décevoir les Sept, ça serait décevoir Adonis. – Je sais qui a tué Isaiah. Et pour ça ils nous le paieront Eros. – Et Eros se penche, parce qu’il sent l’espoir qu’Adonis a compris, que les Valaeris sont la raison de ses maux, que son aîné ne lui cache pas un tel fardeau. – Les Osanos vont brûler, je te le promets. – Il se laisse tomber dans le fauteuil, une mine déconfite dessinée sur son visage.
Il se racle la gorge, attrape la dague à sa ceinture et l’observe. Cette dague dont il aurait pu se servir pour tuer Elvira, pour l’assassiner de ses vils mensonges, de son hypocrisie. Mais pourtant, il n’a pas osé, parce qu’il l’aime, parce qu’elle l’aime. Le gamin aime pourtant aussi son nom, son sang, plus que tout, plus que l’entendement. Mais les priorités ont été tiré, barré d’un fer rouge et celles-ci s’entrechoquent dans son esprit torturé. – Pourquoi les Osanos ? – Pourquoi eux ? Pourquoi accuser des innocents ? – Parce qu’ils l’ont fait. – Le cadet marque une pause. – Vas-tu m’aider ? – Eros souffle, expire, inspire et il attend, il attend le châtiment des Dieux dans un énième mensonge qui se veut malheureux. – Bien entendu, je suis ton plus humble servant. – Et il s’agenouille comme le chien qu’il est.
Il s’agenouille comme la crasse qu’il a continué à porter.


et le temps s'écoule, ne s'arrête jamais.
le frère a été enfermé pour ses péchés, la nymphe est toujours en liberté.
et eros ment, il continue sa vie, sa vie de tromperie.
à haïr le monde, sa femme, son amante, sa situation, son père, son nom.
il foudroie la terre entière de ses yeux noirs. et plus particulièrement ceux qui ont voué leur vie à affronter la sienne.
la famille impérale qui s'est joué d'un cadet destiné à être roi mourra dans de terribles souffrances. pourquoi?
l'honneur, dit-il, cet honneur qui n'a pourtant jamais vraiment existé dans son âme.