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Spoiler:

Notes d’une douceur enragée qui s’échappent et tourbillonnent dans la pièce. Symphonie ensorcelante qui agrippe les palpitants. Elle n’est qu’un doux bouton de rose Séléné, celui qui est aussi sacré, qu’immaculé. Incarnation de la jeunesse. Celle qui n’est que candeur et douceur, celle qui n’a rien d’entamé, elle qui commence seulement. Il est encore loin le temps où la rose devra s’épanouir, dévoiler la beauté de ses pétales au monde entier. La fleur ensorcelle déjà, le violon entre les mains, elle n’a que neuf ans et pourtant son talent fauche déjà les âmes.
Assemblée familiale qui la toise, assemblée familiale qui n’a d’yeux que pour la gamine. Opalescences rivées sur la poupée, la dynastie est rassembler pour écouter les notes éparpillées qui se cherchent, se trouvent, pour mieux s’aimer. Une attention trop ardente, sur une gamine trop timide. Mais la teinte coquelicot n’embrase pourtant pas les joues opalines de la gamine. Parce qu’elle n’est plus là. Emportée par sa propre mélodie, dans les flammes infernales de sa propre passion.
Puis dans une dernière mesure d’une volupté absolue, la mesure cesse, le violon se tait, la gamine termine. Les légers tremblements qui viennent rythmer ses doigts, le nœud qui étrangle son estomac, mais la peur est balayé par les sourires, ceux qui ne sont qu’affection et tendresse. La foule se disperse, le silence est déchiré par les conversations qui reprennent et bientôt la brune n’est plus qu’un faciès parmi tant d’autre, bientôt elle n’est plus le centre de l’attention.
Puis il y a cette légère pression sur son épaule, trop sèche pour qu’elle ne soit affectueuse. Derme glacé qu’elle sent même à travers le tissu de sa robe. « C’était bien. Mais tu peux mieux faire. » Voix légèrement sèche, aux accents monocordes. Rien de maternelle chez celle lui ayant offert son souffle de vie, rien de bienveillant chez elle, jamais. « Je tâcherai de faire mieux la prochaine fois mère. » Promesse qu’elle ne cesse de souffler, pour contenter celle qui jamais ne l’est. « Tu n’es pas n’importe qui Séléné. Tu es une Helleros. Comprends-tu ce que cela implique ? » Elle hoche la tête la gamine, avant de baisser ses prunelles, qu’elle rive sur le sol. Le confort de l’autre monde lui manque, celui où il n’y a qu’elle et les notes, elle et sa musique, et personne d’autre pour interférer dans son paisible univers. «Oui mère... » Douce poupée n’ayant pas relever ses prunelles pour sentir sa déception et sa colère froide et sourde.  « Je ne pense pas. Sinon tu nous rendrais fiers. Prends exemple sur ton frère. » Le couperet tombe, inlassablement il ne cesse de fracturer ses ambitions brisées. Mais un jour la poupée sera grande, un jour elle sera couronné et un jour elle verra dans les opales de la matrone, briller l’éclat de la fierté.


Astre lunaire figée dans le ciel, son halo argentée berçant doucement les nébuleuses brûlantes. La sirène enchanteresse est là, observant les vagues enragées s’écraser, envoyant doucement la frontière de l’écume contre son derme. Enfant des océans, poupée des eaux glacées. « Continue. » Sourire qui déforme ses lippes alors que ses opales rencontrent les prunelles émerveillées de son amie de toujours. Humaine incapable de miracle, humaine incapable de déchaîner le moindre élément. La poupée de porcelaine s’enfonce un peu plus dans l’eau, le tissu de sa robe se collant un peu plus contre sa silhouette, pesant légèrement contre son derme. Perles salées qui dérivent et voguent sur sa peau alors que de son faciès s’échappe le moindre sentiment. Il n’y a que le vide, il n’y a que le calme. Il n’y qu’elle et l’eau, elle et son élément, elle et l’océan. Lentement elle laisse l’azur se soulever, danser légèrement au gré du vent, divinement menaçante avant qu’elle ne retombe sèchement dans les profondeurs éclaboussant au passage son amie. « Séléné. » Les rires se mêlent, éclats chaleureux qui réanimeraient presque l’astre solaire.


Elya. Elle était l’astre solaire, lorsque Séléné était la lune. Elle était la lumière, lorsque la brune n’était que ténèbres. Elle n’était qu’effusions, lorsque la poupée n’était que retenue. Pourtant ce soir elle tangue, dangereusement. Elle vacille, elle joue avec la vie, elle défie la mort. Les effluves alcoolisées fracassant ses pensées alors qu’elle tangue dangereusement sur la falaise. La bouteille à la main, elle n’observe plus que le précipice, les vagues qui s’écrasent contre les rochers aiguisées. Toile dramatiquement romantique qui se crée sous les yeux de la douce fille de la lune, simple témoin, ne pouvant rien faire. Elle voudrait tant l’arrêter Séléné, la ramener contre elle, la consoler, lui jurer qu’elle ne souffrira plus jamais, que la douleur finira par s’estomper. « Il avait promis Séléné. Il m’avait dit que c’était pour l’éternité. »  Voix qui se brise comme mille et une vague sous ses pieds, voix qui se brise alors que que l’orage gronde. « Elya ne bouge pas. »  Insolent calme qui s’éprend de la moindre syllabe de  la poupée, elle avance doucement, ses pieds nus affrontant la roche humide et glacé. Rien n’a plus d’importance qu’Elya. Rien ne compte plus qu’Elya. L’enchanteresse à la crinière solaire, l’enchanteresse à la robe légère dansant doucement autour de sa silhouette, comme envoûtée par le vent. « Je peux pas Séléné, je peux plus, je suis désolée. »  Amant insolent ayant brisé son palpitant. Il saigne encore ce cœur qui n’arrive pas à guérir. Il pleure ses perles de rouilles et de sels. Elle est terrifiée Séléné. Terrifiée par une telle émotion. Terrifiée qu’elle puisse préférer mourir plutôt que de cesser d’aimer. Terrifiée à l’idée de perdre son seul point d’ancrage, la seule ancre qui peut empêcher son navire de chavirer. « Je suis là... »  Promesse qu’elle lui a soufflé sans jamais la briser. Mais elle s’en fiche Elya, plus rien ne compte si ce n’est sa douleur, si ce n’est les réminiscences de cet amour ayant terminé dans les flammes. « Pardonne moi. »  Regards qui se fracassent, regards qui s’impriment une dernière fois l’un dans l’autre, rétines qui s’épousent avant que la sirène parte danser avec le vide. Ailes arrachées en même temps que sa candeur. « Elya ! »  Cri de l’âme qui résonne dans l’atroce silence. Elle court la poupée, elle court sur le rocher pour observer la fin d’une destinée. Les vagues qui recouvrent rapidement leurs atrocités, emportant dans leurs tréfonds une nouvelle ombre.  

« Tu ne m’aimeras jamais. » Douloureux constat que crache son fiancé. La rétine bouleversée par les verres alcoolisés lui ayant brûlés la trachée. Il vacille, les opales déchirées par la rage et la rancœur, les opales plus sombre que l’onyx. La noirceur affrontant l’azur alors qu’elle s’avance doucement vers lui, son verre à la main, les péchés dans l’âme. « Et alors ? Serais-tu devenu sentimental ? » Presque un ricanement, presque une moquerie. Les sarcasmes qui viennent tordre la moindre de ses paroles, entacher la moindre de ses syllabes. Doucement, elle laisse une gorgée enflammée son carmin alors que ses doigts glissent dans une douceur infinie sur le tissu de sa chemise. « Je t’ai vu. Tu tournes autour des hommes, tu les attires dans tes filets, tu joues. Alors que tu m’appartiens. » Lippes rosées de la douce qui s’étire dans un agaçant sourire en coin, rictus qui se fracture à peine face à l’expression enragée de celui qui devrait être son aimé. « Je ne suis à personne.» Elle n’est que liberté, elle n’est qu’indépendance depuis sa plus tendre enfance.  Tu es à moi ! » Cri qui n’est que rage alors qu’il envoie valser son verre, le liquide carmin entachant les draps immaculés. Poupée qu’il fracasse contre le mur, comme pour lézarder sa douce porcelaine. Elle le contemple la douce, elle l’observe avec cette curiosité morbide qui fascine autant qu’elle repousse. Elle susurre doucereuse à son oreille, elle murmure ces palabres empoisonnées destinées à le torturer. « Que vas-tu faire ? Me tuer ? M’abîmer ? Simplement parce que je suis incapable de t’aimer ? » Souffle de l’homme qui se brise alors que sa prise se raffermit, mains qui ne sont guider que par la rage et qui laisseront un peu de la teinte du ciel sur sa peau d’opale. « Tu n’es qu’un monstre. Une carcasse vide incapable de ressentir le moindre sentiment. Tu n’es que ténèbres. » Le regard brillant de celui qui aime trop, beaucoup trop pour qu’elle le lui rende un jour. Brisures de diamants qui couronne ses opalescences, perles salées qu’il ne pourra jamais lâcher face à la cruelle sirène. « Tu as sans doute raison. » Elle n’est qu’un paradis noir.