pseudo et prénom ‹ neir (enora). âge ‹ 21 ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ j'étais rei osanos y'a de ça plusieurs mois déjà  pays ‹ france. fréquence de connexion ‹ je dirai 5/7 environ ? et j'admets être lente à rp. votre avis sur le forum ‹ j'suis reviendue, ça veut tout dire. parrain ? ‹ smiley préféré‹        gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Tout est beau, à Volastar. Le palais, surtout. Les murs et les miroirs et les lumières. Même les gens sont beaux, ici. Et les airs d'Elizaveta qui hantent les couloirs, et les coups de crayon d'Andrei qui ravivent la rétine. Tout est si beau qu'elle étouffe. Qu'elle cherche son souffle, et suffoque un peu au passage. Elle voudrait sortir. Tout semble plus beau dehors, loin des marches aux allures de marbre, encore après les lourdes portes, et plus éloigné encore. Mais elle ne peut pas sortir, elle le sait ; on lui a dit, maintes et maintes fois, jusqu'à ce qu'elle supplie à demi mot. Malade. Sa mère détestait le terme et cherchait toujours à le changer. Elle le cherche encore. « You're not sick, honey. Just a litte weak sometimes. » Et alors c'était flou, pour Ivy, chaque fois. Parce qu'elle ne savait plus si Dyana voulait la protéger ou l'enfermer. La protéger ou la cacher. La protéger ou ne pas dire qu'elle avait honte, un peu, parfois, de cette enfant faiblarde incapable de supporter les rayons du soleil. Parce que malade, ça voulait dire rester à l'intérieur, se préserver, faire attention. A tout, et à tout le monde. Ça voulait dire vivre dans ce petit cocon, loin de toute réalité, depuis toujours et pour toujours. Et toujours la même conclusion : c'est quand même le comble, pour une princesse de l'air, de manquer d'air. C'était de sa faute, un peu ; fautive d'être née trop tôt, et trop vite, absolument pas préparée pour le monde. Apprendre à marcher voulait dire voir les bleus marquer sa peau sans plus pouvoir les compter, et ouvrir la fenêtre signifiait dépérir un peu plus. Fragile, si fragile. Physiquement si fragile. D'une constitution si fragile.

D'un mental d'acier.


« Toujours aussi plaisante, princesse. » Il a la voix caressante, comme tous les hommes habitués aux réceptions. Alors Ivy se fait caressante, comme toutes les femmes habituées aux réceptions. « Je pourrais en dire de même de vous. » Parfois elle dit des choses qu'elle pense vraiment, mais souvent elle ment. Parfois elle sait qui elle est, mais souvent elle se donne en spectacle. Elle est douée pour ça. Les réceptions somptueuses, la noblesse qui sourit et se blesse, les mots creux et ceux qui sonnent vrai ; les alliances, celles qu'on respecte, et puis celles qu'on trompent. Oui, vraiment, elle est douée pour ça. Les jeux, les intrigues, les doigts qui se frôlent pour se passer des messages. Elle est si jeune et pourtant, lorsque des fêtes sont données dans ce château qu'elle ne quitte jamais, elle fait l'unanimité. Elle en a besoin. Ils ne comprennent pas, eux qui peuvent sortir, eux qui peuvent voir le monde. Ils ne savent pas ce que c'est, de toujours se cacher de l'air sauvage.

Alors elle en a fait une force. Sa force. Ici, à Volastar, elle se sent un peu maîtresse de toute chose. Elle remercie constamment les cieux d'être née dans cette famille ; parce qu'alors, du haut de ses dix ans faiblards, elle s'imagine être la maitresse des invités, et d'ailleurs elle connait tous leurs noms, et les titres qui vont avec, et les points sur lesquels appuyer pour se faire aimer. A défaut de sortir rencontrer le monde, c'est le monde qui vient à elle. Et elle n'en entraperçoit que la noblesse, les masques que l'on veut bien lui montrer, mais ça lui va. Un jour, elle grandira et ce sera encore comme ça : enfant de l'air qui sourit aux mensonges, enfant de l'air qui écoute aux portes, mais qui sait toujours se faire aimer.



« Look, it's for you. » Andrei la dépasse déjà d'une bonne tête et elle a toujours eu cette étrange impression qu'il avait dix ans de plus qu'elle. Peut-être à cause de la distance inexplicable entre eux, peut-être parce qu'ils ne se parlent que peu. D'Andrei enfant, elle ne se souvient de presque rien. Parce qu'ils passaient l'un à côté de l'autre sans réellement se voir, parce qu'ils vivaient dans un même endroit sans vraiment laisser leurs yeux se croiser. Elle ne le connaît que trop mal, en vérité. Parfois, il lui semble qu'ils ne sont pas du même monde. Si éloignés. Alors elle ne comprend pas tout de suite qu'il lui offre quelque chose, même s'il lui tend la main. « Flowers ? » Il manque de lever les yeux au ciel face à l'hébétement un peu lent de sa soeur. « Not just any flowers, » qu'il insiste. Et de fait, elles sont magnifiques. De ces oiseaux de paradis qui ne fleurissent qu'une fois dans une vie, et puis de ces tamaris qui semblent se mélanger à l'air. « They're for me ? Really ? » Le geste est inhabituel. Le geste fissure un peu leur accord mutuel, celui de ne côtoyer l'autre qu'en surface. Et le geste ne se répétera pas avant qu'ils n'aient la vingtaine passée.

Mais sur le coup, ça la marque. Alors elle traine dans la bibliothèque de son père et se renseigne sur ces fleurs de l'extérieur. Elles ne poussent pas ici, celles-ci, elles viennent de plus loin. Si loin. D'un endroit auquel sa maladie ne lui permettra probablement jamais d'accéder. Mais elle se prend à espérer, et surtout, elle se prend à en redemander. A tous ceux qui sortent, à tous ceux qui voyagent. D'autres plantes, et puis d'autres bois, et puis d'autres poudres, minéraux, tissus, peaux. Des ressources. Des ingrédients. Et bientôt les potions fleurissent, dans un coin du château qu'elle s'est approprié lors de ces vagabondages nocturnes, discrètement, secrètement ; sa spécialité. Loin des yeux d'une mère partagée entre l'inquiétude et le dédain, loin d'un père surprotecteur, loin d'une soeur absolument royale, loin d'un frère insaisissable.



Il y a comme une odeur de poussière dans cette pièce-là. Elle ne voit pas beaucoup la lumière, elle reste terrée dans les sous-sols du palais ; un pue comme Ivy, qui la arpente de long en large pour l'encombrer toujours plus. Il y a des livres ouverts un peu partout, des plantes ramenées de quatre coins du monde qui tentent de survivre, des pierres précieuses d'ailleurs, de la terre d'autres nations. Des ingrédients, de la magie que la fille Valaeris tente de mettre en bouteille, des merveilles de tout Aksana qui se font la guerre pour un peu de place sur ces étagères. Et Ivy le sait, le sent, il y a là son salut.

Elle se l'est promis.

Elle se l'est promis lorsqu'elle a remarqué la déception dans les yeux de sa mère, lorsqu'elle a dit qu'elle allait se coucher tôt parce qu'elle se sentait tremblante. Elle se l'est promis lorsqu'elle a compris qu'Andrei ne la remarquerait jamais. Elle se l'est promis lorsqu'elle a senti qu'Oleg la surprotégerait toujours. Si personne n'arrive à la sauver, alors elle se sauvera elle-même.

« Voilà, tout est... tout est là. » Elle balbutie tant il lui est étrange de montrer son endroit, son sanctuaire, son trésor. D'un geste ample elle embrasse la pièce encombrée, modeste, où trônent déjà deux années de recherches intensives. Le plafond est bas, ici, si bas qu'on dirait qu'il va s'effondrer, mais Alexei ne semble pas s'en formaliser tandis qu'il passe d'une curiosité à l'autre, laissant ses doigts trainer et former des arabesques dans la poussière. « Et ça ? Qu'est-ce que c'est ? - De la peau de lézard de Flamaerin. Séchée, » qu'elle précise après un petit temps d'arrêt, même s'il n'y en a pas vraiment besoin. Alexei s'extasie, et ses yeux brillent. Ils sont jeunes, jeunes et si semblables. Tellement qu'on dirait des jumeaux, disent certains nobles. Un âge similaire, une blondeur similaire, des mots similaires. Il n'y a que devant Alexei qu'elle n'a pas honte de sa propre faiblesse maladive. Il n'y a qu'avec Alexei qu'elle se sent en sécurité. Il n'y a qu'à lui qu'elle montre cet endroit et qu'envers lui qu'elle prend le temps de s'expliquer. « Et tes potions, elles... - Elles soignent. Un peu. Elles aident. À tenir debout, à tenir le coup. Rien qui n'ait pas déjà été fait avant. Certaines permettent aux esprits en guerre de réussir à dormir. À l'inverse, d'autres donnent de l'énergie. Celle-ci... » Ivy en prend une dans ses mains, délicatement, comme si un simple contact pouvait la briser. Les reflets cuivrés dansent malgré l'absence de lumière directe. « Celle-ci donne beaucoup d'énergie. » Les cousins-jumeaux échangent un regard entendu. C'est avec une voix plus douce qu'Alexei reprend : « C'est celle que tu prends, pas vrai ? C'est pour ça que t'as l'air mieux, c'est pour ça que t'as l'air guérie. » Elle hoche la tête, Ivy. Elle n'est pas guérie. Elle ne le sera peut-être jamais. Mais elle peut le prétendre.



Elle est arrivée à l'académie avec son sourire préfabriqué, celui qu'on sort aux grands évènements, celui que l'on porte lorsqu'on ne veut pas vraiment être soi. Et derrière ce masque savamment établi, il y avait cette envie de tout découvrir, de tout toucher, d'arrêter chaque personne pour lui demander son nom. Frénésie à laquelle elle ne pouvait pas se laisser aller, bien entendu ; parce qu'Elizaveta et Andrei l'avaient précédée, et que Nevenka allait lui succéder. Elle avait une réputation à tenir, elle, Ivana, petite princesse de l'air, elle avait un nom un honorer.

Et c'est avec ce sourire qu'elle est tombée sur elle, Alyssa.
Et puis sur elle, Keira.

Il ne manquait que les flammes à leur trio ; mais elles sont restées à trois, deux têtes brunes tournées l'une vers l'autre et une Valaeris au milieu. L'eau, l'air, la terre. Et leurs rires insouciants, et les alliances politiques oubliées, rejetées, et les regards qui veulent tout dire.

Alyssa a quelque chose d'incisif, le port altier, et trouve les enseignements toujours trop simples. Alors souvent, elle échoppe d'un coup de coude d'Ivy, qui demande en chuchotant : « T'as pigé quelque chose ? » Ivy, elle apprend vite, mais Ivy, elle se lasse vite aussi. Il lui est difficile de fixer son attention trop longtemps ; elle est trop rêveuse, trop vagabonde, trop rapidement dissipée, parce qu'elle est jeune et qu'enfin, elle découvre l'ailleurs. A l'académie, elle tente tout, elle ose tout. Et tout est si bien, tout va si bien. Keira a des yeux saisissants, perturbants, de ceux qui transpercent. La langue qui s'enflamme lorsqu'elle parle des sept, et alors Ivy n'écoute plus qu'à demi-mot. Mais Keira, malgré leurs différences, elle a une odeur familière, l'odeur d'une amie vers laquelle on revient toujours. Et tout est bien, tout va si bien.

Tout allait si bien.



« Je dis simplement que ton frère n'a que deux ans de plus que toi, et qu'il est déjà fiancé. C'est tout. Je ne fais qu'énoncer l'évidence. » Ivy ne répond rien, fixe ses doigts qui s'entremêlent. Elle comprend tout : sa mère qui aimerait la voir mener une vie stable, former une alliance avec un homme de haut rang, et puis un jour avoir des enfants. Une vie différente de celle qu'elle vit aujourd'hui, enfant indécise qui oscille entre des journées terrées dans sa cave pleine de potions en devenir, loin du soleil et de la lumière, et puis des nuits dans des jolies robes, pieds frôlant des sols marbrés, un verre à la main, en quête de la moindre rumeur. Une vie stable. Terrifiant. Ivana, elle n'a rien de stable. Elle a tout d'aérien. « Je sais, je sais. » Elle est incapable d'en dire plus. Elle a la gorge nouée. Toujours l'impression d'être une déception, surtout aux yeux de cette mère qui aurait mérité d'avoir pour fille une véritable guerrière. Dyana se lève, lui remet une mèche de cheveux en place comme pour se faire pardonner, et s'éclipse simplement, l'air de dire que la discussion est remise à plus tard.

Alors ne reste qu'Oleg et Ivy, assis dans leur mutisme habituel.
Son père, elle s'en doute, ne fait probablement pas l'unanimité. Mais pour elle il est sauveur invétéré, demi Dieu, science infuse. Et lorsqu'ils sont ensemble, ils n'ont pas besoin de parler. Oleg ne l'a jamais vue comme un fardeau, jamais considérée comme une faiblesse, mais toujours protégée comme la prunelle de ses yeux, comme tous ses enfants. Et avec lui, elle se sent en paix. Parce que lui, il ne pose pas de questions. Il attend qu'elle vienne à lui. Ça fonctionne à tous les coups. « J'ai peur. - De ta mère ? » Ivana laisse échapper un rire moqueur, et dit non dans un éclat. « Peur de grandir. » La vérité les glace tous les deux. C'est la première fois qu'elle est prononcée à voix haute. « J'ai peur d'être... d'être adulte, » qu'elle paraphrase maladroitement, avec la volonté de se dépêtrer. « Tu es déjà adulte. » Elle fait non de la tête. Il ment. Ils le savent tous les deux. « J'ai peur des responsabilités, j'ai peur de finir attachée dans une vie qui m'irait pas, avec des habitudes, une routine. J'ai peur de devoir monter sur le trône, un jour, si tout tourne mal. J'ai peur d'être inadaptée au monde extérieur, j'ai peur de m'affaiblir encore. J'ai peur que des gens se reposent sur moi, alors que j'sais que j'y arriverais pas, j'sais que je peux pas, j'sais que c'est moi qui dois me reposer sur eux. » Essoufflée, essoufflée, et le coeur qui bat à mille à l'heure.



((exécution d'oleg))



((sparrows))