fixing what's been broken ☾ (renlai)

Airen & Nikolai

fixing what's been broken

Le quotidien a repris comme s’il ne s’était presque rien passé. Svea, il l’a gardé contre lui chaque fois qu’elle est venue le trouver dans son lit, mais autant dire qu’elle passait bien plus souvent en coup de vent qu’autre chose ces derniers temps. Il ne peut pas la blâmer, lui-même a ses projets et contrariétés. Fourchette trouvant une dernière fois ses lèvres, le blond récupère après un temps trop long cette assiette vide, regard perdu sur le verre de vin encore rempli aux deux tiers. Il ne bouge pas immédiatement, doigts de sa main libre passant sur ses yeux fatigués. En silence, il finit par jeter un regard à Airen qui s’occupe sûrement déjà de débarrasser, Nikolai avoue, il ne sait déjà plus. Ou plutôt, il n’a pas prêté attention en réalité, trop pris par ses propres pensées dont il ne dit un seul mot. Bientôt, ses doigts trouvent à leur tour le verre d’alcool rouge qu’il porte délicatement à ses lèvres. Ce carmin n’est pas sans lui rappeler la couleur de ce nouvel élément qui est le sien, de l’un des plus dangereux de par ce qu’il signifie. L’hémoglobine, de celle qui circule dans les veines de tout à chacun. D’un battement de cil il est capable de dire à une vie que c’est la fin, capable d’arracher ce souffle vital qui s’écoulerait hors du corps. Il l’a déjà fait. Il sait l’effet que ça fait, que ça procure et toute l’horreur qui en perdure. D’un geste, la chaise grince légèrement à même le parquet du salon et Halwyn se lève, assiette et verre en mains, se rapproche du bar et atteint rapidement la cuisine où cette fois il en est sûr, Ren s’active calmement. La cuisine a toujours été le repère du brun et jamais Nikolai n’a fait quoi que ce soit pour s’y incruster. Bien sûr, c’est aussi la sienne mais hormis pour les placards garnis en cas de fringale pressante, il n’y passe pas la majorité de son temps. Il n’y va même pour ainsi dire que très rarement, alors nul ne sait vraiment pourquoi est-ce qu’il vient attraper le torchon sec qui repose sur un des plans de travail. Nul ne sait vraiment pourquoi il commence à récupérer assiettes et couverts que les mains rugueuses de son ancien adiutor nettoient. Sans doute est-ce un moyen de passer le temps, pour lui qui est resté bien silencieux tout le long du dîner. Encore à cet instant il ne souffle mot, visiblement contrarié par quelque chose.

Le tissu éponge l’eau qui dégouline en fines perles qu’il observe d’un air mélancolique sans vraiment s’en rendre compte, le fait est que le blondinet rumine en silence la disparition de son élément originel. Il ne se sent plus vraiment appartenir à la nation de l’eau dorénavant, lui qui pense n’être guère plus qu’une abomination. Des années de pratique et de contrôle qui sont aujourd’hui réduites à néant. Voilà tout ce qui reste de son entraînement rigoureux et de longue haleine. Tout a été détruit. Il n’y a plus rien, pas même le lien qui le liait à Airen. Rien. Quelques gouttelettes atterrissent à son visage et il ronchonne, gronde dans le fond de sa gorge en pensant que Ren est soit mal doué de ses mains soit un peu trop provocateur. « Fais attention. » qu’il grommelle en passant un bout du torchon contre sa pommette humide. De nouvelles gouttes lui sautent au visage et cette fois, il fronce les sourcils, s’apprête à s’agacer indéniablement, lèvres entrouvertes lorsqu’il voit le verre rempli d’eau être levé à son attention. D’un geste de la main qui se voulait protecteur d’ordinaire et prêt à adresser un superbe retour à l’envoyeur de douche, sa tentative n’a strictement aucun effet, et l’eau contenu entre les parois de glace s’effondre en une jetée contre son visage, allant même jusqu’à mouiller ses cheveux et l’obliger à fermer les yeux. Ce n’est que bien trop tard qu’il constate son geste suspendu dans le temps et la seconde tentative d’envoyer l’eau s’écoulant du robinet directement sur la tronche satisfaite d’Airen. Il essaye, plusieurs fois de manière plus ou moins discrète, en vain. Alors il se ferme aussitôt, Nikolai. Les traits de son visage s’assombrissent à vue d’œil et il jette le torchon sur le plan de travail, en envoie même voler la fourchette qu’il terminait de nettoyer quelques secondes plus tôt sur le plan de travail à la suite du linge. Ca lui fait mal. Il n’a pas envie de rire. « Crétin. » qu’il s’insurge d’une voix glacée en fuyant en direction des escaliers qu’il monte quatre marches par quatre marches. Arrivé en haut, il s’enfonce dans sa chambre et claque la porte avec violence sans dire quoi que ce soit. Il a toujours été impulsif Halwyn, ce genre de chose n’est pas rare, ce qui l’est en revanche, c’est son évident contrôle inexistant sur une capacité qu’il avait fini par maîtriser sous quasi toutes les coutures, et aujourd’hui, le brun venait d’assister au fait qu’il n’en était plus rien. Maudits soient les Septs.

Durant de longues minutes, l’ancien maître l’eau ne bouge pas de sa chambre qui devient même trop calme. Loin d’avoir envie de faire face au brun trop vite après ce qu’il vient de se produire, et comme son visage est encore mouillé, il décide de filer dans la salle de bain dans le but de se prélasser sous une bonne douche chaude. En à peine quelques secondes, il a déjà claqué la porte de la salle d’eau et s’est déshabillé. Lové sous les perles translucides qui tombent en cascade et d’où de la vapeur commence à se former et s’échapper dans l’ensemble de la pièce, son corps crispé se détend mais pas son esprit. Nikolai a ce soir l’esprit tourné vers les océans et les vagues déchainées. Ce qu’il ne donnerait pas pour être en mesure de sentir encore l’eau danser au gré de ses doigts. Front plaqué contre le carrelage, la colère s’insinue en lui tel un fardeau indéniable qui manque d’exploser. Mâchoire serrée, il lutte bientôt pour ne pas crier, avec cette intenable envie de tout fracasser. C’est ce qu’il finit par faire… Alors que le calme règne pourtant en maître dans la maison, Nikolai commence à s’acharner sur l’eau filant du pommeau. Mais elle ne bouge pas. Il se concentre, grogne entre ses dents serrées. Mais elle ne bouge pas. Alors bientôt il grogne davantage, sent les larmes lui monter aux yeux, lui qui ne pleure jamais. Elles grimpent en flèche, salées et amères. Et tandis que tout est tenté sans succès, le poing vient s’abattre dans la paroi vitrée avec une telle force qu’elle se brise en son bord.

L’hémoglobine se mêle à l’eau translucide, de celle qui était si belle pour lui qui la pensait éternelle. Mais alors que les prunelles bleus et embuées se figent sur le sol, c’est le sang qui se mêle à son ancien élément, telle une provocation supplémentaire qui lui donne le tournis. Myocarde tambourinant à ses tempes. A moins qu’il ne s’agisse que du contrecoup de cette main en sang.

AVENGEDINCHAINS

Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Jeu 8 Mar 2018 - 21:14

Votre routine est redevenue semi-normale, et pour ça, tu es content. La routine d’aider à t’accrocher au peu de santé mentale qu’il te reste après toutes les merdes qui vous sont tombées dessus ces dernières semaines. Les attentats, la guerre, le virus, la Purge, tes frères et sœurs disparus, Nikolai qui t’évite, toi qui te découvres incapable de partir et de l’abandonner alors que tu meurs d’envie de quitter ce pays de fous. Le moral n’était pas bien haut dans la citée de feu ces derniers temps et tu n’étais pas franchement un rayon de soleil non plus. Tu ne te rappelais même pas de quand date ton dernier cycle de sommeil complet, trop occupé que tu as été à chercher ta famille disparue. Alors oui, tu accueillais cette ressemblance de normalité avec des bras grands ouverts. Et qu’importe si une petite rousse en faisait de temps en temps partie, tu n’avais pas suffisamment d’interactions avec elle pour réellement t’en préoccuper. Tu avais également la nette impression qu’elle t’évitait, ou tout du moins, qu’elle essayait de se faire le plus discrète possible quand elle était chez vous. Tellement discrète que tu ne connaissais d’ailleurs même pas son nom à la petite rouquine. Mais bon. Comme tu disais, tu t’en fichais un peu. Tu ne te fichais cependant pas du regard qu’avait Nik quand elle partait pour ne pas revenir avant plusieurs jours, avant plusieurs semaines. Un regard qu’il abordait d’ailleurs en cet instant alors qu’ils mangeaient tout les deux. Tu n’étais pas bien bavard quand tu mangeais, mais même si tu l’étais, tu savais que rien de ce que tu pourrais dire n’arriverait aux oreilles du blond. Il était bien trop perdu dans son propre monde pour ça. Ton assiette finie, tu te contentes alors de simplement soupirer et de te lever pour aller la laver. C’était pas comme si l’autre blondinet allait le faire de toute façon, faignant comme il était.

C’est pour ça que tu es surprit quand tu l’entends venir se poser à côté de toi pour essuyer la vaisselle que tu étais entrain de laver. Oui, Halwyn n’était définitivement pas dans son état normal. Et tu ne savais pas si c’était à cause du nouveau départ de la rouquine ou autre chose. Tu connais Nikolai depuis dix ans maintenant, tu sais quand quelque chose le tracasse. Et plus tu y réfléchis, moins tu doutes que ce soit en rapport avec sa bien-aimée. Vous vous occupez en silence. Et ce silence se fait de plus en plus assourdissant dans tes oreilles à mesure que tu sens la tension même involontaire du blond à côté de toi. Tu réagis donc en lui envoyant de l’eau à la figure. « Fais attention. » Tu ricanes presque devant l’air grognon du blond. Tu l’ignores et tu recommences. Qu’était des gouttelettes pour une maître de l’eau après tout ? C’est pour ça que, un grand sourire joueur sur les lèvres, tu attrapas à la place le verre remplit d’eau que tu t’apprêtais à laver, et lança son contenu sur le blond. Nikolai lève la main et tu te prépares à sauter sur le côté pour éviter la gerbe d’eau qui allait t’être renvoyée en représailles. Mais la représailles ne vient pas. Malgré son geste défensif que tu connais si bien, l’eau l’atteint et toi, tu restes sec. Nikolai a toujours sa main levée, tu as toujours le verre dans ta main. Le temps s’est comme arrêté.

Le blond fait quelques gestes, et quand rien ne se passe, tu le vois se fermer complètement. Il te jette pratiquement son torchon et la fourchette qu’il essuyait à la figure avant de t’insulter de sa voix la plus froide. « Crétin. » Il te tourne le dos et disparait en quelques secondes de ta vue, courant pratiquement vers les escaliers, le dos rigide et les poings serrés à s’en faire mal. Au loin tu entends la porte de sa chambre qui claque violement et tu jures que la maison trembla pendant un instant. Toi, tu restes figé sur place. Tu essaies de comprendre ce qu’il vient de se passer. Tes yeux ont vu, tes yeux ont compris ce que ton esprit ne semble pas vouloir intégrer. Tu baisses le bras, les yeux toujours fixés sur les escaliers par où a disparut ton ancien maître. Le verre retrouve sa place dans l’évier et tu poses machinalement le torchon sur le comptoir. Qu’est-ce qu’il venait de se passer ? Nik avait … Nikolai avait tenté de lui renvoyer l’eau à la figure mais rien ne s’était passé. L’eau ne lui avait pas obéit. Tu te léchas nerveusement les lèvres en jetant un regard vers les escaliers. C’était pour ça qu’Halwyn était dans cet état ? Il était comme toi ? Lui aussi avait perdu le contrôle de son pouvoir ? Tu sentis en toi un élan de compassion naître pour le maître de l’eau. Tu comprenais ce qui devait ressentir. Tu comprenais de la frustration, la colère et le désarroi de perdre une maîtrise durement acquise. Ça et la honte d’avoir quelqu’un être témoin de cette perte. Alors oui, tu comprenais pourquoi Nik, qui gérait encore plus mal ses émotions que toi, a pu réagir comme ça. La porte de la salle de bain claque violemment cette fois et tu te dis que tu aimerais bien qu’il n’essaie pas de détruire la maison tout de même. Tu allais le laisser tranquille. Le laisser reforger sa carapace de mec qui n’en a rien à foutre et intouchable. Et quand il redescendra, tu allais faire comme si rien ne s’était passé. C’était la meilleure chose à faire pour le blond. Tu repris donc ta vaisselle en silence, pendant que l’histoire allait s’arrêter là.

Chose qui sort totalement de ton esprit quand tu entends le violent fracas venant d’en haut. Tu abandonnes aussitôt ta vaisselle et te précipites en haut. « Nik ! » Tu montes quatre à quatre les escaliers avant de pratiquement enfoncer la porte de la salle de bain. « Nik, ça va ?! » Il est là, toujours dans la douche et aussi nu que le jour où il était né. Mais ce n’est pas ce qui retient ton attention. C’est le sang ruisselant de la main tendue devant lui. Tu jures et te précipites vers lui. Les morceaux de verres craquent sous tes pieds alors que tu arrives devant lui. « Nik, qu’est-ce qui s’est passé ?! » Tu attrapes son poignet avec une douceur rare chez toi et grimace devant les dégâts. Merde, ça doit faire mal. Tu attrapes une serviette et l’enroules autour de sa main, essayant d’arrêter le sans qui s’en écoulait toujours. C’est seulement à ce moment là que tu te rendis compte que Nikolai n’avait toujours pas prononcé un mot. Tu le vas les yeux vers lui. Il ne te regardait pas. Il ne regardait même pas sa main blessée. Ses yeux restaient fixés sur le sol où le sang se mêlait à l’eau coulant toujours de la douche allumée. Doucement, tout doucement tu viens poser ta main sur son épaule, ignorant l’eau qui avait finie de te tremper. « Nik … » Tu l’appelas doucement, presque comme si tu avais peur qu’il ne se brise entre tes doigts si tu parlais plus fort. Tu ne savais pas ce qu’il se passait. Il venait de frapper la vitre de la douche, mais pourquoi ? Pourquoi il avait fait ça ? C’était parce que tu avais vu qu’il avait perdu la maîtrise de son pouvoir ? Non. Ça ne pouvait pas être ça. Halwyn n’était pas fier à ce point-là. Il t’aurait insulté comme tout à l’heure. Il ne se tiendrait pas devant toi le poing en sang et le regard vide. Tu n’aimais pas ce regard, tu voulais le faire disparaître. Tu préférais les insultes à cette version presque brisée du blond. « Qu’est-ce qu’il s’est passé … ? »

Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Sam 10 Mar 2018 - 13:10

Airen & Nikolai

fixing what's been broken

L’air est glacial quand il s’évade à l’étage avec la ferme volonté de disparaître à sa vue. Le calme olympien cède place à la colère sourde et prenante qui serpente en ses veines rongées par un mal invisible. Celui-ci ne s’est que trop bien imprégné de son âme qu’il consume en silence. Seule la porte violemment claquée fait vrombir tout l’intérieur, au risque de donner l’impression de tout faire s’effondrer comme un vulgaire château de cartes. Airen ne pouvait pas savoir, dans ses gestes, il ne pouvait pas savoir ce que le virus avait fait en plus de leur enlever leur lien qui faisait qu’ils n’étaient pas qu’un. Alors bientôt la porte se rouvre contre une seconde qui claque, le maître de l’eau ne parvient pas à réparer son esprit, pas ce soir. Le liquide clair coule en gouttes sur son corps meurtri et endolori par ses mêmes maux d’esprit. Par les Sept, ce qu’il aimerait tant être en mesure de les contrôler ces gouttes, les faire chavirer à sa guise et tournoyer comme bon lui semble, mais il ne le peut pas. Il a beau s’essayer à s’en faire hurler que rien ne bouge. Plus rien ne danse ni n’est provoqué par sa seule volonté. Nikolai n’est plus ce maître qu’il était. Différent, il est dorénavant un maître de sang. Carmin qui rapidement ruisselle et, à l’eau, se mêle. Il n’a suffi que d’un geste, un seul geste pour que son monde tangue subitement. Oreilles bourdonnantes, il n’entend pas son ancien adiutor crier son nom à l’étage du dessous. Le regard vide est perdu sur ce rouge qui dégouline dans la canalisation avec le reste, prunelles brouillées par les perles salées qui s’échappent de ses yeux sans qu’il n’en ait le contrôle. Il a tellement mal. Sa main blessée tremble de douleur et si la chaleur épineuse irradie tout son bras, seul le psyché demeure figé et plus douloureux encore que le membre abîmé.

Escaliers montés quatre à quatre, le bruit de la douche camoufle l’avancée inévitable de l’inquiet. Ren et son habitude de vouloir le protéger bien malgré lui. Cette protection qui se veut réciproque, même si Halwyn a longtemps considéré sa présence comme un véritable parasite. Un lien en définitive bien plus compliqué à évaluer que ce que le blond aurait d’abord pu penser. Quand la porte se fait littéralement défoncée, ses oreilles bourdonnantes se mettent à siffler et ne couvrent qu’une portion du bruit. Nikolai a toujours le regard vague, perdu ailleurs, myocarde battant la chamade dans sa cage thoracique au point qu’il voudrait en sortir. Dans ses plus simples apparats, c’est à peine s’il réalise la présence d’Airen. Nik, qu’est-ce qui s’est passé ?! Le brun se précipite vers lui, verre craquant sous ses pieds mais il ne bat nullement des cils Halwyn, lève les yeux sur le visage du mêlé qu’il ne parait pas reconnaître. Sur le moment, sa seule présence a comme l’effet d’une agression, proximité dérangeante qui le flagelle de plein fouet. Il ne s’attend pas à être touché, tressaille quand il attrape délicatement le poignet où le liquide rouge continue de s’écouler pour goutter férocement à son coude et se mêler à la clarté pure. L’eau trempe Airen, c’est ce que l’esprit se dit un bref instant, yeux bleus embués de larmes ne quittant pas ce visage familier sans l’être. Il sent un poids entourer ses doigts humides, douleur qui irradie de nouveau et le fait grimacer cette fois tandis que les yeux se reposent en direction du sol. Le contrôle il ne l’a pas, il ne l’a plus, il l’a perdu. De manière imperceptible le sang qu’il fixe et qui pourtant se mélange avec l’eau commence à s’en séparer en perles rouges. Nik … Sa voix résonne mais Nikolai ne veut pas l’entendre, intérieurement il lui hurle déjà de quitter la pièce. Parce qu’il est dangereux. Les doigts l’effleurent à nouveau, se pose sur l’épaule qui soudainement cherche à fuir. Paupières se ferment. « Ne me touche pas. » qu’il prononce enfin d’une faible voix. Il n’y a pas d’air glacial comme en bas, le ton est même presque trop doux, plus las qu’autre chose. La colère s’est évacuée dans le poing brisant la vitre, poing dorénavant mal en point. Et Ren est toujours trempé. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Mais va-t’en donc, tu ne comprends pas.

« Ne me touche pas Ren. ». La voix s’étrangle, mains tremblantes et cœur au bord des lèvres. Il est sérieux lorsque ses yeux rougies se posent enfin sur lui pour le voir. Il le voit aussi clairement que les larmes le lui permettent. L’eau balaye le mal, mal qui s’anime sous son nouveau pouvoir. Contrôle non-voulu de son propre sang, celui-là même qui ne cesse de couler. Il remonte en perles rouges tout autour d’Halwyn, bientôt accompagné par les filaments rougeâtres émanant de la plaie saignante. Les billes bleues bifurquent sur l’hémoglobine dansante et la respiration s’accélère bientôt en panique. Ca recommence, d’une autre manière, une manière différente. Il ne tue pas, seul son propre sang fixé danse autour de lui, traversé par la pluie d’eau, élément d’antan. « Je le contrôle pas… ». Monstruosité des bas-fonds pour celui qui était autrefois teinté de grâce. Tout est à réapprendre, mais comment apprendre à maîtriser un élément capable de tuer d’un seul regard ? Il ne sait pas, et au fond il a peur Nikolai. La Purge il ne l’a évité que de justesse, mais Airen comprendrait alors sans mal de quoi il en retourne dorénavant. « J’ai perdu mon élément, Ren. ». La voix grésille une seconde fois et la honte se mêle à la panique et à l’horreur. Fierté mal placée qui ne trouve plus son compte. Tout part en vrille. Sans prévenir, le rouge en suspens dans l’air vient s’abattre contre la vitre et tâcher cette dernière, faisant sursauter le blond qui ferme alors les yeux et les serre avec force. Il ne doit pas prendre le risque de regarder son adiutor maintenant. « Tu peux pas rester là, je pourrais te tuer. ». Mais il sait le brun têtu et sa main bien amochée. Il tente donc d’hausser le ton, sans grande conviction toutefois. « Je risque de te tuer Ren, sors de là ! ». Le blond refuse toujours de le regarder mais il sent sa présence. « SORS DE LA ! » qu’il s’insurge en reculant trop vite contre le carrelage. Dans son élan et sous le manque de sang qui s’accumule, il glisse contre la paroi et perd l’équilibre.

Alors seulement la main blessée se sépare de la serviette imbibée qui s'effondre au sol, main qui vient, à lui, s’accrocher. Les dents se serrent et grincent avec force sous la douleur mais avant qu’il n’ait le temps de dire ouf Nikolai est déjà assis par terre, prix d'un vertige qui l'a fait glisser le long du carrelage derrière lui. Il ne l’a pas lâché.

AVENGEDINCHAINS

Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Mar 13 Mar 2018 - 0:09

Des fois, tu te demandais pourquoi tu étais né. Quel était l’intérêt de ton existence ? Tu n’étais pas né d’âmes sœurs dont l’amour était aussi infini qu’au-dessus de tous soupçons. Oh, ta mère l’avait aimé ton père, ça tu l’avais toujours su. Mais lui … Non. Il ne l’avait jamais aimé. Qui abandonnerait son aimée quand celle-ci annonce qu’elle est enceinte ? Personne qui ne mérite d’être connu où qu’on se souvienne de lui. Mais c’était ça qui était à l’origine de ta création : un enfoiré qui avait renié ton existence avant même ton premier souffle, et une folle qui n’avait pas plus voulu de toi en fin de compte. Personne n’avait été heureux à ta naissance. Personne ne s’inquiétait pour toi quand tu avais été enfant. Et adolescent tu avais fini par te demander si ta présence sur cette terre servait véritablement à quelque chose ? Si ce n’était peut-être pas mieux de disparaître purement et simplement ? Car à près tout, à quoi servait quelque chose dont personne ne voulait. Tu ne manquerais à personne, et même si tu te savais aimé par quelques-uns, était-ce vraiment assez quand ton existence n’avait pas de raison d’être et que vivre était si douloureux ? Pourquoi continuer ? Et puis tu as grandi et on t’a lié à quelqu’un. Et soudainement partir semblait être la porte de sortie facile, celle que tout le monde s’attendait à te voir prendre. Le monde et le blond aux yeux aussi dédaigneux que bleus. Ces yeux que tu frappas dès la première occasion qui se présenta. Tu ne voulais pas leur donner raison. Partir serait bien trop satisfaisant pour eux. Alors tu es resté, juste pour les emmerder. Un jour, puis un jour, et encore un, et un autre, jusqu’à ce que te lever, manger et respirer ne te semblent plus être une tâche difficile et inutile. Jusqu’à ce que vivre, ne te semble plus être un fardeau. Et maintenant, maintenant tu es bien trop habitué à la vie pour la laisser partir si facilement. Tu avais un blond à faire chier après tout.

Mais cette envie n’est aucunement présente en toi en cet instant. Pas avec un Nikolai qui semblait si petit devant toi. Pas alors qu’une simple pression semblait pouvoir le casser, le briser en milles morceaux irréparables sur le sol. Tu tiens sa main ensanglantée à travers la serviette, qui déjà est rougie du sang du blond, tu la tiens doucement mais fermement, prêt à tout instant à rattraper Nikolai s’il venait à tomber. Il était définitivement en état de choc en tout cas. Tu l’appels et le touches gentiment. Tu ne savais pas ce qu’il se passais, tu ne savais pas ce qui lui arrivais, mais tu ne voulais juste pas le brusquer. « Ne me touche pas. » Tu clignes des yeux. Tu ne t’attendais pas à cette réaction, et pendant un instant, tu ne peux t’empêcher de te sentir légèrement blessé par ses paroles. Tu ravales bien vite cette sensation stupide et inutiles en cet instant et te reconcentre sur le blond devant toi. La voix de Nik était trop petite, trop faible, trop fatiguée. Quelque chose ne collait définitivement pas. Son état ne pouvait être lié au fait que tu avais vu qu’il avait perdu le contrôle de son élément, ça ne pouvait pas être ça, il te manquait des éléments. Alors tu le lui demandas. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

« Ne me touche pas Ren. » Il relève enfin la tête vers toi, et tu sens sa main qui tremble dans le tienne, tu entends sa voix qui s’étrangle et tu vois ses yeux rougis et les larmes qui en coulent et tu ne sais pas comment réagir. Tu ne sais pas ce qui se passe, tu ne sais pas comment réconforter quelqu’un, et encore moins Halwyn. Pas alors que la moindre phrase de travers semble prête à le détruire. Tu avales la boule dans ta gorge et ouvre la bouche pour dire quelque chose, n’importe quoi. N’importe quoi qui puisse remplacer les larmes. Tu préfères largement les regards froids et pleins de dédains à ça. Même les insultes seraient mieux. Mais finalement, tu n’as rien le temps de dire. Toute ton attention est soudainement accaparée par les gouttelettes rouge sang qui remontent dans le sens contraire à la gravité tout autour de vous. Ton souffle reste coupé dans ta gorge. Pendant un instant, tu penses que c’est Nik qui maîtrise l’eau autour de toi, qu’il s’est moqué de toi et qu’il va à tout instant éclater de rire et se foutre de ta gueule. Mais non. Le visage du blond blanchit devant les gouttelettes, sa respiration s’accélère et les gouttes rouges continuent de danser autour de vous, dessinant de fins filaments rougeâtres depuis vos mains entrelacées, alors que celles transparentes ne font que tomber, tomber, tomber… Oh.

« Je le contrôle pas… » Oh, c’était pour ça. C’était évident maintenant que tu y pensais. Tout prenait sens. Fasciné, horrifié, tu fixais le sang (car ce ne pouvait être autre chose, n’est-ce pas ?) danser tout autour de vous. C’était gracieux et dérangeant à la fois. Comme une ballerine faisant sa plus belle prestation couverte de sang. Quelque chose qu’on ne pouvait lâcher du regard tellement c’était beau et par peur qu’elle vous attaque soudainement. Par la culotte des Sept, c’était dérangeant. « J’ai perdu mon élément, Ren. » Oui tu voyais ça. Tu avais entendu parler des mutants, de ceux qui avait perdu leur pouvoir originel pour se voir attribué une variante plus dangereuse, plus incontrôlable encore. Oui tu en avais entendu parler. Qui à Launondie ne les connaissait pas après la Purge. Tes yeux s’écarquillent, ton visage pâlit, ton souffle se coupe. La Purge. Par les Sept non. Nik. Il était en danger. Il était en danger ici. Ils allaient le tuer. Ils ne pouvaient pas, il, il fallait- il fallait qu’ils partent. Il fallait qu’ils partent de la capitale. Nik n’était pas en sécurité ici, ils allaient le tuer s’ils apprenaient. Non. Pas si tu avais ton mot à dire. Mais où aller ? Eartanera était contre les mutants, Aguarinui les toléraient et Aerinstin leur offrait un asile selon les rumeurs que tu avais entendu. Mais la guerre était à vos portes. Vous ne pouviez pas partir. Mais il le fallait pourtant, vous ne pouviez pas rester. Tes réflexions sont coupées quand, sans prévenir, le rouge en suspens dans l’air vient s’abattre contre la vitre et tâcher cette dernière, les faisant sursauter tout les deux. Tu restes hébété devant la vitre maintenant écarlate. Merde …

« Tu peux pas rester là, je pourrais te tuer. » Tu te retournes brusquement vers le blond à ces paroles. Quoi ? « Je risque de te tuer Ren, sors de là ! » Il ne le regarde pas. Ses yeux sont fermés, presque vissés entre eux alors qu’il profère ses menaces. « SORS DE LA ! » Tu fronces les sourcils et sens la colère t’envahir. Ce connard. Ce connard d’enfoiré de merdeux. Il est entrain de se traiter de monstre. Tu l’entendais d’ici. Il n’avait pas besoin de le dire, ça se voyait partout sur son visage. Comment osait-il penser une chiasse pareille ?! Comment il pouvait- Tu ouvres encore une fois la bouche mais Nikolai recule, et comme tu t’y attendais, il perd l’équilibre. Tu essaies de le retenir, mais voilà qu’il glisse et t’entraine dans sa chute, vos mains étant toujours attachées. Halwyn se rattrape contre le mur et toi avec tes mains sur le sol. Le verre craque sous tes doigts et pendant un instant, ta paume te pique. Mais la sensation disparaît très vite sous la colère toujours aussi présente en toi. Tu es à genouillé devant le blond, sa main dans la serviette ensanglantée toujours dans la sienne, tes vêtements définitivement trempés. C’est avec lenteur et une rage à peine contrôlée que tu t’exprimes. « La. Ferme. » Tu grondes presque et tu le fusilles du regard. « Voilà ce qu’on a faire toi et moi : on va sortir de cette douche et on va bander cette blessure avant que tu ne te vides de ton sang comme m’abruti que tu es. Ensuite, toi et moi on va aller en bas, et on va discuter de ce qu’on va faire maintenant. » tu rapproches un peu plus ton visage du blond et lui grognes au visage. « Et je te le jure, Nikolai Halwyn, si tu OSES recommencer à te traiter de monstre, d’abomination ou une autre merde dans ce genre, et je SAIS que tu es entrain de le faire, je t’éclate la tête contre le comptoir jusqu’à ce que ces idées sortent de ta putain de tête. Est. Ce. Que. C’est. Clair ? »

Tu souffles violemment par le nez, agacé, furieux et une sérieuse envie de remettre les esprits en place de cet abruti dans les mains. Jurant toujours violemment mentalement, tu passes ton bras libre derrière le dos du blond, l’attirant vers lui pour le supporter légèrement. Ta voix est plus douce quand tu ouvres de nouveau la bouche. « J’en connais des monstres, Nikolai, t’en es pas un. » Et ça te rends furieux qu’il pense le contraire. Et puis, soudain, tu réalises : ta paume te pique toujours et ce n’est pas le sang de Nik qui coule sous ta main.

Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Mer 14 Mar 2018 - 21:26

Airen & Nikolai

fixing what's been broken

Il n’y a rien de pire que la perte de contrôle, Nikolai le sait bien pour l’avoir déjà expérimentée dans son enfance. Perdre le contrôle de l’eau était une chose, mais perdre le contrôle du sang, élément si vital et donc aussi dangereux en est une autre. Ce qu’il craint en cet instant est tout sauf rationnel mais non pas irréel. Il ne suffirait que d’un battement de cil pour que le corps s’effondre et se vide, alors à défaut de regarder l’autre, le regard esquive discrètement, pouvoir focalisé sur son propre sang qui tombait et maintenant se relève. Sang dansant tout autour d’eux sans qu’il ne soit en mesure de l’arrêter ou de le comprendre. Pourtant le sang bat dans les veines d’Airen, le blond n’a de cesse de le sentir avec une précision qui l’affole. Il a déjà tué une fois, un inconnu, recommencer sur un proche il ne le veut pas. Il réfute cet élément en bloc. L’air hébété n’échappe pas à Nikolai et ses yeux brouillés. La chaleur de la douche devient insupportable, tout comme la douleur provoqué à chaque mouvement de ses doigts enroulés dans la serviette et qui ne quittent pas le brun. Le tout s’entremêle et s’entrechoque avec violence, esprit perdant le cours du temps tandis que les mots se meurent un peu plus à la sortie de ses lippes humides. L’hémoglobine continue pendant ce temps de danser et ne parvient plus à s’arrêter. Je le contrôle pas, je le contrôle pas. Palabres qui passent en boucle dans son esprit malmené. Ren doit sortir de là, il doit sortir d’ici et c’est là tout ce qu’il lui dit, finit même par lui hurler en se forçant à fermer les yeux qu’il maintient fermement plissés. La révélation a éclaté, comme le sang qui sur la vitre est venu s’éclater pour mieux les faire sursauter. Quoi qu’il fasse, le maître de l’eau ne pourrait pas revenir en arrière, son mêlé sait tout, maintenant. Dorénavant il sait le mal qui le ronge de l’intérieur et les raisons profondes de son exécrabilité, mais Halwyn ignore tout de ce qui se trame à l’instant même dans les songes du brun. Il ignore cette envie fugace de partir, quitter les lieux dans le seul et unique but de le sauver, lui.

Pour l’heure, même la colère d’Airen passe inaperçue sous le joug du flot d’émotions contraires qui se noient dans les tréfonds du blond. Le geste en arrière est fait, vertige incontrôlable dû à ce tout, à la douleur qui irradie tout son avant-bras, à la peur, la tristesse, la colère mais aussi et surtout à cause du sang qui s’est envolé. Nikolai glisse contre le carrelage et entraine son camarade d’infortune avec lui. Il n’a pas lâché sa main mais le choc se fait plus rude et il grimace, refusant néanmoins de rouvrir les yeux, peu importe ce qu’il se passe. Ren doit partir, pourquoi ne part-il donc pas ? Mais qu’il se tire ! N’a-t-il pas été assez clair ? Ne l’est-il pas encore lorsqu’il le répète à nouveau juste avant de… La. Ferme. Jamais encore il n’a entendu pareil ton dans le son de sa voix, ton qui l’oblige à libérer ses prunelles bleues de l’obscurité, mais le force aussi à se crisper pour mieux se contrôler et ne pas tout simplement le vider sur place de son propre sang. La respiration saccadée l’est toujours sous le myocarde battant mais il se refuse à bouger. L’eau chaude lui cingle au visage et devient subitement sa pire ennemie à mesure que la chaleur ne cesse d’emplir la pièce. Voilà ce qu’on va faire toi et moi : on va sortir de cette douche et on va bander cette blessure avant que tu ne te vides de ton sang comme l’abruti que tu es. Ensuite, toi et moi on va aller en bas, et on va discuter de ce qu’on va faire maintenant. Lèvres pincées, Nikolai se retient de gronder, mais seules les larmes continuent de couler alors qu’il lutte pour ne pas le tuer. Il lutte si fort que seuls les mots ensuite prononcés par Airen ont l’effet d’un électrochoc violent. Même dans leurs échanges les plus énervés et dangereux, le mêlé n’est parvenu à avoir le dessus comme il l’a en cet instant. Et je te le jure, Nikolai Halwyn, si tu OSES recommencer à te traiter de monstre, d’abomination ou une autre merde dans ce genre, et je SAIS que tu es en train de le faire, je t’éclate la tête contre le comptoir jusqu’à ce que ces idées sortent de ta putain de tête. Est. Ce. Que. C’est. Clair ? Le blond tressaille à chaque changement d’intonation et le regard ne quitte pas celui de l’autre qui a son visage bien trop près du sien. Ren est trempé jusqu’aux os et lui nu comme un vers. Bien évidemment qu’il se traite intérieurement de monstre, comment pourrait-il en être autrement ? « Très clair. » qu’il souffle d’une petite voix sérieuse et néanmoins crispée. En réalité, les paroles le touchent bien plus qu’il ne peut l’admettre, raison pour laquelle il ne parvient plus à arrêter les perles salées silencieuses de dégouliner le long de ses joues. Il est fatigué, tellement fatigué.

Lorsque la main glisse délicatement dans son dos, Nikolai détourne un instant les yeux, le regard temporairement perdu dans le vague à nouveau, mais c’est sans compter sur la voix d’Airen qui vient une nouvelle fois résonner à ses oreilles. Plus douce, cette fois. Rapproché du brun sans réellement s’en rendre compte, le maître se fige en entendant les nouvelles paroles. J’en connais des monstres, Nikolai, t’en es pas un. Il se passe un laps de temps sûrement trop long où celui qui se prend pour un monstre observe l’autre avec une attention toute particulière. Halwyn ne sait pas ce qu’il a fait pour mériter pareils mots qui suintent la sincérité, et sur l’instant il ne peut que se montrer silencieux, respiration presque apaisée. Puis, sans rien dire et pour la vraie première fois de leur vie, ses bras viennent s’enrouler autour du cou d’Airen et c’est dans un élan de semblant de force qu’il vient se coller à lui dans une étreinte qui d’ordinaire serait parue insensée. Avec ce qu’il lui reste de violence, il l’enlace, le garde ardemment contre lui comme s’il cherchait à renouer ce lien perdu qu’ils n’auraient jamais plus. Qu’il était en définitive bien horrible d’être aussi proche de ce parasite de toujours sans n’être plus capable de s’y sentir lier. Qu’il était en définitive bien surprenant de se faire subitement aussi émotif à propos d’un être après qui l’on a de cesse de hurler et de s’insurger. La main abîmée tâche probablement les vêtements mais il n’en a cure Nikolai, bien trop occupé à demeurer là pendant un moment de silence. Là, le cœur battant la chamade et la fatigue le rattrapant. « Merci. ». Ce mot qu’il ne lui dit jamais. Merci, comme un nouveau souffle de surprise, car à ce moment très précis il sait que Ren ne partira pas. Qu’il restera.

Noyé dans l’étreinte, les larmes se calment, ne laissant plus que place aux prunelles bleutés légèrement teintées de rouge, quelques cernes marquant dorénavant ses traits. D’un geste maladroit, il vient couper l’eau qu’il ne supporte plus et le seul raffut de la pièce s’arrête sans qu’il ne quitte ses bras, ne réalisant pas l’étendue de la gêne que toute cette situation lui procurerait bien plus tard. Pour l’heure, il en a simplement besoin. Ce n’est qu’après plusieurs secondes qu’il se recule doucement, le visage pâlichon. Nikolai fait peine à voir pour la toute première fois de son existence, lui qui d’ordinaire ne laisse rien transparaître. Les yeux se baissent et toisent le sang qui s’écoule de la main de son ancien adiutor. Le liquide rouge se met bientôt à couler davantage tandis qu’il le fixe. Quand il prend note de ce qu’il se passe, la panique revient pointer le bout de son nez et il referme les yeux, doigts de sa main valide s’accrochant au col du mêlé. « Aide-moi à sortir de là, s’il te plait. ». Oui, ils allaient se rendre au premier étage et ils allaient très sûrement discuter, mais pour l’heure il ne parvenait pas à se lever.

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Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Mar 27 Mar 2018 - 22:47

Ta mâchoire te fait mal tant elle est serrée, tes yeux lancent presque littéralement des éclairs. Tu es furieux. Plus furieux que jamais et tu ne penses pas avoir été un jour aussi furieux. Tu fusilles du regard le blond qui semble si petit devant toi. Nu, les yeux baignant de larmes visibles malgré l’eau coulant tout autour d’eux, Nikolai avait l’air tellement fragile devant toi. Et cette vision aurait dû te faire tiquer, te faire paniquer et te gêner, tant par son étrangeté que par la faiblesse que te laissait voir ton ancien maître. Mais pas aujourd’hui. Pas maintenant alors que tu voyais le blond se flageller mentalement. Pas alors, qu’entre tes doigts, tu le voyais presque partir en morceaux à cause de ce qu’il percevait comme étant une abomination. Grace à toutes ces années de côtoiement forcé, il n’avait pas besoin de parler ton connard de blond, tu le connaissais comme un livre ouvert. Et tu voulais l’étrangler. Tu voulais le secouer, le frapper jusqu’à ce que ces ignobles idées sortent de sa tête. Jusqu’à ce qu’il reprenne cet air hautain et moqueur qui était le sien et que tous lui connaissaient. Tu voulais qu’il retrouve sa superbe, sa force et sa fierté et que disparaisse ces larmes qui te secouaient. Tu haïssais le voir ainsi. Tu haïssais ça immensément et sans savoir pourquoi. Et le lui grognant presque au visage, tu le lui fis savoir violemment. Nikolai n’était pas un monstre. Tu en avais vu des monstres, tu en avais connu des créatures qui n’ont d’humain que le visage, et que le blond pense en être un te donne des envies de meurtre. Sa mutation est dérangeante, tu peux te l’avouer à toi-même. Mais, en fin de compte, c’était juste de l’eau un peu plus rouge. Nikolai pouvait déjà te vider de toute ton eau avant, qu’il puisse faire maintenant la même chose avec ton sang ne t’effrayait même plus.

Passant doucement ton bras autour de sa taille nue, tu lui partages doucement ce simple fait. Il n’est pas un monstre. Pas à ses yeux en tout cas. Tu ne doutes pas une seconde que la religion des Sept aurait un tout autre avis. Qu’ils aillent mourir eux et leurs Dieux qui condamneraient ton blond pour quelque chose qui n’est ni de sa faute, ni de son fait. Il serait devenu lambda que tu t’en serais foutu éperdument. Nik n’a pas besoin d’eau pour être lui et te faire chier. Il t’observe d’ailleurs en silence, ton connard. Il ne dit rien et te regarde juste de ses grands yeux bleus remplis de larmes qui ne devraient pas y être. Tu tires doucement contre lui, déterminé à le lever et l’emmener soigner sa plaie sanguinolente, quand tu sens des bras nus soudainement te serrer le cou. Il te faut un instant ridiculement long pour comprendre que le blond devant toi est entrain de t’enlacer. Tu te figes brusquement, étranger à la sensation et choqué de sentir sa peau nue contre tes vêtements trempés. « Merci. » Tu entends ce simple mot être soufflé près de ton oreille, aussi léger et fragile qu’une brise. Coincé dans les bras d’un blond en pleur, tu ne sais pas quoi faire. On ne t’a jamais apprit à consoler quelqu’un, et tu n’en n’as jamais eu besoin. Tu n’aurais jamais cru avoir à le faire avec Halwyn. Tu ne sais pas quoi faire, alors tu restes là, les bras autour de sa taille, et bien trop tendu entre ses bras.

Doucement, tu sens le blond se détendre contre toi, et tu espères que ce soit ses sanglots qui cessent plutôt que le manque de sang qui se fait sentir chez lui. Mais non, tu vois son bras se lever et couper l’eau. Sans elle, tu es maintenant bien trop conscient à ton goût de la peau nue qui te colle. Ce n’est pas la première fois que tu vois le blond nu. Mais c’est la première fois qu’il est collé à toi tout en l’étant, et tu brûles de lui lancer une serviette pour mettre de la distance entre toi et sa peau. Mais finalement il recule, et tu peux contempler le teint pâle, les yeux rouges et les cernes de ton ancien maître. Ton cœur se serre. Il faisait peine à voir. Son regard se baisse un instant avant que ses yeux ne se ferment brusquement, une main accrochée à ton col. « Aide-moi à sortir de là, s’il te plait. » Merci. S’il te plait. Oui. La situation était aussi dramatique qu’étrange. Tu acquisses sans rien dire cependant. Ton bras toujours derrière sa taille, tu te relèves doucement en le supportant, et bientôt, tu vous supportes, ton blond et toi.

Tu ne reprends pas la serviette tâchée de sang, maintenant également trempée, et en prend une alors que vous sortez tout deux de la douche. Tu l’enroules autour de la main du blond et en prend une pour la tienne également, ainsi qu’une serviette chacun pour vous sécher. Tu avises tes vêtements plus que mouillés et la nudité toujours apparente du blond et te tournes vers lui, un bras derrière sa taille. « Si je t’amène à ta chambre, tu vas réussir à t’habiller ? Ou bien tu préfères qu’on s’occupe de ta main avant ? » Tu attendrais pour la tienne. La blessure de Nik était plus importante. Même si aimerais bien qu’il mette des putains de vêtements tout de même …

Sujet: Re: fixing what's been broken ☾ (renlai) Ven 30 Mar 2018 - 20:37

Airen & Nikolai

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Il ne comprend pas les raisons de l’agacement émanant d’Airen. La raison pour laquelle elle semble être si forte en son sein, lui qui continue de penser qu’il n’est dorénavant rien de plus qu’un monstre. Le sang fait peur, le sang effraie, liquide vital qui tient une vie. Fil qu’il est à présent capable de couper dès la nuit tombée telle une des moires. D’un vulgaire regard. Un assassin. Le brun a beau lui couper la parole et le laisser sans voix, Nikolai est têtu, et si le temps d’un instant cette pensée s’envole, elle viendra refaire surface tôt ou tard. Il ne le sait que trop bien, peu importe ce que dit Ren ou même ce que pourrait dire Svea. A ce moment bien précis sur l’échelle de sa vie, il ne semble pas parvenir à voir le positif et les avantages d’une telle altération de don. L’eau était son élément et une part apprivoisée de lui-même. Avec ce nouvel élément, il redevient le Nikolai d’antan, prompt à se laisser submerger par le flot de ses émotions au risque de tout envoyer voler. Quoi que Ren puisse en dire, il est dangereux. Bien plus qu’hier et sûrement bien moins que demain. J’en connais des monstres, Nikolai, t’en es pas un. Les palabres pourtant, résonnent en boucle dans son esprit, tel un écho qui refuse de partir. L’adiutor a su faire mouche temporairement et probablement à jamais, mais le blond est trop fatigué pour réellement comprendre toute la teneur de ce qu’il se passe, encore plus lorsque pris d’un élan d’il-ne-sait-quoi, ses bras viennent s’enrouler au coup de son vis-à-vis pour se serrer contre lui et ne plus le lâcher. Il se colle aux vêtements trempés, eau continuant de dégouliner sur eux dans un son qu’il ne supporte plus. Yeux fermés et larmes ruisselant sur ses joues il refuse de le quitter. Nul ne sait vraiment pourquoi mais le fait est là. Il le serre, avec véhémence et une force incroyable sans aller jusqu’à l’étouffement. Airen se crispe, par réflexe, un réflexe qu’il emmagasine dans un coin de sa tête mais Halwyn refuse de bouger.

Ce n’est pas du réconfort qu’il cherche, juste des réponses, une certaine certitude que quoi qu’il ait pu se passer jusque-là, cet abruti ne l’abandonnera pas. Il aime Svea sans compter, de ça il en est plus que sûr, il n’y a pour ainsi dire aucune question à se poser la concernant. Avec Airen, la chose est bien plus différente et chaotique, mais ils ont pour eux le fait de vivre en cohabitation depuis bien trop d’années maintenant. Sûrement est-ce cette raison qui pousse Nikolai, en plus de la perte de leur lien, à s’accrocher autant au brun. Car dans leurs différences et leurs disputes ils forment malgré tout un sacré tandem. Le voir partir serait en définitive un crève-cœur pour ce connard qui est en train de l’enlacer. Ironie du sort pour celui qui n’a de cesse de lui hurler dessus au moindre désaccord ou chose faite de travers. Putain d’ironie oui. Au fur et à mesure des secondes, il se détend, semble apaiser son flot de réflexions contradictoires et parvient dans un geste lent à couper les flots. Le bruit tonitruant s’arrête et il ne demeure plus que les effluves de son propre sang et contre-coup de sa fatigue évidente. Ses bras se relâchent et bientôt il ne le tient plus du tout, reculant son visage prunelles azures baissées sur la main blessée du mêlé. Il papillonne des yeux, une fois, puis deux, jusqu’à ce que le carmin ne s’écoule trop vite et qu’il referme instantanément les prunelles, panique s’emparant des traits crispés de son visage, et ce malgré les élans de politesse d’un peu plus tôt.

Les doigts s’accrochent avec le peu de force qui reste, jusqu’à en trembler au col de son haut, maintenant toujours ses paupières closes pour ne pas sombrer ou même le tuer. Il est épuisé. Aide-moi, première fois qu’il les dit aussi à son attention ces mots-là, le maître de l’eau capable de se débrouiller et de se défendre seul. Par les Sept ce qu’il a pu lui dire de telles choses dans le passé, et sans doute le lui dirait-il encore. Ce n’est pas pour rien qu’Halwyn était doué au combat à l’Académie, et ce malgré l’absence de cours de défense physique, ce dernier réservé aux seuls mêlés. Les combats clandestins ont fait tout le reste, pour le temps que ça a duré. Toutefois, aujourd’hui ils sont bien loin de tout ça, Aymeric est mort et lui est… Probablement mort aussi dans les jours qui vont survenir. La couverture saura être gardée autant que possible mais la menace de la Purge n’est jamais éloignée, et ça l’effraie. Pour une fois dans sa putain de vie, Halwyn est effrayé. Effrayé de perdre le contrôle de ce qui a pris du temps à être monté. Des heures et des heures de plans échafaudés. Main abîmée tremble sévèrement, souffrance qui irradie dans tout son avant-bras, même si celle-ci se dissipe dangereusement tel un souffle anormal. Airen le soutient et il grogne, Nikolai. Une fois debout pourtant, il tient sur ses pieds, vue brouillée et décor tanguant légèrement autour de lui qui a dû se forcer à rouvrir les yeux. La crise est passée, il ne sent plus que l’immense fatigue. Un pas puis un second, et il s’enroule délicatement dans la serviette sèche, doigts emmitouflés dans une autre contre laquelle il n’a pu s’empêcher de grimacer. Il respire avec lenteur à présent mais le monde autour semble illusoire et presque irréel. Le visage pâle, la question résonne à ses oreilles, presque violente quand il plaque sa main libre contre sa tempe en grognant et soupirant lentement. « Je sais p… ». Tout tourne trop vite tout autour de lui et il perd le nord, a une bouffée de chaleur subite qui refuse de partir. « Je me sens… » … Pas bien. Le blond n’a pas le temps de réaliser que son corps penche contre celui d’Airen et il glisse à nouveau, iris filant dans leurs orbites face au trou noir qui s’impose à lui. Malaise inévitable qu’il n’a pour ainsi dire jamais eu. Les paupières se ferment et il n’est plus que poids mort contre son ancien adiutor.

***

Respiration et pouls apaisés. Il ouvre légèrement les yeux, visiblement tourné de profil, sans remettre tout de suite le fil des évènements. Il ne prononce pas un mot, gorge sèche et force à la dérive. Il a bien trop perdu. Immobile, il observe et toise ce qu’il peut voir sans bouger d’un millimètre. Il souffle, gronde dans le fond de cette gorge sèche par réflexe avant de sentir la chaleur des draps contre lui. Il est encore nu mais protégé de sa vue. Non pas qu’il soit particulièrement pudique, mais Nikolai évite au maximum de croiser le mêlé dans ses plus simples apparats. Airen. La douche. L’eau, le sang, sa nudité… Sa main. Il tressaille en même temps que ses doigts. « Ren. » qu’il appelle d’une voix cassée sans parvenir à bouger. Il devait pourtant s’habiller. Il devrait. « Qu’est-ce que j’ai… Fait ? ». Ce n’est pas vraiment la bonne question, du moins pas celle qu’il aurait voulu poser de prime abord. Ce qu’il veut savoir en réalité c’est combien de temps. Il ne remet pas son réveil dans l’espace-temps qui s’écoule.

AVENGEDINCHAINS

Tu ne comprends pas pourquoi tu es en colère. Tu ne le comprends vraiment pas. Tu n’as jamais été doué avec les émotions, encore moins quand il s’agissait des tiennes. Te battre, tu savais, et tu excellais dans l’art délicat de la survie. Qu’on te mette devant une cuisinière, et tu sauras préparer des repas que peu trouveront à y redire. Mais comprendre ce que tu ressentais et pourquoi ? Par les Sept, tu étais pire qu’un nouveau-né à peine sortit des cuisses de sa mère. Tu jugeais sardoniquement que ton enfance ainsi que ton éducation pouvaient être à blâmer pour ce manquement. Jugement fait quant à la simple observation de tes frères et sœurs souffrants du même problèmes, handicapés des sentiments que vous étiez tous. Mais aussi perdu que tu étais concernant ton état émotionnel, tu n’avais pas le temps de t’y attarder : Tu avais un blond qui tombait littéralement en morceaux entre tes bras. Et rien que de le voir, des larmes ruisselant sur ses yeux, les yeux ternes et l’air tellement fragile, tu sentais ta colère s’éteindre doucement, ne redevenant plus que braises. Alors toi qui ne sais pas réconforter les gens, tu l’attrapes doucement par le bras et vous sort tout les deux de la douche. Dégoulinant d’eau, tu enroules délicatement la main blessée du maître et tentes d’ignorer sa nudité soudainement bien trop apparente.

Tu t’inquiètes. Tu es même profondément inquiet pour Nik. C’est la première fois que tu le vois dans cet état, et tu espères ne plus jamais l’y revoir. Halwyn était comme toi, un connard un peu trop prétentieux et définitivement trop fier. Les répercutions liées à l’état mental dans lequel il se trouve te fait donc très peur. Tu pensais depuis le début le blond intouchable, aussi bien émotionnellement que physiquement. Mais le virus était arrivé et tout avait changé. Toi tu ne t’en étais pas si mal sorti finalement. Mais Nikolai … Vous alliez devoir partir, le plus tôt sera le mieux. Launondie n’était plus sûre pour l’ancien maître de l’eau. Mais où aller ? Aerinstin ou bien Aguarinui semblaient être une bonne idée, mais la guerre était toujours à vos frontières, rendant toute fuite impossible et suicidaire. Tu allais devoir aviser. Rapidement. Ces salopards de religieux n’auront pas ton blond.

Ton bras se replace autour de sa taille et tu le soutiens comme tu peux. Lui parlant, tu juges son état et fronce de plus en plus les sourcils à mesure que l’autre homme prend un teint bien trop pâle à ton goût. Il grimace et se frotte doucement la tempe et tu ne le lâches soudainement plus du regard, bien trop conscient du sang qui s’est écoulé de la blessure du blond. « Je sais p… » Si Nikolai était pâle avant, le voilà devenu cadavérique. Tu gardes ton bras autour de sa taille et attrapes fermement son avant-bras, l’appelant sans avoir de réponse. « Je me sens… » Le blond ne finit pas sa phrase et tu as tout le loisir de pouvoir voire ses yeux se révulser avant qu’il ne devienne un poids mort que tu peine à retenir dans tes bras. « Nik ! » Tu le secoues et jure rudement en voyant qu’il ne répond plus. Tu réaffirmes ta prise sur lui, et cherches son pouls. Tu ne te détends que lorsque tu le sens pulser contre tes doigts et que tu sens son souffle régulier contre ton cou. Tu jures tout aussi bien mentalement que physiquement cependant. Il t’avait fait peur cet abrutit. Beaucoup trop peur. Tu le frapperais plus tard pour ça.

Passant ton bras sous les siens et l’autres le maintenant comme tu le pouvais, tu traînes la princesse endormie jusqu’à son lit. Par les Sept, c’est qu’il pesait son poids le blond ! Aussi doucement que possible, tu le hisses sur son lit avant de vérifier de nouveau son pouls et sa respiration. Assuré de leur normalité, tu te précipitas de nouveau dans la salle de bain avant de revenir dans la chambre d’Halwyn, une trousse de secours à la main. Tu t’assoies à côté de lui et ouvres la trousse pour pouvoir ensuite examiner sa plaie que tu dévoiles en retirant son cocon de tissu. Tu as un instant d’arrêt avant de couvrir l’inconscient de ses draps, exaspéré qu’il te flash ses parties génitales à la figure. Tu grimaces en voyant la plaie et entreprend de la recoudre après l’avoir désinfectée. Tu travailles en silence, la respiration du blond et la tienne comme seuls bruits dans la pièce. Recousue, tu enveloppes la plaie de bandes, ranges et fermes la trousse et s’affales sur la première chaise à ta portée. Tu expires lentement par le nez en frottant ton visage. Quel merdier. Doucement et bien trop rapidement à la fois, des plans recommencèrent à se former dans ta tête. Vous deviez partir, de cela tu étais certain. Et tu te fichais royalement des protestations que te donnera le blond, vous partirez. Le plutôt sera le mieux. Rester ici c’était risquer de voir le blond être découvert pour sa … nouvelle caractéristique. Et être découvert c’était aussitôt la condamnation à mort pour ton ancien maître. Mais encore une fois, où aller ? Tu ne savais pas. Frottant de nouveau ton visage, tu jetas un regard vers le blond et décidas que qu’il ne servirait à rien d’échafauder des plans seul et encore moins alors que tu étais toujours aussi furieux. Attrapant un livre sur la table de chevet du blond, tu entrepris de t’occuper en attendant que la princesse se réveille par elle-même, jetant des petits coups d’œil de temps en temps afin de vérifier que sa respiration et son rythme cardiaque étaient normaux.

Le temps passa. Tu n’étais pas vraiment concentré sur ton livre en vérité, trop obsédé dans ta volonté de voir Nik se réveiller. Ce qu’il finit par faire, enfin. « Ren. » Sa voix est cassée et le blond semble toujours être faible. Pas vraiment étonnant avec tout le sang qu’il avait perdu. Tu poses le livre et t’approches de nouveau de Nikolai. « Qu’est-ce que j’ai… Fait ? » Tu lui jettes un regard superbement blasé. Et agacé. Surtout agacé. « You fainted … Like a fucking princess. C’était particulièrement dramatique même pour toi. » Et il lui avait fait peur. Vraiment peur. Tu pouvais encore sentir les relents de panique à la vue de son corps inconscient. Tu te lèves brusquement. « Je reviens. » Rapidement, tu sorts de la chambre, avant de revenir quelques minutes plus tard, un verre d’eau à la main. Tu te penches vers le blond et le lui présente en l’aidant à se redresser. « Bois. »

Airen & Nikolai

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A choisir, il aurait nettement préféré ne pas avoir à se révéler sous son plus simple apparat aux yeux du brun. Bien qu’en soi, Nikolai ne soit pas très pudique et qu’en un peu plus de dix ans de vie commune, les deux ont bien dû se croiser deux ou trois fois sans couche de vêtements sur le corps, il n’est pas dans les habitudes de l’ancien maître de l’eau de s’exposer ainsi. Et probablement encore moins concernant ses craintes et ressentis. Il n’est pas réputé doué avec l’expression des sentiments, Halwyn, bien plus habile des fausses images et des masques qu’il peut montrer aux autres. Seuls de rares chanceux peuvent se darder de connaître un tant soit peu le réel blond aux yeux bleus. Fidèle allié des eaux, jusqu’à ce que le virus ne vienne tout chambouler dans leurs existences.

Allongé de profil et, par chance, couvert d’un drap, Nikolai ouvre doucement les yeux sur ce monde que le temps d’un instant il aurait aimé oublier. Tous ces récents évènements, ces problèmes à régler. Malgré tout, il n’est pas encore au bout de ses peines, car l’attaque du Palais marquerait sûrement le point de départ à la fuite. Pour l’heure, il se contente de remettre de l’ordre dans le fil de ses pensées chaotiques et tente tant bien que mal de savoir ce qu’il s’est passé. Il ne comprend pas pourquoi il se retrouve soudainement allongé et au sec. Il manque un morceau. Un fil conducteur qu’il ne parvient pas à démêler. You fainted … Like a fucking princess. C’était particulièrement dramatique même pour toi. Son adiutor s’est rapproché et son visage apparaît comme flou le temps d’une mince seconde aux yeux du blond. Il fronce les sourcils avant de fermer les paupières pour mieux les rouvrir sans oser bouger, le teint encore pâle. Il s’est évanoui ? « Ca ne m’arrive jamais… » qu’il marmonne doucement avant de grimacer en cherchant à prendre appui sur sa main blessée pour se redresser. Il abandonne rapidement l’idée en se sentant encore faible sur ses appuis et retombe tête contre l’oreiller tandis qu’Airen file les Sept savent où. Un long soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il se tourne pour se mettre sur le dos, ayant alors tout le loisir de se remémorer qu’il est nu comme un ver sous les tissus. Merde. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le brun est déjà de retour et l’aide à se redresser, ce qui provoque un certain agacement de la part du blondinet qui souffle en grondant dans le fond de sa gorge. « Je ne suis pas en carton. ». Il peste mais ne se fait pas prier et vient poser ses lippes contre le verre. A peine la première goulée d’eau a été avalée qu’il s’empresse de terminer, finalement plus assoiffé qu’il ne l’aurait pensé. Dorénavant assis dans le lit, il pose ses yeux aux traits fatigués sur le jeune homme, se remémorant alors ce qui avait bien pu se passer dans cette salle de bain. « Tu n’étais pas obligé de m’aider, tu sais. ». Vérité dont ils n’ont que très rarement parlés. Tout simplement parce que cela reviendrait à mettre sur le tapis une vérité dérangeante, aussi bien pour l’un que pour l’autre. Toute cette vie commune n’avait été qu’un fardeau pendant des années, et maintenant qu’ils auraient pu définitivement se quitter, aucun d’eux ne semblait prêt à sauter le pas. Au lieu de ça, ils se montraient encore plus protecteurs que jamais l’un envers l’autre. Le détester avait été plus facile, mais qu’en était-il aujourd’hui ?

Il bouge délicatement les doigts, Halwyn, cherchant à analyser sa liberté de mouvement malgré la douleur et les bandages. Intérieurement, il le remercie d’avoir fait ce qu’il a fait, mais oralement les mots ne peuvent se résoudre à franchir le seuil de ses lèvres. C’est le silence qui finit par retrouver ses droits dans la pièce, tandis que le blond cherche à s’assoir au bord du lit pour mieux récupérer de quoi se vêtir, au moins un sous-vêtement et un pantalon. Il se penche, sûrement encore aidé par Airen mais ne dit rien, laisse le silence, comme s’il ne s’était rien passer, rester dans son bon droit et laisser vrombir discrètement la probable tempête qui s’annonce. Tempête qui cherche à se frayer un chemin alors que seuls les mots de Nikolai se remettent à voler dans les airs tendus. « Je ne peux pas partir Ren. ». Ici, c’est sa maison. Launondie est, après Aguarinui, ce qu’il a toujours connu. C’était son choix de vie, là où Airen avait bien été obligé de le suivre. Etait-ce donc là la fin de leur vie commune ? Etait-ce donc là, à ce moment bien précis qu’ils étaient supposés se séparer ? Nik ne peut plus le retenir, il n’en a plus les droits et respecte, au fond, les affres du virus et ses conséquences. A l’exception de son nouveau pouvoir qui fait de lui un maître déchu à ses yeux, il ne peut que respecter la volonté du Destin. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne craint pas que Lokarth s’en aille sans lui, la crainte est belle et bien là, présente et tût au fond de sa carcasse. Car Halwyn n’est pas de ceux qui savent s’exprimer sans retenue. Il est aussi fier et têtu qu’une mule. Les billes océanides n’osent se poser dans les prunelles qu’il ne connait que trop bien, ces prunelles même qu’il a limite supplié du regard un peu plus tôt, alors qu’il se refusait de se voir lui faire du mal. « Launondie est chez n… ». Il pince les lèvres un instant. « Chez… Moi. ». Et à ce moment bien précis, il ne se voit pas la quitter, même avec le danger.

AVENGEDINCHAINS

« Ca ne m’arrive jamais… » Regard toujours profondément agacé jeté au blond, tu rétorques à son faible marmonnement de ta voix la plus blasée qui soit « Eh bien clairement, si. Y’a une première fois à tout, comme on dit. » Car agacé tu l’étais toujours. Extrêmement, profondément, furieusement agacé. Agacé pour cacher ton inquiétude à le voir si pâle, agacé pour cacher la peur qui te prend aux tripes depuis la découverte de la mutation de Nik. Agacé, surtout, pour cacher la colère envers le blond qui se considère avec si peu d’égare. Mais cela, ce n’était pas nouveau : tu étais toujours en colère. Toujours en colère et ce, depuis ton enfance. La colère était mieux que les larmes, mieux que le chagrin, mieux que la mort. La colère était le carburant qui t’avait fait avancer toutes ces années durant, la colère contre tous, la colère contre le monde entier. Encore aujourd’hui c’est le cas. Et cette colère, et cette rage, sont de loin les émotions que tu comprends le mieux, discordant de tes propres sentiments que tu es. Tu aurais tellement pu mal tourner étant plus jeune, tellement pu oui. Mais les années ont passées et ta colère s’est calmée, mais éteinte ? Jamais. Tu ne penses pas qu’un jour viendra où elle disparaîtra de toi, toi l’homme qui n’a fait que baigner dedans tout du long de son existence. Alors tu la contiens cette colère, comme toujours, même alors que tu veux étrangler le blond pour avoir osé t’avoir tétanisé de peur. A la place, tu te lèves et descend vers votre cuisine pour aller lui chercher de l’eau, te persuadant que c’était pour éviter de commettre un meurtre, alors que la vérité est toute autre.

Nikolai est toujours dans son lit à ton retour, trop faible pour pouvoir bouger seul. Tu l’aides donc à se redresser doucement, et dans un manque de surprise le plus total, voici déjà les premières protestations qui franchissent ses lèvres. « Je ne suis pas en carton. » Prunelles bleues, sombres et agacées, tu le défis de refuser le verre que tu lui tends, peu d’humeur à supporter son ego mal placé. « Ferme ta gueule et bois, Halwyn. » Mais il boit finalement le blond, aussi assoiffé que tu l’avais imaginé. Le verre ainsi vidé, et après t’avoir assuré de l’équilibre du blond, tu te penches sur ton siège pour poser le verre sur la table de chevet de ton ancien maître. « Tu n’étais pas obligé de m’aider, tu sais. » Bras et corps tout entier qui se figent à cette déclaration. Tu sais qu’il ne parle pas du verre d’eau que tu venais tout juste de lui amener. Et au-delà de ce qui s’était passé dans la salle de bain, c’était une vérité qu’aucun d’entre vous ne voulait évoquer qu’il énonçait. Car c’était la vérité, après tout : Tu n’étais pas obligé de l’aider. Tu pouvais partir, tu étais libre. Les chaines qui te liaient au blond étaient parties, envolées avec ce virus qui avait bouleversé tant de vies. Et pourtant, tu étais toujours là. Tu étais toujours auprès du blond, tu n’avais même pas changé de maison. Comportement que tu ne t’expliquais pas, toi qui était pourtant le premier à dire combien tu détestais le blond quelques mois encore. Ton bras retrouve son mouvement, et tu poses enfin le verre sur la table de chevet. Tu te tournes ensuite vers ce blond qui te regarde avec cet air si fatigué, un sourcil levé et un air de défi renfrogné sur le visage. « Non. Mais j’l’ai fait quand même. » Tu ne t’expliques pas, ni ne te justifies de cela. Que Nikolai pense ce qu’il veut de cela, tu n’en n’as que faire (et tu te mens à toi-même).

Le silence règne de nouveau dans la pièce et tu te dis que c’est bien trop facile. Pas de Nik protestant violemment qu’il n’était pas invalide, pas de Nik qui râlait comme un bébé juste pour le plaisir de s’entendre râler, pas de Nik qui l’insultait et prétendait que rien de tout ça ne s’était passé. Rien. Juste le silence et le corps bien trop pâle d’un blond muet. Il se penche pour enfiler un vêtement le blond, et tes mains viennent l’aider avant que tu ne leur en donne l’ordre. Mais toujours rien. Que le silence.

« Je ne peux pas partir Ren. » Tu clignes des yeux face à cette déclaration qui brise le silence, visage impassible. Ah. Tu aurais dû t’en douter. Toi qui connaissais si bien ton blond, l’inverse ne pouvait qu’être vrai te concernant. Bien sûr qu’Halwyn allait comprendre que ta première réaction face à la découverte du mutantisme du blond serait de partir le plus loin possible. Bien sûr qu’il allait protester face à cela, borné et suicidaire qu’il était. Tu aurais préféré qu’il ne dise rien, finalement. « Launondie est chez n… Chez… Moi. » Et avec chacune des paroles du blond, tu sens ta colère s’attiser et se réveiller un peu plus. Ton visage se ferme, tes yeux noircissent. Tu es en colère maintenant, talent que semble posséder le blond ces derniers temps. Colère face à ce refus simple et borné de se mettre à l’abris à cause d’une bâtisse qu’un simple feu réduirait en cendre. Colère face à l’exclusion de ta personne dans la vie du blond. Colère et blessure bien vite enfouie sous une nouvelle vague de colère. Colère pour cacher le stress, colère pour cacher la peur, colère pour cacher la blessure. Ça en est trop pour toi. Main qui attrape l’épaule du blond, tu le pousses et le plaque violemment sur son lit, peu soucieux de sa main en cet instant. Visage furieux qui s’approche et vient se trouver à quelques centimètres du sien, visage colérique et grondant. « Now you’re going to fucking listen, and you better listen good. » Mâchoire crispée qui laisse à peine passer des sons, c’est la voix colérique que tu utilises avec ton visage furieux. « First : We’re leaving. Not now. Not today. Not tomorrow. But we. are. lea. ving.” Tu ne sais pas quand, tu ne sais encore moins comment avec cette guerre à votre porte, mais l’Enfer aura ta peau si tu laissais le blond rester ici alors qu’il était en danger à tout instant. Vous alliez quitter cette ville, même si tu devais le traîner par la peau de son blanc fessier. « I don’t fucking care about that house, and I care even less about that fucking town. They can both burn to the ground for all I fucking care.” Tu ne vois pas les lumières de la pièce qui s’allument et s’éteignent au gré de ton énervement, trop occupé à essayer de faire entendre raison à l’abruti qu’était ton ancien maître. « What I care about, is that we’re both safe and alive. And that will not happen if we stay in that fucking murder town.” Tu les avais vu les cadavres après la Purge. Tu avais vu le carnage qu’avaient laissé dans leur passage les fanatiques. A l’époque tu étais heureux que Nikolai ne soit pas l’un de ces mutants. Mais c’était le cas maintenant, et tu refusais de le voir finir comme tout ces pauvres gars, surtout à cause de sa fierté mal placée. « We can have another home AWAY from here. And yes, WE, because second : ” Ta main qui le retient le pousse un peu plus dans le matelas alors que ton visage se rapproche encore plus pour continuer à lui grogner encore plus fort dessus. « The fucking HELL I’m leaving you alone, you fucker ! I thought I made it fucking clear : I. Am. Not. Leaving. YOU. We’re BOTH going to fucking leave this fucking town, and we’re BOTH going to make it out ALIVE. And I don’t CARE if you hate me for it, but the World will BURN before I leave you alone on this damn fucking HELL on Earth ! We’re leaving, because I want you fucking ALIVE, Nikolai Halwyn. DO WE FUCKING UNDERSTANT FUCKING EACHOTHER ?!”

Airen & Nikolai

fixing what's been broken

Prompt à nier, c’est bel et bien ce que fait Nikolai alors même qu’il est dans un état qui ne devrait pas le lui permettre. Il n’est pas dans les habitudes du blond de se montrer faiblard et dans sa plus plate énergie. D’ordinaire, rien ne saurait outrepasser cette barrière et ce masque qu’il enfile perpétuellement avec les autres tel un paon faisant la roue. Les sentiments sont mal compris, camouflés et déguisés derrière un mur de glace qu’il s’est érigé au fil des années. Un mur qui se veut parfois arrogant et aussi distingué que malfaisant. Car le blond n’a strictement rien d’un ange même lorsqu’il tente de se vendre comme tel à de parfaits étrangers, car avec certaines personnes il n’oserait même pas essayer. Simplement par refus de ne pas les malmener un tantinet. Eh bien clairement, si. Y’a une première fois à tout, comme on dit. Les prunelles roulent dans leurs orbites avec une force non dissimulée, pourtant l’ancien maître de l’eau n’a pas l’occasion de rétorquer tout de suite, et à bien y réfléchir il n’en a pas franchement l’envie. Que répondre de toute manière ? Le brun s’éclipse déjà à l’étage du dessous et ne revint que plusieurs bonnes minutes plus tard avec un verre d’eau, l’aidant comme un vieux sénile à se tenir assis. Il n’a pas besoin de son aide, ou plutôt, il voudrait être en mesure de la refuser mais il se sent tellement fatigué que seuls les mots se font piquants au détriment des gestes. Ferme ta gueule et bois, Halwyn. La classe originelle d’Airen saurait toujours lui faire lever les yeux au ciel, quand bien même il soit loin d’être innocent en matière d’insultes. Pour l’heure, il ne fait que lui lancer un bref regard noir cerné et boit le verre que le brun lui a si gentiment ramené. Sur le moment, il n’aurait pas cru, mais il s’avère que la soif était bien plus présente que prévue, et c’est sans se faire prier qu’il termine de laisser glisser aussitôt le reste de l’eau dans le fond de sa gorge.

Nul ne sait vraiment si c’est à cause de l’eau salvatrice ingurgitée ou dû à la perte de son sang aux couleurs carmines, mais Nikolai ose aborder l’un de ces sujets qu’ils n’entament jamais. Tout du moins… Un sujet qu’ils n’ont pas réabordés depuis qu’il avait cessé de le fuir comme un forcené. Encore aujourd’hui, au fond, l’ancien maître de l’eau s’en veut de l’avoir laissé dans un tel silence. Le silence, celui-là même qui semble retomber entre eux après que le verre n’ait été déposé sur la table de chevet sans un mot de plus ajouté. Les paroles ne sont que strictes vérité, Ren n’est clairement plus obligé de l’aider et pourtant il se trouve encore une fois à ses côtés. Quelques mois auparavant, il l’aurait chassé comme un malpropre de la pièce en lui hurlant dessus comme ils l’ont fait si souvent, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui n’est que silence et non-dits. Elle lui brûle les lèvres, cette simple question qu’il a sûrement déjà posé : pourquoi. Pourquoi est-il seulement encore là à supporter les affres de ses humeurs ? Il pourrait être loin de tous ses tracas et avoir enfin un chez-soi, mais non, Airen reste là, aussi immobile et raide qu’un piquet. Il n’en faut pas plus alors pour Halwyn de briser le silence, un ressenti profond qu’il ne peut pas cacher. Quitter Launondie est la dernière chose qu’il souhaite en cet instant. Quitter cette maison, ce chez eux. Ce chez lui. Un instant, il pose ses prunelles bleues et fatiguées dans les tempétueuses de son ancien adiutor. Il l’observe, longuement, voit petit à petit ses traits se déformer sous la colère, cette colère qu’il reconnaîtrait entre milles pour l’avoir vu un nombre incalculable de fois. Lokarth ne serait pas Lokarth sans elle. La chose à laquelle il ne s’attendait pas toutefois, c’était la main qui est venu se poser contre son épaule pour le plaquer violemment contre le matelas. En un claquement de doigt et telle une brindille craquée par le vent, Nikolai sent son dos heurter le moelleux du lit. Incrédule, il regarde Airen qu’il interroge du regard, sourcils se fronçant aussi vite qu’il n’a été plaqué.

Le souffle se coupe, pris de court par la violence et la proximité de son visage enragé du sien. Halwyn n’ose pas respirer alors que le couperet lui tombe littéralement sur la nuque. Comme pour espérer ne pas se prendre un coup de boule, ses doigts valides viennent s’accrocher au tissu de l’adiutor, juste au niveau de son épaule, et il le serre ce putain de tissu, avec tellement de force que son cœur en manque un battement de sentir son propre souffle ricocher sur la peau pâle de son faciès. First : We’re leaving. Not now. Not today. Not tomorrow. But we. are. lea. ving.. Aussi silencieux qu’un mort, il écoute, attentivement. Les paroles qui suivent se font surprise véritable pour le mutant, car jamais encore il n’a entendu son ancienne moitié parler de la sorte. Ils sont supposés se détester, pourquoi diable ne parviennent-ils pas à se séparer maintenant qu’ils le peuvent ? Hypnotisé par les mirettes furibondes du brun, Nikolai ne saurait s’en détacher, avalant et buvant chaque mot prononcé avec ténacité. La lumière grésille bientôt et le myocarde, à nouveau, fait une embardée au creux de sa cage thoracique. « Ren… » qu’il soupire, prêt à couper la parole avec une pointe de lassitude dans la voix. Il ne comprenait pas pourquoi il s’obstinait. Ca le dépassait, totalement. We can have another home AWAY from here. And yes, WE, because second : The fucking HELL I’m leaving you alone, you fucker ! I thought I made it fucking clear : I. Am. Not. Leaving. YOU. We’re BOTH going to fucking leave this fucking town, and we’re BOTH going to make it out ALIVE. And I don’t CARE if you hate me for it, but the World will BURN before I leave you alone on this damn fucking HELL on Earth ! We’re leaving, because I want you fucking ALIVE, Nikolai Halwyn. DO WE FUCKING UNDERSTAND FUCKING EACH OTHER ?! Lorsqu’il reprend sa respiration, c’est à présent son souffle qui s’échoue contre la peau du brun, dos un peu plus appuyé encore contre le matelas, prêt à y être enfoncé tout entier. Les billes océaniques ont commencé à se noyer temporairement dans l’eau pour la deuxième fois de la soirée, mais elles ne demeurent plus que luisantes, lèvres pincées pour ne pas demeurer bouche bée face à de tels mots. Le silence frappe encore à leur porte, Nikolai étant incapable de répondre quoi que ce soit, lèvres tremblantes de colère et d’incompréhension la plus totale face à son adiutor. « Pourquoi… ? » qu’il ose prononcer, d’une voix trop douce qui dénote avec la férocité de la voix enragée du mêlé. « Après tout ce qu’on a eu de cesse de se balancer à la tronche… Pourquoi est-ce qu’on est incapable de se laisser tomber ? Hein ? Tu peux me le dire ?! ». Lentement, il pousse à son tour sur l’épaule du brun, lèvres à quelques centimètres des siennes. Autant de proximité l’étouffe, il sent son cœur battre trop vite et il a besoin de reprendre son air. « Ce serait tellement plus facile ! ». Un coup part dans l’épaule, toujours, d’Airen. Un geste de colère mais surtout de crainte. Halwyn n’a pas peur de grand-chose, mais la seule idée de tout quitter cette fois-ci le terrifie. Il grogne en maintenant ses lèvres closes, attrapant la nuque du brun qui recule probablement pour se redresser définitivement et rester assis dans le lit sans le quitter de ses billes furibondes mais également décontenancées. « Je t’ai entendu. » que Nikolai reprend d’une voix un peu plus calme, cherchant à apaiser ses maux. « Je t’ai entendu, Ren. ». Oh oui qu’il a entendu, et il l’a même si bien entendu que c’est pour cette raison qu’il ne parvient plus qu’à déglutir difficilement.

AVENGEDINCHAINS

Tu es furieux. Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Tellement furieux que les lumières de la chambre vacillent au rythme de ta colère. Mais tu n’en as que faire. Tout ce qui t’importe est ce satané blond qui refuse d’entendre raison. Rester ? Alors que les gens comme lui étaient massacrés tous les jours ? Alors que l’Eglise du royaume avait officiellement demandée leur tête ? Tu le savais stupide par moment, mais suicidaire c’était nouveau. Quoique tu aurais dû t’y attendre après ce que tu avais vu dans la salle de bain. Nikolai, si petit et si fragile. Nikolai pensant qu’il est un monstre. Mais monstrueux il n’en était pas un, et tu refusais qu’il pense une chose pareille près ou loin de toi. Tu lui en collerais une autant de fois qu’il le faut pour que le message passe. Et quoi s’il était capable de manipuler le sang maintenant ? Il pouvait manipuler l’eau de ton corps avant et tu n’as jamais eu peur de lui pour autant. Ça te rend furieux qu’il pense ça. Ça te rend furieux qu’il pense si peu à sa vie. Ça te rend furieux qu’il semble vouloir t’abandonner. Tu as beau être un chien crasseux des rues, un bâtard, tu n’as jamais été seul de ta vie. Même quand ta mère a très clairement fait comprendre qu’elle ne voulait pas de toi, il y avait toutes les autres putes du bordel. Puis tes frères et sœurs. Puis le vieux fou. Puis des amis. Et quand tous ont dû partir, il y a eu Nik. Nik qui est devenu le centre haït de ton monde pendant tant d’années, et maintenant que tous tes repères avaient disparus, même lui voulait partir ? Ça faisait bien plus mal que ce que tu aurais pu imaginer.

Alors tu craques. Tu dis, ou plutôt hurles, bien plus que ce que tu aurais aimer avouer. Tu parles de choses dont tu ignorais l’existence, mais qui une fois passé tes lèvres, tu ne peux renier leur véridicité. Vous refusiez de voir partir l’autre. Peut-être était-ce un relent de votre ancien lien ? Peut-être que vous essayés de vous accrocher au peu de normalité qu’il reste dans votre vie ? Ou peut-être tout simplement que vous aviez peur d’être seul alors que vous aviez été ensemble si longtemps. C’est terrifiant la solitude. Tu ne voulais jamais avoir à la supporter. Et tu le lui faisais comprendre, blessé que tu étais qu’il ose essayer de te faire partir. Tu lui avais dit, non ? Tu ne partirais pas. Te prenait-il pour un menteur ? Il allait redire bonjour à ton poing si cela était le cas.

Finalement, tu t’arrêtes de crier. Non pas parce que tu n’as plus rien à hurler au visage du blond, mais parce que tu n’as plus de souffle. Respiration haletante, les yeux lançant presque littéralement des éclairs, tu fusilles du regard Nikolai en cherchant à retrouver ta respiration. Par les Sept, tu avais envie de le … de le … Tu ne savais pas. Tu voulais le frapper ? Tu voulais l’étrangler ? Tu voulais autre chose ? Tu ne savais pas, mais tu voulais définitivement quelque chose. Tellement qu’il te faut un moment avant de comprendre ce que tu vois : les yeux bleus embués de larmes du blond. Ça te fait comme un coup de poing dans l’estomac. Tu restes figé au-dessus de lui. Oh par les Sept, non, tu n’avais pas voulu le faire pleurer. Tu ne regrettais pas ce que tu avais dit et pensais chaque mot, mais tu ne voulais pas le faire pleurer. Comment est-ce que tu allais faire pour qu’il arrête ? Tu ne savais pas quoi faire, mais tu n’eus rien à faire car c’est Nikolai qui se chargea de rompre le silence pesant pour toi. « Pourquoi… ? » Tu déglutis alors que les lèvres du blond tremblent dans ce qui ne peut-être qu’un sanglot contenu. « Après tout ce qu’on a eu de cesse de se balancer à la tronche… Pourquoi est-ce qu’on est incapable de se laisser tomber ? Hein ? Tu peux me le dire ?! » C’est lui qui cri cette fois et tu te laisses faire alors qu’il te force à reculer, assommé par la vue de ses larmes non-déversées. « Ce serait tellement plus facile ! » Un nouveau coup part dans ton épaule, mais tu restes silencieux face à l’attitude du blond, tout aussi perdu que lui. Gorge serrée, cœur battant trop vite, tu ne savais pas ce que tu ressentais. Le blond avait raison : ce serait tellement plus simple de se détester tout simplement. Tellement plus simple de se quitter et de ne plus jamais avoir à supporter le caractère de l’autre. Mais tu ne pouvais pas, tu ne pouvais pas partir, tu ne pouvais pas le laisser, et tu ne savais juste pas pourquoi ?! Pourquoi tu ne pouvais pas ?! Un mois plutôt vous vous insultiez plus que vous ne vous disiez bonjour ! Pas une seule fois en près de dix années tu ne l’avais supporté, et voilà qu’un putain de virus arrivait et changeant vos vie et déglinguait vos têtes ! Qu’est-ce que qui se passait dans vos têtes bordel ?!

Tu ne comprenais pas tes sentiments, mais là tu avais l’impression d’étouffer, et c’est un souffle rauque et cassé qui finit par franchir tes lèvres. « Je sais pas. » Tu déglutis, le visage toujours à quelques centimètres du sien. « Je sais pas pourquoi, je te laisserais juste pas. » Tu en étais juste incapable. Rien que de t’imaginer le laisser là, te donnait la nausée. Tu ne pouvais juste pas.

Le dos légèrement endolorit par sa position et perturbé par la présente discussion, tu cherches à te redresser mais voilà que le blond attrape ta nuque, t’empêchant de partir. Tu le regardes, surprit, tes yeux fixant les siens qui brillaient d’une lumière furieuse et confuse à la fois. « Je t’ai entendu. Je t’ai entendu, Ren. » Tu lâches un long soupire, relâchant la pression qui s’était accumulée depuis le début de cette interminable soirée. Tu es presque soulagé de cette admission, mais loin d’être naïf quant à la décision du blond : il t’avait entendu, il n’avait pas accepté ta proposition. Le plus dur restait encore à faire. Doucement, tu viens poser ton frond contre le sien, presque comme cherchant du réconfort après tout le stress de ces dernières discussions. « J’espère bien … » marmonnes-tu. Le calme semble enfin être rétablit, quand voilà soudain que tu te rends compte de votre position à tout deux : Toi pratiquement allongé sur le blond, la main sur son épaule et le maintenant toujours fermement contre le lit, lui qui te tient la nuque pour t’empêcher de partir, vos visages bien trop proches l’un de l’autre et vos souffles qui se mélangent. Ta respiration se coupe, ton ventre se serre, ton cœur s’emballe. Tu te dégages brusquement de l’étreinte du blond, les yeux légèrement écarquillés et les oreilles rouges. « Je … » Tu déglutis et te racles la gorge un instant avant de frotter furieusement ta nuque, fusillant du regard le blond. « Reposes toi, on en reparlera demain. » Que tu déclares rapidement avant de te lever brusquement de ta chaise et de filler hors de la chambre. Tu t’arrêtes au pas de la porte cependant, te tournant vers le blond en lui lançant un regard noir, les oreilles toujours rouges. « Et je te redis ce que j’ai dit tout à l’heure, Nikolai : t’es pas un monstre. Alors la prochaine fois que tu penses un truc comme ça, je t’en fous une. » Sur cette promesse, tu sortis enfin de la chambre du blond et filas en bas. Merde, merde, merde.

Airen & Nikolai

fixing what's been broken

Il hurle comme jamais il n’a hurlé jusqu’à lors, pas même lors de leurs disputes récurrentes. Il hurle avec tant de force et est si près de lui que Nikolai ne parvient pas à ouvrir la bouche, lèvres savamment pincées pour que rien n’en sorte. Ce n’est que bien des secondes plus tard qu’il s’autorise à lâcher la question. Pourquoi ? Les yeux brillants du blond n’échapperaient à personne tant il est rare de le voir dans ce genre d’état, et pourtant il est bel et bien touché par les mots que son esprit rationnel tente de refuser de comprendre. La raison voudrait ne pas les entendre car ils ne lui paraissent pas logiques. Comment diable Airen pourrait-il vouloir ne pas le quitter après toutes ces années endurées à ses côtés ? Après tous ces airs désagréables qui font de l’ancien maître de l’eau ce qu’il est. Longtemps, l’adiutor a été comparé à un parasite au sein de l’esprit du blond, réalité qu’il s’est plus ou moins forcé à accepter car perturbé par ce lien dont il n’avait alors pas voulu. Mais qu’en est-il aujourd’hui de leurs âmes déchues, prunelles claires se fixant l’une et l’autre et refusant de se quitter. Pourquoi lui est-il impossible de le laisser tomber ? Pourquoi ? Les lèvres tremblent doucement à mesure qu’il n’ose pas bouger, pas tout de suite, ne tardant que trop à venir mouler ses doigts à la nuque du brun, la forçant à reculer et profitant de l’élan pour se redresser. Je sais pas, qu’Airen finit par prononcer. La voix est rauque, manque encore d’air ça se sent mais Nikolai ne baisse pas les yeux pour autant. Il s’insurge lui-même et s’agace face à ce constat déroutant. Le coup part dans l’épaule sans une excuse et il réitère sa question. Je sais pas pourquoi, je te laisserais juste pas. Et le laisser, au fond de lui Nik sait qu’il en serait lui-même bien incapable.

Il a la colère au bord des lèvres Halwyn mais se refuse à perdre son calme, tout se mélange dans ses billes bleues humides. Il fixe inlassablement celui qu’il ne connait que trop bien sans pour autant savoir quoi que ce soit de son passé. Il le fixe ainsi de longues secondes, son souffle s’échouant sur sa peau lorsqu’il consent enfin à reprendre la parole, plus calme. Que dire d’autre hormis le fait qu’il l’ait entendu ? Airen a raison de douter et penser qu’entendre ne signifiait pas accepter. Nikolai n’avait pas encore dit oui, tétanisé à l’idée première de quitter cette maison, cette ville, aussi dangereuse soit-elle devenue pour lui. Pour eux. Quelle ironie pure quand on savait que Svea venait d’être promue au rang de Princesse, après tout ce qu’elle avait traversé elle aussi. Elle pouvait rester quand lui était condamné à partir. Putain d’ironie. Le front chaud de son adiutor se pose contre le sien et perdu dans ses pensées alors qu’il le regarde sans le regarder, le blond se sent tressaillir discrètement de l’intérieur. Il ne le repousse pas, non, horriblement silencieux à présent alors que ses yeux finissent par se baisser vers il ne sait trop quoi. J’espère bien … Les doigts libres toujours moulés à sa nuque, le blond demeure dorénavant parfaitement immobile, main abîmée gardée précieusement contre lui tant la douleur continue de taper dans chacun de ses doigts. Avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit ou même de réaliser, Airen s’écarte avec une telle vigueur qu’instinctivement Nikolai le lâche et retombe délicatement contre le matelas, non pas qu’il en ait été réellement détaché en fin de compte, malgré ce qu’il pouvait bien penser. Ne comprenant pas tout de suite malgré son myocarde qui s’emballe au creux de sa poitrine à cause de la surprise, l’ancien maître de l’eau ne voit pas le rougissement des oreilles du brun, trop occupé à écouter ce qu’il lâche soudainement, presque fuyard. Reposes toi, on en reparlera demain. Il est vrai que son visage est pâle et qu’il a perdu du sang mais… Il est rare de voir Airen fuir de la sorte, lui qui est plutôt du genre teigneux à revendiquer et potentiellement avoir le dernier mot. Sur tout.

Lorsqu’il s’arrête au pas de la porte, Nikolai tourne doucement la tête pour le regarder, sentant qu’il n’avait pas totalement fini de parler, et il voit juste à l’instant où les lèvres du mêlé se rouvrent et que son regard se remet à durcir. Cette fois, il la note, la couleur rougeâtre de ses joues mais il n’en comprend pas le sens, ou met ça sur les hurlements qu’il avait donné un peu plus tôt. Et je te redis ce que j’ai dit tout à l’heure, Nikolai : t’es pas un monstre. Alors la prochaine fois que tu penses un truc comme ça, je t’en fous une. C’est au tour du blond de froncer lentement les sourcils avant de soupirer longuement par le nez. Cette seule pensée n’allait pas disparaître en quelques heures, ni même en une journée. Elle trottait dans sa tête depuis plusieurs jours à présent et même semaines, elle n’allait donc pas disparaître en un claquement de doigt. L’eau était son élément, un pouvoir qu’il avait mis du temps à contrôler et qui aujourd’hui n’était plus. Cela remettait tout en cause. Absolument tout. Le mêlé avait totalement raison sur un point, rester ici est un grave danger pour son nouveau statut de mutant. Et par les Sept ce que ça peut bien le faire chier. Le brun lui tourne alors le dos et fait un pas dans le couloir quand Nikolai soupire par le nez, gronde dans le fond de sa gorge et… « Airen ! » qu’il beugle pour que l’autre ne parte pas trop vite. Une fois qu’il revoit la trogne contrariée de son ancien adiutor, il tire sur la couverture. « Reste. ».

AVENGEDINCHAINS

Tu es entrain de fuir. Fuir quoi, tu ne le sais aucunement mais tu es définitivement entrain de fuir quelque chose alors que tu t’arraches brusquement aux bras du blond. Etait-ce l’ancien maître de l’eau allonger dans son lit ? Ou bien le sentiment qui faisait accélérer ton cœur et serrer ton ventre ? Tu ne savais pas et pour une fois, tu t’en fichais. Tu voulais juste mettre de la distance entre toi et … et ce qui se passait dans cette chambre. Ce n’était pas dans ton caractère de fuir, tu en avais parfaitement conscience. Mais face à l’étrangeté de la situation, face aux réactions de ton corps, tu ne pouvais que paniquer. Amusant comment voir du sang flotter dans les airs ne te faisait pas broncher plus que ça mais que dès que cela devenait émotionnel pour toi, tu fuyais. Tu n’as jamais été bon avec les sentiments, encore moins les tiens. Tu étais émotionnellement discordant et ça se voyait particulièrement en cet instant. Alors tu fuis de la chambre. Enfin, tu essaies. Car bien évidemment que le blond allait te retenir. « Airen ! » Tu t’arrêtes dans ta course à l’entente de ton prénom beuglé ainsi. Airen. Pas Ren et encore moins Lokarth. Cela faisait bien longtemps que Nikolai ne t’avait pas appelé ainsi. C’est probablement ce qui fait que tu retournes sur tes pas, la mine ouvertement agacée, pour voir que qu’il te voulait encore ? Il ne dit rien sur le coup, se contentant de tirer sur sa couverture et de le regarder fixement. « Reste. ».

Tu restes un instant bouche-bée. Etait-il sérieux ? Vraiment sérieux ? Il voulait que tu viennes le rejoindre dans son lit alors qu’il était entièrement nu sous sa couverture ? Est-ce qu’il se rendait au moins compte du message que ça donnait ? Tu en doutais fortement. Et le blond n’était ni en état de faire quoi que ce soit, ni intéressé par les hommes. Et par les Sept, depuis quand est-ce qu’il l’invitait dans son lit ? Depuis maintenant il semblerait. Tu juras mentalement. Tu n’allais tout de même pas céder à sa requête ? C’était ridicule ! Tu n’avais qu’une envie et c’était de te retrouver seul pour pouvoir comprendre ce qu’il se passait avec ta tête, pas de servir de doudou à ton blond. Mais plus tu le regardais, plus tu sentais ta résistance faiblir, jusqu’à ce que tu lâches finalement un soupire. « T’as quel âge ? Trois ans … ? » que tu marmonnes en t’approchant du lit. Tu te glisses sous la couverture et tâche d’ignorer de nouveau la nudité de ton voisin. « Si tu ronfles, je t’en colle une. » le menaces-tu en t’allongeant sur le matelas. Tu ne dormis pas beaucoup cette nuit-là.

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