pseudo et prénom ‹ bravadow / moonk. âge ‹    comment as-tu trouvé le forum? ‹    pays ‹ la perle des lagunes.    fréquence de connexion ‹ 3/7j.  enfin je sais pas trop encore. votre avis sur le forum ‹ plutôt cool. parrain ? ‹ me, myself and i.    smiley préféré‹    gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

La sérénité des flaques d'eaux est violée par les plongeons bruts de la carriole. Engin fluctuant sous la frénésie des coups de sabots de l'animal torturé sous l’acariâtre toucher du maitre aux yeux de mort.  Les roues ferrailleuses martèlent la plateforme marécageuse, colorées d'une boue d’une composition sûrement aussi crasseuse que l'hygiène du conducteur de la charrette. La houlette balance, caduque, trébuche sous l'irrégularité des bosses et les flaques d’eaux désordonnées. Embardées sauvages de la mécanique éclatant dans une mélopée sinistre à l’ouïe des passagers, perçant le silence, berçant les craintes. Les planches défraichies, murailles glaciales de l'habitacle boiseux, en se percutant les unes contre les autres, accentuaient l’angoisse silencieuse comprimant les thorax graciles des opprimés, de ces gosses dont les seules possessions n’étaient plus que ces joues creuses surmontées d’iris larmoyants.  La brume les englobe de partout ; obstruant la vue, engorgeant les poumons, contaminant le capharnaüm de pensées inquiètes. Scène photographiée dans un décor dévasté, senteur d’un passé piétiné, souvenir blasphémé, nécropole d’omnivores et de cétacés. En fond sonore l’orchestre des bombes, cris et des plaintes des désespérés surgissant du lointain. La guerre n’était en rien une amie.  

Les nuques des gamins sont imprégnées du poisseux des parois pullulantes de moisi. L’endroit n’a pour contenance qu’un entremêlement de respirations hachées, de terreurs enturbannées aux trachées, de laides meurtrissures s’imprimant à la surface d’haillons débordant d'humidité. L’insalubrité du coffin triturait l’estomac des composantes de la petite foule leur extirpant de leurs organismes des compositions pâteuses et nauséeuses. Et ça puait. Ça puait de partout, sincèrement. Ça puait la chiasse, la pisse et le vomi. Les relents de désespoir d’enfants infortunés, d’existences heureuses crevées dès les premières gestations dans la coquille. Le trajet s’étendait sur deux nuits interminables, sans répit, ni escale pour la "marchandise". Une vingtaine d’âmes prisonnières d’une chariote en bois, d’os et de musculature trop frêles pour accomplir leur souhait de liberté.

L’assaut, elle l’a déjà visualisé quatre fois dans sa tête la gamine. Il lui suffisait de capturer ce morceau de chair rosée reposant entre ses trente scies blanches puis de le mordre suffisamment fort pour provoquer un déchirement, une rupture. Il lui suffisait d’une poussée de courage, d’un punch d’adrénaline, pour accomplir ce geste qui l'expédierait dans l’écume qu’elle avait trépassée en recevant 5 ans plus tôt sa première bouffée d’argon. Les effusions de sang, les âcres traitements, les saluts de la faucheuse ne lui avaient jamais été inconnu. Sa mère le lui avait appris dès le plus jeune âge, les rudiments de la survie, sachant à quoi s’en tenir. Louveteau conditionné, prédisposée à mordre pour se défendre avant même de savoir se tenir en équilibre sur ses quatre pattes. Enseignement suicidaire, offrande la plus tendre, à la portée équivalente à la première goulée du lait maternel pour les détendeurs du nom maudit. Elle s’y était déjà essayé, à briser ses verrous, au premier moment de répit. À les disloquer de toute sa maigre expérience et n’avait bénéficié en retour que d’une tâche violette recouvrant l’entièreté de son profil gauche de la part du second du conducteur.

L’auto-trépas se profilant progressivement à travers ses cellules grises telle la solution miracle, celle qui se devait d’être. Elle ne se faisait pas d’idées sur ce que la vie lui réservait. On le lui avait inculqué moult et moult fois dès qu’elle fut montra ses premiers signes de compréhension, la mort était son amie. La seule qui l’accompagnerait jusqu’au bout, qui répondrait présente à la toute fin.

Et elle l’aurait fait, elle l’aurait fait si ce n’était pour cette chevelure hirsute, se faufilant sans gêne apparente entre les corps, portant assistance et réconfort. La paume menue rosie et tendue, demeurant ouverte malgré la cruauté des conditions. Ces mires dans lesquelles se bousculaient infinités de comètes et d’étoiles. Ce corps chétif s’évertuant à procurer à ses semblables un minimum de confort, échafaudant des plans et triturant sans fin les verrous en dépit bleus grandissant sur son corps et des commentaires déplaisants. Elle l’aurait fait si ce n’était pour ce sourire absurdement contagieux escortant l’être radieux qui s’affala bruyamment à ses côtés. Si seulement, ses pensées ne divergeaient de leur masse d’ombre à chaque joute visuelle.  « Will you talk now ? » L’enfant corbeau se heurte à l’imperméabilité du silence, à la menace des poings fermés, aux incisives prête à blesser, à faire jaillir le cruor, dissimulées sous les lippes charnues. « Still a no ? I know you can. If you don’t wanna talk, it’s not a problem. I’ll do it for two. » Et elle se lance, élabore, se perd dans ses planifications et supputations. Leyla n’en était pas à sa première approche. Et Demeter ne comprenait pas pourquoi elle lui accordait autant d’intérêt, pourquoi elle ne tremblait pas de trouilles comme tous ses autres gamins et persistait à garder ce masque plein d’assurance. Et par-dessus tout elle ne saisissait pas la raison pour laquelle cette aura semblait l’appeler à elle, la raison pour laquelle ces mots et sa sagacité frappaient avec tant de force sur les barreaux de marbre de sa prison isolatrice. « You’ve been watching me all day long. What do you want? » Les cils couvrent la surface joueuse avant de découvrir les perles emplies d’une teinte différente, et Demeter elle se perd un peu, dans cet essaim d’atomes sages et sincères. « I’ve missed you. » La surprise rehausse les opales sombres, la noire la dévisage en chien de faïence. « I don’t know you. » Nouvel étirement des lèvres. « I know but i missed you. And I know that somewhere you feel the same. » Un instant. Une pause. Il n’eût pas de réponse. Le bébé sirène se demandant ce qu’elle avait pu ingurgiter comme potion pour délirer à un tel point, sourde à ce myocarde qui semblait émettre ces premiers battements. «I’ll find a way to get us out of here, but I can’t do it without you. » Ses doigts viennent esquisser un V qui triomphe devant son sourire édentée. « I promise, I will. »


La visite du bourreau transparaissait sur le derme strié des enfants. Esclaves vendus, proies précoces. Poupées aux mains du proxénète, monnaie facile marchandée sans état d’âme. Tous sauf Leyla. Leyla n’était pas une poupée comme les autres parce qu’elle narguait le dragon, envers et contre-tout.  Sa fierté amusait, sa force et sa malice impressionnaient. Et plus important encore, elle savait rapporter des sous.

Vipères entassées sur les flancs du corridor, les visages curieux dévorent la scène. Rictus fier pour la gamine qui joue d’affilée sa trente-troisième partie de go, bien partie encore une fois pour rafler la mise et acheter une partie toujours plus conséquente de cette foutue liberté. C’était le deal conclu avec le diable. Il lui fallait amasser aux jeux une somme suffisante pour acheter sa liberté et celles des autres enfants. Et dans cette tâche, elle mettait du cœur, énormément de cœur. Sauf que la naïveté dans ses yeux n’était que façade, si elle eût toutefois réellement existé. Plans plus complexes qui s’échafaudant sous le sourire plastifié, trop réfléchis pour une gamine de sept ans qui porte déjà le poids d’un monde sur ses épaules.

« Who’s that girl ? » prononce un duo de femmes observant la scène détachée de la foule d’amateur.
« Her name is Leyla. She never loose. » Hyperbole l’homme de grande taille.
« How much for her ? »
« She’s not to sell. Not entirely at least. » ajoute-t-il d’un clin d’œil révélateur.
« How much for her ? » répète Aïssatou, le thorax débordant de plus en plus d’une rage incontrôlable, trouble toutefois impossible à trouver sur son visage. L’homme souffle et fais craquer tous les os de ses doigts d’une seule manœuvre en s’étirant légèrement.
« She’s not to sell. »
« Even for 250.000 ? » enchérit Wafa prise de haut le cœur d’acheter sa sœur comme du vulgaire bétail.
« Not even for the double. It’s really a huge investment, ladies. The kiddo plays better and better at every match. Imagine what we can have on the future if it goes on. »
« How much for two weeks then ? » articula Aïssatou, les yeux toujours rivés sur la gamine qui leur avait été dérobée des années plus tôt.
« Well… Let’s talk. »


L’épiderme strié de crevasses rouges, l’univers de la prison est enseveli sous des marres de flammes. Le chaos suivant le cri de guerre des corbeaux, le début d’une dynastie. L’habitacle est en feu et à sang. Les gamins luttent pour leur survie, échappant aux forcenés, accélérant vers les sorites. La pagaille est monstre, et pourtant le calme persiste chez Ptah. Les dextres boursoufflées de cloques, la vengeance dans la peau, elle s’avance et tranche dans le tas. Sectionne les tendons du haut de son 1m10, gêne dans les pieds, épine tenace déterminée à atteindre la tête de l’hydre. Demeter est frappée, projetée, balayée telle une plume. Mais elle se relève, refuse de renoncer à son entêtement suicidaire jusqu’à ce qu’elle ne rencontre dans la genèse cet air enjoué irremplaçable qui l’embarque à ses dépens.

« You see. I’ve said that I’ll came back for you. » Sourire de Gavroche. Candeur contagieuse imprimée sur la face de sa jumelle d’âme, semblant de vrai sur cette âme bel et bien crevé. Elle avait traversé l’enfer, s’en était échappé. Puis était revenue pour elle, sans oublier de réduire en poussière l’institution. Le regard de Demeter dérive sur le faciès de deux femmes, elle dénote les traits semblables à ceux de sa sœur de cœur, sans émettre de remarque.

«You tried to control you power. qu’elle lui lance, les mires portées sur l’incendie qu’elles distancent.  
- Yeah, like you see. Renchérit la fille du feu.
- You suck.
- Yeah... Shut up. »
- « He’s gone. Le marionnettiste, le créateur de leur misère.
- We’ll catch him. Soon or later. » Et à cet instant, elle ne ressent pas le besoin de se retourner, de l’observer pour se rassurer, pour constater la détermination dans ses propos. C’est une promesse.

La benjamine Khodja lui tend la main, ses extrémités rougies par le liquide écarlate l’aidant à descendre de la charette, une trentaine de minutes plus tard. Yeux de biche avide d’informations, ils s’aventurent déjà sur son corps frêle examinant déjà les sévices qu’il a subi durant son absence. Les doigts de son autre main frémissent en caressant les tracés laissé par la carence nutritive sur le dos de la fraîche affranchie, exposant ostensiblement l’échine affaiblie. « What’s next ? » prononce la Sekhmet, l’âme encore trop plaintive pour apprécier la qualité, l’affection sous-entendue d’une caresse. La gamine au teint mate sonde ses opales sombres avant de renserrer sa prise ses doigts qui enlacent les siens : « We stay together. Always and forever. »


Les nuages produisent des lances de pluies qui assassinent le calme de la surface. L'air est glacé, embué de larmes du ciel. La moindre inspiration est accompagnée par une ration de gifles aléatoires. L'aubrun de ses iris est fixé sur la façade de la colline. Les vagues sont hautes, le chef du navire s'impatiente. « When will she come back ? » « Soon. » répond la sirène après une ième goulée d’alcool. L’homme le lui arrache avant qu’elle n’eût même le temps de protester. Ses poings tremblent et l’envie assassine qui la triture depuis le début de la traversée se fait plus vive encore. Le calme. Il fallait se calmer, se contrôler. Il n’y avait que ça de vrai. Il n’était pas encore temps de tuer, rester lucide était une nécessité.  


- She fell the head first in this goddamn storm. How the hell did you knew where to search ?
- Because.
- Because ?
- That's the way it is.


La procession des fourmis est lente mais demeure certaine. Les grenouilles clapotent, l’herbe est belle et verte, ornée de rosée matinale. Les petits cétacés flottent dans les bulles d’eau suspendues que forme la maîtresse de son doigté expert. Le temps est beau, il fait frais.
« Why do i like blood so much ? » le sujet "nous" intrinsèque comme à l’accoutumée, habitude éternelle qui exprime la fusion de deux entités.
Haussement d’épaule, regard plus hagard encore.
« With the microscope, we can see a lot of thing. (…) I had some doubts. And maybe… Maybe the soul is in the blood. »
« Then what? We are at the research of my soul? We think that we still have one ? » Réplique acerbe adressée à Demeter, attention pleine de malice pourtant.
Ricanement moqueur suivi de rires francs.
« Nop. It’s just fascinating. »



Les lippes se font carnassières, conquérantes. La volonté absolue enfante un dévouement presque religieux. L’épiderme s’hérisse, les jambes et les hanches dandinent, l’excitation est à son comble. Jamais n’avait perçue Leyla dans un tel état d’impatience. Mais Il ne fallait pas se mentir, au fond d’elle, l’excitation qui vrillaient les membres de son acolyte parcourait aussi son organisme. Elles avaient tant patienté pour l’arrivée de ce jour, celui où toutes les conditions et tous les facteurs étaient réunis. Demeter contemplait la bâtisse défraichie suspendue sur des étalages, son plaisir à elle ne transparaissant pas. Le chronomètre enclanché, écoulant de son bras mécanique les dernières secondes tandis que l’adolescente à la chevelure sombre effectuait mille et un pas sous ses pieds. L’un des sbires accompagnant les deux femmes ne pût s’empêcher de penser qu’à seize ans, ce genre d’occupation était assez particulière. Mais c’était différent quand on habitait à J’hui Nguri, c’était différent quand on possédait une épaule dénudée frappée du symbole des corbeaux, quand on était voué à construire un empire sur la crasse, les os et le sang. Les femmes corbeaux, amantes bien-aimées des flammes, bâtissaient sur de la poussière un océan de terreur.

Un temps, puis une retentit une énorme détonation. Elle bouscule les fondations environnantes, fait trembloter la terre infertile et obscurcit le ciel de nuages âcre. Des rescapés sortent de la fournaise, l’expression folle et l’épiderme nappée de flammes, les lambeaux de chairs arrachés tombent au sol, accompagnés de sons poisseux. Aussitôt, le premier rescapé exposé à la vue de tous, débute le flot de violence. Leyla ouvrant les hostilités. La faucille perce la peau ventrale à une vitesse époustouflante, s’y enfonçant mollement comme du beurre. Les têtes en feu sont récupérées par scalpes, tantôt précis, tantôt maladroits sciant le crâne en deux. Et parfois, dans le chaos, ça cognait. Brutalement et rageusement. Ça cognait à en dépouiller la chair de la vie, à en inscrire son mécontentement en grandes lettres sur l’échine de ses immondices pédophiles. Chaque blessure engorgeant les poumons d’un souffle nouveau, d’une satisfaction inégalable. La vengeance n’avait jamais été aussi belle, aussi douce. Et à l’aube, s’acheva le plus grand trafic d’enfant des quatre nations.


La carrosserie de l’automobile reluisante est en accord avec la tenue colorée de l’assassin, contrastant outrageusement face au paysage morne. La reine des cartes lui indique une plateforme avec enthousiasme. « Une seconde mine ? Ai-je les moyens de m’offrir un truc pareil ? pousse Demeter, se débattant pour descendre la pente sans tâcher la coupe de son vêtement. Je ne me serais pas ramené ici, s’il ça n’aurait pas été le cas. N’est-ce pas ? Leyla s’engouffre déjà dans le tunnel sondant les recoins, l’œil pétillant. Tandis que son acolyte reste en retrait, paranoïaque. Analysant le décor, à la recherche d’un potentiel assassin les ayant suivi dans leur voyage. Pour moi ou pour les Khodja ? qu’elle pose à la silhouette s’enfonçant dans les tréfonds. Pour moi. « . »

Come on ! Come ! Don't tell me , we're scared by the bats. Discussions bien étranges d’un point de vue extérieur mais dont la clarté coulait de sens pour les interlocutrices. Le rire cristallin de la maitresse des casinos vient percuter les parois et retentit majestueusement dans la grotte. We’re dead if a master of earth try something against us now. Stop worrying, I’m fine ! And if I want to know something... Hn. I’ve never been worried this little but about money before. Now, I’m really scared.

Leurs séants finissent par atterrir sur la terre ferme (suite à une lutte odieuse qui salirent les vêtements de la Sekhmet), contemplant l’exploit. La noirceur tournée vers son canalisateur, la fourvoyé trottinant sur le pavé glorieux. Un sourire partagé. Les majeurs dorés scellent la promesse d'avenir en s'échouant dans une synchronie infiniment répétée sur les lèvres des ingénues. Sans un regard, sans une amorce préétablie, instinctivement, ils se rejoignent, se retrouvent, s'entrelacent dans une étreinte puissante que les corps finissent bien vite par partager face à leur second succès. Des instants à réchauffer, du bonheur à conserver. Tout allait bien à cet instant. Tout allait si bien.



So this is what they call hard feelings.

'Cause I remember the rush, when forever was us
Before all of the winds of regret and mistrust
Now we sit in your car and our love is a ghost
Well I guess I should go
Yeah I guess I should go

« Get the hell out ! » qu'elle hurle en se déchirant les cordes vocales, une difformité, un cri des abysses. Le son roque témoigne d’une blessure glaçante, d’un crime impardonnable. Sa peau de satin s'agrippe à la première coupe, au premier objet compact à portée de main, avant de le lui envoyer en pleine face. La noire reste raide comme un pic, les traits figés, les orbes inexpressives. Démone inconcevablement docile accusant violence, peine et marées projetée par la tornade de flammes. «You’ve killed him. » Prononciation ardue, incrimination pertinente. Pure boule de souffrance transvasée d’un diaphragme à l’autre, poignard éclatant résilience et barrières. Les neurones sont portés à ébullition, submergés par une lave d’intensité émotionnelle qu’ils ne peuvent maitriser. Les sentiments se confrontent, s’aplatissent, s’assassinent dans l’intimité des deux corps et de tout ce qui les relie. Rage naissante à son paroxysme sur les cendres de la dame corbeaux, sublime lugubrité que traine un myocarde dépecé. « You’ve killed him. » Rivières salées séchées imprimées en abondance sur les joues de l’une ; dégoût, colère et remord jonglant à la racine des cils. Absence de souffle chez l’autre, foudroyée par la douleur de l’autre, incapacité à se rappeler les mouvements primaires. Et elle accuse le grief, sans se défendre, sans essayer d’atténuer la portée de ses actes car il lui était irrémissible de se pardonner le bouleversement engendré au sein de celle qui portait l’âme de leurs deux carcasses. Caveau de blâmes asphyxiée par la peine, ossatures possédées du spleen mordant. Territoire neuf et regrettable pour la fâcheuse Sekhmet : ce ressenti. Ce ressenti plus brutal que tout ce qu’elle n’avait jamais connu dans sa piètre existence. Cette expérimentation l’engluant de façon plus intrinsèque encore au détonateur de l’arme au canon ravageur, aux lames affutées réclamant l’hémoglobine de sa propre trachée. Le silence était insoutenable mais la femme corbeaux outrepassait cette donnée, cultivant inconsciemment la tension qui semblait s’échapper de ses pores. Elle était lui faisait face, sa nature mise à nue, peinte de cicatrice visible et invisible. Toutes les blessures rouvertes, torrents de chairs ravivés des deux côtés de la rive.

La faucheuse l’avait commis ce crime, elle avait achevé les prémisses d’un regard neuf porté sur un monde d’un tranchant sec. Elle avait crevé sa propre semence, craché sur la vie, saboté trois existences sous l’emprise de ses vieux démons. Œuvre de folie, dédicace des craintes, de l’humanité reprouvée. Et il n’y avait pas de paroles, d’actes, de compensation à cet affront. Rien qui ne ramènerait la vie qui avait déserté la charpente de son vis-à-vis ; morte au contact entre la pointe de la lame et le thorax poupin inspirant ses premières gorgées de vies. La perte s'était exprimée en essorant toutes ses cellules de ce corps fort ; provoquant l’extinction du sourire, l’apparition de la peau livide, du regard épuisé.

Leyla.

Leyla.

Leyla.

Malgré les cris, la violence, le dégoût notable qui débondaient à chacun des pas que l’assassin effectuait, la progression ne flanchait. C'était à son tour maintenant, de servir de support. Aussi abjecte qu’elle soit, nauséabond répand, cause de souffrance. Parce que le subconscient le savait lui, aussi tordu que ça peut l’être, que le poison était le remède. Et elle se heurte contre la colère, la hargne, le rejet. Zeus, Poséidon et Hadès frappant en cœur, agressant sur le plan physique et spirituel, mais la prise ne désamplifie pas. Au contraire, elle l’enserre plus fort, raffermissant la contradiction de cette parcelle de temps figée. Le bourreau confortant la victime. « You’ve killed my child. » qu'elle susurre, le déchainement se faisant las. « I’ve listen to his heartbeats. I’ve took care of him. I’ve felt him in us, even better than you. » L’utilisation du prénom pétrifie Demeter. Le choc lui entrouvre légèrement la bouche, aspirant une goulée de cet air qui semblait avoir déserté ses poumons depuis qu’elle avait pénétré la salle. Les paroles de l’autre semblent irrationnelles mais dans leurs univers il n’y avait de réalité plus crue et attique, de formulation plus blessante. Mais ses armes verbales ne font écho qu’au silence, finissant par subir une nouvelle fois une rafale de larmes salées. Le réconfort, le grief et l’amour s’entrecroisent juste le temps d’une soirée, le temps d’un instant. Parce que ses secondes formeront les réminiscences de ce qui ne pourra se permettre d'exister une fois l'aube, l'aurore où elles ressusciteront comme les macchabées se rapprochant toujours plus prêt du néant.