Les temps sombres te font sourire, la mort te fait rire et découvrir le sang d’un autre sur ta peau te rend étonnement heureuse. Tu es perdue depuis bien longtemps Hedda, mais tu y prends bien trop de plaisir et d’insouciance pour changer. Une attitude qui agace, que peu comprennent, et pour laquelle beaucoup aimeraient te voir six pieds sous terre avec tous ceux que tu as fait périr. Mais la Mort n’a pas décidé de ton sort encore, elle te garde à ses côtés pour récolter ses âmes chéries. Alors tu continues, à la recherche de ta prochaine proie. Lorsque la lune vient caresser les pavés d’Azurite et que le massacre se révèle à tes yeux, tu t’avances, prête à en découdre avec ceux qui oseraient te défier. Tu sens l’eau grouiller sous vos pieds, dans les fontaines de la ville et les canalisations, alors tu frappes du pied, pour t’imprégner, pour t’ancrer au sol qui rougit à mesure que le temps passe. Tu ne comprends pas ce qui pousse tout ces gens à lever le poing et commettre ce que tu ne pensais pas possible avant de devenir l’assassin de l’ombre. Tu n’as pas choisi Hedda, mais eux ont le choix d’être différents, de garder en conscience que le monde n’a pas besoin d’être brutal. Tu regardes autour de toi, comme paralysée par un spectacle auquel tu ne t’attendais pas. Ceci n’est pas une guerre, c’est une hérésie, une monstruosité qui n’a pas lieu d’être. Alors tu lèves la main, priant pour que le liquide sacré arrive jusqu’à toi et frappe les cibles que tu cherches à troubler, au moins pour un temps. Le fouet fermement tenu dans l’autre main, tu t’apprêtes à tournoyer et lancer l’arme jusqu’à un premier maître qui vient d’achever son premier meurtre. Son regard se fige sur le corps sans vie d’une femme qui ne cherchait qu’à protéger son enfant. Ses mains tremblent et alors qu’il pense à fuir, ton fouet vient s’enrouler autour de son bras, obligeant l’homme à lâcher son arme. Il tourne la tête vers toi, apeuré autant par le combat qui s’annonce que par ce qu’il vient d’accomplir. Tu t’avances, ne lui laisse aucune chance et alors que l’eau arrive jusqu’à toi, tu l’envoies s’engouffrer dans la bouche du maître. Tu cours jusqu’à lui, enroule le fouet autour de son cou et tu sers, jusqu’à ce qu’il tombe d’épuisement. Mais tu entends le gamin qui pleure derrière, à genoux sur le cadavre de sa pauvre mère. Tu te tournes, repenses à ton passé, ton histoire et à tes sœurs trop loin à cet instant. Tu sers le poing sur ton arme, dévisage le fils impuissant face à la mort. Tu refuses qu’il connaisse un sort funèbre, pas ici, pas maintenant et certainement pas par ta faute. Alors tu l’attrapes par la main, le tire vers toi pour l’amener jusqu’aux portes du Palais. Tu demandes à ce qu’on t’ouvre, seulement pour laisser entrer le petit. « Qu’on l’amène aux cuisines. » que tu ordonnes aux gardes qui osent ouvrir en cette nuit d’horreur. Tu soupires en les observant, bande d’abrutis, avant de te baisser sur le garçon. « On prendra soin de toi, ne t’en fais pas. Va, et ne mange pas trop de gâteau ! » que tu lui glisses avec le plus grand des sourires. Un regard vers les deux gardes t’indique qu’il est temps de repartir, mais tu glisses ton visage jusqu’à l’oreille du gamin. « Il y a des bonbons cachés derrière l’armoire à légumes. » Un clin d’œil et tu t’éclipses sous les rayons de la lune.

Des jours que la Purge a fait ses ravages. Des jours que tu tournes en rond à comprendre ce qui ne tourne pas rond dans ce Royaume. Et voilà que Cal Oshun, empereur maudit, annonce la dissolution de l’Empire. Décidément, je n’y comprendrais jamais rien. Que tu te dis en entrant dans la grande salle du Palais. Merle est sur son trône, comme presque à chaque fois que tu la croises. Mais sa présence ne t’exaspère plus autant, plus comme avant. Tu ne supportes pas l’image qu’elle donne, celle d’une Reine hautaine, pleine de haine et bouffée par les vices. Mais qui es-tu pour juger des pêchés des autres ? Tu inspires, expires et lorsque vos regards se croisent, tu sais que l’heure ne sera pas aux effusions de joie, mais pas non plus à la colère qui t’a rongé jusqu’à cette nuit là. Le visage fermé, prête à encaisser ce qu’elle pourra bien te dire, tu repenses aux jours passés. Aux décisions que la Reine d’Aguarinui a prise et pour la première fois, tu acceptes de la voir comme tel. Une Reine. L’ancienne religion, celle des créatures mystiques, bien qu’elle ne te parle pas, te permet une plus grande compréhension du monde et des éléments. Une perspective différente à laquelle tu n’avais jamais fait attention. Pourtant, lorsque Merle Osanos annonce qu’elle ne discriminera pas les mutants, qu’elle honorera cette religion qui donne à l’eau une tortue pour dieu, tu te demandes si tes convictions n’étaient pas mal placées. Diana, sa cousine, porte pourtant en elle le même culte et les mêmes envies d’un monde uni. Mais les mots ne se répercutent pas de la même façon dans ton esprit et alors que la reine mutante s’avance jusqu’à toi, que tes yeux se posent sur ses yeux azures, toutes tes certitudes partent en fumée. Tu t’inclines mais ne te prosterne pas, tu ne l’as jamais fait, pourquoi le faire aujourd’hui ? « Merle. » que tu la salues. « Je peux faire quelque chose ? » La demande n’a aucune autre saveur que l’interrogation, pour une fois il n’y a pas de teinte sarcastique ou exaspérée. Tu la regardes avec respect. Probablement pour la première fois.