Ce soir, une impératrice est tombée.
Ce soir, une guerrière s'est relevée.

Les paroles  du furieux empereur bourdonnent furieusement dans le crâne de la déesse de feu. Les mots résonnent, des échos répercutant la trahison nauséabonde de cet homme assoiffé de pouvoir. Elle n'est plus impératrice, elle n'est plus reine, elle n'est même plus l'épouse de quiconque, elle règne sur un royaume de cendre, son existence lui a été arrachée sans qu'elle ne puisse y opposé la moindre résistance. Elle a écouté la sentence, le menton relevé, fière, imperméable à ces infâmes créatures qui lui dérobait tout ce qu'elle était. Elle a ravalé les jurons qui pendent à ses lèvres. Elle a étouffé les flammes qui désiraient naître dans le creux de ses mains. Si elle tombe, la sublime ne perd pas de sa superbe. Si elle est abattue, la divine ne courbe pas l'échine. Elle attend, presque trop sage, presque trop docile, elle attend d'être libéré par le fou qui lui servait autrefois d'époux avant de se détourner de lui. Les talons claquent furieusement sous le passage de la reine en perdition, traînée dans la boue, bafouée, pour les délires d'un empereur... non d'un roi d'infortune qui n'a causé que la perte de sa propre nation.

Ce n'est que lorsqu'elle passe le seuil de ses anciens appartements que la Yinren se défait de la couronne qui orne sa chevelure de jais pour l'envoyer valser à travers la pièce sans plus de considération. Ses boucles d'oreille. Son collier, ses bracelets. Les bijoux subissent le même sort, alors que des grognement animale s'extirpent de ses lèvres d'une rouge macabre. Et finalement un cri, une agonie dont elle se libère, un rage qu'elle exhorte, alors qu'elle laisse ses doigts venir se crisper contre ses tempes. Elle ne répond plus d'elle, l'enfant des flammes, consumée par un feu qu'elle ne connaît que trop peu pour en maîtriser la folie. Les flammes s'allument, sauvages et destructrices, elles sont teintés de cette lueur cruelle qu'elle exècre presque autant que son ancien époux. Elle s'embrase, les flammes d'azur viennent lui lécher le corps, la délestant du tissus alors que ce feu dévastateur dégouline d'elle pour s'approprier ce qu'il reste d'elle dans ce vulgaire palais. Les larmes coulent, mais n'ont pas le temps de frôler sa peau qu'elle s'évapore, dévorée par la chaleur de son pouvoirs. L'incendie se propage au delà d'elle, rongeant le bois des meubles avec une fièvre délicieuse, avalant avec gourmandise les tissus d'ornement. Le courroux du brasier n'épargne rien. L'ancienne reine solaire se laisse engloutir dans un néant abyssal, les orbes d'un noir infernal se perdant dans la danse langoureuse de ses flammes assassine. La fumée dégueule sous la porte, s'engouffre dans les moindres interstices pour s'échapper de cet enfer, alertant les hommes chargés de sa protection.

L'enfant Swanson ouvre la porte, dans la précipitation, il lisse l'air s'engouffre dans la pièce, alimentant la fureur des flammes dévastatrices. Un cris. Son nom, hurlé dans le chaos de sa chambre, il s'avance, un bras devant son regard pour se protéger le visage, il avance, il essaye de la trouver mais se retrouve vite en joue de son feu. Elle est hors d'atteinte. Elle ne répond plus d'elle. Il retourne su ses pas, la peur ronge les entrailles du garçon à la chevelure flamboyante, alimentant sa violence. Il se saisit du bras de l'adiutor de l'impératrice déchue, la force à franchit le seuil de la chambre, à affronter les flammes toujours plus menaçante. Contrôle la. Qu'il ordonne, le regard rivé sur le corps de la déesse, stoïque, au milieu de sa frénésie. Les secondes s'éfritent, fondent dans la chaleur de son enfer. Le temps se tord, se déforment, des minutes se changent en heure avant que les flammes ne crèvent pour ne laisser que des cendres. La déesse flamboyante demeure dans ce sinistre, la peau nue, blanchâtre, souillée par la suie. Ses mains posées contre son ventre arrondis, elle ne réagit pas, plongé dans une torpeur qui ne lui ressemble pas. Il laisse échapper un nouveau juron le fils Swanson, s'empressant de la dissimulé dans sa propre cape. Il la soulève dans ses bras, poupée désarticulée, cruellement mortelle. Il ordonne aux spectateurs de garder le silence, ne sachant que trop bien les conséquences qui pourraient venir entaché cette reine déjà perdue. Ce soir, un impératrice est tombée.



Le sang empoisonnée par une rancœur qui ne lui ressemble nullement, l'enfant des flammes a retrouvé son calme d'antan. Ses prunelles sombres chérissent une dernière fois les lieux qu'elle est sur le point de quitter, après quelques instants de vie qui semble aujourd'hui presque irréelle. Elle est ahntée, la sublime créature, par les promesses prononcées pour être si vite abandonnée. Elle porte en son cœur la mélancolie d'un temps qu'elle a espéré pour son enfant. Paisible et silencieuse, elle trône au milieu de cette marée humaine qui emporte tout ce qu'il reste d'elle dans des vulgaires malles. Ses doigts se crispent contre une étoffe luxueuse sur lequel est brodé le prénom de leur fille, sa fille, celle qu'il n'aura jamais, elle s'en fait la promesse. Et puis le calme, les préparatifs se terminent et les lieux lui semblent curieusement vide. Elle serre la couverture contre elle, contre son corps, contre son cœur, essayant de couvrir cette plaie béante qui entaille son myocarde. Elysia. Un prénom que sa fille ne portera jamais. Non. Elle ne veut rien qui lui vienne de ce père qu'il ne sera jamais. Un inspiration profonde et elle apostrophe une servante, lui cédant le précieux tissus. Veillez apporter cela dans les appartements de votre rois. Leur roi, définitivement pas le sien. Elle s'arrache au regard de l'humaine, lui cédant un sourire doux, mais dépourvu de saveur. Elle glisse vient faire glisser son alliance contre son doigts, s'en sépare, déposant le vulgaire bijou sans valeur contre sa commode, là où repose la tiare qu'elle portait encore il y a peu. Elle ne s'attarde pas la divine, non, elle ne veut pas rendre les choses plus pénibles qu'elles ne le sont déjà. Elle s'aventure dans les couloirs, là où ses hommes l'attendent, sous les ordre de celui qui est sur le point de trahir son roi pour l'amour qu'il lui voue. Tu as trouvé ce dont nous avions parlé? Un hochement de tête, un soupçons de sourire, non pas sur ses lèvres, mais dans la profondeur de son regard. Elle place déjà ses pions, la vengeresse, refusant de courber l'échine pour les caprices d'un roi, d'un menteur. Ils échangent un regard, les amants, un simple regard qui gonfle le cœur de la dernière impératrice d'un courage qu'elle a dû mal à réunir. Elle doit l'affronter. Une dernière fois. Une toute dernière fois. Elle relève le menton, le regard rivé vers le lointain, là bas, l'avenir. Elle est fière, droite, impériale, peu importe le titre quelle porte aujourd'hui.

Il apparaît dans son champ de vision. Son cœur se serre, mais elle n'en laisse rien paraître, venant tremper l'acier de ses orbes dans celle du flamboyant. Elle s'avance, sa garde suit, une procession presque religieuse la menant vers son ancien époux. Elle s'immobilise devant lui, ne décroche pas son regard du sien alors qu'elle s'approche, peut-être bien trop. Elle lève sa main, cruellement doucereuse, pour venir cueillir sa joue, éffleurer sa carne d'une caresse qui ne lui inspire plus que du dégoût. Et pourtant, elle s'avance, vient déposer ses lèvres contre celle de ce mari qu'il n'est plus. C'est un sourire sardonique qui vient orner les lippes rouges de l'impératrice, alors que ses doigts vient essuyer la bouche de l'homme, mais plutôt qu’effacer la marque rouge laisser par son baiser, elle laisse la trace rougeâtre venir souiller sa peau. Un enfant rejeté. Demande à ta précieuse maman ce que cela lui a coûté. Elle se détache pour le contourner, non sans venir chercher le bras de son escorte, de son amant qui n'a pour l'empereur qu'un sourire détestable. Elle le quitte, sans un regard en arrière, parce qu'elle refuse qu'il voit son sourire crever contre ses lèvres. Elle l'a aimé et il l'a trahie, la traînant dans la boue, elle est les promesses qu'ils s'étaient faites? Elle ne devrait pas s'en offusquer, il n'a jamais eu qu'une illusion de respect pour elle. Elle s'éloigne et derrière elle, ses hommes reprennent leur avancé. Elle quitte le palais des flammes, emportant avec elle des précieux alliés dont le roi lui-même ignore l'allégeance changeante. Hier, une impératrice est tombée, ce soir, une guerrière s'est relevée.