Il les hait ces jours sombres. Cette parodie à laquelle l’être doit se plier. Il est là, immobile. Trop pour son propre être. Il hait cette odeur d’encens régnant dans la pièce. Cette impression d’être devenu rat de laboratoire. Il la ressent cette crainte. Il la perçoit dans le souffle des sages. Ils ne désirent pas être là. Pas avec lui. Réputation qui le précède. Qui le fera toujours. Attaché à cette être. Yoric Swanson synonyme de mort. Ils marchent sur des œufs. Eux quémandés pour tenter de calmer les ardeurs de l’homme. Tenter de lui faire acquérir cette sagesse nécessaire à son nouveau don. Mission impossible dès le départ. L’être fermé tel une huitre. Bien incapable d’acquérir  cette maitrise de soi nécessaire. Peu désireux sans doute de séparer le bien et le mal vivant chez lui. Bien incapable de le différencier. Bien trop habitué à se nourrir de l’une et délaisser l’autre. L’enfermer au loin, là où rien ne viendra plus égratigner la surface. Parce qu’un Swanson n’a aucune pitié, parce que les émotions positives n’apportent rien de bon. Parce qu’elles deviennent bien trop tordues pour être décortiquées des plus sombres. Inspirer, expirer. Il les sent ses regards sur lui, cette impression qu’il devrait y arriver mais que tout reste plat. Il n’arrive pas à le ressentir cet état suprême, celui où tout deviendra si limpide. A la place c’est la colère qui gronde, augmente. Qui vient envahir l’espace. Elle surgit, vielle amie, plus grande ennemie. Elle se fait serpent qui pourrait venir mordre vite, si vite, trop sans doute. Il enrage, relâche tout, s’embrase loin. L’homme se lève d’un coup de tête, refuse de continuer ce petit jeu qui n’a ni queue ni tête. Qui ne lui donnera qu’une envie tout détruire. Il hait ce don poison. Cette obligation de trouver la paix qui ne pourra jamais arriver dans le cœur d’un être bien trop noirci. Il enrage. Il laisse exprimer sa rage, les bâtons d’encens venant joncher le sol tandis qu’il sort. Sans penser aux autres, sans même s’en inquiéter. Soleil brûlant dont il vient se nourrir. Besoin de se ressourcer. Silence bien moins dérangeant. Il souffle fort l’homme. Une fois encore loin d’être à la hauteur. Malédiction venant le toucher une fois encore.

Acquisition difficile, nouveauté pour le mercenaire qui s’est toujours senti en totale adéquation avec son feu. Il lui manque d’ailleurs cet ancien pouvoir lui revenant petit à petit, pas assez vite à son gout. Le contrôle des émotions, une vérité qu’il ne connait pas. A laquelle il ne veut arriver. Il le sait le sanguinaire, rien de bien ne peut l’attendre dans son chemin. Il est même impossible à faire pour l’homme des bois. Pour l’être au cœur bien trop noir. Rien ne pousse dans ses contrées. Rien qui puisse lui permettre d’arpenter avec plus de sérénité ces éclairs. La colère qui gronde, qui ne fera que renforcer son incapacité à maintenir le contrôle. Mais qui pourrait bien contrôler une bête enragée ? Personne même pas l’animal concerné. Il aimerait les brûler, ces pseudos maitres bienpensant certains de tout savoir, de le comprendre mieux que lui, certitudes désobligeantes dont il n’a que faire. « Bénis qu'ils disent. J'ai bien l'impression pourtant que ce don n'est pas une bénédiction.» Don qui devient encore davantage malédiction lorsque l’homme se fait surprendre par la succube. Maitresse du puissant mais dont le talent caché ne se tient certainement pas entre ses cuisses insoumises. Haussement d’épaule qui ne laisse toutefois pas échappé à la succube la colère grandissante. Elle ressort par les battements trop puissants de son cœur, par ses muscles tirés jusqu’à l’extrême. La bête approche savamment la maitresse. Les prunelles capables de comprendre bien trop pour le propre bien de la propriétaire. Il faisait attention le fils du feu, toujours aux côtés de la vile créature et en même temps, l’éternelle flamme brillant dans son regard réveillait en lui des instincts bien loin d’être chastes. « J’ai une tête à vouloir être béni. » Etre mis sur un piédestal n’a jamais été le but du mercenaire, il ne se plait guère sous le feu des projecteurs, les sombres recoins sont bien davantage son terrain de chasse. Il ne maitrise pas les mots, pas comme le succube, l’action avant le beau verbe, maintenant pour toujours. « Je suis déçue quand même de vos talents aujourd'hui, Monsieur Swanson. » Il rit le monstre de l’entendre l’appeler de la sorte. De la voir le vouvoyer, de jouer un jeu qui le fait autant rire qu’il ne trouve ridicule, plus que cela même, totalement inapproprié, il n’aime pas ses attentions faussées. « Monsieur Swanson, j’en viendrais presque à croire que tu t’agenouillerais devant moi. » Il tutoie, il n’est pas vouvoyant, il ne sait pas faire, ne veut pas apprendre. La distance avec la succube diminuant tandis que les prunelles ne se lâchent pas. « J’ai plus d’une idée pour faire ravaler cette déception. » Qu’il lâche bestial, le regard déjà attiré par les attraits féminins difficiles à manquer.