Le regard perdu dans le vide, Elizaveta se laissait bercer par les mélodies des courants d'air qui circulaient dans le palais. Déjà enfant, elle avait toujours trouvé cette curieuse symphonie apaisante et rassurante. Les yeux clos, elle tentait de faire le vide. Elle devait faire face à un grand nombre de responsabilités depuis qu'elle avait remplacé Oleg à la tête de la nation de l'air. La belle pensait aussi à organiser une nouvelle rencontre avec Cal Oshun. Les choses avaient changé et elle voulait lui proposer une alliance. Son soutien contre sa couronne d'argent. Liza pressentait que le cours des évènements pouvait varier rapidement. L'arrestation d'Oleg le lui avait prouvé. Liza était une bonne stratège et une bonne diplomate mais elle savait qu'elle avait ses défauts. Elle ne voulait pas décevoir Aerinstin comme son père avait pu le faire. En agissant d'une façon si égoïste, il avait provoqué un conflit avec les Griffith. Liza ne voulait pas d'une guerre, qu'elle soit silencieuse ou ouverte. Leur nation avait déjà bien trop souffert par les mains des maîtres de la terre. Elle ne voulait pas imposer cela à nouveau aux maîtres de l'air qui savaient à peine se défendre. Elle avait donc dû choisir entre son père et sa nation. Le bien de sa famille ou le bien d'Aerinstin. Le choix était déjà fait d'avance mais c'était dur. Liza avait du mal à se remettre de sa trahison. Le regard de son père la hantait. C'était désormais lui qu'elle voyait dans ses songes et non plus Isaiah Griffith. Son sentiment de culpabilité revêtait un tout autre aspect. Liza aimait se dire que le cadet des Griffith avait peut-être pu trouver la paix maintenant que le commanditeur de son meurtre était aux mains de la justice de sa nation. La jeune femme poussa un soupire tout en rouvrant ses prunelles claires. Des bruits de pas résonnaient déjà dans le couloir menant à son bureau. « Excusez moi de vous déranger. Adonis Griffith attend dans le hall. » S'il y avait bien une personne qu'elle ne s'attendait pas à voir, c'était bien lui. Soucieuse, Liza renvoya l'esclave avant de se lever. Elle n'avait plus eu de nouvelles des Griffith depuis l'arrestation de son père. Venait-il lui annoncer la guerre ? Venait-il réclamer son sang ? Après tout, Ariane lui avait avoué que son frère avait quelques propositions à son sujet. Les poings serrés, elle quitta son bureau et glissa de couloir en couloir. Elle retint presque son souffle en s'avançant dans l'escalier de marbre. Elle osait à peine poser son regard sur la silhouette qui se tenait au milieu du hall. Seuls le bruit de ses pas brisait le silence étouffant qui régnait autour d'eux. Des questions assaillaient la jeune femme qui se demandait ce qu'il voulait. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien, surtout dans la nation de l'air. Adonis ne voulait sûrement plus côtoyer un Valaeris. « Je suppose que c'est important pour que tu te sois rendu personnellement à Volastar. » La jeune femme posa ses prunelles sur Adonis. L'heure n'était plus aux plaisanteries et aux taquineries. Elle lui faisait face en tant que dirigeante de Aerinstin et non plus comme une proche. Adonis ne devait plus la voir ainsi. « Pourquoi es-tu venu ? » Pour déclarer la guerre au nom de sa nation ? Pour réclamer la vie d'un autre Valaeris ? Ces possibilités étaient effroyables. Liza ne comptait pas les laisser se réaliser. Elle avait déjà abandonné son père à la justice d'Eartanera. Elle avait déjà sacrifié l'un des siens pour ce crime. Oleg Valaeris méritait son jugement. Il n'y avait aucun doute dessus. Liza espérait seulement que cela suffisait. Seul Adonis pouvait l'éclairer sur ses intentions.