pseudo et prénom ‹ clara, herondale âge ‹ vingt-deux ans comment as-tu trouvé le forum? ‹ on m'a forcé à venir   pays ‹ france fréquence de connexion ‹ dès que je peux votre avis sur le forum ‹ cey moche wesh   smiley préféré‹    gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Elle en avait assez la gamine. Assez d'être enfermée. Tenue à l'écart comme un secret honteux. Elle n'était qu'une enfant rêvant de voir le ciel bleu et les étoiles. Une simple gamine qui voulait juste sentir pour une fois la brise du vent contre sa joue. Elle ne comprenait pas pourquoi sa mère tenait tant à la dissimuler du monde extérieur. Parfois, elle se disait qu'elle était un monstre et que sa mère avait peur des éclairs de sa progéniture. Elle tentait vraiment de la comprendre mais cela lui était impossible quand elle voyait Yerim. Il était comme elle. Lui aussi faisait danser les éclairs entre ses doigts mais elle le laissait partir. Lui avec l'amour maternel et la liberté quand elle n'avait rien d'autre que les cris et l'oppression. Elle l'avait aimé un jour, cette mère tortionnaire. Elle s'en rappelait par bribes mais tous ces souvenirs s'effaçaient aux profits des disputes et de la frustration. Sa génitrice n'était désormais qu'une inconnue. Une geôlière qu'elle refusait d'appeler mère. Une silhouette qui se tenait devant elle, les bras croisés. « Il est hors de question que tu sortes d'ici. » Toujours les mêmes mots. Toujours la même rengaine mais aucune raison valable. Aucune excuse. La gamine était lasse de se plier à des règles dont elle ne comprenait pas le sens. Alors pour une fois, la gamine se contenta d'ignorer la figure maternelle qui se dressait devant elle. Sa frêle silhouette passa à côté sans même un mot. Une main de fer ne lui laissa pas l'occasion de faire le moindre pas. Ses doigts serraient son bras avec tant de force que la gamine laissa échapper un hoquet de surprise et d'indignation. « Lâche moi. J'en ai assez de rester enfermée ici comme une prisonnière. » Ce n'était qu'une fillette mais elle réalisait bien à quel point c'était injuste de la garder indéfiniment. Yerim avait pu partir. Pourquoi pas elle ? En quoi était-elle différente de son demi-frère ? Elle aussi faisait jaillir des éclairs même si elle en était tellement effrayée qu'elle refusait à chaque fois d'essayer de les contrôler. Sa mère avait insisté pendant des années mais la gamine les gardait au plus profond d'elle-même. Elle était terrifiée la gamine. Elle était terrorisée par ce don dont on ne lui avait jamais parlé. Sa mère lui avait juste avoué à contre-coeur qu'elle était comme Yerim, un enfant issu d'une liaison entre un maître et une mêlée. C'était tout ce qu'elle savait sur ses origines et sur son pouvoir. On refusait de lui apprendre le reste tout comme on refusait de la laisser partir librement à l'extérieur. Sol ne voulait pas parcourir le monde. Elle était bien trop jeune mais elle voulait juste être dehors. Elle voulait juste pouvoir enfin respirer. Les murs de la vieille bicoque commençaient à l'étouffer. Et pourtant, sa mère ne relâcha pas son emprise. Ses ongles s'enfonçaient même un peu plus dans la chair de son enfant. Alors quelque chose céda chez la gamine. C'était comme si un mur venait de s'écrouler. Comme si elle relâchait enfin une pression dont elle n'avait pas conscience. Des éclairs explosaient tout autour d'elle, créant un chaos sans nom. Un brasier s'était allumé dans la maison qui l'avait vu naître. Sa mère ne prononçait plus un seul mot. Elle ne le pouvait plus puisqu'elle était morte. Son corps était comme figé par la terreur. Comme si on avait coupé les fils d'un pantin, ce dernier s'écroula par terre sous les yeux horrifiés de sa meurtrière. Sol n'avait que dix ans. Dix ans. Ce n'était pas à cet âge qu'on devait frôler la mort. Ce n'était pas à cet âge qu'on devait l'infliger à un autre. Surtout pas à sa propre mère. Ses genoux heurtèrent le sol avec fracas. La gamine était choquée. Elle restait là, à côté du corps inerte. Elle n'avait plus la notion du temps la gamine mais elle savait qu'elle n'était plus seule. Les silhouettes tournaient autour d'elle comme des vautours. Ils sentaient probablement la mort. « Qu’est-ce que qui s’est passé ? » Elle l'aurait reconnu entre mille. Cette voix. C'était bien triste qu'elle l'entende maintenant, après le drame. Il aurait dû être là plus tôt. Il aurait dû l'empêcher de commettre l'irréparable. Sol n'aimait pas leur mère mais elle ne voulait pas non plus sa mort. Elle réalisait à peine ce qu'elle disait. Les mots sortaient d'eux-même de ses lippes. Elle n'allait pas mentir la gamine. Elle venait peut-être de tuer mais ce n'était pas une menteuse. Pas encore. « Tu as tué notre mère. Et pour ça je ne pourrais jamais te pardonner. » Elle ne se rendait pas compte la gamine. Elle ne voyait pas encore la lueur de haine qui brillait dans son regard. Elle ne comprenait pas qu'elle venait de perdre toute sa famille en une seule journée. « Tu as tué la seule chose qui n’a jamais compté. Ne m’approche plus, ne me parle plus, ne t’avères même pas de te présenter face à moi Sol. Si je pensais qu’il adviendrait peut-être quelque chose de bien de toi, j’ai eu tort. Tu n’as jamais été qu’un poids, aujourd’hui en était la réalisation. » Elle ne savait pas Sol. Elle ne savait pas qu'on pouvait tuer avec de simples mots.


Elle était la gamine qui avait tué sa mère. La gamine qui avait été cachée, enfermée. La gamine qui ne contrôlait pas son pouvoir. Sol était beaucoup de choses à l'académie. L'enfant qu'elle était à son arrivée était à la fois blessée d'être l'objet de tant de médisances, soulagée de s'être libérée de ses chaînes mais aussi effondrée par la mort accidentelle de sa génitrice. Elle ne l'aimait pas. Pas autant que Yerim. Elle restait néanmoins sa mère, celle qui lui avait donné la vie. Sol avait son sang sur les mains, même si elle avait mis fin à sa vie involontairement. Elle était une meurtrière et elle savait que jamais elle n'oublierait cela. Personne n'oublierait ce qu'elle avait fait. Elle l'avait constaté au fil des années. Sol avait appris à maîtriser son don. Elle n'était plus cet enfant terrorisé et renfermé. Non. Elle était devenue forte, Sol. Elle ne laissait plus rien paraître même si au fond elle était un peu brisée. Elle n'avait aucune famille et personne ne pouvait remplacer ce vide au creux de sa poitrine. Elle n'y pensait pas. Elle ne voulait pas le faire mais c'était plus fort qu'elle quand elle apercevait Yerim au loin. Elle avait essayé de lui parler au début, de s'excuser et de le supplier. Elle avait vraiment eu le coeur brisé quand elle avait réalisé qu'elle était morte à ses yeux. Ses mots la hantaient encore, que ce soit dans ses songes ou en journée. La tristesse avait commencé à laisser placer à l'amertume et à la colère. Parce qu'elle était furieuse la gamine. Furieuse d'être ainsi ignorée pour un crime qu'elle ne souhaitait pas. Elle ne disait rien la gamine. Elle ne répondait pas aux regards haineux et aux mots empoisonnés. Elle gardait le silence parce que cela valait mieux que la cruauté. Sol s'en voulait autant que Yerim. Elle se détestait autant que lui mais elle ne pourrait jamais changer le passé. Elle acceptait sa punition parce qu'elle la méritait. Elle pensait que ça allait durer pendant quelques temps mais pas des années. Elle espérait un pardon qui n'était jamais venu. Alors la gamine en avait marre. Elle souffrait déjà assez pour continuer de prier naïvement qu'il revienne. « T'es qu'un abruti, Yerim. Un putain d'abruti. » Elle pensait l'avoir murmurer mais c'était un cri. Un hurlement de souffrance. Une plainte de son âme. Elle s'en foutait qu'on la regarde. Elle s'en foutait du regard noir de son demi-frère. Tout ce qu'elle voulait c'était une réaction. Tout ce qu'il lui donnait c'était l'indifférence. Ils n'étaient plus que tous les deux mais elle le voyait déjà s'éloigner. Comme d'habitude. « Et un putain de lâche aussi. Tu n'oses même pas me regarder dans les yeux. Tu ne m'adresses même pas un mot. » Il l'ignorait. Encore. Elle n'était donc plus que cela. Une ombre. Un passé oublié. Un fantôme. Elle n'était plus rien à ses yeux et ça la rendait folle. C'était facile de croire en la rédemption. Si facile de penser qu'elle existait encore pour lui. Elle s'était trompée et c'était sans doute cela qui faisait le plus mal. « Tu sais quoi ? Je m'en fous. Moi aussi je peux t'oublier. Tu l'as fait si facilement. » C'était un mensonge mais elle ne voulait plus de cette faiblesse qui lui imposait. Elle ne voulait plus être la seule à souffrir de son absence et de son affection. La gamine n'allait jamais pouvoir passer à autre chose. Elle ne comptait que sur le temps pour guérir ses blessures et sur l'oubli pour effacer le manque. Elle luttait contre les larmes parce qu'elle ne voulait plus rien lui donner. Elle avait perdu des années à l'attendre. C'était fini. Sol. Un murmure porté par le vent. Une illusion destinée à la berner une nouvelle fois. Elle n'avait plus le coeur à y croire encore la gamine. Elle était partie encore plus vide qu'avant. Elle savait qu'elle ne le reverrait plus jamais. Sol savait tenir ses promesses et elle s'en était fait une ce jour là. Elle avait gagné sa liberté au prix de mille souffrances. Elle avait gagné son indépendance la plus totale au prix d'un adieu définitif. C'était ce qu'elle pensait. Elle en était persuadée la gamine mais elle se trompait. Au fond, elle le savait peut-être déjà.


Elle était belle Saeko. Elle avait cette noblesse dans chacun de ses gestes. Cette grâce et cette froideur mêlées à chacun de ses mots. Elle était princière. Tout ce que Sol ne serait jamais. Elle en avait eu peur la gamine. Elle avait été terrifiée lors de la cérémonie. L'ironie du sort était parfois cruelle puisqu'elle l'avait réuni avec une Yinren. Même si elle s'était jurée de l'oublier, l'ombre de Yerim n'était définitivement jamais loin d'elle. Sol avait été très distante envers elle après. Après le cataclysme. Elle était restée impassible en découvrant la demeure de la famille et en croisant le patriarche des Yinren. Elle avait essayé de conserver son calme en remarquant à quel point il ressemblait à lui. Yerim. Cela faisait des années qu'elle ne l'avait pas croisé. Des années qu'elle essayait de l'oublier. Et pourtant, la vie ne cessait de la ramener auprès de lui. Une malédiction qui coulait dans ses veines. Une damnation pour avoir tué leur mère. Son enfer sur terre. « A quoi penses-tu ? » Les prunelles de la gamine se posèrent sur sa comparse, assise juste à côté d'elle sur le lit surdimensionné de la chambre. Sol haussa les épaules pour seule réponse. Elle ne voulait pas prononcer son nom. Elle ne voulait même pas penser à lui. Saeko n'était pas dupe. Elle la connaissait autant que Sol la connaissait elle. « Tu penses encore à lui ? » La jeune femme se laissa tomber sur les draps en soie de son maître en poussant un soupir. Parfois, elle aimerait avoir un maître qui ne soit pas aussi proche d'elle. Elle savait que sa relation avec Saeko était loin d'être normale. Tous les adiutors n'étaient pas aussi bien traités qu'elle. Tous les adiutors n'étaient pas aussi proches de leur maître. Sol considérait Saeko comme sa propre soeur. Elle avait été la première surprise quand elle s'était rendue compte qu'elle s'en était rapprochée. Cela avait été naturel. Sol n'avait pas réalisé à quel point elle était attachée à elle. A quel point elle lui faisait confiance au point de mettre en péril le secret de Yerim et son statut d'espionne à la ligue. Saeko était devenue la soeur qu'elle n'avait jamais eu mais aussi sa plus grande faiblesse après Yerim. Sol était partagée, sans cesse tiraillée entre elle et son devoir. La gamine savait que beaucoup de mêlés n'avaient pas la même situation qu'elle. Elle connaissait l'injustice qui régnait à travers les nations. Elle ferma les yeux en sentant Saeko s'allonger près d'elle. « Qu'est ce que tu me caches, Sol ? » Si elle savait. Sol faisait confiance à Saeko mais elle lui dissimulait aussi certains détails de sa vie. Elle n'avouait qu'à moitié son attirance pour ce demi-frère qu'elle détestait tant désormais. Elle cachait son appartenance à la ligue et elle gardait pour elle les origines de Yerim. Mais à quoi bon le protéger ? A quoi bon garder le secret d'un être qui la haïssait de toute son âme ? Cela ne changerait rien et la gamine savait que Saeko ne lui ferait rien. « Si j'étais si distante avec toi au début c'était aussi à cause de lui. » La gamine se redressa légèrement pour fixer la brune dans les yeux. Elle tenait à voir sa réaction et à lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas lui causer de mal. Elle ne pouvait pas ressentir ses émotions mais elle ne souhaitait pas non plus la voir souffrir. « Yerim. » C'était étrange de sentir les lettres rouler sur sa langue. Ses lèvres n'étaient plus habituées à formuler ce nom à la fois si familier et si étranger. Elle avait essayé de l'oublier, comme son visage, sa voix. Tout. Elle poussa un nouveau soupir avant de révéler son secret. Elle le trahissait peut-être d'une certaine façon mais lui avait fait bien pire. Il l'avait banni de sa vie à tout jamais. C'était enfantin de penser ainsi mais Sol était furieuse contre lui. « C'est un Yinren. En partie. Son père... Ton père a eu une liaison avec notre mère. » Une histoire. Un conte dont elle était bercée enfant. Une information qui s'était immiscée dans son esprit naïf. Elle n'avait compris que bien plus tard la signification du mot bâtard. Elle en avait presque honte. Elle avait accepté depuis longtemps que sa mère n'était pas aussi parfaite qu'elle l'aurait voulu mais c'était autre chose de le sous-entendre à une autre personne. Sol s'attendait à des protestations, à des cris et des exclamations de surprise. Elle ne pensait pas se confronter au silence de Saeko. « Je suis désolée. » La gamine savait ce que cela faisait d'être déçu par un parent. Elle l'avait été tant de fois avec sa propre mère qu'elle n'osait imaginer ce que traversait Saeko. Tout ce qu'elle pouvait faire était d'être là pour elle.


Elle s'embrasait la gamine. Son corps se consumait et tombait en cendres. Son coeur n'était qu'un brasier brûlant. Ses veines n'étaient que de la lave en fusion. De la haine. De l'amour. De la rancoeur. Elle ne savait pas quel sentiment était à l'origine de son état mais elle s'en foutait. Elle était avant tout folle de rage Sol. Elle le détestait plus que jamais Yerim. Parce qu'il était une nouvelle fois revenu dans sa vie. Parce qu'il avait osé prétendre ne pas la connaître. Parce qu'il avait osé la toucher et lui sourire. Il avait osé prétendre que rien ne s'était passé. Que jamais il ne l'avait haï. Que jamais il n'avait eu ces mots pour elle. Que jamais il ne l'avait ignoré au point de la pousser à le détester. Il avait osé. Et elle était restée immobile, pantoise. Elle n'avait rien fait pour l'empêcher de jouer sa comédie. Elle n'avait rien fait. Rien. Elle s'était laissée avoir si facilement. Le rêve était trop beau. L'espoir n'était qu'un poison trompeur. Elle lui en voulait tellement. Ce qu'il avait osé faire dépassait tout le reste. Sa fureur effaçait tous les souvenirs heureux qu'elle avait encore de lui, toute l'affection qui lui restait dans le coeur. Jouer avec les sentiments ce n'était pas permis. Pas comme ça. Les poings serrés, la gamine était aveuglée par la colère. Elle ne voyait rien d'autre que son visage et ça la tuait. Elle courrait à en perdre haleine. Il ne lui fallait qu'une personne. Saeko. Elle était la seule à savoir. La seule à pouvoir apaiser les maux de son coeur souffrant. Elle était la dernière à pouvoir éteindre l'incendie qui la ravageait. Le souffle court, elle ne réalisa pas qu'elle était tombée dans ses bras. Elle sentait à peine les larmes couler le long de ses joues écarlates. Les sanglots déchiraient le silence. Sol se raccrochait à Saeko comme à une bouée en plein naufrage. Elle n'avait pas besoin de mots. Pas besoin de lui dire qu'il était revenu et qu'il l'avait anéanti avec de simples mots et de simples gestes. C'était innocent mais il ne se rendait pas compte qu'elle les attendait depuis des années. Il était assez cruel pour lui faire ça. Ou peut-être la détestait-il assez pour être aussi cruel.

Yerim Osyris n'était plus son frère. Il n'était plus personne. Yerim Osyris avait perdu tout l'amour qu'elle avait encore pour lui.  
Elle l'aimait encore. Malgré la douleur. Malgré la haine.

Yerim Osyris n'était plus personne.
Mensonge.

Elle ne voulait plus jamais le revoir.
Elle ne désirait que ça.

Elle le haïssait de tout son être.
Elle l'aimait plus que de raison.