Traîné comme un chien, un moins que rien, jusque sous les yeux ébahis de toutes ces âmes qu'il avait côtoyé toute son existence durant. A genou dans la poussière, les mains liées derrière le dos. Comme le nouveau grand ennemi qu'il était, pour le nouveau roi d'Eartanera, @Adonis Griffith. Pour une trahison ridicule que l'enfant sauvage regrettait déjà. Pour une femme qu'il haïssait et désirait à hauteur commune. @Silke Vasara, à qui il était redevable. Qu'il avait aidé à s'échapper. Au mépris de son amitié, de sa fraternité, de sa loyauté pour le seul homme qui soit jamais resté à ses côtés. Le seul qui l'ait soutenu malgré toutes les tempêtes de sa vie, malgré l'exil et la honte qui était restée accrocher à son patronyme. Et il l'avait trahi. Sans même prendre le temps d'y réfléchir. Parce que le jeu malsain qui l'attachait à la maître de l'air l'avait temporairement aveuglé sur la réalité qui était la sienne. Kaz implora du regard ces gens qu'il pensait être ses amis. Les suppliant d'intervenir en sa faveur. De faire comprendre à Adonis les raisons qui l'avaient poussé à agir comme il l'avait fait. Mais tous détournaient les yeux. Parce que le Griffith était désormais roi et que le contrarier était devenu plus que délicat. Le Ravenscar pensait être mis à mort. Torturé. Condamné à la captivité jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais pas ça. Pas son pire cauchemar. Eartanera était sa terre, son foyer, sa demeure. L'en priver était un sort pire que la mort. Mais Adonis savait parfaitement ce qu'il faisait. Parce qu'il connaissait les moindres failles de l'âme du mutant. Exilé hors de sa patrie de toujours, qu'allait-il faire ? Où irait-il ? Autant de questions qui restaient sans réponse. Son esprit, trop déchiré par la douleur intérieure, était incapable de raisonner avec logique. Tout ce qu'il avait en tête, à ce moment précis, était la lancinante tristesse qui hurlait du plus profond de son palpitant. Le cauchemar de toute son existence. Qui allait devenir réalité. Encore. - Adonis, pas ça, non, je t'en supplie. Je peux tout t'expliquer, c'est pas du tout ce que tu crois. Tentative aussi vaine que désespérée. Impossible de faire fléchir le nouveau monarque. Mais ses paroles s'évanouirent dans l'air, à peine perceptible pour l'assemblée rassemblée autour d'Adonis. Poussé vers la sortie comme de la vermine. Fin de l'histoire pour l'ancien légionnaire dont personne ne se souviendrait plus du nom. Après tout, il n'était rien. Rien d'autre qu'un pauvre bronze sans ressources, délesté d'une partie de son âme.

Elle essaie tant bien que mal de ne pas laisser la douleur qui rugissait dans ses jambes transparaître sur son visage. De longues semaines s'étaient écoulées depuis qu'elles avaient été brisées, et elle avait réussi à réapprendre à marcher, mais il y avait des jour où le mal revenait, plus fort que jamais. Elle se tient droite, les mains entrelacées sur la table de bois autour de laquelles ils étaient tous réunis. Eux, les influents. Eux, dont la plupart des épaules le poids de leur nation elle-même. Ses billes d'encre sont posés sur le visage de son roi, et comme à chaque fois, elle se demande comment cet homme pouvait être encore si jeune et avoir tant vécu à la fois. Elle l'écoute parler, les dents serrées ; et ses sourcils finissent par se froncer par-dessus ses yeux maquillés quand @Kaz Ravenscar attire son attention, les mains liées, les genoux à même le sol. Il n'y a pas d'expression lisible sur le visage de l'ambassadrice, ni de pitié, ni de compassion, ni même de satisfaction ou de soulagement. Rien. Absolument rien. La femme d'ébène reste de marbre face au traître, ne trouve quoi dire ou quoi faire. Elle ne fait que remarquer la fermeté dans les mots et les gestes d'@Adonis Griffith, et soudain, les larmes lui montent. Elle le regarde et elle se demande où était parti l'enfant dont elle se rappelait si bien, étrangement, et le jeune homme qu'elle connaissait, il n'y avait pas si longtemps que ça, finalement, bien qu'il lui semblait que des siècles avaient passé depuis qu'elle ne l'avait pas revu. Elle le regarde et si l'affection et toujours là, et si le mot ami est toujours celui qui va le mieux au Griffith, elle voit aussi l'homme qui a laissé le patriarche des derniers grands nobles de cette nation brûler vif.

C'est la voix de Kaz qui la fait tourner le regard du souverain et qui nettoie son esprit de ces pensées parasite. Elle le dévisage un instant, sans savoir ce qu'elle pense de tout cela. Elle pince les lèvres en l'entendant supplier, fronce encore une fois les sourcils alors qu'il demande à être entendu. Elle déglutit, chassant les sanglots qui s'agglutinaient dans la gorge, avant d'ouvrir la bouche pour prendre la parole - mais elle la referme aussitôt alors qu'il est forcé à s'éloigner, traînés par les gardes. Elle aurait aimé savoir quel genre de procès lui avait été donné ; quel genre de trahison avait-il véritablement commis. Elle décide tout de même de prononcer quelques mots. Qu'a-t-il déclaré, quand on lui a demandé ce qu'il avait à dire pour sa défense ? Peut-être était-ce dangereux ; mais Braelyn, elle n'avait pas envie que le simple fait d'adresser la parole à Adonis, pour qui elle éprouvait le plus profond des respects, ait quoique ce soit de dangereux.

Elle se tient droite, la fille de la terre, presque raide. Fille de la terre, fille du métal, rejetée des Sept. Elue des Sept pour porter leur divine parole dans Eartanera. Elle est dans la salle du trône d'un royaume divisé, ne s'accorde qu'une faible moue. Navrée de voir ce que devient sa terre, sa nation, sa patrie. Divisée par des guerres intestines entre les Griffith, divisée par leurs ambitions et l'aveuglement du peuple à a sagesse des Sept. Elle est le vecteur de leurs paroles dans la nation de terre, choisie par le roi, enchaînée par ses volontés.
Mais elle s'y plie.
Car servir les Sept et sa couronne est tout ce qu'elle a toujours souhaité. Religion et rois, qui ne seraient jamais rien face au bien des siens, de son sang. Wheatdrop, les traîtres. Et @Braelyn Wheatdrop, blessée, Braelyn qu'elle s'interdit de regarder pour noyer les larmes qui l'envahissent dès qu'elle pose les yeux sur elle.
Mais rapidement, le roi rompt le silence qui noie la pièce, et elle lui prête une attention distraite. Quelques mots, cependant, retiennent son attention. « Je vous pensais cependant tous d’une loyauté indéfectible. J’étais persuadé de m’être entouré des meilleurs hommes et des meilleures femmes de tout Eartanera. Je me suis trompé. » Elle hausse un sourcil, se souvient vaguement cette nuit terrible où elle a retrouvé Tobias, le traître, le pourchassé - et où elle l'a laissé partir. Soigné, et regardé s'éloigner. Mais sauver quelqu'un était-il traîtrise?
Mais ce n'est pas elle que le roi convoque, princesse d'acier. C'est @Kaz Ravenscar. Mutant. Fils d'acier. Rejeté des Sept, lui aussi. Les mots d'@Adonis Griffith tranchent l'air comme des poignards, et elle, elle ne présente pas la moindre réaction. Ceux qui la connaissaient le mieux auraient pu discerner une once de mépris dans le pli de sa bouche, un vague jugement dans l'éclat de ses yeux sombres. Elle juge son roi, qui rejette les siens. Le juge de condamner celui qui lui était le plus proche. Comme si la lave qui coulait dans ses veines obscurcissait ses pensées. Peut-être qu'il a mérité son sort, le condamné des Sept. Mais enfin, c'est au jugé qu'elle prête attention, et ses pensées ne sont pas plus charitables. Traître, coupable d'avoir trahi ses proches. Être indigne et condamnable. Peut-être que les Sept, dans leur grande sagesse, avaient bien agi en le rejetant, le mutant de métal.
Méprisables.
Et une douce voix, aussi familière et chaleureuse que du miel la ramène à la réalité. Braelyn. Enfin, elle la regarde, sa soeur de sang, et la vue de ses jambes est comme un poignard de culpabilité dans son coeur. Mais ce n'était pas que sa faute. Ce n'était pas elle, qui avait levé les armées qui s'en était prises à Greenstall. 'Qu'a-t-il déclaré, quand on lui a demandé ce qu'il avait à dire pour sa défense ?' Mots de sagesse, dans la bouche de sa sage cousine. Mots qui s'élèvent contre le roi que tout le monde semblait craindre, désormais. En quoi était-ce mieux que Thomas?
En quoi était-ce mieux?
Des hommes pour juger d'autres hommes.
Loi des hommes contre loi des dieux, elle faisait son choix, désormais.

Assise à la gauche d'@Adonis Griffith, Izolda avait encore du mal à s'habituer à tout ça. La couronne d'or repose sur le sommet de son crâne, alors qu'elle est confortablement assise sur un trône, le sien, celui qu'elle partage avec lui. Elle avait une main posée contre son ventre qui avait grossi à vu d’œil depuis la victoire de Greenstall. Peut-être était-ce parce qu'elle ne s'inquiétait pas autant qu'avant, bien que ses nuits soient encore agitées. Vêtue d'une robe émeraude somptueuse, elle n'avait pourtant pas le cœur à la fête. Elle sait pertinemment pourquoi Adonis les a réuni aujourd'hui, elle sait ce qui va se passer et elle ignore encore la manière dont elle va gérer tout ça. Un sourire s'affiche sur ses lèvres alors qu'il commence son discours et les mentionne, elle et les jumeaux. Mais la suite de son monologue s'empresse de lui retirer cette expression joviale de son visage. Des traîtres. Il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Eux-mêmes avaient été des traîtres, soit à la couronne des Oshun, soit à la politique de Thomas. Parfois, il fallait trahir pour un meilleur avenir. Mais le cas de @Kaz Ravenscar était tout à fait différent. Il avait commis l'irréparable et Izolda était partagée entre la colère grandissante et l'amitié qu'elle lui portait. Le bronze est amené et son cœur se serre. Régner s'avère bien plus difficile que ce qu'elle pensait. Pas qu'elle ait sous-estimé l'ampleur de la tâche, non. Mais la Griffith ne pensait pas qu'autant de ceux qu'elle considérait comme des amis viendraient à les trahir. Il y avait eu @Silke Vasara d'abord, s'étant rangé du côté de son oncle. Et puis maintenant Kaz, aidant la blonde à se libérer de ses chaînes. Elle observe son époux descendre de son trône pour donner sa sentence, et elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter. Il est déjà trop loin d'elle, et trop proche du traître. Elle essaye, pourtant, de rester impassible, quand bien même cette tâche s'avère difficile. Et c'est pire avec les supplications du Ravenscar. Mais il a provoqué lui même son exil en aidant une meurtrière. Le silence régnait de nouveau mais il fut brisé par la voix de @Braelyn Wheatdrop. Elle fronce son regard alors que son amie pose une question qu'elle n'aurait pas du poser. Izolda connaît suffisamment Adonis pour savoir qu'elle avait outrepassé le pouvoir que son statut lui conférait.

Elle est nerveuse, Aléa, installée auprès de son roi, son précieux, portant fièrement cette couronne qui lui revenait de droit. Elle est nerveuse, l'enfant mêlée, agitée, petite mêlée au milieu des maîtres, sans trop savoir si elle est à sa place parmi eux. Elle est nerveuse, la sublime au bracelet myosotis, parce qu'elle sait que cette réunion lui brisera le cœur... Elle ne sait pas comment affronter cette instant, elle ne sait pas si elle aura la force d'affronter son regard lorsqu'il sera pointé du doigt, appelé traître avant d'être exilé hors des terres qui l'ont vu grandir. Elle crève de trouille, mais elle ne sait que trop bien que la sentence est parfaitement justifier. Parce que le beau Ravenscar avait commis l’irréparable en menaçant l'existence de ton âme sœur, il avait franchit les limites de ta propre tolérance... Tu le connaissais, tu savais que son cœur ne cherchait pas à nuire au Griffith et pourtant, bien malgré lui, l'emprise de la diablesse sur ses sentiments lui avaient fit commettre l'impensable. Ses doigts se nouent, se crispent furieusement lorsque le fils de la terre prend la parole, les ongles entailles sa chaire alors que le traître est traîné devant eux, le regard s'abaisse, emplit de l'arme, alors que la sentence tombe aussi abruptement que les couperets d'une lame acéré. Elle ferme les yeux, un temps, un temps seulement, alors que Kaz lui est arraché. Elle n'ose pas le regarder, parce qu'elle a peur de ce qu'elle pourrait faire si elle pose son regard sur lui... Il les a trahi, bien malgré lui. Il les a trahi, pour elle. Ce n'est que lorsque les propos de la fille d'ébène vienne claqué qu'Aléa reprend vie. Elle hausse les sourcils, perplexe, alors que son regard s'accroche à la silhouette de la Wheatdrop. L'enfant sauvage la darde d'un regard accusateur et plein de jugement. Qui était-elle pour se dresser face à son roi? Qui était-elle pour le remettre en question devant ses plus fidèles alliés. Elle se crispe, Aléa, elle n'aime pas ce qu'elle découvre autour de son précieux roi. Ses doigts creusent un peu plus sa chaire, laissant des croissants de lune écarlate souillé sa carne trop pâle. Elle est fatiguée, marquée, elle n'est plus l'ombre que d'elle même, mais toujours fidèle au poste, pour servir le seul qui ait jamais compté.