Assise sur le rebord d'un mur d'un blanc éclatant, la gamine fixe l'horizon, sans but précis. Elle ferme ses yeux alors que le soleil de Flamaerin vient caresser son visage encore juvénile. Sa chevelure ébène arbore des reflets plus ambrés alors qu'une très légère brise vient la faire virevolter contre ses pommettes. L'air innocente, Alix a, en réalité, un plan très précis dans son esprit. Elle attend, patiemment, que la nuit tombe. Invisible, elle laisse ses jambes se balancer dans le vide alors qu'elle pouvait sentir la pression du manche d'une de ses dagues contre ses fesses. Un long soupir vient effleurer ses lèvres alors qu'elle rouvre ses yeux. Alix déglutit alors qu'elle ne pense qu'à une chose : le vide lui manque. Celui qui occupait son esprit, celui qui avait ravagé son âme et son être. Tout était plus simple alors, quand elle n'était qu'une soldate ne réfléchissant pas. Elle a honte de penser ça, mais elle ne peut juste pas s'en empêcher. Depuis qu'il est revenu à ses côtés, depuis que son pouvoir se manifeste de nouveau, rien n'est plus pareil. C'est comme une guerre qui ravage son mental. Une bataille faisant rage en elle, sans qu'elle ne puisse faire autre chose qu'y assister telle une spectatrice impuissante de sa propre folie. Beaucoup craignent ceux de son espèce. D'autres les envient et les adorent. Mais elle, elle se déteste. Alix ne sait plus en quoi croire, en qui croire. Tout se mélange, l'empêchant de démêler le vrai du faux, la vérité du mensonge. Alors, elle questionne tout, dans les moindres détails, et elle n'épargne rien ni personne. Mais elle avait commencé à se reconstruire, malgré sa trahison envers les siens, envers lui, envers elle-même. Parce qu'il était là, Yerim. Il était là pour elle, à chaque instant. Repenser à lui ne fait que lui tordre un peu plus l'estomac alors que des images apparaissent nettement sous ses yeux. Elle tente de les balayer, mais elle ne peut pas. C'est comme une successions de souvenirs qui se joue devant elle, la mettant, une fois encore, dans une posture de spectatrice impuissante. Elle revoit tous ces instants, ces rires, ces pleurs, les instants où ils s'enlacent, et l'unique fois où ils se s'étaient embrassés dans le passé. Alix a envie d'hurler, de crier jusqu'à se transpercer les poumons et les tympans. Pourquoi son cerveau lui inflige-t-il autant de souffrance ? Être obligée de voir ces souvenirs, qui n'ont même pas existé, lui donne des hauts le cœur. La poupée finit par replier ses genoux vers sa poitrine avant de les entourer de ses bras. Son menton se pose dessus alors qu'elle se pince les lèvres, comme pour empêcher des larmes de venir se fracasser sur ses joues. Elle avait déjà bien trop pleuré, elle voulait que ça s'arrête, que tout s'arrête, à commencer par la douleur constante. Elle a l'impression qu'une arme à feu se déchaîne dans sa tête à longueur de journée alors que le tri de ses souvenirs l'épuise plus que de raison. L'enfant terrible se dit que tout ira pour le mieux, qu'elle finira par oublier le visage du jaune, que tout ce qui n'est pas réel partira pour de bon, laissant enfin place à la vérité. Et alors, elle pourra enfin voir clair.

Toute de noir vêtue, Alix se relève et se dirige vers une maison précise. Durant sa marche, elle attache ses cheveux en une queue de cheval haute. Ses pas sont déterminés et rapidement, elle se trouve face à une bâtisse qui n'est autre que celle d'un bronze qu'elle connaît bien. Une boule au creux de sa gorge se forme avant de disparaître aussi vite. La mêlée n'a pas besoin de la clé pour rentrer. Un coup bien placé, et la porte s'ouvre sous ses yeux. La pénombre mange sa silhouette alors qu'elle pénètre dans la fastueuse demeure. Un goût de déjà-vu s'imprègne en elle alors que son regard ne sait où se poser. Ses pas sont devenus légers alors qu'elle sait qu'il n'y aura aucune sécurité. Elle est tranquille, pour le moment. Alix laisse ses doigts caresser les meubles, les murs, tout ce qui lui semble si familier et si étranger en même temps. Rapidement, elle prend l'escalier menant au premier niveau. La vipère rampe et se fond dans le décor alors que la peinture blanche a revêtu sa tenue de nuit. L'étage est rapidement atteint. Elle se dirige vers une pièce, une précisément. Délicatement, elle pousse la porte et rejoint la silhouette endormie d'un pas félin. Sans prévenir, elle grimpe sur le corps qui peine à se réveiller. – A.. Alix? Elle s'empresse de poser son doigt sur sa bouche alors qu'elle peut déjà sentir des mains prendre possession de ses hanches. – Is that really you? Le sourire aux lèvres, la ténébreuse reste muette alors qu'elle retire ses deux mains de son corps pour venir les plaquer contre les draps. A l'aide d'un morceau de tissu, elle les attache au cadre du lit. – I thought you were dead. I thought you had left me. Un de ses doigts vient l'empêcher de continuer à parler. – Sshh. Alix caresse sa chevelure en bataille, puis sa fine barbe. Elle y dépose ensuite un baiser avant d'embrasser pleinement sa bouche. La gamine lèche ensuite l'ossature de sa mâchoire, pour l’appâter. Et elle sentait déjà le désir monter chez lui. Ses ongles tracent des sillons sur son torse. – Believe me, it would have been better for you if I had died. Sa langue humidifie ses lèvres. Ses ongles s'enfoncent de plus en plus, jusqu'à faire saigner le bronze, lui arrachant presque une grimace. Si sa résistance à la douleur est si peu élevée, la suite risque de fortement lui déplaire. – Despite the virus, my power came back. And at the same time, I recovered my memories. Son regard n'a pas encore plongé dans le sien, il suit juste ses griffes se planter dans sa chair. – Every single one of them. D'un geste précis et vif, elle dégaine ses deux dagues chinoises, les faisant tournoyer entre ses doigts à l'aide de l'anneau au bout du manche. – The least we can say is that you had a great pleasure. La pointe des lames se pose sur le derme doré du maître de la terre. – But that time is over. Alix plante son arme dans le flanc de sa victime lui arrachant une grimace et un léger cri, mais rien qui ne lui suffise encore. – That was for my years of torture. La deuxième dague vient se planter dans son torse. – For taking advantage of me. Nouvelle blessure. – For making me weak and submissive. Les coups pleuvent alors que le sang coule abondamment. – Do you have something to say for your defense? Le silence se fait entendre. – That's what I thought. D'un geste précis, elle tranche sa gorge et lui prend la vie. Alix reste quelques secondes à l'observer devenir livide avant de finir par se relever. Ses doigts ensanglantés tracent deux lignes parallèles de sa pommette gauche à sa pommette droite. Elle finit ensuite par essuyé ses mains sur les murs, à mesure qu'elle avance, repeignant la maison entière du sang encore tiède de son propriétaire.
Sur son passage, la gamine attrape une bouteille d'alcool qu'elle porte à ses lèvres avant de la fracasser sur un endroit stratégique. Une allumette craque et la flamme se retrouve propulsée sur une cible précise, enflammant les lieux, ne laissant aucune trace. Rapidement, mais pas trop, elle quitte les lieux, laissant le feu tout consumer sur son passage.
Maksim Kovalevski était mort et Adonis Griffith était le prochain.