pseudo et prénom ‹ écrire ici âge ‹ écrire ici comment as-tu trouvé le forum? ‹ bazzart il y a un moment déjà. pays ‹ usa.  fréquence de connexion ‹ 4/7 sauf absences. votre avis sur le forum ‹ je devrais peut-être avoir peur à cause de la taille du forum et l'avancée de l'intrigue et pourtant le forum sait quand même attirer le sang neuf.   parrain ? ‹ nope. smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

starlight. La gamine rit et le monde s’illumine, les échos de sa joie résonnent contre les pierres desquelles est faite la maison des joaillers, elle pourchasse une coccinelle qui a fait l’erreur de passer par la fenêtre ouverte de sa chambre, une rareté dans le climat hostile de Kachi, même l’été. Elle ne veut que l’observer, la toucher du bout du doigt, s’assurer qu’elle est réelle. Elle dépasse sa mère qui sort de sa propre chambre pour voir d’où vient l’agitation, observe l’enfant jouer avec un air tendre, de ceux qu’elle lui réserve depuis sa naissance, au détriment de l’autre poupon qu’elle a un jour nourri à son sein. Yeva rit et tend la main alors qu’elle est encore loin de l’insecte qu’il est déjà miraculeux qu’elle parvienne à pourchasser en dépit de sa taille minuscule, elle tend la main, fait mine d’attraper l’air, de tirer vers elle, un petit bruit d’effort lui grattant la gorge et, second miracle, plus impressionnant, la pauvre coccinelle semble perdre la traction de ses ailes, repoussée par une petite brise contraire à son vol jusqu’à la paume ouverte de Yeva, qui devient soudainement très silencieuse, fascinée, moins par ce qu’elle vient de faire que part le petit animal qui lui chatouille la peau. “ Yeva! ” la voix de sa mère la fait sursauter, elle ne s’était pas rendue compte qu’elle était suivie, mais ne se retourne pas tout de suite, ses yeux céruléens toujours rivés sur la créature aux ailes rouges et noires. “ Qu’est-ce que tu as fait ? ” Elle fait face à sa mère cette fois, posant délicatement son autre paume par-dessus la coccinelle pour l’empêcher de s’envoler, sans pour autant l’écraser, lui offrant un cocon chaud entre ses mains. Un pli d’inquiétude vient froncer ses sourcils blonds, a-t-elle fait quelque chose de mal ? “ Tu l’as ramenée vers toi en manipulant l’air, n’est-ce pas ? C’est fantastique, tu es enfin une grande. ” Yeva ne saisit pas tout mais sourit très grand devant l’enthousiasme de sa mère, reportant toutefois vite son attention sur l’insecte qui s’agite dans ses mains. “ Il faut la ramener chez elle, ” décrète-t-elle avec détermination, trottinant déjà presque jusqu’à la porte d’entrée pour la relâcher sur les roches. Elle ne doit pas vraiment venir de là, l’animal est sûrement perdu, mais sa mère n’en dit rien pour ne pas ternir sa joie et l’accompagne simplement. Quand elle a rouvert ses mains pour la laisser s’envoler, elle se laisse tomber sur le perron, sa mère s’installant près d’elle, tressant machinalement ses cheveux. “ Je suis très fière de toi, ” pour l’activation de son don, lui explique-t-elle ensuite, le pouvoir ancestral de la manipulation de l’air. “ Et Yekaterina ? Comment est-ce qu’elle a activé son don elle ? ” Sa sœur n’est pas là, doit jouer ailleurs sûrement ; les princesses Bolkonsky ne sont jamais ensemble, c'en est presque interdit. Les doigts dans ses cheveux se crispent, tirent un peu malgré eux, alors qu’un silence tendu lui répond. “ Ça n’a pas d’importance. ” fait sa mère au bout de plusieurs minutes qui, comme ses mots, ne font qu’attiser la curiosité de la gamine. “ Ce qui importe c’est qu’aujourd’hui tu t’es déclarée, comme tes ancêtres, maîtresse de l’air et je suis très fière de toi, mon étoile.” Déjà Yeva trouve la situation bien curieuse, mais l'injustice ne la frappera vraiment que plus tard, en grandissant, en se rendant compte que, si elle-même adule les ciels brillants de mille constellations, ses parents préfèrent n'avoir qu'une seule et unique étoile, un seul joyau pour éclairer leur vie, fonder leurs espoirs aussi.

enchanted. “ Je peux lire ? ” l’adolescente fronce les sourcils, relève son regard céruléen de sa lecture pour le poser sur le jeune homme qui s’installe en face d’elle. curieux de chercher à entamer une conversation — même sur un livre — à la bibliothèque et Yeva en est passablement agacée d’être interrompue dans sa lecture. “ Non je n’ai pas fini, ” et puis c’est son exemplaire personnel, surligné, annoté, corné. Yeva est prêteuse, mais pas avec ça. “ Je suis sûre que la bibliothèque en a un exemplaire de libre.” propose-t-elle en rabaissant déjà le menton vers l’ouvrage. La section littérature de la bibliothèque de l’académie est au moins suffisamment développée pour cela. “ Mais pourtant tu l’as prêté à Alexei, je l’ai vu dans ses mains, ” le visage de la Bolkonsky s’ouvre, se tord légèrement, se referme. Ce n’est pas pareil, a-t-elle envie de dire. Pourtant, ça devrait, quelle différence entre un camarade de classe ou un autre ? Ses doigts se resserrent sur l'arrête du livre. Avec ses recueils, le mot personnel prend véritablement tout son sens, chaque vers mis en valeur par sa plume étant un miroir vers son âme, c’est trop intime pour être partagé. Avec n’importe qui. Peut-être qu’Alexei n’est pas n’importe qui alors. Elle aime avoir son opinion sur ses passages préférés, elle aime découvrir les siens, elle aime l’écouter lancer les plus beaux des enchantements de ses doigts délicats sur des touches d’ébènes et d’ivoire et, timidement y mêler sa voix. Elle aime les idées de poèmes inédits qui lui envahissent la tête à la moindre de ses mélodies à lui. Peut-être… “ Peut-être qu’il a son propre exemplaire, ” finit-elle par hausser une épaule. Elle pourrait dire qu'il est prince, de sa nation, et que ça explique qu'elle lui prête tout ce qu'il demandera, ordonnera. Elle n'y songe même pas, quand bien même son rang ne lui échappe jamais, comme une barrière infranchissable qu'elle ne peut se permettre d'oublier. Il est prince de bien plus qu'Aerestin à ses yeux. Yeva se souvient, morte de honte, d’avoir oublié un recueil un jour, quand elle était plus jeune, au palais de Volastar d’ailleurs. Elle s’en était trouvée mortifiée à l’idée qu’un des princes ne le trouve et se moque des passages soulignés, des rimes entourées, de son romantisme et de sa sensibilité. Si ce fut le cas toutefois personne ne lui en a jamais rien dit. Ni celui auquel elle laisse désormais par moments entrevoir des bouts de son âme de son plein gré, ni l’autre sur lequel elle avait laissé traîner un peu trop longtemps ses grands yeux d’ingénue, fascinée par sa couronne de cheveux blonds, pour le peu qu’elle l’avait vue. Elle ne l’a pas oublié, mais son attention est ailleurs. Son camarade toussote légèrement, comme peu convaincu par ses mots, mais finit par abandonner la charge après un instant de trop passé à observer les joues rosies de Yeva, comme devinant déjà ce que l’étoile elle-même nie encore.

long live. Le palais de Volastar est une merveille d’architecture, classique, royale, épurée et imposante tout à la fois, surplombant les montagnes, il en ferait rêver des milliers. Il la fait rêver elle avec ses hautes tours et ses balcons. Yeva ne l’a pas apprécié à sa juste valeur, la première fois qu’elle l’a aperçu au loin, la première fois qu’on son père l’y a emmenée, une fois seulement, grande faveur pour l’enfant d’avoir été ainsi choisie par son père. La gamine de bronze n’avait vu que le jardin, que les princes, alors simples (mais magnifiques) nobles qu’on lui a présenté. Cette fois-ci néanmoins, tous les Bolkonsky sont dans la voiture et ce n’est pas qu’un régent que son père, seul et gonflé d’honneur, va rencontrer, c’est une reine devant laquelle toute la famille va s’agenouiller. Son nom restera dans les annales de leur famille lui assure son père avec une fierté peu contenue ; Yeva l’Étoile dit-il, celle qui aura permis aux Bolkonsky de retrouver leurs titres de noblesse. Yeva, grâce à laquelle leurs successeurs auront le sang argent qui leur revient de droit. Yeva la miraculeuse, Yeva…Yeva la benjamine aussi, Yeva, qui n’a rien fait, véritablement outre être offerte par ses parents — à qui revient donc à ses yeux tout le mérite — à la couronne, choix étrange quand elle a une grande-sœur encore non mariée censée, selon toute raison, être l’héritière. Mais non, c’est elle l’élue, princesse, si ce n’est d'Aerinstin, de ses parents. Yekaterina aussi va être anoblie, mais elle doute fortement que son aînée la remercie.

Le palais est une d’une beauté à couper le souffle et Yeva a du mal à en détacher ses yeux à travers la fenêtre près de laquelle elle est installée. Le palais est magnifique et, s’il ne sera jamais à elle, il sera sa demeure éternelle quand, après que son sang soit déclaré d'argent, les fiançailles seront scellées. Sa belle nation est enfin libre de voler de ses propres ailes, de se gouverner elle-même sans plus plier le genou devant les flammes, les Bolkonsky se voient offrir un fief et elle est fière, Yeva, si fière. “ Long live our princess. ” murmure sa mère quand la voiture s'arrête. La sœur de son futur fiancé est sur le trône, Yeva ne l'effleurera jamais, récupèrera joyaux et respects mais pas plus de titres que ses parents et pourtant, quand après la cérémonie ils la laissent au palais et lui offrent un saphir presque assorti à ses prunelles, le pendentif pèse aussi lourd à ses yeux qu'une couronne.

innocent. Elle ne l’a pas vue venir, Yeva. Prise d’assaut par la fièvre mortelle, alitée pendant une semaine. On aurait presque pu la déclarer morte d’office, rendue plus pâle qu’un fantôme par la maladie, et frêle si frêle, plus encore qu’on ne l’a jamais trouvée, elle pourtant archétype pour beaucoup de fragilité. Elle a résisté malgré tout, poings serrés dans son sommeil, résisté jusqu’à ce que ses veines se libèrent peu à peu du mal, la laissant tremblante, fébrile, mais saine et sauve. Mieux, bénie.

Pieds nus, l’étoile avance doucement vers le balcon, tend déjà le cou, pour observer les cieux avant même d’atteindre l’un de ses télescopes. “ Vous allez prendre froid comme ça, ” la voix de Kara brise le silence de la nuit, elle ne sait pas s’empêcher de parler, la Rouge, mais Yeva n’en fait pas grand cas, habituée, hausse une épaule désinvolte et approche son visage de son instrument d’observation favori calant un carnet rempli de notes sur la rambarde. C’est stupide évidemment, mettre des chaussons ne lui aurait pris que quelques seconde de plus, mais elle était trop impatiente d’aller accueillir les astres auxquels elle a dédié sa vie, sous l’œil impavide de la mêlée qui lui est liée à jamais. “ Tu me réchaufferas,” argue-t-elle très simplement, souriant en devinant déjà la moue ennuyée sur les lèvres de Kara, même si cette dernière sait déjà parfaitement qu’elle s’exécutera, et pas juste parce que Yeva l’a demandé, mais parce qu’elle ne la laisse jamais avoir froid, prendre froid, même dans les hauteurs dans lesquelles elle s’exile pour étudier le firmament. Yeva pourrait presque croire qu’elle tient à elle. Kara la laisse tranquille de longues minutes ce qui est plutôt chanceux, elle doit être dans un bon jour et Yeva peut s’adonner avec enthousiasme à son art méticuleux. Comme toujours toutefois le silence ne dure jamais bien longtemps, rompu par un bâillement plutôt violent de Kara. “ On va rester longtemps, ce soir ? ”  Yeva laisse échapper un petit rire cristallin qui s’échappe vite et se perd dans la brise qu’elle peut déjà sentir Kara réchauffer subtilement. “ Ce n’est pas de ma faute si tu n’as pas assez dormi aujourd’hui, ” Elle connait son rythme, celui que la mêlée aussi a dû adopter après avoir été liée à elle, son ombre, sa protection, elle doit se faire à l’idée de quelques nuits blanches et matinées passées au lit. Un claquement de langue désapprobateur lui répond, mais Kara finit par s’approcher un peu, glisser un œil devant la lunette d’un télescope libre, son air morne un peu trop travaillé pour être tout à fait sincère. “ Et donc on voit quoi, ce soir ? ” demande-t-elle finalement, s’avouant vaincue avec une moue déçue d’elle-même, ses yeux fuyants ceux de sa maîtresse qui elle sourit pourtant bien grand. Les soirs où Kara craque, lui demande de lui raconter les étoiles et qu’elle peut partager sa poésie avec une autre, sont ses préférés.

Les larmes perlent au coin de ses yeux et font la course sur ses joues. Bénie lui a-t-on dit et elle s’en réjouit, remercie fervemment les Dieux depuis le lit où elle achève sa convalescence, mais, elle s’est réveillée amputée, aussi. Kara n'est plus là. Yeva a émergé de sa fièvre avant même le prince auquel elle doit l’anoblissement de sa famille, celui aux boucles d’or qu’elle a tant admiré, gamine et s’agenouille devant l’autel pour prier pour lui, pour qu'il guérisse, pour qu'il revienne. Égoïste, elle cale toutefois quelques oraisons pour elle-même. Pour la perte tant spirituelle que physique de Kara qui, bien sûr, sitôt le lien réduit au néant l’a oubliée, l’a fuie, est rentrée dans sa contrée des flammes comme si un bout d’âme ne lui avait pas été arraché à elle aussi.

haunted. “ Une nouvelle lettre, Ma Dame,” fait-on avant de la déposer délicatement sur le bureau bien rangé auquel est installée Yeva, elle remercie la servante et attrape la missive avec une petite moue qui ne fait que s’approfondir quand elle en lit le destinataire. Prince Andrei Bolkonsky. Elle fronce le nez, inutile d’en chercher l’émetteur pour savoir qu’il s’agit-là d’un message diplomatique, sinon on ne le lui aurait pas apporté à elle. Ses lettres personnelles, elle ne les ouvre pas. Elle repose la lettre sur le bois poli, la mettant de côté pour plus tard préférant finir ce qu'elle était en train de faire d’abord. Mais Yeva est distraite. Ce n’est pas la première fois qu’une missive est adressée au prince plutôt qu’à son épouse qui le remplace pourtant notoirement. Ce n’est pas ce qui la dérange. Andrei lui a laissé sa place en partant en croisade à Greenstall et elle l’a accepté sans broncher, fière en réalité d'avoir ainsi sa confiance, s’asseyant timidement à son bureau à lui pour remplir ses fonctions. Elle n’est qu’intérimaire toutefois, suppléante d’Andrei et ça lui convient tout à fait, sa position est temporaire, ainsi quelques missives mal adressées ne sont pas de nature à l’agacer. Ce qui l’embête, c’est que dans cette lettre comme toutes les autres qu’on lui a apporté depuis son réveil, elle espère voir l’écriture fine et élégante du prince lui-même. Son époux, non qu’ils aient véritablement profité de ce nouveau statut, octroyé juste avant son départ. Ce n’est pas qu’il se soit fait particulièrement silencieux, ou qu’il n’ait pas été correct avec elle ; avancer le mariage pour ne pas la laisser derrière avec rien d’autre que des promesses a été très noble de sa part, Yeva le reconnaît sans mal. Mais son cœur s’est serré quand la lettre s’est avérée adressée à lui plutôt qu’en provenant et elle sait ce que ça signifie, elle sait qu’elle est déçue, elle sait qu’il lui manque. Concept étrange. Leur mariage est de raison, rien de plus, excepté…excepté le joyau qui prend doucement forme en elle et qu’ils partagent à cause d’une nuit trop fébrile et étonnamment tendre. Andrei est son mari, il est avant tout le père de son enfant. Et depuis ce matin il lui manque. Bientôt vous pourrez le sentir bouger, ma Dame, lui a dit son médecin, son ventre est déjà gonflé, le renflement visible sous ses robes pourtant épaisses destinées à contrer l’hiver persistant et elle se surprend à le caresser souvent, sans y penser. Elle aimerait qu’Andrei soit là quand leur enfant donnera son premier signe de vie, en tapotant aux parois de son nid qu’elle espère douillet. Elle aimerait…Elle aimerait qu’il soit là aussi pour l’empêcher de traîner dans les corridors en revenant de la chambre du conseil, l’empêcher de chercher les officiers à l’entraînement dans la cour depuis son balcon, l’empêcher de penser, rêver… Yeva mentirait à dire que l’autre prince des airs n’a pas effleuré son esprit à l’annonce de ses fiançailles, à dire qu’elle l’avait oublié, et pourtant le revoir dans son uniforme militaire après tant d'années, après des promesses depuis longtemps envolées, brisées, a brusquement ravivé une flamme qu’elle osait espérer éteinte. Son cœur épris comme s'il ne l'avait jamais quitté. Elle aimerait se dire assez forte pour l’effacer de ses pensées, lui qui est désormais son cousin par alliance, qui sera oncle de son fils ou de sa fille. Mais quand les étoiles brillent haut dans le ciel et qu’elle est seule avec ses muses, un seul nom passe ses lèvres, comme une prière inconsciente, un secret, Alexei.