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what dreams may come. (harlys)

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what dreams may come. (harlys) Vide
MessageSujet: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyJeu 14 Déc 2017 - 17:16



for in this sleep of death
what dreams may come

marlys & harald


Noir. Ça continue d’apparaître en pleine lumière quand bien même c’est terminé, en des flashs traumatiques dans lesquels se distingue trait pour trait le visage de Maven, son nez écrasé aux os brisés comme si un poing de géant avait tenté de les étaler sur ses joues, ses paupières, comme si des os on avait tenté de faire une pâtée amère. Sa gorge débordant d’un sang gargouillant, le son de sa voix qui persiste à chanter à l’oreille de Harald sur le chemin du retour : « Ramène mon corps à Launondie. » Le golem était tombé. Il n’était pas parvenu à y croire quand ses yeux s’étaient posés sur son cri, au milieu de la cohue, un bras enfoncé dans la terre. Mécanique, stupéfait, il avait laissé son corps prendre le relai machinal de ses mouvements, éperonné son cheval pour fendre une foule compacte et désormais invisible le séparant de lui. Il se souvient avoir tendu le bras, puis réalisé que Maven n’avait même plus la force de saisir sa main. Le reste est flou. Il perçoit la boue, le sang dont il ne sait plus s’il s’agit du sien ou de celui de Maven ou de celui des autres, ceux contre lesquels il s’est jeté, ceux qu’il a brûlés d’un lasso flamboyant, éructant. Il se revoit à peine, penché sur Maven et ses trous béants à la place des dents, ses gencives creusées de chaos coagulés, il va falloir que tu m’aides un peu, fils du feu, aide-moi à te hisser là-dessus.

Tandis qu’il regagne sa cachette dans la Launondie nocturne et inquiète, toujours sur ses gardes tant que le résultat de la guerre et le nom du vainqueur n’est pas encore tombé sur ses toits pour la recouvrir de honte ou de gloire, il n’imagine même pas qu’on puisse le reconnaître, ni même avoir l’idée de l’aborder. Sa cape épaisse est trempée d’un liquide qu’on ne saurait confondre avec de l’eau de pluie : le sang, collant, poisseux, luit contre sa fourrure soyeuse d’un éclat rougeâtre possédant quelque chose d’ironique, de salement satisfait et de dérangeant. Sa démarche est celle d’un homme abattu par des siècles de guerre. Ses épaules douloureuses par-dessus lesquelles dort de la cendre – la sienne, celle d’un brasier qu’il a embrasé jusqu’à l’épuisement – fait tanguer légèrement ses pas. Appuyé dos contre la porte de son petit appartement, un pied relevé sur le bois pour s’y tenir, bras croisés sur le torse, Valrael l’attend. Ses yeux ont la brillance de l’épargné, de l’agneau qu’on n’a pas amené jusqu’à l’autel mais qui, de loin, a témoigné de la scène. Comme souvent, il retient ses paroles, se contente de le regarder et de voir à travers lui l’étendue du champ de bataille interne qui l’habite. La souffrance ne lui est pas contrée étrangère, ni la sienne, ni celle de celui qu’on appelle « son maître » et qui ne l’a jamais été sinon de surface, dans un jeu de conventions avec lequel il sait si bien danser, parfois éclatant, parfois lamentablement maladroit. Valrael s’écarte quand la main de Harald s’avance en direction de la poignée. Il entre et laisse ouvert dans son dos, une embrasure dans laquelle Valrael glisse un œil mais pas le corps entier. Il est seulement venu vérifier son âme. Toucher d’un doigt invisible les fondations de son esprit, voir si tout menace de s’écrouler ou si tout peut encore tenir – mais jusqu’à quand, il serait bien incapable de le prédire. Et l’âme de Harald Swanson, si elle est en désordre, à l’image de son air hébété qui ne l’a pas quitté depuis qu’il a déposé un Maven inerte aux portes du palais, refusant de se faire examiner lui-même, n’est pas en danger de mort. Alors Valrael reste là, encore un moment mais pas toute la nuit, observant les déplacements de son ami dans la pièce minuscule : il retire son manteau que ses mains tachées extraient de lui comme on se débarrasse d’une seconde peau. Il ne semble plus se rendre compte de la présence de son adiutor, qui ne s’effacera que lorsqu’une autre présence viendra prendre sa place. Quand il aperçoit Marlys escalader les marches qui mènent à l’appartement, Valrael accepte enfin de partir. Il semble à Harald qu’il ne sera plus capable de prononcer le moindre mot avant longtemps. Un pansement s’impose, non pas matériel, mais un onguent de l’âme. Maven ne mourra pas, il en est presque certain. Mais la violence sourde, nue qui s’est rendue visible dans ces traits mutilés, écrasés, le hante invariablement. Il ferme les yeux, agacé par ce masochisme stupide. Arrête d’y penser. Tu n’es pas le seul à avoir vu tout ça. Où est Valrael ? Il se retourne vers la porte, ses yeux éteins prêts à croiser le regard du télépathe et exiger de lui qu’il gomme cette mémoire immédiate, qu’il pommade les dessins monstrueux qui dansent encore en persistance rétinienne contre le tissu tendu de ses paupières, mais ce n’est pas Valrael qu’il trouve en train de l’observer dans l’entrée. — Marlys… Sa voix rauque prononce ses premiers mots depuis des heures de silence choqué. Il est comme elle lorsqu’elle est venue le trouver ici-même, il y a de ça une petite éternité : ensanglantée, anéantie. Si elle était tremblante à ce moment-là, lui est épuisée, terrassé par le mal qu’il a vu et qu’il a su donner. Le feu dans le creux de ses paumes ne crépite plus mais s’est évanoui de fatigue et de lassitude, parce que faire cette guerre fonctionne le temps d’une seconde fébrile et intense, mais ne peut s’étirer sur des heures sans coincer l’âme, l’enfermer dans ses cercles infernaux et lui susurrer, insidieuse, que tout ceci ne finira jamais. Il s’approche d’elle d’une démarche inchangée, la sensation du poids de Maven par-dessus son dos, son épaule et son bras est encore là. Ses prunelles s’ancrent dans les siennes, sondant la surface de sa peau et l’intensité de son regard. Il ne l’a pas vue depuis ce moment volé entre les étagères d’une bibliothèque, instant sacré qu’est venu parjurer sa tante. Il est parti pour la guerre avec cette dernière image en tête : le visage furieux de Marlys, passé sans transition de l’incendie du désir au fournil coléreux. Il a imaginé qu’il meure là-bas et quitte ce monde en emportant avec lui ce seul souvenir. Un tableau inachevé. Incapable de dire quoi que ce soit, il entrouvre la bouche puis se ravise, avant de l’ouvrir à nouveau en même temps qu’il prend une inspiration salvatrice. — Il va s’en sortir. Ces mots sont soufflés dans la nuit pour y apporter une étincèle de lumière dont il a besoin. Elle est l’éclat nécessaire pour sortir du noir, elle est le seul lien qu’il parvient à créer à cet instant entre Marlys et lui. Une chose sur cette terre que nous pouvons partager, comprendre simultanément, s'ajoutant à cet amour dont ni toi, ni moi ne parvenons à parler.
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Marlys Swanson
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‹ MESSAGES : 867
‹ AVATAR : haley bennett.
‹ CRÉDITS : av (MITTWOCH), gif (idriss/cha<3)
‹ COMPTES : ido, hilde, eron.
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‹ AGE : vingt-cinq ans.
‹ STATUT : mariée à tarehk khodja, qu'elle exècre avec passion. son cœur, lui, bat cependant pour un autre, pour son sang, secret bien gardé.
‹ SANG : argent, rutilant, supérieur.
‹ POUVOIR : son élément est resté pur, inaltéré ce qui fait d'elle une maître du feu indiscutable (et rare).
‹ METIER : main de fer dans un gant de velours pour le compte de sa famille (et de l'empire), espionne multi-camps.
‹ ALLEGEANCE : en public, les oshun. en privé, son clan, sa caste, sa famille, toujours.
‹ ADIUTOR : insignifiant, disparu, oublié.
‹ POINTS : 510

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MessageSujet: Re: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyMer 20 Déc 2017 - 0:17

Les nuits n'avaient jamais été aussi froides, aussi vides. Des nuits sans sommeil, sans repos, à laisser la lune se noyer dans ses pupilles écarquillées, l'âme et le cœur rongés par l’inquiétude. Où était-il, alors qu'elle jouissait encore du luxe de ses draps de satin. Que faisait-il, alors qu'elle continuait à se pavaner dans les couloirs d'un palais impérial désert, affublée de ses plus belles toilettes. Marlys ne supportait rien de cette injustice, elle ne supportait pas d'être là, intouchable, sommée de préserver les apparences et d'alimenter un quotidien qui n'avait plus rien d'anodin. Elle était là, et lui là-bas, privée d'un au revoir et à présent interdite de tout contact, tremblant d'effroi à chaque message porté à l'attention de sa famille, à chaque cavalier trop pressé dans les rues de la capitale, à chaque tintement de cloches ou appel de clairon. Pourtant, malgré la peur, malgré cette crainte viscérale, Marlys se refusait de croire qu'il ne puisse revenir vivant, lui, l'héritier Swanson, main armée de l'empire dont l'épée a déjà tranché la chair, dont le regard a déjà aperçu la mort, l'enjoignant même à le suivre dans son sillage mortifère. Harald savait se battre, il savait survivre, souffrir, et cette seule certitude suffisait à Marlys pour balayer tout doute de son esprit, ou tout du moins, pour essayer, combat quotidien étrangement facilité par un Valrael beaucoup plus présent qu'habituellement, rôdant aux alentours tel un messager silencieux dont les apparitions soulageaient Marlys autant que ses absences la hantaient. Valrael était à lui seul le miroir de la réalité, une promesse de retrouvailles bien que futile et éphémère tant il pouvait s'écrouler à tout moment, sonnant le glas de l'être aimé. Mais il résistait. Valrael, Harald. L'un comme l'autre, ils résistaient, insufflant à Marlys l'espoir nécessaire pour garder la tête haute et les idées en place, pour rester alerte et attentive en ces temps sombres et dangereux.

Furetant au sein du palais impérial et ce sans jamais attirer le moindre soupçon sur sa personne, Marlys fût alors l'une des premières à entendre les rumeurs devançant le retour des soldats, épiant les murmures et les on-dits dans les couloirs et les alcôves. On parlait de Maven, beaucoup, surtout. On contait ce combat sanglant, ce duel de sang bleu, ce gâchis de chair et de jeunesse mais rien, rien sur lui, pas un mot, pas une syllabe, pas un seul souffle. Valait-il alors mieux se contenter de ce silence, valait-il mieux que son nom ne soit pas célébré comme on fête un héros ou un martyr ? Marlys n'était elle-même plus très sûre de ses souhaits, oscillant entre une envie farouche d'entendre à nouveau résonner son prénom et celle, plus prudente, de choyer cet oubli comme la preuve d'une survie attendue, ou même crainte. Toutes les hypothèses étaient alors encore possibles à mesure que les minutes défilaient, que la lune reprenait possession de son trône éphémère et que les rues se paraient de leurs lumières vacillantes et s'il était tard, trop tard pour justifier la présence de la jeune Swanson au sein d'un palais qui n'était pas le sien, Marlys ne pouvait se résigner à quitter ces murs qu'une énergie nouvelle et toute particulière faisait trembler, comme s'ils ressentaient le retour prochain de leurs maîtres. Et c'est à ce moment précis qu'il arriva, Maven, entouré d'une myriade d'officiers et de médecins, si bien que Marlys eut à peine le temps d'entrapercevoir son visage, entre deux portes closes, deux bandages imbibés de sang ne faisant plus qu'un avec son derme arraché par la furie destructrice d'un monde à la dérive. Un frisson la parcourut, alors que son regard se figea sur la silhouette allongé du prince et en une seule étincelle, son inquiétude se métamorphosa en effroi. Maven savait se battre, il savait survivre et souffrir alors... Harald. Où était Harald. Pas avec Maven alors qu'ils avaient toujours été frères d'arme. Pas avec son bataillon qu'elle remontait péniblement, le cœur haletant, et dont les visages meurtris et ensanglantés la hantaient, non pas par compassion ou empathie, mais par crainte que ce qu'ils avaient vu, fait, aurait pu emporter dans son gouffre celui dont son esprit n'arrivait à présent plus à se détacher. Il n'était pas là, dans ce chaos ramené avec torpeur par des troupes esseulées et brisées, dont le sang venait tâcher les rues polies de Brezin et de cette capitale alors épargnée. Seule au milieu de ce désolant spectacle, Marlys comprit alors qu'il n'y avait plus qu'un seul lieu où elle pourrait retrouver sa carcasse rompue, qu'un seul endroit où il se sentait vraiment à sa place, où il se serait réfugié, assuré de trouver la solitude et la quiétude dont son esprit devait avoir besoin. Elle s'extirpa donc de la foule amassée, hélant d'un geste brusque et empressé le premier transport croisant son passage pour s'y engouffrer avec trouble, la voix durcie par l'impatience. - Le Corbeau Brumeux, vite. Surpris, le chauffeur lui lança un regard étonné qu'il ravisa immédiatement face au regard noir et déterminé de Marlys, l'amenant à destination à une vitesse bien plus que raisonnable. Les pas qui la séparèrent de la cache d'Harald lui parurent durer une éternité jusqu'à ce qu'enfin, face à elle, assis sur les marches de ce perron familier, elle reconnut Valrael. Son cœur se stoppa alors, l'espace d'un instant, pour repartir de plus belle, peut-être trop fort, assez en tout cas pour que ce soulagement ne trahisse sa présence au pouvoir du mêlé et sans qu'un mot ne soit échangé entre les deux gardiens, Valrael laissa sa place, son regard amical et rassurant pour seul témoin. Harald était là, bien vivant, mais à peine Marlys avait-elle passé le seuil de son refuge et refermé la porte derrière elle qu'elle comprit que tout avait changé et qu'il n'était plus vraiment le même, qu'il n'était plus l'homme serein de leur dernière entrevue. C'est peut-être pour cette raison qu'elle n'osa pas, à peine rentrée, se jeter dans ses bras dont l'étreinte lui avait tant manquée, préférant l'observer avec une douceur sans borne, pendant qu'il ignorait encore qu'une âme sœur avait fait place à une autre, perdu dans les méandres d'un esprit qu'elle savait torturé. Pas un mot, pas un souffle, Marlys restait silencieuse, jaugeant ses gestes fiévreux et sa démarche saccadée, refusant à tout son être de réduire cette distance qui les séparait et dont elle avait tant souffert, soucieuse de ne surtout pas le brusquer, consciente des horreurs qu'il avait du supporter. Puis finalement, son visage lui fit face, aussi immaculé qu'auparavant, tout juste tâché d'un sang qu'elle espérait ne pas être le sien, un visage qui lui tira un sourire bienveillant et rassuré, tandis que son corps tout entier, encore tremblant, se remettait paisiblement de ses émois passés. Il s'approche et elle le laisse seul briser ce silence lourd et tourmenté, ses pupilles hypnotisées par ces retrouvailles qu'elle avait tant souhaitées, se laissant bercer par le son de sa voix pourtant brisée, fatiguée, lasse. Une voix dont les premiers mots la surprennent avant qu'enfin, n'y tenant plus, Marlys mette fin à leur distance et dépose avec tiédeur ses lèvres sur celles d'Harald, tel un baiser volé, arraché en plein cœur d'une bataille. - Je sais, c'est une bonne nouvelle, mais ce n'est pas de lui dont je me soucie. Sa voix ronde résonne comme un murmure que lui seul est autorisé à entendre alors que son regard apeuré quitte l'ancrage des pupilles azurés d'Harald pour scruter son corps et ses vêtements maculés de vies volées. - Tu es blessé ? Tu as vu un médecin ? Il faut que tu enlèves tout ça... dit-elle alors que ses mains parcourent à présent les pans de tissus nauséabonds et les cuirs déchirés, avides de découvrir ce qu'ils cachent tout en espérant ne pas s'en horrifier. Il pue la mort, mais elle se garde bien de lui dire, s'attardant avec une certaine nervosité sur la tâche qu'elle vient de se confier, commençant par le délester de son veston qu'elle lâchera sans aucune précaution sur le plancher des lieux, comme pour l'aider à tout oublier en le privant des reliques de cette guerre insensée.
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MessageSujet: Re: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyJeu 25 Jan 2018 - 17:02

Si Valrael l’avait rejoint à l’intérieur, était entré dans ses pensées et leur apocalypse pour tenter de se frayer un chemin stable dans cette eschatologie persistante, peut-être Harald se serait-il évanoui. Ses dernières forces l’ont quitté, il se bat depuis trop d’heures, trop de jours sans nuits. Il a trop peu mangé, trop peu bu. Déshydraté, choqué, le feu en lui a tout donné, tout craché, il est vidé. Maven et lui avaient toujours formé un duo au combat. Plus jeunes à l’académie, aux entrainements, il se rappelle leur tactique préférée : dos à dos, le feu grondant pour l’un, dansant pour l’autre, leurs yeux dérivant le long des visages de la foule et leurs sourires en coin défiant quiconque de s’amener et de briser l’espace les séparant. Ils avaient grandi. Les entrainements avaient laissé place à la guerre, et se battre ensemble était devenu se battre contre d’autres. Il connaissait suffisamment Maven pour savoir que les blessures les plus mortelles qu’il pouvait recevoir n’étaient pas physiques. Pour blesser cet Oshun, il fallait être une femme qu’il aime ou un ami auquel il tient. Tous deux s’étaient mesurés à des tempêtes, possédaient sur le corps de profondes cicatrices dues aux diverses brûlures qu'il avaient reçues, mais jamais, jamais l’un des deux ne s’était pas relevé. C'était d’un symbolisme naïf et agaçant, mais Harald devait se rendre à l’évidence : voir Maven vaincu l’avait ébranlé. Ils étaient de forces égales, Maven possédant une montée en puissance plus efficace et rapide que Harald, Harald possédant un soupçon d’habileté en plus, mais ils se valaient. Il se revoyait repartir en direction du campement bras dessus, bras dessous, tous les deux ensanglantés et brûlés, se soutenant l’un l’autre. Ce n’était pas ce qui s’était passé. Il avait trainé un Maven inerte dans la boue, l’avait supplié de l’aider à le hisser sur le dos de son étalon, avait prié son ami de puiser dans des forces accablées en lui une dernière once d’énergie pour survivre. Pour lui permettre de l’aider. Il avait terminé le combat seul, se demandant sans arrêt si Maven, couché sur le ventre par-dessus le cheval, continuait son somme effrayant ou avait cessé de respirer pour toujours. L’espace d’un flash étourdissant, il revoit soudain un homme en feu (son feu) courir vers lui en hurlant, les bras droits devant lui. Déclaré « ennemi » par deux, quatre hommes à tout casser, et c’était un mot suffisant pour calciner sa chair, brûler ses cheveux dressés sur son crâne fondu. Il revoit son visage brûler sous ses yeux, la peau se déchirer en commençant par les creux – deux trous rougeâtre à la place des joues. Ça faisait ressortir ses dents qui paraissaient trop grandes, grossières, et le faisaient ressembler à un masque de fête que les marchands des terres de feu portent pour effrayer et faire rire les enfants. Tuer à bout portant avait pour Harald quelque chose de rassurant. Le combat rapproché était sa spécialité en tant que mercenaire. Le bruit de la chair tendue d’un cou que vient déchirer la lame d’un couteau lui était familier – ça restait son domaine. Projeter le feu sur un soldat en marche et le regarder brûler, hurlant face à sa propre décomposition, c’était autre chose. C’était comme observer une horreur dont vous étiez la cause, mais de loin. Presque au travers un écran. On pourrait imaginer que ça ôtait naturellement une couche de culpabilité, mais c’était tout l’inverse qui se produisait. En corps à corps, vous aviez toujours une chance que votre adversaire réplique, vous attrape le bras pour vous le geler, vous électrocuter. C’était force contre force, avec l’espoir que la vôtre l’emporte. Mais projeter le lasso de ses propres flammes sur un homme à quatre mètres de soi, c’était lui tendre un piège impossible à dévier. C’est laisser tomber la lame au-dessus du cou d’un condamné à genoux, poings liés derrière le dos. Or il s’était toujours senti guerrier, mais pas bourreau. Le baiser de Marlys – qu’elle voulait sans doute simplement esquissé et qui se révèle en vérité sur lui aussi puissant qu’un cyclone – vient l’éprouver. Sa force le retourne et l’oblige à se maintenir droit, à quitter les flashs traumatiques pour revenir à elle. Ce serait la souiller que de repenser aux corps en décomposition, à l’odeur de chair calcinée en sa présence. Elle sait déjà ce qu’il en est de l’état de Maven. Le regard d’Harald se pose sur sa cousine, interdit pendant quelques secondes qui semblent suspendues dans le temps. Jusqu’alors, il avait toujours séparé les mondes. Celui de son bonheur et des gens qui comptaient, de celui qui l’emmerdait mais auquel se soumettre était devenu inévitable. Celui de la guerre et de l’armée d’un côté, celui de l’amour et de liberté de l’autre. Même Valrael s’était tenu du mieux qu’il avait pu de son côté du monde – celui dans lequel Harald l’avait lui-même placé. Il avait peut-être oublié, un moment, que Marlys faisait bien partie du monde de l’armée, de l’écosystème Swanson, qu’elle savait ce qu’il tenait aux autres totalement secret. Se rendre compte qu’il aime, qu’il aime plus fort et plus que n’importe quoi d’autre, une partie de ce monde détesté, n’atténue pas la laideur de ce monde. Ne rassure pas Harald pour autant que s’y trouve son cœur. Au contraire, cela contribuait à rendre cet amour fragile, fébrile. Il y avait, pour la première fois, quelque chose d’immensément intime à protéger dans le monde Swanson. Une part de lui aurait aimé que ce monde continue de ne jamais l’atteindre vraiment. Que le morceau d’âme qu’il y était attaché puisse continuer d'exister autonome. C’était désormais terminé, et cette prise de conscience annonçait une nouvelle bataille – une guerre intérieure. Sa main s’enroule avec douceur autour de la taille de Marlys, le bout de ses doigts s’ancre au creux de ses reins. Docile, il se laisse examiner, ressentant l’inquiétude maladive qui la ronge – qui l’a peut-être rongée pendant des jours entiers. Il esquisse un sourire à l’entente de son trop plein de questionnements. — Je vais très bien, répond sa voix rauque, machinalement. On n’a jamais entendu un Swanson se plaindre. Les entrainements de son père, les coups de son père, tout a toujours été une affaire personnelle entre l’honneur et soi-même. Il va mieux que bien, il va très bien. Comparé à Maven. Aux morts qu’il a semées. Comparé à l’infini ridicule que représente l’idée seule de se plaindre d’aller mal. Soudain, les mains d’Harald quittent la taille de Marlys pour venir attraper ses poignets et la retenir. — Non, je… Tu quoi ?... Elle allait retirer ses vêtements tachés de sang et de cendre, collés par la sueur et la mousse baveuse des chevaux. Non. Il n’en a pas envie, il a besoin de les garder. Encore un peu… Ridicule. Jusqu’à quand ? Comme si on pouvait se laver de ça en retirant simplement ces vêtements, en prenant un bain et… Il détourne le regard pour le poser ailleurs que dans ses yeux. Une brûlure sourde, intense nait dans chacun de ses membres, puise sa force incroyable dans ses organes vitaux. Il se pensait anesthésié, annihilé, mais voilà qu’une douleur étrangère s’éveille à l’intérieur de lui. L’épuisement mêlé à la honte d’avoir autant tué. Et d’avoir pu penser, l’espace d’une seconde naïve voire débile profonde, qu’il pouvait s’acquitter de ces meurtres en continuant d’en porter sur lui la souillure. Il soupire, dans un soupir qui se mue en grimace, et rend les armes. — D’accord. Ses doigts libèrent les poignets de Marlys et prennent les devants, détachant les tissus que des boutons d’ivoire et des fils d’argent maintenaient entrelacés. Il laisse tomber à leurs pieds cette première peau, entamant une mue difficile. Son torse nu lui semble éminemment à découvert, et il se surprend à rêver d’une armure à revêtir. En un flash aveuglant, il ressent la morsure du sursaut d’hier quand un soldat s’est jeté sur son dos par derrière, alors qu’il tentait tant bien que mal de redresser Maven. Sa main a lâché le bras de son ami pour se précipiter instinctivement sur la dague coincée entre son ventre et son plastron, celles du soldat ennemi enserrant son cou à lui en donner la nausée. Un coup bref lancé en arrière. La traversée de la boite crânienne se bloque une fois l’os atteint, mais il profite de la surprise de l’ennemi pour se retourner et retirer le couteau, le planter à nouveau. Entre les deux yeux. Coulée de lave rouge sombre dégoulinant le long du nez, entrant dans la bouche ouverte de stupeur d’être celui qu’on a tué. Le visage de Marlys lui réapparait dans une brume qu’il dégage d’un battement de cils. Fébriles. Il l’observe un moment, sa plongée dans le clair de ses iris doux lui offrant un bain salvateur réclamé par son âme endolorie, quand ses mains prennent d’assaut sa taille pour la rapprocher de lui et ses lèvres viennent presser les siennes dans une prière muette. Il n’y aura pas d’oubli, il le sait à présent. Seulement un répit.
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MessageSujet: Re: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyDim 28 Jan 2018 - 22:11

Les batailles, ces batailles, resteront toujours pour Marlys une inconnue des plus fugaces, un événement lointain dont elle ne pourra entrevoir que les conséquences morbides et les tâches restant incrustées dans les yeux de ceux bien moins lotis qu'elle ne peut l'être. Née fille, devenue femme, simple femme supposément faible, joyau trop précieux, trop fragile pour être confronté aux affres de la guerre, Marlys aurait pu grandir calfeutrée dans un écrin doré dont la douceur n'aurait jamais pu être égalée, dont l'opacité l'aurait protégée de ce monde extérieur pourtant hostile et d'une violence sans pareille. Elle aurait pu n'être que ce qu'elle paraît, l'insignifiante, la dilettante, la sulfureuse aux yeux de biche et aux mœurs débridés, petite noble aussi futile qu'inutile, tout juste bonne à rire aux éclats et à réchauffer vos draps. Mais tout était jeu d'apparence dans ce monde d'ombres et de lumières, tout était jeu de tromperies et de vérités biaisées, Marlys elle-même, pâle caricature d'un milieu avec lequel elle joue du bout des doigts alors que son esprit abrite de bien plus noirs desseins. Alors si elle aurait pu être tout ça, Marlys ne l'est et ne le sera finalement jamais. Pas quand on est une Swanson, nom que beaucoup semble oublier, ne s'attardant jamais plus loin que Marlys, comme si le reste importait peu. Pas quand toute votre vie se fonde sur cette brutalité inextricablement accrochée à vos tripes, une violence sourde et indolore glissant à chaque nouveau battement de votre cœur dans des membres éduqués pour semer la mort ou la propager, invariablement. Mais malgré tout, malgré cette éducation néfaste et cet endoctrinement précoce, Marlys a très vite compris que sa naissance lui serait favorable, en quelque sorte, que sa vie serait  préservée des atrocités les plus furieuses de ce monde, mais ce n'est que lorsqu'elle croise le regard d'Harald, ce soir-là, qu'elle se rend compte de l'entendue de ce privilège qu'elle sous-estimait jusqu'alors, se croyant au-dessus de cet effroi, capable d'encaisser le pire quand elle n'est finalement pas moins humaine que quiconque sur cette terre. Il est là, bien là, vivant, debout, intact et droit, une vision qui soulage Marlys de ses inquiétudes, la délestant des cauchemars qui l'auront assaillie, et ce même les nuits sans sommeil. Il est là et pourtant, Marlys le sait ailleurs, elle peut le voir, le sentir dans cette légère étreinte qu'il lui offre et qu'elle sent teintée d'une distance amère et douloureuse, comme si la guerre avait tentée de les séparer, vainement, et qu'il fallait à présent se ré-apprivoiser complètement. Le dévisageant avec douceur et anxiété, Marlys essaie de mesurer, fébrilement et en silence, l'ampleur des blessures mais surtout des fantômes hantant son esprit éreinté. Elle tente de trouver les mots, les gestes qui pourraient le soulager, apaiser ce calvaire torturant tout son être, se battant contre un ennemi invisible qu'elle n'arrive même pas à se représenter mais semble désarmée face au désarroi de l'homme qui compte aujourd'hui le plus à ses yeux, un homme par ailleurs résigné à nier que non, ça ne va pas. A ces mots, le regard de Marlys se relève et vient s'ancrer dans les pupilles possédées de son cousin. Harald va bien. Harald va toujours très bien et ça, Marlys a eu tout le loisir de l'observer, et ce pendant des années. Harald allait aussi très bien quand de ses yeux d'enfant encore pure et innocente, elle décelait les bleus jaunâtres et le coupures boursouflées sur sa peau d'adolescent encore trop peu rodée aux coups d'un paternel enragé. Harald va toujours très bien, même en cet instant où l'horreur ne cache même plus ses méfaits, l'entourant d'une odeur mortifère et nauséeuse, crottant ses vêtements d'humeurs en tout genre, le décorant de couleurs inquiétantes dont ce rouge bordeaux vif et lancinant prédomine. Mais la vision la plus terrible n'est pas physique, allant au delà des tissus tachés et déchirés qu'elle tente à présent de lui ôter, sans avoir même pris le temps de répondre à ce mensonge qu'elle préfère ignorer dans son entièreté, la vision la plus terrible est intérieure, intrinsèque, invisible. Marlys le connaît trop bien pour savoir que le passé le tourmente et l'assaille, comme elle avait pu en être la victime, à moindre mesure, il y a de ça plusieurs mois, à l'endroit exact où ils se tiennent en cet instant. Et si pour le moment ses réactions semblent vouloir brouiller les pistes, il ne lui faudra finalement pas longtemps pour se trahir et refléter cette tourmente alors qu'il stoppe Marlys dans son empressement, enserrant ses poignets avec une crainte si palpable qu'elle frappe la jeune femme de plein fouet. Son regard s'enfuit, ailleurs, celui de Marlys l'accompagnant, soucieux, alarmé. Le voir ainsi la paralyse et fait naître en elle une angoisse douloureuse, prenant conscience que s'il est réellement là, une partie de lui est bien restée sur les champs de bataille et qu'essayer de la faire revenir serait vain. Malgré tout, la mort a bien choisi de l'épargner, et Marlys, elle, compte bien faire en sorte que ce qu'il reste de lui s'accroche à cette réalité qui lui échappe en cet instant. - Laisse-moi faire Harald. Dit-elle d'une voix douce mais néanmoins ferme. - Laisse-moi m'occuper de toi. Pour une fois. Ses mains n'ont pas bougé, ni son regard toujours posé en direction de son cousin parti ailleurs. Elle pourrait rester ainsi pendant des heures s'il le fallait, s'il en avait besoin, mais Marlys sait également qu'arpenter trop longtemps les souvenirs du passé et se perdre dans ce dédale sinueux n'est bon pour personne, pas même pour lui, quoiqu'il en pense. C'est donc avec un certain soulagement qu'elle l'observe capituler et s'atteler finalement lui-même à la tâche, se délestant de ce qu'il lui restait sur le dos. Dans un silence des plus complets, Marlys toise son torse, étudiant chaque centimètre de sa peau pour en déceler les maux et dresser les priorités. Les cicatrices familières se fondent avec les rougeurs et les traces de coups inédites mais la chair reste elle intacte, ou presque, nouveau danger écarté, nouvelle crainte évanouie. Néanmoins, lorsque ses pupilles se relèvent à la hauteur du visage d'Harald, Marlys le voit à nouveau partir, loin, les yeux ancrés dans le vide, comme happés par la danse folle d'un fantôme qu'elle n'a, elle, pas le privilège ou la malédiction de voir. - Regarde moi Harald. Lâche-t-elle nerveusement, comme un ordre, comme une supplique, celle de lui revenir et de quitter ce lieu de mort. - Regarde moi. Elle se rapproche et dépose sa main sur sa joue, espérant que ce toucher l'extirpera des griffes des démons l’entraînant toujours plus profondément vers le néant. Le temps lui paraît alors suspendu et les secondes s'écoulent difficilement jusqu'à ce qu'enfin, son regard s'éclaircisse et qu'elle comprenne qu'il est de retour. Elle lui sourit timidement, craignant qu'il ne reparte aussitôt, se laissant surprendre par ses mains qui l'agrippent et ses lèvres qui se déposent sur les siennes, telle la promesse que malgré tout, rien n'a changé, pour lui, pour eux. Ce baiser, imprévu, apaise ses tensions autant qu'il attise ce feu intérieur qui n'est désormais plus seulement le sien. Elle l'espérait sans l'attendre, elle le rêvait sans vraiment se le permettre, effaçant ses propres désirs face aux besoins, eux, bien réels d'Harald et alors que leurs lippes se caressent avec fièvre et douceur, Marlys effleure de ses doigts la peau meurtrie de l'être aimé, venant échouer ses mains dans le creux de ses reins découverts, renforçant leur étreinte et ce contact salvateur. Bientôt cependant, le baiser s’interrompt, déchirement douloureux mais nécessaire, laissant place à un sourire bienveillant sur le visage de Marlys qui d'un geste gracieux enroule ses doigts autour de ceux d'Harald, l'intimant avec douceur à la suivre alors que ses pas la rapprochent de la salle de bain de la garçonnière. Le clapotis de l'eau met fin au silence, et pendant que la baignoire se remplit, Marlys se retourne vers Harald, déterminée à le faire quitter son désastreux état second. - Enlève ça, dit-elle en désignant du regard ce pantalon dont la couleur initiale est indiscernable, et prends un bain. Je vais te trouver de quoi manger pendant ce temps. Elle prend une pause, légèrement pensive, avant d'ajouter sur un ton moins directif, – Sauf si tu veux que je reste là. Sauf si tu veux ne pas être seul, sauf si tu veux de moi à tes côtés, pour le meilleur mais également pour le pire, ce que Marlys est prête à faire, ce qu'elle a déjà fait par ailleurs, ne risquant pas, plus, de s'arrêter en si bon chemin.
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MessageSujet: Re: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyVen 16 Fév 2018 - 11:34

Il en avait suffisamment vu du monde drapé des palais pour posséder une idée nette des léviathans qui remuaient sous la surface de cette étendue calme. A la violence des batailles feignait de s’opposer le chuchotis délicat des religieux, des aristocrates et des hommes de loi. Plus trompeurs que des champs de combats manifestant dans les mugissements furieux leurs feux d’artifices sanglants, l’antre des châteaux faisait miroiter sa douceur maternelle feinte, et qui en ignorait la réelle composition pouvait en téter le lait avec une innocence bientôt regrettée. Mercenaire et militaire, c’était pourtant chez lui, entre les murs épais de sa maison, qu’il avait connu la plus grande brutalité, la violence pure, distillée. Les combats perdus s’étaient tous déroulés ici, sous des yeux silencieux, des lèvres muselées. L’existence, s’était-il dit, est ailleurs. Jamais il n’aurait pu imaginer que sa plus grande source de joie, d’apaisement dans la fièvre de la tendresse et de l’attachement profond, pourrait se trouver dans cet univers clos, étouffant, d’où n’était jamais sortie qu’une lame chauffée à blanc déposée chaque jour sur la même plaie, feintant de la cautériser pour mieux la rouvrir à chaque fois. La guerre vous faisait combattre et rester vivant ou mourir. Les combats de l’intimité des palais vous tuaient à petit feu, leur flamme insidieuse déguisée en baume réparateur. Comme tous les Swanson, Marlys semblait avoir hérité de cette violence familière. Fière et agressive, ses pas laissaient sur les tapis ornementés des brûlures épaisses, elle avait, longtemps et de ce qu’il en avait su par ses compagnons au sang argent, dévoré la chair des courtisans d’un appétit flamboyant qui ne laissait aucun reste de son festin. Comme tout Swanson également, elle s’était laissée dévorer, s’offrant comme sacrifice aux passions des autres, peut-être par désespoir de ne pouvoir, de ne savoir les vivre pleinement elle aussi. Harald avait tôt fait de déserter les palais et le sceau de fatalité qui s’imprimait dans la chair de chaque Swanson, pour essayer de trouver dans la rue, dans la pauvreté nue, de quoi cicatriser. Les Sept et Gail lui avaient forgé une armure qui ne le quitterait plus jamais. Son monde se partageait ainsi : il saignait en famille, renaissait dans la rue. Il avalait le poison des coupes d’or servies par les domestiques des châteaux et courait s’enivrer de l’antidote servi par les tavernes de Launondie. Pour autant, exister au sein de cette dichotomie l’épuisait plus que de raison. A trente ans, il avait ce sentiment d’avoir vécu mille ans. Cette nuit pendant laquelle Marlys était venue le retrouver après un meurtre, cet instant sacré où les mains du destin semblaient avoir tourné leur visage l’un vers l’autre et poussé leurs nuques à se rapprocher, leurs lèvres à s’étreindre, avait sauvé son monde fissuré. Marlys avait allumé un feu à l’intérieur de lui que nulle nuit, nul orage, n’aurait su étouffer. La seule et unique cendre qui pouvait l’éteindre, c’était la sienne. A la mort de Marlys, Harald ne survivrait pas. En le rejoignant dans les bas-fonds, elle était venue se mêler à la fange qu’il étalait sur ses plaies, avait plongé ses propres mains dans cette boue dont il faisait de l’or, et tissé avec lui de ses doigts fébriles, peu experts en la matière, de quoi renforcer le fil sur lequel il avançait, suspendu entre deux visages d’un monde janusien. Tombée amoureuse de ses acrobaties, elle avait pris ce risque de le suivre – la plus belle preuve d’amour qui pouvait lui être faite. Elle excellait dans l’art de l’aimer. Sa présence, son souffle à l’intérieur des murs de cet appartement à la salubrité douteuse, le transformaient en un cocon moelleux. Le regard qu'elle laissait glisser sur le sang collé à ses vêtements, la boue tatouée sur sa peau, était un filet d’eau tiède purifiante. La hargne qu’elle mettait à soutenir les regards posés sur ses choix, le courage dont elle faisait preuve face à Ernest et son mépris affiché, prouvaient un peu plus chaque jour à Harald ce que son cœur lui murmurait : elle est la femme de ta vie, et bien au-delà de ton existence, son amour pour toi donne naissance à une forme d’éternité. Celle dont tout être ose rêver et parfois même inventer de crainte de ne jamais voir ce rêve réalisé. Harald n’avait rien cherché. Jamais tenté de trouver l’amour, de même que Marlys avait toujours refusé d’y croire. Il ignorait quelle puissance les avait réunis tous deux, mais alors qu’il l‘observe se battre comme personne n’a jamais su le faire pour la seule victoire de le comprendre, de l’apaiser, il sait qu’il lui reste le temps d’une vie pour lui rendre cet amour au centuple. Si la rue, les Sept et Gail avaient possédé ce talent de savoir le faire revivre de ses milliers de morts sous les coups assassins de son père, Marlys, à cet instant, lui apprenait à vivre. Non pas en oubliant, non pas en reniant comme il jouait à le faire encapuchonné dans la rue, mais les yeux ouverts, suivis de près par ceux de sa cousine, ajoutant ses propres couleurs à sa vision des choses, mêlant le parfum de son âme au chaos de la sienne. « Regarde-moi ». Il le fera, et il fera bien plus. Il acceptera non seulement de la regarder, mais aussi de voir en elle, avec elle et par ses yeux. Le monde sous un ciel nouveau, autrement, un monde différent d’où s’absentent les tares qui s'illustrent sur le sien. Ses yeux croisent ceux de Marlys et le bleu de ses iris devient pastel, répondant autant qu’ils le peuvent à la douceur du vert marlysien. Le baiser qu’il lui adresse n’est que prémices à l’ensemble de ses envies, une étincèle jaillie d’un feu ronronnant venue se jeter dans l’atmosphère. Il accepte de la suivre jusqu’à la salle de bain, et lorsqu’elle lui intime de retirer les vêtements qu’il lui reste, il réalise en abaissant le regard jusqu’au tissu qui recouvre son corps qu’il s’agit moins d’une incitation sensuelle que d’une nécessité de première urgence en matière de propreté. Le tissu est rouge de sang et noir de cendre. Ses doigts s’attachent à défaire les liens qui retiennent son pantalon, mais, pudique, il ne se dénude pas entièrement devant elle. Il esquisse un sourire à l’entente de sa suggestion. Lionne qu’elle est, elle propose de partir chasser tandis que le roi de la jungle se reposera après une énième bataille pour gagner un territoire dont il ne veut pas, au fond, mais que les lois de la nature lui imposent de garder sauvagement. Il n’est pas lion. L’humanité en lui l’incite à réfuter ce partage des tâches, et à demander un tout autre festin. Il écarte d’un mouvement de pied les vêtements souillés tombés à terre, tandis que sa main vient frôler le bras de Marlys, en caresser la peau jusqu’à l’épaule, la naissance du cou au creux de duquel il love ses doigts. — Reste avec moi. Sa voix n’est plus le rauque précédent avec lequel il assurait qu’il allait bien. Redevenue douce et ronde, elle est un ronronnement monté du plus profond, un vœu suprême. Il s’approche d’elle et enserre délicatement sa nuque de ses deux mains, ses yeux incapables de se défaire des siens. Le désir qui monte en lui n’a plus rien d’un besoin d’oubli. Elle le lui a proposé, pourtant. Le laisser seul face au deuil des souvenirs cuisants. « Sauf si ». Sauf si tu veux qu’elle reste. Sauf si, plutôt que la perdition de la mémoire, tu décides de rester vivant. La vie qu’elle lui tend a un goût d’enchantement ; une saveur à laquelle il n’est pas habitué, lui qui aime par oubli, qui baise pour s’évader. Tout est différent à présent. L’eau dans la baignoire tressaille en surface à l’approche de leurs feux conjugués qu’elle se sait incapable d’éteindre. Ils pourraient embraser l’océan tant ils sont vivants à cet instant, des flammes s’éveillant en eux que si croyaient elles-mêmes endormies. Il ne quitte son regard que pour venir embrasser son cou, les fines bretelles de sa robe enroulées dans ses doigts prêtes à tomber, à mettre à nu un corps comme le cœur l’a précédé dans ce dévoilement.
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MessageSujet: Re: what dreams may come. (harlys) what dreams may come. (harlys) EmptyDim 8 Avr 2018 - 16:25

Le retrouver est comme un doux songe d'été, comme la brise enflammée d'Al Freza qui vient réchauffer une peau refroidie depuis des jours, des semaines, des mois, et ce malgré le sang crottant sa peau blafarde et l'horreur imprégnant ses pupilles qui auraient pu en faire fuir plus d'une. Mais Marlys n'est pas une, Marlys est plus, pour lui, au moins de par son sang, aussi rouge que celui dont sa famille semble se repaître, aussi amère que la réalité tranchante de ce monde, mais surtout de par leurs sentiments, exacerbés et manifestes, preuve d'un amour encore crépitant qu'un simple regard peut embraser et qu'aucun des deux n'arrive, ou ne souhaite, étouffer. Le silence est pesant, peut-être un peu trop aux yeux de Marlys qui se sent revenir dans un passé qu'elle a toujours exécré, quand son cœur se serrait à la vue des ecchymoses irisées et des plaies béantes d'un adolescent déjà trop rôdé aux coups, quand du haut de ses petites années elle sentait déjà l'impuissance parcourir ses doigts et la rage transpercer son corps, tout juste capable d'apaiser les maux par des sourires et des étreintes innocentes. Elle connaissait déjà la violence Marlys, celle qu'on lui apprenait, celle qu'on lui expliquait et dont, bientôt, quand l'heure sera venue, elle serait également l'instigatrice. Pourtant, il ne fallait pas plus d'années, pas plus de jugeote ou de cœur pour comprendre que si faire mourir les autres paraissait envisageable, faire souffrir l'un des siens ne l'était pas, qui plus est son fils aîné, son héritier. Harald était déjà tout pour elle, le frère, l'ami, le protecteur, des rôles dont elle l'avait affublé seule quand finalement la réalité était peut-être déjà toute autre, cachée par la décence, bourgeon naissant attendant le printemps pour éclore et s'épanouir dans toute une splendeur jusqu'à alors cachée. Elle s'était battue Marlys, contre ça, contre ces sentiments malséants, contre cette vérité effroyable qui faisait, ou ferait, d'eux des parias, leur seul crime étant de s'aimer, trop, aux yeux du monde et de la bienséance. Et puis elle avait finalement jeté les armes, incapable de ne penser qu'à autre chose qu'à lui depuis ce toucher si doux et si enivrant auquel ils s'étaient laissés tous deux aller, à la surprise et au soulagement de la fille du feu autrefois habituée à partager nombre de couches et d'amants, s'en délestant aussi vite qu'elle les avait enivrés comme si les sentiments glissaient sur sa peau brûlante et insoumise, une peau à présent transpercée. Elle essayait de ne penser à rien Marlys ce soir, cette nuit, oubliant leurs futurs voués à les séparer, oubliant Laurel, oubliant Zahir. Elle voulait être là pour lui, pour eux, profiter et chérir ces moments d'absolu tant qu'ils leur étaient encore octroyés et ce même s'ils n'étaient pas nécessairement synonymes d'un bonheur parfait et utopique. Elle voulait être avec lui, pour le meilleur et pour le pire, et alors que le pire s'était profilé à l'horizon, elle voulait faire de ces retrouvailles espérées le meilleur. Pour autant, les ardeurs fiévreuses d'Harald, bien que troublantes, prirent la Swanson de court, s'attendant peu, voir pas, à ce que son état, autant physique que psychique, ne lui autorise de telles envies charnelles. La raison ne l'emportait que rarement sur le tempérament impétueux de Marlys mais trop soucieuse du bien-être et de la santé immédiate d'Harald, la jeune femme ne put s'empêcher de s'assurer de ses capacités, bien plus par inquiétude que par pur égoïsme. - Es-tu seulement certain que ce soit une bonne idée Harald... Le murmure est chantant, mais néanmoins sérieux alors que son corps enflammé a déjà cédé sous les baisers vibrants qu'il offre à sa peau voluptueuse, tentant pourtant tant bien que mal de cacher les effets de ces assauts libidineux. Jusqu'à ce que son visage se relève, celui de l'homme dont elle n'avait jamais rêvé, qu'elle n'avait jamais espéré ni même cherché, celui s'étant imposé comme une évidence et qui d'un seul regard l'aura fait cédé à ses lèvres exquises et interdites. Glissant ses mains sous ses bras nus pour venir ancrer ses doigts sur ses épaules massives, Marlys ne peut s'empêcher de réduire à nouveau la distance les séparer pour accrocher ses lèvres avec les siennes, trop impatientes, s'abandonnant ainsi à ses plus grandes faiblesses réunies, la chair et surtout, Harald. Le baiser est doux et passionné, enflammant leurs cœurs et leurs entrailles, offrant à leurs feux des retrouvailles trop longtemps désirées. S'en détacher est alors une torture, à l'image de leurs séparations passées, certaines plus violentes que les autres et cette fois-ci, Marlys ne laissera rien ni personne leur voler ce moment, cet extase, ce cocon qu'ils se sont créés et qui, chacun à leur manière, les aide à avancer dans l'hostilité et la violence ambiante. - Viens... Attrapant sa main fébrilement, Marlys l'attire alors vers la baignoire dont l'eau brûlante n'attendait certainement qu'un seul occupant. Sa jambe fluette enjambe l'émail immaculé pour se plonger dans cet élément contraire, son regard perdu dans l'azur de celui de son cousin si ardemment désiré, et ce bien au delà du corps, l'incitant à la rejoindre et à agir comme bon lui semblera, lui offrant sa chair et son esprit en repos du guerrier.
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