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we're all of us haunted and haunting

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we're all of us haunted and haunting Vide
MessageSujet: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyJeu 21 Déc 2017 - 21:43


La bête est tapie dans l'ombre de cette pièce qui fut sa chambre il n'y a pas si longtemps encore. Elle a trouvé refuge dans le fauteuil coincé contre la fenêtre, et elle attarde un regard par celle-ci pour observer le règne de la nuit. Combien d'heures ont passé depuis que ses griffes ont retrouvé le contact familier de ces dalles, puis de ce tapis ? Deux, trois ? La créature a-t-elle seulement bougé et réajusté sa position depuis qu'elle a pris place sur les coussins de ce fauteuil ? A-t-elle cligné de l'œil rien qu'une fois pour trahir une quelconque humanité ? Son corps semble plutôt s'être inexorablement figé dans le marbre, alors que son esprit vague inlassablement à l'air libre au-delà de ces fenêtres qui ne sauraient le faire prisonnier. Plus rien ne saurait le faire prisonnier désormais.
Heathcliff ne s'est attardé qu'un instant au-dessus de ce lit, penché sur le corps de la belle endormie – celui de son épouse, ou plutôt de sa veuve, alors qu'elle n'a eu aucun scrupule à penser qu'il avait quitté le monde des vivants. Et si elle a osé le penser mort, lui se fait volontiers le fantôme revenu la hanter aujourd'hui, cette nuit, et puisqu'il est ce revenant d'outre-tombe, il ne l'a pas même frôlé pour l'extirper de l'étreinte apaisante des bras de Morphée autour de son corps inerte : il n'est pas physiquement capable de la toucher, s'il est ce spectre qui n'est fait que de chimères intangibles et vaporeuses. D'ailleurs il ne touche pas terre, il n'est qu'une ombre qui l'a survolé rien qu'un instant avant de se réfugier dans un recoin de la pièce.
C'est à son insu, qu'il s'est invité dans cette maison, et plus précisément dans cette chambre qu'elle pense être la sienne et non plus la leur. Le voyageur est arrivé à destination tard dans la nuit, et il n'a pas fait appel à la maîtresse des lieux pour lui permettre de fouler à nouveau la familiarité de cette demeure qui fut un jour celle d'un couple heureux. Non pas qu'il ait eu en tête de la surprendre lorsque la nuit projette encore son ombre, et d'orchestrer ainsi les pires conditions pour que la veuve réalise sa méprise avec le plus de frayeur possible, mais pour autant il n'a pas davantage eu l'intention de l'en préserver, puisqu'en plus de s'être invité dans la demeure, il s'est bientôt aventuré dans sa chambre où le sommeil la laisse toujours ignorante de son intrusion. Il l'a ainsi découverte à sa merci, et pourtant le revenant ne s'en est pas réjoui, pour plutôt octroyer un siège à sa patience.
C'est que l'homme qui n'est peut-être plus tout à fait un homme n'a pas pour autant un sourire carnassier aux lèvres, masqué par l'obscurité qui les enveloppe, à la perspective de causer quelques tourments à l'inconsciente lorsqu'elle s'extirperait enfin de sa torpeur et poserait ses yeux sur ce corps qu'elle a trop aisément pensé être un cadavre deux ans plus tôt. Heathcliff n'est pas davantage animé d'une quelconque hâte à savoir quelle réaction serait celle de cette veuve endeuillée face à l'ombre de son défunt mari, et si plus aucune hâte ne saurait désormais le bousculer, il n'a pas précipité ces retrouvailles alors que sa liberté, il l'a pourtant arraché des griffes de son geôlier trois semaines plus tôt.

Trois semaines déjà, et il ne prend l'initiative de retrouver son épouse que maintenant. Trois semaines, qu'elle est toujours ignorante de sa résurrection, lorsqu'il a déjà retrouvé ses frères, Souliman et Ivar. Ce fut son premier instinct, après avoir massacré ses tortionnaires et leurs familles, de retrouver le patriarche de sa propre famille, et il se trouvait que son frère cadet était lui aussi dans la demeure de Souliman lorsque le revenant a fait son apparition. Et ensuite sont venues les conséquences impitoyables de ce virus, et il en a souffert des jours entiers, tout comme ses frères. Ce corps, affaibli et amaigri, qui est désormais le sien, a même mis davantage de temps que ces derniers pour se remettre de ce mystérieux mal, mais il s'est relevé, cette fois-ci encore.
Heathcliff s'est à nouveau dressé pour dévoiler une chair pétrie de cicatrices et de brûlures, ainsi que des os saillants sur lesquels sa peau menace de se morceler d'un instant à l'autre, et pourtant il a repris la route que quelques jours après avoir vaincu la maladie. Et si la bête n'a pu se repaître et puiser ses forces d'antan de ces deux semaines dans le confort de la demeure familiale, son esprit s'abreuve et se nourrit désormais aussi de ses nouvelles intentions, aussi sombres que déterminées, et son être peut trouver en ces noirs desseins une véritable corne d'abondance. Ce sont dorénavant celles-ci qui lui font trouver un équilibre véritable sur ces jambes décharnés et ces pieds qui ne comptent plus que sept orteils. C'est ce nouvel appétit, cette faim irrépressible pour le chaos, qui guide désormais sa carcasse, et le malintentionné retrouverait bientôt toutes ses forces physiques pour lentement mais sûrement répandre les semis de la discorde sur une terre déjà ravagée par une nouvelle guerre.
D'ici-là, c'est Ivar qui a entre temps scellé la prochaine destination du démon, lorsque celui-ci veut le plus grand mal à ce frère bourreau, et il n'a ainsi eu aucun scrupule à lui conter un soi-disant rapprochement entre son épouse et son adiutor. Le mari avait alors déjà l'intention de retrouver la traîtresse qui se pense veuve, mais c'est ce mensonge qui a précipité les retrouvailles à venir.

Les bras toujours étendus sur ces accoudoirs au bout desquels pendent ces mains amputées de sept phalanges, le revenant n'a pas retrouvé d'un regard le corps de l'endormie pour toujours darder son attention au-delà de ces fenêtres. Il ne se racle pas la gorge ni ne tousse, et conforte plutôt le silence accablant de la pièce par son parfait immobilisme. La patience d'Heathcliff n'est plus mesurable, il sait aujourd'hui davantage encore laisser le temps s'écouler pour mieux parvenir à ses fins, et cette vertu est une alliée redoutable pour l'assouvissement de ses vices. Alors il n'aurait certainement pas bougé d'un pouce d'ici à ce qu'Hilde s'éveille, même si pour cela il lui faut attendre que les premières lueurs d'un jour nouveau viennent faire éclore ses yeux azurés.
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water mutant
Hilde Wolffhart
Hilde Wolffhart
water mutant
‹ MESSAGES : 185
‹ AVATAR : eva green.
‹ CRÉDITS : (av) mad sounds, (icon/sig) byerswil/tblr
‹ COMPTES : ido le lambda, marlys la noble, eron le mêlé.
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‹ AGE : trente-six ans, age de la sagesse.
‹ STATUT : veuve d'un temps, mariée d'un autre, hilde a été libérée de ses chaînes par merle osanos, espérant à présent le retour de celui qu'elle a toujours aimé.
‹ SANG : ancienne bronze, nouvelle argent, un changement de statut qui l’émeut assez peu.
‹ POUVOIR : bloodbending, une malédiction à ses yeux, elle qui perd la maitrise de l'eau et en même temps une partie d'elle même.
‹ METIER : elle vient de reprendre en main l'entreprise de pêche de sa famille.
‹ ALLEGEANCE : sa famille, seulement elle. ses allégeances politiques ayant toutes été pour le moins désastreuses.
‹ ADIUTOR : talweg sivrak, le disparu.
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyMer 27 Déc 2017 - 0:06






WE'RE ALL OF US HAUNTED AND HAUNTING
heath & hilde


Ils ont toujours été là, les cauchemars. Compagnons de ses nuits, gardiens de ses peurs viscérales, ils ont toujours été là, guettant dans le noir, celui de son esprit, aux abords des portes entrouvertes et des souvenirs mal enfouis, s'engouffrant dés qu'ils le peuvent, dés que la force de lutter la quitte, dés que son esprit perd son garde-fou, Talweg étant trop éloigné pour réparer les murailles qu'il avait alors dressées, à son insu, dans son crâne sombre et malade. Ils ont toujours été là, depuis son enfance, depuis la perte de sa mère, depuis la guerre, la maladie, la tristesse, la mort, si bien qu'Hilde avait presque réussi à s'en faire un refuge, quand la réalité était alors devenue la plus difficile à supporter, rendant les monstres de son subconscient bien plus doux que la terreur des émotions assaillant son corps de chair et d'os, les domptant pour s'en accaparer, s'y habituer et finalement faire la paix avec ces démons qui ne la visitaient plus que très rarement. Elle les croyait partis, évaporés, disparus, Hilde. Elle pensait naïvement avoir finalement triomphé des malheurs et de la noirceur de sa tête, se leurrant si profondément que le contre-coup fut d'une violence bestiale, déchaînant une furie incontrôlable alors que son monde s'effondrait à nouveau et qu'elle se voyait privée de tout ce qu'elle était. L'eau. Son élément, même plus, son sang. Plus d'élément, seulement une pâle copie, nauséeuse, sanglante, un pouvoir qu'elle rejetait dans sa totalité tant elle se retrouvait dégoûtée d'elle-même et de ce qu'elle était devenue, seule, sans Talweg, sans personne, sans élément, sans raison de vivre. Et c'est là qu'ils sont revenus, les cauchemars. Plus puissants, plus abjects, plus cruels. Des visions de sa vie, des pires moments de sa vie, décuplés, répétés, ensanglantés. Des bribes de souvenirs qui la rendaient folle, l'empêchant de faire preuve d'une once de raison alors qu'elle s'était enfermée dans une noirceur sans pareil qui ne cessait de la consumer de l'intérieur. Rares étaient alors les moments de répit, le sommeil réparateur, celui de Morphée et de ses bras qu'elle n'attendait même plus. Rares mais pas inexistants, présents juste assez pour la tenir éveillée le jour puis la replonger dans les méandres du labyrinthe terrifiant qui lui servait d'esprit, juste assez pour la torturer à petit feu et la faire sombrer dans une folie douce, quitte à leurrer ses yeux et lui faire voir des fantômes...

La nuit avait été peu agitée, pour une fois, mais Hilde n'avait jamais été plus mal qu'en cet instant précis, perdue dans un monde qu'elle ne reconnaissait plus et dont elle n'avait presque plus envie de faire partie. Avancer était trop compliqué, trop douloureux et ses pas semblaient semer désolation et souffrance autour d'elle, si bien que les nuits solitaires, elles, semblaient bien plus séduisantes que tout le reste. Il était tard, elle le sentait, il était tard et malgré son éveil, ses yeux restaient clos, contemplant le fond de ses paupières vides et froides. Le sommeil venait alors à peine de la quitter mais elle restait là, statique, allongée sur ce lit que la chaleur avait quitté depuis longtemps et qui ne lui avait depuis jamais offert de réconfort. Elle restait là, sans un mot, sa respiration pour seul tempo, les minutes défilant avec une lenteur incomparable, jusqu'à ce qu'agacée, Hilde se redressa, avec une certaine nonchalance, s'asseyant sur le matelas trop dur pour son dos vieillissant alors que ses doigts parcouraient son visage comme pour débarrasser ses yeux d'un masque invisible. Ses paupières s'ouvriront alors une fois, puis deux, avant que ses pupilles ne décèlent la présence fantasmagorique venue lui rendre une visite nocturne. Pas même effrayée, Hilde eut alors une réaction plutôt étrange, ou tout du moins surprenante, un rire mesquin fendant le silence de la pièce assombrit, tant cette vision, qu'elle croyait tout droit sortie de son imagination, l'amusait. Il avait l'image de ses cauchemars avec sa silhouette cadavérique et ces billes vitreuses à la place des yeux, si bien qu'elle l'aurait reconnu entre milles et ce même si le vrai Heath, son Heath, n'avait rien à voir avec ce tableau diabolisé. - Il est nouveau celui-là... C'est intéressant... dit-elle avec un voix rauque et noire bien différente de celle qu'on lui connaissait. - Je suis impatiente de savoir comment il finit... Quel jeu malsain ma tête m'a encore réservée... Elle ne bouge même pas, se rallongeant même tout en gardant un œil sur le fantôme assis sur le fauteuil, près de la fenêtre, persuadée qu'à tout moment, elle pourrait se réveiller et qu'elle le trouverait en réalité... vide.
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyLun 1 Jan 2018 - 21:31


Heathcliff a beau avoir l'avantage de la conscience sur l'endormie, il n'a pas pour autant un ascendant impitoyable sur les lieux, lorsque ce sont la nuit et le silence qui y règnent en maîtresse et en maître. Mais le malintentionné sait que tôt ou tard ces deux règnes prendront fin : en l'occurrence c'est finalement le silence qui trépasse avant la nuit et la nuque du visiteur s'ébranle à l'entente des premiers tressaillements provenant du lit pour permettre à ses yeux de retrouver la vue d'Hilde. Là encore, il attend toujours lorsqu'il n'a aucun mal à prendre en patience, et à son tour l'éveillée en vient à poser son regard sur l'intrus. C'est alors un rire s'extirpant avec éclat des limbes de l'insanité qui se moque bientôt du calme des lieux, et le corps du défunt mari n'en vient pas à trésailler : un mort ne peut être sujet à de tels frissons. Tant et si bien qu'il ne bouge pas, pas encore, et la statue de marbre se fait spectatrice de ce qu'il comprend rapidement être le délire d'une femme misérable. Déjà, un rictus vient tendre le coin de ses lèvres craquelées. Tapies dans l'ombre, ses babines se délectent de ce que la folle n'a pas encore compris, et de ce qu'elle saurait bientôt à ses dépends. Allons ainsi, l'ahurie est incapable d'appréhender la réalité à laquelle ses yeux se confrontent ? Mieux, il l'aurait donc déjà hanté plus d'une fois ? Le revenant ne s'attendait pas à ce son intérêt soit ainsi provoqué, ni à ce que le ton nouveau de sa voix soit si séduisant à son oreille. Déjà, l'esprit fou et son corps se rallongent, et c'est au tour du fantôme de malmener le silence.
- Et que crois-tu que je t'ai réservé, moi ? Qu'en est-il des jeux malsains que lui réserve sa tête ? Si la veuve semble s'être trouvée un tortionnaire interne, le revenant a lui aussi quelques mauvais tours à lui jouer. Mais le bourreau ne se jette pas aussitôt sur sa victime avec les crocs en évidence, et c'est lentement, implacablement, que ses muscles s'arrachent à leur torpeur – comme il s'est arraché à sa captivité des semaines plus tôt : la démente peut alors voir la bête se mouvoir et extirper son corps décharné au confort de son siège pour bientôt se dresser et s'étirer de tout son long. Ce n'est qu'à ses griffes, aiguisées, qui s'accrochent et balafrent le sol, que le cadavre putréfié doit son équilibre. Il darde alors un instant encore son attention sur sa veuve éplorée, et il se tourne à nouveau vers les carreaux de cette fenêtre que ses yeux font voler en éclats pour que plus aucunes barrières ne se permettent de l'empêcher de s'imprégner du règne de la nuit. Il la laisse l'imprégner, mais il s'octroie aussi la permission de pénétrer les ténèbres nocturnes, il tranche d'un regard ses membranes immortelles pour les laisser se refermer sur lui et ne faire plus qu'un avec le sort funeste qu'elle promet.
- Quelle belle nuit, obscure et glaçante à souhait. De quoi se sentir revivre. Heathcliff s'éprend encore un instant de celle dont il fait sa maîtresse chaque nuit, avant de faire mouvoir sa tête pour que ses yeux retrouvent la vue de sa femme bafouée. Tu ne devrais pas t'y refuser, terrée derrière ces murs branlants. Mais est-ce que le démon lui laisse seulement le choix ? Car si ses gestes ne traduisent aucun sentiment d'urgence, ce sont bien ses mains, ses bras, et le haut de son buste qui s'ébranlent bientôt pour s'octroyer la permission d'ouvrir cette fenêtre et ainsi laisser le vent glacial de décembre s'engouffrer dans la chambre. C'est avec les bras ouverts, que l'homme accueille ses bienfaits vivifiants. Est-ce que sa bien-aimée sent elle aussi ces bourrasques impitoyables mordre aussitôt sa peau peu recouverte ? Déjà, la température de la pièce chute, comme cette nuit de février où, quatre ans plus tôt, les sages-femmes s'efforçaient de soulager la chair brûlante d'une femme piégée par les affres de l'enfantement. L'inconsciente ne se souvient pas de ce qui a suivi, mais cette nuit-là elle a donné la vie et la mort, car en donnant naissance à cette misérable créature mort-née, c'est à Heathcliff qu'elle a permis de revivre. Il n'était alors plus qu'un oublié inaccessible et cadenassé, recroquevillé aux tréfonds d'un esprit amputé de sa substance, et voilà que le trauma familier est venu le déterrer et l'a délesté de ses chaines pour qu'il reprenne avec force sa juste place. Le dernier né de la fratrie Kimora a alors connu plusieurs résurrections, et c'est à Hilde qu'il doit la première. A Hilde, et à son incapacité d'avoir permis à Priam de s'extirper vivant de son corps ensanglanté.

Le revenant permet à une bouffée d'air froid de s'engouffrer dans ses poumons si longtemps atrophiés, et c'est ensuite à cette épouse qui s'est tant languie de lui qu'il accorde à nouveau son attention. Puis, au détour d'une lenteur qui pourrait avoir des allures traitresses de douceur, le prédateur se rapproche de sa proie, cette victime inconsciente du danger qu'elle pense chimérique. Pas après pas, il massacre la distance qui les sépare, et il s'octroie bientôt le confort d'un nouveau siège : le mari s'est assis au bord du lit de la malade, comme le ferait une mère auprès de son enfant souffrant, et les phalanges survivantes de sa main gauche viennent frôler sa joue diaphane. Le lugubre spectre peut donc bel et bien toucher et se faire palpable au contact de sa veuve... que peut-il faire d'autre alors ? Jusqu'où peut s'arrêter l'horizon de ses possibilités ? Bientôt, le dos de ses phalanges s'attardent lentement le long de sa mâchoire, puis frôlent la peau vulnérable de son cou, avant que sa main n'exécute un volte-face pour prendre au piège la gorge de sa bien-aimée entre ses doigts mutilés. Elle est désormais prise dans l'étau étroit de sa poigne, et pourtant Heathcliff pourrait l'étreindre bien davantage encore, jusqu'à presser toujours plus et ne jamais la laisser expirer un dernier souffle. Il pourrait se satisfaire de la vue de cette bouche désespérément en quête d'une bouffée d'oxygène salvatrice, et regarder la mort s'emparer impitoyablement des couleurs de son beau visage. Et s'il ne relâche jamais sa dernière étreinte autour de son cou, il serait bientôt le veuf au chevet de sa veuve.
D'ici-là, le revenant est curieux : puisqu'elle veut faire de lui le fruit d'un esprit aliéné, lui aussi est impatient de savoir comment ça va se finir. Peut-elle le lui dire tant qu'il l'a encore épargné ? Il ne se dépêtre alors pas de sa lenteur, lorsqu'il se penche et approche plus encore son visage du sien, jusqu'au point où elle pourrait aisément sentir le souffle du mort sur sa peau.
- Dis-moi, comment espères-tu que cela va se finir cette nuit ? Mais pourquoi est-ce que cela devrait nécessairement finir ? Lorsque ce n'est que le début de sa résurrection et de l'éternité dont celle-ci lui a fait la promesse.
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Hilde Wolffhart
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyLun 1 Jan 2018 - 23:35






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Tout comme la mort l'a toujours poursuivie, les fantômes sont eux devenus ses compagnons d'insomnie, réminiscences d'un passé brisé en milles morceaux qui n'a jamais cessé de faire saigner son corps alourdi par la souffrance. Ils passent et repassent, s'insinuent dans ses songes, dans ses pensées, dans ses regrets sans jamais s'y installer très longtemps, repartant s'évaporer dans l'air ambiant, tout aussi vite qu'ils lui étaient apparus. Alors ce fantôme là, Hilde ne s'en formalise pas vraiment, terrassée par les événements récents et leurs conséquences dévastatrices sur sa santé psychique, préférant lui rire au visage et s'enhardir à le provoquer. Il s'effacera bien, comme tous les autres, après avoir tenté de l'effrayer, de lui glacer le sang et les os, jusqu'à ce que la réalité prenne le pas, balayant avec elle les restes de ses hallucinations. Fatiguée, brisée, elle ne voit donc pas, Hilde, que ce fantôme est bel et bien fait de chair et d'os, qu'il est bel et bien humain, ou ce qu'il en reste, et que s'il est venu pour la hanter, ce ne sera pas sans anicroche. Elle le dévisage, retrouvant des traits familiers, trop familiers peut-être pour n'être qu'une image projetée par son esprit, les yeux encore embrumés par le sommeil, sans réaliser l'impensable, après des années de deuil qu'elle croyait réel mais qui pourtant lui ont été falsifiées. Sa voix résonne, froide, dure, malaisante et Hilde ferme ses paupières, comme tentée de se laisser bercer par ses démons, à défaut d'avoir la force de les combattre, alors qu'un nouveau rire échappe de sa gorge, tout aussi brisé que le premier. Elle l'écoute, lui, puis ses pas, ses mouvements dans cette pièce vide depuis une éternité, cette chambre ayant par le passé abritée leurs ébats passionnés, amoureux, témoin d'un passé plus heureux ou tout du moins de l'illusion qu'ils reflétaient, quand ses paroles ne font que la perdre un peu plus dans une confusion morbide. Elle n'y comprend rien Hilde mais ne réagit pas alors que le sommeil commencerait presque à la regagner, comme pour la sauver de la réalité devenue bien plus dangereuse que les monstres de ses cauchemars, jusqu'à ce qu'un vent glacé ne l'extirpe de sa torpeur, la saisissant avec vigueur. La peau piquetée par la température hivernale venue habiter sa chambre, Hilde se relève légèrement, le regard paniqué et les sens en alerte. Plus de cauchemars, plus de sommeil, elle sait à présent pertinemment que la réalité, aussi hostile soit-elle, est venue la rattraper. Ses pupilles se ruent alors vers le fauteuil ornant le coin de sa chambre, un fauteuil qu'elle trouve vide mais qui ne la rassure pas pour autant quand finalement elle le voit face à elle, la fenêtre grande ouverte et le vent sifflant son entrée dans la chambre tel le cri d'une créature chimérique. Cette vision la saisit, mélange d'horreur et d'incertitude, de peur et d'incompréhension. C'est impossible, définitivement impossible. Il est mort. Elle l'a pleuré, elle l'a regretté, elle a tout fait pour essayer de s'extirper de cette douleur lancinante, celle d'être encore celle qui vit autour de ceux qui meurent. Aucune vérité ne peut être plus sûre que celle de la mort. Et pourtant, pourtant voici qu'il est là, face à elle, tel un squelette ambulant qui se déplace et la jauge de ses billes vitreuses et sataniques quand elle est incapable de réaliser la portée de la scène se déroulant sous ses yeux. Est-elle devenue folle, définitivement folle alors que ce froid saisissant lui est bien réel mais que cet homme, lui, ne peut être qu'un autre ? Hilde envisage tout sauf la vérité, elle envisage même d'avoir complètement sombré, perdue dans les limbes d'un monde qu'elle aurait déjà quitté, enfermée dans une démence incurable. Alors quand il s'assied à ses côtés, quand son corps étrangement chaud pour celui d'un macchabée frôle le sien, son regard s'ancre dans celui noir et sinistre de celui qui fût son mari, comme pour essayer d'y déceler la preuve qu'il n'est qu'un mirage effrayant. - Tu es mort. Dit-elle seulement, la voix aussi froide que sa peau soumise aux assauts de la bise venue gelée ses membres. - Tu es mort Heath. Répète-t-elle, comme pour s'en convaincre elle-même, persuadée que ses mots le feraient disparaître en un nuage de fumée toxique, frissonnant sous ce toucher fantomatique qui saisit son corps en transe. Mais la réponse, elle, se veut alors bien moins rassurante, attirant encore un peu plus Hilde dans une réalité qu'elle s'entête à réfuter alors que les doigts décharnés d'Heath se pressent contre sa gorge pour enserrer son cou, rendant l'air si rare que ses poumons collapsent. Toute personne normale se serait alors débattue, toute personne normale aurait tentée de se libérer de cet étau à coups et à cris, instinct de survie primitif que personne ne peut entraver. Pourtant, Hilde tressaille à peine, et elle rit, maladivement, elle rit comme une aliénée n'ayant plus peur de la mort alors qu'enfin elle a réussi à la rattraper. - Tue moi Heath, si ça peut te faire plaisir, tue moi... Mais avant, dis-moi pourquoi ? Qu'ai-je donc fait pour mériter cette haine qui t'a extirpée du royaume des morts... Sa voix brisée par l'étreinte qui l'a saisie se fait à peine entendre, fendant le silence macabre de cette chambre qui n'est plus qu'à un geste d'être hantée par non pas un mais deux fantômes. Et alors que la réalité commence à s'imposer aux yeux d'une Hilde tétanisée, l'une de ses mains s'élève avec douceur, venant délicatement caresser la joue d'Heath, comme avant, comme quand tout était plus joyeux, plus heureux, comme dans une autre vie, morte il y a de ça des années, en même temps que leur fils. En même temps que Priam.
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we're all of us haunted and haunting Vide
MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyMer 3 Jan 2018 - 0:43


Cela fait deux années que le mari n'a plus été aussi proche de son épouse. Ses yeux ont peut-être parfois cru la retrouver par le biais d'une hallucination lorsque la captivité et les privations ont pu si souvent réduire son esprit à cette insanité, mais il n'a plus revu Hilde, de ses yeux vu, depuis deux ans. La dernière fois qu'ils se sont quittés, c'était lors de cette mission qui l'a précipité droit dans la gueule du loup. Cette nuit il lui revient donc, mais ce n'est pas l'homme qu'elle a épousé que la veuve retrouve en retour. Cet homme-là, amnésique, a été gravement blessé lorsque sa mémoire lui est revenu : il a été malmené par le retour du Heathcliff originel, et s'il a vainement tenté de croiser le fer avec celui-ci pour s'évertuer à faire subsister une quelconque bonté d'âme, il en reste qu'il a échoué et qu'il n'a pu qu'endurer une lente agonie. C'est cet homme-là, le bien intentionné, qui a souffert de mille maux sous le poids dantesque des tortures et des privations, et c'est lui qui a inexorablement fini par mourir dans l'horreur des bas-fonds de sa prison. Le Heathcliff originel, celui qui a un temps été oublié mais qui a repris avec force sa juste place, s'est quant à lui abreuvé de ces cruautés comme il a pu se repaître de celles-ci toute sa vie durant. Alors si Hilde cherche une trace de l'être aimé dans les yeux du revenant, il serait curieux de ce qu'elle pourrait y déceler – ou plutôt de ce qu'elle pourrait croire y déceler. Mais pour l'heure, la pauvre folle semble déterminée à faire de lui le spectre d'un mari qu'elle s'acharne à vouloir mort. Est-ce donc là toutes les réjouissances auxquelles il aurait droit pour le retour inespéré d'un époux si longtemps captif auprès de sa bien-aimée ? Celle qu'il a pu tant chérir et désirer semble dorénavant avoir le désir féroce de demeurer veuve, alors lui, qui lui a toujours été si dévoué, comment pourrait-il lui refuser son vœu le plus cher ?
- Oui, je suis mort. Seulement ce n'est pas d'une mort physique dont la voix fait l'implacable affirmation, mais d'une mort psychique. Ne peut-elle pas le comprendre par le constat que font ses propres yeux, plutôt que par des mots qu'il se garde de préciser ? Quand bien même cela serait le cas, Heathcliff n'en a cure : il n'abandonne pas un seul instant la proximité qu'il a instauré avec l'éplorée, et fait toujours courir son souffle sur la peau de son précieux visage. Et pourtant regarde-moi, écoute-moi, sens mes mains serrer ton cou. Le suis-je vraiment ? Crois-tu que toi, pauvre folle, puisse parvenir à dessiner l'essence même de mon être avec le seul fruit de tes délires ? Il se rapproche un peu plus encore de son visage, jusqu'au point où leurs nez pourraient par mégarde se frôler, et ce n'est qu'à cet instant qu'il conclut sur ce qu'elle a peut-être déjà enfin compris. Alors non, peut-être bien que je ne suis pas mort. Pas encore. Pas tout à fait. Et si l'ahurie ne cesse de faire trembler les murs branlants par son rire fou, c'est au tour de la hyène de ricaner avec toute la retenu dont elle ne semble pas capable. Peut-être même que la nouvelle bourrasque de vent tempétueuse qui s'est engouffrée dans la chambre a partiellement couvert son ricanement, mais la proie toujours piégée entre ses griffes a pu voir son prédateur se redresser et ses lèvres se tordre sous le poids d'une jubilation perverse, peu de temps après qu'elle lui ait prêté une haine qui abreuverait un désir de vengeance et de meurtre à son égard. Est-ce donc cela, la raison de son retour dans cette demeure ? Sa demeure ?

Sa bien-aimée répond bientôt à l'étreinte autour de son cou par une caresse délicate sur sa joue, et le démon ne la chasse pas aussitôt, il ne cloue pas son poignet au lit avec la poigne de son autre main pour l'empêcher d'entreprendre d'autres contacts à son égard. Que pense-t-elle trouver, là, du bout de ses doigts frêles sur la peau désormais balafrée de sa joue ? La bête semble bien trop galvanisée pour se laisser interrompre par sa caresse, et pourtant le ricanement a aussitôt cessé : un rictus vorace a toujours sa place au coin de ses lèvres, mais sa tête s'est à présent détournée du visage de sa douce pour regarder cette main venue le toucher. Ses yeux s'attardent un instant encore sur ces doigts aussi immaculés que les siens sont mutilés, et si sa main libre vient finalement à la rencontre de la sienne, ce n'est pas pour la faire aussitôt déguerpir, mais pour s'échouer contre celle-ci et s'étendre de tout son long – la pression exercée autour de son cou, elle, n'a toujours pas cédé dans ce même temps.
- Moi, te haïr ? La voix a des accents bien moins pénétrants, alors que son regard se porte toujours sur le contact de leurs deux mains. Mais cette aigreur n'est qu'une perte de temps que je laisse aux plus ignares d'entre vous, pauvres hères. Et ce n'est qu'à cet instant, que son regard retrouve le sien. C'est justement parce que je ne te hais pas que je te suis revenu d'entre les morts, rassures-toi ma douce. Ses doigts semblent alors un bref instant étreindre sa main avant de lentement glisser contre celle-ci et de l'abandonner, car le spectre en revient à se pencher sur le visage de l'éplorée, mais pour lui souffler quelques confidences à l'oreille cette fois-ci. Mais si tu as pensé abattre trop aisément ton mari, si un battement de cils t'a suffit pour te penser veuve, comprends dès à présent l'ampleur de ta méprise car je ne compte aller nulle part et je te hanterais jusqu'à la fin. C'est une promesse : si la mort doit les séparer, c'est elle qui le quittera bien avant que lui ne déserte cette misérable enveloppe corporelle trop étroite pour ses nouvelles ambitions. Quant à la tuer... il caresse également cette idée d'une pensée, mais le diable a là aussi en tête une mort bien plus abstraite : il aurait bien le goût de tuer son esprit, mais pas son corps, et ce n'est pas là une preuve de clémence pour sa chère et tendre, mais d'une cruauté plus prononcée encore. Heathcliff se redresse alors juste assez pour que ses yeux puissent retrouver les siens et savourer ainsi ce qui n'est rien de moins qu'un véritable tête-à-tête. L'époux contemple un instant sa femme et darde son regard, non pas sur l'ascendant qu'il s'octroie sur elle à cet instant, mais sur le visage lui-même de cette épouse. Son épouse. Il n'est pas certain de ce que ses yeux voient exactement face à l'apparente abdication de l'aliénée sous le joug de sa main autour de son cou (que ces parenthèses verbales n'ont pas permis un seul instant d'alléger), mais il n'en a pas encore fini avec elle – d'autant que son intérêt est de nouveau piqué par le spectacle que lui offre sa passivité.
- Est-ce donc là toute la détermination de ton pathétique instinct de survie ? Ne veux-tu pas me supplier de t'épargner, n'as-tu pas le désir de vivre encore ? Ce n'est pourtant pas après ses supplications que le démon court, il ne cherche pas à se délecter de l'expression de son impuissance, lorsque Heathcliff est désormais bien au-delà de telles pulsions misérables et humaines.
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Hilde Wolffhart
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‹ AGE : trente-six ans, age de la sagesse.
‹ STATUT : veuve d'un temps, mariée d'un autre, hilde a été libérée de ses chaînes par merle osanos, espérant à présent le retour de celui qu'elle a toujours aimé.
‹ SANG : ancienne bronze, nouvelle argent, un changement de statut qui l’émeut assez peu.
‹ POUVOIR : bloodbending, une malédiction à ses yeux, elle qui perd la maitrise de l'eau et en même temps une partie d'elle même.
‹ METIER : elle vient de reprendre en main l'entreprise de pêche de sa famille.
‹ ALLEGEANCE : sa famille, seulement elle. ses allégeances politiques ayant toutes été pour le moins désastreuses.
‹ ADIUTOR : talweg sivrak, le disparu.
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptySam 13 Jan 2018 - 0:20






WE'RE ALL OF US HAUNTED AND HAUNTING
heath & hilde



Le leurre est puissant, trop puissant peut-être, mais si l'esprit d'Hilde semble vouloir s'y résigner dans son entièreté, son corps lui frissonne déjà d'un être bien réel. La vérité est parfois plus difficile à discerner quand elle se rit de vous, imposant à la vue son ballet dédaigneux tout en obstruant tout le reste et si Hilde se perd encore dans les méandres de sa folie passagère, la réalité commence doucement, mais sûrement, à la rattraper. Ce ne sont pas ses doigts qui la paralyse, ni sa voix angoissante, ni son regard glaçant, mais c'est ce froid, ce froid enserrant son cou, enserrant sa vie, faisant d'elle l'agneau chétif face au loup vigoureux. Il pourrait la tuer, là, maintenant, il pourrait laisser se déchaîner cette violence qui l'a toujours habité et qu'Hilde, trop naïve, ou trop désespérée avait cru pouvoir faire disparaître. Il pourrait disposer de son corps, de son cadavre, il pourrait se réjouir d'avoir semé la mort et la désolation, plaisir malsain de son esprit malade, trop malade pour être sauvé, ou pas par elle. Plus par elle. Les mots résonnent, s'infiltrent dans sa tête à mesure que les souvenirs de ses derniers instants, ou de ceux qu'elle croyait l'être, s'imposent à elle, mêlés à une confusion et une angoisse qui ne cessent de grandir en elle. Et s'il n'était pas mort ? Et s'il disait vrai ? Elle essaye alors encore de s'en persuader, elle essaye encore de croire que sa vie n'a pas été un mensonge, que cette douleur n'a pas été vaine, que cette culpabilité n'était pas destinée à la mauvaise action. Elle était partie ce jour-là, l'avait-elle donc laissé seul, là-bas ? L'avait-elle condamné à cette torture qu'elle décelait au fond de ses orbites ? Était-elle coupable du pire ? De l'abandon de son mari, de l'être qu'elle avait juré de choyer et de chérir ? Les questions s'entrechoquaient dans son crâne, s'emmêlant sans jamais parvenir à leurs réponses, si tant est qu'elles en aient une. Il n'était pas mort. Il était bien vivant, bien assez en tout cas pour être à ses côtés, en cet instant, faisant pourtant de leurs retrouvailles un spectacle effrayant, bien éloignées de ce que leur supposé amour respectif se devait d'exaucer. Elle l'avait pleuré, attendu, espéré, mais aujourd'hui, le revoir n'était pas un soulagement, ni même une joie. Le revoir ne faisait que déclencher en elle une bourrasque d'émotions et de sensations si contradictoires qu'elle ne savait plus quoi dire ou même penser. Il y avait bien, pourtant, dans l’œil de l'ouragan, des sentiments, un amour véritable, mais cet Heath là, celui qui empoignant sa gorge et caressait ses doigts n'était pas l'homme qu'elle avait aimé, il ne l'était plus et ne l'avait certainement jamais été, faisant exploser au visage d'Hilde cette vie qui n'avait jamais été que désastres. Alors il pouvait bien la tuer, elle n'en avait que faire en cet instant, trop éreintée d'avoir tout perdu, tout, et de le perdre lui, encore une fois. Submergée par cette vague glaçante, Hilde ne répond pas à ses mots, des mots qu'elle ne comprend pas tous, des mots qui semblent ne pas lui être destinés. Elle plisse les yeux, incrédule, incapable de distiller cette haine qu'il lui voue, bien que ses dires essaient de la convaincre du contraire. Elle attend, sans bouger, elle attend le couperet, la fin, l'explication. Elle attend et finalement tout s'éclaire lorsque les menaces susurrées à son oreille complètent ce tableau inachevé. Elle était donc là la vérité, sa vérité, un ramassis de mensonges dont elle n'a alors aucun mal à identifier le fautif, et ce malgré son état second, cette aliénation dérangeante qui la distance de tout ce qu'elle est en réalité. Son rire noirci par la folie se dévoile donc à nouveau, quand ses mains viennent encercler le poignet qui la fait prisonnière des pensées mortifères de son ancien amour, comme une sommation de l'en libérer et de cesser cette mascarade affligeante. - N'as-tu donc pas encore compris que ta famille ne cessera jamais de nous éloigner mon amour ? Elle lui sourit, d'un sourire sardonique, habité, d'un sourire qui n'a jamais été aussi peu sien. - Ma seule méprise est d'avoir cru les dires, d'avoir capitulée face à un retour qui n'arriva jamais, d'avoir cédé à l'idée qu'après des semaines à t'attendre, tu étais mort. Mais ça, bien sûr, ni Ivar, ni Souliman ne pourront te le dire, trop soulagés alors de se débarrasser de toi, et de moi au passage. Pouvait-il alors douter du bien fondé des paroles de ses frères, Hilde en avait une idée tout à fait précise, ayant du supporter pendant des années les remous causés par les Kimora et leur famille néfaste. Heath n'avait jamais rien fait pour s'y faire apprécier et sa perte ne leur avait pas causé le moindre chagrin, personne ne pourrait le nier et lui-même devait bien être incapable de le faire. Tout ça n'était donc qu'un prétexte, une sale manigance pour s'amuser à la torturer, à la provoquer quand Hilde restait en paix avec son passé et ce deuil qu'elle n'avait jamais, jamais feint. Alors s'il voulait jouer, s'il voulait provoquer, Hilde décidait de faire de même, lasse de n'être que la victime de cette farce et désireuse d'enfin y participer. - Demande à Talweg, il te dira la vérité. Il était là, lui. Il était là oui, comme toujours. Il était là pour elle, pour la soulager, pour l'épauler, ce qu'Heath n'aura presque jamais fait. Hilde sait alors que ses mots ne feront qu'attiser sa rage, son dédain, elle sait que de tous, Talweg aura toujours été l'homme à abattre, cet homme que personne ne voulait voir rôder autour d'elle, comme Hagen, et comme Heath. Elle sait qu'il risque d’alourdir encore plus cette pression qui écrase sa trachée alors que ses mots moquent sa condition et son peu de réponse. Voici donc ce qu'il voulait alors, des supplications, des pleurs, des gémissements. A croire qu'il ne l'a jamais connue, qu'il ne l'aura jamais aimée. - Te supplier ? Et elle rit, encore, s'esclaffant dans cette chambre que le froid a désormais totalement habité. - Vivre pour quoi Heath ? Dis moi Heath... Vivre pour quoi ? Sa voix s'étiole et se durcit car cette question, elle finit bien par se la poser. Vivre pour quoi ? Pour ce monde de déraison et de violence, de combats perdus d'avance, de vies brisées ? Elle aimerait alors bien qu'il lui donne la réponse, qu'il lui montre la voie, lui qui a finalement réussi à s'extirper des limbes quand elle semble s'y noyer encore un peu plus chaque jour.
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyMer 17 Jan 2018 - 23:59


Qu'est-ce que le défunt pensait retrouver en retournant auprès de sa veuve éplorée ? Si seulement l'intrus avait pu y accorder une quelconque pensée lorsqu'il s'est introduit dans la demeure avec la complicité de la nuit... mais il est à présent, plus encore, au-dessus de telles considérations. Et puis un revenant d'outre-tombe ne pense pas, il hante seulement. Est-ce qu'Hilde est satisfaite par l'illusion fantasmagorique qu'il impose à son esprit aliéné ? Lui ne doute pas en tout cas que la folle n'a pas manqué l'opportunité de s'abandonner plus que volontiers à la prétendue évolution de son statut marital, ce pour mieux se rapprocher de son gueux de mêlé et se tenir chaud auprès de ce dernier, comme Heathcliff a toujours cru le deviner. Il aurait fallu qu'il ait été aveugle, pour ne pas voir l'évidence. Si auparavant, l'ignare misérable qu'il était devenu par la force de son amnésie avait eu la faiblesse de céder à l'appel de la jalousie, lui caresse plutôt le désir de lui arracher son plus précieux soutien sans qu'une quelconque pitié ne puisse l'entraver. C'est que le démon a toujours la tentation de réduire en lambeaux tout ce qui relève du beau, et il voudrait ravager les cœurs allégés qui ont le malheur de s'aventurer non loin de ses griffes. Mais surtout, surtout, ce qui lui est intolérable est que l'inconsciente ait eu l'audace – ou certainement la bêtise plutôt – de penser trop aisément, trop rapidement, qu'elle était enfin débarrassée de son époux, et qu'elle pourrait ainsi s'affranchir plus encore de toute retenue auprès de son orange. Qu'à cela ne tienne, le vil n'aura alors de cesse que de s'efforcer à priver leur relation si exceptionnelle d'un quelconque répit, tant que sa douce n'aurait pas planté elle-même une dague dans son cou pour s'assurer de sa mort.
Peut-être alors, que le mari éperdu savait finalement, dans une certaine mesure, à quoi s'attendre à son retour, bien que cela n'a toujours que peu de conséquences : il sait quelles intentions sont les siennes, et c'est tout ce qui importe, de répandre ce mal comme une main malintentionnée égrènerait une poignée d'arsenic sur son passage. Tant et si bien que le Kimora ne sourcille toujours pas quand la gorge de l'ahurie tremble une nouvelle fois sous l'étau de sa poigne. Hilde peut bien abandonner son corps et son esprit  à la pulsion irrépressible d'un éclat d'insanité par ces rires qui malmènent sans vergogne le silence de la demeure, l'ahurie ravit bien davantage son attention lorsque ses mains ont l'audace de prendre au piège le poignet duquel tient l'emprise implacable qu'il s'offre sur son cou. Sur sa vie ? Mais sa chère et tendre sait certainement qu'il ne lui ôtera pas la vie, pas ce soir, peut-être même jamais. Heathcliff a l'ambition du fratricide, mais il n'a pas la hâte de se savoir veuf, lui. Mais est-ce que seulement le sort qu'il voudrait lui réserver est plus enviable ?
- T-t-t-t-t. Voici que le cadavre bien portant dodeline de la tête et émet ce clapot verbal caractéristique d'une mère à l'entente des propos saugrenus de sa progéniture. Allons donc, ma douce amie, je vois que ton veuvage n'a rien changé à la faiblesse de ton esprit. N'a-t-elle pas encore compris l'essentiel à retenir de ses prétendues attaches ? Doit-il lui pointer de sa voix cette évidence-là aussi ? Et s'il doit s'y contraindre, il s'octroie la proximité de se pencher à nouveau au-dessus d'elle au passage. Quelle famille, ma chère épouse, quelle famille ? Sa bouche insiste et articule lentement pour espérer lui faire comprendre l'entièreté du sens de ces mots que ses lèvres échappent, car si les noms épouse et famille sont présents côte à côte dans sa rhétorique, leur sens antinomique n'aurait pas pu être plus sous-entendu. Le dernier né de la fratrie a bien compris l'allusion à cette bienveillance fraternelle qui a toujours uni les Kimora, mais qu'il soit question de ses frères, de son fils, ou de sa femme, Heathcliff ne considère pas avoir de famille. Il n'en a plus. Il n'en a jamais eu, et là voilà avertie, si sa présence d'esprit ne l'a pas encore compris. Il se redresse ensuite, et travaille avec grossièreté une moue compatissante sur les traits marqués de son visage. Des semaines à attendre ? Que c'est long oui, infiniment long... Un soupir appuyé prend alors le temps de s'extirper de ses lèvres, quand la pauvre âme s'est effectivement languie si longtemps de son époux disparu... Mais son regard, qui entre temps s'était égaré sur le tapis sous ses pieds, finit par s'extraire de sa prétendue réflexion, pour se planter dans les yeux de l'éplorée – sans que l'ironie ne quitte un seul instant sa bouche pour autant. Voilà ton mari rassuré que tu te sois raccroché à lui plus que quelques misérables jours. Ou devrait-il dire heures ? Son pouce semble en tout cas un instant danser en rond et caresser la peau de son cou sous l'impulsion d'une affection reconnaissante qu'il n'aura jamais et qu'il ne peut que simuler pour mettre en exergue la bêtise de ses justifications. Mais déjà, le facétieux se lasse de son propre jeu : il soulage alors les traits de son visage de quelques éclats rieurs en faisant disparaître la mascarade qui ne se donnait pas même la prétention d'en être une, et renoue de son ton sentencieux. Ta seule méprise, ou ta faiblesse sans fin là encore ? Ne crois-tu pas que c'est bien assez ? Mes frères ont leurs vices, mais qu'en est-il des tiens ? Poupée pathétique, d'une beauté ténébreuse peut-être, mais dont on tire si aisément les ficelles. Si je te disais que tu es ma seule chance de rédemption, tu me croirais aussi ? N'es-tu pas lasse à la longue de croire et de céder ? De capituler ? Ne veux-tu pas t'en soustraire, enfin, et t'élever ? Jouer à conforter d'autres faiblesses que les tiennes ? Et puisque la traitresse ne rougit pas d'évoquer ainsi sa bête galeuse, ses lèvres se retroussent sur cette hostilité qu'elle provoque et attise, quand jusque-là le mort avait pourtant démontré son sang froid. Je me fous de ce que ton chien a à dire. Ce sont à présent les mots qu'il lui crache à la figure, puis à son oreille alors que le démon y gronde avec délectation ses sous-entendus. Je veux lui arracher la langue, à ton cerbère de pacotille. Ne serais-tu pas bien embêtée sans sa langue ?
La mari bafoué tempère cependant aussitôt son emportement lorsqu'il se redresse pour darder une nouvelle fois son attention sur la femme qui rit et se moque avec éclats de son désir de vivre.
- Vivre pour tuer, qu'il répond avec une étonnante retenue lorsque l'évidence se fait entendre par la seule force de son idée. Et si le malintentionné parle à présent ouvertement d'ôter la vie, il ne parle pas nécessairement de la vie humaine, puisque sa poigne choisit cet instant pour desserrer son étreinte affectueuse et se retirer ainsi de la peau de son cou. Plus aucun de ses doigts ou de ses membres n'est encore au contact de sa bien-aimée, quand il laisse le soin à ses mots de la caresser et la pénétrer. Vivre pour tuer l'espoir, la prospérité, la félicité. La vie. Toutes ces faiblesses de l'âme qu'ont le plus grand nombre et qui les font courir à leur perte, inévitable. Vivre pour provoquer l'inéluctable. Vivre pour saborder, pour vaincre et ravager, ma douce. N'est-ce-pas une mélodie à ton oreille aussi ? La plus harmonieuse et cacophonique à la fois, que peut être la mélodie du chaos. Il laisse volontiers les notes de celle-ci danser autour d'eux, lorsque le cadavre quitte le confort de son siège et se dresse sur un équilibre surnaturel tant cette prouesse paraît impossible à la vue de ses membres décharnés. Les deux billes sombres dans ses orbites se posent ensuite à nouveau sur son épouse, et il lui tend une main mutilée pour l'inviter à le rejoindre. Et bientôt, le diable croque la tentation gourmande d'user de son nouveau don à bon escient, toujours, pour mieux espérer ravir le délice de tirer les ficelles de son sang alors que son attention se concentre ainsi sur son buste pour tenter de l'attirer à lui.
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MessageSujet: Re: we're all of us haunted and haunting we're all of us haunted and haunting EmptyJeu 1 Mar 2018 - 23:55

Elle n'avait finalement jamais été sa femme, ni lui son mari. Ils n'avaient été que des lions en cage, des âmes perdues s'attirant l'une et l'autre comme le feraient deux aimants, collées l'une à l'autre sans vraiment en comprendre le mystère jusqu'à ce que l'un change et que l'attraction face place à la répulsion. Elle s'était trompée Hilde, elle s'était perdue dans ses élans altruistes, dans cette envie farouche de quitter le familier pour embrasser l'inconnu, sans jamais prendre conscience des démons l'attendant au tournant. Et c'est ainsi, qu'en une seconde, en un mot, elle avait propulsé sa vie et celles des êtres lui étant le plus chers dans un chaos que même la mort ne pouvait enrayer. Si seulement elle avait compris, Hilde, si seulement elle avait accepté de suivre la raison, la vraie raison, celle qui lui rappelait sans cesse ce toucher délicat, unique, celui des lèvres d'un homme qu'elle avait toujours connu, l'évidence sous ses yeux embrumés que seule la liberté et le danger avaient su séduire. Si seulement elle avait su, tout serait aujourd'hui différent. Il n'y aurait pas eu de résistance et ses combats perdus d'avance, il n'y aurait pas eu cet enfant à qui la vie avait été aussitôt dérobée, il n'y aurait pas eu la mort et le désespoir, la manipulation et le vice, le sang et les larmes. Et peut-être alors, seulement peut-être, qu'en cet instant elle ne serait pas là, le corps grelottant sous les vagues glacées de ce vent hivernal et l'esprit aliéné par les assauts répétés des malheurs en tout genre écumant sa vie tel un océan en plein orage. Les mots d'Heath fusent, agressent, provoquent mais Hilde reste la statue de marbre froide et muette qu'elle est devenue depuis la perte de son élément. Elle n'est plus rien, plus qu'une coquille vide pas même encline à se remplir, se complaisant dans cet état second ne faisant d'elle plus qu'une ombre endolorie, encaissant avec grâce et quiétude les coups lancés par son mari dans une pathétique tentative de la briser encore un peu plus et de se délecter de sa performance. Rien ne le rassasiera, elle le sait à présent, elle le ressent dans ses mots si paisiblement arrachés de ses lèvres gercées, vestiges d'une chaleur lui étant désormais inconnue. Des lettres qu'elle décrypte et malmène dans son crâne, y retrouvant cette faiblesse qu'il lui décrit avant tant d'attention, une faiblesse qu'elle veut bien lui concéder mais certainement pas là où il tente de la placer, certainement pas dans cette attente, la sienne, celle de l'être aimé qui est lui, bel et bien mort. Alors elle grimace Hilde, son visage se tordant d'ennui et de lassitude, fatiguée d'entendre la même rengaine depuis maintenant des minutes qui lui semblent être des heures et torturée à l'idée qu'il n'ait jamais pu lui trouver ne serait-ce qu'une qualité. Était-elle si insipide, si dispensable pour que sa vie ne soit qu'un champ de ruines fumant, croulant sous les malheurs ? La question se voulait entêtante, s'insinuant à présent sous sa peau piquée par le froid et martelant tout ce qu'elle avait pu être, rongeant doucement mais sûrement toutes les fondations de son être. - As-tu jamais ne serait-ce que tolérer quelque chose chez moi Heath ? Rien ne te sied jamais, ni la mort, ni la vie. Je ne crois plus rien à présent car personne ne peut te sauver, tu es mort Heath, et personne ne peut rien contre ça, pas même toi. Alors regardes toi Heath, vaux-tu finalement mieux que moi ? Mieux que cette pathétique personne que tu décris ? Toi qui est à présent sommé de naviguer entre deux mondes, perdu dans les limbes de ta propre existence... Que veux-tu de moi Heath ? Que je devienne ta compagne d'infortune et de malheur ? Je ne suis pas Cassandre et ne le serais jamais Heath... Le coup porté est bas, mais n'est-il finalement pas à sa hauteur, celle de ce bourreau venu hanter ses nuits et bientôt ses jours, aussi, dans ce petit jeu malsain qu'il s'est offert pour sa résurrection. Et si l'homme se croit devenir supérieur, il n'en reste pas moins humain, presque vulnérable, quand le nom de l'interdit est prononcé. Talweg, le chien, un surnom qui fait gronder en Hilde une colère inédite, presque douloureuse tant elle s'applique à la contenir, pour ne pas satisfaire son mari d'une quelconque réaction. Elle reste donc muette, presque inintéressée par ce dialogue pervers qui lui tire même un léger rire tant les mots sont grotesques. - Tu n'as jamais rien compris... lâche-t-elle alors dans un soupir désabusé et plaintif, désireuse pourtant de clôturer ce sujet qui n'a, à ses yeux, aucune place entre eux et encore moins dans la bouche du démon lui faisant face. Un démon qui pourtant bien mort semble avoir de grands espoirs en la vie elle-même, offrant à présent un laïus des plus angoissants à une Hilde qui semble, encore une fois, n'avoir rien compris. Voila donc où résidait leur plus grande différence, une dualité pourtant si frappante, si évidente, celle de la vie et de la mort, de la lumière et de l'ombre, celle d'Hilde et d'Heath, l'un et l'autre de leur côté de la barrière, une barrière qui pourtant semblait aujourd'hui s'effacer au fur et à mesure que l'esprit d'Hilde s'enfonçait dans un brouillard de plus en plus épais. Car si cette mélodie l'effraie, au plus profond de son être, quelque chose d'autre fait également surface, une certaine fascination, une curiosité étrange, celle d'imaginer si ce chemin ne serait pas moins douloureux que celui qu'elle s'est évertuée à suivre pendant des années. Un sourire se dessine alors sur ses lèvres, timide mais bien réel, un sourire nouveau qu'Heath ne manquera certainement pas de relever, elle en est sûre alors qu'enfin son étreinte se desserre et qu'il quitte le bord de ce lit qui fut jadis le sien. Incapable de lui fournir une réponse, Hilde préfère le silence, une absence lourde et tonitruante jurant avec ses positions passées, ses croyances enfouies. Elle doute. Elle doute et s'en veut de lui avoir laisser le pouvoir de le faire, quand en même temps elle ne peut s'empêcher d'envisager ces possibilités, et leurs conséquences. Des pensées qui fusent dans son crâne, déconnectant son esprit de la réalité avant qu'il ne soit finalement rattrapé par une malédiction qu'elle peine à oublier tant son poids est colossale. Lorsqu'elle sent son buste s’élever sous une pression inédite, Hilde comprend très vite qu'Heath a hérité du même mal qu'elle. Un don qui doit pourtant lui être agréable tant le sang est pour lui, aussi vitale que l'eau l'était pour Hilde, et le reste du commun des mortels. Elle aurait pu résister, elle aurait pu lui faire le plaisir de se battre mais là encore, Hilde reste de marbre, le laissant exercer son pouvoir morbide sur son corps devenu simple marionnette. Son buste se relève, doucement, jusqu'à ce que son corps jusque là allongé ne se retrouve assis sur ce lit glacé. Une couche qu'elle finit par quitter, dévoilant ses jambes nues et déposant ses pieds sur le sol, alors libéré de l'emprise d'Heah, désireuse de se retrouver face à lui, sans vraiment en comprendre les raisons. - J'imagine que cette petite nouveauté t'a réjoui au plus haut point, n'est-ce pas ? Un don qui lui va à ravir, à lui, devenant cependant la pire des infamies pour Hilde qui aurait pu tout accepter, sauf ça. Mais alors si Heath a eu ce qu'il était, si devenir un mutant n'avait été pour lui qu'un juste retour des choses, cela signifiait-il qu'Hilde également, malgré toutes ses certitudes, n'était finalement voué qu'au même destin, celui du chaos ? Le doute grandit, encore un peu plus, et soudainement l'envie lui vient elle aussi de jouer avec ce pouvoir qu'elle n'a alors que peu pratiqué, s'emparant de la main décharné de son mari qu'elle rapproche d'elle, avec hésitation, la forçant à venir effleurer sa joue juste avant qu'elle ne retombe, s'échouant dans le vide, reprenant place là où Heath doit probablement la croire bien mieux placée. - A ce jeu là Heath, nous pourrions jouer pendant des heures... Mais malheureusement, à ce jeu là, il est fort probable qu'Heath la surpassera.
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