But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me,
the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
it's sad but it's true
I'm way to good at goodbyes

Il percevait son combat. Elle se faisait violence pour retenir les larmes qui ne demandaient qu’à perler sur ses joues. Une nouvelle lutte. Comme lui, elle était constamment dans la lutte, dans le combat. En cela, il s’était toujours retrouvé en elle. Comme lui, elle était en permanence aux prises avec ses émotions. Ainsi, auprès d’elle, il avait toujours eut le sentiment d’être moins seul. Même s’ils ne livraient pas toujours les mêmes batailles, il y avait quelque chose de farouchement réconfortant dans cette proximité à laquelle il leur avait trop souvent fallu renoncer. Et, à nouveau, Rhaegar allait devoir s’arracher à ce sentiment, s’arracher à elle. Il le savait et ça le rongeait. Pourraient-ils un jour être ensemble ? Il n’en savait foutrement rien et il ne cherchait même pas à savoir. Il n’essayait même pas de se projeter dans la future car la réalité était beaucoup trop torve. L’espoir était un sentiment à la fois merveilleux et foncièrement dangereux et Rhaegar s’en méfiait plus que jamais. Il ne voulait pas poursuivre de chimères. Il ne voulait pas se réconforter avec une idée, une promesse silencieuse dont il ignorait parfaitement s’il allait être capable de la tenir. Aussi terrifiant que cela puisse être il n’avait jamais eut véritablement de prise sur son destin. Et c’était tellement ironique. Il avait passé toute son enfance et son adolescence a essayé de se convaincre qu’il était capable de tout contrôler. Contrôler sa propre existence. Contrôler ce qu’il ressentait. L’arrivée de Lula dans sa vie avait fait volé son univers éclat car il avait tout compris ce jour-là. Il avait pris brusquement conscience qu’il avait été bercé de mensonges toute sa vie et sa propre vulnérabilité lui avait coupé le souffle. Et voilà sa vie se dérobait sous ses doigts. Sa propre existence ne lui avait jamais parue aussi fragile. Et quand bien même il s’acharnait encore à le dissimuler, il lui fallait admettre qu’il était terrifié. Terrifié par le caractère brutalement incertain de son avenir, mais pas que. Si seulement il n’y avait eut que lui… Si seulement il n’y avait pas sa famille, Eurus, Braam et Lula. Si seulement. Mais elle était là et elle lui faisait face et elle était simplement parfaite. Parfaite dans sa sublime imperfection. Tellement que ça en frôlait l’indécence. Il voulait être là pour elle. Il voulait rester avec elle. Plus que tout. La simple idée de passer à nouveau les portes de la taverne sans elle lui brisait véritablement le cœur. Mais il n’avait pas le luxe de faire ce qu’il voulait. Pas quand son père était en danger. « Merci. » Elle laissa quelques larmes couler et Rhaegar dut se faire violence pour ne pas tendre la main et les écraser doucement avec ses doigts. A la place, il se contenta d'acquiescer légèrement de la tête, un doux sourire suspendu sur ses lèvres. De rien. « C’est juste que perdre notre lien nous a énormément affecté, mais on s’en ai remis parce qu’on était là pour s’épauler et le vide laissé par le virus a fini par être comblé. Par contre, le perdre réellement a laissé un vide encore plus grand. » Les pensées de Rhaegar dévièrent vers son propre adiutor. Cela faisait des semaines qu'il n'avait pas pris le temps de penser à Livia. Ils n'étaient pas proches tant et si bien que Rhaegar ne pouvait pas vraiment dire que leur lien rompu l'avait perturbé. S'il vivait désormais bel et bien avec le sentiment d'avoir été dépossédé d'un bout de lui-même, ce manque demeurait parfaitement vivable, largement plus que celui qu'il ressentait à l'égard de ses proches. S'il ne pouvait donc guère particulièrement bien comprendre la peine née de ce lien coupé, il pouvait en revanche parfaitement envisager la douleur provoquée par une telle perte. « Tu ne seras pas triste pour toujours. Le vide sera toujours là, il ne disparaîtra pas, mais le temps finira par alléger ta peine. Peu à peu, ça cessera de faire aussi mal. » Du moins, il l'espérait. Le malaise de Lula était palpable. Elle était presque honteuse de s'être ainsi laissée aller et là encore, il ne le comprenait que trop bien. Il ne pu s'empêcher de penser qu'elle était adorable. Si forte, si brave. « Ca m’a fait du bien de te dire ça. » Elle lui serra un peu plus la main et il lui adressa un sourire plus marqué en guise de réponse. « J'en suis ravi » lui répondit-il doucement. Comme il l'aimait et comme il avait envie d'elle. « Tu comptes repartir dès ce soir ? » L'espoir perçait dans sa voix. C'était une invitation. Une demande muette. Ne pars pas. Et il ne voulait rien d'autre que de céder à cette supplique. Il voulait tellement rester auprès d'elle que ça en était tout bonnement douloureux. Mais il ne pouvait pas. Passer cette nuit auprès d'elle, repu par sa simple présence à ses côtés... S'il cédait à ce désir viscéral, il craignait fortement de ne plus jamais être capable de partir. Il ne pouvait tout simplement pas. Il planta son regard dans le sien et la tristesse qui se lisait dans ses yeux était largement indicative de la réponse qu'il s'apprêtait à donner. « Je t'aime. » Lâcha-t'il dans un souffle, dans une impulsion. Et il se délecta du goût de ses mots sur ses lèvres. Une vérité qui l'avait autrefois terrifié. Une vérité qu'il chérissait désormais. Il serrait toujours sa main, sé délectant du contact de leurs deux peaux. Un contact qu'il avait devoir rompre, trop tôt. C'était toujours trop tôt. « Je t'aime tellement. De toute mon âme, avec tout ce que j'ai. Il n'y a pas un seul atome en moi qui ne soit pas entièrement et irrémédiablement amoureux de toi. » Il parlait d'une voix sûre, gonflée d'assurance. Aucun doute. Aucune incertitude. Il n'avait jamais été plus convaincu de ce qu'il éprouvait pour elle qu'en cet instant. Et ça rendait ce qu'il lui restait à dire encore plus difficile. « Je n'ai aucune envie de te quitter, mais il le faut. » Et il aurait tellement aimé qu'il en soit autrement. Il aurait tellement aimé ne pas avoir à partir, mais il le fallait. S'il ne le faisait pas, il allait être incapable de se regarder en face. « Il faut que je parte à la recherche de mon père. Je sais que tu comprends. » Forcément. Il ne doutait pas qu'elle serait elle aussi partie au secours de sa soeur ou de son frère dans un battement de coeur. C'était l'une des très nombreuses choses qu'il trouvait particulièrement séduisant chez elle.« Quand je l'aurais retrouvé, je reviendrais vers toi. Pour de bon cette fois-ci. Je te le promets. » Sur ces mots, il se leva et la rejoignit. Se penchant vers elle, il pris son visage entre ses deux mains et pressa ses lèvres contre les siennes. Ce baiser, il le fit durer et il s'appliqua à mettre dedans toute la brutalité de ses émotions. Le bonheur qu'il avait éprouvé en la retrouvant aujourd'hui, saine et sauve, l'amour dévorant, foudroyant, qu'il ne réserverait jamais qu'à elle et la tristesse mordante qu'il ressentait à l'idée de partir à nouveau loin d'elle. Enfin, il mit dans cette embrassade passionnée sa certitude implacable. Qu'il l'aimait et qu'il la retrouverait même si l'univers tout entier semblait s'évertuer implacablement à vouloir les séparer. Et puis, à regret, il détacha ses lèvres des siennes. Il resta un moment immobile, son visage à quelques centimètres du sien. Les deux regards azurs se scrutaient l'un l'autre alors que le temps demeurait brièvement comme suspendu. Un sourire douloureux cornant ses lèvres, Rhaegar caressa doucement sa joue, écrasant une dernière larme coriace de sa paume avant de laisser retomber ses bras le long de son corps. Et puis, sans un mot de plus il fit volte face. Il déploya de gros efforts pour ne pas regarder en arrière alors qu'il traversait l'auberge. Arrivé à l'entrée de cette dernière, il rajusta sa capuche et il disparu à l'extérieur, le coeur fragmenté. Une larme solitaire lui échappa alors qu'il disparaissait à nouveau pour une destination dont lui-même ignorait tout.

fin du rp.