But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me,
the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
it's sad but it's true
I'm way to good at goodbyes

Le cœur de Rhaegar battait à vive allure dans sa poitrine alors qu’il progressait dans les ruelles d’Azurite, la tête légèrement baissée, soustrayant à la vue des uns et des autres son regard bleuté, présentant à la place au monde sa tignasse foncée. Il tremblait, l’enfant du feu. Tout son être était agité de soubresauts qu’il tâchait vaguement de contrôler. Il ne s’était jamais senti aussi effroyablement perdu. Il ne se reconnaissait plus. Il en était rendu à un point où il avait définitivement perdu pied avec le garçon qu’il avait pu être par le passé. Il était allé trop loin. Aucun retour en arrière n’était plus permis. Il avait quitté le manoir familial tout en sachant qu’il ne pourrait plus revenir. Qu’il partait mais ne rentrerait pas. C’était une enfance et une adolescence méticuleusement ordonnées qu’il avait laissées derrière lui. Le souvenir d’une existence parfaitement régie, rassurante. Il avait tourné le dos au familier au côté de sa sœur. Et il s’était convaincu qu’il serait heureux ainsi, Rhaegar. Il avait voulu le croire. Croire que tant qu’il restait auprès d’Eurus, il finirait par retrouver un certain équilibre. Mais Eurus, le malheureux pilier de son existence, n’était plus. A son tour, elle était partie et Rhaegar n’avait pas pu s’empêcher d’y voir la trahison de trop. La goutte qui avait fait déborder un vase d’ores et déjà bien trop rempli. Rhaegar était épuisé. Epuisé et fou de rage. Fou de colère, fou de chagrin. Encore à présent, il peinait à comprendre comment il avait pu en arriver là. Il ne pouvait s’empêcher de penser que sa vie n’aurait pas dut être ainsi. Que sa place était ailleurs. Qu’il avait tout gâché. Et c’était le cas. Il était parvenu à tout foutre en l’air. Toute sa vie avait volé en éclats.
Le poids d’une culpabilité qu’il ne parvenait pas à étouffer. Il avait commis trop d’erreurs et elles avaient eut de bien lourdes conséquences. Son existence était sans dessus dessous à présent et Rhaegar doutait de son habileté à y réinstaurer un semblant d’ordre. Il ne pouvait défaire ce qui avait été fait, seulement s’en accommoder. Il lui fallait aviser à présent et c’était ce qu’il s’était employé à faire en quittant l’armée de Saeko. Il était parti seul, sans un regard derrière lui. Sans un regard vers Eurus. Il n’avait pas voulu lui parler, de crainte de ne plus trouver la force pour faire ce qui devait être fait. Il devait retrouver son père. Il le fallait. Eurus n’en avait de toute évidence rien à faire. A croire que la vie de leur paternel n’avait aucune importance quelconque à ses yeux. A croire que cela ne la touchait même pas. Bien sûr, elle avait toujours eut une relation difficile avec lui, Rhaegar était bien placé pour le savoir. Mais malgré tout, Keith restait son père, leur père. Il ne méritait pas d’être abandonné. On n’abandonne pas sa famille. Pas Rhaegar du moins. Il était peut-être un traître tout désigné aux yeux de tout le monde, mais il ne le serait pas à l’égard de son propre sang. C’était là une frontière qu’il ne traverserait jamais. Alors il allait retrouver son père, en espérant qu’il soit encore en vie. Rhaegar ne s’autorisait pas à penser à la mort possible de son patriarche. Cette perspective… C’était plus qu’il ne pouvait en supporter. Non. Il allait retrouver son père. Même s’il devait mourir dans la mêlée. Même s’il devait ne plus jamais revoir Eurus, ou Braam, ou Lula. Lula. Elle était la raison pleine et entière de la présence actuelle de Rhaegar à Azurite. S’il était venu ici, c’était pour elle.
Elle n’avait pas répondu à sa missive, ce dont Rhaegar ne s’était pas étonné. Compte tenu de leur dernière rencontre, il ne pouvait décemment pas lui reprocher ce silence un brin inquiétant. Comme pour son père, Rhaegar ne pouvait qu’espérer que les informations qu’il avait reçues étaient bonnes. Que Lula était en sécurité et en vie. Et tant pis si elle ne se montrait pas aujourd’hui. Tant pis si elle décidait de le punir pour ce qui lui avait fait subir en brillant par son absence. Il pourrait se satisfaire de la savoir saine et sauve. Même s’il avait envie de la voir. Ses envies ne comptaient plus, plus vraiment. Seul comptait son devoir envers les siens. C’était là sa façon de s’amender pour son égoïsme passé. Sa façon hasardeuse d’alléger le poids de la culpabilité qui l’écrasait. Car il ne pouvait s’empêcher de se reprocher la situation actuelle. Il n’avait de cesse de penser à son père, à la dernière fois qu’il l’avait vu. Keith lui avait semblé vieilli alors. Epuisé par la vie. Epuisé par la trahison répétée de ses deux fils. Le cœur de Rhaegar se comprima un peu plus dans sa poitrine alors qu’il atteignait la ruelle qu’il avait indiquée à Lula. Il alla s’appuyer contre un mur en jetant des regards à droite à gauche, la capuche de son vêtement rabattu sur ses boucles brunes. Il ne discernait Lula nulle part. Pas encore se serina-t-il même s’il doutait plus en plus de la présence potentielle de la jeune femme. Elle ne voudra pas te voir. Et comment le lui reprocher ?

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And every time you leave me,
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And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
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Il ne s’attendait pas vraiment à la voir. Pas compte tenu de ce qu’il s’était passé la dernière fois. Ce moment passé dans les souterrains, à l’abris des regards ourlés de traitrise des uns et des autres, lui semblait à la fois diablement proche et lointain. Il en avait gardé un souvenir pour le moins précis. Beaucoup de choses s’étaient passées depuis et pourtant, il suffisait à Rhaegar de fermer un instant les yeux pour remonter les temps. Les mots qu’il avait prononcés ce soir-là écorchaient encore amèrement ses lèvres sèches. Il avait été ignoble. Il l’avait fait souffrir, alors même qu’elle comptait parmi les rares personnes qu’il ne voudrait voir être blessées pour rien au monde. Il aimait Lula, aussi inconfortable que cela puisse être et pourtant il lui avait brisé le cœur sans broncher. La dernière fois qu’il lui avait vu, elle lui avait jeté un regard qu’il n’avait pas pu oublier. Ce regard n’avait de cesse de le hanter depuis. Le sommeil le fuyait, chassé par la vision déchirante que constituaient les grands yeux bleus de Lula. « Rhaegar ? » Il releva avec brusquerie la tête et la découvrit à son côté. Il en eut le souffle coupé, comme toujours lorsqu’il se laissait aller à poser les yeux sur elle. Lula avait un effet dangereux sur lui. Il se sentait capable de tout plaquer pour la seconde pour elle et d’ailleurs il l’avait fait par le passé. Et c’était dangereux. Elle était dangereuse pour lui. Toute cette histoire avait commencé car il avait été incapable de l’abandonner lors du mariage impérial. Il s’était exposé ce jour-là et cela avait été le début de la fin pour eux deux. Une existence entière ébranlée en une poignée de secondes. Mais cet instant quoique décisif n’était pas celui qui avait défiguré le quotidien savamment ordonné de Rhaegar. Avec le recul, il était aujourd’hui capable de réaliser que tout avait été remis en cause à la seconde où Lula s’était plantée devant lui,  à la fois ravissante et féroce dans son genre irrésistible bien à elle. L’instant où leurs regards s’étaient croisés était aussi celui à partir duquel tout avait commencé à aller de travers. A moins que ce ne soit l’inverse. A moins que, loin de troubler en mal son quotidien, Lula ait apporté à son existence tout le sens qui lui avait jusqu’alors cruellement manqué.
Rhaegar demeura un moment immobile, comme stupéfié par l’apparition de Lula. Il était pourtant celui qui avait fixé ce rendez-vous, mais il réalisait à présent qu’il n’avait jamais sérieusement envisagé qu’elle puisse répondre positivement. A chaque fois qu’il avait pensé à ce moment depuis qu’il lui avait fait parvenir sa lettre, il s’était imaginé seul, silhouette triste et constituée intégralement d’ombres. Il s’était figuré qu’il patienterait une poignée de minutes, le cœur laborieusement perché au bord de ses lèvres, avant de reprendre un chemin quelconque en espérant que ce dernier finirait par le mener jusqu’à son père. Mais Lula était là. Elle était là et il s’en trouvait brusquement désarçonné. Presque timide,  il adressa à la jeune femme un léger signe de tête. Il ne savait pas quoi faire et il ne savait pas davantage quoi dire. Les mots lui manquaient douloureusement. Son semblant d’assurance était calciné, cendres amoncelées à ses pieds bottés. Ne restait qu’un homme au cœur lacéré, un gamin paumé. « Tu es venue. » Lâcha-t-il sottement, enfonçant une porte d’ores et déjà ouverte.

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Baby, we don't stand a chance,
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I'm way to good at goodbyes

En dépit du soulagement que lui apportait la vision rassurante d'une Lula saine et sauve, la simple vue du regard familier à Lula suffisait à Rhaegar pour étouffer à nouveau sous une pluie de doutes en tout genre. Maintenant qu'il était auprès d'elle, il ne pouvait s'empêcher de songer qu'il avait commis une erreur en lui fixant ce rendez-vous. Aussi infiniment douloureuse qu'est puisse être leur dernière rencontre, Rhaegar n'avait jamais vraiment regretté ce qu'il avait fait lorsqu'il avait brutalement repoussé Lula. Cela avait été horrible mais cela semblait aussi tout bêtement nécessaire. Il avait rompu avec elle car leur relation était vouée à l'échec. En prenant l'initiative d'une rupture nette et brutale, Rhaegar avait sincèrement essayé de faire ce qu'il fallait. Il avait pris sur lui en repoussant fermement la fille qu'il aimait alors même que la simple idée de la blesser le rendait malade. Il s'était montré fort en cassant avec elle et maintenant il était en train de gâcher tout ça. Peut-être que cela aurait été plus simple finalement, si Lula n'était pas venue. Si elle le détestait suffisamment pour ne pas lui accorder cette rencontre aussi précieuse que dangereuse. Rhaegar avait pourtant tout fait pour attiser sa haine. Il s'était montré odieux, se comportant comme une véritable enflure avec elle. Elle devrait le haïr à l'heure actuelle, mais en dépit des efforts qu'elle déployait pour conserver une expression froidement neutre, Rhaegar ne lisait rien de tel dans ses yeux.
Il ne retrouvait pas dans son regard bleu lagon la colère arrosée de peine brutale qu'il y avait lu la dernière fois qu'elle lui avait face, juste avant de disparaître dans l'obscurité étouffante des souterrains. Elle semblait triste et engluée dans un combat intérieur qui exigeait d'elle un peu plus de force qu'elle n'en avait à sa disposition. Elle semblait malheureuse et il était le fautif de ce malheur. « Oui. » En dépit de ses efforts évidents, elle ne parvenait pas à le berner, pas vraiment. Elle n'était pas une si bonne menteuse que ça, pas avec lui. Rhaegar aurait aimé qu'elle soit meilleure à ce jeu. Cela aurait très certainement facilité les choses.  « Pour quelles raisons souhaitais-tu me voir ? » Et effectivement, elle semblait véritablement perplexe, ce qui était on ne peut plus compréhensible compte tenu de leurs derniers mots échangés. Rhaegar était incohérent dans ses propos et dans ses actions. Son attitude était brouillonne et contradictoire alors qu'il était aux prises avec son propre combat intérieur. Un conflit épuisant qui lui était familier depuis que ses sentiments pour Lula avaient éclos, retournant tout sur leur passage. Rhaegar n'avait pas bougé d'un centimètre, conservant une distance plus prudente. Il ne lâchait pas Lula du regard néanmoins, comme de peur qu'elle s'évanouisse d'un instant à l'autre sous ses yeux, le laissant seul à nouveau. Il se mordillait lèvre, anxieux, toute assurance envolée. Lorsqu'il ouvrit la bouche, ce fut pour se résoudre à énoncer la vérité dans sa forme la plus pure. Il n'avait plus le temps de mentir. « Car j'en avais besoin. » Et cette réponse, c'était à la fois trop et pas assez. C'était ce qu'il ressentait pourtant. Un besoin franchement viscéral de se tenir auprès d'elle une nouvelle fois. Un véritable cri du cœur que tous les efforts du monde se voyaient incapables de refréner. Et ce n'était pas faute d'essayer. Toute l'énergie employée pour endiguer ses sentiments était veine,ce qui n'avait jamais dissuadé Rhaegar d'essayer. Têtu comme un âne, il luttait désespérément contre une force qui le dépassait très largement. « Je voulais m'assurer que tu allais bien. » Car il se sentait incapable de partir à la recherche de son père sans s'en être auparavant assuré. Où que sa quête le mène, il ne pourrait pas se permettre d'être distrait par la pensée de Lula. « Je ne savais pas où te trouver. C'est ton frère qui m'a dirigé jusqu'ici. » Il avait visiblement réussi à faire vibrer une corde sensible chez Hyppolite Osanos, suffisamment pour qu'il concède  à lui indiquer la position de son aînée.  « Ne lui en veux pas pour ça, je l'ai un peu harcelé. » Et il exagérait à peine. Heureusement pour lui, le petit frère de Lula était de toute évidence un romantique. En y repensant, Rhaegar s'estimait chanceux que le cadet Osanos ne l'ai pas envoyé paître. Sans doute ignorait-il tout de la vie sentimentale écorchée de sa soeur.

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I'm way to good at goodbyes

« Arrêtes. » Un ordre à demi prononcé. Une requête à laquelle il aimerait se plier, sans y parvenir cependant. Les mots s’entassaient à la commissure de ses lèvres et il ne pouvait que les prononcer. Il ne pouvait pas se taire même si chaque parole avait un goût amer. Il ne pouvait pas céder à sa demande, même si c’était égoïste. Il ne pouvait s’empêcher de continuer à parler car il en avait besoin alors qu’elle souffrait. Comme il pouvait être odieux. Et il se détestait pour ça. Il se détestait de la faire souffrir, sans pouvoir s’en empêcher néanmoins. Il alignait les mots alors même que tout dans l’attitude de Lula l’intimait au silence. Elle semblait au supplice rien qu’à le regarder et Rhaegar songea qu’elle devait déjà regretter d’être venue. Car il n’était bon qu’à la malmener. Il l’aimait de tout son cœur et pourtant il la détruisait peu à peu. C’était tout simplement toxique. Lorsqu’il se résolut enfin à fermer la bouche, Rhaegar jeta un regard en coin à Lula. Il peinait à la regarder dans les yeux et il maudissait cette lâcheté. Il aurait voulu assumer pleinement ses actes, mais il n’était pas sûr de pouvoir supporter de croiser son regard là tout de suite. Il avait trop peur de ce qu’il pourrait bien y voir. Et il avait raison de craindre ainsi de se confronter à elle. Car Lula était épuisée. Epuisée et en colère. Des émotions voraces, sanglées au plus profond d’elle et qui ne demandaient qu’à éclater vivement. Elle avait trop souffert. Durant trop longtemps. Elle avait souffert pour lui. Elle avait souffert à cause de lui. Et il n’avait pas été à la hauteur de ses sacrifices. Il l’avait repoussé, fermement, froidement. Et peu importe qu’il ait eut l’intention de la protéger ainsi. Il n’avait fait que la blesser un peu, enfonçant avec violence une lame dans son palpitant sanguinolent. « Tu te fiches de moi, c’est ça ? » Le ton éclate entre eux et Rhaegar s’immobilise un peu plus, figé par ses mots, figé par sa peine. Il baisse les yeux, comme un gosse mis devant une erreur commise. Il est loin le soldat. Il n’a même pas l’air d’un homme. Il a l’air d’un crétin et c’est ce qu’il. Et il n’a pas fini de l’être, en plus. T’aurais pas dut revenir qu’il se murmure mentalement, le cœur au bord des lèvres. Il a fait preuve de faiblesse en fixant ce rendez-vous et il se le reproche avec véhémence maintenant qu’il est trop tard pour ne serait-ce que songer à reculer. Il l’avait fait souffrir en la rejetant hors de sa vie et voilà qu’il se représentait à elle. Il n’avait même pas la décence de la laisser tranquille pour cicatriser. Salaud. Lorsque Lula se poste devant lui, le forçant à se confronter à son regard, il lui faut déployer de gros efforts pour ne pas flancher. Il assemble les pans lacérés de bravoure qui s’entremêlent encore sous sa chair éprouvée et il plonge ses yeux azurs dans les siens. Et si un regard pouvait tuer, Rhaegar il serait déjà mort et enterré. Les éclairs s’accumulent dans les iris bleutés, faisant écho à ceux qui courent sur la peau du mutant enflammé. Il serre les poings, non de colère, mais dans une tentative désespérée de contrôle. Les émotions se bousculent en lui, elles l’ensevelissent. La proximité de Lula le rend fou. Fou de désir, fou de douleur et fou de rage contre lui-même. Les émotions se déchainent, bouillonnantes, virulentes. « C’était avant qu’il fallait s’inquiéter pour moi, Rhaegar. » Il se mordait la lèvre, si fort que le goût âpre et douloureusement familier du sang ne tarda pas à se répandre sur sa langue. « Mais tu tiens vraiment à avoir une réponse n’est-ce pas ? » Et oui, il y tenait. Même si ce n’était pas juste. Même s’il avait perdu le droit de savoir ce genre de choses il y a des semaines. « Non, je ne vais pas bien. Comment le pourrais-je ? Diana a disparu des radars, Hyppolite est resté avec Merle et… » Elle s’arrête brutalement et Rhaegar demeure suspendu à ses lèvres. Il la couvre de son regard, une peine sans nom tordant ses traits. La douleur de Lula est palpable. Il la sent presque sous ses doigts. Et il aimerait pouvoir l’accaparer. Il aimerait pouvoir lui prendre toute cette peine car elle ne mérite pas ça. « Et moi, je la cherche, encore et toujours. » Rhaegar l’observe en silence, il s’imprègne de ses paroles et s’efforce de les interpréter correctement. Il tâche encore de mettre de l’ordre dans les brides de confessions quand brusquement, c’en est trop. Trop de colère, trop d’émotions voraces et voilà que Lula éclate soudain en sanglot. Et Rhaegar n’est pas prêt pour ça. Il ne le sera jamais. Il n’est pas sensible, l’enfant des flammes. Il a le goût du sang sur les lèvres. Il a la guerre dans les veines. Il a vu la mort. Il s’en est fait l’arme vengeresse. Il connaît la peine, il connaît la douleur, violente et sanguinaire. Mais rien ne l’a préparé au spectacle qui s’offre désormais à lui. Lula, au bord du gouffre, les larmes coulant rageusement sur ses joues. Des larmes trop longtemps retenues, des sanglots encore fièrement étouffés. Elle ne le regarde plus. Elle baisse la tête, pudique, complexée par sa faiblesse apparente. Il la comprend. Il est pareil. Trop fier pour son propre bien. Rhaegar est un spectateur silencieux. Il brule de l’étreindre, d’envelopper ses bras musclés et endoloris autour de son corps qui lui paraît soudain si frêle. Il a envie de la hisser sans mal contre son torse et de l’emmener loin. Loin de tout et de tout le monde. Loin de cette douleur qui la ravage peu à peu. Mais il ne peut pas. Plus maintenant. Alors il reste immobile, rongé par sa propre impuissance. Les larmes coulent, les larmes de la femme qu'il aime et il est bien incapable de l'aider à les sécher. « Lula... » Qu'il parvient tout juste à murmurer, sur un ton presque suppliant. Et son prénom a une drôle de saveur sur ses lèvres. Sa sonorité semble à la fois infiniment familière et follement étrangère. Des semaines se sont écoulées, des semaines sans qu'il ne s'autoriser à prononcer le nom de la fille qu'il devrait oublié mais qu'il ne peut s'empêcher d'aimer viscéralement. Il ne sait pas quoi dire ou faire. Il n'ose pas l'approcher de peur qu'elle ne le repousse. Elle ne veut pas que tu la touches.Il semble plus sage de garder des distances, aussi infiniment pénible que cela puisse être. Il voulait juste trouver les mots pour faire que ses larmes cessent car la voir ainsi craquer lui était très douloureux. « Je suis désolé. » Non pas que cela puisse arranger quoi que ce soit de formuler ainsi des excuses, mais c'était tout ce qu'il avait alors. « Je t'ai fais de la peine. Je t'ai abandonnée et tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Je n'aurais pas dut te proposer cette rencontre, ce n'est pas juste envers toi. » Sa voix était légèrement chevrotante et il sentait son propre regard devenir humide alors que les larmes persistaient à perler sur les joues de Lula. N'y tenant plus, il fit un pas en avant,à l'agonie. « Parles moi, Lula. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Tu veux que je m'en aille ? Je le ferais. »

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I'm way to good at goodbyes

Alors que les larmes perlaient sur les joues de Lula, Rhaegar s'injuriait mentalement sans interruption. Il n'était décemment bon qu'à la blesser. Même quand il essayait de bien faire, même quand il prenait de lourdes décisions avec pour principale motivation de la préserver, il finissait malgré tout par lui faire de la peine. Il avait cru la libérer lorsqu'il l'avait froidement plaquée des semaines plus tôt, dans les souterrains lugubres qui avaient été le théâtre de leur dernière et éprouvante rencontre. Même après avoir été le témoin de toute la peine et la colère qu'elle avait ressentie ce jour-là, il s'était seriné qu'elle finirait par comprendre pourquoi il avait agit ainsi. Il avait voulu leur accorder une rupture propre. Une douleur vive qui aurait fini par s'émousser, les libérant du chaos d'une relation qui n'avait de cesse de se révéler impossible. Oui, lors de cette odieuse conversation, Rhaegar avait véritablement eut le sentiment d'agir comme il le fallait pour une fois. Et voilà qu'il gâchait tout en revenant vers elle. Il n'était pas fort. Il était faible, infiniment faible lorsqu'on en arrivait à elle. Cela allait finir par avoir sa peau. Elle allait finir par avoir sa peau. Rhaegar avait pleinement conscience de son égoïsme. Il n'avait pensé qu'à lui en lui faisant parvenir cette missive. Tout ça car il ne supportait pas de partir à la recherche de son père sans l'avoir revue encore une fois. Il n'avait pas supporté l'idée que la dernière fois qu'il l'ait vu demeure lors de cet exécrable rencontre secrète dans les souterrains et cela car il avait un sale pressentiment. S'il était bien décidé à partir à la recherche de son père, il était habité par le sentiment qu'il avait trop attendu et qu'il allait payer cela. Il avait le sentiment de marcher droit vers la mort. Mais son égoïsme lui trouait le cœur alors qu'il voyait Lula sangloter devant lui. Il pensait ce qu'il venait de lui dire. Un seul mot de sa part et il partirait loin d'elle, comme il aurait dut le faire il y a longtemps. A peine avait-il fermé la bouche que Lula tourna vivement la tête vers lui comme s'il venait de tenir des propos d'une sottise inimaginable. Rhaegar était perdu à présent, encore plus qu'il ne l'était d'ores et déjà quelques minutes plus tôt ce qui n'était définitivement pas peu dire. Il ne savait pas ce que Lula voulait. Sans doute avait-il perdu le droit de savoir ce genre de choses, mais il avait besoin qu'elle lui dise ce qu'elle attendait de lui. Et si elle ne voulait plus jamais le revoir, il devait l'entendre de sa bouche. Ils restèrent un instant à se dévisager. Rhaegar tâchait de lire en elle, sans y parvenir. Plus que tout, il craignait de commettre un impair, une maladresse qui aggraverait encore un peu plus les choses. Au bout d'un laps de temps qui lui paru franchement interminable, il esquissa un pas hésitant dans sa direction tout en l'interrogeant du regard. Il ne s'attendait à rien en particulier mais Lula le pris de surprise en rompant brusquement la distance entre eux. Elle le serra très fort contre lui et, une fois sa stupéfaction émoussée, il lui rendit son étreinte, enroulant un bras protecteur autour de sa taille. « Non, ne pars pas. » A tes ordres. Pour toute réponse, il la serra nettement plus fort. Que c'était bon d'être ainsi près d'elle, même le temps d'un instant toujours trop court. Il ne voulait pas la lâcher et il sentait qu'elle non plus. Elle s'accrochait fermement à lui, le serrant toujours plus fort. « Tu ne peux rien faire. Diana est partie, ce n’est pas ta faute. » Il voulait la rassurer. Lui dire que sa soeur l'aimait, car comment pourrait-on ne pas l'aimer elle ? Lui dire que Diana reviendrait pour elle, mais il ne connaissait pas cette fille et il aurait trouvé cruel de formuler des promesses qui ne reposaient sur rien d'autres que de simples spéculations. Alors il se tut, à défaut de pouvoir prononcer les mots qu'elle aurait voulu entendre. Et cela lui coutait vraiment de garder ainsi ses lèvres scellées. Lorsqu'elle recula à regret, il la laissa faire, laissant retomber son bras le long de son corps en éprouvant un sentiment d'impuissance totale qui lui troua le coeur.

A nouveau une distance raisonnable sage et prudente était établie entre eux. Mais Lula souriait malgré sa gêne et cette vision le fit sourire lui aussi. Il ne voulait rien d'autre que ça. La voir sourire, même si le sourire en question devait être adressé à un autre, un homme autrement meilleur que lui. « C’est à moi de m’excuser. Je suis parfois trop... immature et colérique. » Rhaegar commença à secouer la tête de droite à gauche pour démentir ses propos. Elle n'était pas parfaite, bien sûr, personne ne l'était, mais elle avait eut tous les droits de se mettre en colère compte tenu de la façon dont il s'était comporté avec elle. Il avait été dur, tranchant et il s'était montré injuste en minimisant son sacrifice. Il avait été capricieux et égoïste. Alors qu'il s'apprêtait à le lui dire, elle lui coupa l'herbe sous le pied en rouvrant la bouche. « Je n’ai toujours pas totalement digérée ce que tu m’as dit la dernière fois, mais je sais que tu as fait ce qui était surement le mieux pour toi. » Elle mis l'accent sur le dernier mot et il n'éprouva en aucun cas le besoin de la contredire. Toute tentative de défense aurait l'air pitoyable. « J'ai été injuste. Tu as tous les droits de m'en vouloir pour ça. » Lâcha-t'il en continuant à soutenir son regard. Il espérait qu'elle lisait dans ses yeux qu'il était sincère. Qu'il regrettait vraiment de l'avoir blessée ainsi. « De toute manière, c’est du passé. » Elle voulait tourner cette page et lui aussi, alors il acquiesça. A quoi bon se tourmenter avec le passé, aussi foncièrement indélébile soit-il dans leurs coeurs et leurs esprits ? En dépit de toute la bonne volonté du monde, ils ne pouvaient plus influer sur les évènements qui avaient déjà eut lieu. Ils devaient regarder devant eux à présent. Vers un avenir brumeux et tourmenté qui ne s'annonçait guère plus doux que ce qu'ils avaient d'ores et déjà surmonté. « Et toi, comment vas-tu depuis le virus ? » Comment allait-il ? Mal. S'il avait été épargné par le virus, ses sources de préoccupations étaient autres et multiples. « J'ai été béni. J'ai acquis la maîtrise des éclairs. Ce n'est pas facile, mais j'apprend peu à peu à manipuler ce nouveau don. » Il aurait aimé ne jamais recevoir ce don cependant. La maîtrise devenue un brin hasardeuse de son élément le rendait nerveux, ce dont il n'avait pas besoin. Même au coeur de la tourmente, Rhaegar avait toujours pu compter sur son aptitude au combat et il y avait quelque chose de franchement terrifiant dans l'idée qu'il n'avait même plus ça. Pour tout un tas de raison, il ne s'était jamais senti aussi vulnérable qu'à présent. « Ce n'est vraiment pas l'idéal, mais ça aurait pu être bien pire. » Au moins n'avait-il pas une bande de fanatiques religieux à ses trousses. Au moins n'était-il pas étiqueté mutant. « Qu'elles ont été les conséquences pour toi ? Ta maîtrise de l'eau a été altérée ? » L'interrogea-t-il en la couvant du regard.

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« Oui, tu aurais pu devenir un mutant. » Rhaegar fronça les sourcils. Il n’avait pas l’insolence de penser qu’il connaissait Lula mieux que n’importe qui d’autre, car ce n’était pas le cas, mais il lui était en revanche assez facile de comprendre quand elle ne se montrait pas honnête. Elle semblait anxieuse tout à coup, plus gagné par la nervosité que quelques minutes plus tôt. Elle était celle qui avait abordé le sujet du virus, mais elle semblait désormais pressée que la conversation prenne un nouveau tournant. Il lui retourna la question et vit sa pensée se confirmer alors que le sourire de Lula se figeait sur ses lèvres avant de disparaître. Rhaegar ne détourna pas les yeux, plantant son regard dans le sien, en essayant de la rassurer. Elle pouvait avoir confiance en lui, malgré ce qui s’était passé. Elle pouvait lui parler sans crainte, il osait espérer qu’elle le savait et qu’il n’avait pas besoin de lui préciser à voix haute. Il pouvait presque voir les méninges de Lula s’agitait alors qu’elle préparait sa réponse à une question pourtant bien simple. Rhaegar s’apprêtait à l’interroger sur ce qui n’allait de toute évidence pas, mais elle rouvrit la bouche à cet instant, le coupant avant qu’il n’ait eut le temps d’esquisser un geste. « Non, le virus n’a pas eut d’effet sur moi et ma maitrise de l’eau est intacte. » Menteuse songea Rhae en essayant de ne pas se vexer. Pour une raison qui lui échappait, elle était réticente à lui avouer les traces que le virus avait laissées en elle. Il crevait d’envie de lui prendre de la main, de lui dire qu’il savait qu’elle ne lui disait pas la vérité. Qu’il la connaissait trop bien pour être aussi facilement berné. Il voulait lui dire que quoi qu’il se passe elle pouvait se fier à lui. Quoi qu’il arrive, quoi qu’elle ait pu faire. Mais il n’était pas en position de la pousser à faire quoi que ce soit. Il l’avait déjà beaucoup fait souffert. Il lui devait de feindre de croire à son mensonge tout en espérant entendre la vérité de sa bouche un jour, lorsqu’elle serait prête à lui en parler. Et peu importe combien ce climat d’incertitude allait l’angoisser. « Mais être béni est une bonne chose, tu as un pouvoir supplémentaire que tout le monde envie. J’aurais aimé avoir le don de guérison… » Il se demandait si elle savait qu’il savait. Sans doute. L’envie perçait effectivement clairement dans sa voix alors qu’elle s’exprimait. Si elle n’avait pas été bénie et qu’elle mentait en affirmant avoir gardé la maîtrise de son élément naturel, alors cela signifiait qu’elle était une mutante ? Rhaegar dut déployer de gros efforts pour retenir la question qui brûlait les lèvres. Pourquoi serait-elle gênée de lui avouer une telle chose ? Se figurait-elle qu’il pourrait l’en aimer moins ? Cette perspective le blessa largement plus que l’idée d’une petite vérité tue. Avait-elle une si piètre opinion de lui ? Le pensait-elle si stupide ? Il craignait que sa déception ne se voie clairement dans ses yeux et essaya de sourire en acquiesçant un peu mollement de la tête. « Au moins toi tu n’as pas besoin de réapprendre à manipuler ton élément. » Lâcha-t-il d’une voix nettement plus plate. Elle n’a aucune confiance en toi. Les mots lui martelaient le crâne en une symphonie assourdissante. Il n'aurait peut-être pas dut prendre les choses aussi à coeur, mais il se sentait malgré lui insulté. Peut-être un peu naïvement, Rhaegar n'avait jamais douté que Lula connaissait la profondeur des sentiments à son égard et ce malgré les erreurs qu'il avait pu commettre. Lors de cette horrible soirée dans les sous-terrains, il avait essayé d'attiser sa haine à son égard et peut-être qu'il y était trop bien parvenu. Elle ne le détestait visiblement pas, mais peut-être avait-il réussi à la faire douter en ce qui concernait ce qu'il éprouvait pour elle. Cette idée le peinait beaucoup mais il n'allait pas mettre ça sur le tapis. « Hm, sinon que vas-tu faire maintenant ? » Oui, il avait décemment d'autres sujets à aborder avec Lula, comme celui-ci. Qu'allait-il faire à présent ? Si son but était clairement défini, il s'orientait néanmoins à l'aveugle, une situation qui ne l'enthousiasmait guère. S'il était résolu à retrouver son père et à régler son compte à son ou ses agresseur(s), il n'avait guère d'idées précises quant à l'endroit où il pouvait bien se trouver, en admettant qu'il respire toujours à l'heure actuelle. Rhaegar faisait de son mieux pour ne pas penser à cela. Il avait besoin de croire que son père, bien que sévèrement amoché, vivait toujours. L'idée qu'il puisse être mort par sa faute était un poids supplémentaire qu'il ne voulait pas porter. Il avait déjà commis trop d'erreurs. Il devait rattraper celle-ci, même s'il devait le faire au prix de sa vie, une perspective qui n'allait à coup sûr pas franchement réjouir Lula. Si une part d'elle devait sans doute mourir d'envie de le frapper pour ce qui lui avait fait subir, il doutait fortement que la pensée de sa mort imminente la séduise beaucoup. Mais Lula était capable de contraire. Comme lui et bien qu'elle ait passé les dernières années à combattre dans le clan opposé, elle demeurait une guerrière. Il ne doutait pas qu'elle aurait volontiers donné sa vie pour ses proches. Pour sa sœur, pour son frère et peut-être aussi pour Rhae lui-même. Elle comprenait les sacrifices qui allaient de paire, les actes suicidaires effectués au nom du sang et au prix de ce dernier. Alors à quoi bon enjoliver la sombre vérité ? Il en avait fini de lui mentir à demi mots. « Mon père a été enlevé pendant la purge. » Annonça-t-il de but en blanc, toute ébauche de sourire disparue de son expression faciale. « L'agitation régnait et il était faible. » A cause de toi. A cause de lui, de Braam. A cause de toutes ses trahisons répétées. « Il n'est pas parvenu à échapper à ses agresseurs et il pourrait être n'importe où à présent, en train de se faire tabasser, ou pire. » Il semblait à Rhaegar qu'une éternité était passée depuis qu'il avait croisé le regard de son patriarche pour la dernière fois. Tout ce qui avait pu se passer entre temps... « Je l'ai laissé tomber. J'aurais pu partir immédiatement à sa recherche après sa disparition. Ou j'aurais pu empêché tout cela. » Il n'avait pas été là pour le défendre et il ne se passait pas un jour sans qu'il ne s'en fasse le rappel. « Mais j'ai été accaparé par ma propre vie et j'ai manqué à mon devoir envers lui. » C'était l'impression qu'il avait. Une véritable trahison à l'égard de son propre sang. Comme s'il avait laissé croupir Braam en prison, l'abandonnant à une mort certaine, ou qu'il n'avait pas bougé le petit doigt alors qu'une lame menaçait d'être enfoncée dans le cœur d'Eurus. La famille demeurait la famille, en dépit des conflits et l'allégeance de Rhaegar demeurerait toujours vers les siens, vers son sang. « J'ai déjà perdu beaucoup trop de temps. Il faut que je lui porte secours, en admettant qu'il reste encore quelqu'un à sauver. » Et il allait devoir effectuer cette croisade seule. Personne ne se tenait à son côté, une situation qu'il n'aurait jamais cru possible. Un peu naïvement sans doute, Rhaegar ne s'était jamais figuré qu'il puisse se retrouver ainsi seul à jour. Lorsqu'il se voyait partir au combat, c'était toujours flanqué d'Eurus et Braam. Après tout, il en avait toujours été ainsi. Mais leur absence n'était rien de plus qu'un rappel de tout ce qui avait changé. Leur alliance était fragilisée, à l'instar de tout le reste. La guerre faisait rage et elle n'épargnait rien ni personne. A l'heure actuelle, Braam pouvait être n'importe où. Rhaegar n'avait pas posé les yeux sur son frère depuis des semaines. Il voulait néanmoins croire que, si son frère était là, il ne l'aurait pas laissé partir seul et ce en dépit de ses griefs contre leur père. Eurus, en revanche, l'avait fait.A cette pensée, le coeur de Rhaegar se serra encore un peu plus et il dut déployer de gros efforts pour repousser le souvenir de sa sœur dans un coin de sa tête. Il aurait le temps de se remémorer la trahison d'Eurus plus tard. « C'est mon père, je lui dois bien ça. » Même si, contrairement à autrefois, il n'avait aucun plan concret. Rien qu'une maîtrise bancale de ses aptitudes et les années d'entrainement qui demeuraient dans ses jambes en dépit de son corps affaibli. Plus il y pensait, plus sa quête lui semblait vouée à l'échec, mais il refusait de s'y soustraire.

But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me,
the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
it's sad but it's true
I'm way to good at goodbyes

Il espérait voir ses lèvres se desserrer. Il espérait qu'elle allait se confier à lui, comprendre que, lorsqu'on en venait à elle, il pouvait tout accepter. Qu'il n'avait que faire de sa mutation tant qu'elle était en vie et en bonne santé. Par les sept, il aurait même pu lui pousser des cornes sur la tête qu'il n'y aurait rien trouvé à redire. Tout ce qui lui importait c'était elle. Et il aurait pu le dire. Attraper ses mains et les serrer dans l'étaux des siennes, le regard rivé sur elle pour la rassurer, pour lui montrer qu'il n'y avait rien qu'elle puisse dire ou faire qui puisse contrarier ses sentiments pour elle. Mais Lula resta silencieuse et il en fit de même. Il ne voulait pas la brusquer. Il évoluait encore en terrain glissant et ne tenait pas à faire quoi que ce soit qui puisse contrarier la paix fragile établie entre eux. Plus que tout, il ne voulait pas gâcher cet instant qui allait être assurément trop court. Il n'avait que peu de temps à lui accorder avant de se mettre en route et il ignorait s'il allait seulement avoir la chance de la revoir. Le futur était plus incertain que jamais et aussi douloureux que puisse être le mensonge de Lula, Rhaegar se sentait capable de s'en accommoder. Il lui fallait relativiser. Il avait bien d'autres problèmes auxquels penser, inutile d'en rajouter. Il tâcha donc de faire abstraction de la vérité maladroitement déguisée par Lula et lui fis à la place part de ce qu'il s'apprêtait à faire. Il n'avait aucune idée de la façon dont Lula pourrait agir en apprenant qu'il se lançait dans ce qui pourrait très bien s'avérer être une mission suicide, mais il se sentait bien incapable de lui dire quoi que ce soit d'autre que la vérité. Il était las des mensonges et des jeux tortueux.Cela n'apportait jamais rien de bon.

L'annonce de l'enlèvement de Keith laissa momentanément Lula bouche-bée. Elle ne prononça aucun mot, se contentant de l'écouter sans l'interrompre. Rhaegar la connaissait suffisamment bien pour constater qu'elle se retenait d'intervenir, mordillant sa lèvre comme pour empêcher les mots d'affleurer hors de sa bouche. Lors qu’enfin il cessa de parler, elle approuva d'un mouvement de tête qui là, encore, n'eut pas le mérite de convaincre Rhaegar. Il voyait bien qu'elle était en désaccord avec lui, mais il éprouva de la reconnaissance à son égard en constatant que, quoi qu'elle puisse bien en penser, elle était résolue à accepter sa décision. Peut-être, car comme lui, elle avait conscience du caractère trop précieux de ses instants. L'un comme l'autre étaient bien incapable de dire quand ils auraient l'occasion de croiser à l'avenir ou s'ils y parviendraient seulement encore. La rencontre aurait tôt fait d'être écourtée, comme toujours. Il en allait toujours ainsi entre deux. Ils n'avaient jamais eut le loisir de pouvoir jouir de la présence de l'autre. Ils n'avaient toujours pu que se saisir de moments volés de ci de là. Celui-ci en était un autre, moment dont Rhaegar espérait qu'il ne serait pas le dernier. Il voulait croire que les moments à venir n'auraient rien d'un au revoir. Il voulait croire qu'il y aurait un après, aussi pénible et sanglant soit-il. Rhaegar avait besoin de croire que la mission qu'il s'était confié à lui-même ne marquerait pas la fin de sa vie. Même si c'était naïf et presque dangereux de penser ainsi. Même si son corps affaibli et sa maîtrise encore hasardeuse de ses nouveaux pouvoirs laissaient entendre le contraire. Il ne voulait rien en cet instant, rien d'autre que lula. Toujours, tout le temps. Mais il ne pouvait pas penser ainsi. Il ne pouvait pas penser à toujours. Pas penser à tout le temps. Il ne pouvait penser qu'à maintenant, qu'à l'instant présent. Des semaines plus tôt, il l'avait blessée. Il avait gaspillé le maigre laps de temps volé et il entendait bien ne pas commettre à nouveau cette erreur si elle lui en laissait l'occasion. Et elle semblait effectivement encline à se saisir du présent elle aussi. Son expression s'était adoucie, de même que sa voix lorsqu'elle rouvrit la bouche. « Je suis certaine qu’il est encore en vie. C’est quelqu’un de tenace, tu le sais. » Tenace. Oui, l'adjectif en question était habilement choisi. Keith Osoryd était un homme tenace. Mais il était blessé aussi. Meurtri dans son âme, malmené par les trahisons répétées de ses enfants. Rhaegar n'était pas sûr de pouvoir un jour se défaire du sentiment de culpabilité qui pesait méchamment sur son coeur à cette idée. Il savait que si son père mourrait, il ne cesserait jamais de se le reprocher. Alors il ne pouvait pas mourir. Il ne pouvait pas. « Ce n’est pas de ta faute, mais si tu pense devoir le faire, vas-y. Mais fais attention à toi. » Il ne desserra pas les lèvres, se contentant d'hocher légèrement la tête, geste d'assentiment venu accentuer la lueur de reconnaissance qui éclairait d'ores et déjà son regard alors qu'il l'observait calmement. Il se repaîtrait de sa présence, de sa proximité. Et il luttait. Il luttait pour ne pas l'attirer à lui, pour ne pas enfouir son visage dans son cou. Il n'avait pas envie de partir loin d'elle. Tout son corps lui criait que sa place était à son côté, mais sa tête lui interdisait de céder à cet appel. Il devait partir. « Mon éducation m'a préparé à ça. Tout ira bien. Ne t'en fais pas pour moi. » Mots stupides. Mensonges dont le parfum amer se répand sur la langue. Ne t'en fais pas. Comme si c'était si simple. Si seulement ça pouvait l'être. « Tu veux qu’on aille boire quelques choses de chaud ? Je meurs de froid.. Et on sera plus à l’aise pour discuter. » Elle lui sourit et c'est si doux, si bon. Il ne peut s'empêcher de lui retourner son sourire. Et durant un instant, il a presque l'air heureux, bien plus qu'il n'a pu l'être durant des mois. Comme s'il ne savait plus être heureux qu'à son côté. Là encore, tout son corps l'incite à accepter sa proposition. Sa tête se montre plus réticente. Une voix cinglante le houspille, laissant entendre qu'il a déjà attendu trop longtemps, qu'il devrait déjà être en route. Accepter serait irraisonnable de sa part, mais déjà les mots franchissent la barrière de ses lèvres. « Juste un verre, alors. » Concède-t'il. Compromis éventré. Faiblesse engorgée. D'un petit signe de tête, il l'invite à désigner un endroit. Il l'y suivra. Par les sept, il la suivrait où qu'elle aille.

But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me,
the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
it's sad but it's true
I'm way to good at goodbyes

Il ne pouvait pas s’en empêcher. La perspective d’un moment de paix passé auprès de Lula, aussi fugace soit-il, était beaucoup trop tentante, de même que la possibilité qu’il ne la revoit pas de si tôt après cela était grande. S’il s’employait à se montrer confiant face à ce qui l’attendait en présence de Lula, le ressenti de Rhaegar quand à la mission qu’il s’était lui-même confié était tout autre. La vérité était hautement moins rassurante car il était terrifié. Terrifié car, s’il était habitué à évoluer au cœur des champs de bataille et à faire face à tout ce qui allait de paire, il n’était jamais parti en guerre dans de telles circonstances. C’était son ignorance qui le pesait de même que le poids de la solitude sous laquelle il ployait. Il aurait tout donné pour qu’Eurus et Braam se trouvent à son côté, mais il n’en était rien. Il était seul et devrait bien s’en accoutumer. Il n’en avait pas franchement le choix. Bientôt, très bientôt, il allait lui falloir partir. Se mettre en quête de ce qui pourrait très bien s’avérer être une chimère. Un parcours solitaire au bout duquel il pourrait bien perdre la vie. Une perspective à la fois glaçante et vaguement apaisante, ce qui n’était définitivement pas pour le rassurer. Mais ce n’était pas encore tout à fait le moment de songer à tout cela. Lula était là, vision à la fois divine et douloureuse et il avait envie de se saisir de chaque instant offert à son côté. « Juste un verre. » Il acquiesça légèrement. Il ne s’autoriserait pas plus, pas alors qu’il aurait dut être parti depuis des jours. La vie était jalonnée de sacrifice multiple et celui là allait immanquablement s’ajouter à une liste d’ores et déjà bien garnie. Sur ces mots, Lula rabattit la capuche de son vêtement sur sa crinière brune et Rhaegar en fit de même, dissimulant tant bien que mal ses traits sous le tissu sombre. Un geste bien futile que celui-ci et pourtant s’exécutait ainsi avait le don de serrer le cœur du fils du feu. Devoir se dissimuler à un monde qu’il avait toujours conçu comme étant le sien. Ce geste, cette dissimulation, n’était qu’un rappel parmi tant d’autres des pertes essuyées. S’il essayait de ne pas trop penser ainsi, de ne pas rabâcher sans arrêt l’étendue de sa peine, il ne pouvait s’en empêcher. La nostalgie lui serrait méchamment le cœur quand bien même la proximité de Lula avait le don d’adoucir un peu ce grossier sentiment. Il lui emboita le pas sans un mot, sans poser de questions quant à l’endroit où elle comptait les mener. Il avait une confiance aveugle en elle, sûrement plus qu’en n’importe qui d’autre à l’heure actuelle.

Une poignée de secondes seulement s’écoula avant qu’ils ne s’engouffrent dans une taverne. Les battements du cœur de Rhaegar s’accélèrent alors que ses narines se voyaient agressées par l’odeur omniprésente et tendrement familière de l’alcool goulument versé et ingéré. Baissant légèrement la tête toujours dans le soucis de dissimuler ses traits, il emboita le pas à Lula. Il se tenait tout près d’elle, le corps tendu. La pression exercée sur son corps ne baissait pas, maintenue par l’amas de tension dont il était bien incapable de se délester. Il ne serait plus jamais détendu. Plus jamais, en admettant qu’il en ait été un jour capable. Lula le conduisit jusqu’à une table étroite autour de laquelle il prit place en silence, s’installant en face d’elle. Il voulait la voir. Il voulait se repaître de la merveilleuse vision qu’elle offrait. Il voulait graver chacun des traits de son visage dans sa mémoire et ce avec plus de fermeté qu’il ne l’avait jamais fait. Il voulait pouvoir se raccrocher au souvenir déjà effiloché de cet instant lorsqu’il serait loin, trop loin. Lula regardait autour d’eux, guettant en silence la maigre poignée de clients quand lui n’observait rien d’autres qu’elle. Ses autres sens étaient aux aguets, mais ses iris eux étaient braqués sur la fille dont il savait qu’il ne cesserait jamais de l’aimer et ce aussi inconfortable que puisse être ce sentiment. Sa vie serait bien différente à l’heure actuelle s’il n’avait pas croisé la route de Lula et il mentirait en disant qu’il n’avait pas maintes fois regretté tous les évènements qui avaient découlés de leur rencontre. Il regrettait les erreurs, les maladresses. Il regrettait la peine, il regrettait la colère. Mais il ne saurait la regretter elle. Jamais. L’idée d’une existence passée sans elle lui était insupportable. Finalement l’attention de Lula revint se poser sur lui et lorsqu’elle lui adressa un sourire gêné, une lueur s’alluma de ses yeux. Par les sept, comme elle avait pu lui manquer. Et comme elle allait lui manquer à nouveau. Un silence s’étira entre eux et lorsque Lula fit mine de prendre la parole, Rhaegar demeura suspendu à ses lèvres. L’arrivée de la serveuse la coupa dans son élan et le fils Osoryd dut se retenir d’envoyer gentiment paître l’employée. Il n’en fit rien cependant. Assis bien droit conte le dossier de sa chaise, il arbora une expression faciale neutre, froidement courtoise. « Une vodka tonique pour moi. » A nouveau le regard de Lula vint sonder le sien. Sans se détourner d’elle, Rhaegar desserra des lèvres trop longtemps scellées. « Et de la bière. » Dit-il simplement. Une chope ne serait pas de trop pour lui rendre un semblant du souffle que Lula avait le don de lui voler. La serveuse se détourna lentement d’eux, les laissant à nouveau seul. Rhaegar attendit un peu, dans l’espoir que Lula rouvrirait la bouche, mais elle n’en fit rien et il dut se résoudre à prendre la parole. « C’est vraiment bon de te revoir. » Les mots franchirent la frontière de ses lèvres, naturellement. Ses propos ne sauraient être plus sincères.

But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me,
the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don't stand a chance,
it's sad but it's true
I'm way to good at goodbyes

Cette rencontre aurait pu tourner largement plus mal. En fixant ce rendez-vous, Rhaegar ne s'était jamais laissé aller à imaginer que les choses puissent prendre une tournure agréable. Car la situation l'était effectivement. Agréable. En dépit du fait que toute sa vie se désagrégeait lentement mais sûrement depuis des mois, l'enfant du feu se sentait presque apaisé de Lula. Sa proximité lui offrait un instant de répit particulièrement bienvenu et il n'en était pas le moins du monde surpris. Il en était ainsi entre eux deux depuis longtemps. Les dernières semaines passées loin de là avaient eut un goût de supplice. Il en allait toujours ainsi. Savoir que Rhaegar était, de par son choix de rompre, à l'initiation de cette peine lancinante n'avait eut aucun bénéfique sur lui. Et peut-être même que, d'une certaine façon, c'était là l'effet recherché. Alors même que la vie s'en donnait déjà à cœur joie dans ce domaine, peut-être avait-il cherché à se punir lui-même pour les erreurs qu'il avait commise. S'il l'avait blessée dans le processus, il avait surtout chercher à se blesser lui-même en essayant de se condamner à une existence passée loin d'elle. Rhaegar n'était bon qu'à cela ses ces derniers temps. Qu'aux trahisons répétées et de toutes sortes et aux flagellations mentales. Il n'avait de cesse d'accumuler les reproches à son regard, certains étant justifiés quand d'autres ne l'étaient pas le moins du monde. Il s'entêtait à endosser le poids du monde tout entier sur ses épaules et c'était trop beaucoup trop. Si son éducation l'avait immanquablement endurcie, elle n'avait pas eut pour conséquences de l'amputer de toutes émotions et autres faiblesses. Les choses auraient pu être plus simples s'il avait pu en être ainsi. Ce n'était pas le cas cependant. Rhaegar n'avait jamais eut le choix et toutes les règles et privations du monde ne pouvaient décemment pas altérer ce qu'il éprouvait maintenant qu'il était enfin réuni avec Lula.  « Je n’aurais pas cru dire ça en arrivant, mais oui, c’est bon de te revoir. » Il lui adressa un sourire franc quoiqu'un brin timide dans lequel perçait sans encombre une large dose de reconnaissance. Car il était vraiment un foutu con doté d'une chance foutrement insolente. Car Lula se trouvait en face de lui. Elle avait concédé à venir sa rencontre alors même qu'elle aurait pu s'en passer. Il ne l'aurait pas blâmé de lui faire faux bond. Il l'aurait compris, aussi pénible que cela puisse être. Car il avait fauté, plus de fois qu'il n'aurait sut le dire. Depuis le mariage désormais brisé de Saeko et Cal, événement qui semblait aujourd'hui à la fois farouchement proche et incroyablement lointain, Rhaegar avait l'impression de multiplier les erreurs. Des erreurs morcelées, à la fois aisément condamnables et condamnées. Des erreurs dont il aurait juré voilà quelques années plus tôt qu'il ne les commettrait jamais, mais tout était très différent alors. Tout était très différent depuis Lula, lui en premier. Lula lui pris la main au dessus la table et il la laissa faire, savourant le contact de leurs deux peaux. Voyant le doute creuser à nouveau les jolis traits de l'objet de son affection, Rhaegar fronça les sourcils sans lui lâcher la main.  « Je sais que tu ne l'appréciais que modérément, mais j'ai besoin de parler de lui. » Sa voix vrilla sur la fin et la lumière se fit sans mal dans l'esprit de Rhaegar. S'il ne pouvait pas décemment pas réduire le listing des personnes qu'il n'appréciait pas à un seul et unique eut nom, la réaction de Lula eut tôt fait de le ramener au souvenir de Dimitri. Effectivement, Rhaegar n'avait jamais poté le mêlé de la brune dans son cœur. Cela n'avait rien de personnel, à moins qu'au contraire il ne s'agisse que de cela. Dimitri n'avait jamais eut qu'un seul défaut notable à ses yeux : l'affection romancée qu'il éprouvait pour Lula. Lula que Rhaegar ne pouvait imaginer dans les bras d'un autre homme sans en avoir le cœur immanquablement brisé. Le fils Osoryd n'était pas fier de ce ressentiment, mais il n'avait jamais pu le taire. Il se contenta d'acquiescer prudemment dans la tête, l'ébauche de son sourire considérablement amoindrie et figée alors qu'il attendait la suite.  « Dimitri est mort. » Cette nouvelle laissa Rhaegar comme sonné. Il n'eut pas le temps de desserrer les lèvres que Lula se remettait à parler, visiblement soucieuse de s'arrêter trop longtemps, peut-être de peur de ne pas réussir à continuer si elle prenait le risque de s'interrompre.  « S'il te plait ne te renferme pas, je pleure l'homme et l'ami qu'il était, c'est tout. » Elle se justifiait, comme si elle le lui devait. Il n'en était rien. Quand bien même elle se serait effectivement éprise de ce garçon, il n'était personne pour le lui reprocher. Est-ce qu'il avait éprouvé de la peine à l'idée à l'idée qu'elle puisse éprouver ce genre de sentiments pour un autre que lui ? Evidemment. Est-ce qu'il aurait eut l'indécence de condamner cela ? Non.  « Désolée, je n'aurais pas du parler de lui et plomber l'ambiance. » Il ne voulait pas entendre d'excuses. Il lui semblait même grotesque qu'elle ait l'idée d'en formuler. S'excuser de quoi ? D'éprouver de la tristesse ? Elle s'était reculée brutalement, rompant le contact physique entre leurs deux corps et le regard bleuté de Rhaegar retomba tristement sur sa main abandonnée. Caleuse et arborant une poignée de petites cicatrises, elle reposait tristement sur la table, comme abandonnée.  « Lula » souffla-t'il presque dans un murmure, son regard bleu empli de la souffrance qu'il lisait dans celui de Lula, émotion qui tendait à le gagner. Lorsqu'elle était triste, ce sentiment le gagnait lui aussi. Car il s'accaparait malgré lui sa souffrance, de la même façon qu'il se savait bien incapable de trouver autrement le bonheur s'il en allait autrement pour elle. Et peut-être était ce là de quoi il était vraiment question quand on aimait vraiment quelqu'un. Se rendre compte que le bonheur de la personne en question vous était indispensable de la même façon que sa peine vous était intolérable. Il mourrait d'envie de rompre la distance entre eux deux. La table, pourtant étroite dressait entre eux un désagréable obstacle. N'y tenant plus, il se leva, sa capuche encore rabattue sur ses boucles brunes et contourna le rempart de bois. Une fois auprès de Lula, il s'accroupit, sourd à l'état peu ragoutant du sol et vint doucement presser son genoux de sa main. « Je suis vraiment désolé pour la perte que tu viens de subir »  et peu importe la jalousie qu'avait pu lui inspirer cet homme. Peu importe. Il se redressa, soucieux de ne pas trop attirer l'attention sur eux mais se risqua néanmoins à planter un baiser sur son front, résistant à l'envie de presser à la place ses lèvres contre les siennes. Il ne voulait pas se montrer trop entreprenant quand bien même c'était peut-être un tort. Après tout, comme d'habitude, le temps leur était compté. Il alla ensuite se rassoir et tendit à nouveau le bras au dessus de la table, invitant Lula à se saisir à nouveau de sa main.  « Je n'avais rien contre Dimitri. J'étais juste jaloux. » Un aveux dont il se surpris presque de le voir franchir aussi aisément ses lèvres. Mais là était l'évidence et il ne comptait pas s'en cacher.  « Ça n'avait strictement rien de personnel. Je serais toujours jaloux quand on en viens à toi. » C'était là bien une émotion chez lui parmi tant d'autres qu'il se sentait bien incapable d'étouffer.  « Alors tu peux me parler de lui, si tu en ressens le besoin. Tu peux me parler, ou te taire. C'est comme tu veux. Saches juste que je suis là. » Il l'avait toujours été et ce même quand tout laissait très clairement entendre qu'il ne l'était pas.