[ destinée ] c'est l'histoire d'un gamin terriblement prometteur, antwan. toute son âme crie son appartenance à la belle maison des belikov, connus dans la contrée comme étant les plus grands soldats que l'armée de l'air ait jamais connu. ses rêves comme doux échos aux aventures de ses illustres prédécesseurs, antwan depuis toujours il ne veut qu'une chose : devenir un des officiers de l'armée d'aerinstin, faire de la guerre son métier. pire encore, il ne vit que pour ça. entraînements intensifs, coups, plaies... que son corps en soit témoin, il est marqué de cicatrices et d'hématomes aquarelles de douleur. le combat n'est pas talent, chez antwan, il est don. enfant qui a déjà tout d'un grand. [ blessure ] destinée à jamais brisée, tout ça est la faute de son cousin erwin. alors qu'ils s'entraînaient et que l'on chantait une nouvelle fois les louanges du jeune guerrier, les deux ont péché. le premier l'orgueil. le second l'envie. un seul moment d'inattention de la part du vainqueur et voilà que le vaincu fait exploser sa colère. une sale plaie dans la jambe que les médecins chuchotent irréparable. petit soldat cassé, antwan est pour toujours handicapé. boitillant, il lui arrive même de perdre l'équilibre, ses muscles se dérobant. il n'est plus bon qu'à rien. [ regard ] quelle transformation que celle qui s'opère chez le garçon qui a dit adieu à ses rêves. autrefois terriblement charismatique, solaire et vantard au sourire ravageur, le voilà aigri et méchant. ses rires sourds viennent mourir dans le vent d'aerinstin, son visage rayonnant s'assombrit et viennent les nuages qui laissent place à une moue de dégoût. le prince charmant n'est plus. [ silence ] sa vie est morte avec sa jambe, et le gamin, en colère contre le monde se mure dans un silence des plus glaçants. rares sont ceux à qui il offre le privilège de la discussion. un regard noir et les plus craintifs décampent quand autrefois il n'avait besoin que d'un sourire enjôleur pour tous les retrouver dans ses bras.

peace is never an option ‹ aussitôt leur sang devenu argent, les deux familles ont eu vite fait de chercher de bons partis pour leurs enfants. un mariage qui unirait deux terres, deux dons. les négociations passées on scella un accord entre les fourbes helleros et les guerriers belikov. antwan. maeve. déjà il y a quelques mois on se doutait que cette union serait diablement prometteuse, et une lignée métissée ne tarderait pas à suivre. après tout, maeve et antwan ils sont pareils. cette même étincelle de défi qui danse dans le regard, cette même maîtrise des armes. chacun des deux fiancés avait eu vent de l'autre. maeve, gamine qui croyait encore aux légendes que lui comptait sa cousine s'était imaginé aux murmures qui passaient de bouches en bouches qu'antwan était le prince charmant dont toutes rêvaient, un virtuose de la chevalerie, un beau garçon dont le sourire ne s'éteignait jamais. rêveuse. on disait de maeve qu'elle était fleur sauvage, indomptable mais passionnée. ça lui a tout de suite plu à antwan. naïf. comme ça, pendant quelques centièmes de secondes, ils auraient presque rêvé que leur mariage arrangé pourrait finir heureux, couple de guerriers qui prendront le monde. la réalité s'est rappelé à eux. tout n'est que jeu de trône, alliance, stratégie. lui finissait fiancé à une opportuniste notoire et elle était arrachée à ses terres, à sa patrie. puis les jours passèrent et vint le moment de leur rencontre. frileux, les deux héritiers butés se sont longuement observés. si maeve était tout ce qu'il avait imaginé, antwan, lui, était le contraire du portrait qu'on avait dépeint de lui. la gamine n'avait trouvé là qu'un jeune homme silencieux et torturé, quand celui de son imaginaire était souriant et solaire. la blessure était passée par là et maeve se heurtait à un mur. malheureuse.

contrairement à toutes les attentes, c'est dans le silence que les deux gamins se retrouvent, chacun meurtri à sa manière. il devient rébellion face à cette union tout comme respect mutuel. jamais brisé. depuis la purge, maeve a posé définitivement ses valises à diernung. antwan, il sent sa volonté fléchir et sait bien qu'il faut qu'il fasse quelque chose pour apaiser leurs peines. alors qu'elle s'entraînait comme tout les jours, seule, c'est le guerrier handicapé qui l'a rejoint de lui même, épée en main pour la première fois depuis l'incident. entrant sur le terrain, il l'a saluée d'une pique amère, mais accompagné d'un demi-sourire. antwan, il est heureux quand il est sur le terrain, il est heureux quand il est avec ses armes. et ça, sa fiancée elle l'a bien remarqué. et maeve, ce n'est pas parce qu'il est handicapé qu'elle n'a pas tenté de le mettre à terre. elle a réussi, mais seulement parce qu'il a trébuché à cause de sa jambe. patiente, attend qu'il se relève et recommence. bouffée d'air dans leur existence parsemée de noir, les deux se jaugent sur le terrain, apprennent à s'y connaître par des combats tandis que le silence les entoure loin des terrains, des armes, de la guerre. là où est leur vraie place.

united we stand ‹ michail c'est le grand frère qu'antwan n'a jamais eu. gamin, il allait toujours le voir s'entraîner aux armes, les yeux ronds. quand on lui disait ce qu'il voulait devenir plus tard, il citait michail. toujours. admiration sans faille d'un enfant qui voyait son aîné comme le parfait preux chevalier dont les légendes parlaient, il a suivi le même parcours que lui avec assiduité. plus il grandissait antwan, plus on le comparait à son modèle pour sa plus grande joie. michail aussi était heureux, dispensant ses conseils à son jeune cousin qu'il appréciait lui aussi plus que de raison. les années passèrent et l'enfant admiratif est passé guerrier prometteur pour la plus grande joie de michail. antwan, il s'imaginait déjà à ses côtés sur le champ de bataille, le duo que rien n'arrêterait. du moins jusqu'à sa blessure.

depuis, antwan ressasse amèrement ses souvenirs passés et ceux qu'il lui restait à créer. l'admiration qu'il portait à michail s'est muée en une terrible obsession secrète. malgré la volonté du tout nouvel handicapé, le géant blond est devenu l'homme de deux destinées. c'est michail qui accomplira ses rêves à sa place et cela l'obsède. c'est malsain, mais son esprit est torturé, écho à sa chair abîmée. seulement, michail, il a bien remarqué le manège de son cousin qu'il connaît maintenant trop bien. et il en profite, ensorceleur. des gestes, des regards, des caresses. mais il est malin, il s'arrête aussitôt qu'il sent son cousin sur le point de succomber à ses sombres pulsions. il sait que cela ne fera qu'augmenter la psychose du jeune antwan. mais il aime ça, michail. jeu dangereux.

divided we fall ‹ nés à quelques mois de différence, les deux cousins ont été élevés ensemble. c'est sans doute ce qui a condamné antwan. courante était la confusion entre les deux petits belikov, jamais l'un sans l'autre. même chambre, même enseignement, mêmes entraînements, même vie. les gamins se sont longtemps amusés à des jeux de guerre, à planifier des campagnes militaires contre les enfants des employés de la citadelle, et bien que deux contre le monde, ils gagnaient à chaque fois. complémentarité. l'harmonie était belle, naturelle, jusqu'à ce que le poids des responsabilités vienne tout briser à leurs pieds. antwan est premier fils là où erwin est dernier né. le moindre mouvement d'antwan est scruté quand erwin jouit lui d'une liberté d'enfant chéri. siamois désoudés, ils se sont éloignés. puis vint le jour où erwin en a eu marre de toute la gloire que récoltait antwan... pourquoi pas lui aussi ? et pourquoi antwan le détestait tant maintenant ? son cousin avait beau prétendre le contraire, erwin, il était pas bête. évidemment qu'il avait senti tout ce sale ressentiment que le guerrier-né entretenait à son égard. c'était pendant l'entraînement il y a trois mois, et antwan venait à nouveau de le mettre au sol. la jalousie mêlée à un trop plein de lassitude ont créé une tempête dans son esprit, des éclairs appelant à la vengeance ont traversé seulement quelques secondes son regard mais ce fût assez. refermant ses doigts sur la lance qu'il tenait à la main jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches, erwin l'a plantée dans le mollet de son cousin alors qu'il était dos à lui. paniqué par ce geste qu'il n'a pas pu contrôler, il a retiré l'arme de suite, prétextant un accident mais le mal était fait.
à vie.

somebody that i used to know ‹ antwan, il a longtemps considéré sa cousine comme un véritable modèle. guerrière prometteuse de l'armée de l'air, elle avait tout pour devenir la plus grande des amazones, rayna. elle lui a longtemps donné des conseils avant de se muer dans son personnage de princesse, insupportant le jeune antwan. l'image de jeune femme superficielle et dédaigneuse qu'elle s'est créé ne lui a jamais plu, et il ne s'est pas gêné pour le faire savoir à qui le voudrait, et à la principale intéressée qui n'avait de cesse de l'embêter, lui, petit génie de la seconde branche bien loin de son statut d'héritière du chef de clan des guerriers. si les deux n'avaient de cesse de se chamailler, ils n'ont jamais cessé de s'aimer, se retrouvant toujours sur le champ de bataille, comme avant. jusqu'à ce que rayna se marie et abandonne sa belle destinée derrière elle. antwan, il s'est senti trahi. lui, fier prince charmant en devenir n'a jamais compris pourquoi elle a tout laissé tomber comme ça. il lui en veut parce qu'elle est trop douée pour se défiler. le contact a été glacial jusqu'à récemment, jusqu'à la blessure d'antwan. rayna, elle n'a pas mis longtemps à apprendre par un erwin plein de remords le crime qu'il venait de commettre, et la destinée brisée de leur valeureux cousin. il lui a raconté à quel point il avait changé. bizarrement, rayna, elle le comprenait antwan, même loin de lui. leurs talents gâchés, la jeune femme sent naître en elle de la compassion face au gamin. elle lui tend la main. lui sert de confidente. au final, antwan, il sait bien que c'est la princesse qui est la plus amène à le comprendre mais n'accepte pas son aide par fierté pour l'instant. la plaie est encore trop vivace.