L'air frais de l'océan se fracasse sur le visage juvénile de Raya. L'odeur iodée vient caresser ses narines à mesure qu'elle s'avance vers Azurite. Le trajet depuis Aerinstin fut long mais la poupée sait pourquoi elle fait ce choix. Johann est devenu incontrôlable. Bien trop avide de pouvoir alors que leurs forces doivent s'unir face à ces nations qui firent tout pour réduire celle de l'eau à néant. La sirène ne s'est pas battue durant plus d'une décennie aux côtés de la résistance pour finir avec un roi épris d'une folie sans limite. Ce n'est pas ce à quoi elle aspire. Mais son choix était fait, bien avant que Johann ne se proclame roi de rien du tout. Ses récents choix politiques n'ont fait que dégoûter un peu plus la maître de l'eau. L'évidence se présenta alors à elle en la personne de Diana Osanos. Après un échange épistolaire de plusieurs semaines, les deux jeunes femmes ont décidé de se rencontrer au manoir des Wolffhart. C'est d'ailleurs la demeure qui se dessine sous ses iris émeraudes alors qu'elle parcoure les derniers mètres de son périple. Le soleil est à peine levé quand elle dépose enfin pied à terre. La poupée reste là, quelques minutes, fixant l'immense étendue d'eau face à elle. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus mis les pieds à Aguarini et elle devait bien avouer que ça lui avait manqué, terriblement manqué. L'eau coule dans ses veines et elle ne saurait s'en séparer bien longtemps. La vie à Aerinstin n'est pas celle qu'elle avait imaginé et il lui sera bien difficile d'y retourner une fois son échange avec Diana terminé. Ses pensées s'égarent alors vers Elias, resté seul en leur demeure. Un pincement au cœur lui arrache une grimace. Il ne comprenait pas, il ne comprendrait d'ailleurs sans doute jamais pourquoi elle se raccrochait autant à une forme de résistance. Il ne pouvait pas, après tout, qu'avait-elle perdu si ce n'était une femme qu'il aimait pas et un enfant probablement fragile ? Il n'avait pas connu la haine de la nation du feu, il n'avait pas perdu quelqu'un durant cette guerre ayant laissé un goût amer à tous ceux l'ayant vécu. Et surtout, le loup était bien loin d'être modèle de tolérance. C'était cela aussi qui avait poussé la sirène à vouloir rejoindre la reine de l'eau. Elle qui prônait l'égalité entre les sangs, elle qui cherchait la paix avant tout. D'un geste, elle se sort de ses pensées, avant de se diriger vers le dit manoir.  Elle confie sa jument à un lambda passant par là. Puis elle finit par se diriger vers l'entrée où un mêlé, très certainement, la reçoit. – Je viens voir son Altesse Diana Osanos. Annoncez lui Raya Karstark. On l'a fait patienter un peu dans ce hall plus beau encore que celui de son propre manoir. La poupée a bien du mal à s'habituer à ce luxe qui semble vouloir l'engloutir de jour en jour. Finalement, l'attente ne fut pas longue et on lui demande de se diriger en direction des appartements de la reine. Sûre d'elle et de ses choix, Raya s'avance d'un pas assuré jusqu'à la porte. Elle finit par y toquer puis rentre dans l'antre de la maître de l'eau. C'est alors qu'elle la voit, avec sa chevelure d'ébène, son regard ambré et sa peau basanée. Une véritable Osanos. Et celle qu'elle avait choisi de suivre. Raya fait une petite révérence un peu bancale, elle n'est pas réellement habituée à ce protocole, n'ayant jamais vraiment côtoyé la haute.  – Votre Altesse. Ses mots glissent sur ses lèvres au même moment où elle courbe l'échine. – Diana. La douceur avec laquelle elle prononce le prénom de la noble vient trancher avec la froideur protocolaire précédente. Parce qu'après tout, elles n'étaient que deux vieilles amies dont les chemins finissent par se recroiser.