JE LE RÉPÈTE UNE BONNE FOIS PR TOUTES : LES INTRIGUES INCLUSIVES, LE DESIGN, LES PLUMES, LA LONGÉVITÉ (un peu tout quoi)

Spoiler:

une goutte d'eau tombe des cieux et vient lui caresser doucement la joue. à ses pieds, les pavés se peignent d'une teinte carmin presque envoûtante si elle n'était pas mêlée au brun sale de la boue qui recouvre la place centrale depuis deux jours. et voilà la perle d'une pureté inégalée qui dégringole et vient rejoindre le canevas souillé. comme ça, on aurait pu la confondre avec une larme. jamais. elle pleure pas, maeve. elle vaut mieux que ça. petit coeur de pierre a suivi l'affreuse cérémonie des premières loges. la gamine n'a pas bronché, même quand la tête du malheureux est venue danser à leurs pieds. ses yeux encore grand ouverts, il la fixe la helleros, lui perce l'âme de son regard encore brûlant. c'est presque douloureux, presque. elle sait que sur ses lèvres dont les couleurs s'effacent déjà subsiste encore la malédiction qu'il a dû soupirer en ses dernières secondes. elle n'a d'yeux que pour son oncle, en roi au centre de la place. d'un seul coup de main nonchalant, il ordonne à la foule de se disperser. le message est passé, et sous ses yeux, pareils à des fourmis, les travailleurs reprennent leur poste les épaules et la tête baissées, les vieillards s'en vont lentement, trébuchant dans la saleté, les rares femmes venues se détournent, le regard encore humide. les seuls enfants présents ce sont eux, les héritiers. maeve, son petit frère, ses cousins. sa cousine. meeri. doucement, le chef de meute vient effleurer d'une fourrure sa lame encore rouge scintillant sous les yeux des ses louveteaux, obnubilés. ils ne peuvent pas regarder ailleurs les pauvres gamins, ils y sont obligés. exemple, soupirent les deux mères, navrées que leurs chérubins aient ainsi leur naïveté volée. le coeur tambourinant, maeve, elle regarde aetion nettoyer son arme, le geste presque érotique. ses pensées viennent s'embrumer, poupée s'étouffe. le père est persuadé d'avoir rendu la justice, la belle. infamie. barbarie commanditée par leur souveraine. elle sent ses entrailles brûler. et alors qu'on ramasse la tête et le corps sans ménagement, les enfants peuvent enfin s'en aller, congédiés. il n'y a que meeri qui n'a pas encore bougé. maeve, elle lui prend la main. geste tendre alors que le silence tombe. pas besoin de parler. un seul regard, un seul, petite fille noyée dans ses prunelles délicatement bleutées. et maeve, elle y lit tout ce à quoi elle a secrètement rêvé.
l i b e r t é.

un.
deux.
trois.
elle tombe. au dessus d'elle, une silhouette vient valser avec la nuit. maeve, malgré les ténèbres dans laquelle ils baignent, elle voit son sourire vainqueur. elle le connaît par coeur celui-ci, et c'est pour ça qu'elle donnerait tout pour le lui arracher. tout. passant sa main sur son visage pour y nettoyer la sueur mêlée à la poussière de la grange, un filet vermeil vient se mêler à la saleté. et là, à la vision de ses doigts peints d'ocre et de carmin, reviennent à maeve les fantômes de la dernière exécution publique, la lame, la pluie, meeri. serrant ses poings, elle retient un cri de rage qui vient mourir dans sa gorge. « mon père pourrait te faire arrêter pour un tel affront. » le silence est brisé par un rire moqueur. « toi et moi savons que cela n'arrivera pas. » il a raison brenn. il est là pour ça. la gamine se relève vite et s'empare de son long bâton d'entraînement. la pression qu'elle exerce sur l'arme est telle que les jointures de ses mains deviennent blanches, presque aveuglantes baignées ainsi dans la lumière lunaire. devant elle son adiutor se tient là, nonchalant. pire encore, il ne lui jette même pas un regard, la réduisant à l'inexistence. oh, il sait comme elle déteste cela. elle lui fonce alors dessus, l'idiote. lui n'a aucun mal à esquiver, même comble de l'insolence, il la cogne dans le dos et elle se retrouve une nouvelle fois face contre terre, le nez dans la poussière. « un effort maeve, je vais finir par croire que ton père ne me paye pas assez. » ses grognements viennent s'échouer sur ses lèvres, la poupée voudrait faire taire son mêlé. brenn est un jeune homme particulièrement doué en combat, et cela n'a pas échappé à son cher géniteur. eron, il veut faire de maeve son arme, jolie fleur aux épines acérées. l'homme a embauché l'adiutor de sa fille pour qu'il lui distille ses secrets une fois la nuit tombée. dans l'obscurité, elle s'entraîne, toujours elle s'entraîne. amusé, le gamin vient tapoter son maître du bout du bâton. s'il est son soumis les heures du jour que les sept ont créé, ici, parmi les ombres, il règne en maître. la jeune femme se relève donc, encore, et essuie la poussière humide venue s'agglutiner sur son visage fermé. « mets-moi au sol une bonne fois pour toutes, j'ai sommeil. » au regard fatigué qu'il lui envoie, le sien fait écho. la colère faisant gonfler ses veines, il est trop tard. maeve, elle tend le bras et brenn se retrouve submergé, noyé. une dizaine de seaux viennent rouler sur le sol, vides. « bonne nuit. » murmure t-elle alors qu'elle fuit. et seul, dans la nuit, brenn sourit.

alors qu'une bise vient lui mordre les joues et les rougir plus que de raison, maeve laisse ses cheveux danser avec le vent glacé. elle jette son regard sur ce long horizon qu'elle observe minutieusement, coupé ça et là par des montagnes dont les pics sont aiguisés, dessinés par les tempêtes qui y soufflent inlassablement. elle trouve de la beauté dans ces lignes qui sortent de terre, tandis que dans sa région elles s'y enfoncent. aerinstin. un soupir lui échappe alors qu'elle pose ses yeux sur ses doigts. secs. elle qui avait pris l'habitude de laisser un filet d'eau s'y enrouler, elle se sent abandonnée. elle l'est en quelque sorte. son élément n'est plus, elle est loin de son frère, loin de meeri. un jeune homme vient déchirer son amère solitude et la rejoint doucement pour se placer à ses côtés. seulement, il ne brise pas le silence. la gamine aimerait lui dire merci, mais elle s'y refuse. c'est antwan. maeve l'a reconnu à sa démarche teintée d'accents boitillants. plongés dans l'admiration du lointain, ils sont butés les deux héritiers. fiancés braqués. ni l'un ni l'autre ne désire cette union qui scelle leur bonheur, condamnés à une existence de faux semblants. une vie de masques. elle, arrachée à ses terres, à sa famille, à son métier. lui, partageant la couche d'une opportuniste notoire, aux allégeances floues. futur jaugé par un unique regard. silence terriblement pesant.