pseudo et prénom ‹ balaclava / chloé. âge ‹ dix-neuf ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ oh, boy. pays ‹ france. fréquence de connexion ‹ aléatoire mais active. votre avis sur le forum ‹ univers de dingue. smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

— Seedtriun, 2142 —

– Cesse de faire l'insolente, Torvi. Tu sais de quoi ils sont capables. Oh oui, elle le savait. Mais elle n'en avait que peu faire. Ce ne sont pas leurs injures et leurs sermons qui allaient la faire taire. Peu docile, la petite était exacerbée par tant de stupidité. Il ne s'agissait pas ici de la connerie de ses propres maîtres, mais d'une bien plus supérieure. Torvi jugeait et pensait à la connerie de ce monde qui n'apprenait pas de ses erreurs et qui, au contraire, en inventait d'autres. Des multitudes, la nouvelle toujours plus aberrante que la précédente. Torvi ne voulait pas changer les choses, mais simplement montrer son désaccord. N'espérant aucun sentiment de compassion — ni même de considération pure et simple — de la part de quiconque, elle n'acceptait néanmoins pas le fait de se faire traiter comme une esclave. De son statut, elle en était une, mais pas de sa volonté. Elle n'avait rien signé. Rien prononcé, rien acquiescé. Elle était née au sein même de l'étiquette qu'elle affichait depuis des années, si bien qu'à sa naissance, les premiers mots qui lui ont été adressés n'ont pas été de douces paroles. « Une esclave supplémentaire », que ses maîtres lui avaient claqué au visage. Sa propre mère n'avait rien dit. Elle n'avait pas même haussé le regard face au maître qui la foudroyait pourtant, entamant déjà d'autres insultes, toutes aussi illogiques les unes que les autres. La pure ironie est que ce maître était le propre père de l'enfant illégitime, plus mortel que les autres. Défavorisé, l'enfant avait adopté le nom indigne de sa mère, Karstark. Cette dernière le lui a confié des années plus tard, à Torvi. Mais elle ne lui en voulait pas à elle, ni à son pseudo-père. Elle en voulait au monde, à cet univers impitoyable et exclusivement funeste pour les personnes de leur race.  Sans pour autant pouvoir agir, du haut de son jeune âge et surtout au vu de sa condition, elle se contentait d'attendre l'échappatoire ultime qui lui permettrait d'en finir avec l'un des problèmes que rencontraient les humains. Au moins un. Elle savait d'avance qu'elle en rencontrerait bien d'autres. Néanmoins, cela ne la freinait pas, au contraire. – Et ? S'ils me tuent, ils y perdront plus que moi. Ce qui était vrai. Des humains, il y en avait à Eartanera. Mais à Seedtriun ? De telles étendues vertes ne permettaient pas un marché d'humains, et, quand bien même, la famille que servaient les deux Karstark n'avait pas les moyens nécessaires pour en faire importer. – Je te demande simplement de faire attention à toi. J'ai déjà perdu une fille, et je refuse de te laisser te mettre en danger comme tu le fais. Sa mère parlait dans un murmure, comme elle le faisait toujours — même lorsque les maîtres n'étaient pas là. Le regard baissé, Torvi n'avait pas voulu répondre directement. Elle détestait entendre sa mère penser au passé. Sa sœur, elle l'avait vue mourir des coups de son maître, lorsqu'il avait apprit que l'enfant n'était pas le sien. La culpabilité qu'éprouvait sa mère la rendait malade. Elle n'en voulait certes pas à son idiot de père pour sa manière dont il les traitait au quotidien, mais elle souhaitait bien sa mort pour le sort qu'il avait osé réserver à sa jeune sœur. Les mains plongés dans une vaisselle ignoble, Torvi avait laissé tomber son torchon en signe d'énervement. Elle ne voulait pas avoir cette discussion une énième fois. – Je ne ferai jamais rien qui puisse te rendre vraiment inquiète, Maman. Alors qu'elle tournait enfin son visage vers sa mère, celle-ci pleurait déjà d'épuisement. Torvi avait rapidement vérifié si ses maîtres ne les observaient pas avant de se décider à prendre sa mère dans ses bras. – Et même qu'un jour, je te le promets, tu seras fière de moi.

— Launondie, 2165 —

Deynor Hothgar. Toi, l'homme qui m'a donné espoirs et désillusions. Tu as été bon pour moi, mais d'un revers, tu as tâché l'idylle. Tu n'as pas menti, Deynor, mais tu n'as simplement rien dit. Me laissant croire à ton honnêteté sans faille, tu t'es trahi sans tenter de cacher ce flou qui planait au-dessus de ton crâne, comme un couteau qui n'attendait que la chute. Couvert de sang tu étais, du sang de tes alliés, du tien, aussi. Tu es revenu le lendemain de ta bataille, l'honneur pleurant à tes pieds, mais ton roi au sommet de sa fierté. La victoire était tienne, tu ne voulais que la célébrer, pensant à ta propre personne. As-tu pensé un instant à mon inquiétude, aux tourments qui me rongeaient ? Seule, Deynor. Pendant des jours, j'ai patienté. La bougeotte entre les muscles, je rongeais mes lèvres jusqu'au vermeil. Que m'as-tu laissé ? Des incertitudes, un sentiment d'abandonnée. Moi aussi, j'ai été déshonorée. Par ta faute, par tes actes non assumés. Et dire que tout cela aurait pu continuer. Lorsque tu es revenu, Hothgar, les plaies au corps et les bleus à l'âme, je n'étais plus là. J'étais partie, loin, lorsque tu me cherchais, lorsque tu pleurais mon nom dans un souffle humide. J'étais partie pour ne plus jamais te retrouver. Tu t'en es sorti, de cette situation, avec des blessures physiques. Les miennes étaient mentales, se manifestaient à travers des sentiments dégueulasses, qui me donnaient l'envie de vomir de honte. La honte d'aimer un traître, un espion. Le déshonneur de m'être salie en ma pleine conscience, en mon honnête volonté. L'échec de ne rien avoir vu plus tôt a été d'une douleur effroyable à considérer. Plomb au creux de ma gorge, je n'ai pas avalé la défaite de ma confiance injustement placé en ta personne, l'investissement au vide de mes sentiments. Je n'ai pas fui en te quittant, mais je suis partie dans l'envie de te blesser à mon tour. Après les entailles, les explosions, c'était à moi de t'achever. J'aurais aimé que ce soit réussi. Je ne voulais plus jamais entendre ton nom sortir d'entre des lèvres imprudentes, ni sentir ton odeur près de mon aura. Pourtant. Je ne pensais pas qu'à travers les flammes, je te retrouverais, dans le même état dans lequel je t'avais laissé : du sang sur le visage, de la sueur lassée suintant d'entre tes pores, et surtout, de la surprise dans le regard. Tu ne t'attendais certes pas à me voir partie à ton retour de Greenstall, et tu n'étais pas non plus prêt à déterrer mon souvenir ici-même, des lieux plus loin, des univers entre l'origine de nos étreintes. C'était parmi les décombres et les brumes que je t'ai reconnu d'abord, par tes boucles aussi sombres que ton âme. Ta carrure s'est démarquée comme une évidence dans la nuit rouge, à plusieurs mètres d'où j'étais. Je venais d'ôter la vie à l'un de ces maîtres arrogant, et, en te reconnaissant, ma dague s'est enfoncée profond dans le cou de l'adversaire. C'est à ce moment que tu t'es retourné, Deynor. Le regard écarquillé, presque enfantin. A cela, je n'ai répondu que par un simple sourire, relâchant le défunt. Ma première pensée à ton égard a été teintée de dégoût. D'une profonde amertume, sans égale. Néanmoins, l'esprit était soupçonné d'être le sujet d'un soulagement enfoui, qui, de toute évidence, s'avouait sans crier gare. Une fraction de seconde, où, une nouvelle fois, nos regards s'épousaient à des mètres l'un de l'autre. Une fraction de seconde, où des frissons parcouraient mon corps, d'une passion aussi dévorante que répugnante. Tu es en vie, Deynor Hothgar, si tu savais comme tu m'as inquiété, comme mon départ n'a en réalité rien changé. Tu m'as manqué, Deynor, je nous ai manqué. Mais ma haine pour toi n'a fait que grandir, devenant monstre prêt à te dévorer. Prépare-toi, l'imprudent, car tu ne m'auras plus comme j'étais. Tu ne retrouveras chez moi qu'une démone, vengeresse, cherchant coûte que coûte à te faire payer le prix fort, exagéré par le mal que tu as causé. Regarde-moi, Deynor. Tu m'as infligé cet état de tristesse, de fierté. Alors s'il-te-plaît, ne meurs pas, mais souffre à mes côtés.