Les heures se succèdent et la gamine a l'impression qu'elle ne verra jamais la fin de son périple. Epuisée, elle a réussi à troquer un cheval contre quelques babioles dans un petit village sur son chemin. Obligée de faire des haltes, la mêlée ne s'attardait pas pour autant, ayant trop peur qu'un soldat de la garde royale l'attrape pour la mettre sur l'échafaud, et cette fois pour de bon. Svea a tant de fois frôlé la mort qu'elle ne saurait dire si cela lui faisait encore quelque chose, la mort. Elle s'y est préparée pendant tant d'années et la toucher du doigt lors de ces séances de torture, qu'elle avait fini par s'y faire, à l'idée de mourir plus rapidement que la moyenne. Parce qu'après tout, la gamine n'a presque pas connu le véritable monde, elle n'a pas su ce que c'était que de vivre pleinement, alors mourir ne lui fait pas peur. Malgré tout, elle ne peut s'empêcher de penser à celui qui a embrassé ses lippes pour la première fois, celui qui l'a aidé à s'enfuir, celui qui semble avoir volé son cœur alors qu'elle ne s'y attendait pas. Pour lui, elle ne veut pas perdre sa tête. Et puis pour Isaure aussi, mais elle ne sait plus quoi penser de sa sœur. Le goût de la trahison est amer alors qu'elle s'est allié à l'empereur, celui qu'elle disait tant haïr. L'enfant est complètement perdue dans ce monde qu'elle ne comprend pas. Toutes ces années de captivité n'ont fait que manger toute son insouciance, son innocence. Elle a dû faire un choix et il ne fut pas difficile pour elle. C'est auprès d'Adonis et de sa cause qu'elle a décidé de se diriger. Elle l'avait autrefois sauvé et espérait secrètement qu'il puisse lui rendre la monnaie de sa pièce, même si elle sait pertinemment que les gens de son espèce ne représentent pas grand chose pour ceux qui touchent la royauté du doigt. Mais elle est prête à périr pour faire tomber la nation du feu, ceux qui partagent son sang, elle n'attend rien d'autre de la part du prince de granit. Svea ne se bat pas pour sa cause, ni pour sa liberté. Elle se bat pour la destruction d'autrui, le massacre de ceux se pensant en sécurité à Launondie.
Finalement, la poupée vit enfin la frontière se rapprocher et avec elle, sa porte de sortie. Comme convenu, et grâce à l'aide de Galya, la mêlée se dirigea vers une cabane très modeste où elle devait rencontrer Adonis. C'est là même qu'elle lui prêtera allégeance et qu'elle trouvera enfin un peu de répit. Parce qu'elle est fatiguée de fuir, fatiguée de devoir se cacher. Elle n'a qu'une seule envie, faire couleur le sang si bleu des Oshun.