It's happening again. I swear it is true, the past isn't dead. It's alive, it is happening in the back of my head

Les yeux clos, les bras croisés sous sa tête, Dahlia laisse ses pensées s'évader. Sa couche, bien que rudimentaire, est la plus confortable que son corps ai connu depuis sa venue au monde. Habituée au plancher de la demeure où elle a vu le jour, à la mousse fraîche de la forêt lors de ses multiples cavales, en passant par le marbre du palais des Griffith, Dahlia n'a jamais eu le plaisir de connaître le même confort que les maîtres qui l'ont autrefois possédée. Mais aujourd'hui, la voilà libre. Depuis bientôt deux années, la brune peut se vanter de n'appartenir à personne. De ne répondre qu'à elle-même. D'occuper un logement, certes simple, mais le sien. La notion d'appartenance, de propriété est ce sur quoi Dahlia a basé toute son existence. Avoir avoir été possédée, c'est à présent à elle de posséder. Comme si elle cherchait à rattraper le temps perdu, à avoir sa revanche sur la vie. C'est ainsi qu'est son monde à présent. Se venger, reprendre ce qu'on lui a pris. Plus rien d'autre n'a de valeur à ses yeux. Chacunes de ses actions, de ses décisions, ont pour but de servir sa cause, d'atteindre ses obscures ambitions. Ce n'est pas sans raison que Dahlia est restée en Eartanera, sa terre natale, celle où elle a tant souffert par le passé. Depuis des semaines, la chasseuse dirige la Western Tribe, dans l'attente d'un signe, d'une information qui pourrait changer sa vie. Que quelqu'un toque à la porte de son logement, comme c'est actuellement le cas, pour lui annoncer la bonne nouvelle qu'elle attend avec la patience d'un prédateur.
Elle sursaute et se précipite sur ses deux jambes tandis qu'un inconnu passe la porte à son autorisation. Dahlia n'est jamais vraiment dérangée. Lorsqu'on vient à elle, c'est sans cesse pour une bonne raison. Un maître à traquer, une mission à donner. Une de nos sources nous indique qu'Adonis Griffith se trouve actuellement à Foushin. lui annonce un jeune messager d'une dizaine d'années. Plus jeunes, plus discrets. Au fil des semaines, Dahlia a su s'entourer des bonnes personnes. Jusqu'à présent, les actions menées par elle-même et son clan se sont montrées plutôt fructueuse. La preuve, la chasseuse vient d'être informée de la localisation et plus important encore, de la proximité de sa proie. Ses Elle dévoile un sourire triomphant en guise de remerciement au jeune coursier, avant de le congédier d'un geste de la main. Il ne lui faut que quelques secondes pour enfiler ses bottes, sa veste et placer chacune de ses lames sans leurs fourreaux. Elle a répété ces gestes des centaines de fois, elle s'est préparée à ce jour, et c'est avec une confiance déconcertante que la brune enfourche son destrier pour se rendre jusqu'à Foushin. La chasseuse ne prend la peine de prévenir personne. Sa proie, sa chasse. Sa vengeance. Aujourd'hui, il n'y a plus de clan, plus d'armée de Pollux. Rien ne se mettra sur le chemin de la Dahlia, qui ne viendra faire obstacle au meurtre d'Adonis. Elle ne le permettra pas. Aujourd'hui, Adonis Griffith lui appartient. Sa mort lui appartient. Mais la brune ne réalise pas que sa liberté n'est en réalité qu'une illusion tandis qu'elle parcours les kilomètres qui la séparent de son objectif. Elle qui s'empresse d'accomplir ce qu'elle pense être sa destinée, elle n'a jamais été autre que l'esclave de quelqu'un. Des Griffith, de sa haine envers eux. Elle se refuse de l'admettre, mais même après son émancipation, la voilà qui construit sa vie en fonction d'eux. Elle ne cesse de dépendre d'eux, et de sa vengeance.

La journée est déjà bien avancée quand Dahlia pose enfin pied à Foushin. Elle ne sait pas encore exactement où chercher, mais elle se persuade qu'elle a tout son temps. Dirigée par la colère, elle ne souhaite pas pour autant y céder, et faire preuve de patience. Elle a attendu des années, elle peut bien attendre encore quelques minutes. Elle décide donc de se rendre dans une auberge afin de se renseigner pour louer une chambre, dans l'éventualité où elle passerait plusieurs heures à Foushin. Et c'est en traversant la taverne du rez-de-chaussée qu'une silhouette qu'elle ne connait que trop bien attire immédiatement son attention. Elle n'a pas à s'interroger bien longtemps pour reconnaître celui qui hante ses nuits depuis la mort de Wylan. L'espace d'une seconde, la brune a du mal à réaliser que c'est bien lui. Que c'est bien l'instant présent. Le revoir la projette immédiatement dans ses souvenir, dans ses haillons d'esclave. Elle se revoit courber l'échine dès qu'elle et Isaiah le croisaient dans les couloirs du palais Griffith. Elle se surprend même à chercher Wylan derrière lui, comme elle en avait l'habitude, quelques années plus tôt. Puis elle se rappelle que cette époque est révolue. En quelques pas, elle réduit la distance qui la séparait de la table où il était installé. Sans un mot, elle prend place face à lui, pose ses mains sur la table et ses yeux ne quittent pas les siens. Elle détaille les émotions qui peuvent bien passer dans son regard, mais elle se rend bien compte de l'inévitable, du prévisible : il ne la reconnait pas. Je t'avais bien dit que je viendrais pour toi. qu'elle se résigne à dire, faisant référence au courrier qu'elle lui avait fait parvenir quelques jours plus tôt. Dahlia ne saurait dire si elle est déçue ou au contraire satisfaite. Déçue qu'il ne se souvienne pas d'elle, comme elle se souvient de lui. Déçue qu'il n'ai pas davantage cherché à l'éviter. Ou bien satisfaite de le voir tomber dans la gueule du loup.