La douce s'extirpe des jardins, laissant derrière elle un cœur meurtri et abîmé par des mensonges. La faute n'incombe pas à cet enfant du feu qu'elle laisse dans son sillage, elle ne sait que trop bien à quelle point elle porte le poids de cette désastreuse histoire née dans les plus viles manipulations. D'un revers de la main, elle balaye les larmes qui ruissellent contre ses joues et viennent crever contre ses lèvres. Elle redresse le menton, impériale, elle ne laisse rien paraître de son trouble alors qu'elle réapparaît, encadrée de ses propres gardes. La jeune reine s'avance, détentrice d'une force qu'elle n'avait jamais soupçonnée, une force qu'elle puise dans les profondeurs de ses entrailles nécrosées par la souffrance que cette entrevue provoque en elle. Elle est bouleversée, la reine des flammes, elle est incapable de retourner dans ses appartements pour y retrouver son époux. Elle sent le feu sacré bouillonné en elle, incandescent et destructeur. Ses talons claquent furieusement contre le carrelage, ses jupons épousant les mouvements gracieux de chacun de ses pas. Elle s'approche des appartements de Maven, ce frère que la couronne lui a apporté, cet ami, peut-être le seul, qui l'arrache à la solitude imposée par sa nouvelle condition. L'ancienne Yinren s'immobilise avant de passer le seuil des appartements du prince de feu. Sa voix se lève, un ordre implacable, sans appel. Attendez moi ici. Si beaucoup craigne le chien Oshun, main armée de cette lignée impériale, il n'en va pas de même pour la nouvelle sang bleue. Elle annonce son arrivée, laissant son poing s'abattre contre la porte. Elle n'attend pas plus longtemps, elle passe le seuil refermant derrière elle, bien trop pressée de se débarrasser du masque d'impassibilité qu'elle se doit de porter devant le commun des mortels. Un soupire qui vient fendre ses lèvres alors qu'elle se pose contre la porte qu'elle vient de fermer, laissant ses yeux s'emplir de larmes qu'elle ne contrôle nullement. Ses orbes noisettes glissent sur les lieux, à la quête de cette présence familière qu'elle est venue rechercher ici. Un sourire vient orner ses lèvres alors que ses iris croisent ceux de celui qu'elle considère comme son frère. Les larmes creusent des sillons contre son visage pâle. Elle laisse échapper un soupire. Maven, je suis désolée, j'aurais dû me faire annoncer... C'est juste que je n'en pouvais plus... Elle détourne le regard, presque honteuse, parce qu'elle ne sait que trop bien que la place qu'elle occupe désormais ne lui permet pas de telle faiblesse.

Qui ? Un nom et il est mort. Dis-moi. Le monstre Oshun s'éveille, prêt à abattre tout l'instigateur de ces larmes qu'elle ne parvient pas à contenir. Un sourire douloureux vient fendre les lèvres de l’impératrice alors que d'une impulsion, elle quitte la porte contre laquelle elle s'est adossée. Elle s'approche, dévorant la distance qui la sépare de celui que tous considère comme un chien de garde, sans se douter le moins du monde que les yeux de la belle voit au delà de la bête. Ne pleure pas, d’accord ? Qui que ce soit, il va crever. J’ai peur de personne. Et comme pour répondre au supplication de ce nouveau frère, la douce balaye d'un revers de la main les larmes qui souillent ses joues rosies par l'émotion. Elle laisse échapper un soupire, qui s'apparente à un rire dépourvu d'une quelconque saveur. Elle glisse ses doigts contre les paumes du prince flamboyant. Malheureusement, je crains d'être la seule responsable. Elle l'était, à sa façon, puisqu'elle s'était laissée bernée avec une aisance déconcertante, elle qui avait déjà subit les outrances d'un cœur bien trop enclin à aimer. Elle soupire, Saeko, venant déposer un baiser contre les mains de l'enfant terrible, ces mêmes mains qui étaient prête à se souiller du sang d'autrui pour réparer son cœur. Nous qui avons tout les privilèges, un seul nous est interdit, celui d'aimer. J'aurais dû le savoir, j’aurais dû m'en souvenir, ce n'est pas la première fois que mon cœur s'abandonne à la déraison. Et pourtant, elle continuait à s’accrocher à cette illusion grotesque, malgré toute la souffrance qui résultait de cette relation sordide, elle continuait à se gaver d'un espoir auquel elle aurait pourtant dû renoncer. Rien que d'y repenser, l'émotion revient l'assaillir toute entière, l'ensevelir... Et les larmes reviennent brûler ses orbes sombres alors qu'elle abaisse à nouveau son regard, honteuse de s'être laisser prendre à ce piège d'amour impossible. Elle s’accroche un peu plus à ses mains qu'elle tient, luttant contre ce torrent d'émotion qu'elle ne maîtrise pas. Est-ce si ridicule d'aspirer à un soupçon d'amour au milieu de tout cela? Un souffle, à peine un murmure, déchirant, alors que son cœur bat douloureusement contre sa poitrine, chaque respiration, chaque battement de cœur bien plus douloureux que le précédent.

Il est précieux, Maven, bien plus précieux que ce que laissait présager leur première rencontre. Le prince des flammes a pris une place particulière dans le cœur de la nouvelle Oshun, à tel point qu'elle ne s'imagine plus une vie sans lui. Il est ce soutient sans faille, ce rock contre lequel elle peut s'appuyer, ce regard auquel elle peut s'accrocher lorsqu'elle sent que le poids de la couronne est trop lourd et qu'elle pourrait flancher. Elle ne voit pas la bête monstrueuse que l'on prétend, elle le sait, la douce, elle le voit, lorsqu'elle plonge ses orbes sombres dans la somptuosité de son regard pour en effleuré la douceur d'un être qui a trop souffert pour ne pas souffrir les crocs. J’sais c’que c’est. Mais tu sais, Saeko, je crois que c’est une leçon qu’on r’tiendra jamais. On tombera toujours dans le piège. Elle laisse éclater un rire qui n'a rien de savoureux, un rire marqué par la tristesse de cette cruelle vérité, un rire qui lui arrache un sourire, un sourire qui n'en est pas véritablement un. Elle s'accroche au main de ce frère que la vit lui a offerte, comme s'il s'agissait d'une bouée lancée dans une mer trop agitée. Quelques larmes coulent encore sur ses joues. C'est plus fort qu'elle... Mais elle peut se le permettre, ici, avec lui, elle est en sécurité. Elle sait qu'il a raison, elle sait qu'elle n'apprendra jamais la leçon, son cœur est rempli d'une envie d'amour telle qu'elle ne peut y renoncer aussi facilement. Elle crève d'envie d'aimer et d'être aimer en retour. Furieuse utopie lorsque l'on est assise sur le trône des flammes. J’peux quand même aller lui dire deux mots, à cet abruti, si ça peut te faire te sentir mieux. Elle soupire, la beauté flamboyante, alors que son menton signe à la négative, alors que son front s'abaisse pour venir contre le torse du guerrier. Ca ne me fera pas sentir mieux, je veux juste qu'il me revienne. Elle n'est pas comme ça, Saeko, elle n'est pas de celle qui dispense sa rage pour guérir ses blessures, elle s'inquiète trop de l'état du cœur de ceux qu'elle a en face d'elle. Il n'y a pas de donner pour un rendu. Certains dirait que son cœur est trop pure pour régner avec la dureté qui incombe à une impératrice. Tu sais … Moi, je t’aime, même si c’est pas pareil que pour Idriss ou Hyppolyte. Elle redresse le visage, reconnaissante. Elle secoue le visage, parce que jamais des mots ne lui avaient fait autant de bien que ceux du géant de feu. Et puis, j’te comprends, parce que j’ai appris que ma chère fiancée n’était qu’une menteuse et Merle … Merle elle est trop bien pour moi. Elle soupire, elle vient relâcher ses mains pour les glisser contre le visage de l'homme, elle glisse ses prouves contres sa peau, caresse apaisante alors qu'elle impose son regard au sien. Non. Je ne veux plus jamais t'entendre dire qu'une femme est trop bien pour toi. Jamais. Peu importe qu'elle soit reine, noble ou simple mortel, jamais aucune femme ne sera trop bien pour toi. Tu es la personne la plus belle que je connaisse, n'importe quel femme qui en vaille la peine serait heureuse de t'avoir à ses côtés. Douce et autoritaire à la fois, elle ne peut supporter la vision faussé que son ami a pour lui même. Elle voudrait qu'il puisse voir ce qu'elle voit. Je t'aime, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

T’es pas objective, Saeko. Elle soupire la divine, alors que son visage signe à la négative. Elle ne pouvait accepter qu'il se conforte dans cette vision faussée que ces autres avaient de lui même, non, parce que ce n'était pas ce qu'il était, pas réellement. tant de gens autours du fils des flammes lui avait donné ce rôle de monstre que l'enfant terrible avait finit par y croire, par se persuadé que c'est tout ce qu'il était, tout ce qu'il valait. Elle ne pouvait tolérer, Saeko, qu’il se méprenne à ce point sur ce qu'il était réellement. Ce sont eux qui ne sont pas objectif, il se fient à ce que l'on dit de toi, sans te connaître. Elle n'en démord pas, la beauté solaire, persuadée des mots qu'elle prononce. Elle presse les mains de son frère, comme pour donner plus de poids à ses propos, pour qu'il les ancre en lui, comme une vérité absolue. Et si tu r’gardes bien, personne ne veut être avec moi. Merle ne me juge pas assez bien. Isaure est partie avec Adonis. Et j’étais qu’un jeu pour Elizaveta. Elle soupire encore, la fille des flammes, elle vient déposer un baiser contre son front avant de déposer sa joue contre le sommet de son crâne. Elle ferme les yeux, agacée par le tableau dressé, par les noms qui y figurent pour avoir souillé le cœur de cet être que tu chéris tant. Peut-être que ces personnes n'en valent pas réellement la peine. Qu'elle murmure. A la fois pour elle même et pour celui qu'elle aimerait pouvoir protéger. Elle ne supporte pas la perspective qu'il souffre des trahisons perpétrées contre son cœur, bien trop pure pour encaissé tout cela. Je t’aime, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Elle le sent, venir prendre refuge contre ses mains. Et si la créature impériale s'en défait, ce n'est que pour mieux venir l'accueillir dans l'étreinte de ses bras. Elle le serre contre elle, s'élevant en protectrice de son âme, puisque nul ne semblait veiller sur lui de cette façon. Elle serait la gardienne de ses secrets, de ses faiblesses. Je t’aime, moi aussi. Et je tuerais tout ceux qui te feront pleurer. Tout ceux qui menaceront l’enfant que tu portes. Elle s'écarte de lui, à nouveau, un sourire venant finalement orner les lèvres de la fille des flammes. Elle revient prendre ses mains, les poser sur son ventre, à peine rebondit, mais déjà porteur de vie. Elle pince les lèvres, un instant, elle toise le visage du bellâtre, désireuse de découvrir sa réaction, presque impatiente. Cela tombe bien que tu parles de l'enfant, j'ai quelques chose d’important à te demander. Elle prend une inspiration profonde. J'aimerais que tu sois son parrain, Maven.

Il recule le géant, le monstre au cœur pur. Il file entre les doigts de la fille du feu sans qu'elle ne cherche à le retenir, non, elle laisse les doigts du bellâtre glisser avec douceur entre les siens. Ses mains retombent dans le vide. Elle le toise, le couve du regard. Furieux Maven. Ce qu'elle aimerait pouvoir panser ses blessures, le guérir de tout ce mal qui lui a été infligé, le sauver. Elle a bien du pouvoir, l'impératrice, mais pas celui là. A son plus grand regret. Un sourire rempli de tendresse orne ses lèvres délicieuses alors que son visage bascule sur le côté, offrant un mouvement à la chevelure d'ébène de la déesse. Moi … ? T’es sûre ? Les yeux de l'enfant du feu se soulèvent, alors qu'un rire amusé vient fendre ses lèvres. Si elle était sûre? C'était la seule certitude de son existence. Il était l'une des seules personnes au monde à bénéficier de la confiance aveugle dans l'ancienne Yinren. Elle placerait sa vie entre les mains du divin si elle la savait menacé. Elle connaissait aussi à quel point le cœur du prince était pure et généreux. C'est tout ce qu'elle désirait, tout ce à quoi elle aspirait pour sa précieuse progéniture. Oui, je suis sûre. Un souffle, un murmure doucereux qui s'extirpe de ses lèvres finement dessinées. Elle s'avance à nouveau vers Maven, ses doigts venant chercher à nouveau ceux du furieux. Elle ne perd pas son sourire. Elle oublie la peine, la tristesse, elle oublie la colère et la détresse, le monde s’efface pour suspendre cet instant de bonheur dans le temps. Tu es un frère pour moi, Maven, et bien plus encore. S'il y a bien une personne que je veux voir dans la vie de mon enfant, c'est bien toi. Elle place la main du féroce contre son ventre, alors qu'elle vient doucement s'emparer de son menton pour cueillir son regard, plongé son regard dans le sien. Si tu doutes, sache que j'ai suffisamment de confiance pour nous deux. Je sais qui tu es Maven. S'il te plaît. Ca compte beaucoup pour moi que ce soit toi. Si seulement elle pouvait lui montrer l'homme qu'elle voit en lui. Si seulement il pouvait oublier ce que l'on a toujours dis de lui.