Le feu brûle les contrées, ce n’est plus un secret pour chacun, c’est un fait, une réalité. On essaye de se souvenir des temps heureux, des rires, des sourires, du soleil qui vient caresser la peau, des après-midis tranquilles à se balader dans les grands jardins du palais. Mais ces moments-là s’oublient, ils s’oublient, parce que tout ce qui vient à l’esprit, c’est le nuage étouffant de flammes qui s’empare de la capitale. Des pleurs et des cris, des enfants qui s’affaissent aux pieds d’individus impuissants. C’est alors là que le peuple se questionne, qu’il se demande pourquoi, comment en sont-ils arrivés là ? Comment ont-ils pu laisser une telle nation prendre un contrôle si énorme sur le reste du monde. C’est trois nations contre une, qui s’écrasent pourtant, face à la suprématie des flammes. On se demande si le monde va finir ainsi, s’il va s’écraser, s’essouffler à cause du feu ravageur. On se demande si ça ne serait pas mieux de mourir, parce qu’il n’y a de toute façon aucune autre échappatoire.

Et pourtant la paix règnera.

L’impératrice joue avec les pans de sa robe, alors qu’elle se prépare à s’avancer vers le grand balcon. Elle est magnifique la reine, elle a des cheveux de jais, des yeux translucides et un sourire carnassier. Ca la rend charmante, mais aussi traumatisante ; elle est de ces gens impitoyables, qui ont, de leur main de fer appuyer des nations, un peuple entier à se plier à leurs caprices. Elle règne, elle dirige, et rien ni personne ne pourra jamais l’arrêter. Elle est peut-être naïve, mais c’est grâce à son nom, son sang que le contrôle est entre ses mains, entre celui des gens capables, des gens méritants, les maîtres du feu. S’avançant d’un pas décidé vers le balcon, elle sourit de toutes ses dents, appuyant le côté charmant, presque enchantant de ses traits. « Mes chers amis, après des années de guerre, de pertes terribles, nous en sommes enfin arrivés au point où nous pouvons fêter une paix qui dure depuis vingt-cinq ans. Applaudissons tous ces braves soldats qui ont perdu leurs vies en défendant leurs idées, et prions pour eux et leurs réincarnations. » Elle marque une pause dramatique, et s’avance davantage. « Vous vous demandez sûrement pourquoi nous sommes ici aujourd'hui. Cette paix dont nous avons toujours besoin, cette paix qui nous garde en vie a été compromise au court des dernières semaines. Il fallait, après des années de vie commune, qu'un groupe d'individus viennent chambouler tout ce sur quoi nous avons travaillés. Mais ne vous en faîtes pas, le sang bleu a entre ses mains les moyens pour arrêter ces ennemis communs. » Elle se doute que ses mots en choqueront plus d’un, que beaucoup riposteront en levant leurs poings, mais d’autres y croiront, une majorité de personnes. Plier aux souhaits de la couronne, le peuple n’a de toute façon pas d’autre choix que de courber l’échine et appliquer les règles, qui se doivent d’être appliquées. « C’est pour cela, qu’à partir d’aujourd’hui, tout maître de la nation de l’eau sera jugé comme ennemi publique numéro un, causant un danger pour le royaume, son peuple et sa couronne. Chaque maître de l’eau doit être amené au château, il sera mis en examen avant d’être relâché s’il est effectivement innocent. » Les cris commencent à retentir, mais le ton de l’impératrice reste le même, froid, glacial même. « Les individus trouvés coupables seront exécutés publiquement par décret de la couronne. Nous ne pouvons tolérer ces actes barbares, nous ne pouvons tolérer de nouvelles morts. Alors, mon cher peuple, coopérez, aidez-nous à détruire ce nouveau poison. » Un signe de tête, l’impératrice se retourne, et s’en va, le chaos, les cris déclenchant une vague d’affolement.