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Spoiler:

La porte s'ouvre et se referme, mais pas à clé. Qu'est-ce qu'elle peut bien lui faire, de toute manière, la petite Veda, hein ? Il s'approche, le prédateur, comme toujours. Veda l’observe de son regard sombre comme le charbon. Elle le laisse venir, comme toujours. Qu'est-ce qu'elle peut bien lui faire, de toute manière, hein, la petite Veda ? L'homme grimpe sur le lit et glisse ses doigts sur sa peau. Il ne dit rien, ça fait longtemps qu'il ne dit plus rien quand il vient la rejoindre la nuit. Il pose ses doigts partout. Les glisse sous le fin vêtement -une sorte de robe- qui couvre le corps de la belle. Il va bien plus loin qu'il en a le droit et Veda se crispe mais elle doit le laisser faire. Elle a déjà vécu ça, l'esclave. Elle sait ce que c'est, ce que ça fait. La brune ne ferme pas les yeux, elle veut voir l'air de plaisir de son tortionnaire. Elle veut constater que c'est un être abjecte, qu'il mérite ce qui va lui arriver. Veda attend qu'il s'approche, et quand il est assez près, elle l'agrippe violemment sur les deux côtés de son crâne.

L’esclave enfonce ses pouces dans les orbites de l’homme. Il se débat mais c'est trop tard, Veda a des onglets acérés comme des griffes et sent les paupières s'enfoncer dans l'oeil. Elle perçoit l'hémoglobine chaud qui inonde ses doigts et coule sur son corps, sous l’homme, contre ses bras, sur sa robe. Il la griffe avec violence, la frappe de ses genoux mais elle ne lâche pas. La vilaine s'agrippe, elle presse de toutes ses forces et quand il cesse de se débattre elle le roue de coups, pour la forme. Elle plante ses pieds et ses poings dans le corps sans vie, juste pour être sûre.

Il a hurlé, mais elle ne l'a presque pas entendue, assourdie par l'adrénaline. L’enfant brisé se lève et prend le sac qu'elle avait préparé. Il n'y a presque rien dedans, mais c'est assez. Elle doit fuir, vite, l'esclave. La brune ouvre la porte de sa liberté et court dans les couloirs, sans même avoir enfilé une paire de chaussure -elle est dans son sac, sa seule paire-. Elle se heurte à un autre maitre, Amara. La fiancée de l'homme qu'elle vient de tuer. Veda recule et campe ses pieds sur le sol, prête à en découdre. "N'essaie pas de me retenir." crache la captive. La blonde s'écarte. "A droite, l'escalier de service. La porte n'est jamais fermée." fait-elle simplement. Veda l'observe un instant, interloquée. Elle est couverte de sang, pas le sien, c'est évident et pourtant Amara l'aide à s'enfuir. Elle hoche la tête et court, sans penser une seconde que c'est peut être un piège.

Quelques mois plus tard, la Kimora referme son sac et le balance sur son dos. Elle a attaché ses longs cheveux d’ébène pour dégager son visage, et pose son regard charbonneux sur l’horizon qui s’étend à l’extérieur de l’auberge dans laquelle elle était cette nuit. La matrone lui apporte le cheval qu’elle lui a confié la veille. Sa paie de tueuse à gage lui permet au moins d’avoir une monture pour parcourir Aksana. L’enfant grimpe sur le dos de son destrier, a cru, elle n’a pas l’argent pour le seller. Elle tallone le vieux cheval qui ne lui a coûté qu’une poignée d’or, et se dirige vers les terres glaciales de sa nation. On dit qu’à Aguarinui se trouve une reine, et que parmi ses soldats se trouve une fille de l’air.

Amara Graylin, son prochain meurtre.