pseudo et prénom ‹ Gari âge ‹ I'M NEVER GONNA DIE. comment as-tu trouvé le forum? ‹ PRD j'crois bien. pays ‹ Cana-duh. fréquence de connexion ‹ 5/7 votre avis sur le forum ‹ Bah il est ben beau et ben frais. smiley préféré‹   gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

2125 Naissance à Koldoveretz. Maman maître de l’eau, papa mêlé. Ils se sont rencontrés lors des premières libérations de mêlés en 2123. Un mois après sa naissance, les bombardements frappent la ville. Maman est trop faible pour s’enfuir. Les parents sont portés disparus. On retrouve le gosse gueulant dans les ruines d’une baraque.

2130 (5 ans) L’enfant passe de mains en mains avant d’être déclaré mêlé à ses cinq ans. Un Maître de l’eau décide de le recueillir et de le cacher dans sa demeure. Il sera celui qui le nommera Talweg. Il grandit là, parmi les serviteurs, dissimulé au regard de tous. Rapidement adopté par la fratrie, Talweg se lie d’amitié avec les enfants du Maître. Malgré le danger de la situation, et quelques incidents le long du parcours, Talweg survit à son enfance.

2139 (14 ans) La Grande Guerre prend fin. Tally est libre de sortir pour la première fois au plein air. La loi Adiutor est proclamé l’année suivante. Afin d’espérer entrer dans le moule et faire oublier sa mystérieuse réapparition au monde, il y est envoyé et rejoint Hilde et son frère. Ils font ainsi parti de la première promotion de l’académie.

2146 (21 ans) Cérémonie du protecteur. Bien que Tally entretient des liens particulièrement forts avec le frère de Hilde, c’est elle qu’on lui désigne comme Maître. La mère d’Hilde décède la même année, cette dernière décide de rentrer aider son père et s’occuper de ses sœurs. Talweg se rapproche de la Ligue.

2152 (27 ans) Pour des raisons idéologiques, il décide de quitter la Ligue et de retourner auprès de Hilde.

2155 (30 ans) Mariage de Hilde.

2156 (31 ans) Hilde décide de rejoindre la résistance, Tally la suit à contre-cœur. Son intégration est difficile, il subit les discriminations et ne fait pas spécialement d’efforts pour se faire accepter.

2162 (37 ans) Probable décès du mari de Hilde.

Il a surgi sur le ponton ensoleillé, les pieds nus, débraillé, l’air hagard. Entre la surprise, la stupeur, l’inquiétude. L’autre est déjà sur ses talons, tout aussi excité, sinon plus. Dans le coin du regard glisse la lueur de malice d’un enfant précipité vers la bêtise. « C’est ça la mer ! » Hurle Hagen en pointant du doigt l’étendu bleuté qui brillait face à eux. Talweg semble l’ignorer, ses deux grands yeux verts furetant à la surface en mouvement, qui ne cessait de faire des vagues de tâches colorés, mauves et dorées et rouges et vertes et- « C’est grand comment ? » Demanda-t-il prestement, en se tournant derechef vers l’aîné, qui avait posé ses deux mains sur les hanches en contemplant le vide. «  Sais pas. Mais on peut pas faire le tour à pied, c’est p’pa qui l’dit. » Talweg détache son regard du gosse, ses yeux se plissent en rencontrant la lumière. Il peut sentir le bois sous ses pieds, l’odeur d’iode lui monter aux narines, plus fortes que jamais. Au loin, des villages fument, vestiges d’une guerre qui vient seulement de prendre fin et qui s’agite de ses derniers soubresauts, là, devant leurs yeux.

Gonflant le torse, il respire à plein poumons, l’air frais, vif, qui lui picote les lèvres et rosis ses joues. Talweg ne se retourne pas de peur de louper le spectacle, mais dans son dos il peut sentir le regard du patriarche Wolffhart, qui le guette depuis la petite montée adjacente. Quatorze ans terrés dans cette cave humide, sombre, à fureter par coups d’œil indiscret, un extérieur qu’il n’a réellement connu que de nuit, dans le brouillard, toujours, dans le secret. Le sien vient de s’évaporer en même temps que les déclarations de guerre et le bruit des bombes.

A quatorze ans, il est enfin libre.


«  Talweg ! What the hell ? » L’ainé Wolffhart lui faisait face dans l’entrée mal éclairée à la lueur de quelques bougies que même l’éclat émeraude de sa tenue ne reflétait pas assez fort pour laisser apercevoir le regard de dégoût et de déception que le maître lui lançait. Hagen n’était pas le premier surpris.

Après des années d’études, la première promotion de l’Académie venait d’être présentée à l’Impératrice. La fierté d’une nation réunifiée, Maître et mêlés unis, coéquipiers, partenaires… amis. Sur la petite plateforme aménagée, Talweg avait nerveusement resserré deux doigts sur sa ceinture. Ils étaient une petite vingtaine de mêlés à avoir réussi l’examen cette année-là. Une petite vingtaine à s’étirer sur une ligne désarticulée, bancale, près des Maîtres qu’ils devraient bientôt servir. En jetant un coup d’œil, Tally avait aperçu le sourire de Hagen lui répondre, et le pouce levé qui avait suivi, signe que tout irait bien. Et pourtant. Et pourtant son regard avait erré jusqu’à la tête brune qui se tenait non loin de lui, et silencieusement, son cœur avait loupé un battement. Avant même que l’Impératrice ne prononce leurs noms, Tally avait su. Hagen était son ami, son frère. Mais Hilde, elle… Hilde était son destin. Son évidence.

Le regard perdu dans les feuilles de vignes qui bordaient l’entrée du Palais se releva bientôt vers Hagen. Talweg ne dit rien, alors que ce dernier s’avançait lentement, les yeux brillant d’une trahison qu’il n’oubliera jamais. «  Elle te plait ma sœur, Sivrak ? » « Hag- » Commença Talweg. Mais l’autre fut plus rapide et le poing vient lui écraser le nez et une grosse partie de la pommette. La surprise le fit hoqueter. Il s’apprêtait à répliquer mais son bras s’arrêta de lui-même dans la soudaine réalisation de l’interdit. Frapper un Maître était condamnable. Défendu. L’aîné Wolffhart le comprenait bien. Talweg pétrifié n’osa pas croiser son regard. Pourtant s’il avait pu, il aurait lu le regret dans les yeux du Maître de l’eau. Ce dernier serrait son poing meurtri. Il s’éloigna sans un mot vers l’intérieur du Palais en liesse.


Lorsqu’il passa la tête par la porte du salon, il ne s’attendait pas à trouver toute la smala réunie pour l’occasion. Pourtant, quatre têtes brunes se tournèrent d’un seul homme vers lui et sans même noter l’ironie pour Hagen, Talweg entonna un « Salut les filles. » « Tally ! » Hurlèrent Hedda et Hettie d’une même voix. De petits bras fébriles vinrent lui sauter au cou, le faisant légèrement vaciller. « Tu ne viens jamais nous voir. » « Jamais, Talweg, t’entends ? Jamais. » L’accusé leva les bras en l’air en signe d’impuissance. « Je suis occupé. » « Occupé à quoi ? » Chantonna Hilde de sa belle voix rauque. « Sauver le monde ? Et moi, Talweg ? Tu penses à moi de temps en temps ? Qui viendra me sauver ? » Il savait qu’elle plaisantait, et encore plus pertinemment qu’il n’aurait pas dû rougir, là, à ce moment précis, pourtant Tally se détourna et vint poser son manteau quelque part sur un canapé. Il évita soigneusement le regard de Hagen, pas que ce dernier n’ait remarqué quoi que ce soit, mais par habitude et précaution. « Hilde, si le monde doit être sauvé de quelque chose, c’est bien de toi. » Il lui asséna une tape sur le coin de la tête en passant, venant prendre place près d’Hagen, qui ouvrait déjà une seconde bouteille.

Quelques heures plus tard, alors que la fratrie avait déjà bien entamé les réserves de vin du patriarche, Talweg ouvrit la petite porte fenêtre menant sur la terrasse pour venir respirer à plein poumons l’odeur d’iode montée de la mer. Il s’était accoudé à la rembarde depuis quelques bonnes minutes lorsqu’Hilde apparut dans l’embrasure de la porte. « Qu’est ce que tu fous, Sivrak ? T’as passé quatorze ans dans une cave alors tu peux pas avoir un toit au-dessus de ta tête pendant plus de quinze minutes ? » « Ouai j’ai un quota, tu vois. Entre ça et le nombre de Wolffhart dans une même pièce. Vous me filez tous des boutons. » « Ah, ceci explique cela. » Lance t-elle en désignant sa barbe, en y approchant ses doigts, même. « On pensait que t’avais tout simplement abandonné l’idée d’arrêter de ressembler à un troll. » Dans la pénombre, il entrevoit les étincelles qui brillent au fond de ses yeux, les amandes perçantes qui le fixe à un mètre de là, cette main qu’elle a laissé glisser de son menton sur le haut de son torse. Elle lui rit encore à la gueule lorsqu’il se penche pour l’embrasser. Hilde, ses lèvres ont le goût du sucre glace, du vin blanc trop fruité qu’elle gargarise depuis le début de la soirée. Elle s’accroche à ses lèvres comme il s’accroche à son buste, tire le vêtement et le corps contre lui, là où le vide a bien souvent pris place. Ça fait des mois qu’il ne l’a pas vu. Maintenant, il a déjà oublié pourquoi. Il n’a jamais connu plus familier ou plus naturel que le jeu de ses lèvres sur les siennes. « Hey… » Elle lui lance alors qu’il part enterrer des baisers dans la fragilité de son cou. Elle attrape son visage et du bout du pouce, essuie le maquillage qui est venu tacher ses lippes. Il s’humecte ses lèvres et le goût du vin vient lui asticoter le palais. Son regard le charme une dernière fois avant de s’éloigner vers l’intérieur, où Hagen vient de monter sur la table, la bedaine à l’air. Malgré lui, Talweg la suit des yeux, cette silhouette mince et petite qui retourne s’assoir près de ses sœurs et passe un bras discret autour des épaules d’une des jumelles. Elle te plait ma sœur, Sivrak ? « Merde… » Maugréa-t-il en détournant son regard vers la mer.


La porte est close et Talweg fait les cent pas, poursuit, revient, tend le bras, se ravise. Vingt minutes que ça dure. La canalisation a eu le temps de goutter ses derniers débordements et le blindage de gémir à échos répétés dans le couloir désert. Il ne force pas, mais il peut l’entendre penser, par vagues, par soucis d’oublier, puis tout revient d’un coup, comme l’écume sur les bords des plages. « Hilde. » Il appelle contre la porte. Le silence. Talweg met sa main sur la poignée mais avant qu’il ait eu le temps de la tourner, le machin grince et c’est finalement elle qui ouvre. Son visage est froid, tiré, comme à l’accoutumé. Des larmes ont coulé mais elle les a essuyés, un peu brutalement, marquant sa joue d’une teinte rouge. Elle ne lui demande même pas ce qu’il veut, et immédiatement, s’éloigne. Hilde, son visage est plus blanc que la neige depuis qu’elle a élu domicile dans les souterrains sordides, ses yeux ont perdu de quelques éclats et c’est maintenant son cœur qui fait des vagues.

Talweg referme la porte derrière lui et vint s’assoir près d’elle. Il peut l’entendre respirer à petits coups fébriles, comme si le niveau d’oxygène avait subitement baissé au cours des cinq dernières secondes. Quelques jours auparavant, il y avait eu un incident. Et bien qu’ils avaient tous vécu les bombes, celle-là venait d’exploser un peu trop fort dans le ventre de la Wolffhart. Tally ne disait rien, il savait déjà. Le mari n’était plus. Le mari qui n’avait eu de cesse de lui cracher à la gueule, le mari qui lui avait jeté les regards les plus sordides, mais le mari quand même. Celui de Hilde, qui n’avait plus l’air de savoir quoi faire avec sa douleur et qui explosait en pensées contradictoires dans la pièce pourtant silencieuse.

Alors Il ferma les yeux, s’accrochant à ce qu’elle lui exposait. Les sons, les vagues de chaleurs allant avec le sentiment, les sensations, comme un froid brutal et rugueux tout à coup. Des épices, enfoncées à même la peau, qu’on lui retirait une par une. Il pouvait sentir la puissance de sa tristesse et ne se dérangea pas pour naviguer à travers. Talweg les absorba d’un même coup, sans un mot, juste, un soupir brutal, qui s’échappa de leurs lèvres, dans une symbiose presque naturelle. Il releva son regard vers elle, croisant l’absence au fond des yeux saphir. Elle ne le remercia pas plus qu’il ne s’en excusa. Il avait fait ce qu’il fallait pour qu’ils continuent à avancer, tous les deux.