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danse macabre. (tally)

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danse macabre. (tally) Vide
MessageSujet: danse macabre. (tally) danse macabre. (tally) EmptyLun 23 Oct 2017 - 20:55

Nothing ever ends poetically.
It ends and we turn it into poetry.
All that blood was never once beautiful.
It was just red.


Tout ce qu'elle voulait c'était se rendre à ses appartements et de boire jusqu'à ne plus pouvoir distinguer délire et réalité. Sombrer dans un oubli de soi si profond que rien ne puisse l'en sortir, qu'elle en oublie son prénom, qu'elle en oublie son visage, son corps, qu'elle se regarde dans une glace sans se reconnaître, que personne ne la reconnaisse plus jamais, qu'elle se libère de sa prison corporelle, que son être se sépare entièrement de son enveloppe charnelle pour ne faire plus qu'un avec les cieux, qu'elle se perde dans l'immensité du rien jusqu'à ne plus pouvoir discerner où est-ce que l'univers commence et où est-ce que son esprit s'arrête, qu'elle cesse tout simplement d'exister pour qu'on lui foute enfin la putain de paix. Elle veut juste que la tourmente prenne fin, que cette constante cohue qui bourdonne inlassablement autour d'elle se taise à jamais, pour qu'elle trouve cette quiétude intérieure qu'elle a désirée pendant tellement longtemps, qu'elle n'a pu effleurer du doigt qu'en se mettant la tête à l'envers. Ce qu'elle donnerait pour un instant de répit, pour le silence le plus total de ses pensées. Le monde prend feu autour d'elle et la seule chose à laquelle elle pense est : et si elle se laissait brûler avec ? N'avait-elle pas assez donné aux vivants ? Ne méritait-elle pas, après tout, la promesse de cette délivrance éternelle ? De donner à son être la seule chose qu'il désirait depuis des mois maintenant : parvenir enfin au nirvana dont il se languit sans cesse.

Elle se pensait préparée, prête à confronter les plus perfides des démons, mais elle se retrouve impuissante face à une guerre inévitable malgré les alliances qu'elle a et les informations qu'elle détient. Avoir eu écho de l'attaque avant qu'elle n'ait lieu n'a servi à rien, elle n'a sauvé aucune vie, n'a empêché aucune blessure. Elle a autant de sang sur ses mains d'inconsciente que les soldats impitoyables de la Résistance qui ont mis en place le massacre. Résistance de quoi ? Elle ne savait plus, les lignes s'entremêlaient comme elles le faisaient souvent en temps de guerre, plus rien n'avait de sens, on se battait à droite et à gauche pour une couronne dont tout le monde se clamait  digne héritier. Une couronne qu'ils ne porteront qu'un instant avant qu'une autre opposition ne naisse et qu'un autre ne vienne l'arracher. Les hommes sont souvent aveuglés par leur sens d'importance, ils se croient nés pour régner, comme si c'était un droit de naissance que de prévaloir au-dessus des autres. Mais leur arrogance nourrit cette insolence qui empoissonne les esprits et les enferme dans une bulle de suffisance complètement indifférente au monde extérieur et c'est ce qui les mène à leur perte, quand enfin sur le trône, leur ignorance se révèle au grand jour. Et comme à chaque fois, quelqu'un quelque part se pense être digne de cette couronne que le souverain actuel ne mérite pas et dans sa soif de pouvoir se retrouve à commettre les mêmes erreurs que tous ses prédécesseurs. L'histoire ainsi se répète intarissablement, alors qui était-elle pour l'empêcher de suivre son cours ? Qui était-elle pour s'adonner à un héroïsme qui ne la mènera à rien, si ce n'est à sa propre perte aux mains d'ennemis, ou pire, aux mains d'êtres aimés qui se laisseraient guider par leur propre avidité. Elle n'avait pas le temps, ni l'envie de se soucier des autres. Le mariage impérial était une catastrophe et elle n'était prête à faire face à personne. De toute manière, elle était presque arrivée à destination.

Le Corbeau Brumeux s'affichait au loin, elle en distingua l'insigne même à cette distance parce qu'elle connaissait l'endroit mieux que les lignes de ses propres mains. Galya accéléra le pas, tête baissée, anticipant déjà le goût de l'alcool sur sa langue, apaisant ses maux les plus profonds. Elle ne se soucia même pas de cacher les traces de sang sur son visage quand un passant la bouscula, renversant la cape sous laquelle elle se cachait. Elle ne s'arrêta pas, le besoin s'était déjà ancré dans le creux de ses reins, la tarissant de tout ce qu'elle contenait : de son intuition autrefois aiguisée à la sensibilité perdue de son âme. Il n'y avait plus que l'appel du vide qui résonnait en elle, la faisant vibrer violemment, seule solution à ce nouveau sentiment d'impuissance dont elle ne pouvait se débarrasser. Ce fut un douloureux coup au ventre qui l'ôta à ses pensées quand elle se retrouva brusquement sur le bitume. Elle n'avait pas encore repris tous ses esprits, qu'un coup dans le dos la fit bousculer en avant, visage contre le sol, une douleur indescriptible la traversa et pendant un instant, elle aurait juré sentir son coeur s'arrêter dans sa poitrine. Elle essaya de relever sa tête tournoyante pour voir ce qui se passait, elle n'arrivait pas à distinguer une seule voix dans le tumulte, on hurlait, on se bousculait, l'enfer avait changé de location, l'avait suivi des beaux quartiers de Launondie jusqu'aux ruelles les plus sombres de Jhiu N'guri. Comment n'avait-elle pas vu la foule déchaînée ? Avait-elle marché tête la première au milieu du chaos ? Était-elle à ce point déboussolée par les récents évènements qu'elle n'avait même pas remarqué l'agitation autour d'elle ? Elle ne savait pas ce qui se passait, mais réussit à se relever, si elle devait mourir aujourd'hui, elle allait au moins faire en sorte de le mériter. Son pouvoir ne lui sera d'aucune aide, il ne l'a jamais été. Pas dans des situations comme celle-ci ou pour rien au monde, elle ne réussira à invoquer sa paix intérieure. Elle n'allait pas non plus se ridiculiser devant une trombe de mêlés surexcités dont plus de la moitié la connaissait au moins de nom. Mais peut-être qu'ils ne verraient rien, pas dans une clameur aussi brutale, pas quand on courait à droite et à gauche pour fuir la grande place, qu'on se battait férocement avec une rage de vivre primitive aux bêtes qu'on était. Où était la sienne alors ? Elle sortit un couteau dont la lame embrassait la courbe intérieure de sa cuisse, elle l'avait glissée là avant le mariage, juste au cas où et elle avait eu raison de le faire. La lame était empreinte de sang, visiblement frais. De qui ? Elle ne saurait dire. Elle ne voulait pas se souvenir, ne voulait pas savoir. Elle aura assez de temps plus tard, demain, si elle s'en sortait aujourd'hui. Le visage de Tamar lui apparut pendant une fraction de seconde, image si vivide qu'elle se demanda si elle ne l'avait pas réellement aperçue dans la foule. Cette pensée fut suffisante pour qu'elle comprenne que survivre n'était pas une option. Elle ne pouvait pas faire ça à son adiutor, peu importe à quel point elle souhaitait se laisser tomber dans un oubli irréversible. Elle s'apprêta à se faire un passage dans la foule, munie de son couteau, quand elle sentit deux bras se refermer autour de sa taille et l'arracher du sol. Elle essaya de se débattre mais le corps contre lequel elle était pressée était une prison de muscles, elle essaya de tourner sa tête pour voir qui était son agresseur mais elle ne réussit qu'à se donner une crampe au cou. Elle n'y avait rien à faire, elle était coincée. L'impuissance se réveilla en elle une nouvelle fois, faisant brûler les larmes à l'arrière de ses yeux, elle mordit vicieusement sur sa lèvre pour les empêcher de couler. L'horrible sentiment monta en crescendo jusqu'à atteindre sa trachée, menaçant de la faire exploser si elle ne s'en libérait pas. Elle hurla alors, hurla d'une force dont elle ne se pensait pas capable, hurla sa détresse, son désespoir, des années de mal-être qui s'étaient accumulés en elle et son cri se mêla à celui de la foule. Elle ne faisait plus qu'un avec le reste du peuple, sa voix indiscernable dans la huée. Ensemble, ils beuglèrent leurs malheurs dans un braillement conjoint jusqu'à ce que la horde ne disparaisse de son champ de vision, jusqu'à ce que son assaillant ne la dépose enfin et qu'elle se retrouve à la porte d'un appartement qui était loin de lui être inconnu.
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danse macabre. (tally) Vide
MessageSujet: Re: danse macabre. (tally) danse macabre. (tally) EmptyDim 29 Oct 2017 - 1:08

Tout avait très rapidement dégénéré.

Un bourdonnement d’abord, un relent de vagues le long d’un jetée calme et soudain, le raz-de-marée et voilà. Sans le vouloir, Talweg se retrouva rapidement le corps entraîné par la foule, les oreilles sifflantes des incantations d’espoir, de désespoir, de colère, de vigueur, d’un peuple tout entier entré en ébullition. Peut-être qu’il a loupé une marche, raté une étape : hier encore, il se souvenait du regard froid et terrible d’une Impératrice qu’il avait rencontré l’histoire de quelques poignées de secondes, à une cérémonie exécutée dans le plus grand des sérieux. Sous la lumière des bougies, les lèvres teintées carmin s’étaient étirées en l’apercevant. Talweg Sivrak. Adiutor. Et pas plus, seulement, son nom et celui de la cadette des Wolffhart. Un souffle et puis voilà. Tally leva les yeux vers là où la foule était la plus dense, là où ça scandait tellement fort que le sol vrombissait et que ses oreilles commençaient à siffler. Et puis voilà. Et puis voilà comme une tête qui tombe. Exit les lèvres carmin. L’Impératrice est morte. Vive l’Empereur.

Un coup d’épaule plus fort que les autres le repoussa sur un côté de route. Tally s’ébroua et râla. Sans demander son reste, il enfourna sa capuche sur sa tête et disparu dans une ruelle. Les esprits s’échauffaient plus vite que la tête de l’Impératrice était tombée. Autour de lui, il pouvait sentir l’incompréhension, la brutale réalisation de la fin d’une époque, des esprits confus, tourmentés par la nouvelle, et le pourquoi, et le comment. Pollux. Au détour d’une pensée, Talweg entendit le nom détaler d’un cerveau à un autre, flash de souvenirs, images déformées d’une réalité qu’il savait ne pas être ce qu’elle paraissait. Dans la tête de l’un, le monstre humain sanguinaire enlevait femme et enfant, dans celle d’un autre, il berçait le nouveau-né de belles idées et discours égalitaire. Un idéal qui s’obtiendrait dans le sang, les larmes, et en coupant des têtes. Une résistance romantique ou cruelle, et entre les deux : rien. Sivrak grogna, d’un coup de main comme d’un mouvement de pensée, écarta celle d’un inconnu naïf, et continua son chemin le plus loin possible du désastre annoncé.

Au détour d’une intersection, il pensa au Corbeau Brumeux et aux conséquences d’un tel évènement. Nul doute qu’entre l’agitation générale provoquée par l’assassinat de l’Impératrice et l’invasion de la Résistance, les heurts n’allaient pas tarder à gagner la rue. Et pour avoir vécu plus d’une révolution, Talweg se doutait l’état dans lequel les soi-disant rebelles allaient laisser les institutions locales telles que celle de Rhaena Dryden. Dans un nouveau grondement agacé (non pas que le détour n’en vaille pas la chandelle, mais Tally se doutait bien de l’accueil qu’elle lui réserverait en le voyant débarquer par précaution, quatre heures avant le déluge : mains sur les hanches, lippes retroussées à la manière de ces louves réfractaires, et sur un ton des plus aimables, de lui balancer des « casse toi Sivrak » à qui mieux-mieux.), Talweg prit la route du Corbeau, non sans s’assurant de rester invisible, silencieux, alerte du moindre mouvement de mains comme d’esprit. La garde royale avait ses propres mêlés à sa disposition, et mieux valait éviter de trahir la peur de perdre un si beau moment de révolution populaire.

C’est au moment de traverser la route qu’il l’aperçut. La crinière blonde lui courait sur les épaules, dans un jaune plus criard que jamais, un jaune qui avait tantôt fait d’attirer son attention et celle d’individus bien moins intentionnés. Un coup d’épaule, de bottes, et Galya Valaeris se retrouva à terre. Talweg suivit du regard le groupe d’agresseurs, sans reconnaître un visage, sans envisager pour le moment, un motif. Ils la cernaient tels une meute, allant et venant à ses côtés pour la perturber, la perdre. La désorienter. Gauche, droite, tourne, revient. Valaeris avait rapidement compris la manœuvre et il l’observa mettre la main au niveau de sa cuisse, tirant de son fourneau la lame d’un couteau déjà ensanglantée. Nouveau soupir. Nouveau grognement. Talweg envisagea un moment de beugler, la prendre dans la surprise, mais il ne souhaitait pas particulièrement devenir la cible prochaine des individus, peu importe leur appartenance, leur allégeance, ou leur volonté d’en découdre. Au lieu de cela, il fendit la foule, marchant d’un pas rapide, vif, caressant de son esprit la pléthore d’individus allant et venant, sans qu’aucun ne croise jamais sa route, chorégraphie parfaite orchestrée depuis ses méninges en ébullition, et le sang qui pompait plus vite qu’à l’accoutumer jusqu’à son cœur. Il envoya le premier individu valser d’un coup de coude appuyé sincèrement sur sa trachée. Le second se retourna, aux prises avec une hallucination auditive que Talweg dirigea à plusieurs mètres de là. Sans prendre plus de mesures avec le reste, il attrapa sans vergogne Galya par la taille et l’entraîna rapidement à sa suite, laissant les deux autres batailler avec leurs esprits perturbés par le passage du mêlé orange.

Evidemment, elle se débattait assez pour lui arracher un soupir agacé. Assez pour qu’il doive se contorsionner et forcer, pas trop de peur de lui entamer les cervicales, mais assez pour la garder en place, assez pour passer trois, quatre, cinq rues, s’enfoncer jusqu’à la porte de l’appartement qu’elle reconnue, puisqu’à l’instant, les mouvements de bras énervés cessèrent. Les cris cessèrent. Talweg la reposa au sol sans ménagement, lui foutant son poignard dans la main. « Guette. » Lui lança t-il en fouillant dans ses poches à la recherche de ses clés. Bonjour Galya. Ça va Galya. On s’est pas vu depuis longtemps. Comment va ton con de mari et tes adorables gosses ? « Guette, j’te dis. » Il lui beugla presque en foutant la ferraille dans le trou de la porte. Le machin grinça pas très délicatement, et Talweg l’attrapa par l’épaule pour la faire grimper les six étages qui menaient au taudis qu’il squattait – bien moins ces temps-ci. Une odeur de pourri s’éleva subitement. « Ah merde. J’crois que c’est le chat. » Il s’avança pour fermer la porte de la cuisine. « Qu’est ce que tu fais ? Viens, entre. » Il lui intima en allant vérifier la présence des deux individus à la fenêtre. Rien. Pas – plus – un chat dans la ruelle voisine. Les cris continuaient à s’élever, mais même en ratissant mentalement le voisinage, Talweg ne trouva pas de trace de leur altercation. « Alors, Valaeris, à qui t’as cassé les couilles cette fois-ci ? » Sivrak se retourna, et pour la première fois depuis longtemps, lui sourit.
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MessageSujet: Re: danse macabre. (tally) danse macabre. (tally) EmptyDim 5 Nov 2017 - 20:50

Talweg Sivrak avait la fâcheuse habitude de n'apparaître que quand elle était au fond du gouffre. La version la plus pitoyable d'elle-même se débattant contre l'image parfaite désirant retrouver la surface où elle a toujours été, ce qui, en soi, n'arrivait pas aussi souvent qu'il aurait pu le croire. Il était sûrement la seule personne dans tout le royaume à l'avoir vu (à deux reprises) dans des états aussi lamentables que celui dans lequel elle se retrouvait aujourd'hui. Cette idée était si terrifiante qu'elle ne savait pas si cela lui donnait plus envie de le tuer lui, pour se débarrasser de toute preuve humaine de ses faiblesses, ou de se tuer elle pour éviter l'humiliation qui s'ensuivra de cette rencontre. On aurait dit que Talweg était attiré par le malheur des autres à la manière d'un aimant, elle se demandait si c'était comme ça avec tout le monde ou seulement avec elle. Elle espérait qu'elle n'était pas la seule, que le quotidien du mêlé consistait principalement à se mêler des affaires des autres pour les tirer de leurs propres malheurs, mais même cette pensée ne l'empêcha pas de se sentir profondément mortifiée dès qu'elle posa les yeux sur lui. Son apparente insouciance renforçait le sentiment de honte qu'elle ressentait parce qu'il lui donnait l'impression de dramatiser une situation qui ne se devait pas d'être aussi tragique. Elle se demanda un instant si la sérénité qui émanait de lui était bien réelle ou si son calme n'était qu'un masque qu'il portait. En tout cas, il lui faisait l'effet d'être une gamine en plein crise d'adolescence, ce qui la perturba davantage quand elle se souvint qu'elle était plus âgée que lui. - Guette, j'te dis. Lui répète-t-il et le son de sa voix la sort de sa transe. Les rides s'étaient creusées sur son visage plus endurci que dans ses souvenirs. Le temps, après tout, n'était pas aussi clément sur les autres que sur elle. En même temps, les autres ne se brisaient pas les os pour le tordre et le façonner à leurs images, sûrement trop occupés à faire face à des ennemis plus redoutables. - Ne me dis pas quoi faire. Balbutia-t-elle incertaine de ses paroles, elle s'agrippa quand même au couteau qu'il lui fourra dans les mains et le suivit sans un mot de plus. Elle ne savait pas quoi dire ni comment réagir, il venait sûrement de lui sauver la vie, mais elle n'avait pas besoin qu'il le fasse. Pensait-il qu'elle était une minable maître sans défenses ? Était-ce réellement l'image qu'elle donnait d'elle ? Et pourquoi est-ce que ça la dérangeait autant qu'il pense qu'elle était une incapable ? Normalement, c'était un rôle qui lui allait à ravir, qu'elle jouait à la perfection et qu'elle acceptait sans rechigner. Mais elle ne voulait pas perdre face devant un mêlé, devant Talweg. Elle n'était plus la jeune femme de vingt-cinq ans qu'il avait sauvé autrefois, elle avait gagné en expérience, elle n'avait pas besoin de lui parce qu'elle était plus forte. Ou l'était-elle vraiment ? Six étages plus tard, elle arrive essoufflée et en boitant à cause de la douleur des coups qu'elle venait de subir, bien qu'elle tentât de le cacher en gardant une posture plus ou moins respectable, la tête haute, les épaules droites. Elle laissa très vite tomber cette tactique quand elle s'engouffra dans le taudis qui servait à Talweg Sivrak pour maison, l'odeur nauséabonde lui arracha un cri aigu et elle laissa ses épaules retomber, soupirant dans un signe de défaite. - Je ne vais pas te demander comment tu fais pour vivre ici. Clairement, tu n'es plus que l'ombre de l'être civilisé que tu as un jour été. Elle s'avance d'une mine dégoûtée qu'elle a du mal à dissimuler, prend une chaise dans un coin et s'assoit dessus. Celle-ci tangue sous son poids et elle se relève instinctivement pour éviter une autre humiliation face au mêlé. - Alors, Valaeris, dit-il en se retournant vers elle. À qui t’as cassé les couilles cette fois-ci ? La vulgarité de ses mots la prennent au dépourvu et elle sent la chaleur lui monter aux joues, on ne s'était pas adressé à elle d'une manière aussi crue depuis longtemps. Encore une fois, elle se sent mal à l'aise face à lui, face à ce qu'elle est devenue, elle tente de se reprendre. De quel droit lui parlait-il ainsi ? Elle restait une maître, une argent, une noble et peu importe leur passé, il se devait de la respecter. - À qui j'ai cassé les ... à qui j'ai ... Comment est-ce que tu os— Attends, attends. Elle s'interrompe dans son élan quand elle voit l'expression sur son visage. - Tu souris ? Lui dit-elle indignée qu'il puisse être aussi décontracté pour oser sourire. - Vraiment ? Incroyable. C'est incroyable. Uh-uh. Dehors, le monde est en feu et moi je me retrouve là, en compagnie d'un imbécile. Qui sourit ! Elle se parlait plus à elle-même qu'à lui, avait l'impression d'avoir pénétré une dimension parallèle à sa vie, où maîtres et mêlés se retrouvent comme d'anciens amis pour faire la conversation. Où le monde ne s'apprêtait pas à entrer en guerre, où l'impératrice ne venait pas de perdre la vie subitement, où elle n'avait pas assisté à une exécution publique quelques heures auparavant, où sa fille aînée ne lui avait pas annoncé sa grossesse illégitime, où elle ne venait pas de quitter les cachots pour trouver un moyen d'avoir un ennemi en moins. Un monde où tout était simple, où les gens souriaient. - Prête-moi le quart de ton insouciance, je t'en prie. Elle se remet de son choc quelques instants plus tard et se dirige, le regard vide, vers le fauteuil qu'elle avait évité depuis son arrivée à cause du contenu suspect (et sûrement dégoutant) qui y était déposé pour s'affaler dessus en refusant de trop y penser. Reste pas là, sers-moi quelque chose à boire puisque tu insistes tellement à vouloir me sauver. Et pas la peine de ramener un verre, manqua-t-elle d'ajouter, elle préfèrerait encore se risquer à boire bouche contre la bouteille plutôt que de laisser ses lèvres toucher de la vaisselle provenant de son écoeurante cuisine. Alors, tu deviens quoi ? Dans d'autres termes, tant qu'on y est, que peux-tu m'apporter ? Que sais-tu qui puisse me servir ? Que peux-tu me révéler qui puisse apaiser mes maux ?
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MessageSujet: Re: danse macabre. (tally) danse macabre. (tally) EmptyMar 5 Déc 2017 - 2:25

A travers les pans d’un rideau sale, gris, faiblement entrouvert, Talweg continue par coups d’œil réguliers à guetter un extérieur toujours en ébullition, et du coin d’un autre œil bien moins vague et distrait, de sonder la femme qui se tenait à quelques mètres de là dans la pénombre. C’était à croire qu’en dix, quinze ans de temps, Valaeris n’avait jamais trouvé le moyen de se sortir des problèmes. Des problèmes qui prenaient certainement leur source dans la fuite nécessaire qui l’avait précipité dans ces pattes, voilà de nombreuses années de cela, alors que le coin de ses yeux ne portait pas encore les rides d’une malice sincère et que son visage n’était pas mangé par une barbe précaire, laissée à l’état sauvage. Elle était la même gamine qui avait franchi son palier avec son ventre rebondi, il y avait des lunes de cela, et malgré la vulgarité effrayante de sa question, Sivrak accueilli le rose des joues de la Maître d’un pouffement bien moqueur. « Qu’est ce qui t’arrives ? Fallait que j’commence par une courbette ? » Lance t-il en se retournant tout à fait, alors que la femme tanguait jusqu’à la chaise la plus proche. Effet de la question ou étourdissement après la subite adrénaline engendrée par la fuite, difficile à savoir. Mais des conventions, Talweg se foutait bien. Il en avait vu passer d’autres, et des moins familiers, des maîtres pètes-secs, aux lèvres pincées et aux regards sévères. Des puristes pour qui le sang avait plus d’importance que l’humain et qui se voyait déjà régné sur les âmes qui n’avaient pas eu la chance d’une naissance heureuse. Il en avait subi des agressifs, des connards, qui lui avait demandé de baisser les yeux, d’embrasser leurs babouches d’orduriers traditionalistes pour le simple plaisir d’un sourire narquois et d’une claque assénée sur sa nuque. Mais maintenant, plus jamais. Plus jamais ils ne laisseraient l’éducation d’une élite misérable le rappeler à son rang, pas depuis que ces poings sauvaient leur tête, et celle de leurs enfants. Et sûrement pas Valaeris, sûrement pas une fille qu’il considérait avoir été, jadis, son ami.

Elle a l’air de plus se parler à elle-même qu’à lui, lorsqu’elle se lève pour rire bien haut, bien fort, de ce même sourire qu’il laisse pendre sur ses lèvres, mais le mêlé lui répond quand même : « Quoi ? » Balance Talweg en riant. « Faudrait que j’tire une gueule de six pieds de long pour que j’ai l’air d’être inquiété ? Qu’est ce que tu veux que j’te dise Galya, t’empestes les problèmes depuis que t’as été en âge de les créer. Ça m’amuse de voir que rien n’a changé, c’est tout. » Elle vient s’affaler sur le canapé adjacent, d’un air de propriétaire y balance sa nonchalance retrouvée et l’angoisse qu’elle peinait à dissimuler sous ses airs d’insoumise. A l’écouter soupirer d’impuissance, Talweg se mit immédiatement à la recherche de la gnôle qui traînait quelque part dans un des tiroirs des commodes. Le bois craquait, la poussière se soulevait par nuages parresseux. Il n’avait foutu les pieds dans le taudis depuis plusieurs mois. « Oh, je ne t’ai pas sauvé. » Dit-il pour précision, en haussant les épaules. « Disons… j’ai participé à ta présence continue sur cette terre ? » Il se tourna pour observer sa réaction puis repartit aussi sec la tête dans la suie. « Enfin, on peut quand même se boire un whisky, hein. » Précisa le mêlé en mettant la main sur la bouteille.

Il n’eut même pas le temps de se pencher pour attraper les verres que déjà, Valaeris débitait la question avec un intérêt non feint. Talweg éclata d’un rire subit, débouchonna la liqueur au verre ambré, servant les deux verres après les avoir médiocrement lavés de sa manche sale. « Tu parles business avant même d’avoir trinqué ? On t’a jamais enseigné les bonnes manières ? » Il lui tendit son verre d’une main négligeant. Attendit qu’elle l’attrape pour rapprocher le sien. Foutant son regard dans le sien alors que le tintement du cristal recouvrait les clameurs de la rue. Il rapprocha un tabouret qui se trouvait proche et s’y assit dans un soupir à peine retenu. « Toujours à la traîne, comme tu le vois. Pas encore foutu de choisir des causes justes et de me respecter un minimum. » Grinça Talweg d’un sourire narquois. La Ligue, la Résistance… Peu de différence, finalement. Dans un groupe comme dans l’autre, Sivrak n’avait trouvé ni respect, ni empathie. Il continuait de traîner carcasse et grimaces là où sa conscience plus trop téméraire le portait et où Hilde trouvait le moyen de les foutre. « Toujours à suivre la Wolffhart. En bon chien garde, faut croire, et j’ai même commencé à donner la patte. » Il eut un rire, un instant de faiblesse, et amena le verre à ses lèvres pour y boire cul-sec le fond ambré qui n’avait pas fait long feu.
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