Le silence, encore et toujours le silence. Le regard de la gamine vagabonde entre le corps endormir d'Isaure et celui bien éveillé de son Adiutor. Un soupir effleure ses lèvres alors qu'elle détourne ses iris azurs. Elle n'a jamais réellement compris pourquoi la protectrice de sa sœur ne la porte pas réellement dans son cœur. Mais cela lui est égal. Parce que Svea a Isaure et que cela vaut tout l'or du monde. Peut-être mourront-elles ici, certainement même, mais au moins elles ne mourront pas seules. C'était une pensée qui adoucissait un peu l'idée de terminer sur l'échafaud. Recroquevillée sur elle même, la poupée essaye de trouver le sommeil, mais il ne vient pas, jamais. Elle n'arrive pas à s'assoupir plus d'une heure ou deux, enfin qu'est ce qu'elle en sait après tout ? Elle a perdu la notion du temps depuis des années. Elle a arrêter de compter et de graver un trait sur le mur à chaque lune. Puis finalement, elle sent que Morphée l'appelle doucement. Elle baisse sa garde un instant et elle essaye de trouver le repos tant mérité. Un repos qu'elle aurait préféré éternel, si elle n'avait pas une sainte mission à accomplir. La gamine semble si paisible, douce illusion. Parce qu'elles n'auront jamais un moment de répit dans cet enfer sur terre. Parce qu'on leur a promis damnation éternelle, recluses, et surtout loin des regards. Comme si elles étaient des lépreuses qui font honte. Mais si seulement, tout était aussi simple. Parce que leur plaie, à elles, est incurable. La trahison n'a pas encore trouvé de remède à Aksana. Et c'est le bruit lourd de la porte qui résonne dans la cellule. L'enfant sursaute, les années ne l'ont toujours pas habitué à ce son teinté de carmin et de chair brûlée. Mais aujourd'hui, ça ne sera pas elle, pas cette fois, mais la prochaine certainement. Elle le voit ce bourreau, elle le suit du regard alors qu'il empoigne brusquement Isaure. C'est un mélange d'émotions qui la traverse. Le soulagement de ne pas être celle choisie pour la séance de la journée. La colère, l'indignation de devoir subir cette souffrance perpétuelle. Et puis le désespoir, celui qui la paralyse alors qu'elle voit son unique amie se faire torturer. Quelques secondes à rester là, sans savoir quoi faire, ni quoi dire. La gamine finit par se lever brusquement. – Leave her alone! Un cri qui sort tout droit de son palpitant s'affolant, un peu plus à chaque seconde. – I told you to leave her alone! Frêle oisillon qui ne peut rien, strictement rien à ce qui est en train de se produire. Mais elle n'a qu'Isaure, elle ne peut pas la perdre elle aussi. Un revers de la main du tortionnaire suffit à envoyer valser la gamine contre le sol froid. Et le temps qu'elle se relève, la princesse avait disparue. Elle ne peut s'empêcher de regarder Weiss alors que son regard devient flou. Elles savent pertinemment qu'aucune ne pourra arrêter cette vie qui est la leur. Alors la mêlée finit par s'adosser contre le mur en essayant de ne pas penser à toutes les horreurs qui pouvaient se dérouler dans la pièce d'à côté. Elle se contente d'enrouler ses bras autour de ses genoux et d'y poser son visage. Ses larmes viennent humidifier sa peau nue alors qu'il n'y a que ses sanglots pour venir déranger le silence qui avait repris sa place de droit. Et ce fut le cri déchirant d'Isaure qui lui fit relever son visage marqué par les larmes et le désespoir. Le regard vide, elle ne peut s'empêcher d'apercevoir Weiss, elle aussi, en pleine torture. Mais la gamine finit par détourner ses iris, préférant ne pas voir, ne pas savoir. Pense à autre chose, qu'elle se répète en boucle. Pense à autre chose, tout sauf ça. Elle est forte, elle va résister. Le temps semble s'être arrêter alors que la gamine s'est enfermée dans une bulle protectrice, loin de tout.
La porte claque de nouveau, sortant ainsi Svea de sa torpeur. Le corps de la princesse est jeté, comme un vulgaire chiffon, sur le sol. La gamine se précipite vers la blonde, sans même jeter un regard au bourreau ou chercher à voir ce que l'Adiutor pourrait bien faire. Parce qu'il n'y a que Isaure qui compte en cet instant, juste elle, rien que elle. – Hey, i'm here i'm right here. Everything's gonna be fine. La poupée enroule ses bras frêles autour de la bleue. Elle ne fait même pas attention mais ses yeux continuent de pleurer alors qu'elle essaye de rassurer la noble tant bien que mal. – I promise you she will die screaming. Et ça, Svea en faisait la promesse. Que cela soit de sa main ou de celle d'Isaure, la dragonne périra, d'une manière ou d'une autre.