On se retrouve tous pris au piège dans ce monde incertain. Un jour tout va bien, puis tout bascule sans crier gare, sans avertissement. On perd tout ce qu'on a de plus cher, tout ce qui nous relie à la vie, à notre monde. On se retrouve coincé, entre quatre murs, sans pouvoir s'échapper, sans pouvoir faire quoique ce soit. C'est triste, à y penser, que tout peut basculer en une fraction de seconde, qu'il suffit d'un geste, d'une parole pour changer notre vie. Il descend calmement les marches humides menant aux cachots de la demeure impériale. Ce n'était pas la première qu'il descendait dans les bas-fonds de la bâtisse, mais c'était la première fois qu'il avait un objectif bien précis, une idée en tête. En temps que Swanson, on le laissait circuler librement dans presque tout le palais, sans poser trop de questions. Après tout, il inspire la peur, et tout le monde se met en retrait sur son passage, comme des souris fuyant un chat. Il n'avait donc eu aucun mal à accéder aux cachots. Un endroit sombre, humide, sale, et qui pue la merde. Il ne pût s'empêcher de grimacer en reniflant cette odeur dégueulasse.

Il marche le long des cellules, croisant le regard de plusieurs prisonniers sans leur porter grande attention. Ils ne l'intéressaient pas, ce n'était pas pour eux qu'il était descendu dans ce trou pourri. Non, la personne qu'il voulait se trouvait tout au fond. L'un des plus récent détenu, celui dont tout le monde parlait et qui ravissait les potins du moment. Son emprisonnement avait fait du bruit, tout le monde ou presque savait plus ou moins ce qu'il c'était passé entre lui et le prince héritier. Il voulait le voir de ses propres yeux, lui qu'il avait déjà croisé aux soirées mondaines en train de se pavaner, de faire son beau. A vrai dire, il ne lui avait jamais vraiment parlé, porté plus d'attention que ça. Il le pensait très proche et très fidèle à Cal. Mais avec les événements récents, sa vison des choses avait changé. Une nouvelle alliance pouvait peut-être se créer avec l'héritier de la terre. Il approche, il le sent. Il fait glisser sa main contre les barreaux froids, annonçant son arrivé. Puis il s'arrête, un sourire au lèvre, devant cette vision pitoyable. Il ne peut s'empêcher de trouver amusant, de voir cette personne, habituellement si propre sur elle et flamboyant, dans un tel état. Il applaudi, comme pour signaler sa présence, comme pour se moquer. Il n'était pas venu là pour se pavaner devant lui, mais il ne pouvait s'empêcher de jouer de la situation."Ça te changes des draps du prince héritier dit donc, tu sembles moins fabuleux d'un coup Adonis." Saeko lui avait vaguement raconté ce qu'il s'était passé. La jeune femme avait était directement touché par cette nouvelle, et elle était venue chercher du réconfort dans ses bras. Sans le savoir, Adonis l'avait aidé dans sa mission, lui avait permit d'attirer la future princesse du feu dans ses filets. Il ne voulait pas le remercier, il était beaucoup trop fier pour ça et il ne voulait pas flatter l’ego de l'eartanarien."Alors, ça fait quoi de se retrouver dans la merde comme ça ?" Il ne voulait pas tout de suite en venir au but de sa venu, pas encore, non il voulait profiter un moment de cette position de force, jouer un peu avec les nerfs du garçon, pour ensuite lui proposer un accord.      

Il faisait froid, dans les cachots. La différence de température entre l'extérieur et l’intérieur des cachots étaient impressionnante. Était-ce voulu ? Très certainement. Pour atteindre encore plus les prisonniers, pour leur faire regretter leur trahison. Il dévisagea le garçon de haut en bas. Lui qui était si sûr de lui en temps normal, comme si le monde était à ses pieds, était tombé bien bas. " Oh tu sais ce n'est pas le grand luxe, mais il faut savoir s'affranchir des paillettes." En effet, les paillettes avaient disparu, mais il n'avait cependant pas perdu de sa présente légendaire. Il faisait certainement le fier, derrière ces barreaux. Idriss ne pouvait pas lui en vouloir de faire bonne figure, il ferait exactement la même chose si les rôles étaient inversés. Il était juste trop malin pour ne pas se faire enfermer. Pour l'instant. Parce qu'au final, lui aussi trahissait la couronne. Dans l'ombre, certes, mais la trahissait quand même. Cette couronne qu'il ne supportait plus, cette famille qui lui ressortait par tous les trous. "Que me vaut le déplaisir de ta venue, Idriss ? Si tu n'es là que pour constater ma chute, tu aurais pu au moins apporter un panier de fruit, ou du vin." Il sourit. L'enfermement ne l'avait donc pas affaiblit. Sa répartie était toujours au point. Du peu qu'il connaissait le maître de la terre, son bagou était la seule chose qu'il avait vraiment pu constater. Il s'approche encore un peu plus et colle ses mains contre les barreaux humides. Dégueulasse. Il plonge son regard dans celui d'Adonis. Comme pour sonder son âme, comme pour rentrer dans ses pensées. Il était difficile de lire le visage du garçon, de savoir ce qu'il allait prévoir. "Je ne suis pas là que pour constater ta chute, même si j'avoue que c'est un petit bonus." Il sourit de plus belle et se recule. Non il n'était pas simplement venu pour s'amuser de la situation. Il était venu pour lui proposer quelque chose. Dans sa quête de pouvoir, dans sa quête de renversement, il devait se trouver des alliés. Malheureusement on ne les choisit pas toujours. Il savait qu'Adonis n'était pas vraiment du côté de la famille royale, surtout avec les derniers événements. Il n'avait rien dit à sa famille. Il ne leur avait pas signalé qu'il allait le voir, pour lui proposer ça. Après tout il s'en foutait de leur accord, il n'en avait pas besoin. "Je suis venu pour te proposer quelque chose... " Il faisait traîner ses mots, pour gagner du temps, pour mettre du suspens. Il voulait jouer encore un petit avec les nerfs du garçon. "J'imagine que tu ne portes plus forcément la famille royale dans ton coeur ?" Il ne voulait pas avancer des choses, il voulait qu'Adonis lui raconte. Il voulait qu'Adonis en vienne à la conclusion qu'ils étaient du même côté, désormais, et que leur alliance était indispensable. Pour son bien à lui, mais aussi pour ceux qu'il aimait.