Un moment, suspendu dans le temps. Dans cette petite place... Si l'on pouvait appelé ça une place. C'était un lieu que peu de gens avaient la chance de connaître. Des ruelles et des escaliers qui s'élevait jusqu'à cette petite coure. Les éléments se mêlaient et s'entremêlaient. Le lieu parfait pour accueillir l’idylle interdite par la haine de deux nations que tout opposent. Le soleil brûlait, ses rayons filtrait par delà les feuilles qui escaladait la structure pour former un kiosque. le vent soufflait, délicieusement, se mêlant dans ta chevelure sombre alors que ton regard se perdait dans l'eau, calme et paisible, qui stagnait dans le bassin. Installée sur un banc de pierre tu t'étais soustraite au temps pour te plongé dans un océan de souvenir, si joyeux que s'en était douloureux d'y penser. Les fantômes de ces temps planaient au dessus de toi, t'attiraient dans une mélancolie douloureuse... L’inquiétude gagnait ton cœur et la nervosité s'insinuait dans ton corps, poison sournois qui se nourrissait de tes faiblesses. Tes doigts s'animaient contre le banc, pour venir s'y accroché, comme un noyer qui s’agripperait à une bouée de sauvetage. Nulle n'aurait dû te voir, les émotions à fleur de peau, souillant ton âme et noircissant ton cœur. Jusqu'à ce que cette silhouette ne viennent dessiner son reflet dans l'eau translucide du bassin. Trop familière et pourtant... Si lointaine. Ton regard se redressait pour venir s'ancrer sur le jeune homme. Ton cœur chavire, se perd et s'abîme. Un sursaut, une impulsion et tu es déjà debout, scrutant les alentours pour veiller à ce qu'il n'y ai aucun regard malveillant. L'adrénaline ronge tes sangs, alors que tu fonds sur lui pour l'enfermer dans l'étreinte de tes bras. J'ai cru qu'il t’étais arrivé quelques choses. Confidence à peine murmure. Tu ne romps l'étreinte que pour lui prendre les mains. Au souvenir d'un passé révolu, au souvenir de ce couple que vous aviez autrefois été, de ce qui vous avait lié et de ce que vous aviez partagé. Il n'en demeurait que des souvenirs, bien trop réelle, bien trop présent. Tu ne devrais pas être ici, s'ils te trouvent, je ne pourrais rien pour toi. Il est l'ennemi aujourd'hui. L'ennemi de ton époux... Et par définition le tient. Pourtant, tu crèves de trouilles à l'idée qu'il lui arrive quelques chose.

La nouvelle vie d’Hyppolite lui déplaisait sur une centaine de points qu’il ne préférait pas évoquer au risque de sombre dans la folie, mais ce qui le dérangeait le plus, c’était l’enfermement constant. Désormais, ennemi de la nation, sa tête était mise à prix comme celles des autres membres de sa famille. Ainsi, le jeune homme était devenu la victime involontaire d’une rébellion dont il faisait partie sans réellement le vouloir. Hyppo n’avait rien d’un résistant, il était incapable de faire mal à mouche, il lui arrivait même de sauver les araignées ou les oiseaux tombés du nid. Alors se battre pour tuer des êtres humains, c’était un peu trop lui demander. Pourtant, au fond de lui, il sentait cette rage sourde qui grondait dans son âme. Personne ne devrait avoir le pouvoir de décider qui vit et qui meurt, pourtant, il rêvait de voir la tête de l’assassin de son frère sur une pique. Plus il restait enfermer dans les catacombes et plus il se sentait perdre pied. Il en avait marre, rester cloîtré comme un rat, ce n’était décidément pas pour lui. Il referma d’un coup sec son carnet à dessins et le rangea sous son lit en compagnie de son fusain. Il n’avait aucune envie qu’on découvre sa petite passion pour Nolana qui dessinait plus que de raison. Il espérait un jour l’avoir assez croqué pour s’en dégoûter et trouver une autre « muse », mais pour le moment, elle était la seule à trouver vraiment grâce à ses yeux. Loin d’être quelqu’un se laissant abattre, le jeune homme poussa sur ses jambes pour se redresser et sortit de la petite pièce qui lui servait désormais de chambre. Comme à l’accoutumé, les catacombes étaient en effervescence et personne ne se souciait de sa présence. Hyppolite faisait partie des meubles, ce qui ne le dérangeait pas outre mesure. Il n’avait que faire des histoires de la résistance et il appréciait qu’on le laisse en paix. Il évita tout de même de sortir par le chemin le plus passant pour utiliser une sortie des catacombes moins prisées, mais plus difficile d’accès.

« Rha… » Il passa sa main sur sa veste pour en enlever la poussière qui s’y était accumulée et retira la toile d’araignée qui avait malencontreusement élu domicile dans sa tignasse brune. D’un coup rapide, il rabattit sa capuche sur sa tête et partie en direction d’une des artères les moins prisés de la ville. Il avait envie de se ressourcer, de se retrouver. Cette petite place perdue, il y allait souvent pour dessiner, mais elle lui rappelait aussi Saeko. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres en pensant à la jeune femme, mais celui-ci disparut rapidement remplacer par de l’amertume. Non pas à l’encontre de la jeune femme, mais envers lui-même. Il l’avait blessé et ça, il ne se le pardonnerait jamais. Hyppolite demeurait quelqu’un de naturellement franc et surtout droit, il détestait être la cause des souffrances d’autrui, en particulier quand il s’agissait de personnes desquelles il était vraiment proche, comme Saeko. A la question s’il l’avait vraiment aimé, il aurait aimé répondre oui, mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas vrai, ou du moins qu’il ne l’avait jamais aimé comme elle l’avait fait avec lui. Pourtant, il ressentait pour la jeune femme une profonde tendresse et ne pouvait s’empêcher de penser à son mariage prochain. Est-elle heureuse ? C’était ça le plus important, et il n’en servait rien et c’était bien le plus douloureux.

Il arriva bien trop rapidement à son goût sur la place. Il ne pourrait pas y rester longtemps, mais il était cependant décidé d’en profiter. C’est comme un signe du destin, une silhouette qui se dessine, ses courbes, cette chevelure brune : Saeko. Fuir ou rester, telle est la question, il devrait partir, la prudence le lui dicte, sauf qu’Hyppolite n’écoute jamais ce genre de recommandations. Il se contente d’approcher, de passer sa tête par-dessus l’épaule de la jeune femme pour que son visage apparaisse dans le reflet de l’eau qu’elle contemple.

Rapidement, la jeune femme se relève et il lui sourit. « Non, pas encore, je ne vais pas les laisser m’avoir si facilement… » Cela enlevait tout l’intérêt au grand jeu de ce monde, même si en lui parlant, il se mettait en danger. « Hmm, c’est ce qu’on dit. Mais on peut mourir de tout, alors autant bien le faire. » Il haussa les épaules avec une certaine nonchalance. « Je suis trop séduisant pour ne pas sortir. » Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, Hyppolite est plein de vie, il la croque à pleine dents et refuse de perdre sa joie de vivre. « Me dis pas que tu étais en train de compter tes rides ? » Il lui indique d’un coup d’œil, l’eau qu’elle observait, avant de pincer les sourcils pour mieux l’observer. « Quoiqu’on dirait bien qu’une s’est rajoutée juste ici. » Il pose avec tendresse son doigt sur le front de la demoiselle, taquin, comme il l’a toujours été avec elle.

Tu le retrouves comme si tu ne l'avais jamais quitté. Il travers le temps et les épreuves, un sourire sincère trônant sur ses lèvres, comme une arme dressée en bouclier face à un destin trop funeste. Il est plein de vie, les désastres de la vie coule sur lui, comme si sa peau était imperméable à la tristesse. Tu en oublierais presque que toi, tu n'étais plus la même, toi, tu avais changé, tu n'étais plus exactement celle qu'il avait connu. Tu étais incapable de revenir en arrière, de redevenir celle que tu avais été. Ton cœur avait trop saigner pour que tu ne l'autorises à s'ouvrir à nouveau. Ce qu'il te restait d'amour pour lui hurlait dans les profondeur de tes entrailles, créait cette failles incommensurables dans la carapace que tu t'étais forgée. Et cette beauté naturelle qui émane de lui est presque douloureuse. Son bonheur est semblable à des lames de couteaux qui transpercent ta chaire, réveille la souffrance de ce cœur qui a trop aimé. Tu te perds dans ce sourire, tu te laisses prendre au jeu. Et pour la deuxième fois en peu de temps, tu trahis l'anneau qui encercle ton annulaire, symbole du couple que vous formez avec Cal. C'est douloureux, parce que tu tiens à cet homme... mais pas de la façon dont tu tiens à lui. Encore aujourd'hui. Tu sais pourtant que tu dois apprendre à lui dire au revoir. C'est absurde de continuer... Surtout depuis qu'il a rejoint la résistance, qu'il est allé là où tu ne pouvais plus le suivre. Tu l'écoutes. Tu laisses même un sourire venir se glisser sur tes lèvres. Un sourire qui a une saveur particulièrement amer, surtout avec nuances de tristesse qui vogue dans ton regard, trahissant ton trouble. Un rire. Un soupire. Difficile à dire. Tes doigts viennent saisir sa main, la coincé dans l'étreinte de la sienne. Ton regard essaye de capter le sien. Je suis sérieuse Hyppolite, tu ne devrais pas être ici. Tu avais prier pour avoir l'occasion de le revoir, mais aujourd'hui, alors qu'il se trouvait en face de toi, tu ne pouvais t'empêcher de te trouver égoïste. Il était là, sain et sauve, mais tu ne pouvais pas réellement t'en réjouir, tu te laissais bouffer par l’inquiétude. Il était en danger. Tu ne supportais pas l'idée qu'il puisse lui arriver quelques choses. Tu aurais préféré ne pas être avec lui, le savoir sain et sauve, ailleurs, loin, très loin, mais pas si proche des Oshun, si proche de cette cage qu'on leur réservait avant d'être exécuter. cette seule pensée te glaçait le sang. Ta main s'accroche un peu plus à la sienne, comme si tu avais besoin de le sentir, bien vivant. S'il te trouve, je ne pourrais rien pour toi, je ne suis rien ni personne. Tu ne penses même pas à ce qu'il pourrait t'arriver à toi, si on te trouvait en présence d'un Osanos. Pour le moment, du moins. Tu faisais référence à la couronne impériale que tu rêvais de posséder. Le pouvoir. Le véritable pouvoir. Au delà de ton ambition, ce pouvoir te permettrait peut-être de le préserver lui. Foutue faiblesse. Il était marquée en toi. Inoubliable. Tu en venais presque à détester de l'aimer tant. Tu savais depuis longtemps qu'il ne partageait pas cet amour, pas de la façon dont tu l'aurais voulu. Tu avais pourtant essayé de te bercer d'illusion, mais au plus profond de ton cœur, tu savais. Un soupire vient fendre tes lèvres alors que tu relâche sa main. Pourquoi a-t-il fallu que tu ailles là où je ne pouvais te suivre? Un proche, certes, mais pas forcément pour lui. Pour la situation. Tout était contradiction et paradoxe. Il te bouleversait.

Retrouver Saeko, c’était retrouvé un peu de son passé, de la vie qui avait été la sienne avant que la trahison de sa famille ne fasse saigner le monde tel qui l’avait connu et aimé. Il connaissait les règles et les dangers de cette vie. La mort planait au-dessus de sa tête, tel le couperet qui s’abat. Hyppolite le savait, si tout cela continuait, il ne verrait plus beaucoup de printemps. Il n’était pas un guerrier, survivre, ce n’était pas vraiment son truc, il n’était pas comme ses sœurs, ni son père, il avait toujours vu le monde d’une manière différente. L’héritier Osanos mettait la vie en avant, les sentiments aussi, la beauté d’un monde qu’on ne regarde que trop peu. Aujourd’hui, il sentait la distance qui s’était installée entre lui et la jolie Yinren. Il le savait, il en était responsable, parce que c’était lui qui l’avait rejeté, pour des raisons plus stupides les unes que les autres. Sans la pression de ses parents, il n’aurait sûrement jamais mis un terme à leur relation, parce que malgré tout, il aimait être avec elle. Sa présence, leurs discussions, aussi bien que leurs querelles tout cela lui manquait. Il se détestait de l’avoir fait souffrir, blesser, mais ça avait été involontaire. Il n’aurait jamais pu aller contre sa famille, encore moins depuis qu’ils étaient devenus les ennemis publics numéro 1. Saeko faisait partie de son passé et il savait qu’elle ne pourrait jamais plus faire partir de son avenir. Leur destin les envoyait sur un chemin différent. Il se dressait l’un face à l’autre, devenus ennemis par le choix de leur famille. De nombreux doutes rongeaient l’esprit de l’Osanos, mais malgré tout ça, il savait que jamais il ne pourrait les trahir. Sa famille, c’était tout ce qui lui restait et il ne retournerait jamais sa veste, cela ne voulait pas dire qu’il n’œuvrerait pas pour tenter de changer les choses. Malgré les apparences et son côté utopiste, le jeune homme n’en était pas moins intelligent, il n’était pas à accorder sa confiance aux Oshuns, les enjeux étaient trop importants. Et pourtant, il se trouvait là, face à celle qui dans quelque temps serait l’épouse de Cal Oshun, héritier au trône. Ce qui faisait donc de Saeko, une ennemie, mais Hyppolite ne pouvait se résoudre à ce genre de relations.

« C’est ce que ta nation te dit ou ton cœur ? » Lui demande t’il avec son sourire étirant ses lèvres, rendant son visage encore plus inoffensif qu’il ne l’est déjà. Voulait-elle vraiment qu’il parte, ou appréciait-elle de le voir, ne serait-ce que pour quelques légers instants. Sa main se referme délicatement sur celle de la demoiselle et il la tire avec tendresse contre lui. « Cette situation est aussi dangereuse pour toi que pour moi… » Qu’en penserait sa future belle-famille si elle était prise en compagnie d’un ennemi de la couronne ? Sûrement rien de très agréable. Le simple fait qu’elle ne crie pas et garde sa présence pour elle, c’est déjà une trahison. « Pour le moment, ça va changer. » Il la serre tendrement contre lui avant de la libérer, pour la laisser respirer. « Tu vas épouser un futur roi, c’est tout de même un sacré avantage. » Bien que cela dépende de là où l’on se place. Saeko aimait le voir, elle ne s’en était caché, ce qui était bien loin d’être son cas. Alors finalement, en épousant Cal, elle gagnait beaucoup plus que lui n’aurait pu lui offrir. « Fais attention, le pouvoir est attirant tout autant qu’il est dangereux. » Nombreux étaient ceux qui avaient fini par se faire ronger, détruire par celui-ci, pour ne laisser qu’avidité.

« C’est pour que tu viennes me chercher. » Dit-il amusé avant de poser ses lèvres sur son front, un geste tendre qui exprime tout l’amour qu’il éprouve encore pour elle, même si celui-ci est sûrement plus amical que vraiment amoureux. « Et puis tu es bien placée pour savoir que j’aime être insaisissable ! » C’est vrai qu’il aimait son petit côté mystérieux, il le travaillait d’ailleurs, cela lui donnait tout son charme. « Dire que bientôt, tu vas devenir une mini-reine, comment je vais devoir t’appeler ? Ma petite altesse ? » Taquin, il prenait un malin plaisir à souligner sa petite taille qui lui allait pourtant si bien. « Tu sais que tu ne peux pas protéger tout le monde Saeko, ma famille a fait son choix, tu ne peux pas me protéger. » Un moyen de lui dire de vivre la vie qui serait bientôt sienne, sans s’occuper de lui, il refusait que sa condition lui apporte des ennuis… Ce qui risquait d’arriver, si elle s’attachait trop à ce qu’ils avaient été.

Sa voix résonne, ce son si familier à quelques choses de terriblement rassurant. Le contact de sa peau contre la tienne est apaisante. Tu retrouves le confort de tes bras dans un soupire, laissant le voile de chaire venir recouvrir ton regard. Les mots qu'il a prononcé font écho dans les profondeur de ton âme. Tu ne comprends que trop bien le message qu'il essaye de te faire passer.  Tu l'écoutes parler, encore, ses propos se répercutent en toi, douloureusement, t'appelant à cette réalité bien trop difficile, bien trop compliqué. Il te relâche enfin, mais ta main vient  délicatement reprendre la sienne, maintenir le contact, maintenir l'illusion, avant qu'il ne reparte... Et les éléments seuls savent si tu pourras le revoir à l'avenir.  Il parle et tu t'accroches à ses mots, tu laisses sa candeur et sa joie de vivre reprendre le dessus. Un sourire vient fendre tes lèvres alors que ta frimousse se secoue à la négative. Tu as toujours été sensible à son sourire, à l'aura de bienveillance qui l'enveloppe, à l'humour qu'il use comme d'une arme pour désamorcer cette situation compliqué. Ma nation. Mon cœur. Les deux, mais pas pour les mêmes raisons. Je suis contente de te revoir, évidemment, mais je ne peux m'empêcher de penser à quel point tu te mets en danger. Je préfère encore ne jamais te revoir, mais te savoir sain et sauve, plutôt que d'être égoïste, de te voir au risque de te voir enfermer dans ces maudits cachots. Je ne pourrais pas le supporter. Un soupire encore, détournant le regard alors que les larmes te brûlent les yeux. Tu t'éloignes, un peu, relâchant sa main au dernier moment. Tes orbes se déposent dans l'eau, tu t'y perds, tu te perd aussi, un peu. Le pouvoir. On m'y a préparé toute ma vie... Il le sait, il 'ta connu alors que tu étais encore une adolescente, naïve et innocente, oppresser par le poids de l'apprentissage. Tu n'étais alors qu'une héritière, tu ne prétendais à rien de plus que de diriger ta famille... Et là, c'est un empire que l'on t'offre. Tu n'auras peut-être jamais a m'appeler de la sorte. Tu hausses les épaules, vaguement, ton regard revenant sur lui avec lenteur. Ta famille ne reconnaît plus l'impératrice. Je ne serais rien de plus que celle que je suis aujourd'hui, pour toi, pour les tiens. Tu le sais pertinemment, tu ne régneras que sur quelques nations, que sur une partie d'Askana. Dans tout ce qu'il a dis, c'est la dernière phrase qui te bouleverse le plus. Cette vie qu'il te demande de vivre, implique bien trop de sacrifice. Et les larmes reviennent, sans que tu ne les autorises à nouveau. Tu as un poids sur ton cœur, douloureux. Tu as beau être heureuse en sa présence, il y a cette pointe de culpabilité qui te ronge les entrailles. J'ai surpris Lula en ville il y a quelques jours. Je l'ai laissée partie, parce qu'elle se protégé de ton nom. Et maintenant, toi, tu es là. Je ne peux pas continuer à trahir Cal. Je ne l’aimerais jamais comme je t'ai aimé, mais il est ma meilleure chance. Je ne veux pas avoir à lui mentir, Hyppolite, je vais devoir lui dire... Cette perspective te brise le cœur. Tu ne sais pas si tu auras la force d'aller au bout de cette entreprise, mais au fond de toi, tu sais que c'est ce que tu dois faire.

Heureux, c’est le meilleur mot pour décrire ce qu’il ressent alors que son regard se pose sur cette jeune femme qui pendant un temps à partager sa vie. Saeko a toujours été plus qu’une simple amante, une amie véritable qui est chère à son cœur. Mais dans leur monde, les amitiés ne tiennent qu’à un fil, les trahisons sont bien plus courantes que les liens qui unissent positivement les hommes. C’est une constatation qu’il a faite aux cours de ses dernières années, mais encore plus depuis qu’il fuit ceux qui auparavant étaient des amis, des alliés et parfois même des confidents. Souvent, l’idée de se rendre lui est passé par la tête, mais malgré son côté rêveur, Hyppolite possède de l’instinct. Ce sentiment qui vous serre le cœur pour vous prévenir de ne pas prendre ce chemin, celui qu’il faut savoir écouter si l’on veut voir un autre lendemain. Alors malgré ses convictions ébranlées, ses souvenirs brisés et ses amitiés perdues, l’héritier Osanos, c’est qu’il n’a plus vraiment sa place dans le monde de Saeko. Il est devenu un paria et revenir parmi eux signerait sa mort et celle de sa propre famille. Et puis, la grande question n’était pas vraiment ce qu’il désirait. Hyppolite avait tout d’un enfant gâté, on lui avait enlevé tout ce qu’il possédait, il était en colère, mais il refusait de lui céder, de s’adonner à celle-ci. Conscient que s’il le faisait, il n’en reviendrait jamais. Non le plus important dans toute cette histoire, c’était qu’il se décide enfin à choisir un clan : La résistance, ou la politique. Dommage pour lui, il n’aimait aucun des deux et se voyait plus derrière un livre ou un chevalet. Pour le moment, il préférait la politique de l’autruche, la tête dans le sable et le dos à l’air, en espérant surtout passer inaperçu et qu’on le laisse tranquille. Un désir des plus utopique, mais l’héritier y était attaché. Un jour ou l’autre, il devrait devenir adulte, mais pour le moment, il pouvait demeurer celui qu’il était depuis l’enfance. « Réfléchis à une chose Saeko. Tu connais la situation. Devrais-je mourir tout de suite ? Si je suis celui qui m’empêche de vivre ? » A quoi bon vivre, si c’était pour rester cloîtré entre quatre murs et ne jamais voir le soleil, pourquoi vivre pour n’être rien qu’une âme isolée et perdue. Ce qu’elle lui demandait, finalement, c’était pire que la mort. « Je préfère la mort à l’emprisonnement, elle est plus libératrice. » Osanos dans l’âme, Hyppolite possédait un besoin de liberté qui possédait peu de limite, il ne survivrait pas à de l’emprisonnement forcé, autant choisir la mort, au moins c’est plus rapide.

« Le pouvoir, c’est le fléau de ce monde. » Laisse t’il échapper entre ses lèvres, pourtant, il a toujours apprécié sa position… Il n’a jamais envié ceux de conditions inférieures, mais au plus profond de lui, il ressent un profond sentiment d’injustice et cela est encore plus fort depuis sa rencontre avec Nolana. Cette fille mériterait tous les trésors du monde et pourtant sa naissance dictait sa vie. Où était la justice dans tout cela ? D’où venait la puissance que Saeko possédait, si ce n’est de ces aînés ? Tout comme Hyppolite, elle n’avait rien gagné, tout lui revenait, sans qu’elle n’est vraiment besoin de lutter. Pour Hyppolite, le pouvoir gangrenait le monde et pire que ça, il faisait perdre à son possesseur les meilleures qualités humaines, comme sa compassion, et son empathie.

« C’est vrai que Sasa te va mieux, c’est plus classe. » dit-il d’une voix amusée avant de croiser les bras pour s’asseoir sur le rebord de la fontaine. Il passe ses mains sur ses joues pour effacer les larmes qui viennent de s’y déposer. « Ne pleures pas Saeko, si tu pleures, ils te penseront faible, garde les au fond de toi pour qu’elle devienne une force. » Il sourit avant de lever les yeux pour regarder l’arbre qui les surplombe. Il est vieux, il a vécu plusieurs vies et a vu plusieurs dynasties, s’il pouvait parler, les histoires qu’il pourrait raconter, alimenteraient sûrement plusieurs longs ouvrages.

Cal, Cal, Cal, à vrai dire Hyppolite n’a que peu d’intérêt pour l’héritier du trône. Il n’envie ni sa place, ni sa personnalité, rien de ce qui l’est ne l’attire. Il ne peut pas s’empêcher de sentir une pointe de tristesse, pas parce qu’il sent la trahison pointer son nez, mais parce que son amie est en train de devenir ce qu’il déteste. L’Osanos est marqué par un caractère farouche, un besoin essentiel de défendre les personnes auxquelles il tient. Ainsi, lui, ne parlera jamais de leur rencontre. Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. « Pas encore mariée, que tu lui dis déjà tout ce que tu fais, on dirait que vous vous êtes rapprochés. » Petite constatation, dommage que le mariage rendre certaine personne soumise à leur conjoint, cela devient particulièrement ennuyeux. Une énième preuve pour l’Osanos que le mariage n’est pas fait pour lui. Il ne veut pas d’une femme qui aille dans son sens parce que la société le demande, il ne veut pas non plus changer pour elle. Tout cela le débecte, le célibat lui semble être une affaire beaucoup plus appréciable, bien qu’il ne doute pas que certaines femmes gardent toutes leurs personnalités et n’hésitent pas à dire à leur mari d’aller se faire voir. Un peu comme Nolana d’ailleurs, bien qu’elle ne se mariera jamais et pour cause. Jamais Hyppolite ne le tolérerait. « On fait nos propres choix, j’ai décidé de venir te parler, j’ai pris le risque. Si tu parles à Cal de notre rencontre, c’est ton choix. On choisit et on en porte les conséquences, c’est comme ça. » Il avait un peu de mal à la suivre pour le coup, mais cela venait sûrement de leurs différences de caractère. Hyppolite était droit, peut-être un peu trop, Saeko aimait le pouvoir, il le savait, et sa meilleure chance, c’était Cal, elle le disait très bien d’ailleurs. Lui faisait des choix en fonction de son cœur, de ses sentiments et visiblement, ce n’était pas vraiment le cas de son ex amante, mais il n’en était pas vraiment surpris. « Dommage, je ne pense pas qu’il soit en mesure de me retrouver, je suis doué pour me volatiliser. » Et bien heureusement d’ailleurs, passer inaperçu, c’était une de ses grandes qualités, comme le reste de sa famille d’ailleurs. Sans oublier qu’un important réseau protégeait le noyau de la résistance, et même si Hyppolite ne l’appréciait pas réellement, il devait bien avouer qu’il y avait parfois de sacrés avantages à faire partie de celle-ci. « Au fait, j’ai fini ton portrait, si un jour je meurs et qu’on le découvre, sache qu’il est à toi. Ou si les dieux sont cléments, peut-être qu’un jour je pourrais te le remettre en mains propres sans craindre la guillotine. » En espérant que d’ici là, la toile soit encore intacte.

Je préfère la mort à l’emprisonnement, elle est plus libératrice. Les mots de l'enfant de l'eau résonnait douloureusement, faisaient écho jusqu'à ton cœur déjà brisé. Ses propos étaient douloureux à entendre, presque insupportable, parce qu'égoïstement, tu préférerais avoir à l'enfermer plutôt que de vivre dans un monde où il n'était plus. Même là, alors qu'il était devenu ton ennemi, tu supportais son absence en imaginant l'air insufflé la vie jusqu'à son cœur. J'espère que je n'aurais jamais à choisir. Comprenait-il les insinuations qui se cachait derrière les mots que tu prononçais. Tu lui demandais de fuir, de ne jamais se laisser prendre dans les filets de la nation du feu. Tu lui demandais de te trahir, pour se préserver. Tu lui demandais de vivre, loin, très loin de l'emprise de la couronne flamboyante. Parce qu'il était ta plus grande faiblesse. Il l'était depuis des années. Tu avais tentés d'oublier ce que tu ressentais pour lui, mais il fallait te rendre à l'évidence, cette entrevue n'était qu'une piqûre de rappel des sentiments non réciproque que tu avais pour lui. Il parlait de pouvoir et tu ne savais pas réellement ce que tu pouvais lui répondre. Le pouvoir, c'était tout ce qu'il te restait. Le pouvoir, c'était tout ce que tu pouvais te permettre de désirer, puisque l'amour était le fléau qui empoisonnait ton cœur, le blessait, encore et encore. Tu ne pouvais pourtant pas le lui avouer... D'une certaine façon, tu ne voulais pas qu'il sache à quel point tu continuais de l'aimer, à quel point cela pouvait te faire souffrir. Tes lèvres restaient scellé. Tu préférais ne rien dire, puisque toutes les vérités ne son pas bonne à entendre. Il t'avait suffit de le revoir pour replonger dans tes travers, exposer ta faiblesse. Il te changeait, il te rendait meilleure, il te rendait plus humaine... Mais aussi plus fragile, plus brisée que jamais. Tu n'étais pas certaine de préféré cette fille là, parce qu'elle ne supportait pas le monde dans lequel elle vivait, elle ne supportait pas la douleur qui rongeait son palpitant. Le contact de ses mains contre tes joues est délicieux et pourtant, les larmes ruissellent davantage. Il décèlle cette faiblesse sans la comprendre réellement. Tes paupières viennent recouvrir tes yeux. tu essayes de retrouver un semblant de contenance, t'apaiser ton âme, de trouver un point d'ancrage... Jusqu'à ce que tu l'entendes parler de Cal. Ton cœur loupe un battement. ses propos résonnent comme des reproches. Tes yeux viennent rencontrer les siens, sans parvenir à dissimuler la colère qui gronde. Ne soit pas injuste. Tu sais pertinemment que si tu  me le demandais, je le quitterais pour te suivre au bout du monde. Mais tu ne m'aimes pas, pas comme ça et je ne te le reproche pas... Mais n'ait pas l'audace de me reprocher de chercher une parcelle de bonheur... Même si c'est avec ton ennemi. Tu parles de bonheur, pas d'amour, du moins pas d'amour véritable. peu importe à quel point il y a de l'affection entre vous, tu sais que vous ne vous aimerez jamais de cette façon... mais tu sais qu'il peut te rendre heureuse, qu'il peut t'offrir un bonheur au delà du pouvoir, tu sais qu'il pourra maintenir l'illusion... Les larmes roulent sur les joues, elles portes la tristesse et la colère qui te rongent les entrailles. Lui dire la vérité ne veut pas dire que je te vends. Je te laisserais suffisamment de temps... Je te l'ai dis, je ne veux pas avoir un jour à choisir de ton sort. Tout n'était que contradiction. Tu voulais qu'il survive, sans avoir à trahir ton futur époux. Tu voulais tout, sans te rendre compte que c'était impossible. Mais il m'utilisera peut-être pour t'atteindre... Alors, après aujourd'hui, ne me fais plus jamais confiance, ne crois plus en aucun mot que je prononce, s'il te plaît. Vis. Il t'est difficile de prononcer de tel mot. C'est ta façon de le préserver, de ne jamais le trahir, peu importe ce qu'il adviendra à l'avenir, tu veux qu'il sache que tu ne lui ferras jamais du mal volontairement. Tu n'es pas certaine qu'il pourra le comprendre... Qu'il pourra lire entre les lignes sans t'en vouloir de lui tourner le dos. Ce n'est pas ce que tu fais, pas réellement. Tu te maintiens dans un équilibre précaire, entre amour et devoir, entre le cœur et la raison. Puis, il parle du tableau et les larmes continuent de rouler sur tes joues. Ne dis pas ça. Tu dois vivre. S'il te plaît. Tu dois me le promettre. Tes bras se croisent contre ta poitrine, essayant d'empêcher ton palpitant d'exploser de douleur, essayant de combler le trou béant qui le creuse.

Il était étrange de voir à quel point la vie, pouvait parfois, vous jouez des tours. Hyppolite n’avait jamais imaginé se retrouver dans une telle situation. Dans son petit monde à lui, sa vie allait suivre son cours, sans l’ombre d’une accroche. Comment imaginer qu’il finirait comme un paria, détestait par la moitié d’une nation, aimée par une autre partie juste à cause de son nom de famille. En son for intérieur, le jeune homme rêvait d’avoir le courage de ses propres opinions, de pouvoir choisir, sans sentir le poids de sa famille et surtout de sa conscience s’imposer à lui. Sa vie aurait sûrement été plus facile, si rien de tout ça ne s’était pas, si sa famille n’était pas le cœur de la rébellion, mais hélas, celle-ci était le point d’ancrage d’un mouvement qui le dépassait, et ce, depuis longtemps. Le jeune Osanos, bien que ne partageant pas les idéaux de sa famille, ne pouvait tout simplement pas lui tourner le dos. Tout simplement, parce que malgré les nombreuses divergences, les liens du sang ne se désagrègent jamais vraiment. Et puis, il n’y avait pas que sa famille dans cette histoire, mais tout un groupe. Des personnes qui n’avaient rien et qui se battaient pas pour avoir tout, mais juste dans l’espoir d’obtenir mieux. Alors même si Hyppolite était un gamin pourri gâté, et qu’il aurait tout donné pour regagner sa vie, une partie de lui qu’il n’arrivait plus à ignorer cette empathie qui s’emparait peu à peu de son âme. Il comprenait pourquoi les rebelles se battaient, mais il ne comprenait pas en quoi leur famille pouvait leur venir en aide. Pour lui, sa famille cherchait avant tout à renverser l’impératrice pour prendre sa place, et pour ça, ils avaient besoin de la rébellion. Peut-être se trompait-il ? Peut-être était-il trop énervé contre son père depuis des années pour comprendre ce qu’il désirait vraiment. Mais en tout cas, pour le moment, le jeune garçon était prisonnier des choix de son père. Comme Saeko était prisonnière des siens. Hyppolite se rassurait souvent en se disant que pour le moment, sa vie était entre ses mains, qu’il n’avait finalement aucune obligation, si ce n’est le soutien à sa famille, qui avouons-le, ne se voyait pas énormément. Hyppolite était libre, libre dans son esprit et dans sa manière de réfléchir et de penser, il n’appartenait à personne et il aimait ça. Quand il voyait Saeko, il ne l’enviait guère, en vérité, il avait même pitié pour elle. Mais cela n’était pas vraiment surprenant venant du jeune homme qui depuis toujours éprouver une certaine aversion envers le mariage. Pour lui, il ne s’agissait que de contrat de vie, dans l’unique but d’unir des familles et de créer des héritiers. Très peu pour lui, cela manquait clairement de sentiments et d’émotions. Il ne trouvait pas l’intérêt de devoir lier sa vie à une personne qu’il finirait par détester, au mieux à supporter en pensant à ce qu’aurait pu être son existence, s’il avait été libre de ses choix. Autant dire qu’il était plus qu’heureux que ses fiançailles soient tombés à l’eau. C’était bien la meilleure des choses que lui avait apportées leur trahison. Plus personne ne voudrait épouser un membre d’une famille traite. Au bonheur, le voilà soulagé d’un poids, il n’avait plus besoin de penser à un moyen de s’échapper et de reconstruire sa vie, à l’autre bout du monde.

« Et tu sais très bien que même si je t’aimais, c’est quelque chose que je ne demanderai pas. » Un énième sourire se glisse sur son visage. Hyppolite aime laisser aux gens la possibilité de faire leur propre choix, en âme et conscience, c’est le seul moyen de n’être jamais vraiment déçu. « J’aurais aimé éprouver les mêmes sentiments que toi, mais je crois que je t’aimais assez pour ne pas te mentir sur ce point. » Car oui il l’aimait, pas comme elle, mais assez pour ne pas le blesser, pour ne pas la laisser se bercer de douces illusions. Le choix n’avait pas été facile et peut-être ne l’aurait-il jamais fait sans la pression de ses parents, mais maintenant, il savait qu’il s’agissait d’un bon choix. « Je n’ai jamais pensé qu’omettre soit mentir à vrai dire, mais je dois avouer que j’ai toujours une personnalité tendant à la rébellion. » Un léger rire amusé s’échappe de sa gorge, en fait sans le vouloir, il venait de faire référence à sa famille. « On dirait que c’est dans mes gènes, même si celle si je ne l’ai pas vraiment choisi. » Mais il était vrai que le jeune Osanos avait cette capacité à garder les choses pour lui, ce n’était pas un mensonge, ni un moyen de blesser. Il jugeait juste que sa famille n’avait pas besoin de tout savoir. Certaines choses n’appartenant qu’à lui. « Fais ce que tu crois être juste, cela ne me regarde pas à vrai dire. » Tout comme la relation qui l’unissait à son futur mari, cela ne regardait que Saeko et il n’avait clairement pas son mot à dire.

« Je crois qu’hélas, nous sommes amenés à ne plus nous rencontrer… » Il avait prononcé cette phrase avec déception, il avait l’impression qu’on lui enlevait une partie de lui. S’il n’éprouvait pas d’amour pour la belle aux yeux amande, elle demeurait et depuis longtemps sa seule véritable amie. Son mariage signifiait la fin de leur relation et c’était assez difficile à accepter, mais ils étaient tous deux des dégâts collatéraux et contre ça, ils ne pouvaient rien. Délicatement, il la serre contre lui pour mettre fin aux tremblements qui se sont emparés d’elle. « Ne t’inquiète pas, s’il a bien une chose pour quoi il faut la peine de se battre, c’est bien vivre, et je suis bien décidé à en profiter. » Il lui sourit et lui rend sa liberté, conscient qu’il ne vaut mieux pas qu’elle soit vu dans les bras d’un autre homme avant son mariage. « Tu vas me manquer, Saeko, vraiment… » Et il le dit avec pureté d’âme. Dans ce monde, il y a peu de vérité, mais celle-ci en est une, et elle sort tout droit de son cœur.

Il parle, mais tu n'entends plus réellement. Tu as les pensées obscurcies par ce torrent émotionnel qui te secoue les entrailles. L'inévitable est en train de se produire, tu le perds. Tu savais que cela arriverais, mais tu avais repousser l'échéance, repousser l'instant où tu devrais avoir à lui dire au revoir. Tu n’étais pas certaine d'être prête pour cela. L'enfant de l'eau avait toujours été cette lueur d'humanité dans ton existence... Et tu étais sur le point de le laisser filer, pour le sauvegarder, parce qu'au vue de ta position, tu n'étais plus capable de le protéger, bien au contraire. Je crois qu’hélas, nous sommes amenés à ne plus nous rencontrer… Les mots résonnent douloureusement. Les larmes brûlent tes yeux, roulent sur tes joues rosies par l'émotion. Tu crèves de douleur. Tu rêves de fondre sur lui, de t'abandonner dans ses bras, de tout oublier, un temps, un temps seulement, puis surtout de le garder auprès de toi. Tes doigts se crispent contre tes bras, avec une telle force que tu entames presque la chaire. Et comme pour répondre à tes supplication silencieuse, il dévore la distance entre vous, il encercle ton corps de ses bras, t'enferme dans cette étreinte rassurante et apaisante. Tu enfouies ton visage contre lui, tu fais disparaître les larmes, les dissimulant contre son torse. Ne t’inquiète pas, s’il a bien une chose pour quoi il faut la peine de se battre, c’est bien vivre, et je suis bien décidé à en profiter. Tu regrettais seulement que cette vie puisse continuer sans que tu en fasses partie. C'était insupportable. la simple vision d'un monde où il n'existait pas était insupportable. Tu le serres contre toi, avec une force insoupçonnée, tu le serres une dernière fois, mais tu n'es pas certaine que tu arriveras à t'en détaché. Jamais. Alors il prend les choses en main. Il s'écarte, il s'éloigne, il t'échappe. Tu sais que si tu le laisses partir, tu le perdras, pour toujours. Et tu n'es pas certaine de vouloir le laisser partir. Tu vas me manquer, Saeko, vraiment… Tu te mords la lèvre inférieur, essayant de ravaler les sanglots qui secoue lamentablement ton corps. Ta mâchoire se crispe. Tu cherches la forces de lui tourner le dos, de partir et l'oublier à tout jamais. Et finalement, une impulsion. Tu te hisses sur la pointe des pieds, venant plaquer tes lèvres contre celle du jeune homme. Tu ne cherches pas à le reconquérir, tu sais que son cœur ne t'appartient pas, tu cherches à retrouver cette sensation, cette force qu'il t’insufflait lorsqu'il était auprès de toi. Un baiser. Un au revoir. Un adieu. Ca faisait mal à en crever. tes mains accrocher à ses joues. Un baiser, avant la chute terrible que causerait son absence. Tu finis par t'écarter de lui, tout juste pour lui murmurer. Tu me manques déjà. Tu t'écartes davantage, sans lâché son visage, tu ancres des yeux dans les siens. Je t'aime, mais ne me fais plus confiance. Tu t'écartes finalement. Tes doigts quittent sa peau pour ne plus jamais la sentir. Tu détournes le regard, parce que c'est trop dure de partir si tu dois affronter son regard. Tu fuis. Tu ne sais pas comment tu as trouver la force de partir, de le quitter.