Les hurlements du fils de la terre résonnaient dans ton âme, s’entremêlant aux accusations que ton fiancé n’avait même pas tenté de réfuté. La douleur était vive et la rage dévastatrice. Tu sentais le feu danser furieusement au plus profond de tes entrailles, nourrissant chaque parcelle de ton corps pour distiller sa fureur. Tu sentais le poids de leur regard se pesé sur tes épaules, tu pouvais déceler le jugement et la pitié qui émanaient de ces autres que tu croisais. Tu n’avais rien fais, si ce n’est être fidèle à un homme qui ne méritait nullement ta confiance. Tu étais cette femme bafouée avant même de passer devant l’autel.  Il ne t’avait pas seulement trahie, mais il t’avait déshonoré, il n’avait même pas suffisamment de respect pour te préserver des propos de son amant. Les mots du prince du feu te revenaient, son laïus insupportable sur la confiance, sur la sincérité qu’il devait y avoir entre vous. Vous. Est-ce que ce mot existait seulement ? Tu n’en étais plus certaine. Ton promis t’avait bercé d’illusion, il t’avait abreuvé de mensonges et il avait gonflé ton cœur d’espoir… Tu n’étais plus certaine de savoir si tu pouvais croire en ses mots. Les flammes vengeresses bouillonnaient en toi. Tu avais renoncé au désir pour lui, pour cette couronne qu’il traînait aujourd’hui dans la boue. Il t’avait accusée de ne pas être suffisamment forte, d’être une cible facile pour ceux qui désiraient le détruire… Mais il n’avait pas besoin de toi, il se suffisait à lui-même. Le feu sauvage et indomptable guidait les pas dans le palais. Tes orbes se glissaient sur les lieux, aveuglées, ils étaient en quête de la seule présence qui pourrait te satisfaire dans l’immédiat. Tu avais envie de te perdre dans ses bras, de céder à toutes les pulsions que tu avais enfermées, de laisser libre cours aux frustrations qui scellaient ton cœur. Tu le cherchais, partout où tu avais croisés son regard pour mieux le fuir, tu le devinais, à chaque bout de couloir, avide de le retrouver. Ton cœur loupa u battement lorsque tes orbes rencontrèrent les siennes. Le feu te brûlait les joues, se propageait dans tes veines, animant ton corps tout entier pour le pousser vers lui. Tu fondais sur lui, l'attirant à ta suite dans une pièce quelconque, peu importe, tant qu'elle te dissimulait à ses regards hostiles. Tu aspirais à le retrouver, mais tu n'en oubliais pas le pouvoir que tu désirais ardemment. Cal serait ton roi, mais tu deviendrais la reine adorée et vénérée de ce peuple qu'il avait déçu. Tu serais leur reine. Tu laissais à peine le temps à la porte de se refermer que tes lèvres venaient se plaquer contre les siennes, avide et gourmande, répondant à une fièvre passionnée. La vengeance n'avait jamais eut un goût aussi exquis.

Un jour comme les autres, rien d'inhabituel. Il marchait calmement le long des couloirs du grand palais, ce lieu qu'il enviait tant. Il voudrait le faire sien, il voudrait que ces murs lui appartiennent. A lui, à sa famille, mais surtout à lui. Un goût amer se propage dans sa bouche. Il n'était que leur larbin, l'homme à tout faire. Un simple sous-fifre qui ne valait pas grand-chose à leurs yeux. Mais lentement, doucement, le monstre sortait de l'ombre, et était prêt à tout ravager sur son passage. Le palais était étrangement calme à cette heure de la journée, presque paisible. Il y passait presque plus de temps que dans sa propre demeure ces temps-ci. Dans l'espoir de tomber sur elle, de croiser son regard. Ils s'étaient quittés abruptement, sans vraiment se reparler depuis. Il voulait qu'elle lui tombe dans les bras, et non l'inverse. Il se laissait désiré comme il savait si bien le faire, pour l'attirer un peu plus dans toile. Il ne savait pas encore ce qu'il allait se passer, il ne savait pas encore que son plan fonctionnerait à merveille, il ne savait pas encore ce que cette journée lui réservait.

Des bruits de pas, rapides, agacés. Il tend l'oreille, s'arrête pour essayer de deviner à qui appartenait ces sons. Il n'eût pas le temps de faire quoique ce soit. Un pression sur son bras, on le tire, on l'attire dans une petite pièce. Il n'avait pas encore réalisé qui était la personne qui se tenait en face de lui, avide d'attention, de désir. Il la reconnu à son parfum, cette senteur si particulière qui emplissait l'air. Il voulu dire quelque chose, mais ses lèvres touchèrent les siennes sans qu'il ait eu son mot à dire. Un baiser. Un vrai baiser comme il n'en avait pas reçu depuis longtemps. Le temps semblait s'être arrêté, et son âme ne pensait plus qu'à une seule chose. Une fois que la surprise fut passée, il se ressaisit. D'un geste sec mais tendre, il glissa sa main derrière la nuque de la jeune femme et lui rendit son baiser fougueux. Comme pour dire qu'il était d'accord, comme pour dire qu'il n'attendait que ça. Il ne savait pas encore ce qui motivait ses actes, mais à ce moment précis il s'en foutait royalement. Ses lèvres se détachent des siennes, encore rougies par l'ardeur de leur sentiment. "Bonjour à toi aussi..." Il se recule sans s'en rendre compte, comme pour reprendre contenance. Il n'avait pas franchement l'habitude de se faire coincer dans un placard comme ça. " Je sais que ça fait un moment qu'on s'est pas vu et que je suis irrésistible, mais que me vaut un tel accueil ?" Il ne pouvait pas garder son sérieux très longtemps, et sa mission lui trottait toujours dans la tête. Pourquoi un tel revirement de situation ? Pourquoi une telle fougue de sa part ? Il sourit. Tout ça l'arrangeait finalement, facilitait encore plus ses manigances. Mais le doute s'emparait doucement de son esprit, sans qu'il puisse vraiment y faire quelque chose. Ses actions étaient-elles maintenant seulement dues à sa mission ? Il n'en était plus certain...     

Ton cœur chavire. Un frémissement délicieux, comme si une nuée de papillon voletait sous ta peau, diffusant des sensations éteintes depuis trop longtemps. Tu avais tant de fois rêvé t’approprier ses lèvres exquises, tu avais tant de fois espéré pouvoir un jour y goûter, comme s'il avait s'agit d'un fruit défendu. Tu te hissais sur la pointe des pieds pour que tes mains viennent saisir son visage, pour que ton corps épouse le sien. Tu te serais asphyxié contre ses lèvres s'il ne s'était pas écarté pour reprendre son souffle. Il s'écartait à peine et pourtant, c'était déjà de trop. Tu désirais le toucher, le sentir contre toi et l'embrasser, briser toutes les barrières que tu t'étais imposée. Tes lèvres se pincent alors que tes orbes se plongent dans les siennes. Tes doigts glissent de ses jouent pour se réfugier dans sa nuque. Tu te délectes de ses traits, sans plus éprouver une once de culpabilité pour ce que tu es en train de faire. Un sourire qui se glisse sur tes lèvres, la rage emprisonne ton rire, l'empêchant d'éclater en toute sincérité. Tes doigts tapotent délicieusement sa peau, comme pour vérifier qu'il est bien réel, en face de toi. J'avais besoin de quelque chose de réel. Quel ironie. Mais qu'est-ce que tu en savais, que tout jusqu'à votre rencontre était faussé par des manipulations politiques? Rien. Tu quittais les bras d'un menteur pour ceux d'un autre. Tu étais une naïve, une idéaliste, tu étais trop jeune pour voir le mal qui se dissimulait sous les masques de séduction. Tu connaissais pourtant l'échiquier politique, mais tu ne croyais pas que l'amour serait sali et gâché par toutes ces manigances. Je vais épouser un homme auquel je ne peux pas faire confiance. Il n'a cessé de me mentir. Un soupire vient fendre tes lèvres alors que tes doigts glissent finalement contre les épaules du jeune homme. Tes lèvres se pincent délicatement l'une contre l'autre alors que tes yeux restent posés sur lui. Des éclats brisés dans la profondeur de ses orbes sombres. Tu n'as pas envie d'y penser, mais les fautes de ton futur époux s'accroche à toi, attisant la colère et la détresse. Tu as juste envie d'arrêter d'y penser, de t'abandonner à lui, à ses bras, d'oublier, l'espace d'un instant. Tu en veux très sincèrement à ce prince du feu qui t'a fait douté de tout ce qui t'entoure. même de celui auquel tu t'approches. Tu as beau croire en ce qu'il te fait ressentir, tu ne peux t'empêcher de te demander ce qui a amené les fils Swanson jusqu'à toi. Cette famille n'est-elle pas assoiffée de pouvoir? Comme tout ces nobles au prétendue bonnes intentions. Ta propre famille n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'acquérir davantage de pouvoir.

On nous impose nos actions, nos choix, notre comportement. Ce monde dans lequel nous vivons régit notre existence, notre façon d'approcher la vie. On ne peut pas faire ce que l'on veut, quand on le veut. Tout n'est que manipulation, que faux semblant pour arriver à ses fins, pour survivre dans ce pays qui fait tout pour nous mettre à genou. Il voulait croire, en ce moment précis, que ça n'avait pas été sa décision, que tout ce qu'il avait fait jusqu'à maintenant lui avait été imposé par sa famille, pour leur faire du mal à eux, à ceux qui les prenaient pour des moins que rien. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Malheureusement il était à l'initiative de cette manipulation, de cette mascarade. "J'avais besoin de quelque chose de réel." Si elle savait comment elle pouvait se tromper. Rien n'était réel dans leur relation. De leur rencontre à maintenant, tout n'était que manigance. Elle avait été un pion dans le jeu dangereux auquel jouait les Swanson. Un simple pion. Manipulée pour arriver à leur fin, et Idriss était le maître du jeu. Celui qui décidait du prochain mouvement, de la prochaine action. Un pincement au coeur. Serait-ce de la culpabilité ? Il ne savait pas, il ne savait plus où se positionner par rapport à cette mission, par rapport à elle. Sans le savoir, elle avait bousculé sa vie, petit à petit. Sans qu'il ne s'en rende compte, elle l'avait changé. Pour le meilleur ? Il était encore trop tôt pour pouvoir le dire.

Ses mains sur ses épaules, son regard planté dans le sien. Son coeur bat de plus en plus vite, s'emballant contre sa poitrine. "Je vais épouser un homme auquel je ne peux pas faire confiance. Il n'a cessé de me mentir." Un deuxième déchirement. Pourquoi ? Pourquoi se sentait-il comme ça ? Il a de plus en plus de mal à supporter son regard, si triste. Si elle savait. Si seulement elle savait qu'il n'avait pas été honnête avec elle, qu'il ne l'était toujours pas. Il baisse le regard et le plante sur le sol. Il n'en pouvait plus. Sa respiration s'accélère, sans qu'il puisse la contrôler. Non, il ne devait pas craquer, pas maintenant, pas si près du but. Alors il ferme les yeux pour reprendre ses esprits, pour se ressaisir. Il remet son masque, cette façade qu'il connaît tant, qui le protège. Car c'est beaucoup plus simple de se barricader, de se détacher de tous ces sentiments. Pour ne pas finir blessé, pour se protéger. Il relève la tête et replonge ses yeux dans les siens. "J'ai toujours su que le prince du feu n'était qu'un simple con pourri gâté." Il détourne l'attention de son comportement étrange. Il ne voulait pas qu'elle perce son jeu, et elle n'avait visiblement pas besoin de ça en ce moment. Ce qu'elle voulait c'était une épaule sur laquelle se reposer, une personne pour l'écouter. Il voulait sincèrement être cette personne. Et si cela pouvait l'aider dans sa mission, alors tant mieux. "Qu'est-ce que ce con a encore fait ?".    

Une terrible sensation t'étreint les entrailles alors que son silence se prolonge et que son regard fuit le tient.  Son souffle s'accélère. Tout en lui trahi ses intentions, mais tu ne veux pas le voir. Tes doigts s'accrochent au tissu qui recouvre ses épaules, comme pour le rappeler à toi, à cette réalité illusoire dans laquelle tu te perdrais bien encore un peu.Ton cœur souffre bien trop pour se poser les bonnes questions. Tu veux te perdre avec lui, tu veux oublier les conséquences de ce que tu es en train de faire dans ses bras. Quelques secondes, quelques secondes seulement il te revient, plongeant son regard dans le tient. Tu t'abandonnes à nouveau, tu oublies tes doutes, tu les repousses, dans un coin de ton esprit, tu te refuses d'y penser, tu as déjà trop souffert de la trahison du prince pour te torturer l'esprit en soupçonnant le flamboyant Swanson. Ses mots claquent, te rappellent à quel point tu t'étais trompé à propos de ton fiancé. Beaucoup d'autres s'étaient prononcé sur le blond, sur les idéaux qu'il véhiculait, mais tu les avais confronté, allant jusqu'à vanter les pseudo qualité de ce traître. Tu ne te rends pas compte que les mots qu'ils prononcent sont savamment choisi pour écarté l'attention de ses propres fautes. Tu te laisses berner avec une facilité déconcertante. Puis viens cette question. Tes lèvres se pincent alors que ton visage bascule vers l'avant, ton front venant se heurter contre le torse du garçon du feu. Tes doigts glissent sur ses vêtements, échouant contre son buste. Tu dois être le seul du palais à ne pas avoir entendu le fils Griffith beuglé alors qu'on le traînait au cachot. Un soupire de désespoirs. Cette fois-ci, c'est toi qui t'extrait à son regard. La honte te submerge à l'idée de lui avouer les fautes commises par l'héritier de la couronne impériale. Pour une raison absurde et étrange, tu te sens coupable de cette trahison. Tes doigts s'accrochent à ses vêtements. Il a été l'amant de Cal... Il n'a même pas essayé de nier... L'empire tout entier saura à quel point j'ai été bafouée. Ta voix se brise, ta mâchoire se crispe et tes poings se serrent encore d'avantage. Tu essayes de retenir cette vague de rage qui s'empare de ton être, s'entremêlant avec une tristesse sans précédent. Tu inspires et expires, profondément, tu laisses l'air envahir tes poumons pour y chercher une contenance. Tu te bats contre ta propre faiblesse, refusant de montrer à quel point il t'a blessé et pourtant, cela dégueule de tout ton être. J'aurais pu accepté son infidélité s'il avait su la gardé secrète. Je n'ai jamais prétendu connaître l'amour avec lui, mais j'ai été suffisamment stupide pour croire que je pouvais lui faire confiance... Un soupire, encore, tu es lasse, fatiguée par cette maudite journée. Tu finis par relever le regard pour venir retrouver ses orbes obscurs. Tu vois les ténèbres et la noirceur qui l'anime, mais tu la rejettes. Tu ne veux pas voir. Ta main glisse jusqu'à sa nuque alors que sa sœur vient se glisser contre ses lèvres. Je ne veux plus penser à lui. Un murmure, à peine audible, un souffle suave, caressant. Je ne veux plus penser du tout.