pseudo et prénom ‹ Marie. âge ‹ 26 ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ Bazzart. pays ‹ France. fréquence de connexion ‹ 7/7. votre avis sur le forum ‹ J'aime beaucoup, c'est très bien construit, élaboré, etc. Il faut que je me familiarise avec tout ça.   smiley préféré‹    gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Elle est là, inerte sur le socle de pierre, ses longs cheveux noirs – les mêmes que les siens – entourant son visage marqué par la maladie. Pourtant elle n’a jamais été aussi belle, et à ses yeux elle le sera toujours en dépit des séquelles que le virus a laissées sur sa peau autrefois si blanche, et désormais constellée de tâches rouges indélébiles. Il se souvient de ces heures passées à ces côtés dans la petite pièce qui servait de chambre, lorsqu’elle lui caressait tendrement la joue, en priant pour des jours meilleurs qui ne viendront pas. Sa mère est morte, et elle emporte avec elle, le peu de chaleur humaine qui brillait au fond de ses obsidiennes. Elle n’a pas pu lutter davantage, l’affliction était trop grande, trop coriace pour son corps amaigris, alors elle a succombé. Peut-être qu’avec de l’argent il aurait pu lui trouver des remèdes, un quelconque baume susceptible d’atténuer ses dernières souffrances, car ces dernières nuits la douleur a été atroce. Il l’a entendu hurler dans son sommeil, un cri perçant comme un animal meurtri qu’on va achever. Inévitablement les larmes perlent au coin de ses paupières, ce n’est pas son genre d’habitude, mais l’émotion est vive. Il a seulement dix-huit après tout, c’est trop jeune pour la voir partir. Il ne veut pas qu’elle l’abandonne, il ignore ce qu’il va faire pour s’en sortir, pour les aider lui et son père. Le vieil homme est fatigué, lui aussi dévoré par des maux incurables, et son tour viendra surement très vite. Son travail amoindrit ses chances de survie, il va falloir agir vite avant de finir orphelin. Sa main glisse dans la sienne, et il s’accroche à ses doigts noueux comme il s’accrocherait à une bouée en pleine mer. Le contact rugueux le rassure, et il se remet à respirer normalement. Peu de monde s’est déplacé pour ses funérailles, elle n’intéresse personne, car elle est personne. Mais elle mériterait mieux que ça, s’ils savaient… Il les déteste tant. Un homme au col remonté sur sa bouche s’approche, un flambeau à la main. Aelys n’aura même pas le droit à une sépulture, ou un discours, elle finira brûlée pour éviter que sa lèpre se propage. La flamme vacille dans les airs, indécise, à cause du vent qui se joue d’elle. Un petit sourire se loge sur ses lèvres sèches : le spectre de l’esclave n’a pas dit son dernier mot. Le bourreau lutte, et réussit finalement son office, avant de s’éloigner d’un pas lourd sans un regard derrière lui. Il sent son paternel se crisper et baisser la tête dans une ultime prière qui s’effiloche dans un murmure rauque. À son tour il adresse une supplique silencieuse aux dieux, pour sa famille, et puis une autre plus colérique, et vengeresse. Il lui promet de se battre, de tout faire pour que le sort s’inverse. Son décès ne restera pas impuni, il compte bien l’utiliser pour défendre son nom et sa liberté. Il lui doit bien ça. À toi Aelys Reardon.

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La condition physique du vieillard s’est détériorée. Il ressemble à ces fruits trop murs abandonnés sur le coin d’une table, qu’il ne peut que caresser de l’œil en imaginant leur gout sur sa langue râpeuse. Sa peau striée par les rides commence à se recouvrir des mêmes taches que celles qui se sont emparées du corps de son épouse. Et la mort doit guetter son heure dans l’ombre, patiente mais consciente que ce n’est plus qu’une question de mois ou de jours. Or Wylan ne peut pas se le permettre, c’est égoïste mais il a encore besoin de son père. Encore un peu. Il ignore pourquoi, lui, subsiste aux affres de la maladie, comme si elle ne le jugeait pas suffisamment bien pour s’emparer de lui, et il s’en veut. D’être un survivant et de ne pas être en mesure de pouvoir partager cette douleur qui lui est inconnue. Mais ce matin, il a pris une décision qui va changer le cours de sa vie pour les prochaines années. C’est la moindre des choses qu’il puisse faire, d’échanger son existence – la seule chose de valeur qu’il possède – pour soulager le miséreux. Alors, il s’est rendu chez ses maitres pour qui il travaille depuis qu’il est en âge de soulever des poids, et a demandé à parler à Adonis. Il y a quelque chose d’humiliant à quémander auprès d’un garçon plus jeune que lui, détenant tous les pouvoirs, mais c’est la triste société dans laquelle il évolue. Il n’a pas d’autre alternative que de le supplier de bien vouloir racheter le contrat de son paternel, en promettant d’être son espion en retour. Ses talents ne sont pas passés inaperçu, l’autre a dû remarquer qu’il aime bien parler et s’exprime avec une bonne diction. Et puis il y a son physique qui entre en ligne de mire, il présente bien, pas comme certains plus pauvres que lui, recouverts de haillons sur leurs épaules osseuses et frêles. Wylan est beau c’est un fait, et il compte bien en user pour obtenir ce qu’il désire ardemment. « Bonjour maitre. Je vous remercie de bien vouloir me recevoir. » Il ploie légèrement le genou dans cette révérence qui se veut d’usage, et attends son approbation pour se relever. « Fait vite. J’imagine que tu es venu me parler de la proposition que je t’ai faite. » La première fois qu’il l’a entendu, l’esclave l’a refusé. Il n’aime pas se mêler des intrigues politiques, encore moins fréquenter tous ces gens qu’il abhorre, alors être aux premières loges, sans façon. Revenir sur sa décision c’est courber l’échine à nouveau mais il n’a pas vraiment le choix. L’a-t-il jamais eu de toute façon ?  « Oui. Je suis d’accord, mais j’aimerais une contrepartie. » Il le sait, c’est quitte ou double, il n’est pas en position de négocier ses fonctions, mais que risque-t-il au final ? Les coups ? La mort ? Ce n’est rien à côté de ce qu’il ressent, il est solide, il peut encaisser. La douleur physique ne l’effraie pas. « C’est original. Je t’écoute. » Au moins il ne s’est pas fait renvoyer et sa tête tient toujours sur ses épaules, on avance doucement. Il fait mine d’hésiter un instant, comme quelqu’un qui chercherait ses mots, la vérité est différente, il les a appris par cœur. « Je voudrais que vous rachetiez le contrat de mon père en échange de mes services. Il est âgé et malade, il ne vaut plus grand-chose, je ne pense pas que votre fortune en pâtira. » Il s’est renseigné il y a une semaine, la valeur de l’ancien est moindre, inexistante même. Amusant de se dire que sa vie est attachée à un chiffre qui descends ou qui monte en fonction des cas. À combien est sa côte ? Il le note dans un coin de son esprit pour plus tard, l’information peut s’avérer utile. Ses poings fermés menacent de faire craquer ses phalanges qui blanchissent, tandis que ses yeux scrutent avec intérêt l’homme devant lui. Il le hait, et par-dessus tout il se hait d’en arriver là, d’abattre ses dernières cartes tel un mendiant. « C’est d’accord, j’enverrais quelqu’un plus tard le chercher. Tu commences demain, tu peux partir désormais, j’ai à faire. » Il voudrait sauter de joie mais parvient à rester stoïque, il ne faut pas qu’il montre ses faiblesses aisément, il lui a déjà offert son talon d’Achille sans sourciller. « Merci maitre. » Son interlocuteur qui n’a pas tergiversé longtemps, esquisse l’ombre d’un sourire, comme si il comprenait. Comme si il était persuadé d’être son sauveur et d’avoir acquis Wylan à sa cause. Néanmoins, ce dernier a beau être fier, il lui est désormais redevable. Mais tout le monde sait que les promesses et les alliances se défont aisément. En un battement cil pour ainsi dire.    

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« Je ne veux pas partir avec elle. » Les bras croisés dans le dos, il attend ses ordres dans la chambre d’Adonis, qui parcourt des feuilles d’un air désintéressé sans même le regarder. « Tu n’as pas vraiment le choix Wylan, je te rappelle que JE décide. Et j’ai décidé que tu partirais avec Nahia pour enquêter sur Merle. » Ses yeux se durcissent instantanément. Au combien il rêverait de serrer ce cou si blanc entre ses doigts pour le voir suffoquer. Ça ou autre chose… Sa haine et son désir sont étroitement liés en ce qui concerne son maitre. Ce n’est pas spécialement ce à quoi il s’attendait lorsqu’il s’est engagé, pas du tout même. Il ne se souvient pas vraiment comment tout a commencé, une poignée de mots lancés à la va vite, un geste déplacé, ou peut-être tout ça à la fois. Et lui qui ne trouve pourtant aucune satisfaction dans les plaisirs de la chair, doit bien admettre que cette idylle le met hors de lui à tous les niveaux. Mais il n’est pas stupide au point de le montrer, il sait se contenir, même si à cet instant il meurt d’envie de le remettre à sa place ; à sa façon. « Je ne lui fait pas confiance, et elle ne m’apprécie pas. C’est réciproque. » Nahia est arrivée en même temps que lui au service des Griffith, l’un chez Adonis et l’autre chez son cousin. Dans les faits ils devraient s’entendre, après tout leur destin similaire, ils ne sont que des pions sur un échiquier immense, mais il n’en est rien. Wylan ne la supporte pas, elle est  jeune, versatile, instable, et agit trop sur des coups de tête. Tout son contraire, et puis elle a ce tic horripilant de bouger sans arrêt. S’ils se tolèrent par courtoisie, ce n’est qu’une relation de faux semblants. Aussi, partir en mission avec elle ne l’enchante pas des masses, voire pas du tout. Il préfère agir seul et de toute façon, c’est là qu’il est le meilleur, il n’a pas envie de jouer les nourrices, encore moins avec elle. « Je ne vous demande pas de vous apprécier mais de me rapporter des informations. » Adonis a relevé la tête et l’observe désormais, une lueur intriguée dans le coin de l’œil. « Tu n’as pas vraiment le choix, je pense qu’il est inutile de te le dire. » Wylan serre la mâchoire, il en est pertinemment conscient ce qui ne l’empêche pas d’essayer. Dès qu’il peut tenter de faire basculer les évènements en sa faveur, il le fait. Toutefois aujourd’hui ses aptitudes au discours ne lui sont d’aucune utilité, son maitre a fait son choix, et discuter serait une perte de temps. « Très bien, qu’il en soit ainsi. » Un silence lourd de sens s’immisce entre eux. Pas ce soir, pas maintenant. Il ne veut pas céder. Il ne cédera pas. Il s’incline, et repart, en claquant bruyamment la porte. Une maigre consolation face à ce qui l’attend demain matin : un long périple avec la gamine à la recherche d’un fantôme.