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CHAPTER 1. (11 ANS, DEPART A L'ACADEMIE.)
Ariane Griffith. Elle allait devoir porte sur épaules un poids trop lourd pour une fillette de onze ans. Fille aînée et héritière de la nation de la terre, les enseignants de Koldoveretz allaient surement attendre d'elle plus que ce dont elle était capable. Et si elle n'arrivait pas à contrôler parfaitement la terre ? Depuis que son élément s'était manifesté il y a six ans, elle n'avait fait que de brève tentative pour apprendre à le maitriser. Elle n'oubliera jamais le jour où son élément a fait son apparition. Elle était en colère contre son père pour des choses futiles, elle avait laissé une colère d'une violence incomparable s'emparer d'elle et c'est là qu'une roche a explosé. Impressionnant, pour une première fois. La Griffith n'a jamais réussi à reproduire une telle chose, elle n'a jamais réussi à se concentrer suffisamment pour faire des chose plus compliquées. A ce jour, elle savait faire quelques petits actes basiques, comme faire léviter un petit caillou, ou encore créer un escalier ou une colonne de terre. Elle savait déjà faire plusieurs choses grâce à son père qui l'avait entrainé, mais redoutait son entrée à l’académie. Ariane avait peur de ne pas être à la hauteur, de décevoir tout le monde. « Ariane.. Ariane ? » Une voix qu’elle ne connaissait que trop bien la ramenait à la réalité, celle de sa père. Il était l’heure de partir, l’heure de quitter la résidence des Griffith, son chez-elle. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres avant qu’elle se retourne vers sa mère. Elle l’enlace comme si c’était la dernière fois qu’elle la voyait. Elle fait de même avec sa petite sœur pour ensuite poser ses prunelles noisettes sur le plus petit des Griffith, a qui elle adresse un sourire rassurant. Elle s’agenouille devant lui avant de le prendre dans ses bras. « Tu prendras bien soin de mère, tu ne la fera pas enrager, c’est bien compris ? » Lorsqu’elle desserre son étreinte, elle prend son air autoritaire qu’elle sait si bien faire et lève le petit doigt en signe de menace. Il était encore jeune, mais elle le savait malin et audacieux, Adonis. Le gamin de trois ans acquiesce sans broncher et Ariane lui adresse un sourire réconfortant. Elle voudrait lui a quel point elle l’aime, elle voudrait leur dire à tous, mais les mots ne franchissent pas ses lèvres. « Ariane, il est temps d’y aller. » Les mots de son père lui font l’effet d’une douche froide, un frisson lui parcourt l’échine. « Oui, père. » Elle ne veut pas partir, elle ne veut pas quitter son foyer. Malgré tout, elle se relève et avance vers son père, qui l’attend sur le pas de la porte avec ses bagages. Lorsque ses pieds franchissent le seuil de la maison Griffith, elle contient ses larmes de petite fille et garde la tête haut, elle se montre comme on lui a toujours appris. Après tout, ce n’est qu’un au revoir.

CHAPTER 2. (11 ANS, SORTIE NOCTURE, ENTRAINEMENT.)
Ce soir là, il faisait nuit noire, seule la lune éclairait la cour de l’académie. Ariane n’était pas le genre de personne à désobéir à des ordres, mais elle avait besoin de sortir. Son véritable premier cour sur son élément allait se passer le lendemain matin et elle voulait s’entrainer à la dernière minute. Sous l’effet du stress, son palpitant battait à tout rompre pendant qu’elle avançait dans le noir complet, les pieds nus dans la terre. Elle fermait les yeux quelques secondes, histoire de se concentrer sur ce qui l’entourait, pour ne faire qu’un avec la terre. Doucement, elle tendait la main devant d’elle avant d’effectuer une rotation du poigner pour faire venir à elle quelques petits morceaux de terres à ces pieds. Un à un, les petits morceaux s’élèvent dans les airs pour gagner la paume de sa main. Un sourire nait sur ses lèvres lorsqu’elle sent la terre fraiche au contact de sa peau. Elle tentait de rester concentrée, de continuer à faire venir des bouts de terre à elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de laisser envahir l’angoisse, par la peur d’être jugée le lendemain. Et si on la trouvait médiocre ? Et si elle décevait ses parents, sa famille ? Sa respiration s’accélère, ses sourcils se froncent, il faut qu’elle se vide la tête. Elle bouge ses pieds, pour les ancrés encore plus dans la terre, elle se redresse, elle se sent stable malgré le stress. Malheureusement, celui-ci commence à gagner de plus en plus de terrains et lui fait perdre son équilibre intérieur. Sa main tremble, et les bouts de terre en lévitation retombent sur le sol d’où il venait. Elle ouvre les yeux pour les regarder. Un soupir d’échappe de ses lippes. Elle n’est pas même capable de contrôler son élément plus de cinq minutes, elle se sent idiote, incapable. Et que vont penser les autres ? Petit à petit, l’angoisse laisse place à de la colère. Elle la sent se propager dans tout son corps, elle la sent l’envahir comme une vieille amie. Sa respiration est de plus en plus saccadée, elle serre les poings à tel point que le bout de chacun de ses métacarpiens devient blanc. Tout n’est qu’intérieur, mais violent. Pré-adolescente incapable de contrôler sa colère envers son incompétence, elle tend à nouveau le bras la paume ouverte et la referme violemment, comme si elle attrapait une corde et la tirait jusqu’à sa poitrine. C’est alors que la terre se met à trembler légèrement et que des bouts de terre et de caillou lévitent tout autour d’elle. Elle ne desserre pas son poing, qui tremble sous la pression. Elle y défoule toute la colère, toute la pression qu’elle ressent depuis trop longtemps. Elle sent qu’elle ne fait qu’un avec son élément, elle sent ses pieds ancrés dans le sol plus que jamais, mais la perte de contrôle arrive vite, trop vite. C’est comme s’y a force d’ancrer ses pieds nus dans le sol, les abysses de la terre s’étaient ouvertes en dessous d’elle pour l’engloutir toute entière. Elle a envie de hurler, de faire sortir cette colère qui dort en elle, cette colère qui n’est pas seulement du à son incompétence mais à un nombre incalculables de petites choses accumulée. Ses bras finissent coller à sa poitrine, tandis que les bouts de terre ne sont plus seulement en lévitation, mais tourbillonnent autour d’elle. Véritable tempête de roche et terre, la Griffith ouvre les yeux pour contempler le spectacle. Elle ne contrôle plus rien, elle est comme paralysée par la colère et à la fois par la peur, elle ne peut qu’observer cette tornade. Plus les secondes défilent, plus elle sent ses forces la quitter, elle vacille une fois, deux fois, et tomber à genoux perdant le peu d’équilibre et de stabilité qui lui restait. Complètement vidée, elle tente de ne pas lâcher prise, mais son corps est trop lourd et s’affale sur le sol dur et froid, un liquide vermeil coulant le long de son philtrum. Puis tout n’est que chaos et les morceaux de terre reprennent leurs places parmi les leurs.

CHAPTER 3. (18 ANS, CEREMONIE DU PROTECTEUR.)
Son regard vagabonde d’objet en objet, de pièce en pièce. Ariane avait été habitué à vivre dans le luxe, mais elle ne peut s’empêcher d’être émerveillée entre les murs du Palais. Jeune fille de dix-sept ans à présent, elle commence à prendre part à la vie politique que son père lui enseigne et connaît déjà pas mal de monde. Elle avait terminé ses études à l’académie et il ne lui restait plus qu’à véritablement se former pour devenir la régente que son père voulait. Cependant, elle ne voulait pas l’être, elle ne voulait pas la pouvoir. Elle savait parfaitement que chaque personne ayant eu la couronne sur sa tête avait fini par y perdre la vie, ou par perdre des proches. La couronne n’attirait que les mauvaises choses et elle n’en voulait pas. Elle aurait voulu passer son temps à cuisiner ou à monter à cheval, mais une héritière ne pouvait pas se permettre ce luxe. Elle devait être à la hauteur pour que le peuple soit fier d’elle, ainsi que sa famille. Le sentiment de peur qu’elle ressentait à cet instant, elle l’avait déjà ressenti auparavant, juste avant son premier entrainement, lorsqu’elle avait perdu le contrôle.  Quand elle s’était réveillée à l’infirmerie, avec la directrice lui posant un millier de question, Ariane avait prétendu se souvenir de rien. Pourtant, chaque seconde de ce cauchemar restera gravé dans sa mémoire. Elle n’avait jamais dit à personne ce qui s’était réellement passé cette nuit là, ayant trop honte d’avoir perdu le contrôle de la sorte. Depuis ce jour, elle s’était promise de ne plus jamais perdre le contrôle de ses émotions. Elle avait réussi à être plus stable, plus réfléchie, notamment avec l'aide de son père qui l'avait aidé à maitriser la terre parfaitement. Et maintenant qu’elle était maitre d’elle-même, elle ressentait une certaine crainte à l’idée de se retrouver lier à quelqu’un. A vrai dire, elle était totalement contre la loi sur les adiutors, mais elle n’avait pas d’autre choix que se soumettre.  « Bonjour à tous et bienvenue à la Cérémonie du Protecteur. » Son regard se pose sur l’Impéractrice, qui se presse de continuer son discours. « Vous savez tous pourquoi vous êtes ici en ce jour, alors que la cérémonie commence. » Suite à cet ordre, elle appelle les Mêlés un à un pour les gracier d’un rond d’eau sacré sur le front. Elle sent les battements de son palpitant faire vibrer ses tempes chaque fois qu’un des futurs adiutors s’avancent dans sa direction. « Natalie Conta. » La voix de l'Impératrice résonnent entre les quatre murs de la grande salle. Ses mots, ce nom fait écho aux oreilles de la Griffith. Une jeune femme mince et élancée s’avance vers l’Impératrice pour recevoir sa marque. Ariane sourit la voyant. Elle avait rencontré Natalie, une Jaune, lors de sa première année. Dès leur première conversation, la Griffith s’était sentie proche de la jeune femme. Opposées mais complémentaires. Natalie était beaucoup plus spontanée qu’elle, plus dynamique et lorsqu’elle était à ses côtés, elle se sentait revivre. Au contraire, Ariane apaisait le fort tempérament de la Mêlée. Ses prunelles noisette la regardent se relever, espérant qu’elle se dirige vers elle. Les secondes paraissent durer une éternité, elle retient sa respiration et observe son amie pas après pas jusqu’à ce qu’elle se stoppe devant elle. Elle soupire, vide l’air contenu dans ses poumons pendant quelques secondes. Elle lui sourit, à la fois soulagée qu’elle soit son adiutor et à la fois effrayée par l’idée d’être lié à quelqu’un à tout jamais. Ariane accepte la main tendue par son amie et l’étreint, comme le veut la procédure. Ca y est, ce lien indéfectible dont elle ne voulait pas est maintenant créé et inviolable.

CHAPTER 4. (32 ANS, MORT D'ISAIAH, CONSEILS, ENTERREMENT.)

Le vent frappe son visage, l’odeur d’herbe coupée envahit ses narines. Elle regarde le paysage, le contemple sur le dos d’Hydris, son cheval. Elle ferme les yeux et ne pense à rien, elle fait le vide. Les balades en compagnie de son cheval sont presque ses seules échappatoires depuis qu’elle a appris la terrible nouvelle. De sa poche, elle sort la lettre griffonnée par l’écriture atypique d’Adonis. Elle la relie, encore et encore. Elle n’arrive pas croire ce qui écrit, elle n’arrive à croire que les mots de cette lettre lui brisent le cœur. Ses mains tremblent, le bout de papier tremble. Des larmes viennent faire baver l’ancre, mais peu importe. Plus rien ne compte à cet instant. Isaiah est mort, son petit frère qu’elle aimait tant, aimé de tous, a perdu la vie dans un stupide accident, paraît-il. Tout son monde semble s’écrouler et l’héritière qu’elle est doit s’empresser de le rebâtir. Elle serre la lettre, la relie une dernière fois avant de la ranger. Sa main glisse le long de la crinière noire d’Hydris, elle le caresse doucement comme si c’était lui qu’elle devait rassurer. Les larmes ne cessent de couler et elle ne fait rien pour les arrêter, elle sait que personne ne la voit ou ne la suit. Elle est totalement seule et peut se laisser aller. Elle reste quelques minutes de plus, le yeux dans le vide, se remémorant tout ce qu’elle a vécu avec son frère, puis sèche ses larmes d’une revers de main avant de rebrousser chemin vers la demeure des Griffith. Elle prend le soin de faire un détour, pour que ses yeux rougissent redeviennent normaux. Elle ne veut pas qu’ils voient qu’elle a pleuré, elle veut se montrer forte et digne devant les autres membres de sa famille. Alors, comme son père lui a appris, elle tente de ne pas pleurer lorsqu’elle console sœur, sa cousine ou sa mère.


Les Griffith sont en deuil, personne ne pleure, personne ne dit rien. Un silence de marbre ponctue la cérémonie de l’enterrement pendant que les gens s’avancent pour sceller un peu plus la tombe de l’être aimé. Ariane glisse sa main dans celle de sa sœur pour la serrer aussi fort qu’elle peut, mais son regard reste bloqué sur le cercueil d’Isaiah. En tant que première née, elle s’avance pour commencer à sceller la tombe d’un geste du poignet, suite à ses parents. L'héritère reste immobile devant la tombe quelques secondes, les yeux clos. « Je t'aime, pour toujours et à jamais, Isaiah. » Ce ne sont que des murmures, inaudibles presque. Elle renifle, sa mâchoire se crispe, elle tente de contenir ses larmes. Elle garde la tête haute et pourtant, elle aurait envie de se terrer dans un coin et ne plus jamais sortir. Elle retourne à sa place, et son regard croise ceux de ses proches, pour finir par se poser sur celui d’Athalia, sa cousine, qui était très proches de son cadet. Un mince sourire s’affiche sur les lèvres de l’héritière quelques secondes, puis disparaît pour laisser place à au chagrin et à la colère. Elle a compris, la Griffith. Elle sait que ce n’est pas qu’un simple accident et ils vont payer pour ça. La cérémonie se termine peu de temps après, la Griffith regarde toutes les autres personnes qui scellent la tombe, elle ne lâche pas le cercueil des yeux. Son cœur se brise une nouvelle fois lorsqu’elle le garde s’enfouir, tomber dans les abysses pour ne plus jamais en sortir.

CHAPTER 5. (33 ANS, PALAIS DES FLAMMES, FLAMAERIN.)
Ca y est. Elle est en route pour rejoindre Adonis et leur paternel au Palais des Flammes. Elle se sent à la fois excitée et stressée. Elle n’avait éprouvé l’envie de quitter les membres de sa famille, les terres d’Eartanera pour aller à la Capitale, toutefois, les circonstances étaient particulières à présent. Elle éprouvait un profond désir à aider Adonis, Isaak et leurs audiutors à coincer les coupables. Ariane n’était pas pour la violence, la torture, mais ils s’en étaient pris à l’un des siens et la famille était une chose sacrée pour elle. Elle n’hésiterait pas à remuer ciel et terre pour les démasquer et quand ce sera fait, elle les fera payer. Cependant, il n’y avait pas que la vengeance qui l’animait, mais aussi son désir de vouloir mener à bien son projet. Elle savait parfaitement que beaucoup adhéraient à la cause d’Adonis, beaucoup souhaitaient que les Griffith récupèrent la couronne de ganit et Ariane comptait bien l’aider à la récupérer pour mener à bien son idée. Une fois la couronne entre leurs mains, revenue sur les terres d’Eartanera, la Griffith ne comptait pas céder la couronne à son frère. Adonis ne souhaitait pas faire changer les choses, comme elle, elle le voulait. L’idéaliste qu’elle était avait dans l’idée de prendre la couronne quelques temps afin de permettre au peuple d’élire le régent de leur choix, comme dans une démocratie digne de ce nom. Accomplir tout cela ne serait pas choses faciles, mais elle était déterminée à changer les choses.