pseudo et prénom ‹ herondale, clara âge ‹ vingt-deux ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ je ne me rappelle plus pays ‹ bretagne fréquence de connexion ‹ dès que possible votre avis sur le forum ‹ cey moche wesh smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Le silence. C'est le silence qui avait alerté Orion. La demeure était généralement bruyante, animée. Mais ce matin il n'y avait aucun bruit, aucun murmure. C'était ce calme étrange qui avait poussé le gamin de cinq ans a désobéir aux ordres. Celle qui prétendait être sa mère était déjà partie pour s'acquitter de ses tâches d'esclaves. Personne ne faisait attention au petit gamin qui déambulait de couloir en couloir à la recherche de la cause de cette accalmie. Ses boucles pâles dansaient contre sa nuque à mesure qu'il s'efforçait d'atteindre la grande salle. Tous les esclaves de la maison étaient réunis. Ce n'était guère choquant mais le gamin s'était arrêté immédiatement en observant leurs expressions. De la tristesse. Il ne comprenait pas le gamin. Il était encore trop jeune, trop candide. Son père se tenait devant tout le monde en tenue de deuil. Il n'écoutait guère les mots qui se formaient sur ses lèvres. Tout ce qui comptait pour Orion était l'absence de la maîtresse de maison et de son adiutor. Sa génitrice. La femme aux mêmes boucles lunaires, à la même peau diaphane et au mêmes iris. La femme qui l'avait mis au monde. Il n'avait aucune attache Orion. Il n'avait jamais vraiment connu sa mère, ni bénéficier d'un quelconque attachement. Elle l'avait délaissé dès sa naissance pour retourner dans les bras de son amant. Il n'avait toujours suscité que du rejet et de la rancoeur dans les yeux de sa mère. Il ne l'aimait pas Orion, mais sa présence était un pilier pour lui. Une force qui ne l'abandonnait pas. A défaut d'avoir une mère, sa simple présence suffisait à l'apaiser. Et maintenant elle était partie. Un sanglot déchira le silence tendu. Les regards étaient braqués sur lui avec compassion et résignation. Les esclaves n'étaient pas dupes. Ils se doutaient bien qu'Orion était le fils de l'adiutor de sa mère. La ressemblance était trop frappante, trop évidente pour l'ignorer. Orion ressemblait trait pour trait à sa mère. Il n'avait pratiquement rien hérité de son père. Un père qui avait sûrement été soulagé de voir que son bâtard n'allait pas éveiller les soupçons sur lui. Orion n'était pas attaché à cette mère. Cette silhouette au loin. Il ne l'aimait pas mais sa mort laissait un énorme vide. Vivante, il avait peut-être encore une chance de lui parler, de l'apercevoir. Morte, il était seul. La réalité l'oppressait davantage. Le manque d'une mère aimante était bien plus présent. La foule était déjà un mauvais souvenir. Le gamin s'était déjà échappé devant le regard furieux de son père. Il s'était réfugié dans la bibliothèque de la maisonnée. Un lieu curieusement solitaire et où il était certain de ne pas être dérangé. Il était jeune mais l'éducation de son père avait brisé toute innocence et toute inconscience. Il était bien plus intelligent et rusé que les autres gamins de son âge. Prostré dans un coin d'une étagère, il se laissait aller à ce trou béant au creux de sa poitrine. Il ne comprenait pas pourquoi il pleurait une étrangère. Les ombres dansaient déjà sur les pavés glacés quand les sanglots s'arrêtèrent. Il était épuisé. Son corps tremblant était fatigué d'avoir tant pleuré. « C'est la dernière fois que tu pleurais, Hyperion. » Levant ses prunelles larmoyantes vers la silhouette sombre adossée au mur d'en face, des frissons s'emparèrent de son corps frêle. Son paternel l'observait avec un air dur et implacable. Il ne se rappelait que trop bien de ces nombreuses séances où son père lui répétait inlassablement qu'il ne devait pas se laisser à de telles futilités. Il devait s'endurcir et ne pas laisser son coeur à la merci des émotions. Il devait au contraire s'en préserver. « Jure le moi. Jure moi que tu ne pleureras plus jamais. Les sentiments sont pour les faibles. Es-tu faible, mon fils ? » Il était conscient que cette promesse pouvait tout changer. Une promesse, on la tient à vie. Quand on a un honneur, on respecte sa parole. Le gamin resta silencieux. Il était prix au piège entre la déception et la fierté qu'il ferait naître dans le coeur de son père. Entre une vie solitaire et une vie faite de tempêtes. Orion se redressa, prêt à faire basculer sa vie d'une façon ou d'une autre. « Non père. Je le jure. » Avec ces mots, Orion fermait son coeur à tout jamais. Il l'enchaînait à sa volonté, abandonnant la clé entre les mains de son géniteur qui lui souriait avec un air satisfait. Il avait finalement réussi à faire de son fils cette arme dont il rêvait. Un mêlé promis à de grandes choses qui allait être son arme de destruction.


S'il y avait bien quelque chose que Orion ne supportait pas, c'était qu'on l'importune. Il s'était retiré de la foule de mêlés et de maîtres pour apaiser sa migraine mais l'écho de plusieurs voix ne faisait que la renforcer. Le calme se dissipait dangereusement, laissant place à la fureur du gamin. Des étincelles jaillissaient déjà de ses doigts tandis qu'il se glissait vers la clameur qui le dérangeait tant. Un petit groupe de mêlés s'amusaient à taquiner une des leurs. Il ne connaissait pas leurs noms mais ils savaient quels pouvoirs ils maîtrisaient et quelle réputation ils avaient à l'académie. Orion figurait parmi les dix meilleurs élèves mêlés de sa promotion or aucun d'entre eux ne pouvait dire la même chose. Leurs provocations puériles ne faisaient qu'agacer Orion qui les observait les sourcils froncés. Il se moquait bien qu'ils agressent une autre mêlée. Ce n'était pas ce qui le dérangeait. Ce qu'il trouvait par-dessus tout outrageant, c'était que la jeune fille ne cherchait même pas à se défendre face à ses assaillants. Elle brandissait ses poings mais ils ne pouvaient rien face au groupe qui utilisait sans rechigner les dons dont ils avaient été pourvus. Il ne pouvait pas l'ignorer. Il ne pouvait pas s'éloigner en laissant la jeune femme s'humilier de cette façon. D'un pas rageur, il s'interposa entre les agresseurs et leur victime. Le combat s'arrêta de lui-même. Des protestations s'élevèrent mais Orion n'en avait rien à faire. Ses prunelles fixaient la jeune fille avec une colère non dissimulée. « Pourquoi tu te laisses faire ? » La brune baissa ses prunelles au sol, incapable de soutenir le regard du jeune homme. La tension ne faisait que croître autour d'Orion. Le champ magnétique qu'il avait tissé autour de son corps semblait danser sous la lumière de la lune. Orion écarquilla les yeux quand il sentit quelqu'un le manquer de justesse. L'air sifflait encore à ses oreilles quand il se retourna, le visage déformé par la fureur. Ses prunelles dévisagèrent les trois mêlés qui s'étaient immobilisés. Des éclairs glissèrent le long de ses poings tandis qu'il les lançaient vers eux. Ce n'était pas une attaque vraiment agressive mais elle avait suffi à les projeter tous les trois au sol. « Vous n'êtes que des lâches pour attaquer une des vôtres qui n'use même pas de son don pour se défendre. Et comment osez-vous attaquer quelqu'un par derrière. » Des murmures effrayés s'élevèrent avant que les mêlés ne prennent la fuite. Orion était écoeuré par leurs comportements mais il l'était tout autant pour celui de la jeune fille. Le gamin l'observa avec un air dur. « Si tu tiens vraiment à survivre dans ce monde, je te conseille vivement d'apprendre à te défendre à défaut d'attaquer. Tu as un pouvoir, utilise le. » Il n'allait pas s'occuper d'elle. Il n'allait pas prendre soin des ecchymoses qui allaient sûrement naître sur sa peau demain. Non, Orion allait la laisser seule. Il ne voulait pas s'apitoyer sur le sort de la jeune fille. Elle l'avait cherché en restant si inoffensive alors qu'un pouvoir dansait dans ses veines. Il n'allait pas pleurer sur le sort d'une lionne qui veut être traitée comme du simple bétail. Elle valait beaucoup mieux que cela et il fallait qu'elle s'en rende compte toute seule. Soulagé par le silence revenu, le gamin retourna à sa cachette et il se laissa bercer par les rayons de la lune et l'air du vent. Il avait toujours préféré se retirer ici que de supporter la présence des autres. Il allait être obligé de rentrer pour respecter le couvre-feu mais les quelques minutes qu'il lui restait étaient précieuses.  


« Tu pars demain. » Ce n'était pas une question. C'était juste la réalité. La fatalité. Rita n'était pas son amie. Elle s'en rapprochait le plus mais c'était surtout la seule qui le comprenait d'une façon ou d'une autre. La seule qui acceptait son attitude distante et froide sans poser de question. La seule qui respectait ses silences comme ses remarques. Rita les lui rendait au centuple. L'académie n'allait plus être la même sans elle. Orion allait avoir plus de mal à supporter la vie ici et surtout l'échéance qui s'approchait de plus en plus. La cérémonie. Il lui restait un an avant de lier sa vie à celle d'un inconnu. Il ne l'acceptait toujours pas même s'il savait que c'était une évidence. Il n'allait pas y échapper. Tout comme Rita, il allait devoir vivre avec cela. La jeune femme gardait le silence et se contentait d'observer le ciel nocturne. Ils n'avaient pas le droit d'être ici si tard mais ils s'en moquaient. Demain, Rita allait quitter l'académie pour toujours. C'était la dernière fois qu'Orion était en sa compagnie. Il ne savait pas ce qui l'attendait et les chances étaient minces pour qu'il croise de nouveau sa route un jour. « Orion. » Le gamin posa ses prunelles claires sur la brune avec curiosité. Il devait s'attendre à tout avec elle. Rita trouvait toujours le moyen de le surprendre, que ce soit en bien ou en mal. Il s'attendait peut-être à tout sauf à cela. « Tu ne m'as jamais parlé de ta vie. Avant. » Son regard se fit vague et il détourna la tête pour se perdre dans les étoiles. Rita ne connaissait que peu de choses sur lui. Tout ce qu'elle savait concernait sa vie à l'académie mais cela s'arrêtait là. Personne ne savait pour ses origines, ni son enfance. Personne ne connaissait ses douleurs et ses blessures passées. C'était peut-être une faiblesse à utiliser contre lui. L'éducation de son père battait plus fort dans ses veines. La voix de son père tonnait dans son esprit, lui ordonnant de garder le silence. Parce qu'il était un secret. Une honte qu'il ne devait pas ébruiter. « Il n'y a pas grand chose à dire sur moi. Ma mère m'a abandonné à ma naissance. Elle est morte d'une overdose de drogues, causant ainsi la mort de son maître. Mon père s'est chargé de moi, à distance. Personne n'est au courant pour son bâtard de fils. » Un sourire amusé étira ses lippes. Il se rendait bien compte de la tristesse de ses paroles mais c'était la vérité. Il n'allait pas dire un mot de plus. Il avait déjà grandement compromis son secret en en parlant superficiellement à Rita. Il n'attendait pas d'excuses, d'apitoiement. Il n'attendait rien d'elle. Juste une compréhension. De l'acceptation sans jugement. Le silence de la jeune femme le poussait à croire que c'était ce qu'elle faisait. Le temps défila sous un silence entendu. Ils ne faisaient qu'observer les étoiles tout en sentant approcher la fin d'une ère. La fin d'une amitié improbable. « Tu crois qu'on se reverra un jour ? » Il n'y avait aucune trace de moquerie dans sa voix. Son flegme habituel avait disparu ce soir pour laisser place à une sincérité nouvelle. Il n'y avait plus de moquerie, plus de séduction voilée. Orion voulait vraiment savoir s'il reverrait son alliée à l'académie un jour. « Peut-être. » C'était suffisant pour Orion. Le destin seul allait en décider après tout. Il se demandait à quoi ressembleraient leurs vies dans quelques années. Il se demandait comment se passerait leurs retrouvailles s'ils venaient à se revoir un jour. Il n'oublierait jamais Rita. Une adversaire redoutable qu'il avait pu considérer comme une alliée d'un jour avant que cela ne dure des années. Ils se disaient adieu ce soir. Sans un mot. Sans une étreinte. Ils assistaient, mutiques, à la fin de la nuit, chassée par les premières lueurs de l'aube. Rita partait aujourd'hui. Les yeux clos, il sentit sa silhouette s'éloigner de lui. Pour la première fois depuis des années, son coeur se serra. Un miracle. Un choc. Le gamin n'avait pas réalisé à quel point il s'était attaché à Rita et cela ne lui plaisait pas. Il avait choisi une vie solitaire mais sans se priver de la compagnie des femmes. Il avait décidé de fermer son coeur pour se protéger de telles émotions. Son départ n'était probablement pas une mauvaise chose. Si elle était restée quelques années de plus, Orion aurait pu faire l'erreur de s'attacher à elle irrémédiablement.

Spoiler:

« Ne t'en va pas. Reste Orion. Je t'en supplie, reste avec moi ! » Le gamin observait la jeune femme qu'il avait autrefois aimé avec répulsion. Elle n'avait plus rien de la femme forte et déterminée qu'elle était lorsqu'il l'avait connu. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle s'accrochait à lui pour ne pas le laisser partir. Une véritable enfant qui faisait un caprice. Le gamin la repoussa avec force. Il n'osait même plus plonger ses prunelles dans son regard ahuri. Il avait des doutes concernant son changement de personnalité mais il ne pouvait rien y faire. Il ne voulait pas se battre pour Amara. Il avait été très clair avant leur liaison. Aucun sentiment. Aucun attachement. Elle avait brisé toutes les règles. « Ne rends pas les choses encore plus difficiles qu'elles ne le sont déjà Amara. » Quelque chose se brisa dans le regard de son ancienne amante. Il était trop tard pour reculer. La jeune femme avait vraiment perdu la raison. Ses mains dansaient autour de sa frêle silhouette. Orion écarquilla les yeux de stupeur. Elle osait utiliser sa maîtrise de son élément contre lui pour le punir ou le forcer à rester. L'air voletait autour de lui, comprimant ses poumons. Orion aurait pu reculer, supplier. C'était hélas trop tard pour elle. L'électricité se mêlait déjà à ses doigts, faisant briller des étincelles qui dansaient devant le regard contrit du gamin. D'un simple geste, ses éclairs foudroyèrent Amara, ne lui laissant aucune chance. C'était interdit. Amara n'était pas son maître mais on leur enseignait qu'ils ne devaient en aucun cas s'en prendre à un maître, surtout selon son rang. Les mêlés devaient les protéger et non les attaquer. Orion s'en foutait. C'était sa vie contre la sienne. Le gamin observait le corps immobile de son ancienne amante. Il avait heurté le lit défait, provoquant un bruit sourd. Il n'éprouvait rien. Pas de culpabilité. Pas de tristesse. Rien. Pourtant, ses pas le menèrent à elle. Ses bras encerclèrent son corps si frêle. Orion n'éprouvait seulement que de la pitié pour cette femme autrefois si forte, si belle. Elle n'était plus rien à ses yeux. Il la déposa entre ses draps sans un mot. Des cris s'élevaient déjà dans la nuit. Il se doutait que son adiutor n'allait pas tarder à accourir. Il ne la connaissait pas. C'était une belle femme mais elle était sombre, terrifiante. Elle n'était qu'une silhouette. Une ombre autour d'Amara. Orion n'avait que son instinct mais il lui criait que l'adiutor n'était pas innocente dans le changement de la nymphe des airs. Il avait déjà disparu dans l'obscurité, bercé par les cris de l'adiutor qui avait déjà retrouvé la deuxième partie de son âme. Il était vide le gamin. Il avait toujours été dépourvu de ce qu'on aimait appeler coeur. Les leçons de son père avaient finalement gagné contre tout le reste. Le regard vague, il s'avançait plus loin dans la ville sans vraiment savoir où il allait. Il ne fut pas vraiment surpris quand ses pas le menèrent à une taverne réputée pour ses divertissements. L'ennui appelait naturellement au vice, à la débauche. Orion s'avança vers un coin sombre. Il préférait la nuit au jour. Les ténèbres à la lumière. Il ne voulait pas être sauvé. Il n'était pas naïf et assez stupide pour croire qu'il changerait un jour. Son père l'avait façonné de ses propres mains afin d'en faire une arme. Un adonis aux traits angéliques mais sans âme. Un ange déchu privé de ses ailes. « Qui est la malheureuse dont tu as brisé le coeur, cette fois-ci ? » Ses prunelles se posèrent sur la gérante de la taverne. Elle avait la fâcheuse manie de reconnaître chacun de ses clients et de se mêler de leurs affaires. Orion conserva le silence et se contenta de prendre le verre posé sur son plateau. Le liquide ambré lui arracha un sourire de satisfaction. C'était exactement ce qu'il lui fallait pour se remettre de la crise de la belle Amara et de ses adieux. « Tout le malheur que tu causes finira par te retomber dessus un jour. » C'était probablement vrai mais Orion s'en moquait. Il n'avait rien à se reprocher. Il était parfaitement clair avant d'entamer chaque liaison. Il ne voulait pas d'attachement, pas de sentiment. La plupart de ses anciennes conquêtes l'avait compris mais certaines s'acharnaient malgré tout comme Amara. Il était navré pour elles puisque ce genre d'émotions ne faisaient naître que de la pitié dans le regard du gamin. Orion lança quelques pièces sur la table avant de retourner à la nuit. Il n'était pas venu ici pour supporter le regard outré de la gérante. Les mains dans les poches, il alla retrouver celle dont dépendait sa vie. Son maître.


« Cela faisait longtemps Orion. » Le gamin haussa des épaules avec un sourire désabusé. Ce n'était pas l'envie qui avait manqué à Orion de revenir combattre dans les arènes secrètes. Un sport illégal auquel il se livrait pour l'ivresse des combats et les bénéfices qu'il en tirait. Thyra avait été parfaitement claire quand elle avait deviné d'où venaient les contusions qui marbraient la peau claire de son adiutor. Le gamin avait balayé toutes ses protestations d'un revers de la main. Tout ce qu'il voulait, c'était de nouveau goûter à la tension presque électrique qui régnait dans l'arène, à l'intensité des combats et à la foudre qui courait des ses veines, prête à s'abattre. L'organisateur l'entraîna dans le dédale de couloirs avant de désigner d'un geste de la tête l'arène qui n'attendait que lui. « Ton adversaire est plutôt coriace donc ne retiens pas tes coups. » Il n'éprouvait aucune peur Orion. Il n'avait jamais perdu aucun de ses combats. Il n'en disputait pas autant que d'autres mais il était encore poussé par la voix de son père qui ne voulait tirer que le meilleur de son fils. L'écho des voix ne faisait que l'encourager à s'enfermer dans l'arène. La silhouette au loin lui semblait familière, bien trop familière. Il eut à peine le temps de distinguer ses traits qu'elle s'attaquait déjà à lui sans le moindre remords. Ses gestes étaient précis et déterminés. Tout en elle lui rappelait un fantôme de son passé. Les dents serrés, Orion libéra sa foudre qui écarta son adversaire de quelques mètres. Il s'apprêtait à déchainer ses éclairs une nouvelle fois quand l'inconnue plongea son regard furieux dans ses yeux. Rita. Il n'arrivait pas à croire qu'elle se tenait devant lui, dans cette arène où seuls les mêlés étaient censés combattre. La surprise laissa bien vite sa place à un sourire amusé sur ses lèvres. Il s'arrangea pour la bousculer suffisamment pour être à proximité de son oreille. « Dire que tu m'avais manqué serait te mentir mais je suis surpris de retrouver un maître ici. » La jeune femme répliqua en le repoussant mais Orion comptait bien savoir pourquoi Rita participait à ce genre de combat. « Est-ce qu'ils savent que ton sang n'est pas aussi rouge que le nôtre ? Est-ce qu'ils savent qu'une maître de l'eau s'est glissée dans leurs rangs ? » Il en rirait presque le démon mais il comptait bien sur ses mots pour déclencher la rage de son ancienne amie. Il savait qu'elle ne pouvait pas user de son élément dans l'arène. Elle se trahirait immédiatement. Elle ne pouvait se résoudre qu'à user de ses points pour frapper. Orion avait l'avantage et il n'allait pas lui faire de cadeau. Il aurait pu être juste dans le combat mais Rita l'avait cherché en mentant pour se battre à la place d'un mêlé. Il esquiva la plupart de ses coups même si certains ne firent que renforcer sa rage de vaincre. Il la frappait sans retenue, combinant ses attaques physiques à l'électricité qu'il puisait autour de lui. Jamais il n'avait fait duré de combat aussi longtemps. Il était lassé de devoir perdre son temps ainsi alors même qu'il savait que Rita ne se battait pas à la loyale. Il aurait préféré qu'elle se batte avec son élément. Cela aurait rendu l'issue du combat plus incertaine. Il s'empara du poignet de Rita avec force quand elle essaya de s'attaquer à lui. Il appela toute l'électricité pour la frapper en pleine poitrine. Un bruit sourd s'éleva quand son corps tomba au sol. Orion se rapprocha de la brune. Il n'était pas satisfait de cette victoire parce qu'il savait que son adversaire se retenait. « J'espère que ça t'a plu de te mettre dans la peau d'un mêlé. Si tu t'étais battue en maître, peut-être aurais-tu eu une chance. » Et il l'abandonna là. Comme ça. Il était furieux Orion. Furieux d'être tombé sur elle dans cette arène. Furieux qu'elle ait joué une telle comédie. Il n'avait aucune nostalgie du passé. Il n'avait pas épargné Rita parce qu'il était furieux et qu'il savait à quel point elle était douée. Il ne comprenait pas ce qui lui plaisait tant dans le fait de s'abaisser à son niveau de mêlé et de se priver de son élément. Orion quitta l'arène et il n'eut aucun regard pour l'organisateur quand il lui tendit l'argent qu'il avait gagné en battant son ancienne amie. Il était juste agacé. Rita avait baissé dans son estime. Il avait gardé d'elle un souvenir presque trop glorieux et valorisant. Il n'avait plus qu'à l'esprit son corps immobile dans la poussière.


« Mon fils. » Il leva à peine les yeux vers son géniteur quand celui-ci entra dans la pièce. Orion avait appris depuis longtemps qu'il ne pouvait pas se fier aux apparences. Il voyait bien que le sourire de son père était forcé. Il n'était pas dupe le gamin. Les bras croisés, il observait son paternel avec un air perplexe. Il se demandait bien ce qui avait motivé cette convocation. Son géniteur n'avait pas pris de nouvelles de son fils depuis très longtemps déjà. Il ne lui avait en rien manqué mais il était surpris de cette demande. Le gamin n'espérait rien de cette rencontre. Son géniteur agissait généralement pour servir ses propres intérêts. Orion se demandait juste ce qu'il pouvait lui apporter. « Comment se passe ta vie avec les Oshun ? » L'éclat de ses iris brillait de mille feux tandis qu'il brûlait d'en savoir plus sur la famille impériale. Orion manqua de rire tellement son paternel était prévisible. Il n'était plus un enfant impressionnable et candide. Il avait beaucoup appris des manigances de son père et de ses leçons. « Le palais est glacial. Une ironie pour la famille du feu... » « Orion ça suffit. » Le gamine posa son regard agacé sur son père qui le jaugeait avec sévérité. Orion avait compris ce qu'il voulait. Son géniteur avait un pion au sein de la famille Oshun. Il pensait avoir un pantin dont il pourrait tirer les ficelles. Orion s'en moquait. Il se fichait bien de voir la famille tomber mais la seule qui lui importait était Thyra. Il savait que si son père manigançait quelque chose contre la famille impériale, son maître allait être touché. Bien plus que sa vie, il ne voulait pas voir Thyra se perdre dans les ténèbres. Elle n'était pas innocente mais il avait assez appris à la connaître pour savoir qu'elle ne méritait pas la déchéance de sa famille et de sa vie. « Non. » Les yeux de son père s'écarquillèrent de surprise tandis qu'une rage nouvelle déformait ses traits. Son géniteur se montrait sous son vrai jour. Il ne faisait plus l'effort de se montrer mielleux et bienveillant. « Je te demande pardon ? » Il ne s'attendait pas à voir son jouet se retourner contre lui. Après tout il avait fait d'Orion ce qu'il était aujourd'hui. Il était sa création. Son monstre. Il ne devait pas se douter qu'une telle oeuvre pouvait se retourner contre son maître un jour. « Tu m'as entendu. Je refuse de trahir les Oshun pour ton propre intérêt personnel. » Son géniteur fit naître des flammes au creux de ses mains. Elles dansaient paisiblement avant de s'attaquer à lui. Orion se dégagea à temps pour éviter le brasier haineux que son père déchaînait sur lui. Plaqué au sol, Orion expérimentait pour la première fois de sa vie la peur. Son paternel le maintenait d'une main tandis qu'il le menaçait de l'autre. « Comment oses-tu ? Je t'ai créé. Sans moi, tu serais mort depuis longtemps. Tu penses vraiment que je ne pourrais pas te causer le moindre mal ? Ta mère est morte par ma main. Cette catin avait développé une addiction pour la drogue que je lui servais quotidiennement. » Il était devenu fou. Pourtant, ses paroles avaient un impact sur Orion. Le visage émacié de sa mère était imprimé dans son esprit. Il n'avait jamais compris comment elle avait pu mourir, emportant ainsi la femme de son propre géniteur. Il n'arrivait pas à accepter que son paternel en ait été volontairement la cause. « Tu ne serais rien sans moi. Rien. Tu ne serais qu'un minable, comme ta pitoyable mère. » Orion libéra sa foudre qui projeta son père au loin dans un éclat de rage. Le gamin était furieux. Il éprouvait des émotions partagées face à la révélation de son père. Lui d'ordinaire si détaché se dirigeait vers son géniteur avec l'envie de libérer les flammes de l'enfer sur ce dernier. Mais il ne le méritait pas. « Je vous dois ce que je suis mais cela ne veut pas dire que je suis à vous. Vous devriez avoir honte de ce que vous avez fait. Ma mère était peut-être pitoyable mais vous l'êtes encore plus. » Des larmes se formaient à la lisière de ses cils. Une faiblesse qu'il effaça d'un revers de la main. Orion n'allait pas devenir aussi impuissant que sa génitrice, ni aussi cruel que son père. Il se libérait des chaînes que son géniteur lui avait imposé dès sa naissance. Il ne voulait plus lui appartenir. Il n'était qu'un poison qui noircissait ses veines depuis sa venue au monde. Il ne méritait pas la vie que son père lui offrait. « C'est terminé. Ne comptez plus jamais sur moi. N'espérez plus me revoir. » Le gamin le laissa là, sous le choc et déformé par la colère. Il comptait bien sûr sur sa revanche. Il le connaissait assez bien pour savoir qu'il ne laisserait pas partir son meilleur pion si facilement. La prochaine fois, Orion n'hésiterait pas à mettre un terme à la partie. Définitivement.