Braelyn n'avait que rarement rendue visite au Griffith deux fois de suite en si peu de temps. Elle s'était empressée d'aller voir Adonis une fois de retour au sein de sa nation natale, avec qui, s'était-il avéré, elle avait beaucoup à parler. Cependant, c'était cette fois une inquiétude plus viscérale encore qui la força à faire le trajet jusqu'à Greenstall une seconde fois. Les fouilles desquelles avaient découlé les arrestations de Beathan, Belphoebe et Helana n'avaient eu comme effet sur la jeune maître que la tracasser davantage, et il n'y avait qu'une seule famille, en dehors de la sienne, pour laquelle elle se permettait de se faire de s'inquiéter ainsi. Les Griffith, à qui irait son allégeance coûte que coûte, avait immédiatement suscité son souci. À peine Beathan rentrer au manoir froid des Wheatdrop et la nuit passée, Braelyn avait sommé un domestique de la conduire jusqu'au palais des régents, bien décidée à être rassurée.

Elle n'était pas arrivée depuis longtemps quand on lui annonça que seul un affront envers la tradition avait réellement causer trouble aux Griffith. Son inquiétude avait vite laissé place à un tracas mineur, comme celui qui l'habitait en permanence concernant ceux qui comptaient pour elle. Si son coeur était encore lourde à la pensée, toujours présente, de sa petite soeur et de sa cellule, au moins ce sujet l'avait-il allégé. Et c'est quand elle est réellement assurée que tout allait bien qu'elle demande où si trouvait Athalia.

Elle la trouva dans les champs environnants, comme on le lui avait indiqué. La femme ébène avait demandé à ne pas être accompagnée, appréciant a solitude à son état le plus pur. Alors que l'après-midi s'achevait, seul le vent qui caressait l'herbe brisait le silence qui semblait régner sur la nation toute entière. Elle avait vite succomber à l'envie de retirer ses chaussures - elle faisait partie de ces maîtres de la Terre qui se complaisaient à sentir leur élément sous leurs pieds nus, alors qu'ils y marchaient paisiblement, moment qui pourrait presque s'apparenter à des retrouvailles. Son élément, elle y pensait de plus en plus ; la manière dont elle aurait voulu pouvoir s'en servir, alors qu'elle était coincée dans ce sous-sol avec Dorcas et celle qui s'était avérée être sa future belle-soeur, la titillait de plus en plus. Elle bouillonnait, un petit plus à chaque instant, contre Askana qui lui avait retiré la chance de pouvoir apprendre à le maîtriser. Qu'est-ce que ce pays ne lui avait-il pas pris, de toutes manières ? Si ce n'était sa richesse et son statut, dont elle n'avait que faire, elle avait l'étrange impression de ne jouir de rien. Mais c'est quand son regard se posait sur des silhouettes comme celle d'Athalia Griffith, douces, rassurantes, que la vie lui semblait bien plus que supportable.

Les pas de la Wheatdrop, d'ordinaire si gracieux, sonnaient comme des coups de tambours dans ce silence pur, et ils forcèrent Lia lever les yeux. C'est un tendre sourire qui étire ses lèvres, automatique quand il s'agissait de ceux qui lui étaient chers. Elle continue d'avancer alors qu'elle voit la poupée se lever et courir la rejoindre, avant de s'immobiliser quand elle l'enserre de ses bras. Une étreinte à laquelle elle répond, bien qu'il ne fasse pas partie de sa nature d'en donner - mais comment refuser une telle affection quand la douceur semblait avoir quitter le monde ? Elle fait un sorte de ne pas faire faner son sourire quand Athalia lui demande comment elle va, elle qui ne sait vraiment comment répondre à une question si banale en ces temps si trouble. Elle prend une grande bouffée d'air, en profitant pour choisir ses mots avant de les prononcer. J'ai connu des jours meilleurs... Je suis simplement venue m'assurer que tout allait bien. Façon, donc, de lui retourner sa question. Elle ne se rappelle plus comment cette surprenante amitié était réellement née, mais il ne faisait plus aucun doute qu'elle était aussi exceptionnelle aux yeux de Braelyn qu'inattendue aux yeux de certains.