when you're gone, all the lights go out (elhaxan)

Un paysage familier dessine les contours parfaitement symétriques du palais d’azurite, baigné dans une lueur, celle chaude de l’aurore. Ce palais qui avait depuis quelques temps été l’objet d’une haine féroce qui aujourd’hui avait été écarté de plusieurs complots. Le garçon s’arrête un instant devant cette vue qui lui aurait presque manqué, contemplant avec détail chaque fenêtre, espérant peut-être y apercevoir sa cousine. Leur séparation avait été un réel déchirement, d’autant plus qu’elle était montée de toute pièce. Un tissu de mensonge que Merle et lui avait eu l’idée pour favoriser la continuité de son règne ainsi que solidifier leur lien, et ainsi promettre aux sorensen bien plus qu’il n’aurait pu l’imaginer. Ça avait été une réussite autant qu’elle avait été un fiasco. Au rang de simple espion de pacotille, le garçon avait réussi quelques manœuvres mais au final s’était fait prendre, d’où son rapatriement d’urgence près des Osanos. Le masque tombait, et avec lui, sa rivalité pour cette reine qu’il pensait capable de conquérir le cœur du monde, mais aussi la perte d’Elhara. Durant son voyage il n’avait pu s’imaginer maintes et maintes façons de la retrouver de nouveau, l’adrénaline s’en était mêlé, le rendant tout électrique, hâte de la retrouver. Sentir son parfum et contempler la beauté de cette dernière. L’enlacer et lui dire ô combien, l’aventure avait été assez dur sans elle à ses côtés. Il avait tant à lui dire et à la fois, ne voulait s’empêtrer des mots et juste profiter de sa compagnie. Réparer les blessures de son départ artificiel. Il le savait, le puritain avait beaucoup à faire ici, et la première chose étant de soutenir, même raffermir la famille pour étendre une fois de plus la religion, la leur qu’ils détenaient entre leurs doigts. Gravissant les marches, il rentra dans un somptueux hall d’entrée qu’il traversa d’un pas lent pour en absorber toute la beauté. Maxan le savait, même si ce bâtiment était d’une beauté affolante, tout ceci ne lui appartenait pas et l’espace d’un instant son cœur se serre en repensant à leur île déchaînée, à flot et à sang qu’on avait souillé de leur propre sang. Ses véritables appartements lui manquaient, le son houleux des vagues, son père aussi. Ses conseils, sa bienveillance et surtout sa voix. Maxan n’avait jamais été particulièrement tendre avec ses parents, mais la perte réveillait parfois des sentiments contrastés, mêlés de regret d’une vie que le garçon aurait pu apprécier d’autant plus à ses côtés. Ses doigts se serrent contre la rambarde du vaste escalier de marbre, froid et brillant, tout comme lui en cet instant. Mais si était-elle la volonté de son dieu, il l’acceptait malgré tout. Cependant, il le promettait, rien ne reste impuni dans ce monde et se faire justice se révélait être une alternance qui lui plaisait bien. Le puritain se voyait déjà taillader d’une oreille à l’autre ses âmes en perdition qu’il se ferait une joie de mener jusqu’à la mort. Le pardon, un thème souvent abordé dans les textes de sa religion n’avait pas sa place dans cette histoire. Le sang devait être payé par le sang. Il soupire, continue son ascension jusqu’aux appartements du première étage. Sa haine n’avait pas faibli, mais il se refusait à l’afficher face à sa cousine, qui il le savait en pâtissait, bien plus que lui puisque son petit frère y était passé lui aussi. Son cri, ce jour-là, maxan n’arrivait pas à l’effacer de sa mémoire, cet instant le hantait sans cesse, malgré sa mission, malgré le changement de décors, de vie. Mais les souvenirs étaient tels, que malgré certains joyeux, les plus épouvantables se frayaient une place de choix. Son estomac se contractait, pensant soudainement si un jour, quelque chose lui arrivait à elle. Le puritain aurait bien du mal à s’en remettre, il le savait, elle était la pierre qui l’empêchait de vaciller complètement. Sans le vouloir ses pas se firent plus rapides, précipités jusqu’aux portes où il se souvenait encore, elle résidait. Envoyant valdinguer celles-ci, ses pupilles la cherchèrent subitement, une peur atroce scotché tout contre son estomac. Il ne se le pardonnerait jamais. Son souffle allaitant, l’ambre de ses yeux s’arrêtèrent finalement sur une masse allongée sur le lit, plongé à priori dans un sommeil des plus profonds. D’un pas feutré, il s’approche dans un silence, pressant ses pieds par moment pour ne pas entendre le sol craquer sous ses chaussures. Et il la voit enfin. Le visage endormi, tel un ange, ses cheveux semblables à des rayons de lumières, son soleil. Il serait si simple de la tuer en cet instant, que cette idée le fit tressaillir. Maxan allait devoir la surveiller, d’autant plus qu’il ne l’aurait cru, surtout en sachant cette information. Il s’assoit sur les draps soyeux, profitant un instant d’y plonger ses mains ne connaissant plus un luxe pareil, exquis. Ses doigts finirent finalement sur la joue de sa cousine, d’une chaleur faisant contraste avec celle de ses mains. Le puritain la retrouvait enfin, vivante, voyant son buste fléchir par moment sous le poids de ses poumons. Le calme revint alors en lui, contemplant avec bienveillance la seule personne qui lui tenait à présent à cœur dans ce monde.

@Elhara Sorensen

Cendres affolantes s’emparant du manoir, destruction et désolation semaient sur le passage d’une armée les prenant par lâcheté pour ne laisser que le carmin imprégnait la tendre eau. Réveil brutal s’offrant sous les cris de son benjamin, panique évidente pour une désorganisation totale, une sécurité assumée dans une île si isolée du royaume et pourtant. Manoir pourtant imprenable qu’ils disaient. Manoir tombé aux mains de l’ennemi. Ennemi si inconnu du bataillon, ennemi qui n’aurait jamais trouvé leur maison. Meurtres dont le carmin hantait encore son esprit. Cri d’agonie devenant écho dans son esprit, tourmentée par son propre prénom, gamine incapable de réussir à distinguer songes et réalité. Elle court la petite sirène. Elle manque de se noyer la sirène. Elle est sauvée encore une fois. Clémence de ses dieux pour une fidèle perdant sa foi après ce sanglant épisode. Souffle saccadé sous l’effort, perles salées bien trop réel laissant apparaître l’atrocité du royaume des songes. Vestiges d’une nuit sans repos, poupée se levant pour éponger ses larmes comme à chaque réveil. Myocarde carbonisé à chaque songe. Visage innocent hantant ses cauchemars, les supplices de son benjamin pour être épargné, la lame sanguinolente dans la paume de la sirène. Impossible d’oublier qu’elle lui avait tourné le dos ce jour-là, que sa survie n’était dû qu’à la détermination de Maxan. Survie non méritée. Ce frère qui aurait fait tant de bien à ce continent, ce sourire capable de pacifier les moeurs, cet amour qu’il apportait dans chaque embrassade, cette fille qu’il laissait derrière lui. Ses essentiels disparaissant à la vitesse de la lumière. Oskar. Maxan. Je pars. Je quitte ma place au sein de l’ancienne religion. Je te quitte toi. Ainsi qu’Anwar et Nostro. Résonance de cette voix si familière et pourtant si lointaine, cette lettre qu’elle pouvait presque entendre. Détruite à nouveau par son propre sang, départ ne lui valant que désolation. Position confortable à la cour de la Reine ne valant point cette sécurité que lui provoquait son cousin. Pouvait-elle survivre aussi longtemps sans son Maxan ? Clan brisé par l’attaque, fracas bien plus lointain et pourtant l’enfant se refusait de le reconnaître. Espoir de voir une réunification de cette famille en lambeau, un héritage encore présent, un fief à reconquérir alors que les souvenirs voguaient au large pour ne plus être les leurs. Mais notre duo ne peut, n’est plus, se disloque. Parce que je suis égoïste, parce que j’ai besoin que cette bulle d’eau, d’oxygène que nous sommes se brise pour me frayer ma propre vague. Mon chemin. Il ne voulait plus d’elle. Il n’avait plus besoin d’elle et pourtant la naïade ne désirait que sa présence à ces côtés. Comment pouvait-elle aspirer au bonheur alors que son essentiel n’était plus à ses côtés. Les méandres du temps semblaient filer à toute allure alors que l’enfant dépérissait à petit feu dans ce palais trop grand pour elle. Sécurité d’une chambre qu’elle ne connaissait plus, cette peur tenace d’une nouvelle trahison. Cauchemars d’un assassinat, elle qui pensait être la suivante après son tendre petit-frère. Chaleur inhérente s’emparant de son épiderme, phalanges s’attardant sur sa joue. Myocarde battant avec précipitation, peur s’emparant de ses réflexes, ce poignard s’attardant sous son oreiller depuis le discours de la reine. Confiance ébranlée envers le monde, poupée qui ne savait plus à qui offrir sa confiance à présence. Messes basses déroulées à chacun de ses passages, candide enfant défendant leur reine. Mouvement brusque, impossible de se laisser aller dans la lenteur, enfant innocente incapable d’utiliser correctement son arme, phalanges se parant de carmin par une prise rapide. Elhara contre l’envahisseur alors que l’aurore se levait à peine. Sommeil tourmenté une nouvelle fois perturbé. Vestiges de ses cauchemars se paradant sur ses joues, peur envahissant ses iris pour ne pas quitter la silhouette s’étant introduit dans ses appartements. Etait-elle à la merci du premier venu ? Finirait-elle sans vie dans ses appartements un beau jour ? Candeur d’antan s’effritant plus les mois défilaient, cette paranoïa ne quittant plus son esprit. Poupée doutant du premier venu, confiance brisée. Ombre de cette personne qu’elle avait pu être. Plus rien n’était pareil. Elle n’était plus la même. Ivodoratzi. Greenstall. Helleros. K’han. Variables défilant sous ses yeux, poupée hochant la tête, suivant les ordres. Opinion offerte uniquement lorsqu’elle était demandée, elle observait et tentait de survivre à présent. Une survie dans un monde de brute, un monde où elle ne désirait plus vivre. Ses dieux l’avaient abandonné, sa foi n’était que fracas contre un silence quasiment constant et pourtant l’espoir se présentait sous la forme d’un être si spécial. « Maxan ? » Poignard laissé pour cadavre sur ses draps, phalanges en sang ne devenant qu’arrière-plan. Elle lui en voulait tellement de l’avoir laisser seule dans ce palais bien trop grand. Elhara n’en était que malade à se demander ce qu’elle avait bien pu faire pour qu’il la quitte lui aussi. « Tu étais parti. » Constat cruel défaillant. Pensée presque insistante à chaque jour passant. « Tu m’as laissé toute seule. » Poing contre sa poitrine, perles salées dévalant sur ses frêles joues. Blessée par une unique lettre expliquant un départ vague, immolée par la solitude. Sirène d’un clan se retrouvant sans celui qui était sa moitié.

@maxan sorensen