that the game begins (yekail)

that the game begins ft. @michail valaeris

Elle s’avance dans les couloirs du palais de Volastar, la tête haute et le regard glacé. La corneille en hauts talons marche rapidement, d’une allure certaine, s’apprêtant à sauter sur sa proie à chaque angle de couloir. Elle veut le trouver, Michail, et cette fois-ci il ne lui échappera pas. Il a osé la rejeter la première fois, et elle s’est jurée que cela n’arriverait plus jamais. Elle l’aura, un jour. Et pour cela, elle devait faire taire son égo et son animosité, elle devait gagner sa confiance et peut-être même feindre de se lier d’amitié avec le nouveau roi. La corneille aux cheveux enflammés sait qu’il ne se laissera pas berné, qu’il verra clair dans son jeu, mais elle ne renoncera pas. Elle sait mentir, Katarina. Elle sait feindre l’innocence et parfaitement jouer la comédie. Elle sait parfaitement qu’un jour, il la prendra en pitié et cèdera face à cette comédie.

Sa démarche est presque royale, ses talons claquent sur le sol et résonnent jusqu’à l’autre bout du palais. – Toi ! Conduis-moi à sa Majesté, le roi Michail Valaeris. – Elle s’adresse au premier serviteur qu’elle croise, telle l’arrogance née. Pas de s’il te plait. Pas de salutation. Il n’en vaut pas la peine, il n’est que vermine. Elle n’écoute même pas sa réponse, ce n’est que du temps de perdu, et elle le suit jusqu’aux jardins. Lorsqu’elle voit le nouveau Roi, un sourire machiavélique se dessine sur ses lèvres. Il était là, à quelques mètres. Elle avait déjà oublié la présence du serviteur qui l’accompagnait, mais celui-ci lui rappelait bien vite sa présence en soupirant. Il la regardait, l’air interrogateur. Le regard de la corneille suffit à lui faire baisser les yeux et d’un simple geste de la main, elle le fit déguerpir. Son regard se pose à nouveau sur Michail et son expression change du tout au tout. Elle n'a plus l'air de la femme arrogante et beaucoup trop sûre d'elle, non. Elle a l'air d'une femme enjouée, presque innocente. – Votre Majesté. – Dit-elle d’un air beaucoup trop amical et joyeux pour être honnête. La Bolkonsky s’avance vers lui, son sourire machiavélique transformé en sourire malin. – Puis-je me joindre à vous ? – Voix miéleuse et sourire malin, elle plonge ses ambres dans celles de Michail. Jamais elle ne l’avait vouvoyé. Jamais elle n’avait fait preuve d’une telle politesse, mais Katarina entrait dans son rôle. Et elle devait être parfaite.

Il s’était échappé du palais, entre deux réunions. Lui qui, pourtant, prenait à cœur le rôle que son mariage lui avait donné — roi d’une nation — ressentait en cet instant le besoin de s’évader. Il avait alors prétexté, auprès des conseillers et autres nobles de la cour, un entrainement dans les jardins, auprès du maître d’armes. Il s’était alors délesté sur son chemin de ses insignes royaux, pour revêtir une simple tenue ample et souple. Les écuyers avaient accourus à ses côtés, la fine lame d’acier de ses ancêtres entre leurs mains, et les quelques protections nécessaires pour préserver la vie de leur nouveau souverain. Le bois était pour les enfants, lui préférait alors le fer des vraies guerres, et le danger incessant qui l’accompagnait — il pouvait facilement se blesser, comme il avait si facilement blessé sa cousine autrefois. Ça le grisait, de danser ainsi, en compagnie des quelques élèves du palais, des adversaires de moindre allure, mais qui lui donnait un exercice de ce nom. Ses pas étaient aussi fluides qu’ils étaient lourds, ours léger qui fonçait dans la mêlée ; roi soldat, si contraire à son prédécesseur, mécène des arts.

Les hommes baissèrent leurs lames, et le roi n’en comprit la raison que lorsqu’il entendit la voix faussement mielleuse chanter dans son dos. « Votre Majesté. » Il se retourna, l’espoir d’un moment tranquille s’envolant au loin, et fit face à la sorcière fauve — dire qu’on avait voulu qu’il l’épouse, dieux ! La pointe de son épée traça dans le sol son demi-tour, elle qui reposait malheureusement, elle qui désirait tant se battre. « Bolkonsky. » Il ne s’embêtait pas en forme et en titre, les rondeurs des salutations au placard ; pas avec elle. Yekatarina semblait néanmoins différente : si l’éclat dans son regard demeurait, il se cachait désormais derrière les lueurs harmonieuses d’une joie feinte. « Puis-je me joindre à vous ? » Elle était déjà bien assez proche, la corneille, mais s’approcha pourtant encore davantage — horreur. « Ai-je vraiment le choix ? » qu’il soupira, renonçant à ses parties d’épées et à la poussière du sol. Il donna sa lame à l’écuyer le plus proche, qui disparut aussitôt le fer gagné. Michail s’excusa auprès de ses camarades, et lorsqu’ils quittèrent les lieux — peut-être était-ce une mauvaise idée que de se retrouver seule avec la sorcière — reporta son regard sur la rousse aérienne. « Que me veux-tu ? » Aucune forme de sympathie n’habitait sa voix, pas lorsque c’était à elle qu’il s’adressait. Il avait remarqué les changements en elle, le sourire étincelant, et le regard affectueux ; les noisettes qui brillaient, et qui traduisaient l’allégresse qu’elle peignait sur ses traits. Elle était si différente, semblait presque-- humaine. Il en frissonna, troublé par la vision qu’elle lui offrait.